[10] genre... un peu son petit-ami?
J'ai eu beaucoup de chances de me retrouver par hasard dans la chambre de Gaby. Elle n'est pas une fille très décorative mais elle est ordonnée, un peu trop même à mon goût.
Chaque bouquin, chaque vêtement et même son lit sont soigneusement rangés. Je vais me faire un plaisir d'y laisser ma touche personnelle, histoire de faire savoir que je suis passé par là.
J'étais sur le point de mettre un peu de désordre quand Gaby débarque dans la pièce.
- Alors, ces ramens?
Elle me regarde comme si j'avais fait exprès de choisi le pire moment possible pour faire mes blagues à deux balles, ce qui en soit n'est pas entièrement faux.
- Je n'ai pas envie de rire, se plaint-elle la mine un peu déboussolée. Tu veux bien rester gentiment ici ? Ne te fais pas remarquer.
Elle récupère une veste et s'en vêtit avant de chopper ce bon vieux sac dont elle ne se séparait jamais lors de nos entretiens.
- Où tu vas?
- Faire ma déposition à la police et... voir ce qu'il reste de ma mère,(j'arque un sourcil, l'air faussement surpris) ils viennent de m'informer de sa mort.
- Oh...
Elle compose un numéro et attend que son interlocuteur décroche. Mais comme ce dernier ne semble pas vouloir lui parler de si tôt, elle se met à taper un message sur son clavier.
- Je viens d'envoyer un message à Abby, si jamais elle rentre dis lui de me rejoindre au poste de police, tu veux?
- Okay.
- Pas de bêtises, surtout ne touche à rien.
- C'est une grande avancée! J'y crois pas tu me confie ton appart?
- C'est pas comme si j'avais le choix. Surtout n'ouvre la porte à personne excepté Abby, compris?
- Tu veux bien arrêter de me traiter comme un gamin? J'ai 25 piges quand-même.
Je me rends vite compte que je viens de lâcher une information que je n'étais pas censé savoir, enfin pour Gaby. Mais cette dernière ne semble pas y avoir prêté grande attention et continu:
- Si tout se passe bien tu auras une double portion de nouilles.
- Je suis à tes ordres, m'excitais-je l'eau à la bouche.
Un sourire satisfait se dessine sur ses lèvres.
- 25 ans? Je ne t'en donnerais même pas 10.
Elle me tourne le dos et se dirige vers la porte avant de s'arrêter net. Il lui faut quelques secondes pour me faire à nouveau face. Elle a l'air intriguée.
-Tu ne m'avais pas dit ne plus savoir ton âge ?
Merde. Je ravale ma salive à la recherche d'une explication. Oh et pourquoi se casser la tête quand je pourrais simplement lui dire la vérité ? Après tout, ce n'est pas comme si Gaby allait savoir exactement comment interpréter mes dires. Mais je reste curieux.
- C'est parce que tu m'as demandé mon âge à moi. Ce corps à bien 25 ans mais qu'en est-il de nos âges à Adam et moi?
- Mais l'original a forcément 25ans.
- Oh, et par quelle loi?
- Celle de la nature peut-être non?
Je me mord la lèvre, a-t-elle besoin que je la guide avec un autre indice? Non, ce serait moins amusant. Je préfère la laisser se noyer dans ce mystère.
- Adam n'en plus ne connaissait pas son âge. Comment ça se fait?
Elle a l'air embrouillée. J'ignore tout de même sa question et lui rappelle que la déposition attend toujours. Elle me dit qu'on en rediscutera plus tard.
J'ai encore le sourire aux lèvres et la faim au ventre quand Gaby s'en va finalement.
Je me promène un peu pour m'habituer à mon nouveau chez moi.
Quand Gaby rentrera, je lui dirais absolument tout. Que j'ai tué sa mère et son mec et qu'elle en est responsable. Si je les ai tués c'est parce que tel en était sa volonté. Elle a bien dit vouloir sa mort, alors moi en bon samaritain je n'ai fait qu'exocer son souhait.
Si elle tente de me dénoncer je la renderai coupable de ce meurtre et j'aurai ainsi de quoi la faire chanter.
J'y repense encore comme si je ne l'avais fait il n'y a que 5 minutes. J'ai forcé la femme à présenter des excuses à sa fille. Elle était un peu dure à accommoder au début mais elle s'y est vite fait lorsque j'ai commencé à jouer avec le briquet.
J'ai même vraiment failli le faire tomber par accident. Je ne comptais pas vraiment les laisser vivre mais puisque gaby en personne la préférait morte, je me suis fait un plaisir.
Je me souviens encore comment j'avais mis K.O. le surnommé pou -qui en passant n'est pas plus beau que cet insecte. Il gissait encore inconscient sur la moquette lorsque j'ai finalement laissé tomber le briquet sur le sol que j'avais enveloppé d'essence lors de mon incroyable entrée par effraction chez eux.
