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8. Souvenir encré

Lorsque je retourne chez moi, j'appelle Chris, avant qu'il ne me fasse une crise.

– Bitch !

Le premier sobriquet qui lui vient en tête lorsqu'il entend le son de ma voix est drôlement flatteur, dis donc...

– Enchantée...

– Hahaha ! Je ne savais pas que tu pouvais encore être sexy, vieille peau.

– De quoi tu parles, Chris ? je lui demande en m'impatientant.

– Tu étais en train de simuler une copulation au milieu de centaines de personnes, hier soir. Incroyable ! Et pourtant je suis sûr que tu ne copules même pas comme ça, avec Thomas !

– Dis, tu n'exagérerais pas un peu ?

– Moi ? Jamais !

– J'ai l'excuse d'avoir trop bu avant d'arriver dans la boîte, ça compte ?

Chris ricane, mais n'en démord pas.

– C'était chaud, chaud, chaud, entre toi et Noah ! Encore un peu, il t'aurait violée sur place, tu peux me croire.

Ce bon vieux Chris, toujours dans l'excès. Mais je dois dire que mon cœur trépigne malgré moi.

– T'abuses. Il a dansé pareil avec Aida, je te signale.

– Euh, non, Madame, je ne crois pas ! En plus, il te matait comme un cochon pendant que tu dansais avec Dorian. J'ai pris mon temps pour observer votre petit manège, tu ne parviendras pas à me convaincre du contraire.

Alors je n'ai pas rêvé...

Je suis tout de même soucieuse. Je raconte à Chris ce qu'Aida m'a confié ce matin et lui fais part de mon inquiétude.

– Ma chère Chan, tu aurais dû m'écouter dès le début et jeter ton dévolu sur lui. À partir du moment où tu l'as laissé partir à la chasse, tu t'es interdit le droit de le laisser t'approcher. Si tu ne mets pas de distance entre vous, cette histoire va mal se terminer.

Je me doute, vu la réaction d'Aida dans la voiture.

– Tu as raison. Je vais éviter ce genre de situation, à l'avenir.

Je lui raconte alors le petit intermède avec Thomas, quand je suis rentrée de boîte, et il semble sceptique. Tant pis, moi, ça m'a réchauffé le cœur !

Lorsque mon fiancé revient de chez ses parents, il m'annonce qu'il s'envole pour les îles Canaries la semaine prochaine.

Et durant le reste de la semaine, il est redevenu cet être de glace, fidèle à sa nature, alors que je subis des journées plutôt éprouvantes, au boulot. Les moments où je me détends sont ceux qui je passe avec Noah à l'Ifitness, tandis que de son côté, Aida ne cesse de me parler de lui. Lorsque je lui ai demandé s'il y avait une avancée dans leur relation, elle a semblé éviter le sujet. J'espère qu'elle ne court pas après une chimère...

Dimanche soir, j'accompagne mon homme et ses parents à l'Aéroport. Il s'en va en me donnant un petit smack sur les lèvres, sans plus de cérémonie. Sympa... Je m'attendais à quoi, au juste ? Après tout, ça ne fait que neuf ans que l'on est ensemble, sans jamais s'être séparés pour une durée aussi longue. Ça me fera certainement bizarre, mais je suis sûre que je le vivrai comme une semaine de repos. L'avion décolle et je retourne chez moi, me préparant à cinq jours de vacances bien tranquilles.

Le lendemain, lorsque je rentre du bureau, je ne vais pas au sport et je savoure ma soirée. Un petit verre de vin, une boîte entière de chocolats, devant un film téléchargé de mon choix... le pied !

Je reçois alors un message.

[Chris avait raison, Thomas s'en va et tu sèches le sport...]

Noah.

Je souris et mets mon film en pause.

[T'as pas idée du pied que c'est. Il est dix-huit heures et je suis pompette. Je regarde La Cérémonie, de Claude Chabrol, tu connais ?]

Il me répond instantanément.

[J'ai pas idée, effectivement. L'alcool et moi, ça fait deux. Fais tout de même attention. Non je ne connais pas, mais j'ai d'autres films de ce genre, empilés dans ma chambre. On se boit un verre demain après-midi, après ton boulot ?]

Est-ce une bonne idée ? Pourquoi pas, après tout ? J'essaye de réprimer les battements légèrement plus hardis dans ma poitrine et pianote sur mon écran.

