4.2
J'avais merdé.
Oui, encore.
Cependant, cette fois, ce n'était pas avec Taehyung. J'avais déjà rempli mon quota de conneries avec lui pour l'année.
Non, cette fois-ci, c'est avec Jimin que j'avais fait de la merde. Je lui avais proposé de passer la soirée avec moi après sa réunion, sauf qu'entre-temps, j'avais promis à Taehyung de l'accompagner boire un verre le même soir.
Et c'est seulement maintenant que je me retrouvais à marcher à ses côtés dans les rues de Séoul, que je prenais conscience de la connerie que je venais de faire. Jimin allait me détester. J'avais bien vu son regard à la sortie de la réunion, lorsqu'il avait vu Taehyung se diriger directement vers moi. Et moi, comme un con, j'avais suivi l'acteur.
Il allait falloir que je m'excuse.
Je lâchais un petit soupir en enfouissant mes mains dans les poches de mon hoodie noir, l'air commençant à se rafraîchir.
Pourquoi je me mettais tout le temps dans la merde comme ça ?
C'était pénible à la longue !
« Tu vas bien ? » fit la voix de Taehyung à côté de moi, me sortant de mes pensées.
- Euh, ouais, pourquoi ça n'irait pas ?
- Je sais pas, tu viens de soupirer.
- C'était pas un soupir, c'était une respiration. Une expiration pour être plus précis.
- Allons bon. »
L'acteur leva les yeux aux ciel, un petit sourire amusé aux lèvres. C'était étrange cette façon qu'il avait de sembler content de toutes les phrases que je disais. Même quand je tentais de l'envoyer chier, il affichait le même air mi-moqueur mi-heureux. J'aurais bien aimé savoir ce qui se passait dans sa tête, honnêtement.
« C'est encore loin ? » demandai-je finalement en faisant référence au café où il voulait m'amener.
- Pourquoi ? T'es fatigué ?
- Ouais.
- Ça fait que dix minutes qu'on marche, Kook.
- Dix minutes c'est beaucoup. »
Bon, j'exagérais peut-être un peu, mais je n'avais pas envie de parcourir la ville à pied pour aller dans un bar alors qu'il y en avait plein d'autres autour. Tout de même.
Il pouffa légèrement, et rétorqua :
« T'es vraiment un enfant. »
Gneugneugneugneugneugneu.
Il devrait sérieusement songer à renouveler ses phrases, il commençait à se répéter. Quand je bois du chocolat chaud, je suis un enfant, quand je regarde Les Mystérieuses Cités d'Or, je suis un enfant, quand je fais des blagues drôles, je suis un enfant... Je commençais à avoir compris maintenant.
Je gonflai un peu les joues, mécontent, mais ne répondis néanmoins rien. De toute manière, quoi que je dise, il ne ferait que se foutre un peu plus de ma gueule.
Mon regard s'attarda sur la devanture d'un petit café, et je proposai en ralentissant :
« Au pire, on a qu'à aller là. Y a l'air de pas avoir grand monde.
- Non, le bar où je veux t'emmener n'est pas loin.
- Combien de temps ?
- Hm ?
- Quand tu dis "pas loin", c'est à combien de temps de marche ? » réitérai-je sous son regard interrogatif.
- Oh, une petite dizaine de minutes. »
Pas loin mes fesses, oui.
« C'est long.
- Non.
- Si.
- Bah tant pis alors, ça te musclera un peu le cul. »
... Quoi ?
Je pinçai mes lèvres, sentant mes joues chauffer légèrement sous sa remarque. Il sous-entendait quoi, là...?
« Euh. » commençai-je sans réfléchir. « Il est très beau mon cul d'abord. »
J'eus immédiatement envie de me tarter alors qu'il lâchait un petit rire, l'air amusé. Si j'avais réussi à retenir mes rougeurs jusque-là, sa prochaine remarque eut le don de réduire à néant tous ces efforts :
« Ah, mais j'ai jamais dit le contraire. »
Ok, donc. On récapitule. Taehyung vient délibérément de sous-entendre, devant moi, qu'il trouve que j'ai des belles fesses.
On fuit quand ?
Ma grimace ne passa pas inaperçue à son regard, et après un ( énième ) rire moqueur, il lâcha simplement :
« Tu verras, là où on va, ils font les meilleurs chocolats chauds de toute la ville. Tu vas adorer. »
Y avait intérêt...
