Le jeudi dix-sept mars, Jihoon se sentait vidé de toute forme de vie et de joie.

Il ne savait pas pourquoi il était revenu ici, dans cet endroit lugubre qui ressemblait fortement à une copie conforme de l'enfer. Une torture perpétuelle où même après avoir dorénavant été considéré comme un mort-vivant, vous continuez de travailler.

Même les morts n'avaient pas la liberté qu'ils espéraient.

Jihoon n'aimait rien ici.

Il n'aimait ni l'endroit, ni son bureau, ni son espace de travail, ni l'ambiance malsaine et hypocrite qui régnait ici, et encore moins ses collègues.

Dans cet endroit, il n'avait pas d'intimité ni de calme, il y avait toujours un boucan pas possible, des gens qu'il ne supportait pas et qu'il avait de tuer pour les faire taire et ça puait toujours le mensonge, l'hypocrisie et l'amertume.

Ici, il ne pouvait pas écrire ses sentiments et les ranger dans son bureau comme il le faisait auparavant dans son bureau personnel sans avoir peur que ses collègues ne le découvrent et surtout, il était seul.

Il était tout seul sans personne pour égayer son quotidien.

Personne pour qui discuter et parler, personne qu'il appréciait ou avec qui il s'entendait bien.

Aussi, pourquoi il irait faire ami-ami avec des personnes qui voulaient secrètement lui voler sa place, qui pourraient tout faire pour le désister de son poste et pour le faire dégager de son rang de privilégié ? Il savait bien qu'il était vain de vouloir créer toute forme de relation personnelle ici, c'était seulement une question de pouvoir.

Il n'y avait personne.

Pas de Seungcheol, pas de Vernon, pas de Minghao...

Pas de Soonyoung.

Dans l'instant présent, il se tenait debout derrière son bureau, le fixant amèrement.

Il n'aimait pas se dire qu'il allait devoir se forcer à revenir à son quotidien d'avant à travailler toute la journée, ne s'accordant que peu de repos et cela, chaque jour, pour noyer un peu plus sa peine.

Son patron lui avait dit de prendre un jour pour lui avant de revenir, qu'au lieu de commencer à travailler à son bureau ce jour-là, il devait commencer le lendemain. Jihoon avait remercié son supérieur d'avoir eu cette attention envers lui, il était reconnaissant mais il n'en voulait pas de cette journée d'adaptation à son ancienne vie. Il voulait directement se plonger dans son travail pour oublier et ne pas se tourmenter avec plus de questions sans réponses.

Mais il ne pouvait qu'accepter, cela aurait été impoli de refuser une telle gentillesse venant d'un vampire, surtout quand son patron l'appréciait énormément pour sa dévotion envers son travail.

Le brun soupira, ne sachant pas quoi faire de plus que fixer son bureau dans l'attente que la nuit éternelle de son monde vienne lui porter conseil.

- Oh, Jihoon ?

L'appelé releva la tête vers le blond qui venait de lui adresser la parole.

- Je ne savais pas que tu étais descendu dans notre monde. Constata-t-il d'une voix chaleureuse et d'un sourire accueillant. Tu as finalement quitté le monde des mortels ?

- Il semblerait bien...

Il avait répondu d'une voix monotone et sans passion, étant forcé de s'avouer la triste vérité qui venait de rythmer à nouveau sa vie.

Son aîné devant lui était d'autant plus souriant, un peu attristé de voir que son vis-à-vis avait l'air décidément bien déprimé de revenir parmi eux.

- Je ne savais pas que tu reprenais du service en présentiel, toi qui avait l'habitude de préférer le monde mortel.

- Mh...

Jihoon savait bien que son aîné ne lui disait pas ça pour l'embêter, il s'était lui-même surpris d'avoir pris cette décision de son plein gré. C'était étonnant de le revoir descendre ici alors qu'il s'était habitué et aimait beaucoup plus la vie à la surface plutôt qu'ici, dans un endroit vide de vie.

Le plus âgé se sentait peiné pour le brun qui semblait être totalement déconnecté de la réalité. Il était dépité et même un aveugle pourrait le constater.

Il prit un petit sourire coupable, avant de rétorquer.

- Bon retour parmi nous, en tout cas. Jihoon leva légèrement les yeux vers lui en entendant son ton adoucit. Tu peux nous solliciter si tu as besoin de quoi que ce soit.

- Merci Junmyeon, c'est gentil...

Ledit Junmyeon lui confia un sourire tendre mais sincère avant de parcourir les différents bureaux avec ses papiers sous le bras et de retrouver sa place pour continuer son travail.

Cette simple phrase avait fait esquisser un petit sourire sur le visage de Jihoon, se disant qu'il y avait au moins une personne qui était heureuse de le voir revenir.

En déposant à nouveau son regard sur son bureau, il se dit que Junmyeon n'était pas le seul qui était égaillé à l'idée de le voir revenir.

Alors qu'il saisit la lettre blanche qui avait été déposée quelques jours avant son retour, Jihoon entendit quelqu'un courir en sa direction.

C'était un homme aux cheveux noirs mi-longs légèrement bouclés et qui portait des lunettes rondes sur le bout de son nez.

- Jihoon !! S'écria celui-ci, le visage enjoué en voyant son supérieur qu'il considérait comme un ami. C'est génial que tu reviennes !

- Tu trouves ? Riota le brun en voyant que ses autres collègues de travail étaient peu enchantés qu'il ne revienne parmi eux.

- Évidemment ! S'exclama le noiraud en souriant fièrement. Combien de temps comptes-tu rester avec nous ?

- J'en sais rien.

Jihoon ne savait pas comment répondre à cette question.

Il ne savait pas si Haoyu lui demandait ça pour savoir combien de temps il avait pouvoir profiter de la présence de son supérieur ou si c'était pour pouvoir compter pendant combien de temps son supérieur allait monopoliser l'attention et les éloges de leur patron.

Car même si Haoyu l'appréciait, ce n'était pas compliqué de savoir combien il voulait prendre sa place.

Jihoon n'était pas idiot, du moins pas à ce point.

Personne n'était sincère ici, c'était juste une compétition pour être dans les bonnes grâces du patron et du cercle du ministère.

Et pour l'instant, c'était Jihoon qui détenait ce poste.

Et il comptait bien faire en sorte que ces petits merdeux comprennent que ça allait être ainsi durant des années, voire des siècles.

Il n'allait pas se laisser faire par une bande de vampires prétentieux et insensibles lui prendre la place pour laquelle il avait tant travaillé et souffert.

En parlant de ses collègues, depuis que Haoyu avait beuglé sa joie concernant sa soi-disant joie de revoir Jihoon, ils s'étaient tous tournés vers eux pour voir la scène qui avait les divertir pendant la première fois de la journée.

Le plus petit soupira, ne supportant pas d'être regardé et épié de cette manière comme s'il n'était rien d'autre qu'une bête de cirque. Et ce simple soupir fit tourner les têtes du reste de la salle qui avait compris qu'ils feraient mieux pour leur emploi et leur réputation de se remettre au travail sans énerver leur supérieur davantage.

Ce dernier s'assit sur sa chaise de bureau et entremêla ses doigts avant de reposer son regard sérieux sur le visage du noiraud devant lui qui s'était lui aussi directement calmé.

- Haoyu, j'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi.

Alors que le concerné allait demander quelle était la requête de Jihoon, celui-ci lui fit signe de venir plus près de lui pour que personne ne puisse savoir ce qu'il désirait faire faire à son collègue.

Une fois que le brun avait expliqué et indiqué ce qu'il voulait que le plus vieux exécute pour lui, ce dernier revint en face du bureau du plus jeune, un peu déconcerté de ce qu'il venait de lui demander de faire.

Gêné, il ne savait pas comment il allait expliquer son malaise à son supérieur qui attendait sa réponse, se demandant ce qui lui prenait tant de temps.

- Euh, Jihoon... Il eut un rictus gêné, son pou devenant plus rapide quand il dû imposer son avis. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée...

Jihoon sourit bêtement, en fermant les yeux d'agacement.

Il s'attendait à cette réponse venant d'un vampire comme Haoyu qui n'allait jamais dans le monde des mortels. Mais c'était sa seule solution et personne d'autre que lui ne pouvait exécuter cette tâche.

Enfin, disons plutôt que c'était le moins pire de ses collègues auxquels il pouvait faire confiance.

Il soupira, presque amusé de la tournure de la situation.

- Et si je triple ta paie des trois prochains mois ? Proposa-t-il d'un sourire conciliant mais ne manquant pas de jugement.

Haoyu ouvrit la bouche pour protester et appuyer sur le fait qu'il ne voulait pas faire ce genre de choses pour Jihoon mais il se tut au dernier moment, se disant que finalement, la proposition de son cadet était très avantageuse pour lui.

Il inspira d'hésitation, se laissant conquérir par son avarice, faisant sourire le brun qui ne s'attendait pas à mieux de la part d'un homme si avide de richesse comme lui.

Alors, il prit une feuille de papier sur lesquelles il indiqua et précisa toutes les choses que le noiraud devra faire durant son passage dans le monde d'en haut, quelques conseils sur les mortels et surtout, les informations dont il aurait besoin et en lui précisant de ne pas faire de mal à ses amis sous aucun prétexte s'il ne voulait pas finir en nourriture pour les chiens vampires du patron.

Une fois qu'il eut fini d'annoter la feuille de diverses conditions et indications, il la tendit à Haoyu qui la prit, toujours peu rassuré à l'idée de savoir ce qu'il allait devoir faire pour son cadet en échange d'une paie trois fois plus grosse...

Il avait lu tout ce qu'il avait écrit sur cette feuille et pour être honnête, il se disait que Jihoon était totalement fou pour tant se préoccuper de telles créatures alors que s'il le voulait, il pourrait devenir bien plus puissant qu'il ne l'est déjà et ce n'était pas une question de position sociale.

Gâcher un tel potentiel était tout bonnement honteux.

Il soupira, hochant la tête pour montrer qu'il était d'accord et qu'il acceptait d'aider le plus petit qui sourit doucement, satisfait d'avoir obtenu ce qu'il voulait.

Le noiraud s'inclina devant lui avant de repartir.

Néanmoins, avant de finalement retourner à sa place, après avoir fait deux pas, Haoyu se mordit la lèvre en s'arrêtant.

Il serra le plastique de sa pochette, ne sachant pas s'il était assez courageux pour essayer de donner un conseil à Jihoon, surtout sur ce sujet si sensible pour lui.

Mais il ne pouvait pas se terrer indéfiniment dans son passé, il allait devoir un jour s'en séparer et apprendre à vivre sans en faisant de sa propre existence une priorité, comme tout bon vampire ayant été créé se devait de faire.

Avec toute la bravoure et l'audace qu'il possédait, il se retourna vers Jihoon qui était en train de trifouiller cette enveloppe qu'il y avait sur son bureau, en sortant une feuille manuscrite à la main d'une belle écriture à l'encre noire.

D'une voix se voulant assurée, il interpella le brun.

- Jihoon ?

- Mh ?

Il ne sut continuer ses propos, se demandant comment son interlocuteur allait le prendre.

Celui-ci leva les yeux vers lui après quelques secondes de blanc. Qu'est-ce qu'il lui prenait autant de temps ?

En voyant qu'il avait toute son attention, le noiraud sortit ces mots comme si c'était la chose la plus simple à dire au monde.

Depuis qu'il connaissait Jihoon, Haoyu savait bien qu'il n'y avait qu'une unique raison pour laquelle il retournerait vivre avec eux sous terre.

C'était pour la même raison, à chaque fois et il n'y avait aucun doute sur ça.

- Ta mère est décédée depuis des années, il serait peut-être temps de tourner la page, tu crois pas ?

L'espace de bureau fut vidé de bruit en entendant quels mots venait de prononcer Haoyu.

Les autres le regardaient, se demandant comment il allait finir ses jours.

Ils se demandaient ce qu'il lui avait pris, est-ce qu'il était devenu complètement fou ?

Ils lui avaient déjà dit adieu, il venait de signer son arrêt de mort.

Le noiraud tremblait de peur, son corps s'était engourdi de culpabilité et de terreur quand il avait vu les yeux et l'expression de son interlocuteur se noircir de haine à son égard.

Pourquoi il avait dit ça ? Il ne comprenait pas pourquoi il avait pensé que Jihoon aurait pu bien le prendre quand c'était le seul sujet dont il ne fallait pas parler avec lui.

Il se recula doucement quand le brun le fixa du regard, son expression était relativement calme mais peinte d'une haine démesurée.

Il n'eut pas le temps de courir à toute vitesse que le brun venait de lui agripper la gorge.

- Je te demande pardon ? Demanda-t-il d'un ton se voulant moqueur alors qu'au fond, il voulait juste exposer Haoyu au soleil pour le punir de son affront.

- N-Non m-mais je veux juste dire qu'il faudrait que tu cesses de te torturer à ce point, c'est tout !

Tout le monde était pétrifié de peur pour le noiraud qui tentait tant bien que mal de faire relâcher la poigne de Jihoon autour de son cou.

Mais personne n'osait s'interposer entre eux deux, ça ne servirait à rien excepté risquer sa vie pour rien et énerver le plus petit d'avantage.

De toute façon, Haoyu ne méritait ce qu'il venait oser de faire. Personne de mentalement sain et censé n'aurait jamais parler de ça à leur supérieur et encore moins avec un ton aussi condescendant.

- Haoyu, quand on n'a jamais souffert dans sa vie, on ferme sa gueule sur la souffrance des autres. Le reprit-il agressivement en le lançant violemment au sol qui se brisa légèrement sous la force exercée, alors qu'un gémissement douloureux sortit de la bouche du plus grand.

Celui-ci n'eut même pas le temps de souffrir assez qu'il se fit agripper par les cheveux par un Jihoon totalement fou de rage qui l'envoya valser contre le mur de gauche en y mettant toute sa force.

On put entendre le cri de douleur que le noiraud émana en sentant sa colonne vertébrale être presque broyée contre le mur contre lequel il fut projeté avant de tomber au sol sans pouvoir faire autre chose que gémir de douleur et se concentrer sur sa guérison.

Haoyu ne pouvait pas en vouloir à Jihoon, tout était de sa faute et de toute façon, tout le monde était prêt à témoigner pour lui en disant qu'il n'avait rien dit pour avoir ne serait-ce que l'espoir de tenter de faire virer leur supérieur mais il était trop dans les bonnes grâces du patron et il avait trop d'arguments pour se défendre et ils finiraient par être tous virés et remplacés.

C'était la loi ici. Si vous étiez dans les bonnes faveurs du patron, vous aviez presque tous les droits du monde sans aucune conséquence. Même si dans ce cas, tout était de la faute de Haoyu et que Jihoon avait une bonne raison d'avoir été sans pitié envers lui.

En même temps, pourquoi aurait-il de la pitié envers quelqu'un qui avait osé mentionner sa mère et la souffrance de laquelle il se tourmentait constamment ?

Lentement, prenant le temps d'admirer son exploit et de voir le spectacle désolant que Haoyu lui offrait, Jihoon s'approcha de lui alors qu'il essayait de ramper loin de lui alors qu'il pouvait à peine bouger.

Sans une once de douceur et de regret, le brun lui agrippa la nuque et le souleva jusqu'à sa taille pour qu'il puisse marquer ses mots au fer rouge dans sa tête.

Une fois que Haoyu fut devant lui, ne ressemblant plus qu'à une pauvre loque gémissante de souffrance, il lui agrippa fermement la mâchoire pour le forcer à le regarder dans les yeux afin qu'il puisse comprendre l'ampleur de sa colère.

