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7. Collé-serré

J'aide ma mère à préparer un poulet rôti pour ce soir, et nous bavardons dans la cuisine.

Comme par hasard, Thomas doit se rendre chez ses parents pour discuter d'un sujet soi-disant important, leur bien je ne sais où à l'étranger, et est dans l'incapacité de se joindre au dîner prévu avec Noah et ma famille.

– Je suis désolée d'infliger ça à ton ami. Mais tu connais ton père, une fois qu'il a une idée en tête... s'excuse-t-elle.

Je pose ma main sur son épaule, pour la rassurer.

– Ne t'inquiète pas, maman, c'est à cause de Thomas que tout ça a commencé.

Ma mère me sonde du regard.

– Chérie, tu sembles beaucoup l'apprécier. Tu es sûre que Thomas n'a pas raison de s'inquiéter ? C'était la première fois que je te voyais lever la voix sur lui, et c'était pour défendre cet homme.

Ah... les mamans. Elles ont toujours ce sixième sens... quand ça les arrange.

– Il est nouveau dans la bande et n'a pas beaucoup d'amis. En plus, il est vraiment gentil, je ne supporte pas cette manière qu'à Thomas de rabaisser certaines personnes sur la base de stupides préjugés.

Elle me tapote l'épaule.

– Je comprends, ma fille, et j'admire cette part de ta personnalité, mais n'oublie pas que cet homme sera le père de tes enfants, tu dois toujours le soutenir et le respecter, parce que tu sais, il t'aime tellement. Ne provoque pas de dispute inutile pour quelque chose qui n'a rien à faire entre vous.

Je frissonne à la simple évocation du fait que Thomas pourrait élever mes enfants. J'aurais habituellement été consternée par le fait que ma mère le décrive comme étant un fiancé aimant, mais après cette semaine pleine de démonstrations affectives, je pourrais peut-être lui laisser le bénéfice du doute.

Nous nous installons au salon avec mon père et discutons gaiement, lorsque la sonnette retentit. Je me raidis alors et deviens extrêmement nerveuse. Ma mère se lève pour aller ouvrir à Noah pendant que j'essaye de me calmer. Elle revient au salon, un beau bouquet de fleurs à la main. Des violettes, j'adore ! Elles lui vont tellement bien au teint !
Et je vois ensuite apparaître Noah derrière elle.

Une fois de plus, il est à tomber... il se déleste de son caban et laisse découvrir un torse comprimé dans une chemise blanche, rentrée dans un pantalon en toile noir. La classe personnifiée. Noah se tient debout dans la maison où j'ai grandi !! Je suis ultra nerveuse à cette simple pensée. Sa seule présence et son charisme donnent l'impression que la pièce est trop petite pour lui. D'abord embarrassé, son visage s'illumine lorsqu'il me voit. Il salue mon père, qui l'accueille chaleureusement, et vient me faire la bise.

– Noah, voici Eduardo Sanchez, mon père et Hélène, ma mère. Maman, papa, voici Noah... un ami ?

Noah me sourit et acquiesce.

– Enchanté de faire votre connaissance, fait-il poliment.

– Chanelle, appelle Chloé, me demande ma mère. Noah, prenez place dans notre modeste salon. Je vais vous servir l'apéritif.

Lorsque ma sœur descend, elle semble amusée de voir mon ami assis sur le fauteuil, en pleine discussion sur le fromage de campagne avec mon père.

– Salut, vieux ! balance-t-elle à Noah, en lui tapant dans la main.

– Salut, Tyson.

Ravie de constater que ces deux-là s'entendent aussi bien.

– Alors comme ça, vous entraînez ma petite Chloé à la boxe, demande soudain mon père, plus sérieux.

C'était plus une affirmation qu'une question.

– Pas vraiment. C'est un collègue à moi qui l'entraîne. Je le remplace de temps en temps. Mais je veille à ce qu'il la traite bien, étant donné que c'est la petite sœur de Chan.

– Votre club est-il sérieux ? Où est-ce un de ces endroits un peu clandestins qui regroupe tous ceux qui n'ont rien d'autre à faire dans la vie que de taper leurs poings dans des sacs ?

– Papa ! crié-je, indignée.

Je ne l'ai pas amené pour qu'il se fasse insulter, bon sang !

– C'est bon, Chan, me calme Noah. Je vous rassure, si le club était un de ces endroits, je n'aurais jamais été m'y entraîner.

Chloé se décide à venir à la rescousse de mon ami.
– Papa, Noah était un boxeur de renom aux États-Unis. Ne le prends pas à la légère. N'est-ce pas, "Frenchy Hurricane" ?

Noah la dévisage, circonspect.

