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𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟿

Helio s'installa posément sur l'une des chaises du jardin. À l'abri du ciel grisâtre sous le kiosque en marbre blanc, il n'eut même pas à dire un mot pour qu'une femme habillée d'une robe noire s'incline avant de partir en quête de l'habituel plateau de thé.

Derrière lui, toujours aussi sérieux, Théo parcourut les allées fanées du regard. Il repéra des servants occupés à balayer le dessous des arbres et des fenêtres, et des jardiniers qui coupaient les derniers buissons qui venaient de se dénuder pour l'hiver.

Helio se retourna à demi pour l'observer avec calme, puis reprit sa position afin de profiter de la vue. Il inspira l'air frais, bien à l'abri sous ses vêtements. Quand son esprit était aussi dégagé et clair, le prince ressentait et voyait toutes ces choses qu'il adorait : il était fatigué, certes, mais ses yeux pouvaient se fixer sur le ciel, sur ces branches lourdes que les hommes coupaient avant de les charger dans une carriole, sur ces chevaux en train d'être amenés à l'écurie qui devait se trouver derrière. Ces hommes et ces femmes, leurs expressions, leurs discussions, leurs sourires.

Dans les bals, il avait mis un moment avant de se trouver une autre occupation que la fuite. Ces nobles étaient difficiles à déchiffrer, au départ. Il s'était confronté à des échecs, à des erreurs de jugement ; il avait manqué de se prendre des baffes, avait fait rater des alliances, s'était retrouvé avec trois assassins dans sa chambre en une même nuit, et avait même fait pleurer un enfant.

Mais il avait grandi, et à présent Helio pouvait observer l'activité de ce beau monde, ce cette scène de théâtre aux dimensions immenses, et en apprécier chaque acte. Sa vie, tout comme la leur, n'était qu'un pion sur l'immense échiquier du temps.

Il sourit.

— Tu m'as l'air plus confortable, dit-il à haute voix, et il sentit que son chevalier se retournait vers lui.

Théo ne répondit pas tout de suite.

— Vous trouvez ?

— Les premiers jours, tu bondissais presque à chaque murmure.

Il grommela dans son coin. Helio ne le regarda toujours pas.

— Je ne bondissais pas. J'étais prudent, voilà tout.

— Et maintenant tu ne l'es plus ?

Sa question ne le poussa pas, comme il s'y était pourtant attendu, à s'énerver. Il répondit calmement :

— C'est différent. Cet endroit est différent.

Helio hocha la tête. Il comprenait. Chez eux, les nobles fourmillaient dans le palais à la recherche du moindre scandale à échanger avec un autre.

Ici, c'était presque ennuyeux.

— Tu es triste ?

Théo sembla hésiter ; c'était simple, pourtant, mais il y avait tant de choses pour lesquelles être triste. Le prince précisa :

— Ton père est mort pendant l'attaque.

— Nous n'étions pas proches. Pas plus que vous et le roi.

— Mais c'était ton père. Es-tu triste ?

— L'êtes-vous ?

Non, il ne l'était pas. Mais lui, c'était différent : Théo Katsaros était plus un homme que lui. Un vrai, un noble de cœur et d'esprit.

— Je ne le suis pas, répondit-il.

— Moi non plus.

— Bien. Tant mieux. Aimais-tu notre royaume ?

Ce temps le rendait à la fois extatique et bavard. Le thé n'était pas encore là, et son chevalier ne parlait presque jamais de lui. Il avait appris à le connaître en l'observant, mais parfois Helio oubliait de le faire et le temps passait.

— Je... Oui.

Il était un chevalier : bien sûr qu'il l'aimait. Sa réponse n'aurait pas dû lui faire baisser les yeux, à quoi d'autre s'était-il attendu ?

— Aimes-tu ce royaume-ci ?

— C'est différent.

Ça l'était, oui. Helio n'avait pas les réponses à ses propres questions, et c'était peut-être pour ça qu'il les posait à voix haute. Cela leur donnait une consistance, une forme, une existence.

Il regardait le ciel, et peut-être que le ciel le regardait aussi. Il dit :

— Si je n'étais plus prince, m'aurais-tu protégé ?