- Haoyu, commença-t-il d'un ton mordant et indigné, ce n'est pas parce que tu es le collègue de travail dont je suis le plus proche qu'il faut que tu aies l'idiotie de croire que nous sommes ne serait-ce que des connaissances. Il grogna lorsque Haoyu tourna la tête de honte, tout en le forçant à le regarder dans les yeux à nouveau, en resserrant sa prise sur sa mâchoire. Maintenant, si tu espères te faire pardonner, tu devrais te dépêcher de te mettre au boulot sur ce que je t'ai demandé.

Le noiraud voulait accepter, lui dire qu'il lui promettait de faire ça aussi vite qu'il le pouvait pour espérer obtenir sa clémence et son pardon. Mais il n'arrivait plus à bouger à cause de sa colonne vertébrale qui l'immobilisait de souffrance et il ne pouvait pas parler car Jihoon l'en empêchait en appuyant sur ses cordes vocales d'une main et maintenait sa mâchoire vers lui de l'autre.

De toute manière, il aurait beau s'excuser, jurer sur le diable, sur le roi vampire qu'il était sincèrement désolé et qu'il regrettait ses paroles que Jihoon ne le croirait même pas.

S'excuser était vain pour lui, il fallait le prouver.

Et ce n'était pas en le suppliant de le pardonner qu'il allait regagner sa confiance qu'il avait durement acquise.

- Tu sais... Il soupira amèrement d'un sourire acerbe, se retenant de réduire le noiraud à un tas de poussière. Je suis très gentil avec toi parce que si ça ne tenait qu'à moi, je ferais en sorte que tu finisses le restant de tes jours dans une prison froide et ténébreuse. Il se mordit la lèvre, perdant son sourire moqueur pour ne laisser qu'une expression froide et meurtrière. Et j'aurais fait en sorte que ta torture soit lente et douloureuse et qu'elle perdure pour l'éternité ou pour le restant de ta vie, selon ce qu'il y a de plus long pour toi.

Haoyu ouvrit lentement la bouche, totalement tétanisé mais Jihoon l'empêcha de prononcer le moindre mot en le balançant violemment au sol comme s'il n'était rien d'autre qu'une immondice. Le noiraud resta allongé face contre le sol, ne pouvant rien faire d'autre que d'attendre que son corps ne guérisse par lui-même.

Il était conscient que Jihoon lui faisait une fleur en ne l'envoyant pas en prison. C'était la pire chose qu'un vampire pouvait vivre, pour eux, c'était pire que la mort.

Être en prison vampirique signifiait se résoudre à souffrir chaque minute de chaque journée par la torture physique et mentale, que celui qui avait gagné le procès pouvait choisir.

Pour mieux visualiser, si Jihoon aurait dénoncé Haoyu et qu'il aurait été jugé coupable, Jihoon pouvait choisir les tortures qui pouvaient lui être infligés et il avait le droit à tout ce qu'il voulait sur sa condition de prisonnier, même le fait de le priver de nourriture ou tout autre besoin qui pourrait le rendre totalement fou.

Mais il n'y avait que les sociopathes pour infliger de tels supplices à des prisonniers.

C'était pour ça que l'unique prison vampirique que leur monde possédait était gardée et contrôlée par les vampires conformistes qui s'amusaient beaucoup là-bas à torturer des prisonniers.

Jihoon serra les poings. Sa colère n'était pas apaisée, pas même un peu. Il voulait le faire payer encore plus jusqu'à ce qu'il pleure, qu'il hurle de douleur, qu'il le supplie et implore son pardon.

Mais il n'était pas assez inhumain pour faire de telles choses et il savait que sa mère ne voudrait pas qu'il exécute de tels actes envers quelqu'un pour la venger.

Alors, il regarda les autres collègues qui avaient tous admiré le spectacle qu'il venait de leur offrir. Ils baissaient tous la tête, ils faisaient tous profil bas afin de ne pas subir le même sort que le pauvre Haoyu qui n'avait pas encore cicatrisé.

Jihoon souffla et fit claquer sa langue contre ses dents, son agacement et sa frustration augmentant en voyant ces dizaines de moutons baisser la tête comme des chiens coupables de leur bêtise. C'était tout simplement ridicule.

Il en avait eu assez pour aujourd'hui, il n'avait plus rien à faire ici.

Ainsi, il alla récupérer l'enveloppe et la lettre qu'il en avait sorti avant de jeter un dernier regard sur ses inférieurs, leur conseillant de reprendre leur travail comme il était prévu, ce qu'ils firent tous en voyant son regard désapprobateur qui en disait long sur son ressenti en voyant le ramassis de larves qu'ils étaient.

Jihoon détestait cet endroit de tout son cœur.

Jihoon soupira lourdement.

Il en avait déjà marre alors que ça ne faisait même pas vingt-quatre heures qu'il était descendu dans le monde de son espèce.

Après la confrontation qu'il avait eue avec Haoyu, il était parti se consoler dans un bar où il était un habitué et avait commandé son jus d'hémoglobine préféré pour combler sa peine et sa rancœur.

Il s'était installé à sa place habituelle dans ce bar, c'est-à-dire sur le coin terrasse qui était une place peu prisée, ce que Jihoon ne comprenait pas étant donné que c'était le lieu parfait pour se détendre. Mais il supposait qu'il était trop différent des autres vampires qui préféreraient se bourrer le crâne dans des musiques aux nuances plus bruyantes et sauvages.

Jihoon n'aimait pas ce monde.

Ce monde souterrain dont le ciel affichait une nuit continuelle cachée par les nuages gris empli de foudre et de grondement, dépourvu de pluie. Ce monde était constamment plongé dans un bain de ténèbres, les seules couleurs présentes étant le rouge dans toutes ses teintes sombres, la même pour le violet et le gris, le restant étant teint d'un noir sombre.

Il n'y avait pas une once de gaité, pas une fleur, rien de ce qui pourrait représenter ou émettre un semblant de bonheur ou de vie.

Les seuls animaux que l'on voyait étaient des créatures noires aux yeux rouges vifs.

Tout n'était que pénombre et douleur ici, ce n'était pas un monde pour tout le monde, ça c'était certain.

Jihoon venait de finir de lire la lettre qu'il avait reçue il y a quelques jours.

Il avait souri et un grand bonheur l'avait pris à la poitrine quand il avait finalement su de qui elle provenait.

Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas eu de ses nouvelles et il se sentait triste pour elle de ne pas lui avoir donné de nouvelles non plus pendant tout ce temps.

La personne qui avait envoyé ce courrier au brun était une vampire plus âgée que lui de cent douze années qui se nommait Hesperia Inara.

C'était une grande femme qui avait vécu au dix-huitième siècle avant d'être mordue quand elle avait une trentaine d'années. Depuis qu'elle avait été mordue, elle avait toujours vécu dans ce monde et elle s'y plaisait comme au premier jour, Jihoon ne la comprenait pas sur ce point.

Mais sinon, c'était une femme attirante, attentionnée, raffinée et qui avait su rester la même qu'à son époque malgré le changement. Elle et Jihoon étaient de très bons amis et avant qu'il ne monte à la surface, c'était la seule personne avec qui il appréciait passer du temps et qu'il aimait réellement ici.

Elle était l'une des rares personnes dont Jihoon appréciait la compagnie et les conseils. C'était quelqu'un auquel il tenait beaucoup, qui l'avait beaucoup aidé et avec laquelle il aimait passer son temps, bien qu'il était au courant qu'elle avait, et cela depuis longtemps, de profonds sentiments amoureux pour lui.

En l'apprenant, Jihoon avait été confus et particulièrement gêné, mais il était également triste de ne pas pouvoir lui transmettre la réponse qu'elle attendait. Alors, il avait dû se résoudre à lui écrire une lettre, trop fier et fragilisé psychologiquement pour se confier en face à face avec elle, dans laquelle il avait rédigé ses excuses les plus sincères.

Elle était venue le lendemain matin pour lui parler.

Au contraire de à quoi il s'attendait et ce que l'on pourrait croire, elle n'avait pas été énervée, elle avait pris sa réponse dans un bon sens. Car après tout, Jihoon ne contrôlait pas ses sentiments et elle ne pouvait pas le forcer à l'aimer. Elle avait toujours eu un profond respect pour lui ainsi qu'une grande admiration et elle espérait qu'à l'avenir, peut-être qu'un jour, leur relation pourrait s'élargir à plus que de l'amitié.

Elle l'avait rassuré, lui disant que ce n'était pas grave et qu'elle le comprenait, qu'elle prendrait sur elle pour ne pas le mettre mal à l'aise et qu'elle avait apprécié le fait qu'il ait été sincère envers elle et ne l'avait pas fait espérer comme bien des hommes avant lui.

Dans sa lettre, elle lui racontait combien elle était heureuse de savoir qu'il était redescendu dans leur monde et qu'il comptait rester un petit temps. Elle avait, comme d'habitude, cet air joyeux et lumineux en elle qui faisait que même à travers ses mots, le brun pouvait ressentir sa joie de vivre à travers l'écriture calligraphique de sa plume. Elle lui avait proposé de se voir quand il était disponible, s'il le voulait et que s'il avait besoin d'elle, elle serait toujours là pour lui.

S'il avait su, s'il avait réfléchi, il aurait mieux fait de lui demander à elle d'exécuter cette tâche.

Il savait qu'il n'aurait pas été déçu...

Mais Jihoon ne voulait pas la mettre en danger dans un monde qu'elle ne connaissait pas et qui serait trop périlleux pour elle. En plus, avec tous ces chasseurs qui rôdaient, ce n'était pas le moment d'envoyer des vampires qui n'étaient pas habitués au monde mortel.

Hesperia était le genre de femme dont Jihoon aurait été potentiellement amoureux s'il n'était pas déjà embourbé dans un amour éternel, inconditionnel et impossible pour Soonyoung.

En parlant de lui, Jihoon n'arrivait pas à le sortir de sa tête.

Il voulait rentrer le voir et s'expliquer, ce monde sans lui et les autres n'était plus qu'une solution de replis, alors qu'il pensait qu'il allait finalement pouvoir respirer, se ressourcer un peu mais ça n'avait fait qu'empirer et accentuer la douleur constante dans son esprit.

Il voulait se relâcher, oublier un peu, avoir le temps de trouver un moyen d'arranger les choses mais comment ? Il ne pouvait dormir et fuir la réalité, il ne pouvait pas noyer ses problèmes à l'aide de ses larmes ou en buvant en abondance jusqu'à ce que l'alcool ait un effet sur lui, il ne pouvait même pas faire couler son propre sang en espérant que la douleur atténue celle qui torturait son cœur.

Jihoon voulait juste s'ouvrir la poitrine, en extraire son organe vital et le poignarder jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien, juste pour lui donner une véritable raison de souffrir autant, d'autant se comprimer chaque seconde dans sa poitrine comme si on y plantait une flèche à chaque instant de sa vie.

Comme si l'on coupait petit à petit son espoir en l'amour, que l'on tranchait chaque tendon de son cœur avec une lenteur abusive.

Il a été prouvé que les tendons du cœur humain peuvent se rompre après un profond traumatisme émotionnel et que l'on pouvait réellement mourir d'un cœur brisé.

Jihoon se demandait combien de tendons son propre cœur pouvait encore contenir pour continuer de battre avec tant d'ardeur et pour toujours croire en tout et rien, comme si le monde ne lui avait déjà pas prouvé que peu importe combien il le désirait, il ne trouverait jamais l'amour comme il le souhaitait.

Même si son espèce ne pouvait tomber malade, Jihoon souffrait d'une maladie que peu de vampires pouvait attraper par leur nature froide, distante et insensible.

Personne ne pouvait en guérir et Jihoon savait qu'elle resterait avec lui pour le restant de sa vie, qu'elle serait la seule à ne pas le laisser ; il était un désespéré de chaleur, un univers de sentiment, une tempête d'espoir insatiable, un maladif d'amour.

Il adorait l'amour dans n'importe quel temps, dans n'importe quelle forme, à n'importe quelle saison, il trouvait ça parfait et si beau, si tendre et fascinant, si destructeur et cruel.

Par amour, il était prêt à beaucoup de choses, voire trop de choses pour ne pas être totalement ravagé.

Bien qu'il avait fini par le rejeter par peur de souffrir encore plus, l'amour l'attirait et le captivait, le traînait au sol et il revenait en redemandant toujours plus, il n'en était jamais assez satisfait.

L'amour l'émerveillait et dès qu'il avait rencontré Soonyoung, il en était devenu totalement fanatique.

Et il ne pouvait faire autre chose qu'écrire son amour par l'encre de ses larmes et le sang de son cœur.

Que pouvait faire une âme dépendante à l'amour comme lui quand il rencontrait la personne qu'il considérait comme son âme-sœur ? On ne pouvait qu'en devenir accro.

Soonyoung était son premier amour, le tout premier d'une liste qui n'avait qu'un seul prénom.

Et il n'y avait rien de plus beau qu'un premier amour aussi obsessionnel, comprimant et pur que celui que Jihoon ressentait continuellement pour lui.

Après tout, comment il pouvait le détester quand il était tout ce qu'il avait toujours voulu ? Que même s'il connaissait la personne qu'était Jihoon, qu'il connaissait toutes ses fautes et ses vices, ses défauts et ses excès et pourtant, jamais il n'avait envisagé de partir ou d'arrêter de l'aimer pour cette raison.

C'était un premier amour, certes, mais c'était le seul amour que Jihoon désirait, pour lequel il ferait tout et pour qui il accepterait de dire qu'il était totalement fou.

Il laisserait Soonyoung faire ce qu'il voulait de lui, le manipuler, le blesser, l'étrangler de son poison, briser chacun de ses os...

Il voulait juste que Soonyoung ressente les mêmes choses que lui à son égard, il voulait qu'il exprime un amour aussi abusif et monomaniaque que le sien.

Il avait envie que Soonyoung le ruine, le détruise, qu'il le déteste...

C'était à n'y rien comprendre et Jihoon ressentait des choses dont il ne comprenait pas le sens.

Parfois et la plupart du temps, quand ça allait avec Soonyoung, il voulait que son amour lui soit réciproque et qu'ils vivent tous les deux heureux d'un amour éternel et de l'autre, comme dans ces temps-ci, il voulait rester le seul à avoir de tels sentiments pour lui.

Il voulait continuer de souffrir si c'était pour continuer d'aimer, il voulait continuer d'exprimer une douleur qui comprimait et anéantissait son âme juste pour retomber dans quelque chose qu'il connaissait parfaitement.

De toute manière, Jihoon ne pouvait pas arrêter de l'aimer, c'était impossible à ses yeux.

Soonyoung était... Tout.

Toutes ses peines et tout son bonheur.

Son soleil et sa nuit...

Sa pluie et son printemps.

Quand on rencontrait l'amour de sa vie, son âme-sœur, soit on avait la chance de l'avoir à ses côtés, soit on pouvait la voir à ses côtés.

Jihoon faisait partie du deuxième camp.

Il l'avait avec lui, à ses côtés mais il avait accepté que Soonyoung allait un jour finir par partir pour trouver l'amour de sa vie alors que lui, laissait le sien partir pour le laisser trouver le bonheur, quitte à condamner le sien.

Ce n'était pas la première fois qu'il voyait Soonyoung en couple avec quelqu'un d'autre de toute façon...

Et le voir amoureux de quelqu'un d'autre était plus que douloureux, c'était fatal et funeste, mais il ne pouvait rien faire d'autre que de se taire et laisser son cœur se briser de plus en plus.

Il y avait un nom à ce genre de souffrance.

Ça s'appelait "la douleur exquise".

C'est l'irrésistible et l'inexorable souffrance des cœurs amoureux, la douceur de sentir ton cœur se fissurer lentement et ressentir toute la douleur venir se loger dans ta gorge, ta poitrine, tes yeux comme un venin de la vie.

