5. Élève prometteuse
On est lundi soir et Thomas ne m'a toujours pas adressé la parole. Tant pis, je le laisse encore se calmer et je fais mon sac de sport.
Mon visage s'illumine quand je vois Noah, accoudé au comptoir de la réception des thermes d'Ifitness, seul, pour une fois.
– Salut, beauté !
Je sens la chaleur me monter aux joues et crains de devenir rouge ! Qu'est-ce que c'est que ça pour un surnom ? Il veut faire lâcher mon petit cœur ?
– Salut, mocheté, rétorqué-je, en guise de défense.
Nous bavardons quelques minutes et je lui parle alors de l'intérêt qu'à ma sœur pour les cours de boxe qui se donnent à son club.
– Ah oui ? Ta petite sœur, c'est bien ça ?
– Oui. Chloé. Elle veut pratiquer un sport de combat. Je lui en ai parlé, elle semblait partante. Comment ça se passe exactement ?
Noah se penche vers moi, en appuyant ses coudes sur le comptoir, ce qui manque de me faire chavirer.
– Tu l'accompagneras, n'est-ce pas ?
Pourquoi diable est-ce qu'il me demande ça ?
– Bien... Bien sûr, le premier jour. Je te présenterai à elle.
– Je veux que tu viennes au club.
Je déglutis.
– Pourquoi ça ?
Son regard devient dangereux. Car il attise une petite flamme, là, au fond de ma poitrine.
– Parce que c'est amusant de te voir déstabilisée par autant d'hommes autour de toi.
– Espèce de sadique !
Il me répond un sourire étrange et tente ensuite de me rassurer.
– T'inquiète pas, t'auras même pas à passer par le club. Le prof donne des cours à des petites classes. Je le remplace de temps en temps, mais il est doué avec les femmes, il a déjà deux élèves féminines et grâce à l'énergie qu'il leur transmet, elles parviennent à donner tout ce qu'elles ont dans le ventre.
Ça sonne plutôt bien, nous avons un deal.
Je passe prendre Aida et Chris. Mon amie est tout excitée par l'après-midi qu'elle va passer avec Noah. Celui-ci nous rejoint directement au restaurant qu'elle a choisi, beau à se damner. Il porte un pull à col V blanc, au-dessus d'un jean slim bleu foncé sur de belles baskets blanches, le tout surplombé d'un perfecto noir. Et puis, il sent bon, il est frais, a bonne mine. C'est autre chose de le voir à la lumière du jour.
Mon amie semble aussi charmée que moi.
– Mais quelle gravure de mode ! le complimente-t-elle, le sourire aux lèvres.
Il l'interroge d'abord du regard, pour laisser ensuite un demi-sourire incurver ses lèvres charnues, et lui adresser un clin d'œil qui me serre le cœur. Alors que je le dévisage, le front plissé malgré moi, il me surprend et se fige, m'électrisant de ses deux orbes limpides, avant que je ne détourne les yeux d'un brusque mouvement, embarrassée de m'être fait grillée.
Alors que nous prenons place autour de la table, Chris, qui n'a rien raté de notre échange furtif, en profite pour me glisser quelques mots à l'oreille.
– J'espère que tu ne regretteras rien...
Je lui lance un regard interrogatif.
– Aida semble de plus en plus impliquée, tu sais bien comment elle est.
Je soupire. C'est juste. Elle doit déjà être sur son petit nuage d'amour, fantasmant tous les soirs sur une lune de miel aux Maldives avec Noah. J'espère qu'elle est consciente que le consentement de celui-ci est indispensable à la réalisation de ses fantasmes. Nous ne savons encore rien de lui, il doit sûrement être intéressé par mon amie, mais ne l'a toujours pas manifesté de façon explicite.
Durant tout le déjeuner, la présence du beau brun m'a accaparé les sens. Frustrée par ma perte de contrôle, je n'ai que très peu parlé, alors que les conversations allaient bon train. Heureusement, au moment du dessert, il m'a à nouveau taquinée, détendant enfin la tension qui crispait mes muscles.