[Je terminerai plus tôt. Passe me prendre chez moi à 15 heures]

Je note mentalement que je n'ai toujours pas reçu d'autre message de la part de mon fiancé qu'un « Nous sommes bien arrivés ».

Le lendemain, je me vêts d'un petit tailleur beige, avec un tee-shirt en col V, dégageant juste assez mon décolleté, finis ma tenue par mes talons et ma fameuse veste en poils de la même couleur, et je m'en vais travailler.

Lorsque Noah vient me chercher, il sourit dès qu'il pose les yeux sur moi. Hé oui, pas de lentilles, aujourd'hui !

– Je vois que quand le chat n'est pas là, les souris dansent, me lance-t-il, plein d'humour.

– T'as pas idée ! gloussé-je.

– Bon, petit changement de programme, Aida nous rejoint. Nous allons boire un verre au Cimetière, ça te va ?

Aida ? Nous rejoindre ? Ma foi, pourquoi pas ? Tant qu'elle n'a pas de problème avec ça.

– C'est parti !

Nous prenons place dans un café vraiment sympa, situé dans un des quartiers étudiants de la ville et elle ne tarde pas à faire son apparition. Resplendissante, comme d'habitude.

– Salut les amis !

– Salut, beauté.

Elle nous embrasse et s'installe en face de moi.

– Tu es canon, aujourd'hui, Chan. Tu devrais laisser tomber le lissage, je me souviens de tes cheveux avant, c'était quelque chose !

Je lui rends un sourire, mais je ne suis pas sûre que je sois prête à laisser aller mes cheveux à leurs fantaisies. Si je ne les lisse pas, je risque de me retrouver avec un soleil sur la tête.

– Ah oui ? s'enquiert Noah, intéressé.

– Oh oui, elle a des cheveux magnifiques, tu devrais voir sa crinière !

Il lève un sourcil et m'observe un moment.

– On va s'occuper de ça...

– Vous n'allez vous occuper de rien du tout ! me défends-je.

Nous prenons à boire et mon amie passe une bonne heure collée à Noah à minauder en faisant cligner ses yeux de biche. Je ne sais pas si c'est dans ce rôle que je préfère la voir. Il est poli, mais ne me semble pourtant pas se prendre au jeu outre mesure, c'est la partie la plus triste. Je devrais peut-être lui en toucher un petit mot. Cela dit, nous rigolons beaucoup, relatant nos vieilles anecdotes communes.

– Oh, et lorsqu'elle allait visiter Chloé à l'hôpital, raconte Aida, ce médecin qui la harcelait ! C'était à mourir de rire ; il lui envoyait des roses tous les jours, des poèmes dans des petits parchemins, le pauvre était tellement laid... tu sais, genre le petit gros et boutonneux. Je veux dire, il était médecin, il aurait dû faire attention à son alimentation et à sa peau, non ?

Je lui fais les gros yeux et me reprends rapidement pour ne pas me faire repérer par notre ami.

– Chloé, à l'hôpital ? Pourquoi donc ?

Et c'est là que la belle plante se rend compte qu'elle a merdé. Elle se cache derrière le verre qu'elle se met tout d'un coup à siroter avec grand intérêt.

– Elle avait quelques soucis de santé. Rien de très intéressant, je réponds, évasive.

–... Je suppose que je devrai m'adresser à elle pour en savoir davantage.

– Non ! J'interviens, paniquée. Ne lui en parle surtout pas !

– Pourquoi donc ?

Je commence à m'impatienter.

– Ne lui en parle pas, c'est tout. On a tous nos petits secrets de famille, n'est-ce pas ?

Il fronce les sourcils.

– Très bien... Je te laisse tranquille avec ça... pour le moment.

– Tu as des secrets de famille, toi, Noah ? lui demande Aida, intéressée.

Il me jette un regard pour enfin lui répondre.

– Comme tout le monde.

– Ah non, moi je n'en ai pas ! Mes parents sont tout ce qu'il y a de plus normaux, et mon grand frère est juste un peu lourd et surprotecteur, mais il ne leur est jamais rien arrivé d'insolite.

– Tu as de la chance, alors, commente Noah, la voix teintée de regrets.

La musique commence à se faire plus forte dans le café et ça me rappelle cette ambiance chargée d'électricité, lorsque nous avons dansé ensemble, samedi soir. Je repense aux mots de Chris et je suis prise de fourmillements dans le bas du ventre.