C'est tout simplement aimer quelqu'un qui ne t'aime et qui ne t'aimera certainement jamais.

Mais c'est une autre sorte de douleur quand la personne qui vous la procure est celle qui veut vous aider à vous en sortir.

Jihoon repensait aux mots de Haoyu, à ce qu'il lui avait dit quand il lui avait conseillé de tourner la page.

Il aurait dû lui dire...

Il aurait aimé lui apprendre que parfois, il y a des moments, des gens qui ne veulent pas et n'acceptent pas de guérir car c'est la dernière chose qui les reliaient à ce qu'ils chérissaient auparavant, à cette personne qu'ils ne veulent pas oublier, auquel ils se rattachent plus que tout.

Le seul lien qui lui restait avec Yiseul était la peine et la souffrance de sa perte et s'il guérissait, s'il ne souffrait plus, comment pourrait-il se souvenir d'elle en ne pouvant plus se souvenir de sa voix, en ne se rappelant pas du toucher de sa peau avant sa mort, par quel autre moyen que la douleur et la culpabilité pouvait-il s'en souvenir et la faire vivre à travers sa personne ?

Et puis, comment pouvait-il guérir ? Comment il pouvait estomper la souffrance que lui procurait la mort du seul être cher qu'il avait en sachant qu'il était responsable de ce désastre ? Il ne pouvait pas se repentir, ni guérir de la peine qui avait été infligée à la personne qui lui avait donné la vie et tout ce dont il avait besoin ?

Le seul lien qui lui restait c'était ce supplice, cette culpabilité et cet amour intransigeant qu'il avait pour elle.

Et il ne pouvait pas la laisser partir une fois de plus, il ne pouvait pas se résoudre à l'effacer de son monde pour toujours une seconde fois.

Seul un idiot dirait que la douleur n'était pas une drogue en soi.

La peine était une addiction, comme une bulle dans laquelle vous vous sentez à l'aise car vous savez qu'elle ne vous quittera pas et qu'elle sera toujours la même, qu'elle ne deviendra jamais quelqu'un d'autre.

Personne ne pouvait nier, ceux qui souffraient chaque jour savaient combien c'était plaisant et addictif d'être confronté à tant de désarroi et de souffrance d'un coup et pourtant, on y retournait toujours.

Jihoon regardait son verre rempli auquel il n'avait pas touché, son cœur piquant amèrement dans sa poitrine, la bouche pâteuse et humide.

Comme pour les excès de colère et les tueries meurtrières pour loups-garous, le sang pour les vampires... Dès la première goutte, on se sent déjà emprisonné.

Mais Jihoon ne voulait pas quitter sa cellule, elle semblait si paisible ainsi.

Il soupira avant de se lever, n'ayant même pas touché à sa commande.

L'acédie l'avait trop pris pour qu'il puisse éprouver un quelconque sentiment de joie en buvant ce qui était encore sa boisson préférée.

Alors, il avait simplement laissé un mot à celui ou celle qui trouverait son verre encore plein lui disant de le prendre pour lui, de considérer ça comme cadeau de remerciement.

Depuis sa place dans le bar, on pouvait voir de haut les champs de roses éternelles qui étaient toutes magnifiques en leur genre, créant un peu de beauté dans ce monde de ténèbres.

Jihoon avait pénétré à l'intérieur de ces champs. Ils étaient ouverts au public pour les familles de ceux qui avaient péris.

Ces champs étaient ce que les mortels appelaient un cimetière.

Quand un vampire était créé, peu importe le moyen, seul leur corps mourrait mais leur âme restait tout de même en eux, gardant un peu de vie dans leur enveloppe meurtrie. Leur âme faisait battre leur cœur assez vite pour les garder en vie, mais pas assez pour permettre à la thermogenèse de réchauffer leur corps.

Quand un vampire mourait, soit en étant brûlé, en lui arrachant la tête ou soit en lui plantant un pieu en plein cœur, son âme s'échappait de son corps pour que ce qu'il en restait ne se transforme en graine. Ainsi, la famille et les êtres chers du vampire plantaient la graine dans une terre adaptée à la floraison d'une plante si particulière et la faisaient fleurir en s'occupant d'elle comme une sorte de deuil, un moyen de faire un dernier adieu.

Dès que la rose avait éclos, qu'elle rayonnait de ses pétales noires et bordeaux, elle devait être déposée parmi les autres vampires défunts. Si l'on le voulait véritablement, on pouvait payer un certain nombre pour pouvoir garder la rose qui contenait le reste de l'âme du défunt avec lui, mais peu de gens le faisaient par honte et par manque de moyen.

Oui, l'amour c'était une honte aux yeux des autres vampires, sûrement parce que la plupart des vampires vivant sous terre étaient pour une grande partie d'entre eux des conformistes et qui, par conséquent, refusaient de montrer ne serait-ce qu'un peu d'amour et de gentillesse, voulant se fier aux règles d'un vampire lambda ; un monstre sanguinaire sans sentiment ni pitié.

Si Jihoon finissait par se donner la mort ou par mourir, peu importe la manière, comme dernière volonté, il voudrait que la rose contenant son âme soit remise à Soonyoung et Seungcheol.

Il savait qu'ils sauraient bien prendre soin du reste de son existence et qu'ils feraient en sorte d'honorer sa personne et son parcours de vie.

Mais si le garder auprès d'eux serait trop dur à supporter, il aimerait que l'on aille déposer la rose sur la tombe de sa mère, pour enfin pouvoir la retrouver et reposer à ses côtés.

Alors qu'il était en train de rassembler ses pensées pour tenter d'avoir une minute de paix et de calme, il souffla bruyamment, exprimant son exaspération.

Il n'y avait jamais un moment de répit, hein ?

- Qu'est-ce que vous me voulez ? Demanda-t-il, ne prenant même pas le temps de se retourner vers les trois personnes qui venaient de le rejoindre.

- Oh, le noiraud à l'allure ténébreuse ricana, juste prendre des nouvelles.

Jihoon eut un rictus amer, ils pensaient qu'il ne savait pas qui ils étaient tous les trois ?

Ils avaient une réputation, autant sous terre que dans le monde des humains et elle ne leur jetait pas des fleurs, au contraire.

Il ne savait pas vraiment ce qu'ils faisaient dans le monde des mortels en tant que vampires conformistes et pour être franc, il s'en foutait totalement. Eux trois et les trois autres de leur petite horde était juste une bande de dégénérés qui faisait on ne sait quoi dans un monde aussi complexe que celui des humains.

Et puis, il savait que Bricriu et sa petite troupe n'étaient pas venus prendre de ses nouvelles, c'était simplement une excuse débile.

Il se tourna vers eux, découvrant le noiraud ténébreux fanatique de couteau Sorin et la noiraude qui leur servait d'esclave tant elle désirait l'attention et l'approbation de la gente masculine.

Il se demandait où se trouvait sa psychopathe et sadique de sœur jumelle. Elles qui ne se séparaient jamais, il se demandait où elle pourrait se trouver.

Il avait quelque chose à finir avec elle pour avoir osé souiller de ses maudites canines la peau soyeuse et auparavant dépourvue de morsure de Soonyoung.

Et au milieu, il y avait Bricriu, le brun charismatique qui n'en restait pas moins un Dom Juan qui faisait office de chef, bien qu'il n'avait pas du tout les capacités nécessaires pour un leader décent.

- Allez vous faire foutre.

Le trio se regarda avec un petit sourire moqueur, trouvant tous les trois la réaction du plus petit pathétique et sans une once de légèreté.

- Donc maintenant on n'a plus le droit de prendre de nouvelles d'un des vampires les plus influents et puissants de notre monde ? Fit Sorin, prenant un faux air offusqué de la part de tant d'agressivité de la part de Jihoon.

- Pas quand vous êtes des menaces directes à ceux que j'aime. Rétorqua celui-ci, voulant couper court à cette conversation.

Le brun situé au milieu haussant les épaules en roulant des yeux, n'ayant aucun argument plus convaincant pour avoir le dessus sur la discussion.

- Soit... Fit-il claquer sa langue contre ses dents, croisant les bras dans le mécontentement. Un petit sourire en coin lui vint. Et quand est-ce que tu vas faire découvrir ce formidable monde qu'est le nôtre à ton protégé ?

Ses poings se serrèrent fortement en comprenant l'allusion qu'il venait de faire.

À ces mots, Nastaran posa son bras gauche sur l'épaule droite du brun, y déposant également sa tête, regardant tout droit dans les yeux de Jihoon, le tout dans un but attractif, voulant paraître le plus sensuelle possible.

- Il devrait passer nous dire bonjour, lui aussi.

Leur interlocuteur roula des yeux, exaspéré du comportement de l'unique femme présente parmi eux.

Au vu de ses yeux remplis d'ardeur et de sous-entendus en tout genre, il était clair que la noiraude trouvait Minghao bien à son goût. Bien que ce n'était pas difficile pour un homme de ne pas lui plaire.

Ce n'était pas une surprise, de toute façon, pour Nastaran n'était pas du tout compliqué de lui plaire, elle trouvait presque chaque homme à son goût et elle était une femme.. très facile à convoiter.

- Mmh.. Non. Il empêcha son rire de sortir d'entre ses lèvres et poursuivit. Il n'est pas très attiré par les bons toutous obéissants et dociles.

Instantanément, le sourire charmeur qui accompagnait la noiraude se fendit pour ne laisser qu'une expression vexée et repris par la honte.

Jihoon n'avait jamais vu une femme aussi avide d'acceptation masculine, c'était dingue à quel point elle pouvait se chosifier, se sexualiser et devenir une toute autre personne pour celui qu'elle avait en face des yeux.

- C'est vrai qu'il est plutôt loup-garou, dans son genre. Ricana Sorin en se moquant ouvertement du choix débile que faisait le vampire créé par le plus petit, mais aussi de Nastaran, la trouvant pitoyable et ridicule.

Jihoon fronça les sourcils et pencha légèrement la tête sur le côté.

De quoi il voulait parler au juste ?

Minghao lui avait caché quelque chose ?

Depuis quand ce dernier avait rencontré un loup-garou sans lui en parler ni à lui ni à personne ?

- Jihoon... Soupira Bricriu en s'avançant vers l'appelé. Pourquoi tu t'obstines à rester avec cette bande de.. de créatures écervelées alors qu'avec nous, tu pourrais devenir encore plus fort que ce que tu n'es déjà.

- Je t'ai déjà dit que ça ne m'intéressait pas.

Jihoon passa aux côtés de ses confrères, bousculant le brun au passage.

Il voulait juste ne plus les avoir dans les pattes, il ne voulait plus entendre leurs discours éloquents en croyant que cela allait suffire pour le convaincre de les rejoindre.

Il n'était pas comme eux et jamais il n'allait le devenir, pour rien au monde il ne le ferait.

Le leader de la horde sourit amèrement, il avait déjà imaginé ce scénario qui ne faisait que se répéter à chaque fois qu'ils voulaient le faire craquer.

Néanmoins, il avait plus d'un ton dans son sac.

Alors que Jihoon s'éloignait petit à petit d'eux, il parla à haute voix, de manière à ce qu'il entende clairement ses paroles.

- Et tu pourrais arrêter de souffrir.

Jihoon s'arrêta dans sa course, la voix de Bricriu lui résonnait encore dans les oreilles. Elle était de plus en forte à chaque pas qu'il faisait vers lui.

- Tu pourrais faire cesser cette douleur incessante dans ton cœur, tu pourrais penser à ta mère sans souffrir, tu pourrais tout simplement vivre sans évoquer la moindre petite sensation de souffrance. Poursuivit-il d'une voix douce et sûre, tout en s'approchant du brun en compagnie des deux autres vampires.

Il posa une main sur son épaule, le faisant le regarder avant de lui sourire railleur.

- Le choix est tien.

Jihoon les vit passer à ses côtés avant de disparaître entre les murs sombres de la ville, ces mots n'ayant pas quitté son esprit.

Il ne savait pas quoi faire.

Il n'arrivait pas à penser à autre chose que ce que Bricriu lui avait dit.

Dans un sens, il enviait les vampires conformistes comme eux.

Ils avaient troqué une partie de leur humanité et de leurs émotions pour leur nourriture et les traditions qu'ils chérissaient tant.

Et au final, ils ne ressentaient plus que quelques restes d'émotions depuis plusieurs années mais ça ne les dérangeait pas, ils vivaient avec et au final, ils avaient fini par s'y habituer.

Peut-être que c'était un moyen de faire cesser ce cycle infernal pour toujours.

Peut-être que c'était le seul moyen d'arrêter définitivement de souffrir.

•••

Samedi vingt-six mars, aux alentours de quatre heures du matin.

Soonyoung se baladait dans la ville, à la recherche de Jihoon qu'il cherchait encore et toujours.

Il ne savait plus depuis combien de temps il était parti le chercher, son esprit était trop embourbé par la détermination et la peur de ne jamais pouvoir le retrouver.

Il savait les risques qu'il encourait à chercher Jihoon et encore plus la nuit, tout seul sans personne mais il s'en fichait.

Seungcheol et Vernon avaient essayé de l'aider comme ils le pouvaient dans ses recherches mais Jihoon avait caché son odeur pour ne pas qu'on le retrouve. Il ignorait si c'était un véritable fait ou plutôt un mensonge pour le faire cesser de se torturer pour retrouver le vampire par tous les moyens possibles.

Mais il devait pardonner son erreur et réparer le mal qu'il avait causé.

Après tout, tout était de sa faute si Jihoon était parti. C'était à cause de lui qu'il était à bout et qu'il avait fini par s'éclipser on ne sait où pour penser à autre chose.

Soonyoung culpabilisait énormément et le seul espoir de se pardonner passait dans le fait de retrouver leur fugueur.

Il avait à peine fait un quart de la ville et tous les endroits où il aurait pu potentiellement trouver refuge mais ça n'avait rien donné, Jihoon était introuvable.

L'humain sentait ses forces le quitter de plus en plus et ses yeux le piquaient.

Il se sentait lourd, ses yeux combinés au manque de sommeil et aux larmes ne faisaient que le piquer en plus d'être eux aussi parfois trop lourds pour rester ouverts. Sa tête lui faisait atrocement mal, il avait froid, il était affamé, il avait du mal à se concentrer, à réfléchir et à faire des choix cohérents. Le tout réuni à une immense fatigue, le manque de force, il avait l'impression qu'à chaque pas il allait s'effondrer, il arrivait à peine à faire quelques phrases sans se planter entre les mots, il était angoissé, il avait des sautes d'humeur, était parfois léthargique, il pouvait avoir des hallucinations...

Il baillait presque toutes les deux minutes et à chaque fois, il avait l'impression que sa mâchoire allait se déboiter.

Et quand son corps le suppliait d'aller se reposer, de tout arrêter pour aujourd'hui, il résistait encore plus et continuait de chercher malgré qu'il mettait sa santé en danger.

En ce moment, il se trouvait dans un grand parc dans lequel lui et Jihoon avaient l'habitude de se balader au printemps et en été pour ses belles couleurs et son calme.

En passant dans les sentiers du parc, Soonyoung se souvenait tristement de tout ce que lui et le vampire avaient l'habitude de faire lorsqu'il était encore présent avec eux.

Se remémorer de si jolies choses avec lui le faisait déprimer et démoraliser. Il se disait qu'il n'allait peut-être jamais le retrouver qu'il n'aurait jamais l'opportunité de lui dire qu'il était désolé, qu'il n'avait pas envie que tout ça ne tourne de cette manière.

Si seulement il l'avait gardé fermée, Jihoon serait certainement toujours là avec eux.

