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𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷

Dans le palais enflammé, le prince marchait d'un pas presque tranquille en direction du grand hall.

Sous ses épais vêtements en tissu recouverts d'argent, il transpirait légèrement et soutenait le lourd poids de sa cape sur ses épaules droites. Les talons de ses bottes en cuir claquaient sur le sol en carrelage poussiéreux, mais il les entendait à peine sous les bruits venant des grandes allées de son palais personnel, résonnant contre les immenses murs et les plafonds arc-boutés.

Au-dehors, on pouvait entendre des cris de toutes sortes : des hurlements de douleur, de peur, des ordres, des pleurs. Les fenêtres brisées laissaient facilement passer les sons qui remplissaient la capitale, des cloches de la cathédrale centrale devenues folles au moment où les remparts avaient cédé, jusqu'aux craquements immenses des habitations qui brûlaient depuis les extrémités de la ville.

Une nouvelle vitre se fissura lentement au-dessus d'Helio, juste sur sa route alors qu'il passait à côté sans même regarder. Elle finit par éclater en morceaux une fois le bout d'un couloir atteint.

Devant lui, l'épée levée et le regard sombre, son chevalier restait sur ses gardes. Son corps tendu se faisait encore plus rigide à chaque fois qu'ils passaient ensemble une intersection, et le hall paraissait plus loin à chaque pas.

Souvent, il se retournait vers le prince pour vérifier qu'il avançait encore derrière lui de ce pas lent. Helio n'avait plus sa propre épée, et Théo ne savait pas ce qu'elle était devenue : parfois c'était comme ça, il n'était pas au courant de tout. Comme à présent.

Qu'est-ce qui se passe ? pensa Théo.

Helio était sorti de sa chambre au moment où les cloches avaient commencé à retentir. Théo, qui attendait comme toujours devant sa porte lorsqu'il désirait être seul, s'était immédiatement retourné pour entrer de force en les entendant, quand la porte s'était ouverte. Helio n'avait rien dit : pas un mot. Seulement un petit mouvement de tête pour lui ordonner de le suivre, et un air irrité qu'il affichait désormais un peu plus à chaque fois qu'il entendait l'un de ses gens se faire tuer dans les grands jardins dont il avait ordonné la construction.

C'était un véritable massacre, et Théo n'était au courant que des choses les plus simples : le roi avait rappelé son armée pour l'hiver rude qui s'annonçait, et apparemment le royaume voisin, Laenar, en avait profité.

Une nouvelle vitre éclata sur leur passage, et Théo resserra ses mains autour de la poignée de son épée. Elle était lourde dans ses paumes, et l'habitude de poid eut le don de le rassurer un peu. Mais aujourd'hui, devant le visage impassible de son prince, devant ses yeux assombris et son pas faussement lent, il ne savait que penser.

— Votre Altesse..., commença-t-il d'une voix lourde.

Il ne posait jamais de questions. Théo Katsaros avait toujours suivi les vœux qu'il avait prononcés ce jour-là, quand il s'était agenouillé devant ce qui était à l'époque le second prince du royaume. Il n'était qu'un enfant, comme lui, mais Théo n'avait jamais douté : je vous protégerai, je vous offre ma vie et ma confiance.

Il l'avait fait. Toujours. Mais à présent, les choses lui paraissaient plutôt désespérées. Si ces intrus réussissaient à pénétrer dans ce palais, nul doute qu'ils leur trancheraient la tête à tous les deux, pour mettre celle du prince sur une pique à l'entrée de la ville. Cette pensée lui retournait l'estomac, faisait bouillir son sang, et attaquait fortement sa fierté de chevalier.

— Tu me fais confiance ? demanda doucement le prince sans détourner le regard.

Ces mots le forcèrent à ralentir. Ils n'étaient plus très loin du hall, et malgré le fait que Théo aurait voulu l'emmener dans un endroit bien plus sûr, sortir par les passages secrets, Helio avait voulu partir par là, alors il n'avait dit mot.

Le prince tourna la tête vers lui, et l'observa avec une curiosité sincère, comme si la réponse pouvait être autre chose que oui. Il attendit sagement, ignora les nouveaux cris à l'extérieur et le capharnaüm qui régnait entre les murs du palais. Le hall devait être envahi, à présent.