– Je croyais que les fondants au chocolat étaient la bête noire de la gent féminine ? lance-t-il en me faisant les gros yeux.
– Laisse-là se faire plaisir, pour une fois que Thomas n'est pas là, lui conseille Chris, goguenard.
Traître ! Je lui en veux, là...
– Lâche-moi, Chris.
Aida lui assène un petit coup sur l'épaule.
– Thomas est si tyrannique ? s'enquiert Noah, apparemment curieux.
Voyant que je ne réponds pas, préférant fulminer dans mon coin, Aida vient à ma rescousse.
– Il est un peu surprotecteur. Il veille au grain et à la santé de Chan. Un peu trop. Mais ce n'est que notre avis. Tant que ça convient à Chan...
– Ouais, ouais, tant que ça lui convient... rétorque Chris, sarcastique.
– Tais-toi, sérieusement, le menacé-je, sachant que je ne lui fais pas peur le moins du monde.
– Tu es avec lui depuis longtemps ? me demande soudain Noah.
Il me trouble quelques secondes, puis je lui réponds.
– Depuis mes seize ans.
Il hausse les sourcils, surpris par ma réponse.
– Ah ouais, quand même...
– Son seul et unique amour... ajoute Aida, un air romantique adoucissant ses traits, pour ne pas changer ses habitudes...
– Si on peut appeler ça de l'amour, rétorque Chris, acerbe.
Cette fois, je craque. Je me lève brusquement et me dirige vers la sortie. J'entends Aida m'appeler, mais ne me retourne pas.
D'habitude, j'encaisse assez bien les remarques désobligeantes de mon meilleur ami à propos de Thomas, mais il n'a jamais été question qu'il en parle de cette manière devant un inconnu. Et Noah, qui plus est.
Pour la peine, il payera ma note !
Mon sang bout, je ne suis vraiment pas d'humeur à me rendre au bureau. Je monte dans ma Mini et mets le moteur en marche.
Chris fait vibrer mon portable.
– Quoi ?!
– Reviens, je suis désolé, chérie.
Il ne semble pas du tout désolé.
– Tu n'as pas envie de payer mon plat, c'est ça ?
– Non, c'est Noah qui s'en est chargé, de toute façon. J'ai juste pas envie de me prendre la tête avec toi pour ça.
– Quoi ?! Noah a payé ma part ? Mais pourquoi tu l'as laissé faire ? Je fais comment pour le rembourser moi, maintenant ?
– Il ne m'a pas laissé Chan, il a insisté.
– Dis-moi qu'il a également invité Aida, s'il te plaît.
– Non, juste la pique-assiette qui s'est barrée sans payer.
Merde ! Merde ! Merde !
– Bon, je le vois demain avec Chloé. Je le rembourserai à ce moment-là. Putain, Chris, c'est super embarrassant !
– Tu le vois avec Chloé ? me demande-t-il, surpris. C'est quoi cette histoire, encore ?
Je lui raconte alors le pourquoi du comment ma petite sœur est impliquée. J'entends un silence à l'autre bout du fil.
– Chris ?
–... Ça ne sent pas bon. Il n'a pas proposé d'apprendre la boxe à Aida.
– Mouais... De toute façon, ce n'est pas lui qui donne les cours, mais un autre boxeur qui s'entraîne au même club.
– Ok, ok, très bien, tu as réussi à me convaincre.
Je soupire longuement afin de calmer la boule de nerfs en moi, et retourne chercher Chris pour le déposer à son boulot. J'ai beau le détester par moments, je ne peux jamais rester fâchée très longtemps contre lui.
Le lendemain, ma petite sœur m'attend à l'entrée de l'immeuble où je travaille. Marjo sort avec moi et fait alors la connaissance de Chloé.
– Je n'avais jamais vu ta petite sœur, vous vous ressemblez pas mal !