Soonyoung soupira de désarroi, à la limite d'abandonner.

Il ne s'imaginait pas faire tout une ville à lui tout seul, encore moins avec sa condition de simple humain.

Mais personne à part lui ne semblait partant pour chercher Jihoon, ils étaient certains qu'il allait finir par revenir, qu'il avait juste besoin d'être seul et qu'il reviendrait à un moment ou un autre.

Peut-être qu'ils avaient raison...

Soonyoung ignorait si ça servait à quelque chose de s'obstiner à ce point à chercher quelqu'un qui n'avait pas envie d'être trouvé.

Il savait bien qu'on ne pouvait obliger quelqu'un à faire quelque chose qu'il ou elle ne voulait pas faire.

On ne peut pas sauver quelqu'un qui ne veut pas être sauvé.

Et il en était de même pour Jihoon.

Mais c'était le seul moyen qu'il avait de prouver qu'il s'en voulait et qu'il désirait véritablement que le vampire revienne, qu'il déprimait totalement sans lui à ses côtés.

Alors qu'il arrivait près d'une des nombreuses fontaines du parc, Soonyoung remarqua qu'un petit papier jaune se trouvait sur la pierre de la fontaine.

En s'approchant, il prit le papier entre ses doigts et il éclaira à l'aide de sa lampe de poche le papier sur lequel était écrit ;

"Soonyoung, si t'es encore en train de me chercher, ça ne sert à rien. Rentre à la maison, je reviendrai bientôt, promis."

Frustré et forcé de comprendre qu'il ne cherchait à rien, il froissa le mot en fermant le poing.

Il était au bord de la crise de nerfs.

Désespéré, il s'assit sur le rebord de la fontaine et souffla, son corps le remerciant de l'avoir finalement laissé un petit temps pour se reposer des longues heures de marche qu'il avait effectuées aujourd'hui.

En s'asseyant, sa fatigue avait empiété sur tout le reste. Il n'avait qu'une idée ; aller dormir.

Ses yeux étaient trop lourds et il somnolait, ne pensant à rien d'autre qu'à son désir de sommeil.

Mais même s'il allait dormir, il ne savait même pas s'il allait réussir à s'endormir avec ses foutues insomnies.

Et il était trop tôt pour aller chercher une nouvelle boîte de somnifères.

L'appartement se trouvait loin et Soonyoung commençait à se demander s'il ne ferait pas mieux de dormir sur l'un des bancs du parc.

Ça serait toujours plus confortable et plus propre que de dormir sur le sol.

- Hyung ?

Cette voix lui fit lever la tête avec espoir.

Un doux sourire vint s'installer sur son visage, bien qu'il était un peu confus de pourquoi son cadet se trouvait ici alors qu'il était censé être à la maison, alors qu'il s'avançait vers lui.

- Vernonie ? Il ricana. Qu'est-ce que tu fais ici ?

- On est venu te chercher.

Soonyoung se leva quand Vernon fut en face de lui, était encore plus déconcerté qu'avant.

Comment ça "on" ? Il était tout seul !

Est-ce que lui aussi était en manque de sommeil ? Ça ne l'aurait pas étonné vu les cauchemars qu'il faisait et le peu d'heures qu'il passait à dormir par nuit.

- Pourquoi ?

- Parce qu'on s'inquiète. Lui avoua le brun en retirant sa veste et la mettant autour des épaules du plus grand qui frissonna de plaisir de retrouver un peu de chaleur. Cheol-Hyung était mort d'inquiétude pour toi...

- Ah...

Soonyoung baissa la tête alors que Vernon l'aida à enfiler la veste pour qu'il ait plus chaud que dans son petit hoodie et pour qu'il arrête de grelotter comme un poulet sorti de la douche.

Le plus jeune le regarda, lui aussi soucieux à propos de son aîné.

- Ça fait deux jours qu'on ne t'a pas entendu rentrer le soir et on s'inquiétait alors on est venu te chercher.

- Mais comment vous avez fait pour..?

Soonyoung ne termina pas sa phrase, trop dormitif pour bien réfléchir à ce qu'il disait.

Le brun eut un petit sourire amusé, son aîné était définitivement en manque de sommeil conséquent et il n'arrivait plus à rien, lui qui était toujours énergique et pensant à dix mille choses à la fois, c'était surprenant.

- Pouvoir de loup-garou. Expliqua-t-il en riant, prenant calmement la main de son aîné, l'incitant à le suivre, ce qu'il fit sans même réfléchir. On va rentrer à la maison et tu vas te reposer, d'accord ?

Le plus grand hocha simplement la tête, son corps entier étant embourbé par la fatigue pour refuser.

Ainsi, ils commencèrent à faire chemin inverse, Vernon ne lâchant pas la main de son aîné tout en se rendant compte de combien il s'était épuisé.

On aurait dit un pantin tant il était livide, apathique et inanimé. Il chancelait, faisant de son mieux pour rassembler ses dernières forces pour marcher et fixait le sol en pensant ou au contraire en ne pensant à rien.

Son état était tel que Vernon ne sentait rien de particulier émanant de lui, il était juste déprimé mais rien de plus et l'odeur était faible.

Seungcheol lui avait appris que les odeurs pouvaient s'atténuer ou au contraire s'accentuer selon le degré des émotions ressenties ou selon l'état psychologique ou physique de la personne.

Et il commençait à se demander s'il ne serait pas mieux de porter Soonyoung jusqu'à l'appartement, il avait peur qu'il finisse par s'évanouir de fatigue.

- Vernonie..?

- Oui Hyung ? Il le regarda alors qu'il venait de l'appeler d'une voix monotone.

- Tu penses vraiment que Jihoon va revenir..?

Le beta fut pris de court par cette question.

Bien qu'elle était sur ses lèvres depuis un certain temps, Soonyoung ne le demandait pas souvent, bien au contraire.

Il gardait ses questionnements pour lui et menait ses propres recherches.

Il y a quelques jours, il lui avait demandé pourquoi il ne leur mettait au courant de rien et il avait répondu que c'était tout simplement car ils avaient déjà trop de problèmes sur le dos et que ce problème-là, c'était son affaire personnelle.

Qu'il en était l'unique responsable alors il devait être celui qui devait le régler.

Vernon le comprenait mais à la fois, il voulait que Soonyoung comprenne que ce n'était pas uniquement sa faute.

Mais il ne voulait rien entendre, comme à chaque fois, il n'en faisait qu'à sa tête.

- Évidemment qu'il va revenir. Le rassura-t-il en prenant une voix plus assurée.

C'est vrai, pourquoi Jihoon ne reviendrait pas ?

- Mais imagine qu'il ne revienne plus... Soupira l'humain en se morfondant dans ses peurs, serrant la main de son cadet pour se rassurer.

- Je ne pense pas qu'il nous laisserai tomber, ni toi ni Hyung. Tenta-t-il de le réconforter. En voyant que cela ne fonctionnait pas, il essaya à nouveau. Tu ne le sais peut-être pas et je ne le connais pas depuis très longtemps mais il t'aime beaucoup. Il sourit en voyant que son interlocuteur avait l'air reconnecté en entendant ses paroles. Son odeur est toujours plus douce quand il est avec toi.

- Ah oui ?! Demanda-t-il confirmation, les yeux remplis d'étoiles de bonheur, un grand sourire prenant place sur ses lèvres.

Vernon hocha la tête avec un sourire, ce qui provoqua une remontée d'apaisement chez le plus grand.

- Il ne le montre pas mais il t'aime vraiment beaucoup, il s'inquiète toujours pour toi... Il prit un petit temps de pause. Et il n'est pas le seul. Il regarda Soonyoung qui pencha la tête, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire. On est tous très inquiets pour toi.

Celui aux cheveux blancs fut heureux de savoir que ses amis étaient inquiets pour lui. Il ne pensait plus qu'à retrouver Jihoon, au point qu'il ne faisait plus vraiment attention à autre chose.

Il était touché mais il n'y avait pas autant à s'en faire. Il était grand et il se sortait toujours des situations difficiles auxquelles il était confronté, alors ce n'était pas une nuit blanche qui allait l'arrêter.

- C'est gentil. Sourit-il doucement, se sentant quand même un peu coupable d'autant inquiéter ses amis. Vous ne devriez pas, c'est pas si grave...

- Bien-sûr que si on doit s'inquiéter pour toi ! Le reprit-il un peu plus sérieusement sans s'emporter, bien qu'il comprenait le fait qu'il ne veuille pas que l'on s'en fasse pour lui.

Soonyoung baissa la tête en soupirant tandis que Vernon réfléchissait à un moyen de rassurer son aîné à propos de son envie de retrouver le vampire.

Après tout, à sa place, il aurait probablement fait la même chose.

- Je te comprends, tu sais. Confessa-t-il, focalisant à nouveau l'attention de son aîné sur lui. Tu fais ton possible pour qu'il revienne, je fais pareil pour mon meilleur ami...

Soonyoung était encore assez éveillé pour se souvenir de son prénom.

- Ah, ce mec là... Euh.. Boo Seungkwan ?

Vernon hocha timidement la tête en voyant que le plus grand avait un grand sourire moqueur rempli de sous-entendus.

Il avait bien compris dès la première fois qu'il lui en avait parlé que ce que ressentait le beta pour son meilleur ami était bien plus que de l'amitié. Ça se ressentait et ça se voyait dans la manière dont il parlait, dont son visage et son humeur s'égaillaient lorsqu'il parlait de lui.

D'après ses dires, c'était quelqu'un de très gentil, d'ouvert d'esprit et de sensible qui avait un caractère bien à lui mais qui lui allait irrésistiblement bien et qui permettait de se faire respecter ou d'imposer son avis.

En sachant cela sur Seungkwan, Soonyoung s'était demandé comment lui et le brun avait pu se rencontrer et devenir aussi proches.

Ils avaient l'air totalement différent au vu de leur personnalité contradictoire.

Mais au final, il se disait qu'il n'avait rien à dire vu qu'il était exactement pareil avec Jihoon.

- J'ai peur et je ne comprends pas vraiment comment il a pu savoir ce que je suis devenu mais je le retrouverai bel et bien vivant, même s'il a peur de moi ou s'il me déteste. Assura le beta en relevant la tête, sa voix étant convaincue. Il regarda sa main libre et sa voix devint plus dure. Je m'en suis fait la promesse.

Soonyoung sourit, il aimait bien voir Vernon être quelqu'un d'autre que le garçon timide et attentionné qu'il adorait et qu'il connaissait.

Néanmoins, le problème était que depuis que Junhui avait révélé que Seungkwan avait potentiellement et probablement été enlevé par le clan des Lee, ses problèmes de colère avaient empiré et comment dire que c'était le jour et la nuit.

C'était soit il était tout calme comme à son habitude, soit la colère devenait trop importante pour lui et c'était très compliqué de le calmer, au point où Seungcheol était le seul auquel il obéissait et qui était le seul à pouvoir apaiser ses crises de colère où il ne contrôlait plus rien.

Il n'était pas particulièrement violent envers eux car il les reconnaissait mais il sentait que son loup intérieur voulait tout détruire et tout déchiqueter sur son passage.

Et malheureusement, Vernon avait de plus en plus peur de ce qu'il était à cause de ses phases que Seungcheol n'arrivait même pas à clairement expliquer.

C'était à cause du danger perpétuel dans lequel Seungkwan se trouvait mais c'était au point où la moindre contrariété, même accidentelle, pouvait lui faire perdre le contrôle.

Alors, pour empêcher de faire un massacre, il s'en prenait généralement à lui-même ou il devait être enfermé dans une pièce avec Seungcheol.

Alors qu'ils étaient en train de discuter comme ils le pouvaient, perturbée par la fatigue extrême du plus grand, ils virent et entendirent deux personnes courir à toute vitesse vers eux.

Soonyoung n'eut pas le temps de le reconnaître qu'il se fit prendre dans les bras.

- Soonyoung !! S'écria le noiraud en serrant fermement l'humain contre lui. Bordel j'ai eu si peur pour toi !! La voix de Seungcheol était soulagée, bien qu'il était toujours profondément soucieux pour son ami. J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose ! Il se recula doucement pour prendre les épaules de l'humain aux cheveux blancs et le regarder dans les yeux. Ça va, t'as rien ?

Celui-ci sourit doucement en secouant la tête. Il s'en voulait d'avoir fait si peur à Seungcheol qui était totalement bouleversé de ne pas avoir eu de ses nouvelles.

Il reconnaissait bien là l'homme toujours trop protecteur et inquiet qu'il était.

Le plus âgé soupira de soulagement, un sourire rassuré venant prendre place sur son visage.

- T'es peut-être un humain mais tu galopes vite ! Fit remarquer Minghao qui lui tapa gentiment l'épaule, lui aussi rasséréné de voir que Soonyoung n'avait rien de grave. Ça fait plus d'une demie-heure qu'on te cherche !

- Désolé... S'excusa le concerné en faisant sourire coupable au vampire qui eut un rictus amusé, n'étant pas surpris de ce comportement venant de Soonyoung.

Minghao lui sourit, signifiant qu'il n'était pas fâché.

Ca ne servait à rien de s'énerver pour si peu ; il allait bien et à part leur avoir foutue une trouille bleue, il n'y avait rien de grave alors s'emporter ne servirait à rien.

Le principale était qu'il était en vie et qu'ils l'avaient retrouvé.

Cependant, son sourire et son apaisement se flétrirent en remarquant quelque chose d'inhabituel sur le visage du garçon aux cheveux blancs.

Lui et Seungcheol s'inquiétèrent davantage quand ce dernier perdit soudainement l'équilibre avant qu'ils ne viennent tous les trois l'aider à l'empêcher de tomber au sol.

Bien qu'il répétait qu'il allait bien et qu'il n'y avait pas de quoi s'en faire, ça se voyait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.

Le vampire regarda Seungcheol qui était à nouveau rongé par le souci.

- Soonyoung... L'appela-t-il soudainement. T'as pas dormi depuis quand ? Demanda-t-il tandis que sa voix se fit plus sévère.

L'humain ne dit rien, ne sachant pas comment son ami avait pu deviner ce qu'il n'allait pas.

Il soupira, vaincu.

Il ne pouvait pas leur mentir, ils le sauraient d'une manière ou d'une autre de toute manière.

- Je.. Je sais pas trop... Il fronça les sourcils, essayant de se concentrer pour compter les heures qu'il avait passé éveillé. Trente-six heures, minimum...

Le trio fut pris de nouveau d'une vague d'inquiétude intense pour leur ami qui venait de leur confier ça comme si c'était une futilité.

Vernon lui avait pris la main pour lui montrer davantage son inquiétude.

- Soon, tu me fais une blague là ? Espéra l'alpha qui n'attendait pas de réponse.

- Hyung, il faut que tu dormes !

- On rentre à la maison immédiatement et tu vas dormir. Lui imposa fermement le noiraud après la phrase de Vernon, se voulant autoritaire alors que sa voix était soucieuse et profondément alarmée. Ce.. Ce n'est pas du tout raisonnable de mettre ta santé en danger comme ça !

- Hyung a raison. L'épaula Minghao, lui aussi inquiet mais avec un ton plus doux. Ca peut être dangereux de ne pas dormir pendant autant de temps, surtout si tu marches toute la journée sans faire de pause comme tu le fais. Il croisa les bras, son visage devenant plus soucieux. Il faut que tu te reposes.

- Je sais, pardon... Soupira Soonyoung, se mordant la lèvre de culpabilité. Je voulais juste retrouver Jihoonie...

Seungcheol soupira. Il était désemparé de voir son ami se détruire autant comme ça pour assouvir ses désirs.

