- On fête quoi, déjà ?

- L'anniversaire d'Hilda ! Voyons, Chan ! Tu ne peux pas avoir oublié !!

Quelle aubaine ! Je vais devoir me coltiner mes collègues de bureau toute une soirée durant. Gé-nial... parce que, c'est certain, je ne les vois pas assez au boulot ! Et évidemment, Cherry me dévisage avec des yeux en soucoupes parce que j'ai oublié l'anniversaire de ma collègue, que je ne connais que depuis un mois. Indigne camarade que je suis !

Non, évidemment, Cherry n'est pas son prénom... mais elle tient tellement à ce qu'on l'appelle comme ça que je n'ai pas le cœur à la contredire. En même temps, quand on s'appelle Bérangère... et puis, je peux tout à fait la comprendre ; je serai également irritée si l'on m'appelait par mon prénom entier, alors que j'insiste pour qu'on m'appelle Chan.

- Chanelle, tu as intérêt à nous accompagner! On est toutes les trois de la partie !

Voila, je suis irritée...

Je n'avais vraiment pas que ça à faire de ma soirée; Thomas, mon petit copain depuis quatre ans, vient de me demander en mariage... sans doute parce qu'on s'est enfin installés ensemble et honnêtement, je ne sais pas si je devrais me réjouir.

Enfin, oui, je devrais, c'est un fait, mais quelque chose au fond de moi n'est pas si exalté par la nouvelle.

Bon, après tout, cette petite sortie entre collègues me fera sans doute le plus grand bien.

J'appelle mon fiancé, me prépare à subir ses ronchonnements, et lui annonce que je rentrerai très tard ce soir.

Je me renseigne ensuite auprès de Marjo, pour le cadeau qu'il faudrait que j'aille vite acheter durant ma pause déjeuner.

- Ne t'en fais pas pour ça, le cadeau est déjà tout préparé. Un cadeau d'enfer pour chacune d'entre nous ! ajoute-t-elle avec ce petit air malicieux que je lui déteste.

Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Ce n'est pas mon anniversaire, je n'ai pas besoin de cadeau ! Pire, je n'en veux pas !

Avec ces écervelées, je ne suis pas sûre d'apprécier la surprise.
Enfin, je suis sévère...

Je travaille pour une société de produits de beauté féminins, au département marketing. Cherry et Marjo sont au département comptabilité, et Hilda s'occupe de la logistique. Une petite équipe bien sympathique qui s'est trouvée naturellement, au milieu de tous ces bureaux en enfilade.
Je me plains de temps à autres, mais au fond, je les apprécie, mes collègues de bureau.

J'apprends que je n'ai pas le droit de rentrer chez moi me faire une beauté. Nous nous rendons alors toutes chez Cherry nous préparer. Très bien, je suis.

Notre hôte à bien dix ans de plus que moi. La trentaine passée, elle en parait pourtant bien plus: la vie a certainement dû la marquer. Elle a les cheveux cuivrés, coupés courts, et une silhouette assez masculine. Ça ne l'empêche pourtant pas de porter des talons vertigineux et de mettre des jupes au ras des fesses.

Quant à Marjo, elle doit avoir la vingtaine, tout comme moi, et est bien moins délurée que notre doyenne. Elle est assez forte et aime croquer la vie à pleine dents ! C'est celle que je préfère.

Par contre,je ne connais pas trop Hilda, mais elle semble réservée. Grande, blonde, très jolie et sophistiquée, elle doit avoir son succès avec les hommes !

Lorsque Cherry me montre l'ensemble que je suis censée porter pour notre petite sortie, je manque d'avaler ma salive de travers.

Elle finit son relooking en me maquillant de noir et j'ai l'impression d'avoir deux coquards sur le visage.
Elle me relève ensuite les cheveux et me fabrique un chignon ébouriffé sur la tête.

- Voilààà ! Là, tu es jeune et rock'n'roll ! Pourquoi tu t'habilles comme une mémé, Chan ?

Parce que je tiens à ma crédibilité et à ma dignité...

-Tu as vingt-et-un ans, pas trente-cinq !

Ah, parce qu'à trente-cinq ans, on est déjà arrivé au stade de la mémé. Zut, mes heures sont comptées...
Pourquoi pas le look rock'n'roll après tout? Au moins, personne ne me reconnaîtra...

Elle opère le même ravalement de façade sur nos deux collègues, et nous sommes parties !

Mon téléphone commence à vibrer. Déjà ?

- Oui, Thomas, qu'est-ce qu'il y a ?

- Je vais manger chez mes parents, étant donné que tu ne m'as rien préparé pour ce soir.
Je soupire. Et c'est reparti...

- Très bien...

- Je tiens à te prévenir, au cas où tu aurais des réflexions désobligeantes.

- Je sais, je sais. Bon appétit.

- Au revoir, me répond-il sur un ton sec, avant de raccrocher.

Chez ses parents, bien sûr.

Je déteste lorsqu'il manoeuvre ainsi. Il cherche à me faire culpabiliser de ne pas lui avoir fait son petit plat, parce que Môsieur est incapable de toucher à une casserole. Et ses parents, le voyant arriver affamé, manqueront pas de me faire remarquer que je manque à mes devoirs de fiancée, et concubine modèle, pauvre Thomas...

Bon, et bien je crois que je vais essayer de m'éclater ce soir.

Nous entrons dans une petite boîte sombre, où l'ambiance est à son comble. Alors, je ne pense pas à ce qui m'attend ce soir, ni à demain, et je danse, je danse pour tout oublier.