Si elle savait... Je lui ressemble parce que j'ai lissé et coloré mes cheveux comme les siens, mais nos traits n'ont pas grand-chose à voir. Elle ressemble plutôt à ce Russe qui l'a conçue avec ma mère, ce qui lui confère une beauté slave, pure, qui lui donne ce petit air innocent.
J'explique à ma collègue que ma petite sœur s'apprête à devenir la future Mike Tyson et nous la laissons pour prendre la route vers le club. Sauf que je ne me souviens plus de l'adresse, sur la carte de visite. Heureusement que j'ai pris l'initiative d'enregistrer le numéro de Noah dans mon smartphone. Je prends une grande inspiration, sous les yeux interrogateurs de Chloé, et appuie sur le bouton vert.
Je suis extrêmement nerveuse. Pourquoi ? Aucune idée. Enfin, aucune idée rationnelle.
– Allô ?
–... Noah ?
– C'est bien moi. Chanelle ?
Il m'a reconnue. Bon sang, j'adore sa voix au téléphone.
– C'est moi. Je suis en voiture avec ma sœur, j'ai besoin de l'adresse de ton club.
– Je te la donne de suite.
Je rentre l'adresse dans le GPS et le remercie, avant de prendre la route.
– Pourquoi t'es si nerveuse ? demande ma sœur, perspicace.
– Journée de merde. Je me suis pris la tête avec Chris hier après-midi, rien de grave.
– Pourquoi donc ?
– Pour rien. Il me prend la tête avec Thomas. J'ai l'habitude, mais il l'a fait devant un étranger, ça m'a énervée.
– Un étranger... celui que tu viens d'avoir au téléphone ?
Je me tourne vers elle, presque effrayée.
– Espèce de sorcière, tu arrêtes de lire dans mes pensées !
Elle glousse et je souris. Il fut un temps où elle ne riait plus. Alors que son rire est adorable. Je lui suis infiniment reconnaissante d'avoir repris cette activité réjouissante.
– Tu es devenue nerveuse au moment où il fallait que tu appelles ce garçon. J'ai présumé que quelque chose a dû t'embarrasser. Voilà tout.
Oui, voilà tout. Et je lui dois du fric, par-dessus le marché.
Nous arrivons devant le club et, à la demande de Noah, je l'appelle.
– Vous y êtes ? Je viens vous chercher.
Lorsqu'il apparaît, en sueur, dans le cadre de la porte, je me raidis. Je vois ma sœur tiquer et le dévisager avec insistance.
– Je ne te fais pas la bise, je suis en nage. Bonjour, Noah Dusselier, se présente-t-il en faisant un petit signe de tête à ma sœur.
– Chloé Sanchez.
– Suivez-moi, il y a une porte dans le couloir qui mène immédiatement à notre petite salle de cours.
Nous marchons sur ses pas et Chloé me chuchote ;
– Maintenant je sais pourquoi tu étais nerveuse.
Oh, elle ne va pas commencer, elle aussi ! Je l'ignore et observe Noah passer sa serviette sur le visage. Il nous amène dans une salle arrière, plus petite et divisée en deux. Il y a quelques sacs et du matériel d'entraînement d'un côté, et un ring de l'autre. À mon soulagement, les lieux sont vides, à l'exception d'une femme et d'un adolescent, ainsi qu'un homme qui doit avoir la petite trentaine. Je devine que c'est le professeur en question, mais il est assez frêle, comparé à Noah. Son visage mat est encadré par des cheveux clairs, attachés en une queue de cheval, et ses yeux marron sont perçants.
– Bonjour. Enchanté, les filles.
Lorsqu'il me voit dans ma tenue de travail, je remarque son sourcil s'arquer et son regard interroger son collègue. Petit con, va.
– J'accompagne ma sœur, je ne compte pas participer, asséné-je, acerbe.
– Enchantée, je suis Chloé Sanchez.
– Nassim Bengazad. Je serai ton entraîneur.