Ça n'augure rien de bon. Lorsqu'il se tourne vers moi, je me sens mal à l'aise et tente d'éviter son regard.

Ma mère revient de la cuisine et nous passons à table.

– Alors, dites-moi, jeune homme, pourquoi donc avez-vous abandonné votre carrière ? continue mon père.

Il n'a pas envie de lui poser des questions sur ses hobbys, plutôt ? Qu'est-ce qu'il peut être chiant, parfois !

– À cause de... soucis familiaux. Je suis revenu en France pour ma mère, qui avait quelques problèmes de santé. Et nous avons déménagé en Belgique, où se trouvaient ses sœurs.

Il n'était pas mentionné dans les journaux que sa mère avait des soucis. Est-ce que c'est à cause de ça qu'il disparaît en étant si angoissé, lorsqu'il reçoit ces coups de fil ?

– Je suis désolée de l'apprendre, compatit ma mère, le regard adouci.

– Est-ce qu'elle s'est rétablie ?

Noah semble vraiment incommodé par ces questions incessantes.

– Pas tout à fait. Mais avec le temps, ça s'améliore, répond-il, penaud.

Il y a un petit silence inconfortable, et Chloé arrive à la rescousse.

– Quel toupet, tout de même, ce Thomas. C'est lui qui est à l'origine de ce dîner, et il n'a même pas daigné se montrer !

J'applaudis intérieurement ma sœur.

– Voyons, Chloé, Chanelle nous a dit qu'il avait une urgence familiale. Ce genre de chose arrive. Et puis, c'est ton père qui a invité Noah à dîner, pas Thomas, rétorque ma mère.

Oh, pitié ! Arrêtez de toujours le défendre !

– Oui eh bien c'est tout comme. Tu parles d'une urgence familiale. Il s'est juste défilé. Il savait très bien que Chan avait raison sur Noah ! Il ne voulait juste pas se ridiculiser devant vous.

Comme à son habitude, Chloé n'a pas sa langue dans sa poche, ce qui a l'art de déplaire à ma mère.

– Chan avait raison sur quoi ? s'enquiert le boxeur, tout à coup pris de curiosité.

Oh non, elle ne va tout de même pas lui raconter...

– Elle t'a défendu bec et ongles, quand Thomas a commencé à critiquer le club et le fait que tu t'y entraînais. Il disait que c'était les nuls qui allaient dans ce genre d'endroit, en gros, et Chan s'est vaillamment opposé à lui pour nous certifier que t'étais quelqu'un de bien. Si ça, c'est pas une pote. Résultat des courses, mon père a voulu trancher, et te voilà parmi nous.

Surpris, Noah se tourne vers moi et m'adresse un petit sourire absolument craquant. Bon d'accord, ce n'est pas la version exacte que je lui ai donnée, mais ce n'est qu'une question d'interprétation, n'est-ce pas ?

– Et toi, t'en penses quoi, Tyson ? lui demande-t-il, de meilleure humeur.

– Moi je te kiffe grave ! Si Aida te tournait pas autour, j'aurais jeté mon dévolu sur toi.

J'avale de travers et manque de m'étouffer.

– Chan, ça va ?? s'enquiert mon père.

– Ça va, ça va.

Je dois avaler une lampée d'eau.

– Chloé ! la sermonne notre mère. Ce ne sont pas des choses qui se disent, voyons !

Mon père est au bord du fou rire et je suis blême. Pourquoi cette idiote a mentionné Aida ?

Noah semble aussi surpris que moi, mais il n'ose pas répondre.

– Je suis sûre que l'amie de ta sœur n'aimerait pas que tu parles d'elle comme ça, lorsqu'elle est absente, ajoute ma mère.

– Les absents ont toujours tort ! renchérit Chloé en tirant la langue.

Mais quelle peste, celle- là !

– La jeunesse, la jeunesse, soupire mon père. Vous devez avoir toutes les femmes à vos pieds, veillez à ne pas les faire trop souffrir. Vous avez quelqu'un dans votre vie, en ce moment ?

Je m'amuse de l'expression figée de Noah et de son embarras.

– Euh... c'est-à-dire que... je n'ai ni la tête ni le temps pour ça, en ce moment.

– Un jour viendra où vous rentrerez chez vous et ressentirez un grand vide à combler. Et là, vous prendrez le temps pour ça, je vous promets... Quel âge avez-vous ?

– Vingt-huit ans.

– Vous êtes encore jeune. À votre âge, j'étais déjà marié à la plus magnifique des femmes. N'est-ce pas, Hélène ?

Elle le regarde, cette flamme brûlante d'amour encore dans les yeux.

– C'est bon, papa, tu ne vas pas nous sortir les violons ! pouffe ma sœur.

– Petite jalouse ! la taquine-t-il.