________
Finalement, on était même pas allés au café proposé. Quand on était arrivés devant, il y avait un monde tel que Taehyung avait préféré rebrousser chemin et trouver un autre coin plus tranquille, loin de tous les regards curieux et admiratifs. Et oui, c'est ça d'être une célébrité mon coco.
J'avais hésité à taper un scandale pour les pauvres calories que j'avais dépensées pour rien, mais finalement, la suite en valait la peine.
Nous étions actuellement posés à l'intérieur d'un vieux café désert, ce qui était parfaitement compréhensible au vu des boissons abjectes qu'on nous avait servies. Rien que l'odeur nous avait fait grimacer, et j'avais bien ri face à l'air dépité de Taehyung. Il était loin, le meilleur chocolat chaud de Séoul.
« Franchement Kook » commença l'acteur avec une mine désabusée, « Je comprendrais si tu veux partir. Je suis désolé, je ne voyais pas du tout notre soirée comme ça. C'est immonde. »
Je ris légèrement face à sa remarque, et touillai mon eau parfumée au chocolat périmé devant lui.
« Immonde, immonde... T'abuses. Ça aurait pu être pire !
- Du genre ?
- Du genre comme t'es trop con pour porter ton masque dans la rue, un fan hardcore aurait pu nous repérer, nous kidnapper, nous séquestrer, et nous forcer à manger des choux de bruxelles jusqu'à notre mort ! »
L'acteur pouffa. Il délaissa définitivement son café puant pour reposer son regard sur moi, avant de s'amuser :
« J'avais presque oublié à quel point tu as une imagination débordante. C'est vrai que c'est super crédible comme scénario.
- T'as vu ça ? » rétorquai-je fièrement. « Quand je serai un grand réalisateur j'en ferai un film tellement ouf qu'il sera le premier film coréen à gagner la Palme d'or du cinéma.
- T'oublies Parasite.
- Paraquoi ? Parachute ? Paravoile ? Connais pas.
- T'es con. »
Il rit, et je m'étonnai moi-même de l'aisance avec laquelle je lui avais répondu. Habituellement, quand je déconnais de la sorte, c'était avec tout le monde sauf lui. Lui, il était intimidant, il faisait peur, il tentait de me draguer de manière peu subtile, et il buvait des boissons infectes que seuls les adultes boivent pour montrer "regardez comme je suis grand et mature, respectez-moi bande de sous-êtres".
Et pourtant, c'était sorti tout seul.
C'est marrant quand même.
Il s'adossa confortablement contre le dossier de sa chaise, puis demanda en souriant :
« Tu veux faire réalisateur du coup ? Vous essayez quoi avec ton pote Jimin au juste, de recopier le parcours éblouissant de Yoongi et moi ?
- Ça va les chevilles ?
- Elles rentrent toujours dans mes chaussures, donc j'imagine que oui, ça va. »
Il était bête. Presque aussi bête que moi. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il avait l'air fier de sa réponse, et que j'étais en train de rire moi aussi. À croire que les nombreuses conversations par sms que nous avions eues rendaient les discussions plus faciles.
Je levai les yeux au ciel pour faire genre j'étais viril, puis rétorquai simplement :
« Non, plus sérieusement, pas du tout. Le prends pas mal, hein, mais le domaine du cinéma ne m'intéresse pas plus que ça.
- Je vois. Et tu veux faire quoi après le lycée, du coup ? »
Sa question me laissa dubitatif un moment. C'était la première fois qu'une personne étrangère à ma famille me la posait en ayant réellement l'air d'en avoir quelque chose à foutre.
J'haussai les épaules, tentant d'avoir l'air indifférent.
« Je ne sais pas, et de toute façon, vu ma moyenne, je ne risque pas d'aller vers un métier glorieux.
- T'entends quoi par "un métier glorieux" ?
- Bah, je sais pas, un vrai métier quoi. »
Taehyung fronça les sourcils. Il me jaugea d'un air désapprobateur, et répondit d'un ton sérieux :
« Ça n'existe pas, les faux métiers. Je sais que certains sont très souvent mis sur un piédestal par rapport à d'autres, mais ça ne les rend pas meilleurs.
- Ça, c'est toi qui le dis...
- Je suis sérieux, Jungkook. L'essentiel c'est de faire ce qui te plaît. »
Est-ce que j'avais signé pour un rendez-vous avec un conseiller d'orientation ? Apparemment. La soirée allait être longue.