– Bon, c'est pas tout ça, mais je dois aller entraîner quelqu'un, moi ! nous dit notre beau boxeur, en se levant.

– Un élève à Nassim ? je demande.

– Oui, et un des plus prometteurs, répond-il en m'adressant un clin d'œil.

Oh, il parle de ma sœur. Je n'ai jamais abordé le sujet avec Aida, mais on dirait que lui non plus. Il semble même qu'il ait pris soin de l'éviter. Pourquoi ferait-il ça ? Certes, ça m'arrange, mais comment peut-il savoir que je n'ai pas envie de parler de tout ce qui me relie à lui à mes amis ?

Alors que nous sortons du café, il reçoit un coup de fil qui semble l'inquiéter.

– Allô ? Marie, qu'est-ce qu'il se passe ? C'est pas vrai... très bien j'arrive, ne bougez pas de là.

Soucieux, il raccroche et se retourne vers mon amie.

– Aida, ça te va si tu rentres toute seule ?

– Je... oui, j'habite à côté...

– Très bien, Chan, allons-y, j'ai une urgence.

Troublée, je m'exécute.

– Au revoir ma belle, lancé-je à Aida, aussi décontenancée que moi.

Une fois dans la voiture, il me demande d'appeler Nassim et de lui expliquer qu'il ne pourra pas entraîner ma sœur aujourd'hui.

– Tout va bien, Noah ?

– Je ne sais pas... je ne sais pas.

Tendu à l'extrême, il ne pipe mot de tout le trajet. Seulement, ce n'est pas chez moi que l'on va, là. Je préfère ne pas lui faire remarquer et observe le chemin. Nous arrivons rapidement à l'avenue de Fré, dans le quartier huppé d'Uccle, et Noah gare la voiture devant le garage d'une belle baraque. Il sort en trombe de son véhicule en me sommant de ne pas bouger et court rejoindre deux femmes assises sur le perron de la maison. L'une d'elles, la plus âgée, est en pleurs. Il la prend dans ses bras et je le vois chuchoter longuement dans son oreille, frictionnant son dos avec énergie.

C'est une femme qui doit avoir la cinquantaine, ses cheveux noirs rappellent ceux du jeune homme et sa frêle corpulence donne l'impression qu'elle va se briser d'un moment à l'autre. La fille qui l'accompagne est bien plus jeune. Elle a le visage fin, très pâle, les mêmes yeux que Noah et des cheveux de jais, qui lui tombe raides sur les épaules. Ses traits sont durs et elle semble en vouloir à Noah, vu la manière dont elle le regarde.

Je la vois lui faire une réflexion, mais n'entends pas un mot de ce qu'ils racontent. Il la regarde sans lui répondre, ce qui semble l'irriter. Elle commence à faire de grands gestes et Noah fait un signe de tête dans ma direction. Gloup !

La jeune fille jette un œil à la voiture et semble intriguée de me voir à l'intérieur. Elle lui lance un regard assassin et se dirige vers un petit cabriolet rouge, dans lequel elle monte. Elle reste à l'intérieur mais ne démarre pas.

Quant à la femme que Noah tient dans ses bras, elle paraît se calmer et c'est comme si elle le découvrait seulement maintenant. Elle lui sourit et l'enlace.

Bon, j'ai l'impression qu'il a oublié ma présence car ça fait bien vingt minutes que je patiente dans la voiture. La plus jeune finit par sortir de son véhicule et va chercher celle que je suppose être sa mère, étant donné la ressemblance, afin de l'y ramener.

Cinq minutes plus tard, elles sont parties.

Noah prend quelques instants pour se remettre d'aplomb et vient m'ouvrir la portière.

– Désolé. Tu peux sortir.

Je m'exécute et l'interroge du regard, mais le sien est lourd et il ne semble pas prêt à me parler.

– Suis-moi.

Il monte les marches du perron et sort des clés de sa poche.

Noah habite ici ? Dans cette baraque ? Poussée par la curiosité, je reste muette et le suis.

Cette maison de maître est impressionnante. Les espaces sont grands, les plafonds hauts. Il y a du parquet partout. Je m'avance lentement sur son territoire, m'imprégnant de la grandeur et du calme des lieux. Et son ameublement... ce n'est pas du Ikea, c'est certain. Au bout d'un vestibule spacieux, d'où monte un large escalier en bois vers l'étage, une porte semble donner sur la cuisine, et l'autre sur le living. Je crois également apercevoir un jardin au bout de la maison. Je suis vraiment bluffée.