Ma mère se retourne vers moi, pleine d'affection.
– Tout ce qu'on espère, c'est que nos filles puissent trouver un amour qui les rendra aussi heureuses que nous. Chanelle a déjà trouvé la perle rare, un homme aimant qui la comble, n'est-ce pas ma chérie ? J'attends le jour où vous vous marierez et nous ferez des petits enfants avec impatience.

Mon cœur se serre et je fixe mon assiette. J'entends Chloé souffler en levant les yeux au ciel. Je peux déjà l'entendre penser : "Cache ta joie, surtout".

Malgré le fait que je ne lui parle pas de ma vie amoureuse, ma sœur n'est pas dupe. Elle n'apprécie pas Thomas, et a la décence de ne pas me le dire clairement.

Noah, lui, me fixe intensément, au point de me mettre mal à l'aise. J'ai l'impression qu'il essaye de sonder mon esprit.

– Chan est devenue tellement occupée avec son boulot, qu'elle n'a même plus le temps de venir nous voir comme avant ! se plaint mon père, ayant déjà un petit verre dans le nez.

– Je fais ce que je peux, papa, m'excusé-je, le cœur gros.

– C'est important, d'accorder du temps à sa famille, ajoute Noah.

Il ne va pas s'y mettre lui aussi !

Je me sers un verre de vin, que j'avale presque d'une traite.

– Laissez-là tranquille, elle a déjà fait beaucoup pour nous ! me défend Chloé, voyant que j'ai du mal à tenir le coup.

Ça commence à devenir très personnel, comme discussion, pas le genre à avoir en présence d'un étranger. Cet étranger qui semble d'ailleurs vachement ému. Ses pensées ont l'air évadées, mais je peux dire qu'il est au cœur du sujet.

Grâce à ma mère, qui a senti la tension s'alourdir, nous passons le reste de la soirée à discuter de choses plus gaies.

C'est très étrange pour moi de réaliser que Noah est assis dans la salle à manger de mes parents, où je me sens plus chez moi que n'importe où ailleurs. J'ai l'impression de partager avec lui ce que j'ai de plus intime, de le faire pénétrer dans mon petit cocon douillet, d'autant plus que Thomas n'est pas présent pour gâcher le tableau.

En fin de soirée, je me sens pompette et me demande comment je vais faire pour rentrer.

Mes parents me proposent de rester, mais Noah se dévoue pour me raccompagner, m'assurant qu'il passera me prendre le lendemain pour venir récupérer ma voiture.

Alors que je fais la bise à mes parents, ma mère me tapote le dos.

– Je suis rassurée pour Chloé, mais fais attention à toi, Chanelle...

Je l'interroge du regard, cherchant à comprendre le sens caché de sa mise en garde, mais à vrai dire, mon esprit est trop embué pour y réfléchir.
Elle m'octroie un gros baiser sur la joue et me laisse sortir, sur les pas de mon ami.

L'air frais est vivifiant. Alors que j'entrouvre mon manteau, pour le laisser caresser ma peau, Noah s'empare des pans de mon vêtement et les referme sur ma poitrine.

– Ne fais pas ça, tu vas attraper froid, Chanelle.

– Ne m'appelle pas Chanelle ! lui ordonné-je.

– Tes parents l'ont fait toute la soirée. Je trouve que c'est très joli comme nom.

Nous prenons la route vers l'Aston Martin, et je dois m'accrocher à son bras pour ne pas me prendre les talons dans les pavés.

– Mes parents sont les seuls qui en ont le droit, parce que c'est eux qui ont choisi ce nom ridicule, mais je te défends de m'appeler comme ça.

Noah ricane en démarrant la voiture.

– Et d'où ça vient, exactement ?

– Oh, c'est parce qu'ils se sont rencontrés dans la boutique Chanel, lors d'un concours de circonstances... Ma mère rêvait de cette marque depuis son plus jeune âge, fan inconditionnelle de leurs défilés, et elle s'y est retrouvée complètement par hasard ; une vieille dame avait fait tomber un bracelet juste devant le magasin, alors qu'elle passait par là, et elle a dû y rentrer pour le lui rendre. La femme, touchée par sa gentillesse, et heureuse de ne pas avoir perdu cet objet de valeur apparemment sentimentale, lui a offert un magnifique sac. Ma mère n'a pas su refuser, la vieille dame ne voulait rien entendre. Au même moment, mon père s'occupait de réparer la climatisation de la boutique. Ils se sont vus, et selon eux, ça a été un véritable coup de foudre. Je n'ai pas demandé les détails, mais j'ai été conçue le soir même.

– Eh ben, ils n'ont pas perdu de temps. Ils n'ont pas intérêt à vous faire la morale quant à ne pas coucher le premier soir.