C'est un souvenir qui m'est agréable et que je n'oublierai pas de si tôt.
Soudain on sonne. Je me raidi avant de récupérer un couteau que je cache derrière mon dos. J'essaye de parler le plus naturellement possible.
- Qui c'est?
- C'est moi, dit une petite voix que je reconnais aussitôt.
- Je ne connais pas de "moi", tentais-je de la taquiner. Passes ton chemin.
- Ouvre la porte petit-ami de ma soeur.
J'obéis aussitôt outré et blessé.
- Tu as déjà oublié mon nom? (la gamine qui se tient en face de moi est à moitié explosée et à moitié bouleversée) tu as été recalée par le club des totally spies ou quoi? Elles t'ont renvoyée chez toi je présume.
- Je... n'ai plus de chez moi.
- Et on est où là ?(elle soupire avant de se jeter sur moi en sanglots) Hey ho! tu n'as pas intérêt à foutre ta morve sur ma jacket!
- Les voisins m'ont dit que la maison avait pris feu. Ils ont dit qu'on a retrouvé aucun survivant.
- Pourquoi tu dois réagir comme ça? Soit forte et ... bon sang retire ta tête de mon T-shirt!
Elle prend ses distances, le nez qui coule. L'autre moitié de sa morve se retrouve sur mon T-shirt, exactement là où se trouve le nom du groupe que j'adulais étant ado et dont je n'arrive toujours pas à me détacher aujourd'hui, je cite Nirvana.
Je retirerai bien ce haut dans la seconde qui vient mais la gamine en face de moi me fait trop pitié. Je ne suis pas du tout doué pour consoler les autres, alors m'imaginer réconforter une ado est impensable. Je me contente de lui caresser la tête le plus tendrement possible.
- T'étais pas censée nous ramener des ramens?
- Je les ai, (elle me montre le sac plein à craquer) je voulais juste faire un détour par chez moi.
- Et te voilà le coeur brisé, pauvre chose. Mais ne t'en fais pas la nourriture a un vrai pouvoir régénérateur de coeurs brisés.
Je m'empresse de faire chauffer l'eau mais Abby me demande où se trouve sa soeur. Je me rappelle alors qu'elle était censée la rejoindre.
Je lui explique que Gaby est au commissariat et qu'elle a intérêt à vite la rejoindre.
Elle s'en va et je me retrouve à nouveau seul dans cet endroit qui m'est petit à petit plus familier.
La solitude me ronge à nouveau. Même les ramens desquelles je m'empiffre ne suffisent pas à me réconforter.
Peut-être que la prison n'est pas si mal après tout, on est jamais seul là-bas.
Mais je n'ai pas à m'inquiéter de cela puisque Gaby reviendra me porter compagnie de toute manière.
Je me demande quelle expression elle aura lorsqu'elle saura que j'ai tué sa mère. Comment envisagera-t-elle de vivre avec moi après ça ? Je sais déjà que je vais un peu devoir l'y forcer, la connaissant.
Mes pieds me conduisent jusqu'à sa chambre et ensuite son lit. Je m'allonge et me laisse engloutir par la douceur des draps, une douceur à laquelle je n'avais pas goûté depuis 5 années, remplacée par un lit refroidit par le béton sur lequel il reposait.
Je m'endors dans la dizaine de minutes qui suit sur ce nid tellement douillet que je refuserai de le quitter les prochains jours. Je n'avais pas dormi aussi bien depuis très longtemps.
Je ne sais pas combien de temps j'ai bien pu me reposer mais le ciel est déjà sombre à mon réveil. C'est Abby qui vient me tirer du lit. Cette fille est vraiment dynamique dans sa façon de me séparer de ma couverture. Je suis forcé de me lever à cause du froid qui m'enveloppe aussitôt.
Gaby me toise depuis l'embrasure de la porte, les bras croisés sur sa poitrine.
- Tu te crois vraiment chez toi à squatter ainsi mon lit?
- Ça ne devrais pas tant te déranger que ton copain fasse ce genre de choses tu sais (j'adopte un sourire charmeur en addition à mon regard d'amoureux transi)
Elle me dévisage et se tourne vers sa naïve de soeur sans se prêter à mon jeu.
- Abby, tu veux bien commencer à mettre la table? Je dois mettre de l'ordre dans ma relation avec ce type.
- Tu pourrais au moins assumer que tu es folle de moi, me plaignis-je sur un ton joueur. Parce que "ce type" ça ne le fait pas trop.
- Ahh, soupire la présumée Abby. Les couples et leurs problèmes nian-nian.(La petite s'en va et nous dit avant de fermer la porte:) faites pas de cochonneries derrière mon dos, ou plutôt ... derrière cette porte...
J'éclate de rire avant même qu'abby claque la porte. Mais contrairement à moi Gaby n'est pas d'aussi bonne humeur.
