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1. Rencontre


– Chan, le téléphone sonne depuis cinq minutes ! Tu pourrais répondre ?

Je termine rapidement mes calculs et m'empresse d'aller vers la cuisine pour répondre à ce satané téléphone.

C'est Marjo. Qu'est-ce qu'elle va encore m'annoncer ? J'ai un mauvais pressentiment...

Je décroche, la gorge déjà nouée.

– Chan ? Chan, j'ai une super nouvelle !

Bon, ça ne m'a pas l'air si grave, en fin de compte...

– Dis-moi tout...

– On a dépassé notre record d'achats en ligne ce mois-ci !

Je ressens la joie dans sa voix, et elle est communicative.

– Génial ! je m'exclame, des papillons dans le ventre. Il faut persévérer dans cette voie !

– Continue à te démener, Chan ! On est bons, on est bons !

Je souris et raccroche le téléphone pour rejoindre Thomas, au salon. Il me coule un regard en douce, et je m'attends à ce qu'il me demande la raison de mon air béat.

Mais non.

– Marjo m'a annoncé qu'on a explosé notre record ce mois-ci, annoncé-je, fière de moi.

Il me gratifie d'un sourire de convention.

– Félicitation, fait-il, sans grand entrain.

Bon, ce n'est pas comme si je m'attendais à ce qu'il sorte les feux d'artifice...

Thomas, mon fiancé depuis maintenant quatre ans, ne considère pas vraiment mon entreprise comme un boulot digne de ce nom.

J'ai lancé, il y a trois ans, « Chanilla », ma propre marque de produits de beauté disponible à la vente en ligne, et il faut dire que je n'avais pas envisagé un tel succès. Seulement, pour Thomas, ça ne représente rien d'autre qu'une occupation lucrative de gonzesse. Je n'aurais, selon lui, jamais dû quitter mon poste à la section marketing de la première boîte qui m'a employée. Cette même boîte où j'ai rencontré Marjo, qui m'a suivie dans mon projet, et que j'ai engagée comme comptable attitrée.

Heureusement, j'ai le total soutien de mes amis et ma famille, alors tant pis si Thomas manque à l'appel.

Je me laisse tomber sur le fauteuil dans un soupir épuisé. Ma journée s'est avérée plutôt rude, j'ai dû courir dans tous les sens afin que mes colis soient livrés à temps et que mes fournisseurs ne prennent aucun retard. Alors, dans l'expectative d'un petit moment de détente, je zappe et tombe sur une chaîne animalière. Deux singes en train de copuler de façon assez comique, et non pas que je voue une quelconque admiration pour les primates, mais j'avoue qu'ils me font mourir de rire. Thomas, installé à l'autre bout du canapé, absorbé par son ordinateur, lève les yeux et secoue la tête, l'air réprobateur.

– Franchement Chan. Change-moi ça...

Oh, mais quel rabat-joie !

Je me lève et nous prépare un thé chaud. Ce dont je rêve en réalité est d'un bon café brûlant, étant donné que mes batteries sont à plat, mais mon cher fiancé a une sainte horreur de ce liquide noir, qu'il pense être mauvais pour ma santé, parce que, oui, il se préoccupe de tout ce que je suis susceptible d'ingurgiter.

J'ai rencontré Thomas Preters lorsque j'avais seize ans. Nous étions dans la même classe, avec Dorian, Aida et Chris, notre petite bande toujours aussi soudée. Notre affinité particulière et l'intérêt qu'il me prêtait nous ont menés à sortir ensemble un an plus tard. Je l'adorais et l'admirais ; il était bon dans tous les domaines, prévenant, gentil, serviable et plutôt mignon, et quatre ans plus tard, nous nous retrouvions installés ensemble dans un appartement soigneusement choisi par ses soins. Il était si heureux que j'accepte de vivre avec lui qu'il m'a fait sa demande en mariage les jours qui ont suivi. Je trouvais que ça allait un peu vite, néanmoins, j'ai accepté. Et depuis, mon homme a totalement changé...

Aux yeux de nos amis, de mes parents, il demeure toujours le même compagnon modèle, mais je n'ai pas tout à fait droit à cette version, une fois que nous sommes tous les deux seuls. Résultat des courses, nous sommes fiancés depuis quatre ans, et malgré la pression qu'il exerce sur moi, ainsi que celle de mes parents, je n'ai plus vraiment envie de me passer la corde au cou.

Samedi, c'est rendez-vous hebdomadaire avec notre bande.

Nous sommes dans la Peugeot bleu marine de Thomas, et je déteste la musique qui résonne dans l'habitacle. Il a cette obsession des Beatles et lorsque nous sommes dans sa voiture, c'est Monsieur qui se prend pour le DJ.

Nous arrivons sur la place du Châtelain, bondée de monde, de touristes français en particulier, et rejoignons nos amis dans un des cafés qui y ont leur terrasse.

Aida m'adresse un grand sourire et se lève pour m'accueillir. Je l'ai eue au téléphone hier soir pour lui annoncer la bonne nouvelle quant à l'augmentation de mes ventes, et ma chère partenaire de cœur, la sœur que j'ai adoptée, tenait à me féliciter en personne.

Aida Ajram est ma meilleure amie. Mi-libanaise, mi-malienne, c'est une magnifique métisse, grande et fine, les cheveux bruns, brillants de santé, ondulant jusqu'au creux de ses reins. Elle a beaucoup de succès avec les hommes, et c'est une grande romantique qui malheureusement tombe facilement dans le piège de ces loups ! Heureusement que je suis là pour lui ouvrir les yeux, de temps à autre.