Je pouffe, ne préférant pas imaginer mes parents me parler de sexualité, et soupire ensuite d'aise.

Le ronronnement du moteur est agréable, il me berce et la chaleur émanant des sièges que Noah a fait chauffer est sur le point de m'endormir.

– Dorian m'a invité à une soirée, tout à l'heure. J'ai décliné, mais finalement, ça peut être sympa. T'en dis quoi ?

Je ne savais pas qu'il était de sortie, ce soir.

– Je ne sais pas...

– Ça te ferait du bien après cette soirée.

Il a apparemment compris que certains sujets avaient été lourds pour moi, et qu'il serait bon que je décompresse peut-être un peu.

– Très bien, allons-y.

Il passe un rapide coup de fil à mon ami, lui expliquant que nous le rejoignons.

– Au fait... à propos d'Aida, ne prends pas ce qu'a dit Chloé au premier degré. C'est une fille émotive, et quand elle apprécie une personne, elle est toujours à fond. Mais tout le monde t'apprécie, dans la bande.

J'essaye tant bien que mal de ramasser les pots cassés, mais je crois qu'il est plutôt évident que mon amie est complètement mordue.

– Même Thomas ? me lance-t-il, taquin.

Je ricane.

– C'est un peu compliqué... Thomas est... spécial.

– Selon tes parents, c'est l'homme parfait.

– Oui, bon, n'exagérons rien.

S'en suit un silence dans l'habitacle. Je sens qu'il veut ajouter quelque chose, mais qu'il fait un effort pour s'abstenir.

– Merci, en tout cas. De m'avoir défendu « bec et ongles ».

Mon visage a chaud et je baisse un peu la vitre.

– C'est normal. Je n'aime pas qu'on critique sans connaître. Il trouvait louche le fait que tu ne parles jamais de toi.

Il met un temps avant de répondre.

– Tu es au courant, toi aussi, pour « Frenchy Hurricane » ?

– Oui... Chloé m'a envoyé le lien. Je ne pensais pas que tu étais aussi célèbre. Je ne m'intéresse pas trop au sport...

– Tu ne m'en as pas parlé, rétorque-t-il, presque sur un ton de reproche.

– Je pensais que tu m'en parlerais... nous en parlerais, quand toi tu en aurais eu envie.

– Quelle femme attentionnée tu fais, plaisante-t-il. Et qu'est-ce que tu as trouvé d'autre ?

– Un article qui parlait du décès de ton père. Ça serait la raison pour laquelle tu serais retourné en France, en plaquant toute ta carrière derrière toi.

Ses traits se crispent et me font regretter d'avoir parlé de ça.

– Je vois...

Un nouveau silence s'installe dans la voiture.

– Je crois... que je suis un petit peu pompette... laissé-je échapper dans un souffle.

Il allume la radio et y connecte son smartphone.
– Choisis le morceau que tu veux.

Ses goûts sont assez éclectiques. Je passe de Gainsbourg à Beyonce, et des tas d'artistes américains que je ne connais pas. J'opte pour Russian Roulett de Rihanna et m'affale sur le siège. J'ai presque envie de dormir.

– Tes parents sont de bonnes personnes. J'ai l'impression que vous tenez beaucoup les uns aux autres.

– Oui. C'est normal, non ?

– Toutes les familles ne sont pas comme ça.

Y aurait-il un aveu sous-jacent à ses propos ?

– J'avoue qu'on a aussi eu notre lot de problèmes...

– C'est pour eux que tu restes avec Thomas ?

Sa question me fait l'effet d'une gifle et je me redresse sur mon siège.

– Qu'est-ce que tu dis ?

– Ils adorent Thomas. Et j'ai l'impression que ça serait une énorme déception pour eux, si tu te séparais de lui, ou si lui te quittait. Tu as peur de leur faire du mal, ou c'est toi qui as peur de souffrir de leurs reproches ?

L'exactitude de son analyse me brise le cœur et mon pouls s'accélère.

– Comment tu peux te permettre de dire une chose pareille... murmuré-je, feignant l'indignation.

De tous ceux qui connaissent réellement l'état de ma relation avec Thomas, il est le premier à avoir été si perspicace. J'en suis complètement abasourdie.

– Je ne fais qu'observer.

Je ne peux empêcher les larmes de me monter aux yeux. Merde ! Je n'arrive pas à me retenir. Est-ce à cause de l'alcool ? Je parviens à les sécher avant qu'il ne s'en rende compte.

– Mêle-toi de tes affaires, rétorqué-je sèchement.

Il ricane et opine du chef.

– Très bien, Chanelle, chacun ses secrets, tu as raison.

– Et arrête de m'appeler Chanelle !

– Ça, c'est une autre histoire.