- Tu permet que je me pose sur MON lit?
- Évidemment.
- Lane, j'insinuais pour toi d'aller te poser ailleurs.
Alors comme ça elle a le culot de me virer du lit? Non, ce n'est même pas ça le problème. Expliquez-moi comment elle arrive à rester impassible avec un mec aussi charmant que moi sur son lit sachant que la porte est en plus fermée? Comment arrive-t-elle à résister à mes charmes? Sûrement qu'elle joue la carte de l'indifférence mais qu'elle se bat tel un gladiateur face à la mort contre ses démons intérieurs.
J'aimerai jouer les têtues mais je sens que ça serait déplacé vu son état mental de guerrière.
Elle se pose sur le matelat à mes côtés sans attendre que je me retire et prend son visage dans ses mains. Elle m'a l'air de méditer, tellement en transe que je ne sais pas où me mettre. Alors je garde le silence en me faisant petit. Oui, je me fais petit! Une première pour moi, mais Gaby me parait vraiment dans un sale état.
Elle relève la tête après 5 bonnes minutes et fixe partiellement l'armoire d'en face, je sais qu'elle s'adresse à moi:
- Ma vie ne cesse d'être un chaos.
- Si tu voyais la mienne!
- Et comme si ça ne suffisait pas tous les événements se succèdent sans me laisser de répit.
- C'est ce qu'on appelle une vie bien chargée.
- J'appelle ça une vie de merde (cette fois elle se tourne vers moi comme si elle allait me mordre) et si cette merde pue autant c'est en partie de ta faute.
- De ma faute ? Quel honneur.
- Tu te crois drôle ? En plus tu me demande refuge au moment où m'a mère disparaît. Ça fait beaucoup à encaisser.
- Tu crois que c'est un hasard?
- De quoi?
- La mort de ta mère et moi ici.
- Qu'est-ce-que tu insinue ?
Elle me fixe stupéfaite. C'est le moment idéal pour lui déballer toute la vérité je le sais mais quelque chose me bloque. Je ne sais pas ce qui me prend mais au plus profond de moi je n'ai pas envie d'empirer son état, de la faire pleurer. Je ne suis pas le genre à faire du mal aux demoiselles, pas inutilement en tout cas. Je veux au moins être sur de bons termes avec ma future coloc'.
Je baisse le regard, et juste pour cette fois-ci, je ravalle ma fierté.
- Rien, je supposais juste.
- Vraiment?
- Ben, je ne peux pas croire que ta vie sois pourrie au point de te faire de tels tours.
-Eh bien tu es loin de te douter de son sadisme.
Gaby me lâche un petit sourire magique. La situation devient vite étrangement gênante. Je ne sais pas pourquoi mais je la sens intimidée, elle qui a pourtant bien réussie à me gérer jusqu'a maintenant. Alors d'où vient cette gêne ?
- Pourquoi avoir dit à ma soeur qu'on sortait ensemble?
Oh, alors c'était ça. Mon sourire se moque d'elle.
- C'était le meilleur moyen pour entrer chez toi sans attirer les soupçons.
- Abby se doutera bien de cette supercherie.
- C'est pour ça que tu vas jouer le jeu avec moi. À partir de maintenant tu es follement amoureuse de moi.
Elle écarquille les yeux et ballaye ma requête du revers de sa main.
- Je crois qu'abby a largement eu le temps de mettre la table. Allez,bouge-toi. On parlera de ce que je ferais de toi plus tard.
Je me contente de la suivre jusqu'à la salle à manger. Là, Abby fini de poser le dernier plat pour qu'on puisse enfin se mettre à table. J'ai enfin droit à un véritable plat après les ramens et les oreo. Non, en fait je préfère dire après les 5 années de soupes dégueulasse de la cantine.
Ce que je mange me plaît beaucoup. Abby appelle ça une quiche. Je n'en avait jamais goûté avant. Mais que voulez-vous? Je me vois mal devant les fourneaux et ça ne risque pas de changer. Mes passions sont un peu plus violentes je dirais.
Bref, quant à la conversation, elle est présente et elle tourne autour de moi évidemment. Abby gobe tous mes mensonges. Il me suffit de faire semblant de dévorer sa soeur du regard et de jouer les amoureux farceurs. Je balance de temps en temps certaines disquettes onéreuses et le tour est joué. Pourtant le plus dure est de m'inventer une vie crédible. Alors je me fais passer pour un jeune chômeur. Je lui fais croire que je n'arrive plus à supporter les charges et que je ne peux pas prendre le risque de m'endetter, du coup en attendant que ma situation se calme je viens squatter chez ma copine.
Gaby me fusille du regard, au moins si elle tente de me virer après ça Abby pourrait me défendre.
Ensuite viennent des questions un peu plus subtiles du style :
-Vous vous êtes connus comment du coup?
Là ça va être dur de blablater au feeling sachant que nos histoires doivent coller.
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