Helio avait le visage clair et la mine déterminée. Un renard derrière le beau masque pâle d'un prince innocent.

Théo releva son épée et porta une main à son cœur.

— Oui, dit-il. Absolument.

Helio Argyris sourit délicatement, et fit deux pas en avant. Il l'avait dit une fois : le prince avait prononcé des paroles à la fois simples et compliquées, qui n'avaient pas grand sens si Théo y pensait vraiment. Je te considère comme mon ami. Ca ne voulait rien dire, car il était bien connu que le prince Argyris n'avait pas d'amis. Il n'avait que des sujets, des pièces sur un plateau d'échecs.

Et Théo voulait bien en être une, tant qu'il était le chevalier.

— Tu as tort de le faire, dit le prince en affichant une expression bien trop douce pour l'instant présent. Mais je ne t'en veux pas.

Il fit à nouveau quelques pas en avant, et donna un léger coup de menton en direction de l'entrée ouest du grand hall, juste derrière eux. Le couloir se faisait plus étroit à cet endroit, et de là s'échappaient des ordres donnés avec un accent dur.

Théo hocha la tête. Helio le dépassa tandis que la lourde cape attachée autour de son cou traînait dans les bouts de verre et la poussière. Ses bottes claquèrent à nouveau, il s'avança seul quelques instants, et son chevalier le rejoignit au moment où Argyris pénétrait en haut des escaliers du grand hall, côté cour.

En contre-bas, en suivant des yeux le tapis rouge déroulé le long des marches en marbre, le feu n'avait pas encore pris. Les vases étaient brisés, des tableaux avaient été arrachés et lacérés, et devant les restes des épaisses portes en bois quatre cadavres s'amassaient sur le sol. Des gardes, qui avaient protégé l'entrée de leur vie.

Le premier à les apercevoir fut un garçon à peine pubère en armure sale et pleine de rouille. Ses cheveux blonds paraissaient couverts de boue et de sang, et ses joues encore rondes brillaient étrangement, comme couvertes de larmes séchées. Ses yeux s'écarquillèrent à la vue du prince Helio, et il se mit à crier en agitant sa fine épée :

— Commandant ! Commandant ! Il est là !

Le garçon commença presque à courir vers eux avec des yeux fous et un sourire ravi, mais s'arrêta bien vite quand Théo se posta devant le prince en levant son épée. Son regard froid se posa sur lui, et le garçon recula légèrement. Autour de lui, quatre autres soldats avaient à présent les yeux rivés sur eux et derrière encore, un homme bien mieux habillé se fraya un chemin vers les escaliers.

Son armure plus imposante, d'un métal argenté de bien meilleure facture, ainsi que le blason doré qui illustrait son plastron, indiqua à Théo que c'était lui, le commandant. Que celui qui avait reçu un ordre précis et clair, c'était lui.

Il serra la mâchoire, et le regarda monter lentement les marches. Ses protections remplissaient la pièce de tintement de ferrailles. Il fit glisser sa lame hors de son fourreau, très lentement, et arriva bien vite sur la surface plate non loin d'eux.

— Arrêtez-vous là, ordonna Théo.

L'homme devant lui n'écouta ses mots que quelques secondes à peine : il leva bien vite son arme à son tour et afficha un rictus amusé.

— Garçon, dit-il avec un très fort accent qui fit froncer les sourcils de Théo. Je ne suis pas sûr que tu comprennes.

— Je ne suis pas sûr qu'il y ait grand-chose à comprendre.

Derrière lui, Helio ne disait rien. Il lui lança un petit coup d'œil rapide, s'assurant de ne pas détourner les yeux de ce commandant qui paraissait assez habile avec la lame qu'il tenait. Le prince regardait en contrebas, près de l'entrée qui laissait passer la lumière de l'extérieur : cela avait commencé comme une journée assez froide, mais sans pluie et sans nuages. À présent, une épaisse fumée recouvrait la ville en flamme. Une odeur de brûlé remplissait le hall.

Il n'y avait rien, mais il regardait comme s'il aurait aimé voir quelque chose. Les autres soldats attendaient sagement, prêts à intervenir.

— La situation, mon garçon. La situation.