Il me fait un clin d'œil et tous mes ressentiments s'envolent, comme par magie. Il a le chic pour détendre l'atmosphère. S'il n'est pas particulièrement jovial, dès nous ne sommes que tous les deux, il rit beaucoup. Il doit s'amuser de moi. À moins qu'il ne se sente à l'aise en ma présence.

L'alcool me fait beaucoup trop cogiter.

– Je t'apprécie beaucoup, Noah... je lâche sans réfléchir.

Maudits verres de vin !

Il se tourne vers moi et me sonde avec intensité, alors que nous sommes arrêtés à un feu rouge.

– Je veux dire... t'es un chouette gars. J'aime ta compagnie.

– Tu ne me connais pas Chan.

– Je m'en fiche ! J'ai décrété que t'étais cool, alors tu l'es.

Il sourit et se gare lorsque nous arrivons à destination. Comme il fait soudainement plus froid et qu'il est bien élevé et tellement attentionné, il retire son manteau et le place sur mes épaules.

– Tu vas geler, Noah !

– C'est mon côté « cool », crâne-t-il. T'inquiète, j'ai envoyé un message à Dorian, il ne va pas tarder à venir nous chercher.


Je me sens coupable et me colle à lui pour partager un peu de ma chaleur. Ça y est, j'aperçois notre ami parler au videur et nous chercher du regard. Mais lorsqu'il nous voit, sa tête change. Dorian nous fait signe de le rejoindre et nous nous exécutons. Lorsque je passe devant lui, il me regarde avec un air mécontent.

– J'ai juste bu quelques verres, grommelé-je pour me défendre.

Il secoue la tête en soupirant et nous emmène au vestiaire, où nous déposons nos affaires.

– Les autres sont là-bas, m'informe-t-il en pointant un carré de fauteuils en cuir beige.

La boîte est assez classe, et tout le monde est élégant. Tant mieux, je me sens un peu plus dans mon élément. Lorsqu'Aida et Chris nous voient arriver, l'incompréhension se lit sur leur visage. Je m'installe à côté de mon ami et il me glisse à l'oreille :

– Qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'avais pas ce dîner avec tes parents ?

– J'en reviens.

– Avec Noah ?

– Ouais. Je te raconterai.

– Chérie... j'espère que tu sais ce que tu fais. Tu vas dire quoi, à Aida ?

Je jette un œil à mon amie et la vois en grande discussion avec Noah.

– Je ne sais pas. Noah lui expliquera sûrement avant qu'elle ne me pose des questions.

Chris me prend dans ses bras et me serre contre lui.

– Tu m'as manqué. On va danser ?

Il me tire vers la piste et nous nous déhanchons au rythme de la musique, bientôt rejoints par Aida et Noah, qui semble un peu gêné. Je lui adresse un grand sourire moqueur.

– Qu'est-ce qu'il se passe, tu ne sais pas danser ?

Il me répond avec son petit rictus, qui creuse une adorable fossette sur sa joue.

– Tu paries ?

Et c'est alors qu'il prend Aida contre lui et qu'ils dansent en rythme, collés l'un à l'autre. Il est tellement sexy quand il bouge son corps, peu importe la manière dont il s'y prend ! Elle semble s'éclater, mais lui ne me lâche pas des yeux. Je sens l'irritation me gagner et chope le bras de Chris pour les imiter. Sauf que je ne lui adresse pas un regard. Nous sommes vite rejoints par Dorian, qui m'arrache des bras de mon cavalier.

– Tu m'accordes cette danse, poulette ?

J'acquiesce et lui demande où est Nathalie.

– Elle se lève tôt demain, elle est restée à l'appart.

– Ok, dans ce cas, je vais m'occuper de toi, cette nuit ! dis-je en riant.

Nous dansons ensemble, jusqu'à ce qu'un morceau de ragga nous pousse à nous coller davantage. Je vois Aida se frotter lascivement à Noah, qui la dévore du regard, et je fais de même avec Dorian. Je ne m'inquiète pas de ce que mon ami peut penser, entre nous, il n'y a jamais eu d'ambiguïté, et puis nous avons souvent déliré ainsi sur de la bonne musique. Il me prend les hanches, me retourne, et fait bouger mon bassin au même rythme que lui.

– Tu gères, Chan ! Toujours autant de flow ! me complimente-t-il. Par contre, je ne suis pas sûr que Thomas apprécie.

– Eh bien Thomas n'est pas là, il m'a laissé tomber, ce soir. Les absents ont toujours tort.

– Et c'est pour ça que tu t'es rabattue sur Noah ?

Je me retourne, choquée.

– Qu'est-ce que tu dis ?

– Qu'est-ce que tu faisais avec Noah ?