Après avoir cherché sa voie pendant des années, elle s'est enfin décidée à suivre des études de kinésithérapeute. Il ne lui reste plus que deux ans à tirer et elle semble adorer son futur métier. Ces ondes positives lui permettent d'être franchement heureuse pour moi, lorsqu'il m'arrive un chouette truc dans la vie.

– Et voici la businesswoman du jour ! s'exclame-t-elle, en m'introduisant à l'attablée.

– De quoi elle parle ? s'enquiert Dorian, les yeux pétillants.

Dorian Wala est le boute-en-train de la bande. Très grand, il a une tête qui revient à tout le monde. Souriant, blagueur, il est notre chouchou à tous. Après avoir suivi des études de littérature à l'université, il a décidé de vivre de sa passion ; la photo et le graphisme. Et c'est un artiste confirmé, je suis réellement fière de son parcours. Il partage sa vie délurée avec Nathalie, qui me regarde toujours avec des petits yeux bienveillants, un sourire chaleureux étirant la commissure de ses lèvres.

Je m'installe et leur adresse un grand sourire en leur annonçant la nouvelle. Tous poussent des exclamations de joie et m'adressent leurs félicitations.

Seulement, il manque quelqu'un. Quelqu'un de très important pour moi.

– Où est Chris ? demandé-je.

– Retenu au boulot. Il fait des heures sup', me répond Dorian.

– Je croyais qu'il ne travaillait pas ce samedi ? Ils abusent vraiment de lui !

Chris est mon meilleur ami. Il travaille, enfin se fait exploiter, dans un magasin de prêt-à-porter dans le quartier gay, ce qu'il est par ailleurs. Il semble cependant aimer ce qu'il fait, et c'est le principal.

C'est le seul homme pour lequel je n'ai aucun secret. Il connaît les moindres recoins de mes pensées et n'hésite pas à me remonter les bretelles quand il le faut... Et même quand il ne le faut pas.

Les nouvelles vont bon train ; Dorian nous expose ses projets photos, et Aida me parle de son petit-ami du moment, enfin ex-petit-ami, étant donné qu'elle l'a plaqué la veille, après l'avoir trouvé chez lui en train de peloter une de ses camarades de classe.

La pauvre est bien trop gentille avec la gent masculine... et ce n'est pas faute de l'avoir prévenue à chaque fois.

– Les gars, il y a une super soirée au Mirano, le week-end prochain ! nous informe Dorian. J'y vais avec Nate et Vince, ça vous dit ?

Aida lève immédiatement la main. Évidemment...

– J'en suis !

Le regard de Dorian se pose enfin sur Thomas et moi. Mon fiancé secoue la tête.

– C'est pas vraiment mon truc, Dorian, tu le sais.

– Je sais oui, depuis que tu vis avec Chan, t'es devenu méga pantouflard !

– Du tout, j'ai toujours été casanier.

– Mais pas Chan. Tu es de la partie, ma jolie ? me demande-t-il.

J'échange un regard avec Thomas.

– Allons, elle est avec nous, elle ne risque rien ! glousse mon ami.

Je ne dis rien. Tout ce que je dirai pourra un jour se retourner contre moi, je connais la chanson. J'attends que Dorian le fasse céder, comme à chaque fois.

– Je n'ai pas envie qu'elle se ravage le corps en se saoulant, ni qu'elle dérègle son horloge interne en se couchant à des heures pas possibles.

Ma foi, il a réussi à attendrir Dorian !

– Tu es adorable, pote, mais t'inquiète, on y veillera. Je ne vais pas rentrer tard non plus, Nathalie a quelque chose de prévu, dimanche matin.

Je lève les yeux au ciel. Bon sang, comment peut-il se faire avoir par ce genre de comportement ? Oh, il pense peut-être que mon fiancé est surprotecteur... Il ne se doute sûrement pas que c'est juste un maniaque du contrôle...

Aida lève les yeux au ciel en même temps que moi. Force d'habitude, nous savons aussi bien l'une que l'autre que Thomas finira par céder à Dorian. Ce qu'il fait d'ailleurs dans la seconde qui suit, soulignant son geste de grand seigneur en me posant un baiser sur le front. Non mais quelle mascarade, franchement ! Au moins, je m'éclaterai avec mes amis, le week-end prochain, c'est toujours ça de pris.

Début de semaine, je me prépare à aller au bureau, lorsque Thomas me confie qu'il ne pourra pas m'accompagner à la salle de sport ce soir. Tous les lundis, nous allons ensemble à la salle, lorsque le boulot me le permet. Je n'en ai pas toujours la force, mais Thomas exige que je m'entretienne. « Si je le fais pour toi, pourquoi ne le ferais-tu pas pour moi ? » Sauf que je n'ai rien demandé, moi ! De plus, on ne peut pas dire qu'il en tire de grands bénéfices... J'ai un doute quant à la raison pour laquelle il affectionne cet établissement en particulier. Les femmes coachs ne cessent de lui tourner autour. Elles doivent aimer les grands blonds aux airs un peu bourges qui s'expriment comme des gentlemans. Mais attention, je ne doute pas de sa fidélité. Il aurait bien trop peur de se faire prendre et de me donner l'occasion de lui reprocher un quelconque écart. De plus, si mes parents l'apprenaient, je crois qu'il se jetterait du haut d'une falaise... Ce qui s'avérerait être compliqué étant donné la platitude du pays dans lequel nous vivons.