Il avait l'habitude d'être confronté à sa détermination sans faille et d'ordinaire, il le laissait faire ce qu'il voulait mais là, il ne pouvait pas rester les bras croisés à le voir se détruire la santé juste pour que Jihoon revienne parmi eux.

Soonyoung était peut-être un humain mais il y avait des moments comme celui-ci où il pensait que son corps était aussi résistant que ceux de ses amis, qu'il pouvait faire ce qu'il voulait sans avoir de conséquences.

Et dans ces moments, Seungcheol devait savoir jouer à l'aîné autoritaire qui devait l'empêcher de tenter l'impossible, même si voulait se résoudre à être plus dur avec lui, même si ça voulait démarrer une dispute.

Ainsi, après son soupir, il se mit à lui parler plus doucement, étant donné qu'il était de toute façon bien trop épuisé pour contredire les paroles et les actions de son aîné.

- Soonyoung, je veux bien que tu cherches Jihoon mais je ne te laisserai pas mettre ta santé en danger comme ça... Il le regarda dans les yeux, le suppliant du regard et ayant un ton plus implorant. S'il te plaît, retournons à la maison, tu dois dormir.

Le concerné ne put réfuter et hocha faiblement la tête.

Ne voulant pas qu'il se fatigue encore plus, Seungcheol passa ses mains sous ses fesses pour le porter, ce qui fit sourire l'humain qui put enfin laisser son corps être dépourvu de toute forme de force. Il se laissait porter, entourant ses jambes autour de la taille du noiraud et ses bras autour de son cou, posant sa tête sur son épaule.

En plus de le réchauffer grâce à la chaleur corporelle bien plus élevée de son espèce, il était très doux dans ses gestes et super confortable en termes de meuble pour dormir.

Soonyoung devrait peut-être lui dire de rajouter ça dans sa liste de qualité d'homme que tout le monde rêvait de marier.

Alors qu'il se mettait à son aise dans les bras de Seungcheol, il émana d'un air boudeur et résigné, ne voulant pas arrêter ses recherches.

- De toute façon j'arrive pas à dormir...

- C'est pas une raison pour passer ton temps à te torturer et ne pas t'occuper de tes besoins vitaux. Le reprit Minghao en roulant des yeux au prétexte que son aîné venait de prendre.

- Minghao-hyung a raison, tu sais ? Le suivit Vernon tandis qu'ils prirent la route pour rentrer à l'appartement du plus vieux. Jihoon-hyung est sûrement loin et je ne pense pas qu'il serait très heureux d'apprendre que tu te fais du mal comme ça en le cherchant...

Soonyoung soupira en se résignant à écouter les paroles de ses amis.

Bien-sûr que Jihoon lui hurlerait dessus et lui ferait la morale pendant une semaine, si ce n'est plus, s'il apprenait qu'il faisait tout ça pour lui.

Il espérait que jamais il n'apprendrait ce qu'il avait fait ces deux derniers jours quand il reviendrait.

Tandis qu'ils quittaient le parc, Soonyoung vit une forme étrange qu'il avait croisée plus d'une fois cette nuit.

Au départ, il n'y faisait pas attention car il se doutait que c'était son esprit qui commençait à disjoncter mais c'était la troisième fois qu'il voyait cette forme humanoïde et ce visage qu'il ne connaissait que trop bien.

Il l'avait croisé plus tôt dans la nuit vers deux-heures du matin en se baladant à proximité d'Itaewon.

Il l'avait salué mais il n'avait fait que le regarder et il avait poursuivi son chemin comme s'il ne se connaissait pas ou qu'il ne l'avait pas reconnu.

Peut-être qu'il faisait trop sombre pour que Mingyu ne le reconnaisse de loin...

Mais il y avait quelque chose qui clochait chez lui quand il l'avait vu.

Son expression était.. vide et morte.

On aurait dit qu'il n'était pas lui-même.

Le Mingyu joyeux et fou de vie qu'il connaissait semblait avoir disparu sous une expression vide d'émotion.

Alors, en voyant le grand noiraud ne pas être le même que d'habitude, il s'était dit que c'était son esprit qui lui jouait des tours.

Mais désormais, il était là, les regardant s'éloigner petit à petit, le regard toujours aussi vide.

Avant qu'il ne perde de vu, Soonyoung avait remarqué que comme la première fois qu'il l'avait vu, il avait un briquet en main et portait à l'épaule gauche un sac de sport noir.

Il se disait que c'était une illusion car si ce serait réellement le grand noiraud, Seungcheol et Vernon auraient dû entendre son cœur battre ou au moins sentir son odeur...

Enfin, normalement...

Or, il était trop exténué pour faire une remarque sur ce détail et pour se demander si c'était réellement Mingyu ou bien une hallucination créée par son manque de sommeil.

Mais avant qu'il ne puisse enfin tomber dans les bras de Morphée, il avait entendu au loin, dissipé dans l'asthénie de son corps, le bruit du silex s'entrechoquant contre la vis de métal,

provoquant les grésillements distinctifs d'un départ de flamme.

Lorsqu'ils avaient atteint l'appartement du plus grand, Soonyoung s'était malheureusement réveillé.

Et évidemment, son esprit ne voulait pas le laisser se reposer.

Il n'arrivait plus à se souvenir de grand chose, la seule chose dont il arrivait à se souvenir était le bruit de la vis de métal qui rappait et crissait contre le silex d'un briquet.

Il résonnait dans un coin de sa tête quand il ne pensait à rien, c'était un bruit parasite qui ne voulait pas le laisser en paix.

Décidé à finalement se reposer, il s'était dirigé vers la salle de bain en ouvrant l'armoire à pharmacie où se trouvaient des médicaments en tout genre mais surtout les somnifères dont Soonyoung avait besoin quand ses insomnies devenaient trop encombrantes.

Néanmoins, la boîte était vide depuis un certain temps mais il voulait quand même regarder, au cas où une nouvelle boite toute neuve ou un dernier cachet s'y trouverait comme par enchantement.

Or, quand il ouvrit l'armoire à pharmacie, il vit qu'il s'y trouvait une toute nouvelle boîte totalement neuve.

Il ne comprenait pas, Seungcheol n'avait pas été à la pharmacie pour lui, du moins à sa connaissance et il ne se souvenait pas en avoir acheté.

M'enfin; il avait fait beaucoup de choses dont il ne se souvenait pas cette nuit alors acheter des somnifères c'était un jeu d'enfant à oublier.

Il saisit la boîte et l'ouvrit pour prendre un comprimé pour pouvoir poursuivre sa nuit de sommeil.

Cependant, au lieu de trouver la notice d'utilisation, il trouva à l'intérieur de la boîte avec deux plaquettes de comprimés blancs un mot.

Quand il ouvrit la petite feuille, son cœur se mit à battre fortement dans sa poitrine.

Il reconnaissait parfaitement cette écriture.

"J'ai mis la notice dans les papiers de Seungcheol comme je sais que tu la jettes toujours alors que tu ne devrais pas.

Vu que tu es têtu et apparemment trop occupé pour prendre soin de toi, j'ai été chercher tes somnifères.

Dis toi que lorsque tu en prends, le temps passe plus rapidement et que je reviendrai plus rapidement aussi.

S'il te plaît, prends soin de toi, prends soin des autres pour moi.

J'aimerais le faire, mais c'est trop dur pour moi en ce moment.

Pardonne moi Soon, pardon d'être si égoïste dans un tel moment.

Je ne veux juste pas vous faire plus de mal, je ne veux pas te faire du mal comme je l'ai fait.

Je vous aime vraiment beaucoup et je pense à vous chaque jour, vous me manquez tellement. Je vous aime énormément.

Je vous promets de revenir bientôt.

Jihoon."

•••

Jeonghan venait de revenir dans le fantastique lieu de perversion qu'était Limbo en cette belle nuit du samedi vingt-six mars aux alentours de vingt-heures.

Il avait étonnement accepté bien vite le fait que Junhui était le propriétaire de ce lieu où tout le monde pouvait faire un peu ce qu'il voulait.

Après tout, son établissement correspondait bien à sa personnalité de détraqué qui vivait la nuit, qui, d'après les rumeurs, était pris d'un appétit sexuel assez conséquent toutes les nuits et qui s'autorisait à faire ce qu'il voulait quand il le voulait sans que quiconque ne l'en empêche.

Le blond avait rejoint le club par la porte de sortie comme Junhui le lui avait dit pour éviter de devoir passer par l'entrée principale où on l'aurait remarqué et où il aurait dû passer par les videurs et par Seohyun.

Il restait dans son coin, les bras croisés, regardant les différentes personnes se déhancher sensuellement sur les multiples musiques aux paroles lascives qui passaient, boire, fumer et surtout se rouler des pelles monumentales avant d'aller s'envoyer en l'air.

Le tout porté par des lumières aux tons bleus foncés et violets et une ambiance générale particulièrement axée sur le péché luxurieux.

L'ange attendait patiemment que Junhui se pointe, en espérant qu'il fasse le plus vite possible pour qu'il puisse finalement arrêter de se faire reluquer et recevoir des disquettes horriblement gênantes par des personnes, hommes ou femmes, créatures surnaturelles ou pas, qu'il devait repousser parfois avec force pour être tranquille.

Sérieusement, pourquoi Junhui l'avait choisi lui plutôt qu'un autre ?

Qu'est-ce qu'il avait de plus pour être celui qu'il considérait parfait pour mettre à bien son plan de ne pas torturer un chasseur, s'il allait vraiment écouter les consignes de Seungcheol, et de simplement le faire avouer comme si ça allait être simple ?

Il y avait des personnes qui étaient bien plus qualifiées que lui pour venir dans ce genre d'endroit...

Alors qu'il se sentait de plus en plus impatient et qu'il était à deux doigts d'appeler Junhui son sur téléphone personnel pour lui dire de se grouiller, il entendit sa voix résonner de plus en plus fort dans ses oreilles.

- Ah... Soupira-t-il de joie et d'envie en regardant la masse de personnes devant eux, s'avançant vers Jeonghan. Je te jure Jeonghan-hyung, si je n'avais pas d'autres préoccupations, je serais déjà dans le lit de quelqu'un...

Le blond se tourna vers lui qui avança jusqu'à lui, le visage toujours rivé sur la foule de ses clients, envieux de s'adonner à d'autres choses plus salaces et de satisfaire ses désirs inapaisables.

Il haussa les sourcils, un peu surpris et ne put s'empêcher de rougir un peu quand il remarqua finalement dans quel genre d'accoutrement Junhui venait de se ramener.

Il portait un costume simple par le bas mais le haut était un costume qui était fait pour avoir un beau décolleté en V qui plongeait très bien sur son torse où l'on pouvait voir un peu de ses pectoraux mais surtout la ligne entre les deux et deux coupes sur ses hanches qui révélaient encore un peu de sa peau, le tout avec quelques bijoux pour embellir le tout.

Enfin, Jeonghan ne pouvait pas dire qu'il avait une tenue plus sainte.

Après tout, il devait s'infiltrer dans la masse et faire une bonne impression dans ce genre d'endroit. Alors, plus on portait une tenue disons.. révélatrice et "provocatrice", plus il était simple de bien s'incruster dans l'ambiance.

Le blond eut un rictus amusé, voyant que les dires sur le noiraud étaient bel et bien fondés.

- Alors on ne mentait pas quand on disait que ta libido était impressionnante. Ricana-t-il en regardant le plus jeune qui sourit d'un air faussement coupable.

- Ce n'est pas de ma faute. Il sourit en coin, ses yeux pleins de malice. Je suis un humain avant tout et je me laisse trop facilement corrompre par le péché de chair, je ne le contrôle pas.

Jeonghan roula amicalement des yeux alors que le noiraud lui fit signe de le suivre.

Ils traversaient la grande salle principale en évitant la foule le plus possible, le blond faisait de son mieux pour ne pas perdre Junhui dans tout ce monde et pour suivre sa marche rapide.

Il était pressé ou quoi ?

Tandis que Jeonghan faisait de son mieux pour le suivre, il avait jeté un œil derrière lui par simple curiosité et soudain, quelqu'un venait lui prendre les hanches pour le coller subitement contre son torse.

Le plus âgé regardait l'alpha aux yeux violets devant lui qui venait de le plaquer contre lui sans aucune once de gêne en plus d'avoir ses sales pattes sur ses hanches.

De petites rougeurs avaient fleuries sur ses joues et encore plus quand il s'était rendu compte que ses mains avaient atterries par réflexe sur les épaules de son vis-à-vis.

- Q-qu'est-ce que tu fais ?! S'insurgea-t-il soudainement.

- Je te sauve la vie. Annonça-t-il les traits durs, la voix menaçante. Il les fit tous deux tourner dans l'autre sens, échangeant leurs places. Regarde derrière moi.

En voyant le ton calme mais grinçant qu'avait le noiraud, le blond lui fit confiance et regarda par-dessus son épaule et remarqua avec stupeur que deux hommes tout habillés de noir, âgés d'au moins une trentaine d'années, se baladaient dans le club à travers la foule.

Ils n'avaient pas l'air de s'amuser, on aurait dit plutôt une ronde ou un repérage.

Là n'était pas le problème.

Ce qui était une véritable menace était le fait qu'à travers les néons violets se reflétaient clairement et lumineux d'une couleur tirant sur le rouge les deux tatouages en forme de phénix que l'un avait au poignet et l'autre derrière l'oreille gauche.

Mais qu'est-ce qu'ils foutaient ici ?

Ils n'étaient pas là pour assassiner des créatures surnaturelles, sinon ils seraient déjà tous morts depuis un moment. Alors, si ce n'était pas pour tuer, c'était pour quoi ?

- Qu'est-ce qu'ils font ici ? Demanda-t-il en regardant le noiraud, lui aussi inquiet de ce qu'ils faisaient ici.

- J'en sais rien, ils ne viennent jamais ici. Junhui fronça les sourcils. Et ce n'est certainement pas pour Rinka...

- Tu penses qu'ils vont être un problème pour nous ?

Le loup eut un pouffement de rire.

- Pas pour nous, non. Il eut un sourire en coin. S'ils font quoi que ce soit, je serai au courant.

L'ange hocha timidement la tête, faisant confiance à Junhui sur ses informations.

Ce dernier sourit légèrement, heureux d'avoir un peu rassuré son aîné.

Pour s'assurer qu'il n'ait aucune arrière pensée calomnieuse sur ses intentions, il retira ses mains de ses hanches et en apporta à une sur son épaule droite pour attirer une fois encore son attention, ce qui fonctionna.

- Si ça peut te rassurer, j'ai envie de sauter aucun de vous. Lui confit-il.

- En-Encore heureux ! Rougit-il.

- Crois-moi que si j'avais eu l'envie, ça serait déjà chose faite.

Il passa à ses côtés pour reprendre sa route, le sourire fier d'avoir fait rougir Jeonghan de cette manière, alors que ce dernier le suivait timidement.

Junhui savait qu'il devait un peu profiter de ce moment car si Seungcheol avait été présent avec eux, il serait déjà probablement au sol avec plusieurs os de brisés et des griffures sur sa superbe plastique et son tout nouveau costume qui était devenu son préféré et avec du sang partout autour de lui, voire plus.

Mais il savait aussi que l'ange tenait un alpha en laisse comme un vulgaire chien de garde, qu'il était en mesure de faire ce qu'il voulait de lui sans qu'il ne lui refuse rien.

Et cet alpha, ce n'était pas Junhui.

Cependant, ce dernier n'avait aucune idée de pourquoi des chasseurs étaient venus jusqu'ici si c'était pour ne tuer personne.

Il avait envie de les tuer eux aussi. Ça serait un jeu d'enfant mais désormais, il ne pouvait plus vraiment faire ce qu'il voulait avec quiconque s'il voulait que Seungcheol lui fasse toujours confiance.