Seul le silence lui répondit. Il essaya de deviner l'expression de Théo, mais n'y parvint pas : il se retourna à nouveau légèrement. Là, dans ces pupilles sombres, une flamme dansait.

— Pourquoi ces questions ?

— M'aurais-tu offert ta lame, au tout début, si tu avais su qu'un jour je ne serais plus prince ?

— Vous êtes toujours mon prince.

— Ce n'est pas ma question.

Les sourcils de Théo se froncèrent. Il posa sa main sur la garde de son épée.

— C'est à vous que j'ai offert ma lame. Je vous ai offert ma vie à vous. Helio Argyris. Personne d'autre. Vous serez toujours mon prince.

Il hocha la tête, pour montrer qu'il comprenait. Théo était ainsi : il fallait bien que l'un d'eux ait moins de scrupule que l'autre. Il fallait que l'un d'eux le garde en vie.

— Et si mon père m'avait retiré mon titre ?

— Votre... c'est impossible de faire une telle chose.

— Si ça avait été possible, qu'aurais-tu fait ? Serais-tu resté ? Serais-tu parti ? Aurais-tu sacrifié ton honneur pour moi, en plus de ta lame et de ta vie ?

Théo ouvra à peine la bouche qu'Helio sut ce qu'il allait répondre : son regard parla pour lui, la rage parla pour lui, son corps parla pour lui.

— Oui.

Et ce fut tout. Le prince acquiesça, le chevalier se détendit, et le silence revint. Pendant quelques instants, Helio fut de nouveau assis sur cette chaise, l'air ennuyé et apaisé, et observa les jardins fanés avec fascination.

— Ce royaume n'est pas si mal, non ? dit-il au vide mais Théo entendit. Il n'est pas pire qu'ailleurs. Le roi est bon, droit dans ses bottes, et étonnamment honnête. Il s'est défendu avant l'attaque, et c'est une preuve suffisante d'intelligence.

Au loin, la servante sortit par une porte arrière, un plateau dans les mains. Elle se rapprocha.

— Je n'ai pas encore rencontré la cour, mais rien ne peut être plus pourri de l'intérieur que chez nous. Ses gens lui font confiance, les bas-quartiers sont comme ailleurs et il n'y a pas de cadavres affamés dans les rues. Il leur a apporté la paix.

Il s'arrêta de parler quand la jeune femme monta les quelques marches du kiosque pour venir déposer le tout devant lui. Elle servit sa tasse avec soin, dans une jolie tasse blanche et or. Le thé était un peu plus clair, mais cela ne faisait rien.

Elle s'inclina un peu plus bas, attirant son regard, et tourna les talons pour disparaître un peu plus loin, vers les écuries.

Théo ne répondit rien à ses paroles, et se contenta de continuer à surveiller l'horizon. Ceux qui ramassaient les feuilles leur lançaient de petits regards. Helio porta la tasse à ses lèvres, but une gorgée, et suspendit son geste.

Son visage n'exprima rien, pas même alors qu'il avalait. Son regard, lui, tomba sur le breuvage à l'odeur alléchante : il soupira et se leva.

— Votre Alte... ?

Passant devant Théo, s'appuyant contre les barricades légères en bois blancs, le prince vida l'entièreté de sa tasse dans un buisson : son propre regard rencontra celui du groupe de jardinier, et il ne les lâcha pas jusqu'à ce que la dernière goutte tombe dans le parterre.

Avec une lueur de compréhension, son chevalier se rapprocha rapidement. Il chuchota :

— Vous allez bien ?

— Je vomirais ce que je viens de boire en rentrant. Je connais ce goût, ne t'en fais pas. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'y suis habitué, mais j'y résiste.

Quand il eut terminé, il lâcha avec désinvolture la tasse qui tomba sur le sol et se brisa en mille morceaux. Le bruit attira l'attention de presque toutes les personnes présentes. Sans un mot de plus, il descendit les marches et avança vers les grandes portes du palais en maîtrisant son pas.

Tête haute, démarche sereine, regard sombre.

Helio entra à l'intérieur, quittant le ciel gris et le vent léger, un arrière-goût de poison sur la langue.

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