Je claquai ma langue contre mon palais, légèrement agacé. J'avais tout, mais vraiment tout sauf envie de parler de ça. Le lycée et mes parents me rabâchaient déjà bien assez qu'il fallait que je me reprenne en main pour espérer avoir un avenir convenable.
« Tu dis ça parce que tu ne sais pas ce qui me plaît. » rétorquai-je, irrité. « Sinon tu tiendrais un discours tout autre, crois-moi.
- Ah oui ? » Il haussa un sourcil, m'incitant à continuer. « Alors, dis-moi, qu'est-ce que t'aimes faire ? »
Je me renfrognai un peu. Décidément, il ne semblait pas prêt à lâcher l'affaire. Pourquoi on ne pouvait pas avoir des conversations normales de deux personnes qui se rencontrent presque une première fois pour parler de la pluie et du beau temps ? Si j'avais su, je n'aurais pas lâché lâchement Jimin pour partir avec lui.
« J'aime la photographie. » cinglai-je. « J'aime prendre des photos de tout et n'importe quoi, que les gens regardent à peine parce qu'ils en voient quand ils veulent sur internet. J'aime dessiner des petits bonhommes stupides dans les marges de mes cahiers et les faire faire des commentaires complètement cons sur le cours, ou même se moquer des profs. J'aime jouer aux jeux vidéos jusqu'à pas d'heure même si je dois aller au lycée le lendemain, parce que de toute façon je capte pas un mot au charabia qu'on nous apprend. Tu vas me dire que j'ai un avenir, avec ça ? »
Un court silence s'installa. J'étais presque prêt à partir, voyant qu'il ne restait plus rien de la bonne ambiance du début et que l'acteur face à moi m'observait sans rien dire, connaissant de toute manière parfaitement bien sa réponse future. Mais ça, c'était sans compter sur sa voix qui s'éleva finalement, simple et claire :
« Oui. »
Je le regardai d'un air décontenancé, cherchant dans son attitude la moindre trace d'hypocrisie ou de mensonge, mais je n'en trouvai pas.
« Je ne vois pas pourquoi tu ne réussirais pas dans la vie avec ça, comme tu dis. » reprit-il en croisant les bras. « Tu as des passions, et si c'est un rêve pour toi de devenir photographe ou dessinateur, fonce. Tu n'as pas à te conformer dans le moule que nous montre la société, il y a plein d'autres routes pour réussir. Et tant pis si on pointe du doigt ton métier comme un mauvais métier, ou qu'il ne te rapporte pas grand chose, réussir sa vie c'est avant tout être heureux. »
Je crois que même si je ne voulais pas l'admettre, ses mots me touchèrent en plein cœur. C'était différent, ô combien différent de tous les discours que me tenaient mes profs au quotidien, à un tel point que je me demandais quel type d'adulte était Taehyung pour me dire un truc pareil. Jamais on ne m'avait pris au sérieux quand j'avais partagé mon amour pour la photographie. Jamais on ne m'avait proposé d'en faire un avenir.
Et là, on m'encourageait à aller dans ce sens ?
Je ne savais même pas quoi répondre. J'avais l'impression d'avoir mal entendu.
Je déglutis légèrement, presque mal à l'aise, et marmonnai en triturant mon chocolat :
« C'est pas ce que disent mes profs...
- Et est-ce qu'il y a marqué "voix de la vérité" sur leurs fronts ?
- Euh non. Et sur le tien non plus. » ne pus-je m'empêcher de rajouter.
Il pouffa un peu, l'air mi-exaspéré mi-amusé.
« Peut-être, mais de mon point de vue, il n'y a pas de "mauvaise voie". Tu sais, si j'avais écouté mes parents, je serais médecin à l'heure qu'il est. Ou du moins, » corrigea-t-il. « Le nez plongé dans des bouquins d'anatomie ou de biologie pour en devenir un. J'ai cru que je leur avais annoncé la fin du monde quand je leur ai dit que je voulais faire du cinéma. Et pourtant. » fit-il en ouvrant les bras. « Me voilà là.
- Dans un vieux café moisi, tu veux dire ?
- Jungkook, tu casses les couilles. J'essaye d'être sérieux et de t'aider là. »
Son regard blasé m'arracha un sourire, et je me redressai convenablement contre mon dossier.