Toujours est-il qu'après une journée de dur labeur, je ne suis pas contre un petit hammam dans les thermes d'Ifitness, le complexe sportif auquel je suis inscrite.

Tant pis pour le sport ! Je descends vers la partie dédiée aux thermes et m'arrête à la réception afin de m'enregistrer. Je remarque que le responsable derrière le comptoir a été remplacé. Et lorsque je découvre le visage du nouveau, je ne peux empêcher le court-circuit qui grille mes neurones et me fait bugger pendant quelques secondes.

Le garçon est tout simplement canon !

Heureusement, il est affairé devant l'écran de son ordinateur et ne m'a pas vue laisser tomber ma mâchoire.

– Bonsoir, nom et numéro de membre, s'il vous plaît, requiert-il, sans même lever les yeux.

– Cha... Chanelle Sanchez... numéro 5655.

Il hausse ses sourcils sombres et lève les yeux vers moi. Un petit sourire déforme la commissure de ses lèvres. Je ne suis pas surprise, mon prénom provoque souvent cette réaction. Exaspérant. Mais pour le coup, je suis contente d'avoir piqué son intérêt.

Seulement, je n'avais pas prévu les bouffées de chaleur qui m'envahissent, alors qu'il me dévisage avec insistance. Ses grands yeux vert d'eau sont hypnotiques, entourés par des cils carrément plus longs que les miens. Si je n'étais pas éblouie par leur beauté, j'en serais certainement jalouse ! Il a le genre de visage qu'on pourrait retrouver dans un magazine de mode, avec sa barbe de quelques jours qui orne sa mâchoire dessinée, sa coupe dégradée sur les côtés, avec ses longues mèches de jais qui lui retombent sur le visage.

Cet homme est photoshopé, c'est pas possible ! Je fonds... littéralement.

– On se connaît ? demande-t-il, en fronçant ses sourcils fournis.

– Moi ?... Je ...Euh ...Je ne pense pas.

Bon sang, si on se connaissait, je ne crois pas que je t'aurais oublié, beau gosse !

– Si vous le dites, répond-il, un demi-sourire aux lèvres. Vous pouvez y aller.

Je hoche la tête, sans trop savoir pourquoi, et m'enfuis presque dans les vestiaires.

Alors ça ! Ce petit nouveau doit en faire tourner des têtes, ici ! Pour preuve, la piscine n'a jamais été aussi remplie de femmes qu'aujourd'hui. Tu m'étonnes!

La chaleur relaxante et l'épaisse vapeur du hammam me permettent de faire le vide dans mon esprit durant de longues minutes, mais lorsque je ressors pour me rendre dans le jacuzzi, je repère une silhouette à travers la baie vitrée qui donne sur l'intérieur du comptoir de la réception. Il est là. Et il me fixe.

Non, je dois sûrement rêver.

Je prends une douche express et reviens plonger mes pieds dans la petite baignoire, en risquant un rapide coup d'œil vers la vitre.

Il me fixe vraiment... et ne me lâche pas du regard ! Embarrassée au plus haut point, je détourne le visage et plonge mon corps tout entier dans les bulles. Moi qui voulais me relaxer, c'est loupé ! En ressortant, je prends soin de raser les murs de la réception et m'enfuis sans un au revoir.

Arrivée à la maison, je suis accueillie par un Thomas assis sur le canapé, en pleine concentration devant un match de tennis qui passe à la télévision.

– Tu n'étais pas retenu au bureau ?

– Je viens de rentrer. Il y a eu un souci dans les comptes d'un client et c'était la panique...

Je ne l'écoute déjà plus.

S'il ne daigne pas accorder d'intérêt à mes activités, je ne vois pas pourquoi je devrais me forcer à l'écouter parler des siennes. De plus, il travaille en tant que comptable pour une agence immobilière : rien qui ne m'intéresse particulièrement. Alors je fais semblant, et hoche automatiquement la tête en me préparant un thé au miel.

– Tu ne devrais pas mettre du miel dans ton thé, c'est plein de calories, me sermonne-t-il.

– Et c'est aussi très bon pour la santé !

J'ai renoncé au sucre et à l'aspartam pour lui, il ne va pas me prendre la tête avec le miel !

Lasse, je monte dans ma chambre, mon mug et un bouquin à la main. Confortablement installée, j'ai beau tenter de poursuivre les aventures de l'intrigant Gatsby, impossible de me concentrer. Je ne peux m'empêcher de repenser à ce bellâtre du centre sportif. À vrai dire, lorsqu'il m'a demandé si l'on se connaissait, la question paraissait vraiment le préoccuper. Et maintenant que j'y pense, son visage ne m'est pas totalement inconnu. Mais après m'être creusé les méninges de longues minutes, j'abandonne. Je me fais sans doute des films. Il doit sortir le même speech à toutes les filles qui tombent la mâchoire lorsqu'elles le rencontrent pour la première fois, et ça doit l'amuser, le salaud !

Le lendemain, je suis rejointe par Chris pendant ma pause-déjeuner.

– Alors businesswoman, c'est moi qui dois me taper tout le trajet, hein...

– Arrête, ce n'est pas si loin. Et puis tu ne travailles pas aujourd'hui, tu peux bien m'éviter de perdre du temps sur la route.

– Oui, oui, princesse ! Allez, viens, on va se faire un bagel du tonnerre.