Son visage s'est immédiatement illuminé lorsqu'il a vu ma sœur. C'est sûr qu'elle semble avoir bien plus de potentiel que moi ! Il nous explique sa méthodologie, les objectifs qu'il veut que ses élèves atteignent, l'entraînement rigoureux qu'il leur imposera. Il leur demande également dans quel esprit ils veulent apprendre à boxer.
Ma sœur n'a évidemment pas envie de confier ses problèmes à un inconnu et m'adresse un regard alarmé.
– Ma sœur a eu des soucis personnels, dont elle ne veut pas parler. Elle doit réussir à canaliser son énergie et à extérioriser certaines choses.
Il me toise du regard, puis s'adresse à ma sœur.
– Tu n'as pas à me raconter ta vie, mais exprime-toi par toi-même, la prochaine fois.
Hey, cool l'ami ! Ce n'est pas encore ton élève.
Alors que l'entraîneur continue de déblatérer, Noah me fait signe de le suivre. Nous sortons dans le petit couloir et il m'adresse un sourire.
– Alors, tu es sûre que tu n'as pas envie de rejoindre la petite troupe ?
Je pouffe.
– Pour me faire tyranniser par ce maigrelet ? Très peu pour moi !
C'est à son tour de rire.
– Je vais lui dire, ça lui fera plaisir !
– Non ! Je ne veux pas qu'il se venge sur ma sœur !
– Tu penses qu'elle est intéressée ?
– Elle sait qu'elle a besoin de discipline, de quelqu'un de ferme pour la guider. Je pense qu'elle est consciente que c'est parfaitement ce qu'il lui faut.
Noah semble satisfait.
Par contre, en parlant de tyran...
– Noah ! Chris m'a dit que tu avais payé pour moi, hier. C'est inenvisageable ! Dis-moi, combien je te dois ?
Un grand sourire s'étire sur le visage du boxeur.
– Mais rien du tout, pourquoi est-ce que c'est « inenvisageable » ?
Est-il obligé de me noyer dans le vert de ses yeux pétillants de malice ?
– Parce que... c'était une punition pour Chris. Il était censé payer ma part pour m'avoir énervée.
– C'est sur moi que s'est reportée ta petite vengeance, alors.
– Arrête de blaguer et dis-moi combien je te dois !
Il ne veut pas ravaler son sourire et semble s'amuser de ma détresse.
– Tu ne me dois rien, Chan, c'est bon. Si c'était pour me faire rembourser, j'aurais laissé ton ami payer.
– Pourquoi tu ne l'as pas fait, alors !?
– Ça ne me dérangeait pas. Il avait l'air assez accablé comme ça, Aida n'a pas arrêté de lui répéter qu'il avait ruiné le repas, alors n'y pense plus. On ira manger un bout ensemble et tu m'inviteras à ce moment-là.
Aller manger un bout ensemble ? Je ne sais pas si je m'en réjouis ou si je suis effrayée. Je veux bien qu'on devienne potes, mais je ne peux tout de même pas empêcher mon cœur de tambouriner lorsqu'on est dans un petit couloir sombre comme celui-ci, et qu'on est si proche l'un de l'autre.
– Au fait... Je suis désolée. C'est surtout moi qui ai ruiné l'ambiance en partant. Je n'aurais pas dû m'emporter comme ça, m'excusé-je, un peu gênée.
Il me pose sa puissante main sur le crâne et m'ébouriffe les cheveux.
– T'inquiète. Je suis sûr que tu as tes raisons.
Le ton sur lequel il me répond me réchauffe le cœur. Je lui adresse un sourire reconnaissant et nous retournons dans la salle.
À la fin de la séance de présentation, Chloé semble motivée.
– Je vais m'inscrire. Ça ne te tente pas, Chan ?
Nassim me coule un regard torve.
– Euh, non merci. Si c'était avec Noah, peut-être bien, mais ce professeur-ci n'a pas réussi à me convaincre, je réponds assez fort pour me faire entendre.