– Elle est à toi, cette maison ?

– Oui.

– Tu vis ici tout seul ? Ce n'est pas un peu grand ?

– Je l'avais achetée pour ma famille, mais ma mère a refusé de venir y habiter.

– Pourquoi donc ?

–... Va savoir, me répondit-il, amer.

Il me débarrasse de mon manteau et l'emmène dans le vestibule.

– C'était ta mère, sur le perron ?

– Oui.

Oh...

Il m'invite à m'installer sur le canapé douillet du séjour – un canapé en poils blancs, si ça, ce n'est pas la grande classe – et va me chercher un verre de jus de fruits.

– Tu ne vas pas m'en parler, n'est-ce pas ? je devine, en faisant référence à la scène précédente.

–... Tu veux savoir quoi ? me lâche-t-il, abrupt.

Oula, c'est bien parti !

– Est-ce que c'est pour cette raison que tu changes d'humeur à chaque fois que tu reçois un coup de fil ?

– Quelle raison ?

– Eh bien, je ne sais pas... ce qu'il s'est passé, à l'instant.

Il soupire et s'affale juste à côté de moi. Je vois bien qu'il n'a pas envie de parler, mais je sais que parfois, ça fait du bien de se confier. Sa cuisse touche la mienne et il pose sa main avec nonchalance sur ma hanche. Un frisson me parcourt le corps.

– Depuis que mon père est décédé, ma mère est mentalement perturbée. Elle a des crises d'angoisses et de profond désespoir, et je suis le seul à réussir à la calmer. Alors dès qu'elle commence, Marie m'appelle et je les rejoins ou essaye de la raisonner par téléphone.

Touchée, je pense à la relation que j'avais avec Chloé, lors de ses crises, et y vois une certaine similitude. Je sais qu'être le tampon d'une personne que l'on aime peut s'avérer douloureux et demande beaucoup de sacrifices émotionnels.

– Je vois... Ça a dû être dur...

Il ne m'en dit pas plus et me tire vers lui. Nous tombons en arrière sur le dossier du fauteuil et mon cœur cogne tellement fort dans ma poitrine que j'ai l'impression qu'il cherche à en sortir. J'ai le visage dans le creux de son cou et son parfum frais me chatouille les narines. Nous restons ainsi quelques minutes qui me paraissent une éternité, sans parler et sans que je n'ose bouger. Chaque parcelle de mon corps est pleinement consciente de son contact sur ma peau, et il me dépose un baiser sur le front.
Si je n'empêche pas mes pensées de gamberger dans tous les sens, je risque de trouver mille interprétations différentes à cette attention nouvelle et pleine de tendresse.

– Je crois que pour l'entraînement, ça va être mort, me lance-t-il en se relevant soudainement. T'as quelque chose de prévu ?

Encore troublée, je secoue la tête.

– J'ai une salle de billard en bas, tu sais jouer ?

– Je, euh... pas vraiment non.

– Tu veux que je t'apprenne ?

– Pourquoi pas.

Il s'empare de son sac de sport et en sort un tee-shirt.

– Il fait chaud, en bas, je vais mourir si je reste en pull, m'explique-t-il, comme pour se justifier de vouloir se déshabiller.

Oh My God... Mon cœur a un raté, je ne m'y attendais pas du tout ! Seigneur, son corps est au-delà de tous mes fantasmes... à se damner... mais quelque chose m'interpelle. Sur son torse... je découvre un tatouage. Et je me raidis.

« AD VITAM AETERNAM »

Jamais je n'oublierai cette phrase, encrée sur ces pectoraux massifs. Je suis prise d'un profond malaise et il me surprend à l'observer presque en panique. Son regard, à lui, change également.

Il enfile rapidement son tee-shirt et m'invite silencieusement à le suivre au sous-sol.

Nous pénétrons dans une grande salle au plafond bas, où trône un grand billard américain. Il y a également un baby-foot, un jeu de fléchettes, un minibar et un canapé en cuir rouge. L'antre du démon, au summum de sa classe. La déco est assez design, les murs sont noirs, illuminés par la couleur écarlate du tapis. Le tout créant cette atmosphère envoûtante, que mon esprit trop perturbé est incapable d'apprécier à sa juste mesure.