Nous commandons et je note qu'il se triture les cuticules. Il est adorable lorsque quelque chose le préoccupe. Malgré ses vingt-cinq ans, il a gardé un visage de poupon. Ses longs et épais cheveux bruns encadrent son visage, où sont tirés des petits yeux marron, et ses deux larges incisives le rajeunissent davantage.

– Tu me dis ce que tu as ?

Il lève les yeux vers moi et ne parvient pas à soutenir mon regard. Ça ne sent pas bon.

– J'ai... couché avec Marco...

Mes yeux manquent de sortir de leurs orbites. À savoir que Marco est le gérant de la boutique où mon ami travaille.

– Ce n'est pas vrai !

Ça fait quelques semaines que son supérieur lui court après, d'une façon qui frôle le harcèlement. Seulement, Chris a toujours mis un point d'honneur à séparer travail et vie privée. Je l'ai toujours approuvé en ce sens, car une fois que l'on mélange les deux, ça peut devenir très compliqué. J'en ai eu la preuve avec l'histoire de Marjo, qui est devenue totalement dépendante de notre manager, à l'époque, un homme marié qui la faisait miroiter. Une fois les yeux ouverts, elle a sombré dans une longue dépression. J'ai été réellement affectée par sa détresse et lui ai proposé de démissionner pour me rejoindre dans ma petite entreprise.

– Comment ça s'est passé ? demandé-je à Chris.

– Eh bien... Il m'a coincé dans la réserve, et...

Le sang me monte à la tête.

– Chris !! Attends, mais il t'a forcé ? Moralement ?!

Il lève un sourcil et me toise.

– Doucement, Chan. Ne me prends pas pour une midinette qui se fait manipuler par son boss. Je te signale que Marco est vachement sexy.

Oui, bon, ça dépend du point de vue hein...

– Ce n'est pas la question, Chris ! Si tu ne voulais pas, eh bien...

– Mais si, je voulais, Chan. C'est juste que je n'avais pas envie de craquer. Et il m'a eu, cet enfoiré...

– Cet enfoiré, comme tu dis...

Amusé, il me tend son portable.

– Ça s'est passé ce matin, et regarde tous les messages qu'il m'a envoyés depuis.

– Non, ça ira, je n'ai pas envie de savoir.

Chris fait la moue et range son smartphone.

– Toi, avec Thomas, ça se passe comment ?

Je lève les yeux au ciel.

– Comme d'habitude. Je suppose que tu viens avec nous, samedi ?

– Évidemment.

J'hésite, puis je lui parle du réceptionniste des thermes de l'Ifitness, ce qui semble hautement piquer son intérêt. Tout excité, il m'ordonne d'y retourner.

– Tu es fou, si j'y retourne soudainement, il se doutera que c'est pour ses beaux yeux !

– Mais non, Chan. Si c'est un nouveau, il ne saura pas que ce n'est pas dans tes habitudes.

– Ils doivent avoir une base de données où tout est noté.

– Tu penses vraiment qu'il prendrait la peine d'aller vérifier ?

– Je n'ose pas prendre le risque ! Tu imagines ? La honte !

Chris semble exaspéré.

– Au moins, tu sauras si tu lui as tapé dans l'œil ou non.

Excitée, je ne peux m'empêcher de sourire bêtement.

– N'y pense pas, c'est un canon, il doit avoir l'habitude. Et puis, ce n'est pas comme si ça changeait quoi que ce soit, dis-je, en référence à Thomas.

– Oh, chérie, ce n'est pas parce que tu es fiancée que tu ne peux pas te permettre de flirter un peu à côté. Surtout avec l'homme que tu te coltines, ma pauvre.

– Hey !

– Désolé, Chan. Mais, tu sais ce que je pense de Thomas.

Je sais, oui...

Je décide de changer de sujet avant que des mots blessants ne soient proférés, et lui raconte la dernière mésaventure d'Aida, qui ne semble pas l'étonner.

– Elle s'en remettra, comme toujours.

Je soupire.

– J'espère qu'elle trouvera un homme qui saura la traiter comme elle le mérite.

– Impossible, ma belle. Elle est bien trop gentille. Une fille comme elle ne tombera que sur des salauds qui profiteront de sa naïveté.

Je fais une triste moue.

– Sinon, quand est-ce qu'on parle de quelque chose de plus joyeux ?

***

Je ne suis évidemment pas retournée aux thermes de la semaine. Samedi arrive enfin et je me prépare pour la soirée de folie que je vais passer avec mes amis.

J'ai l'impression agaçante que Thomas me coule des regards en douce pendant que je choisis ma tenue.

– Tu es sûr que tu ne veux pas nous rejoindre ? proposé-je, sans conviction, histoire qu'il ne se sente pas totalement mis à l'écart.

– Ce genre de soirées, ce n'est pas pour moi.

– Bien sûr, tu es tellement au-dessus de tout ça, toi ! rétorqué-je, sarcastique.

– Chanelle ! Ne commence pas.

Je ne fais plus attention à lui et sors une robe noire à paillettes de ma garde-robe.

– Tu n'es pas obligée d'y aller, tu sais, me dit-il, plus calme.

– Je sais. Mais Dorian semblait tellement insister... Tu le connais, il me le reprochera pendant des mois, si je le laisse tomber au dernier moment, mens-je.

– Tu devrais être plus ferme. Regarde, moi, il ne m'embête même plus lorsque je refuse de le rejoindre.

À la différence que moi, j'ai envie de le rejoindre !