Mais pourquoi venir ici alors si ce n'était pas pour faire ce qu'ils faisaient d'ordinaire ?

Ce n'était pas pour Rinka étant donné qu'il ne faisait plus partie du clan mais alors, c'était pour qui d'autre ?

Or, ils n'avaient pas le temps de s'attirer des ennuis supplémentaires, ils avaient déjà un ancien chasseur à attraper et ce n'était pas le moment de s'attirer plus de foudre de la part d'un clan de phénix inhumains.

Junhui avait de toute façon fait en sorte que personne ne viendrait les déranger, qu'ils ne se fassent pas reconnaître en tant que créatures surnaturelles, c'était d'ailleurs pour cela qu'il avait dit à Jeonghan de ne pas passer par l'entrée principale pour éviter d'être forcé à porter le bracelet fluorescent qu'aucun de d'eux ne portait ce soir.

Il allait faire en sorte que personne ne meurt ce soir.

Ils firent en sorte de ne plus s'occuper des chasseurs et de ne pas porter leur attention sur eux pour le moment, et de se diriger dans la salle où allaient se diriger leurs parties de jeux d'argent.

Ainsi, quand Junhui déverrouilla la porte et ouvrit la porte pour entrer, Jeonghan découvrit que la pièce dans laquelle ils allaient jouer ressemblait en tout lieu à une réelle salle de casino privée.

C'était une salle aussi grande qu'une salle de réunion aux murs peints d'une couleur bois foncé, avec des lumières et une ambiance tamisée le tout avec au milieu une grande table de poker haut de gamme conçue pour accueillir dix joueurs au total, avec des sièges fait en cuir.

Alors que le blond admirait la beauté du lieu, Junhui lui avait expliqué que tous les deux parieraient et miseraient avec son argent personnel et qu'ils seraient au nombre dix.

Huit joueurs, les incluant tous les deux ainsi que Rinka, un croupier qui allait s'assurer qu'aucune tricherie ne serait utilisée des deux côtés et un serveur qui allait s'occuper de distribuer les boissons et qui allait tenir le bar présent au fond de la pièce.

Il avait aussi informé qu'au moment où il allait libérer ses phéromones pour pouvoir isoler leur cible après deux ou trois heures de jeu, il allait faire un signe discret au croupier et au serveur pour qu'ils puissent prétexter une bagarre soudaine qui aurait éclatée dans le club pour pouvoir s'enfuir sans faire d'esclandre.

Alors qu'il était en train d'écouter attentivement le noiraud sur le bon déroulement de la soirée, celui-ci sortit du meuble du bar une petite fiole remplie d'un liquide coloré d'une teinte flavescente.

- Et toi, tu boiras ça.

Jeonghan fronça légèrement les sourcils en s'approchant du noiraud qui venait de poser la fiole sur le meuble de bar.

- Qu'est-ce que c'est que ça encore ? Tiqua-t-il en examinant le liquide de plus près.

- Juste une potion que j'ai demandé à Joshua. Répondit amicalement le loup avec un sourire en coin. Elle te permettra de ne pas tomber sous l'effet de mes phéromones.

- Parce que tu comptes vraiment les utiliser ? Le jugea-t-il du regard d'une voix réticente à l'utilisation de ses capacités exceptionnelles.

Jeonghan n'était vraiment pas confiant à propos de réellement utiliser les ectohormones de Junhui. Si cela venait à se retourner contre eux, ils seraient dans un beau traquenard dont ils ne sauraient se défaire et jusqu'à preuve du contraire, avec un alpha tel que lui, rien n'était sans risque.

Ce dernier ricana quand il entendit la question de l'ange.

Il savait qu'il ne lui faisait pas confiance, ni à lui ni à son plan mais qu'est-ce que c'était que cette question ridicule ?

De toute manière, qu'il le voulait ou pas, ils n'avaient pas d'autre solution pour l'instant et il n'était pas sûr qu'ils avaient le temps de réfléchir à un autre moyen d'attirer Rinka sans que les cinq autres personnes autour d'eux ne les remarquent ou ne les suive.

- Évidemment que oui, mais j'en fais mon affaire. Insista-t-il sans perdre son calme avant de reprendre en reposant la fiole où il l'avait trouvée. Alors, si tu veux éviter de forniquer avec le premier venu à cause de mes phéromones, tu boiras ça dans un délicieux verre de champagne.

Sur ces paroles, Jeonghan se tut en regardant le loup de travers qui allait préparer tout ce dont ils avaient besoin pour jouer.

Il ne savait pas pourquoi il l'énervait comme ça mais il n'aimait vraiment pas sa personnalité qui savait tout sans arrêt, qui semblait tout contrôler et tenir tout le monde dans le creux de sa main.

Mais bon, il présumait que c'était ainsi qu'il était.

Encore soucieux de la tournure qu'allait prendre cette nuit, il se résout à le croire une fois encore sans forcément le vouloir. Il soupira et avança prudemment vers la table de poker sur laquelle le loup installait tout ce dont ils allaient avoir besoin pour les multiples parties de poker auxquelles ils allaient jouer.

- Et si ça ne se passe pas comme prévu, qu'est-ce qu'on fait ?

- Pourquoi ça ne fonctionnerait pas ? Demanda sarcastiquement Junhui avec toujours son maudit sourire sur le visage.

- J'en sais rien mais imagine que tes phéromones soient trop puissantes pour moi ou que la potion ne soit pas assez puissante pour y résister, qu'est-ce qu'on fait ? Appuya le blond en s'impatientant de ne pas avoir de réponse claire.

Son interlocuteur le regarda d'un air curieusement surpris, les traits froncés mais avec toujours son sourire narquois.

- Tu ne fais pas confiance aux capacités de Joshua ?

- Qu-Quoi ? Bien-sûr que si ! Évidemment que si je lui fais confiance ! Se rectifia immédiatement l'ange en se sentant obligé de se justifier. C-C'est pas ce que j'ai dit ! J-je prévois juste un plan B au cas où on aurait un quelconque problème ! Il s'emporta quelque peu, frustré que Junhui ne comprenne pas par lui-même. Est-ce que toi tu es au moins immunisé contre tes propres capacités ?!

Le noiraud se mordit la lèvre inférieure de contrainte en stoppant soudainement tous ses mouvements. Il n'avait pas prévu que Jeonghan se pose ce genre de questions.

- Parfois, il m'arrive de m'imprégner de mes propres phéromones sans que je ne le veuille... Confessa-t-il d'une petite voix embarrassée de partager une de ses faiblesses. Et le seul moyen de m'en sortir c'est d'assouvir mes pulsions.

Jeonghan sentit la colère monter en lui.

Il était sérieux là ?

- T'aurais pas pu le dire plus tôt ça ?! Se renfrogna-t-il en perdant son calme.

Il souffla de désespoir.

Il n'en pouvait déjà plus de rester avec cet idiot et il avait encore des heures à supporter en sa compagnie.

Donc ce débile, en plus de l'avoir embarqué dans un club où il y avait des chasseurs qui n'étaient pas prévus, dans lequel il allait jouer à des jeux d'argent avec des ex chasseurs et des gens qu'il ne connaissait pas, il allait l'exposer dans un truc contre lequel lui-même ne pouvait même pas résister par moment ?

Ce plan était une blague du début à la fin.

- Désolé. Riota-t-il en voyant le blond réprimer sa colère à son égard. Donc si jamais je suis moi-même pris par mes phéromones, tu devras attirer Rinka et le faire avouer par toi-même.

Jeonghan se disait qu'au final, ce n'était pas si mal qu'il se fasse avoir par ses propres capacités, ça lui irait parfaitement de gérer ça par lui-même au lieu de se coltiner un obsédé pareil.

Il soupira en fermant les yeux pour signifier qu'il ne s'opposait pas à cette condition si jamais tout ne se passait pas comme prévu.

Cependant, bien qu'il était perplexe à l'usage de ces phéromones, il se demandait à quel point elles pouvaient être puissantes et si elles servaient à autre chose qu'à juste provoquer une soif de désir à tous ceux qui les ressentaient.

Et il se posait une question plus... Personnelle.

Une interrogation qui le tourmentait depuis la première et dernière fois qu'il était venu dans ce club au surnom de tous les vices présents.

Il se mit de dos contre la table de poker et regarda le loup-garou qui finissait de tout bien ranger sur la table.

- Junhui... L'appela-t-il calmement, ce qui fit concentrer l'attention du noiraud sur lui. Dis-moi, t'as lâché des phéromones le soir où on est tous venus ?

Le noiraud eut un rictus amusé et quelque peu frustré.

- Non, j'étais trop occupé pour en lâcher ce soir-là. Confit d'une voix désolée mais toujours aimable.

Jeonghan fut choqué de savoir que le soir où ils étaient tous venus, il n'y avait aucun phéromone dans l'air.

- Attends, intervint-il d'un ton effaré en se décollant de la table pour le regarder, donc t'as vraiment rien libéré du tout ?!

- Disons que j'en ai lâché rien qu'un tout petit peu en début de soirée. Se rectifia-t-il en étant plus précis, l'air ennuyé de ce constat. Mais seuls les humains pouvaient les sentir, je n'en ai pas libéré assez pour que les créatures surnaturelles puissent les ressentir.

Il regarda l'ange dans les yeux, curieux de savoir si sa condition de chimère changeait quelque chose à la façon dont il pouvait ressentir ses phéromones.

En le regardant, Jeonghan avait l'air perdu et il n'arrêtait pas de rougir, Junhui ignorait totalement la raison de ce changement de carnation et pour être honnête, il s'en fichait un peu.

- Le soir où tu es venu, tu as senti une baisse de pouvoir ?

- Pas à ce que je sache... Lui déclara-t-il, toujours aussi déboussolé de ce qu'il venait de constater dans sa tête.

- Alors tu n'as pas été affecté par mes phéromones. Lui indiqua le noiraud en revenant à sa tâche initiale, ayant lui-même une réponse à sa question intérieure sur l'ange. Mes phéromones ont la capacité d'atténuer les capacités des créatures surnaturelles alors si tu n'as rien senti de différent concernant ça, c'est que tu n'as pas été affecté.

Si, Jeonghan avait senti quelque chose de différent, mais pas dans ce sens là.

Il se souvenait parfaitement du soir où il était venu présenter ses excuses à Seungcheol et de quoi ils avaient parlé.

Ils s'étaient tous deux expliqués sur leurs actions sauf sur une seule chose dont ils n'avaient pas reparlé depuis.

Ils s'étaient tous les deux excusés du comportement qu'ils avaient eu l'un envers l'autre le soir où ils étaient venus à Limbo pour rechercher des informations sur Junhui qu'ils surnommaient encore Zijing.

Ils s'étaient excusés de l'attitude charmeuse et séductrice qu'ils avaient eux l'un l'autre avant que Hyunwoo ne viennent gâcher la bonne entente qu'il y avait entre son ex petit-ami et l'ange.

Seungcheol avait conclu par le fait que ce n'était pas si grave et que de toute manière, c'était car Junhui avait balancé ses phéromones comme il le faisait chaque soir où il était présent dans son club.

Et là, il apprenait que ce n'était pas l'œuvre de l'alpha aux yeux violets, qu'il avait naturellement flirté et charmé Seungcheol par son propre libre arbitre ?

Jeonghan était en train de fondre de gêne de ce qu'il avait fait.

Les joues rouges et le cœur battant, il n'arrêtait pas de se souvenir de ce qu'il s'était passé ce soir-là entre lui et Seungcheol.

La manière dont ils se regardaient, la tension qu'il y avait entre eux, la chaleur qu'il ressentait et qui avait pris tout son corps, les jeux de regards, les pensées lascives...

Plus il pensait à ce moment, plus il se demandait s'il n'avait pas un problème lui aussi. Ce n'était pas du tout son genre de draguer quelqu'un de cette manière, de draguer quelqu'un tout court en fait !

Mais là, c'était Seungcheol, ce n'était pas n'importe qui...

Du moins, à ses yeux, Seungcheol n'était pas quelqu'un d'anodin, c'était une relation unique et ce qu'il ressentait à son égard quand était ou non avec lui, il ne l'avait jamais ressenti pour une autre personne auparavant.

Jeonghan devait arrêter de se torturer avec ces pensées qui ne faisaient que renforcer la couleur rougeâtre sur ses joues et faire accélérer son rythme cardiaque de la sorte.

Il n'avait pas le temps de trouver une explication à son comportement, il avait plus important à faire ce soir, il pourrait y penser les prochains jours mais là tout de suite, il y avait une autre question qu'il voulait poser à Junhui.

Autant profiter que le patron de cet établissement était ici avec lui pour lui poser toutes les questions qu'il voulait sans que personne ne vienne les déranger.

Après tout, les clubs dans ce genre cachent toujours des secrets et des choses sombres qu'ils font sans que personne ne le sache.

- Junhui, j'ai une question concernant ton club. Émana-t-il soudainement, une fois que ses rougeurs avaient cessé de torturer ses joues.

Le concerné le regarda lors de sa demande.

En voyant ce regard rempli de curiosité, le chinois avait deviné la question que l'ange allait lui poser.

- Tu veux savoir s'il tient vraiment son surnom ? Voulut-il confirmer en ayant son sourire en coin.

- "Le palais d'Asmodée".

- C'est l'un de ses différents surnoms, oui. Confirma le noiraud en s'avançant vers l'ange. Mais je tiens à te prévenir ; ici, j'autorise les gens à exécuter leurs moindres désirs et à réaliser leurs fantasmes mais si et uniquement si les gens sont consentants. Il croisa les bras, sa voix étant claire et sérieuse. Ici, les gens peuvent faire ce qu'ils veulent tant qu'ils ne tuent, ne blessent et n'abusent de personnes d'une quelconque manière. Il poursuivit pour approfondir ses explications. Si l'une des personnes ne veut pas ou si elle revient sur sa décision en plein acte, peu importe la raison, alors elle est libre de faire ce qu'elle veut y compris d'arrêter les ébats ou de partir.

- Je ne savais pas... Répondit le blond, ahuri par de telles révélations pour un night club de la sorte.

Ordinairement, les patrons s'en foutaient du bien-être de leurs clients, ils voulaient juste s'enrichir de plus en plus et exploiter leurs employés et leurs clients sans une once de regret.

Junhui sourit doucement, il était habitué à ce genre de réaction quand il répondait à ce genre de questions concernant ce club.

- Je sais qu'on ne dirait pas mais j'accorde une grande importance au consentement et pour moi, tout le monde devrait respecter ça sans même se poser la question. Rétorqua-t-il d'un ton plus contrarié et un peu dur. C'est pour ça que s'il y a le moindre problème, il y a divers moyens de demander de l'aide ici, dans chaque pièce et chaque endroit.

Junhui avait horreur des abus en tout genre et quand il avait repris cet endroit pour y fonder son club, il avait fait en sorte que personne n'y soit agressé sans qu'on ne retrouve le coupable ou sans qu'on ne puisse demander de l'aide.

Il avait fait en sorte qu'il y ait toujours un moyen de s'enfuir ou de retrouver l'agresseur pour que cela ne reste pas impunie et que les victimes puissent guérir sans avoir peur qu'il y ait de représailles ou qu'on ne les croient pas sur ce qu'il s'était passé.

Parmi les différents moyens il y avait les boutons d'urgence qui étaient bien visibles, les mots de codes que les personnes pouvaient crier, les créatures surnaturelles pouvaient briser ou mordent le bracelet qu'ils portaient pour que le liquide à l'intérieur émane une odeur particulière pour signifier que quelqu'un était en danger pour que les employés du club puissent venir en aide aux personnes.