– Noah n'a pas le temps de s'occuper des midinettes qui lui tournent autour.
Vexée, je m'indigne.
– Quoi ? Mais je ne suis pas...
– C'est une copine, Nassim. Arrête de faire ton relou.
Le blond lève les yeux au ciel et salue ses futurs élèves, pour ensuite retourner s'entraîner dans la salle des mâles, à côté.
– Tu veux que je t'entraîne personnellement ? me taquine Noah, le regard plein de malice.
– Ça va aller, merci.
– Je peux, insiste-t-il en faisant un pas vers moi, ses lèvres ourlées dans un sourire qui me terrifie.
– Je me contenterai de mon aérobic.
– Beurk ! Je ne sais pas comment tu peux supporter ça. C'est ultra chiant ! s'exclame Chloé, une adorable grimace dégoûtée sur le visage. Oui, j'adore ma sœur, même ses grimaces sont adorables.
– Je parie que c'est Thomas qui t'a obligée à faire ce truc, ajoute-t-elle.
Ok, je ne l'adore plus. Ils n'ont pas envie de me lâcher, avec Thomas ?
– Bon, on y va, poulette.
Je m'approche de Noah pour lui faire la bise, mais il semble hésiter. Il ne transpire plus, pourtant.
– Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, je ne suis pas très frais.
Je plonge un regard chargé de défi dans le sien, et lui fais un petit sourire en coin. Ma main attrape sa nuque, l'approche lentement de mon visage, et j'octroie à sa joue un baiser doux et appuyé.
Je sens sa mâchoire frémir et remarque la surprise dans ses yeux. Il me fixe quelques secondes et finit par me rendre mon sourire.
Je ne sais pas où j'ai trouvé le courage de faire un truc pareil, mais c'est une sensation vivifiante ! Mais pas seulement. Il sent l'homme... et c'est terriblement excitant.
Embarrassée, je me retourne vivement et me rue vers la sortie, sous les yeux ébahis de Chloé.
Lorsqu'elle me rejoint dans ma Mini, elle me dévisage avec insistance.
– Chan... ?
– Mmmh hmm ?
– Il te plaît cet homme ?
Je fais mine de ne pas comprendre.
– Quoi ? Mais pourquoi tu dis ça ? C'est un pote.
– Tu ne m'en as jamais parlé, de ce pote.
– Parce que c'est récent. Mais le feeling passe bien, il est très sympa. Toute la bande l'apprécie.
Sceptique, ma sœur fixe la route un petit moment, avant de me relancer.
– Il est quand même canon...
– Tu as craqué, toi aussi ? rétorqué-je, amusée.
– Ah ! Tu vois qu'il te plaît ! s'exclame-t-elle sur un air triomphant.
–... Je parle d'Aida, idiote. Elle a jeté son dévolu sur lui et fait tout pour sortir avec.
– Oh... Alors je ne vais même pas essayer, plaisante-t-elle.
Lorsque je la dépose, j'en profite pour passer voir mes parents. Ce petit intermède familial me fait du bien et je retourne alors chez moi l'esprit tranquille.
Thomas est avachi sur le fauteuil et grignote des raisins secs. Il grignote rarement, ce qui n'augure rien de bon.
– Tu as faim, Thomas ?
– Non, ça va, répond-il froidement, sans même me saluer.
Seigneur, il m'en veut encore ! Tant pis pour lui, au moins, il me laissera tranquille. Je monte dans ma chambre pour me changer.
Soudain, je reçois un texto de Chloé. Elle m'envoie un lien que j'ouvre immédiatement.
Quelle stupéfaction quand je vois la page d'un journal américain illustrant la photo d'un boxeur en pleine action, sous un gros titre : « Noah Dusselier, The Frenchy Hurricane, renonce à sa carrière pour raisons familiales ». Interpellée, je m'installe sur mon lit et lis l'article dans sa totalité. Ça dit que suite au décès de son père, en France, il est retourné chez sa mère afin de la soutenir moralement et a tout laissé derrière lui, son avenir prometteur, sa course pour le titre... Il semblait pourtant avoir beaucoup de succès.