– On va passer une soirée entre amis, Thomas. Libre à toi si tu n'en as pas envie, mais c'est mon cas.

Il se gratte le menton.

– De plus, il sera avec Vince et Nate. Je n'aime pas ces garçons.

Thomas désapprouve leur style de vie ; les deux amis d'enfance de Dorian sont des tombeurs qui passent le plus clair de leurs soirées dehors, à draguer et faire la fête jusqu'à pas d'heure.

– Ces garçons ne t'ont jamais rien fait, Thomas. En quoi cela te regarde, s'ils aiment faire la fête ?

Il fronce les sourcils.

– Ma pauvre fille, tu es vraiment trop naïve. Voilà pourquoi je n'aime pas te laisser sortir sans moi.

J'hallucine... mais ne réponds pas. Ça ne déboucherait que sur une discussion stérile, susceptible de provoquer une dispute inutile. J'aime à penser que je suis au-dessus de ça.

Je continue à m'habiller, me coiffer, me maquiller et enfile mes escarpins.

– Tu ne sors pas comme ça, annonce-t-il calmement, alors que je viens de passer quarante minutes à me préparer.

– Pardon ?

– Tu es habillée comme une pétasse de bas étage. Je ne veux pas que tu sortes comme ça.

Une pétasse de bas étage, rien que ça!

– Et tu attends que j'aie fini de me préparer pour me sortir ça ?

– J'attendais le moment où tu t'en rendrais compte par toi-même. Mais apparemment tu n'es pas assez concentrée.

Je jette un dernier coup d'œil dans la psyché. Ma petite robe à paillettes m'arrive à mi-cuisse et mes talons font bien dix centimètres. Peut-être que je suis un brin trop provocante, effectivement. Évidemment, il prend plaisir à me laisser perdre mon temps pour gâcher mon début de soirée. Je me change et enfile un slim bleu marine, avec un petit tee-shirt blanc et des escarpins beiges. Ça semble satisfaire Monsieur, puisqu'il me fait signe d'y aller avec un petit sourire approbateur.

Je grimpe dans ma Mini Cooper noire et mets les gaz jusque chez Aida avec l'amer sentiment de m'être fait avoir. Je passe prendre mon amie vêtue d'une robe blanche qui lui arrive au ras des fesses. Elle est apprêtée comme Cléopâtre, mais ça lui va tellement bien, jolie comme elle est. Lorsque Dorian m'aperçoit depuis l'entrée du Mirano, il s'avance, déjà accompagné de Chris, Nate, Vince et Nathalie. Et j'ai le loisir de constater que j'ai l'air d'une bonne sœur à côté de leur style sophistiqué. Nous entrons immédiatement, grâce à ses relations, et nous retrouvons au sein d'une foule en délire. Après nous être rendus au coin VIP, nous attendons qu'il nous ramène nos verres. Chris me raconte ses déboires sentimentaux avec son boss et s'enorgueillit de l'avoir à ses pieds, quant à Aida, elle ne perd pas de temps et se déhanche déjà contre un beau garçon, qui tente tant bien que mal de lui mettre la main aux fesses. Nate et Vince, tombeurs qu'ils sont, ont déjà ferré leur proie et s'occupent de les faire craquer afin de ne pas rentrer bredouilles de leur soirée. Bon, je m'étais peut-être un peu trop avancée, lorsque je pensais que j'allais « m'éclater avec mes potes ».

Dorian m'apporte mon verre et je me rends compte qu'il est alcoolisé. Lorsque je lève la tête vers lui, indignée, il me fait un clin d'œil complice. Bon ok, j'ai peut-être besoin de me laisser aller de temps en temps.

Quelques minutes et trois verres plus tard, je me retrouve à sautiller comme une pile électrique au milieu de la piste, un sourire béat aux lèvres. Je me jette dans les bras de Chris, qui me fait tournoyer dans tous les sens et je m'éclate, heureuse d'être là. Objectif de la soirée : atteint !

Il est cinq heures lorsque nous sortons enfin de cette satanée boîte, oui parce Satan doit certainement se faufiler entre toutes ces âmes, pour discrètement s'attaquer à mes pieds afin de les rendre aussi douloureux. Nous nous rendons dans un snack pour petit-déjeuner.

– Nathalie, tu n'avais pas quelque chose à faire, tôt le matin ? demandé-je, les basses de la musique bourdonnant encore dans mes oreilles.

– Je dois aller au boulot un peu plus tôt pour trier le nouvel arrivage de bouquins. Un bon café et je devrais, je l'espère, tenir le coup.

Passionnée de littérature, Nathalie a la chance de travailler dans une grande bibliothèque. C'est tout ce qu'elle a trouvé pour le moment, mais ne s'en plaint pas le moins du monde.

Elle sort avec mon ami depuis deux ans, l'ayant rencontré à l'université. Ils ont toujours été parfaits ensemble et une complicité étonnante émane encore de ce couple. Je dois avouer que je me surprends à les envier, quelques fois.

– C'est Dorian qui a intérêt à être frais. Il a un rendez-vous à midi pour rencontrer un sportif qu'il devra shooter, ajoute la petite amie de celui-ci.

Je me tourne vers lui.

– Ça ira, tu penses ?

Il me fait un clin d'œil.

– D'ailleurs, Chan, j'ai prêté la voiture à mon frère, tu ne pourrais pas m'y accompagner ? J'en aurai pour une heure maximum.

Je lui adresse un sourire béat.