Noah me sert un verre de soda et dispose le jeu.

– Viens par ici, je vais t'expliquer les règles.

Je m'approche de lui, incapable de me concentrer sur ce qu'il me raconte. Il casse le jeu et me tend la queue du billard.

– Regarde, prends-là comme ça.

Il passe derrière moi et me positionne contre son buste. Il pose sa grande main sur la mienne, pour m'indiquer comment tenir la queue et m'explique comment jouer. Mon corps tout entier est raide et je n'ai que l'image de ce tatouage en tête. Même la chaleur de sa paume ne parvient à me sortir de mon trouble. Évidemment, je rate mon coup.

Il me tapote la tête.

– Pas grave, petite, tu feras mieux au prochain tour.

Lui, par contre, est sans merci. Il enchaîne les bons coups, et bientôt il ne reste pratiquement plus que mes boules sur la table.

– Ça va, Chan ? Tu es muette depuis qu'on est descendus. C'est l'endroit qui te rend nerveuse ?

– Non, pas vraiment... Tu ne me fais pas de cadeau, hein...

Il ricane et termine la partie en faisant rentrer la boule noire.

– Tu as le bowling, moi c'est le billard. Mais tu n'es pas très concentrée.

Il s'approche de moi lentement, un voile sombre recouvrant à présent ses iris vert d'eau, et me fait reculer jusqu'à la table de jeu. Quelques centimètres nous séparent et la chaleur ambiante qui régnait dans la pièce devient d'un coup insoutenable. Il me prend la main et la fait délicatement glisser sous son tee-shirt. Bon sang, qu'est-ce qui est en train de se passer, au juste ? Son regard est impassible, je n'y lis aucune émotion. N'y a-t-il que moi qui suis dans tous mes états ? Il fait glisser mes doigts le long de ses abdos, et j'ai l'impression que je vais défaillir. Ses pectoraux sont aussi durs que de la pierre, mais la douceur de sa peau est étonnante. Je n'en ai jamais touché de pareille. Je retiens ma respiration, et il s'immobilise, me faisant caresser son torse.

– C'est ça qui t'a mise dans cet état ?

Je ne comprends pas trop où il veut en venir, lorsqu'il entreprend de balancer son tee-shirt par-dessus sa tête.

– C'est mon tatouage ?

Je déglutis. Que lui répondre ?

– Tu te souviens, alors...

Je retrouve d'un coup mes esprits et fronce les sourcils.

– Je me souviens ?

– Il faut dire que t'es la seule cliente à m'avoir jamais fixée avec ces yeux. Je ne les ai jamais oubliés.

Je le dévisage, incrédule.

– Alors... c'était bien toi ? Ce... cette fois-là ! Tu m'as reconnue... Depuis combien de temps ?!

– Depuis la première fois que je t'ai vue, à l'Ifitness.

Merde ! Il n'a cessé de se jouer de moi depuis ce moment ! Je deviens rouge de honte.

Je me souviens de cette soirée d'anniversaire, il y a à peu près quatre ans, nous étions sorties en soirée avec des collègues, et avions eu droit à un strip-tease chacune. J'avais tellement bu qu'au réveil, je ne me souvenais quasiment de rien, excepté qu'un homme avec tatoué sur son torse AD VITAM AETERNAM s'était déshabillé et avait dansé pour moi.

– Pourquoi tu ne m'as rien dit ? lui reproché-je.

– Je pensais que si tu ne m'avais pas reconnu, c'était mieux comme ça. Et puis, avec l'image que tu te donnes, je n'avais pas envie de perturber ton petit monde parfait. Ça devait sans doute être un soir d'égarement, vu que tu étais déjà avec Thomas.

– L'image que je me donne ?

Qu'est-ce qu'il veut dire par là ?

–... Disons que tu n'es pas le genre de femme à assumer avoir payé pour un strip-teaseur, de plus, je ne pense pas que ton fiancé apprécierait.

– Je n'ai rien à assumer, je n'ai jamais payé pour ça. On m'a fait la surprise. Quant à Thomas... J'étais avec lui depuis un moment déjà. Il venait de me demander en mariage.

Noah m'observe, un petit sourire en coin.

– Arrête de me regarder comme ça ! C'est assez gênant, n'en rajoute pas. Et puis remets ce tee-shirt !

Il pouffe et s'exécute.