Je demeure muette quelques instants et fronce les sourcils.

– Si je me suis retrouvée seule avec Noah, c'est parce que Thomas nous a fait un faux plan, figure-toi. Il sait que j'étais avec lui, si c'est ce qui te tracasse.

– Ok, très bien. Je n'ai rien dit.

Alors qu'il s'apprête à reprendre sa danse endiablée, le boxeur dont on parlait à l'instant s'immisce entre nous.

– Échange de partenaire ?

Mon cœur fait un bond.

Dorian se met alors à danser avec Aida, déçue, et Noah se colle à moi, coupant ma respiration.

– Alors, qui est le meilleur danseur de nous deux ? me crie-t-il à l'oreille, afin de se faire entendre sous la musique assourdissante.

– Je ne sais pas, je ne te regardais pas !

Il me sourit, étonné de toute la mauvaise foi dont je fais preuve, et me retourne alors.

– Très bien, comparons maintenant.

Il se colle bien trop près de mes fesses et je sens le bas de mon ventre tirailler. Merde, ce n'est pas vraiment pareil qu'avec Dorian. Ses doigts m'électrisent les flancs, et lorsqu'il ondule, je suis obligée de suivre et me laisse entraîner par les tambours de mon cœur. Cette promiscuité est grisante, troublante et incommodante. Je pensais gérer une danse, mais quand ses doigts parcourent mes bras de bas en haut en même temps que son souffle effleure mon oreille, je commence à me liquéfier, lentement. Partagée entre chaleur étouffante et frissons, je ne sais plus où donner de la tête et me retourne pour lui faire face, avant de perdre pied. S'il est vachement bon danseur, je ne le remarque même plus, n'étant consciente que de nos corps qui se touchent et des sensations que ça remue en moi. Il glisse sa main sur ma hanche et entremêle ses cuisses aux miennes, donnant le rythme à notre déhanché. Je n'ose pas le regarder, je ne vois que sa bouche frémir, légèrement entrouverte. Nos mouvements lascifs m'ôtent toute notion de ce qui nous entoure, et nous poussent à nous rapprocher du sol. Sa prise se raffermit et il me tire contre lui, frottant sa jambe contre mon intimité. C'est alors que je sens un électrochoc me parcourir le corps. Bouleversée, je me redresse rapidement. La pression de ses mains sur mon corps m'a rendue complètement folle et je n'ai pas réalisé l'inconvenance de notre façon de danser. Pourtant, j'en veux encore. Ses yeux sont également troubles, et il se reprend.

– Alors, on ne tient pas la cadence, Shakira ?

Bien qu'il prétende me narguer, sa voix trahit son émoi. Encore perturbée, je le suspecte de jouer la carte du déni, et à vrai dire, ça me convient, malgré le fait que ma culotte soit maintenant humide.

Je retourne vers les fauteuils afin de reprendre mes esprits, et y trouve Aida, assise toute seule, l'expression penaude.

– Ça va, Aida ? tenté-je, mal à l'aise.

– Ça va. Je suis fatiguée, j'ai juste envie de rentrer.

– Tu rentres comment ? Je n'ai pas de voiture.

– J'avais prévu de rentrer avec Dorian, mais vu que Noah est là... me répond-elle, cassante.

– Ha, oui, eh bien, heureusement qu'il est venu. Tu veux qu'on y aille maintenant ?

– Tu rentres aussi avec Noah ?

– Euh... je n'ai pas trop le choix.

– Très bien, allons-y maintenant.

Notre chauffeur malgré lui nous rejoint et nous lui communiquons notre envie de mettre les voiles. Le trajet se passe dans le silence le plus complet. Seul le bruit du moteur de l'Aston nous caresse les tympans. Je devine que l'humeur massacrante d'Aida est la raison de son silence plombant. J'imagine qu'elle n'a pas apprécié notre petit collé-serré. Et elle a tout à fait raison, j'ai un peu honte et ne sais pas comment réagir.

– Chan, je te dépose en premier ?

Surprise, j'accepte, et me demande pourquoi ce détour.

Je descends du véhicule avec une salutation forcée de la part de mon amie et rentre le cœur gros.

Thomas ne dort pas, et il semble remonté. Merde ! J'espère que j'ai eu le temps de dégriser un peu en me dépensant sur la piste.

– Ne me dis pas que tu viens de chez tes parents, je les ai appelés, me crache-t-il au visage, acerbe.

– Euh, non, j'étais en soirée, avec les autres.

Il lève un sourcil et me toise.

– Dorian sortait ce soir ? Il ne m'a rien dit.

– À moi non plus. C'est Noah qui m'en a parlé. Et comme ça a été un peu difficile pour moi, chez mes parents, il m'a proposé de les rejoindre pour décompresser.