– Pas de souci, l'ami ! Tout ce que tu voudras.

– J'espère pour toi que Thomas n'est pas réveillé. S'il te voit dans cet état...

Effectivement, je suis bien pompette. Dans une tentative désespérée d'y remédier, Aida me tend un chewing-gum et m'asperge de son parfum Chance, en hommage à mon nom.

***

– Comment peux-tu avoir la gueule de bois après seulement trois verres ? s'exclame Dorian, stupéfait.

– J'ai l'impression d'en avoir bu une dizaine !

Il me propose de le laisser prendre le volant, conscient d'avoir pour ça toute ma gratitude.

Heureusement pour moi, Thomas dormait lorsque je suis rentrée et il est allé petit-déjeuner chez ses parents avant que je ne me réveille.

Je n'arrive pas à comprendre comment Dorian fait pour être aussi frais après cette nuit de folie. L'habitude sans doute... Je me sens misérable, dans mon grand foulard enroulé autour de mon cou, mon gros gilet en laine bleu marine et mon pantalon-jogging de la même couleur. Je n'avais vraiment pas la force de m'apprêter, moi qui suis d'un habituel impeccable. J'ai fait l'impasse sur le maquillage et le peigne, et j'ai attaché mes cheveux pour ne pas ressembler à un soleil sur pattes.

Je suis naturellement châtain clair et bouclée, mais puisque Thomas est fou des blondes aux cheveux raides, je teins mes longs cheveux et les lisse régulièrement. Ça doit bien faire six ans que je n'ai pas vu à quoi ils ressemblaient au naturel. Le petit plus, mes lentilles de couleurs. Mes yeux ont viré du noisette au bleu, afin de correspondre à l'idéal féminin de mon fiancé. Quelle femme attentionnée je fais, n'est-ce pas?

– Il est sportif dans quelle discipline, ton client ? demandé-je à Dorian, alors que nous nous arrêtons devant une petite porte sans prétention.

– C'est un boxeur. Il a abandonné sa carrière en Amérique et se contente de l'Europe, à présent. Je ne sais pas trop pourquoi, il est basé en Belgique, mais c'est justement la raison pour laquelle il donne une interview la semaine prochaine, et je dois m'occuper des photos.

Tiens donc.

Nous pénétrons dans un couloir sombre et défraîchi qui nous amène immédiatement à une salle d'entraînement plutôt spacieuse. L'odeur y est par contre violente, et les phéromones stagnent dans l'air. Autour de nous, des hommes en sueur frappent dans des sacs, font rouler des poires, se mesurent sur le ring central et... une bonne partie de ces mâles s'est tournée vers moi.

– Dorian, tu aurais pu me prévenir qu'on se retrouverait dans ce genre d'endroit... grommelé-je entre mes dents.

Il m'adresse un grand sourire et hausse les sourcils.

– Ça te met dans tous tes états ? me taquine-t-il.

– Arrête de dire des bêtises, je suis affreusement mal à l'aise.

Il glousse et se dirige vers un homme plus âgé que la plupart des sportifs qui nous entourent. Je le suis tant bien que mal, et me retrouve également à serrer la main de cet inconnu.

– Enchanté. Je suis Sergio Morandi, l'agent de Noah Dusselier. Laissez-lui une minute.

Sa poigne est ferme et son regard pétillant.

« Noah Dusselier » ça ne sonne pas très américain, comme nom.

Alors que Dorian échange quelques politesses avec Sergio Morandi, je le vois.

Cet homme, celui de la salle de sport...

Il s'avance vers nous, une serviette autour de la nuque, essuyant la sueur de son visage, la peau luisante d'effort. C'est lorsqu'il n'est qu'à quelques centimètres de nous qu'il m'aperçoit également. Il s'immobilise un moment, avant d'être interpellé par son agent.

– Voici Dorian, le photographe qui s'occupera de ton interview. Et voici...

– ...Chanelle Sanchez, le coupe le jeune homme, un sourire malicieux aux lèvres.

Sergio et Dorian en demeurent stupéfaits.

– Vous vous connaissez ? me demande mon ami.

Abasourdie, je peine à secouer la tête. Mais je ne peux cacher le feu qui me monte aux joues.

– Impossible d'oublier un prénom pareil ! ricane le boxeur.

– Nous nous sommes rencontrés à la salle de sport dans laquelle je travaille pour le moment, ajoute-t-il, pour répondre à Dorian, qui m'interroge du regard.

– Euh... oui, j'affirme d'une toute petite voix.

Dorian éclate de rire.

– Ton nom fait des siennes, une fois de plus, Chan ! Avec ton petit look BCBG, il a dû bien rigoler.

Je me détends et lui envoie un coup dans les côtes.

– Tais-toi donc, Dorian Grey !

– Voici Noah Dusselier, notre champion à nous, poursuit enfin l'agent.

Le sportif nous serre la main et lorsque ses paumes moites entrent en contact avec les miennes, je sens sa poigne se raffermir.

Je n'ose pas lever les yeux, mais j'ai la nette impression qu'il me dévisage intensément.

Mon cœur bat la chamade et je n'entends rien de la conversation entre les trois hommes qui m'entourent. Je n'ai qu'une envie, me barrer d'ici.

–... Très bien, à mardi, alors. Chanelle, enchanté de vous avoir rencontrée. À bientôt peut-être, à l'Ifitness, ajoute-t-il, en me sondant avec ses yeux incroyables.