La plupart des employés ici étant eux-mêmes des créatures surnaturelles, elles étaient en mesure de mieux protéger les autres qu'eux-mêmes dans ce genre de cas.

Et si une personne ne se sentait pas à l'aise avec un autre ou s'il y avait un quelconque souci, les employés et même Junhui étaient là pour les protéger et les garder en sécurité dedans et en dehors du club.

Le monde était rempli de fous et de gens plein de mauvaises intentions alors Junhui préférait dépenser plus pour s'assurer que ses clients étaient tous bel et bien en sécurité à chaque seconde qu'ils passaient ici.

- Je ne pensais pas du tout que la sécurité et le consentement seraient tes premières priorités. Lui admit Jeonghan qui n'en revenait pas et qui était vraiment surpris de ce constat dans le bon sens du terme.

- Le sexe c'est censé être un bon moment pour chaque personne, pas pour le plaisir de satisfaire un partenaire. C'est pas fait pour abuser des gens et les forcer à faire des choses qu'ils ne veulent pas faire. Expliqua-t-il d'une voix bourrue et autoritaire, faisant bien comprendre qu'il était sérieux et cela démontrait à quel point il tenait à ce sujet. Dans mon club, on est là pour se faire plaisir et quand je parle de luxure je parle avant tout de satisfaction sexuelle et pas de viol, d'agression et autres choses horribles que les gens font passer pour des désirs enfouis. Il soupira, se rendant compte qu'il était un peu trop dur dans sa façon de parler. Personnellement, et je pense que tout le monde devrait faire pareil, jamais de ma vie je ne forcerais, je ne serais déçu ou je ferais du chantage à qui que ce soit pendant des ébats. Si on n'a pas envie, on n'a pas envie et c'est tout. Tout ce qu'il y a dire c'est qu'un non voudra toujours dire non et ce n'est pas à débattre.

Jeonghan ne savait pas quoi dire pour poursuivre la suite de la discussion.

Après tout, il avait raison sur toute la ligne et il n'y avait rien à redire sur le sujet.

Le blond était entièrement d'accord avec lui tout simplement parce qu'il savait combien ce genre d'abus pouvait briser mentalement les personnes qui en souffraient au quotidien et encore plus ceux qui en mourraient.

Ce qui avait coupé l'envie du blond de relancer le sujet, c'était que l'alpha était plus que déterminé à imposer sa vision des choses et qu'il n'avait pas envie de discuter plus que ça, il avait tout dit et rien n'était à redire ou à contrer.

Cela s'entendait dans sa voix qu'il n'avait pas envie de poursuivre la conversation sur ce sujet-ci, qu'il avait juste envie de passer à autre chose et franchement, Jeonghan le remerciait pour ça.

Allez savoir pourquoi Junhui était si autoritaire quand on parlait de ça, pourquoi il se braquait complètement et devenait froid et distant comme ça.

Enfin bref.

Rinka et les autres n'allaient pas tarder à arriver.

Cela faisait maintenant plus de trois heures que Jeonghan, Junhui, Rinka et les cinq autres participants jouaient joyeusement, en discutant de tous sujets confondus autour de plusieurs verres d'alcool.

Ils jouaient à la manière la plus connue et la plus jouée du poker ; le Texas Hold'em.

Pour cette énième partie, c'était Jeonghan qui menait le jeu et qui avait la plus grosse somme de gain en main. Il avait accumulé un total de plus de cent cinquante mille euros qu'il avait facilement obtenu car les autres participants, hormis Junhui, ne faisaient juste que s'énerver et étaient particulièrement prit par le tilt, ce qui faisaient qu'ils ne savaient plus jouer correctement et l'alcool venait accentuer ce fait.

Le seul bon joueur que le duo avait était Rinka, comme Junhui l'avait prévu.

Il était un bon joueur mais pas assez bon.

Il était trop prévisible et il avait trop peur de retomber dans un des bluffs du blond en face de lui, il ne savait pas quand se retirer et il pensait toujours avoir raison sur chacun de ses coups.

Rinka était juste en train de tout perdre sous l'angoisse et il avait déjà perdu une somme d'argent astronomique ce soir.

Il s'était fait totalement dépouiller et maintenant, il allait devoir rentrer chez-lui et avouer à sa femme qu'il avait utilisé toutes leurs économies dans une stupide soirée de poker où il comptait se refaire une fortune alors qu'il avait déjà pas mal de dettes à rembourser.

Et lorsqu'il décidait de s'arrêter, les participants lui forçaient gentiment l'envie de rester avec eux et de jouer une toute dernière partie, en disant qu'il pouvait toujours se refaire.

Cela profitait pour Junhui et Jeonghan qui profitaient bien de l'addiction avare du quadragénaire pour le faire rester encore plus longtemps et écraser ses espoirs une fois de plus.

Et le meilleur joueur de cette table n'était autre qu'un novice du nom de Yoon Jeonghan.

Junhui avait été choqué de comment il jouait sans avoir aucun stress ni aucune peur même quand il était en train de perdre. Il se laissait aller et finissait toujours dans les trois premiers et était doté d'un don de bluff exceptionnel pour son caractère de débutant.

Et alors que Jeonghan s'occupait de foutre la trouille aux autres participants avec son jeu, Junhui s'occupait du reste en discutant gaiement avec eux de tout et rien, en déformant ses propres points de vue sur certaines choses pour ne pas les froisser et faire ami-ami avec eux sans se douter qu'il voulait tous les tuer.

D'ailleurs, l'ange se demandait pourquoi l'alpha ne se grouillait pas de balancer ces foutues phéromones pour qu'ils en finissent rapidement.

Au moment où il soupira d'agacement d'être toujours là à jouer, il vit le croupier et le serveur se regarder et tout deux sortirent rapidement de la pièce en s'excusant alors que Rinka et les participants se demandaient ce qu'il se passait en dehors de cette pièce pour que les deux jeunes hommes ne sortent à toute vitesse comme ça.

C'était le signe que c'était le moment de mettre leur plan en action.

Ainsi, pour donner le signal que ça allait commencer et qu'il allait enfin tous les immerger dans ses phéromones, en espérant qu'il ne se fasse pas piéger lui-même à l'intérieur, Junhui mit un petit coup de pied au blond qui n'eut aucune réaction sur son visage pour ne pas éveiller les soupçons.

Une vingtaine de secondes après ce petit coup dans la jambe droite, Jeonghan remarqua que les participants en leur compagnie commençaient à avoir des bouffées de chaleur, que leur souffle s'accélérait radicalement et que leur esprit ne pensait plus qu'à une seule chose, rien d'autre ne semblait pouvoir les distraire de l'envie d'assouvir leurs désirs.

Leur esprit était tant focalisé sur leurs pensées lascives que l'un d'entre eux se leva pour grimper sur les jambes d'un autre et commencer à le chauffer lentement.

Ainsi, Junhui fit signe à Jeonghan de le laisser se charger de leur cible pendant que lui devait s'éclipser discrètement.

Le plus vieux, qui ne ressentait rien face à la bombe de phéromones à laquelle il était exposé, profita du fait que tout le monde avait l'esprit trop embrumé pour discrètement sortir de la pièce pour se diriger à l'arrière du club, là où il y avait les chambres privées pour s'occuper de préparer tout ce dont ils allaient avoir besoin afin de pouvoir faire parler Rinka.

En parlant de lui, il s'était directement levé et s'était dirigé vers le bar avant de se laisser tomber dessus, à bout de souffle, alors qu'il avait ouvert sa chemise et retiré sa veste pour avoir moins chaud mais ça n'avait fait qu'accentuer le problème car maintenant, il pensait à retirer le rester de ce qu'il portait.

Sa tête entre ses bras, il essayait tant bien que mal de résister à la tentation des vices lubriques mais il n'arrivait pas à faire partir ces pensées impures de son esprit.

Soudain, il sentit quelqu'un passer à côté de lui, faisant passer son doigt lentement sur ses épaules, ce qui le fit frissonner.

- Ça va Rinka ? Demanda sarcastiquement le noiraud, amusé de voir le brun dans cet état. Tu m'as l'air.. gêné.

Il ricana en voyant le brun le regarder avec des yeux entrouverts qui transpirait le désir et la luxure, ce qui fit grandir le sourire en coin du plus jeune.

Celui-ci le prit par les hanches pour l'attirer vers lui et le coller contre son torse, le regardant intensément dans les yeux, un bras autour de sa taille et sa main sur la joue droite du brun qui n'osait rien faire de plus que d'écouter attentivement la voix sensuelle et mielleuse du noiraud.

- Tu veux que je t'aide à régler ce petit problème ? Mh ? Il sourit davantage quand il pressa la hanche du brun et qu'il entendit un petit glapissement sortir de ses cordes vocales. Ou alors.. Je pourrais t'aider à régler un autre problème...

Voulant un peu plus jouer et exercer un contrôle plus ancré dans l'esprit de Rinka, il déplaça sa main de sa joue pour faire glisser son index charnellement le long de sa gorge pour finir par maintenir son menton entre son pouce et son index, toujours le regard brûlant.

- Comme par exemple.. Régler la dette que tu as ajoutée sur la longue liste que tu possèdes déjà. Porposa-t-il d'une voix sensuelle et joueuse. Ou alors... Il déplaça ses lèvres à son oreille gauche et y susurra quelques mots d'un ton amusé. Je pourrais t'aider à te racheter aux yeux de Kyungshin, à récupérer son respect...

Le brun sentait son cœur imploser et son esprit s'évader encore plus, trop pris par la luxure et la manière avec laquelle le noiraud jouait avec lui et ses sens tout en s'en délectant.

- Mais.. Comment vous savez que.. il ne put terminer sa phrase tant son âme était portée aux plaisirs charnels.

Le noiraud eut un petit rictus amusé avant de lui répondre.

- Ce n'est pas la question, petit. Il ricana et mordilla doucement la turbercule de Darwin de son oreille, ce qui lui fit lâcher un autre couinement. Je sais que déceler le nom de cet alpha qui lui ruine la vie serait le jackpot pour toi, tu serais récompensé et tu regagnerais le respect que Kyungshin avait pour toi...

Rinka se mordit la lèvre, réfléchissant à ce qu'il devait faire sur le coup.

C'est vrai qu'après son départ, Kyungshin lui avait dit qu'il était très déçu de lui et qu'il n'avait aucune envie d'avoir une once de respect pour sa personne après son départ qu'il considérait comme une trahison.

Alors, dérober le nom de cet alpha pouvait peut-être le faire se racheter aux yeux de celui qu'il considérait comme un frère de cœur.

- Tu veux que je te le dise ? S'interrogea Junhui en le faisant se focaliser sur lui à nouveau.

Cette fois, sans hésiter, le brun hocha timidement la tête, ce qui ravit l'alpha qui souriait fièrement.

- Asmodée, je... À nouveau, il ne sut continuer ses paroles, son esprit étant trop embrumé par la luxure tentatrice de celui qui s'était présenté en début de soirée par le nom du démon responsable du péché luxurieux.

- Et si nous allions en parler rien tous les deux, mh..?

Ne pouvant pas bien réfléchir, Rinka acquiesça sans se poser de questions et se laissa faire lorsque le noiraud prit doucement sa main pour le faire sortir de la pièce de poker où les autres participants restaient, ils ne les avaient même pas calculés un instant.

Le brun n'arrivait pas à correctement réfléchir ni à assimiler ce qu'il était en train de faire.

Ses pensées étaient seulement ancrées sur le beau noiraud devant lui qui le guidait d'un pas assuré.

Or, bien que l'entièreté de son être était totalement sous le contrôle humide et incontrôlable de cette fièvre de désirs concupiscents, il avait remarqué que le blond qui s'était présenté sous le nom de Bélial était curieusement introuvable.

Ou du moins, il ne l'avait pas vu dans son champ de vision depuis un petit moment maintenant.

Mais peu importait, Rinka était sur le moment bien trop concentré sur l'homme qui le menait on ne sait où, sûrement l'une des chambres privées à l'arrière du night club.

Jamais il ne fallait que quiconque ne découvre ce qu'il était sur le point de faire...

Il perdrait tout si quelqu'un le découvrait.

Alors qu'il se demandait où le noiraud l'emmenait sans qu'il ne se débatte, ce dernier le reprit tout à coup par les hanches avant de le pousser dans une pièce jusqu'à que le bas du dos du brun ne bute contre une table de bois.

Le quarantenaire n'avait même pas le temps de comprendre où il était que le noiraud avait déjà niché sa tête dans son cou pour y laisser quelques baisers mouillés qui le fit sursauter mais soupirer d'aise à la fois.

Alors que la respiration chaude et haletante du plus jeune heurtait contre sa peau brûlante de désirs, il ne vit rien venir lorsqu'il sentit quelque chose de lourd s'abattre sur son crâne et que tout devint noir et vide de bruit.

Une vingtaine de minutes plus tard, le brun se réveilla doucement, ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer.

Il était avec le beau noiraud et là, d'un coup, c'était le trou noir complet.

Alors qu'il reprenait lentement ses esprits et qu'il tenta de bouger, il comprit non seulement que ses mains étaient fermement attachées dans son dos mais que ses pieds l'étaient également, étant assis contre un mur.

Il essayait de crier de panique et de peur mais le chiffon qu'il avait entre les dents lui servait de bâillon qui étouffait ses cris de détresse.

Il n'avait aucune idée d'où il se trouvait ni où était passé l'homme qui était auparavant avec lui.

En plus de la faible luminosité du lieu, Rinka ne voyait rien de bien clair car ses lunettes lui avaient été retirées.

Tout ce qu'il pouvait déceler, c'était la forme humanoïde d'un jeune homme contre le mur d'en face qui était adossé contre celui-ci.

Soudainement, alors qu'il tentait de défaire les liens qui le retenaient et qui, au passage, étaient beaucoup trop serrés pour que son sang circule correctement en plus de presque couper sa peau à chaque mouvement, il entendit quelqu'un s'approcher lentement de lui jusqu'à s'accroupir devant lui.

Sans qu'il ne puisse tenter quoi que ce soit, Rinka ne put faire grand chose que simplement se taire et fermer les yeux, croyant que sa vie était finie et qu'il allait finir enlevé lui aussi et torturé.

En sentant que quelque chose se poser sur les arêtes de son nez et sur le derrière de ses oreilles, il ouvrit timidement un œil avant de l'ouvrir l'autre quand il découvrit le visage narquois et joueur du beau noiraud qui l'avait emmené dans cette pièce.

À l'arrière, la forme humaine qu'il avait aperçue était l'homme aux cheveux blonds qui le regardait fixement, les bras croisés en étant adossé contre le mur.

Alors, ils se connaissaient tous les deux ?

Sa respiration devint rapide par la crainte et la confusion, ne sachant pas du tout ce qu'il avait fait de mal pour se retrouver attachés avec deux hommes qu'il ne connaissait même pas. De la sueur perlait de son front, son rythme cardiaque était particulièrement rapide et de petites larmes commençaient à s'incruster dans le coin de ses yeux.

- Oh.. Je suis désolé trésor, les liens sont un peu serrés. S'excusa le noiraud devant lui d'un air faussement coupable avec des étincelles de d'amusement dans ses yeux. J'espère que... Il eut un sourire moqueur. Ça ne fait pas trop mal.

Dès que les larmes de Rinka se mirent à ruisseler sur ses joues, Junhui ricana méchamment. Il adorait faire peur aux chasseurs de cette manière, de voir ces hommes qui se croyaient plus forts que tout le monde fondre en larmes à la première phrase qu'il prononçait.

Néanmoins, ils n'étaient malheureusement pas ici pour torturer Rinka, juste pour le faire parler.