Je tape son nom sur Google et me trouve face à des tas de liens menant à divers articles le concernant. Incroyable ! Il y a des photos de Noah brandissant des trophées, des photos de combat, où ses adversaires semblent au bout de leur vie. Apparemment, ils le surnommaient Frenchy Hurricane parce que sur le ring, il terrassait ses adversaires comme un ouragan. Il était sans merci, les assaillant de toutes parts, sans leur laisser le temps de riposter. Un bulldozer. Ouah... Mais c'est une star, ma foi !
Les articles parlent de son père décédé, mais rien sur son enfance, ses débuts...
Mince alors ! C'était donc la raison personnelle qu'il ne voulait évoquer lorsqu'on lui a demandé la raison de son retour en Europe. Je note que sur plusieurs photos, une jeune femme l'accompagne. Une blonde. Je me demande bien qui c'est. Je suis abasourdie par tous ces articles et décide de n'en parler à personne. Il abordera le sujet de lui-même, lorsqu'il se sentira prêt, ce ne sont pas mes affaires.
Le lendemain, je reçois un message au bureau de la part du boxeur. Il m'informe que ma petite sœur en a dans le ventre et qu'elle est faite pour ça. Je souris à mon portable et tente de me concentrer sur mes rendez-vous le reste de la journée.
Aida m'attend à la sortie de l'immeuble et nous nous rendons au cinéma, en amoureuses. J'ai beau essayer d'éviter le sujet, elle ne me parle que de Noah et de leurs conversations par textos.
– Tu savais qu'il travaille à l'Ifitness ? s'exclame-t-elle, comme si elle avait découvert l'information du siècle.
Dilemme, qu'est-ce que je fais ? Si je mens, je risque de me faire griller un jour ou l'autre, me rendant encore plus coupable que je ne le suis actuellement.
– Oui. Il me semble qu'il me l'a dit...
– Quoi ?! Et tu ne m'en as jamais parlé ?! Attends, il bosse dans la salle de sport dans laquelle tu te rends chaque semaine, on aurait pu en tirer un sacré avantage !
J'arque un sourcil.
– En quoi ?
– Eh bien, tu aurais pu lui parler plus souvent, lui chanter mes louanges, je ne sais pas...
– C'est pour cette raison que je ne t'en ai pas parlé ! pouffé-je.
– Oh, c'est pas sympa ça !
Je lui fais un clin d'œil et m'en tire avec cette pirouette. Nous allons à la cafétéria à côté du cinéma, attendant notre séance et son visage s'illumine lorsqu'elle lit un nouveau message.
– Oh ! Noah nous rejoint !
Je manque d'avaler de travers.
– Quoi ?!
– Je lui ai dit qu'on allait au cinéma, et il m'a répondu qu'il était intéressé par ce film. Je lui ai proposé de nous rejoindre.
Je prends mon air fâché.
– Aida ! Ce n'était pas censé être une soirée entre filles ?
– Oh, s'il te plaît, s'il te plaît, Chan ! Pour le salut de ta meilleure amie !
– Hors de question que vous commenciez à vous rouler des pelles à côté de moi !
– T'inquiète, je ne vais pas lui sauter dessus !
– C'est plutôt du contraire dont j'ai peur !
J'ai maintenant droit à son sourire Colgate.
– Tu crois ?!
Je lève les yeux au ciel et soupire, exaspérée.
Je ne suis vraiment pas d'humeur à regarder les gens se bécoter. Je ne l'ai jamais été, d'ailleurs. Je deviens envieuse et nourris alors une rancœur envers mon fiancé et son balai dans le cul.
Lorsque Noah nous rejoint, je ne peux m'empêcherde lui faire un grand sourire. C'est raté pour mon opération ronchonnement.Ainsi que pour notre cinéma « entre filles », qui est définitivement tombé àl'eau.iquerencontCi8
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