Alors que je m'affale sur le siège passager en soufflant enfin, Dorian grimpe en face du volant, surexcité.

– Quelle coïncidence !

– De quoi ?

– Eh bien, que vous vous soyez déjà rencontrés.

– S'il travaille dans la salle de sport où je suis inscrite, c'était à prévoir, effectivement.

– En tout cas, tu lui as tapé dans l'œil, m'informe mon ami, amusé.

Il démarre le moteur et je soupire.

– Ça m'étonnerait. Objectivement, tu as vu comment je suis attifée ?

– Comme quelqu'un de normal, Chan. Ce n'est pas parce que tu n'es pas tirée à quatre épingles que tu n'es pas baisable.

Indignée, je lui donne un coup à l'épaule. Il ricane en tentant de rester concentré sur la route.

– Surveille ton langage !

– Je dis la vérité ! Tu es tout à fait...

Je lui assène un nouveau coup.

– Aïe ! Mais qu'est-ce que tu crois ? Un gars comme ça, c'est la manière dont il évalue les femmes qu'il rencontre !

– Je n'ai pas envie de savoir, merci. Ça ne m'intéresse pas.

Dorian ne peut s'empêcher de glousser.

– Ça ne te fait pas plaisir de savoir que des mecs fantasment encore sur toi ? Ce n'est pas parce que tu es casée que tu ne plais pas.

– Non, non. Ça ne me fait pas plaisir de savoir qu'un homme est en train de m'imaginer dans toutes les positions du Kâma-Sûtra.

– Même un mec comme lui ? Allons, il est plutôt beau gosse.

Il est carrément canon!!

– Ouais, même un mec comme lui ! rétorqué-je, sur un ton sans appel.

– Quelle femme fidèle tu fais, répond mon ami, presque admirateur.

Je raconte par message ce que je viens de vivre à Chris, qui m'appelle aussitôt.

– Olala, mais tu comptes faire quoi ?!

C'est à croire qu'il est encore plus excité que moi !

– Je... Eh bien. Rien. Que voudrais-tu que je fasse ?

Silence au bout de la ligne.

– Chris ?

– Pourquoi tu m'emmerdes avec tes messages alors ?

Sidérée, je m'apprête à répondre, lorsqu'il me raccroche au nez.

Outrée par son comportement, je le rappelle immédiatement, mais évidemment, il m'envoie sur sa messagerie. Je vais te tuer, Chris !!

Je reçois ensuite un message.

[Je ne prête mon oreille qu'aux histoires intéressantes. Pour le reste, je t'invite à t'adresser à Aida, elle sera sûrement plus disposée à écouter tes blablas insignifiants.]

Salaud !

Mon reflet dans le miroir me renvoie à mon horrible tête. Ce n'est même pas une question de vêtements, j'ai un teint affreux. Seigneur, Noah m'a vue comme ça ! Impossible qu'il m'ait considérée comme... baisable ! Et j'ai le culot de me sentir déçue à cette idée. Non, mais il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond avec moi !

J'ai promis à Thomas qu'on irait souper chez mes parents. Du coup, je passe la journée à me reposer, en me tenant au courant de l'avancement de la création d'un nouveau fard à paupières Chanilla.

Avant que mon homme ne revienne, je camoufle ma piteuse mine avec ce que je peux de maquillage et me rends présentable pour un souper en famille. Une fois dans la voiture, il ne m'interroge même pas sur la soirée d'hier.

– Mes parents ont demandé après toi, me dit-il sur un ton sévère.

– J'espère que tu leur as passé le bonjour.

– Ils s'inquiètent du fait que tu aurais une dent contre eux.

Je me retourne vers lui, indignée.

– Une dent contre eux ? Mais enfin, qu'est-ce qui a bien pu leur mettre cette idée dans la tête ?

Il soupire.

– Tu sais, la dernière fois, lorsqu'ils ont critiqué le fait que tu ne passais pas assez de temps à la maison. Ils se sont rendu compte qu'ils y ont été un peu fort, et ton absence aujourd'hui leur a laissé penser tu leur en voulais.

Tiens donc, ils ne sont peut-être pas si bêtes que ça, finalement !

– Je ne leur en veux pas du tout, nous n'avons simplement pas la même vision des choses, mens-je.

– Ils savent que j'ai la même façon de penser qu'eux et s'inquiètent pour moi. Ils ont l'impression que tu me délaisses.

– J'espère que tu les as convaincus que ce n'était pas le cas ! rétorqué-je, légèrement agacée, me doutant de sa réponse.

– Ce n'est pas comme si j'avais des arguments en béton à leur présenter.

Si nous continuons sur cette piste, je sens que je vais exploser... Je prends une profonde inspiration et pense à quelque chose d'autre, n'importe quoi.

Noah... Ah, sexy Noah... Ses yeux de folie, son visage à se damner, son corps... de diable...

Zut ! Je ne parviens pas à me calmer, ma tension est encore plus élevée à présent !

Noah, le mauvais plan...

Nous arrivons enfin devant chez mes parents. C'est ma petite sœur, Chloé, qui nous ouvre la porte. Elle m'adresse un grand sourire et je la gratifie d'un clin d'œil, alors qu'elle nous mène jusqu'au salon, où le reste de ma petite famille est réunie. Ma mère m'accueille à bras ouverts et mon père semble heureux de me voir. Bien sûr, leurs visages s'illuminent davantage lorsqu'ils saluent Thomas.