Il leva son épée pour pointer le prince.

— Nous sommes là pour lui, dit-il avec évidence. Tu dois être son garde personnel, n'est-ce pas ? Je vais être assez clément pour t'expliquer, même si mon roi nous a demandé d'être rapide.

Ce mot attira l'attention d'Helio, qui posa son regard froid sur lui. Le commandant eut un air étonné, mais décida sans aucun doute de l'ignorer.

— Tu es seul. Nous sommes plusieurs. J'ai dispersé mes hommes dans ce palais pour vous trouver, mais tant est de constater que vous avez été assez idiots pour venir à nous. Ils reviennent tous en ce moment. Donc, pour résumer : si par chance tu es assez dégourdi pour me blesser, tu ne pourras pas résister à mes hommes. Pas avec un poids mort que tu dois protéger.

Théo serra ses mains autour de son épée. Il plissa les yeux.

— Vous n'aurez pas sa tête, promit-il. J'aurais la vôtre bien avant.

Le commandant parut étonné à nouveau. Son visage se fendit lentement, et il rit de bon cœur quelques secondes. Quand il eut fini, il agita sa lame avec désinvolture.

— Très bien, mon garçon. Tu es fidèle, je l'ai bien compris. Cela changerait-il quelque chose que je t'apprenne que nous ne voulons pas sa tête ?

Théo ne le quitta pas des yeux : son corps se tendit encore plus alors qu'il sentait une nouvelle forme de colère le prendre tout entier.

— Cela ne m'amuse pas, siffla-t-il.

— Moi non plus, cela tombe bien. Nous ne voulons pas la tête de ton prince, garçon. Alors voici les deux options qui s'offrent à toi : tu peux te battre en vain ici et mourir. Ton prince sera blessé dans la bataille, tes efforts seront inutiles, et il sera seul et sans défense là où nous l'amenons.

Il sourit, et Théo fut encore plus conscient de la présence de son prince dans son dos. Il l'entendait à peine respirer.

— La deuxième ? grogna-t-il.

— La deuxième est simple : tu baisses ton épée, et vous nous suivez gentiment. Tu gardes tes forces et ta vie, et tu protèges ton prince là-bas. Tu vois ? Nous sommes très généreux.

Cette solution, en plus de lui laisser un arrière-goût amer, l'irrita encore davantage. Il eut envie de cracher sur le sol.

— Vous mentez, dit-il simplement. Qu'est-ce qui me prouve qu'à l'instant où je baisserai mon épée, vous n'en profiterez pas pour me trancher les mains ?

L'homme parut hésiter. Il l'observa un peu, puis finit par soupirer.

— Je suis un chevalier, garçon. J'ai le même honneur que toi, la même ligne de conduite.

Théo plissa les yeux.

— Et je n'ai pas toute la journée. Choisis cette option ou non, mais fais-le vite.

Il s'apprêta à refuser. Le chevalier qu'il était s'apprêta à refuser dans un élan de rage et de panique, avant de se jeter sur ce commandant arrogant pour glisser agilement son épée dans son flanc, entre les différentes pièces de son armure. Elle glisserait entre ses côtes en transperçant ses poumons, et il aurait le temps d'attraper très peu respectueusement Helio afin de filer par là où il venait d'arriver pour emprunter ces foutus passages secrets qu'ils auraient dû prendre en premier lieu.

Mais une main sur son épaule le fit sursauter. Il eut à peine le temps de se retourner qu'une voix déclara non loin de son oreille :

— Il accepte. Conduisez-nous là où vous le désirez, commandant.

Théo se retourna vers le prince, et se figea devant son expression. Personne n'y aurait remarqué quoi que ce soit, mais lui vit la couleur et le reflet qui avait pris place dans ses yeux.

Un plan se mettait en place, et Helio savait exactement ce qu'il faisait. Le plus grand stratège de la cour.

— Et s'il vous plaît, ajouta-t-il en passant à côté d'Théo sans aucune crainte de se faire trancher la gorge, cessez donc d'appeler mon chevalier « mon garçon ».

Il descendit de lui-même les marches en marbre en passant sur le tissu rouge, et Théo Katsaros ne put rien faire d'autre que le regarder, le cœur battant.

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