J'avais beau être un peu mal à l'aise de parler de mon avenir avec Taehyung, je devais bien admettre que finalement, ses mots étaient plutôt réconfortants. Pas que j'allais me lancer tête baissée dans mes passions - je ne savais même pas si je voulais en faire des métiers -, mais au moins, dans son discours, j'entendais de l'espoir. Un avenir.
Et ça, je crois bien que ça me touchait.
« C'est gentil. » lâchai-je finalement. « Mais tu sais, j'ai déjà fait mes vœux pour l'année prochaine. Et puis de toute façon, je verrai bien.
- Et tu as postulé où du coup ?
- Mon dieu, est-ce qu'on peut arrêter de parler de mon avenir cinq minutes ?
- Ok, je mets le chrono. » Il trifouilla sa montre, et rajouta. « On en reparle quand ça bipe.
- Tu m'énerves. »
Pour toute réponse, il m'adressa un magnifique sourire tête à claque, et je m'empressai de changer de sujet avant qu'il ne reparte dans son interrogatoire de conseiller d'orientation :
« Et au fait, la réunion aujourd'hui ?
- Hm ?
- Elle s'est bien passée ?
- Ouais, ça va.
- T'as été gentil avec Jimin ?
- T'es son daron ou quoi ?
- Non, juste son meilleur ami. »
Il haussa les épaules d'un air détaché, puis répondit simplement :
« On n'a pas vraiment parlé.
- Tu l'as ignoré ?
- Pas spécialement.
- Pas spécialement oui ou pas spécialement non ? » insistai-je
- Jungkook, t'es chiant là.
- Réponds. »
L'acteur face à moi soupira, et attrapa sa tasse froide pour vraisemblablement éviter la conversation, la portant à ses lèvres. Et croyez-moi, pour rien au monde je n'aurais manqué sa grimace lorsqu'il laissa glisser le liquide infect dans sa bouche.
Il était tout moche, c'était si beau.
Il recracha limite ce qu'il avait avalé, et reposa ( pour ne pas dire balança ) brutalement sa boisson sur la table qui s'en retrouva éclaboussée.
« Ah putain c'est vraiment dégueu ! » s'exclama-t-il en s'aérant inutilement la langue. « Ils ont mis quoi dans leur café, des rats crevés ?! »
Et moi, face à ce spectacle, j'éclatai littéralement de rire, ne me gênant pas pour me foutre ouvertement de sa gueule.
Attendez, pour une fois que c'est ça et pas l'inverse.
Autant profiter.
______
Il y avait quelque chose de différent, chez Taehyung. Un petit je ne sais quoi qui me faisait sourire comme un con lorsqu'il se mettait à rire, un truc indéfinissable qui faisait que je ne voyais pas le temps passer.
On avait pas mal discuté. De lui, de moi, de Pokémon, et du fait que la météo avait dit qu'il n'allait pas pleuvoir alors qu'en plein milieu de la soirée, une énorme averse s'était abattue sur nous. Quel scandale, d'ailleurs.
Et finalement, quand j'étais rentré chez moi après 21h, tout trempé et tout fatigué, j'avais presque eu l'impression de n'avoir passé que trente minutes avec lui. Comme si on avait pas papoté pendant des heures dans un vieux café désert et dégueu.
Résultat : je m'étais pris un savon par mon père qui s'inquiétait de ne pas me voir arriver, Jimin me faisait la gueule, j'avais probablement chopé un rhume et une indigestion alimentaire ; mais malgré tout, j'étais plutôt heureux.
À croire que finalement, voir Taehyung n'était peut-être pas si désagréable que ça.
_____oOo_____
Voilà la suite !
Ca fait déjà deux semaines que j'ai posté le chapitre précédent, mais j'avais l'impression que ça ne faisait que cinq jours, je suis désolée :')
Je n'ai tout de même pas chaumé en attendant : j'ai posté un nouvel OS ! :D
Un petit namkook pour la saint valentin, parce que même si personne aime le namkook, moi j'aime le namkook :D
Bref, allez lire si ça vous donne envie, ça me ferai plaisir ;)
Sinon, ce chapitre ? Il vous a plut ? :3
Vous en pensez quoi là, de la relation taekook ?
Le prochain sera à nouveau SMS, donc théoriquement à l'heure !
Merci de me lire, prenez soin de vous et à mercredi du coup ! ;))
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