– Relax, Chan. Je ne te juge pas. C'est juste que... tu étais si différente à ce moment-là. Tu avais l'allure d'une vraie vamp, qui contrastait totalement avec ton expression de biche effrayée.

– Oui, oui. Une de mes collègues m'avait relookée. Je me suis laissé embarquer dans une soirée d'anniversaire, un peu trop bu, et voilà. Mais, et toi ? Comment ça se fait que... enfin, que c'était toi ?

Il hausse les épaules et s'installe sur le canapé.

Ouf, de la distance entre nous ! Ça me permet de réfléchir plus posément.

– Lorsque je suis arrivé à NewYork, j'ai travaillé en tant que strip-teaseur durant un moment pour me faire de l'argent. C'était sympa comme petit boulot. Et lorsque j'ai emménagé à Bruxelles, j'ai juste fait quelques remplacements, de temps en temps, pour rendre service. C'est pareil pour la salle de sport ; le propriétaire est un ami à mon agent. Un de ses employés lui a fait faux bond, alors je le remplace en attendant qu'il trouve quelqu'un de plus compétent.

Tout s'explique. On ne roule pas en Aston quand on a un petit boulot à mi-temps pour boucler ses fins de mois.

– C'était la première fois qu'une cliente piquait autant mon intérêt. Tu étais tellement mal à l'aise. Et puis, quand j'ai glissé ta main sous mon boxer, tu as paniqué et m'as incendié du regard. J'ai complètement buggé, me confie-t-il, l'air de ne toujours pas en revenir.

Je glousse et me sens déjà beaucoup moins gênée.

– Je n'avais jamais expérimenté ce genre de chose. Tu sais, je suis sortie très jeune avec Thomas, il y a plein de trucs que j'ai dû louper. En tout cas, ça explique pourquoi tu danses si bien.

Ses commissures s'étirent et il me ressert un verre.

– Tu veux manger un bout ?

– Volontiers.

– Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?

– Un truc bien gras et pas bon pour la santé.

Il s'esclaffe et m'invite à le suivre à l'étage. Nous pénétrons dans une cuisine spacieuse, ultramoderne, et il me devance pour ouvrir le frigo. Je vois dès lors son expression changer.

– Bon, je ne crois pas avoir ce qu'il faut pour toi...

Je le rejoins et contemple l'objet qui causera ma déception. Effectivement, je crois bien que c'est encore pire que chez moi. Des légumes bios, des fromages maigres, des escalopes de soja, des œufs... beaucoup d'œufs.

– Olala, mais tu es pire que Thomas, ma foi...

– Désolé, j'ai un régime à tenir...

Lui, je lui pardonne ; je trouve que cette alimentation a beaucoup plus de légitimité dans son frigo que dans le nôtre... quand on voit le résultat...

– Bon, on fait quoi ?

– On commande !

Nous appelons une compagnie de pizza et en commandons deux, maxi size, s'il vous plaît !

Je m'installe sur le canapé pendant qu'il monte chercher des DVD. Sa petite collection force mon total émerveillement, il possède de vrais trésors.

– On en regarde un ?

J'opine vivement du chef. Il part alors nous chercher des bionades et installe son projecteur.

– Ça, c'est de la soirée cinéma !

Nous attendons que le livreur nous amène notre repas ultra calorique, puis nous enclenchons la machine et nous mettons à l'aise. À mon grand désarroi, je constate avoir beaucoup de mal à me concentrer, après ce qui vient de se passer au sous-sol. Cette proximité, lorsque Noah m'a fait caresser son torse, pour enfin m'avouer qu'il était ce fameux strip-teaseur qui avait dansé pour moi... Le salaud, je suis certaine qu'il l'a fait exprès pour me déstabiliser ! Quelle femme ne craquerait pas après avoir été mise en contact avec un corps aussi bien foutu ? En tout cas, suite à la découverte du pot aux roses, cette tension s'est totalement volatilisée. Je ne pense pas qu'il l'ait ressentie de la même manière que moi.

Alors que le film arrive dans sa dernière demi-heure, il se détend et pose sa tête sur mon épaule. Je sens alors sa respiration près de mon visage, ses cheveux me chatouillent la joue, mais je n'ose plus bouger. Secrètement, je profite et me délecte de notre proximité, alors je ne voudrais pas qu'il croie qu'il me dérange, si j'effectue de trop amples mouvements.