Je vois les traits de Thomas se détendre.

– Seigneur, préviens-moi, la prochaine fois. Tes parents m'ont dit que Noah te raccompagnait, et j'ai cru que...

Il semble réellement soulagé.

–... Que ?

– Que tu étais restée avec lui et que... je n'ai même pas envie de le dire Chan, s'il te plaît.

Alors là... Je crois que jamais le comportement de Thomas ne m'a autant touchée.

Il s'avance vers moi et me serre dans ses bras. Je suis bouleversée.

– Ne refais jamais ça, tu veux bien, Chan ?

Je hoche la tête et l'embrasse avec douceur.

La prochaine fois que j'aurai un doute sur le fait qu'il tient à moi, je me rappellerai ce moment.

– Je dois te parler de quelque chose. Allons au salon.

Je le suis et m'installe sur le canapé, inquiète.

– Mes parents ont quelques soucis concernant leur maison à Ténériffe. Ils veulent les régler et me nommer copropriétaire. Pour ça, nous devons y aller dans le mois. J'ai quelques congés à prendre, donc ça ne me pose pas de problème, mais pour toi...

– Impossible, le coupé-je. Je ne peux pas prendre de vacances à la dernière minute.

–... Mais Chan, c'est important...

– Tu ne peux pas y aller sans moi ? C'est entre tes parents et toi, après tout.

Il me regarde, sceptique.

– Tu sais ce que je pense du fait que l'un de nous voyage seul.

– Je sais. Mais il y a des situations dans la vie qui ne nous laissent pas le choix, parfois. Allez, ce n'est pas si grave.

Il soupire, résigné.

– Très bien. Je te tiendrai alors au courant de la date à laquelle je partirai lorsque je prendrai les billets.

Je l'embrasse sur le front et nous montons nous coucher, non sans une petite séance de galipettes improvisée.

Le lendemain matin, je suis crevée lorsqu'Aida me téléphone. Je décroche, l'esprit encore dans la brume, et marmonne :

– Aida... bon sang, mais quelle heure il est ?

Je remarque que Thomas est déjà debout. Mais il se lève toujours aux premières lueurs de l'aube, celui-là.

– Il est l'heure de se lever ! Il est dix heures, bichette.

– C'est quoi cette voix guillerette ? Tu me fais mal à la tête.

– Je voulais te remercier, pour hier !

Je tente de me souvenir, mais la seule chose qui me revient en tête, c'est d'avoir dansé avec Noah et l'horrible ambiance qui régnait dans la voiture, au retour.

Ah, et le fait que Noah ait tenu à me déposer avant Aida ! Les retrouvailles avec Thomas m'ont complètement fait oublier ce détail.

– Pour quoi, hier ?

– Noah m'a dit que tu avais insisté pour qu'il me ramène. Et il a exprimé le fait que tu m'aimais beaucoup. Que tu avais dit beaucoup de bien de moi. Et qu'il était de plus en plus d'accord avec ce que tu disais. Et pour finir... lorsqu'il m'a dit au revoir...

Mon cœur cesse de battre. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

– Il m'a fait une bise, mais lourde de sens !

– Qu'est-ce que tu entends par une bise lourde de sens ?

Je repense alors à la première fois qu'il m'a déposée chez moi.

– Elle était appuyée, mouillée, tendre... et il m'a pris le visage entre les mains, en me caressant les joues. C'était hyper sexuel, je te jure !

Mon cœur se serre... mais attendez... Je n'ai jamais fait ce qu'il a dit. Je n'ai pas tari d'éloges sur Aida. Enfin, j'ai juste dit que c'était une fille expressive qui se donnait à fond pour les gens qu'elle appréciait. Comment aurait-il pu comprendre autre chose, aussi positif que ce soit ?

– Eh bien... je suis contente pour toi, copine.

– Et à toi, il n'a rien dit ? Sur ses petites amies, ou autre ?

J'hésite à lui dire la vérité.

– Hum... il y a bien quelque chose... Il m'a dit que pour le moment, il n'avait pas le temps d'avoir une petite amie.

– Oh... laisse-t-elle échapper, la voix brisée.

– Mais le « pour l'instant » n'est pas définitif. Cet instant passera bien à un moment ou à un autre, et alors tu seras là. Et puis, s'il développe des sentiments pour toi, il le trouvera certainement, ce temps.

– Tu penses ? me demande-t-elle, pleine d'espoir.

– C'est peut-être la raison pour laquelle il est si gentil avec toi, sans passer à l'action. Il a peur de s'embarquer dans quelque chose qu'il ne pourra pas gérer. Qui sait ?

– Tu as raison ! Je garde confiance ! Merci, en tout cas ! Je t'adore, ma poulette, bisous !

Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'elle a déjà raccroché.

Je jette un œil sur l'écran de mon portable et vois plusieurs icônes indiquant que j'ai des messages non lus.

Thomas, 10 heures : [Je me rends chez mes parents pour prendre les billets d'avion. Bises]

Chris, 9 heures : [Tu dors encore, bitch ??]

Noah, 9 heures : [À quelle heure je passe te prendre ?]

Noah, 3 heures et des poussières : [N'oublie pas de me dire à quelle heure je dois passer demain. Bonne nuit]

Noah, 3 heures : [Bien rentrée ? Tu n'as pas gerbé en allant dans ta chambre au moins ?]

Alors ils ont parlé pendant une heure, avant qu'il ne la dépose. Est-ce que le romantisme exacerbé de mon amie lui a fait interpréter les choses de manière exagérée, ou a-t-il vraiment été tel qu'elle l'a décrit ? Après tout, il semblait apprécier son contact rapproché, lorsqu'elle dansait contre lui en boîte. Moi, j'étais saoule, j'ai peut-être tout mélangé dans ma tête et inventé une situation entre lui et moi qui n'existait pas. Il s'est aperçu qu'il avait foiré et a tenu à rectifier le tir avec Aida, tout en me protégeant.

Tant mieux.

Après le moment que j'ai passé avec Thomas, je suis plutôt soulagée de la tournure que prennent les événements. J'appelle donc Noah, tentant d'éclaircir ma voix enrouée.

– Salut, Chan.

Sa voix est aussi éraillée que la mienne... mais ça produit un tout autre effet, loin de l'horrible son de chat étranglé qui se dégage de ma gorge.

– Salut, bien dormi ?

– Plutôt, ouais. Un peu fatigué, mais ça va. Et toi ?

– Je suis complètement HS.

Je l'entends presque sourire, quand il me dit :

– Ça a été hier soir ? Tu t'es endormie directement.

– Non. J'ai eu une petite discussion avec Thomas.

Hum...

– Je suppose qu'il t'attendait de pied ferme. Pas trop houleux ?

J'entends une pointe de moquerie qui m'agace.

– Pas du tout, au contraire, j'ai été agréablement surprise. Ça m'a énormément touchée, et bon, tu peux deviner comment on a terminé la soirée.

Je l'entends toussoter d'embarras. Tiens, prends ça dans tes dents !

– Très bien. Content que tu te sois éclatée. À quelle heure je passe te prendre ? À moins que Thomas ne te ramène à ta voiture ?

« Éclatée »... Bon, n'exagérons rien...

– Non Thomas n'est déjà plus là. Il a des affaires à régler. Tu es toujours de corvée, Frenchy Hurricane.

– Très bien, dans une demi-heure, tu seras prête ?

– Une demi-heure ?!

– Eh bien quoi ? Tu vas juste aller chercher ta voiture non ? Pas besoin de te mettre sur ton trente-et-un.

Je déglutis. Il y a quand même un minimum bon sang !

– Bon d'accord. À tout de suite.

J'ai à peine le temps de me doucher, plaquer et attacher mes cheveux en arrière, m'habiller à la va-vite, qu'il est déjà à ma porte.

Dès que je monte dans son véhicule, il me dévisage en plissant les yeux.

– Tu as les yeux bruns, aujourd'hui.

– Pas le temps de mettre mes lentilles... la faute à qui ? je lance, mauvaise.

Il continue de m'observer et je commence à être mal à l'aise.

– Bon, tu démarres ?

– Tes yeux sont très jolis. Tu as les mêmes iris brun clair que ta mère, ça te va très bien. Bien mieux que tes lentilles d'un bleu qui n'est pas naturel du tout.

Je suis étonnée qu'il se souvienne des yeux de ma mère. J'ai effectivement ses iris clairs, et c'est la première fois qu'on me dit qu'ils sont jolis. Il faut dire aussi que je n'ai quasiment pas quitté mes lentilles depuis quatre ans.

– Merci. Enfin, pour mes yeux, pas pour mes lentilles.

– Je suis sûr qu'avec ta couleur naturelle, ton physique doit avoir bien plus de caractère qu'avec ton look actuel.

– Dis tout de suite que je suis fadasse ! lancé-je, vexée.

– Ben, un peu quoi... Pourtant t'es très jolie.

Là, je rougis. Mais il le dit avec une telle désinvolture. Je crois qu'il ne cherche même pas à me complimenter.

Il démarre et nous prenons la route vers la maison de mes parents.

– Ça a été, hier, avec Aida ? Elle semblait un peu ronchonne.

J'ose me lancer, me demandant s'il va m'en parler.

– Oui, elle était juste fatiguée.

J'ai ma réponse.

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