M'accorderais-je un petit cocktail ? Thomas déteste que je boive ; ce n'est pas bon pour la santé et plein de calories. Mais il ne le saura pas, je n'aurai qu'à mâcher un chewing-gum.
Je bois et je m'oublie sur la piste.

Quelques hommes tentent bien d'entrer dans notre petit cercle fermé de « collègues qui fêtent un anniversaire » mais seule Cherry succombe au charme de l'un d'entre eux.

Enfin, les lumières s'assombrissent et un énorme gâteau fait son entrée dans la salle.

Impressionnant ! Il est immense. Le serveur nous découpe nos parts et en distribue également aux autres clients (politesse oblige), sur une musique traditionnelle « Happy birthday to you ».

- Super, le cadeau ! je crie à Marjo, afin qu'elle m'entende.

Elle me glisse un regard plein de malice.

- Tss tss, tu n'y es pas... il n'est pas encore arrivé...

Je hausse un sourcil, sans comprendre.

Alors que la petite musique touche presqu'à sa fin, des serveurs s'affairent autour de nous quatre, installent le même nombre de chaise sur la piste, et nous somment de nous asseoir dessus.

La foule s'écarte tout autour et semble attendre quelque chose.
Qu'est-ce que ce qu'est que ce traquenard ? Je ne le sens pas du tout !

Lorsque la mélodie touche à sa fin, elle laisse place à une musique au rythme du tonnerre et je vois débouler quatre hommes sur la piste, juste en face de nous, déguisés en stewards.

Ho Mon Dieu. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Chacun d'eux choisit sa fille et s'en approche de manière lascive.

Quelle honte ! Je n'ose pas lever mes yeux. Celui qui m'a prise pour cible s'approche dangereusement de moi et positionne son entrejambe en face de mon visage !

Ça ne peut pas être...
Oui, il arrache sa veste et la fait tournoyer au dessus de sa tête.

Des strip-teaseurs !!!!

J'ai du mal à réaliser ce qui m'arrive, mais quand je tourne mon visage vers Marjo, je constate qu'elle est en jubilation devant son danseur attitré.
Elle se tourne enfin vers moi, les yeux pétillants.

- Je t'avais dit qu'on aurait des cadeaux de folie !!

Mais, je n'en veux pas moi, de ses cadeaux ! Bon sang, je suis fiancée, si ça se savait...

Je sens une main sur ma joue, je sursaute et me rends compte que mon strip-teaseur veut que je tourne la tête vers lui.
Et en plus, il exige un public, celui-là !
Je n'oserais pas le regarder...peut-être juste son torse de malade qui ondule en face de moi...juste un petit peu.

Seigneur, Marie, Joseph, est-ce possible d'avoir un corps pareil ?? Un grand tatouage parcourt son torse. « Ad vitam aeternam » écrit en larges lettres romaines.
Il veut faire du strip-tease jusqu'à la fin des temps ?

Oh ! Il s'est retourné et j'ai ses fesses en plein visage ! Sans que je ne puisse comprendre comment, son pantalon s'est volatilisé !
J'ai eu un gros moment de stress, mais il est en boxer, Dieu merci !
Un homme en string, ça aurait été trop pour mon petit cœur.

Il commence à se frotter à mes jambes, s'empare de mes mains, et les fait glisser sur son torse de pierre.

Je jette un rapide coup d'œil aux autres, aucun n'arrive à la hauteur de mon mâle attitré !

Il se retourne et me met la main sur ses fesses. Les fait ensuite glisser sous son boxer.

C'est normal de toucher autant de chair ? Ne sont-ils pas juste censés se trémousser en se déshabillant devant nous?

Alors que mes copines gloussent de plus belle, je suis totalement confuse.
Mon mâle fait le show, il chauffe la foule, puis revient vers moi.
Il ne cesse d'onduler contre mon corps et je manque d'oxygène. C'est alors qu'il arrache son boxer et je découvre un fin bout de tissu qui ne couvre que ce qu'il y a à couvrir.
Je vais faire une syncope !

Ha non, je suis toujours éveillée.

Il me prend la main et la fait glisser le long de son torse, de bas en haut, pour ensuite la faire redescendre jusque...

Non !

Paniquée, je lève mes yeux vers lui et découvre son visage.

Et là, je suis sidérée.

Il se fige et j'ai l'impression que le temps s'est également arrêté autour de nous.
Mes yeux sont plongés dans ses grands iris verts. Ses yeux sont tout simplement magnifiques...son regard, si profond, me sonde et j'ai l'impression qu'il essaie de pénétrer mon âme. Je dois être complètement saoule !
Mon cœur bat à tout rompre et je suis incapable de faire le moindre geste.

Nous restons ainsi de longues secondes, peut-être bien des minutes entières, je ne sais plus, lorsque la musique change soudainement de tempo et que je comprends qu'il est temps pour les strip-teaseurs de tirer leur révérence.

Oh! Adieu mon Apollon...(Comment ne pas devenir dramatique après avoir ressenti une telle révolution émotionnelle?? Et avoir picolé des milliers de litres d'alcool...)

Je le laisse s'enfuir et garderai ce souvenir dans les tréfonds de ma mémoire, ad vitam aeternam.

*****

Hello Wattpadfriends! Voici le prologue de cette histoire qui me tient particulièrement à coeur, j'espère que les premières lignes vous ont plu, que leur légèreté vous a mis le sourire aux lèvres et vous a donné envie de poursuivre l'aventure avec moi ^^
Je vous ai mis un teaser du tonnerre en média 😉
bonne lecture

😘