Lors du générique, je me rends compte que Noah s'est endormi. Oserais-je perturber son sommeil, alors qu'il semble si profond ? Si je ne le fais pas, je risque de prendre beaucoup trop de plaisir à son contact et je dois absolument mettre une certaine distance entre nous.

– Noah... réveille-toi, chuchoté-je doucement.

Il ouvre ses paupières et fronce les sourcils.

– Chan ?

– Oui, c'est bien moi, ricané-je. Tu t'es endormi.

Il ne semble pas comprendre et se redresse.

– Ah oui, c'est juste.

– Ça va, Noah ?

Il s'étire à la manière d'un félin et s'ébouriffe les cheveux.

Je fonds.

– Oui, j'ai juste pas l'habitude d'avoir quelqu'un chez moi.

Ah bon ? Un peu mal à l'aise, je regarde l'heure et fais mine de me lever.

– C'était très sympa en tout cas... Je crois que je vais y aller.

– Il est vingt-et-une heures.

– Oui, je me lève tôt demain.

Il bâille et se lève également.

– C'est juste.

Il s'en va chercher mon manteau et ne me lâche pas de son regard ensommeillé, bien que brillant, pendant que je m'habille.

– Dis, Noah... j'aimerais te demander une faveur.

Il penche la tête sur le côté, toute ouïe.

– Tout ce que tu veux.

– Est-ce que... tu pourrais éviter de parler de notre petite soirée à la bande ? Je... je ne sais pas comment ça serait pris. Ce n'est pas comme si on se connaissait depuis des années... enfin, tu comprends. En plus, Thomas est à l'étranger...

Il me sourit et hoche la tête.

– Pas de souci. Tu peux aussi garder pour toi ce que je t'ai raconté concernant ma mère.

– Bien sûr, ça va de soi.

Il me fait un clin d'œil et s'empare de son écharpe, pour me l'enrouler autour du cou. J'essaye tant bien que mal de me dégager, mais c'est plus fort que moi, il me trouble.

– Prends ça, il fait froid dehors.

– Merci.

– Je suis trop crevé pour prendre la route, ça te va si j'appelle un taxi ?

– Pas de problème.

Il compose le numéro, et cinq minutes plus tard, un véhicule m'attend devant chez lui.

Il s'approche de moi, prend mon visage en coupe et pose ses lèvres sur ma joue. Quelques secondes de trop. La douceur de sa bouche agit comme une caresse sur ma peau. Il soupire ensuite contre mon visage, comme s'il était en proie aux tourments, faisant accélérer la cadence de mon cœur. Mais soudain, mes pensées volent vers Aida. Bon, apparemment, c'est la manière qu'il a de saluer les personnes qu'il apprécie beaucoup... Pas de quoi s'exciter.

– Rentre bien.

– Merci.

Dans le taxi, je ne cesse de me repasser cette soirée, tous ces moments qui m'ont fait trembler... je crois bien que Noah m'a procuré plus de sensations en quelques semaines que Thomas ne l'a fait en neuf ans. Mon cœur se serre en réalisant l'absurdité de la situation et j'avoue être un peu perdue... En étant réaliste et en écoutant la voix de la sagesse, il faudrait que je cesse complètement de le voir seule, parce que, même si mon souhait est de me lier d'amitié avec ce bellâtre, cette proximité ne me laisse pas indifférente. Ce n'est pas correct vis-à-vis de Thomas et Aida. De l'autre, je me sens enfin vivre, je n'arrive pas à lutter contre cette soif de frissons qui a commencé à m'animer depuis qu'il est entré dans ma vie.

Lorsque je rentre, je reçois un message de Noah.

[Bien rentrée ?]

Jamais Thomas ne m'a demandé si j'étais bien rentrée, à un moment ou à un autre...

[Oui, merci]

[J'ai passé une agréable soirée], ne puis-je m'empêcher d'ajouter.

[De même. À refaire, alors.]

[Quand tu veux] Qu'est-ce que je disais à propos de ne plus nous revoir seuls ?

Ce soir-là, je m'endors comme un bébé.

***

J'ai enfin des nouvelles de Thomas. Il était temps ! À croire que quelques rayons de soleil sont parvenus à lui faire oublier sa fiancée. Il espère que je vais bien, me raconte qu'il fait assez bon à Ténériffe et que les affaires avancent lentement.