Leur intérieur ne paye pas de mine, mais il est chaleureux. C'est la maison qui m'a vue grandir, près de la place Flagey. Le quartier animé de mon enfance, ce quartier où j'ai fabriqué une multitude de souvenirs heureux, comme ces soirs où je prenais ma sœur avec moi et que nous nous amusions à tourner en rond à vélo autour de la place. Comme ces fois où j'essayais d'attraper les canards qui s'enfuyaient perpétuellement sur les eaux dormantes des étangs reposants sous les saules pleureurs, qui rendaient le paysage quelque peu mélancolique. Bref, une succession de souvenirs agréables, jusqu'à ce fameux jour où la vérité a éclaté...

Ça faisait plus d'un mois que je n'avais pas vu mes parents. Depuis que je m'occupe de Chanilla, je n'ai même plus le temps de venir pour prendre de leurs nouvelles et en suis profondément attristée. Les seules fois où je passe du temps avec eux, je suis accompagnée de Thomas, qui adore me coller aux basques pour se sentir adulé par les miens, ce qui rend les retrouvailles beaucoup moins intimes.

Ma mère, Hélène, a pris un coup de vieux, je peux le voir aux rides qui entourent ses petits yeux noisette dont j'ai hérité. Elle a les cheveux châtains et les yeux de la même couleur, ce qui donne un très joli résultat. J'ai également hérité de sa petite taille, elle ne doit pas dépasser le mètre soixante. Mon père, Eduardo, est d'origine espagnole. Il est clair de peau, mais ses cheveux foncés lui retombent sur le visage avec de belles ondulations. Il n'est pas très costaud, mais son caractère bien trempé en a intimidé plus d'un, aussi loin que je me souvienne.

Chloé est ma petite sœur... Enfin, ma demi-sœur. J'avais trois ans lorsque ma mère a commis un écart ; ça n'allait plus vraiment avec mon père. Cela ne fût qu'un moment de faiblesse similaire à tous ceux que rencontrent les vieux couples, elle a craqué pour un bellâtre russe, un touriste visitant la capitale de l'Europe. Apparemment, il voulait en visiter les moindres tréfonds... Elle est tombée enceinte et a tout avoué à mon père, qui, avec la plus grande des sagesses, lui a pardonné son infidélité et a élevé cet enfant comme sa chair et son sang. La partie la plus compliquée a été lorsque Chloé, à l'âge de quatorze ans, a découvert le pot aux roses. Comment ? Je ne l'ai jamais su... Pleine de colère, elle a exigé de rencontrer son père, et lorsqu'ils sont parvenus à le retrouver, il leur a été très douloureux d'avouer à Chloé qu'il ne voulait rien avoir à faire avec elle. De ça a découlé une adolescence difficile, des crises d'anorexie, une tentative de suicide... Ça fait seulement trois ans qu'elle a fait la paix avec mes parents et surtout, avec elle-même, j'en suis profondément soulagée.

Pour ma part, j'ai toujours veillé sur elle, avoir quitté le cocon familial n'y a absolument rien changé. J'allais la voir presque tous les jours, lui remontais le moral lorsqu'il était au plus bas et tentais d'apaiser les tensions entre elle et mes parents. C'est pour cette raison que nous sommes si proches l'une de l'autre. Je suis sa sœur, son amie et presque une deuxième mère pour elle, malgré la faible différence d'âge qui nous sépare.

Ces derniers temps, avec mon boulot qui me prend tout mon temps, je n'ai plus eu l'occasion de la voir aussi souvent que je l'aurais voulu.

Nous passons à table et comme d'habitude, Thomas monopolise la conversation. Mes parents sont en adoration devant leur gendre idéal, et ne comprennent pas pourquoi je ne me décide pas à lui passer la corde au cou. Car lorsque nous sommes chez eux, il devient subitement très tactile, ne cesse de me prendre dans ses bras, me caresser la main, me lance des petits sourires à la dérobée, mais une fois passé le seuil de la porte, il redevient ce glaçon qu'il est en réalité. Le vrai Thomas ! Je me ris de ce ridicule spectacle, mais au fond, j'apprécie beaucoup ses petites attentions et tente pathétiquement de me convaincre qu'il en est de même pour lui.

Ce soir, il est de bonne humeur. Autant d'attention et de compliments de la part de mes parents l'ont ragaillardi. Alors que je suis déjà couchée dans le lit, il se glisse derrière moi et m'enlace de ses bras. Je soupire intérieurement. Ses mains me caressent ensuite les hanches, pour remonter jusque ma taille. Son souffle derrière mon oreille se fait plus saccadé. Comme à son habitude, il glisse ses mains sous mon pyjama et se met à me malaxer la poitrine comme s'il s'agissait de deux vulgaires boules antistress. Une fois qu'il est assez excité, il la glisse sous ma petite culotte. Exaspérée, je la retire, et en un mouvement cambrant ma croupe contre son sexe, m'enfourche soudainement sur lui.

Merci Seigneur de m'avoir faite femme ! Il m'est facile de feindre l'excitation. Je halète bruyamment jusqu'à ce qu'il jouisse, puis me retire délicatement.

Rien de nouveau sous le soleil.


Aida et Chris en média*

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Coucou à vous, Ô lecteurs! Nous voilà à la fin du premier chapitre, on découvre ici la famille et les amis de Chan, et surtout...son incroyable fiancé. Parce qu'il est incroyable, n'est-ce pas ? :D je sens toute cette haine déversée à mesure que vous le découvrez, et vous n'avez pas fini d'être furax ;)

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