Ma soirée commence, et j'ouvre la porte d'entrée après avoir entendu la sonnette, surprise de découvrir un énorme paquet de chips et un sac plein de cochonneries, recouvrant l'expression malicieuse d'Aida, toute contente d'être passée à l'improviste. Son sourire complice me réchauffe le cœur.

– Tu sais que je t'aime, toi ! m'exclamé-je, touchée par son attention.

Elle entre et je referme la porte derrière elle.

– Tu vas prendre dix kilos, cette semaine. Thomas va regretter d'être parti ! chantonne-t-elle, joyeuse.

– Tu vas les prendre avec moi, si tu ramènes tous les jours ta fraise.

– Pas grave, de toute façon, Noah aime bien les grosses.

Je me raidis quelques secondes, et fais comme si de rien n'était. Ce qui aurait dû me faire rire me met à présent mal à l'aise. Ce n'est pas bon signe ! J'espère qu'elle ne va pas me rabâcher les oreilles avec Noah toute la soirée. Nous allumons la télévision et Aida change pour une chaîne qui diffuse une de ces émissions de téléréalité que j'exècre.

– J'ai vu Noah, aujourd'hui, me lâche-t-elle, comme une bombe.

Mon sourire se fige quelques instants, et je l'invite à continuer. À mesure qu'elle me raconte comment s'est déroulé leur rendez-vous, je sens ma gorge se nouer. Bon sang, je suis dans le flou total concernant les intentions de cet homme à son égard. J'aimerais lui parler de la façon dont il se comporte avec moi, mais je ne veux pas la blesser. Seulement, j'ai peur qu'elle ne tombe de haut.

Entre goinfrades et papotage intensifs, le reste de la soirée se déroule comme toute soirée girly digne de ce nom, lorsque soudain, mon portable sonne.

Malheur ! C'est Noah qui m'appelle.

Elle a également lu le nom de l'appelant et alors je distingue clairement son expression changer. Je ne perds pas de temps à répondre, afin d'éviter tout malentendu.

– Noah ?

– Salut, Chan. Tu vas bien ?

Sa voix chaude me fout des frissons qui, j'espère de tout cœur, ne se font pas remarquer par mon amie. Je sens son regard scotché sur moi, comme un enfant impatient qui attend une bonne nouvelle.

– Super, je suis avec Aida, on se fait une soirée entre filles et cochonneries, je ne te propose pas de passer.

Je l'entends rire et il me dit qu'il s'inquiétait de ne plus me voir au sport, étant donné que je n'y suis pas allée lundi.

– J'en profite, puisque mon persécuteur n'est pas là cette semaine.

Il me demande si Aida reste pour la nuit.

– Je... je ne crois pas.

– Ça t'embête si je passe, après le boulot ?

Troublée, je ne sais que lui répondre. J'aimerais savoir pourquoi il veut me voir, mais je n'ose pas en parler devant mon amie. Elle trouverait ça louche qu'il débarque en pleine nuit, en plein milieu de la semaine, alors que Thomas est absent. En tout cas, moi je trouve ça louche.

– D'accord.

– Très bien, je t'enverrai un message avant de venir. Histoire de m'assurer qu'on soit bien seuls.

J'ai le cœur qui bat fort. Qu'est-ce qu'il veut dire par là ? Pourtant, il me balance ça comme si c'était tout naturel.

– Ok. Eh bien, salut. Bonne nuit.

– C'est ça, bonne nuit ! rit-il doucement.

Je raccroche et note le regard inquisiteur de mon amie.

– Il voulait quoi ? me demande-t-elle, au summum de la frustration.

Je lui réponds un sourire énigmatique, décidant de la torturer un peu.

– Tu as vraiment besoin de savoir ?

– Oh, s'il te plaît, Chan !!

– Ok ok, très bien. Rien de spécial, en réalité. Il sait que je suis seule et me demandait juste si tout allait bien, si je ne me sentais pas mal en l'absence de Thomas. Il s'ennuie à la réception, c'est tout ce qu'il a trouvé à faire pour passer le temps. Ah, et il te passe le bonjour, mens-je, afin de ne pas la laisser en reste.

J'ai apparemment frappé au bon trou, j'ai limite besoin de lunettes pour me protéger les yeux des étincelles qui brillent dans le regard d'Aida.

– Il est vraiment gentil, n'est-ce pas ?

Là, je me sens vraiment mal.

– J'avoue...


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