À croire que ça ne revenait pas à la même chose.

Alors que les sanglots de supplications de leur victime s'intensifiaient seconde après seconde, le blond qui était pour l'instant resté silencieux se décolla de son mur pour rejoindre le noiraud à ses côtés et parler à leur prisonnier.

Une fois qu'il était arrivé en face du brun, Junhui agrippa fermement la mâchoire du quarantenaire et le força à lever la tête vers l'ange qui regardait l'humain sans plus d'émotion.

- On va te retirer le bâillon. Annonça-t-il froidement, faisant taire les pleurs du brun dans un élan d'espoir. On ne te veut pas de mal, on veut juste parler. Il soupira. Si tu cries ou si tu essayes quoi que ce soit, je te promets qu'Asmodée s'occupera très bien de toi. Il eut un sourire sadique avant de dire d'un ton amusé. Et il aime quand ça crie.

Il ne put s'empêcher de ricaner quand Junhui lâcha sa mâchoire alors que le pauvre brun avait gémit de peur en regardant le noiraud qui lui avait offert un sourire tout aussi vicieux.

Quand Rinka avait faiblement hoché la tête pour signifier qu'il allait obéir sans rechigner, le duo s'était partagé un regard avant que le noiraud ne souffle et ne retire le bâillon d'entre les dents du brun qui put retrouver un peu de liberté, tandis que le blond s'éloigna.

Sa bouche était devenue empâtée et moite due à la sécheresse buccale et surtout à cause de ses pleurs et de son angoisse.

Il ne savait pas ce que ces deux psychopathes lui voulaient. Il n'avait rien fait de mal à personne et au contraire il faisait de son mieux pour ne pas faire de mal à qui que ce soit.

Il regardait Junhui qui tenait toujours dans sa main le bâillon qu'il venait de lui retirer.

Quand il leva les yeux vers lui, il n'y avait plus aucun signe d'amusement ou de pitrerie, il n'y avait que la haine et le dégoût.

- Autrefois, les chasseurs qui attrapaient les créatures surnaturelles, les torturaient et après, ils les enfermaient sans eau ni nourriture avec un bâillon imbibé d'argent ou de poison qu'on leur mettait dans la bouche, entre les dents pour qu'il n'y ait aucun moyen pour qu'ils restent en vie. Raconta-t-il en fixant le bâillon. Il leva la tête vers Rinka qui n'avait rien dit, qui regardait le sol, honteux de se souvenir de ses activités précédentes. Ça devrait te rappeler quelque chose, non ?

À nouveau, l'ancien chasseur se tut et avala anxieusement sa salive, respirant fortement due à l'angoisse et la pression que lui mettait l'alpha qui devenait lourde à supporter.

Il savait qu'un jour, quelqu'un allait venir pour lui régler son compte afin de venger toutes les personnes qu'il avait tuées et toutes celles qu'il avait fait souffrir durant toutes ces longues années de terreur.

Il savait qu'il allait un jour devoir payer pour tout ce qu'il avait fait.

Et ce jour était malheureusement arrivé.

- Qu'est-ce que vous me voulez exactement ? Demanda-t-il après un petit temps de réflexion, la voix fébrile et apeurée. Je vous en prie, qui que vous soyez... Il avala difficilement sa salive une fois de plus, l'anxiété commença à gagner son esprit et ses yeux qui s'humidifiaient à nouveau. Laissez-moi partir et j-je ne dirais rien à personne, je vous le promets...

- Ta ta ta ta ta, tu crois que c'est si simple ? Dénit le loup d'un ton joueur, amusé de voir que leur prisonnier pensait vraiment s'en sortir si facilement. Tu vas rester ici bien sagement et tu vas faire tout ce qu'on te demande Rinka. Ordonna-t-il d'une voix caressante et chaude en caressant doucement ses cheveux pendant quelques secondes. Sinon...

Il se tourna vers le blond qui s'était adossé à nouveau contre le mur, exactement à la même place qu'au début, incitant le brun à regarder dans la même direction.

En comprenant que Junhui lui demandait d'encore plus effrayer leur invité, il hocha simplement la tête pour faire semblant qu'ils avaient tous les deux préparé quelque chose d'horrible à faire à l'ancien chasseur si jamais il n'obéissait pas.

Le noiraud le regarda à nouveau, se délectant de voir la peur s'installer de plus en plus dans l'esprit du brun.

- Je pense que tu as compris qu'on n'allait pas se faire de gros câlins.

Il sentait que Rinka était littéralement en train de se liquéfier intérieurement de peur alors que de l'extérieur il faisait le fier et faisait de son mieux pour faire comme si de rien n'était.

C'est vrai qu'un chasseur comme lui avait dû apprendre à ne rien laisser paraître durant sa formation, ça serait des années gâchées à ne rien faire s'il ne pouvait même pas contrôler et dissimuler ses propres émotions.

L'alpha exultait de joie tant il adorait sentir l'odeur que l'humain devant lui dégageait alors qu'il était terrifié pour sa vie qui était entre les mains de deux créatures monstrueuses.

Quand le brun regardait les deux hommes qui étaient avec lui dans cette pièce sombre et faite de bois, il voyait que le blond était beaucoup plus détaché et semblait à peine prêter attention à son sort alors que le deuxième était bien plus jouette, taquin et espiègle, comme si tout ça n'était qu'un petit jeu à ses yeux et qu'il savait déjà qu'il avait gagné.

- Où se trouve le dernier QG du clan du Phénix ?

Rinka se tourna vers la voix impassible et froide du blond qui avait résonné jusqu'à ses oreilles.

- Qu'est-ce que j'en sais ?! Cria-t-il en retour, niant immédiatement toute implication. Ça fait huit ans que je ne travaille plus avec Kyungshin, comment pourrais-je le savoir ?!

Il essayait tant bien que mal avec cet alpha qui le fixait intensément du regard avec des yeux menaçants de prendre le ton le plus crédible et sérieux possible en espérant que son mensonge passerait.

Aussi, il essayait de contrôler les battements de son cœur pour qu'aucun d'eux ne puisse l'attraper en plein mensonge mais ils n'avaient même pas besoin de faire ça pour comprendre qu'il essayait de les induire en erreur.

Mais Rinka savait que s'il disait quoi que ce soit, jamais Kyungshin ne lui pardonnerait, ni lui ni personne du clan et qu'il n'aurait jamais une chance pour se refaire un honneur.

- Tu mens. Signala le noiraud d'une voix sans émotion et glaciale de colère.

Avant que l'humain ne puisse rétorquer, le loup-garou avait déjà empoigné sa gorge avec ses griffes de sortie, des grognements enragés sortant de sa gorge.

Jeonghan se décala du mur, surpris de la violence avec laquelle son acolyte venait d'empoigner le quarantenaire qui était avant tout un humain qui pouvait être gravement blessé ou bien mourir.

- On sait que tu sais où il se trouve !!

Le noiraud grogna de frustration en se tournant vers l'ange quand celui-ci lui avait fermement agrippé l'épaule pour lui conseiller de fortement se calmer.

- Je te rappelle qu'on n'est pas ici pour le tuer alors calme ta joie. Le ramena-t-il à la raison, ce qui fit que son cadet lâcha la gorge du brun, bien qu'il était réticent à le faire.

Il voulait que cette pourriture traîne derrière une traînée de son propre sang jusqu'à perdre la vie.

Jeonghan roula des yeux avant de retourner à sa place contre le mur, impatient que tout cela se finisse. Il était excédé du comportement trop impulsif venant des hommes à demi loup qui ne pouvaient s'empêcher de faire que le moindre petit acte de violence anodine ne finisse dans un bain de sang et dans une guerre sans merci.

De son côté, Junhui retenait ses pulsions meurtrières qu'il avait envie de rassasier sa soif de vengeance et de sang avec Rinka qui ne faisait même plus attention à quoi que ce soit tant il était terrifié par cet acte soudain.

Après tout, le chinois avait eu envie et était à quelques secondes de lui trancher la gorge et ses griffes étaient assez fines et tranchantes pour que quiconque les sentant contre sa peau ne se sente plus qu'en danger.

- Si tu ne nous dit rien sur ça... Jeonghan soupira sarcastiquement. On sera obligé d'utiliser la manière forte. Le menaça-t-il en regardant le brun d'un petit air faussement bienveillant. Et si tu continues à mentir, je ne peux pas t'assurer que je serais assez rapide pour empêcher que mon cher ami le loup-garou ne te t'égorge.

- Je pense que tu ferais mieux de répondre à nos questions, pour ton propre bien. Suivit Junhui d'un sourire railleur et d'un regard espiègle.

Rinka eut un rictus amer.

Il était prêt à tout pour récupérer l'honneur qu'il avait perdu aux yeux de son ancien ami, même à provoquer des créatures du Diable s'il le fallait, bien qu'il était toujours aussi incertain de la tournure qu'allait prendre la situation.

- Je préférerais crever que de trahir le feu du Phénix. Imposa-t-il en prenant sa voix la plus dure d'un regard devenant ardent de détermination.

À ses mots, Jeonghan haussa un sourcil, étonné et amusé de la confiance que prenait Rinka alors qu'il se trouvait devant des créatures surnaturelles et qu'il était totalement sans défense alors que les lèvres de Junhui formèrent un "o" de surprise en aspirant sous le choc du ton insolent que sa cible prenait.

C'était qu'il se rebellait l'enfoiré.

Est-ce qu'ils devaient lui rappeler à quel point il était littéralement sans aucun moyen de s'en sortir et que pour le bien de sa survie, il ne fallait pas jouer au plus malin ?

Jeonghan riota doucement quand il vit Junhui s'approcher du brun comme si ce n'était rien qu'une petite proie sans défense afin de passer sa main dans sa chemise pour faire dépasser le pendentif en métal que l'ancien chasseur portait autour du cou.

Le noiraud se réjouit encore plus quand ce dernier avait tenté de briser ses liens dès qu'il avait senti le loup toucher son bijou pour l'empêcher de toucher à la chose à laquelle il tenait le plus au monde.

Ce fameux bijou était une chaîne d'une trentaine de centimètres faite de métal avec comme ornement une plaque faite du même métal sur lequel était inscrit le prénom "Shiori".

Junhui rigolait déjà.

C'était trop simple pour lui de faire pencher la balance en leur faveur, surtout quand sa cible lui laissait le privilège d'accéder à ce genre d'informations qui lui servait comme excellent moyen de persuasion que personne n'oserait refuser.

Mais bon, il fallait dire qu'il commençait à s'impatienter et l'ancien chasseur commençait à sérieusement l'agacer.

C'est sûr qu'il les préférait quand ils étaient à genoux en train de supplier de leur laisser la vie sauve.

- Plutôt joli... Commenta-t-il en regardant caressant les inscriptions de son pouce avant de relever les yeux vers le brun et de lui montrer la plaque. En quoi c'est fait ?

Rinka ne comprit pas du tout quel était l'intérêt de poser ce genre de questions, surtout quand ce qu'ils désiraient réellement c'était savoir où se planquait Kyungshin en ce moment.

Ne voulant pas froisser davantage ses ravisseurs et ne comprenant pas l'intérêt de cette interrogation, il répondit, déboussolé et dubitatif.

- En titane...

Le noiraud hocha la tête en répondant simplement de quelques "mh mh" jouant un peu avec la plaque entre ses doigts, son expression faciale montrant qu'il comprenait très bien le type de métal qu'il avait entre ses doigts.

- Je ne veux pas que mes paroles passent pour une sorte de menace mais... commença-t-il sarcastiquement avant de grimacer avec la même raillerie. J'espère que ta petite fille chérie et ta femme le sont aussi.

D'un coup, l'alpha serra fortement la plaque entre ses mains et Rinka ne put s'empêcher d'essayer de lui foncer dessus pour le stopper en hurlant de colère.

Dans son geste, le brun tomba pathétiquement au sol devant le duo qui exultait devant tant de détermination pour simplement empêcher un pauvre petit pendentif de se tordre sous la force surnaturelle d'un alpha, bien qu'ils savaient combien un objet de la sorte pouvait compter pour quelqu'un.

Mais quand on ne voulait pas parler, ils étaient obligés de le forcer d'une manière ou d'une autre.

De l'autre côté, Rinka voyait rouge mais il était aussi totalement tétanisé pour la vie de sa fille Shiori et de son épouse qui n'avaient aucune idée de ce qui se promenait dehors en faisant semblant qu'ils étaient des humains comme les autres...

Il ne pouvait pas se permettre de les mettre en danger, elles étaient les dernières choses qui lui restaient et s'il les perdait, il ne serait plus rien.

Il était obligé de se plier à leurs moindres désirs, c'était soit regagner le respect de Kyungshin qui ne voulait plus le voir ou perdre les dernières choses qui faisaient de lui un homme heureux de son existence.

Le cœur lourd, craignant pour la vie de ses derniers êtres chers, Rinka soupira dans quelques pleurs et avoua sa défaite.

- D'accord... Finit-il par lâcher en baissant les yeux de honte. Je vous dirais tout ce que vous voulez si vous me promettez de ne pas leur faire de mal... Il s'étouffa sur ses sanglots, ne pouvant les retenir plus longtemps. Je vous en prie...

Jeonghan soupira et fit signe à Junhui de cesser son petit manège de torture psychologique et de lui rendre ce à quoi il tenait pour qu'il puisse faire ses aveux dans de bonnes conditions.

- Bah tu vois joli cœur, c'était pas si compliqué. Se moqua-t-il en lâchant le bijou d'un sourire narquois.

Alors que le blond alla chercher du papier et un stylo pour noter les informations que le brun allait leur fournir, l'alpha soupira sarcastiquement avant de remettre Rinka assit contre le mur comme il l'était initialement, se sentant quand même un peu désolé d'avoir dû menacer sa famille et d'avoir dû déformer le pendentif auquel il tenait pour finalement le forcer à leur dire ce qu'ils voulaient.

Mais toute forme de culpabilité s'envola lorsqu'il se souvenait de l'atrocité que Rinka avait fait tout au long de sa vie.

Et surtout en se souvenant du visage fier et menaçant qu'il avait le soir de l'assassinat de ses parents.

Ce visage conquérant et arrogant, ces yeux vaniteux et remplis de méprise sans aucun remords ni honte, comme s'il avait rendu un service international en abattant les parents et le petit frère d'un adolescent de quatorze ans devant ses yeux et en détruisant le restant de sa vie au passage.

En ayant détruit son humanité toute entière.

Il n'avait aucune compassion. Aucune.

Tout comme lui n'en avait pas eu ce soir-là.

Il savait que Rinka l'avait reconnu.

Cette manière d'éviter ses yeux gorgés de haine et de désir vindicatif, de rancœur et dépravé de toute forme d'humanité envers sa personne ne trompait personne.

Junhui avait juste envie de faire comme il l'avait fait avec les autres ; l'entendre supplier jusqu'à ce qu'il ait les cordes vocales tranchées par ses griffes profondément plantées dans la chair encore chaude de vie de sa piteuse existence.

Pour lui et pour toutes les autres créatures qui avaient péri et avaient été détruites par la mort de ceux auxquels ils tenaient par sa faute.

Jeonghan voyait bien que la tension s'intensifiait entre le chinois et l'ancien chasseur, surtout pour le plus jeune qui n'arrivait à presque plus rien ressentir d'autre que de rancune et un désir brûlant d'expiation à l'égard de l'homme qu'il avait en face de lui.

Il savait bien que s'il n'intervenait pas, il n'allait rien avoir d'autre qu'un carnage sanguinaire duquel il ne saurait jamais se sortir.

Ainsi, il revint à côté de Junhui qui choisit par lui-même de se relever et de s'éloigner le temps de se calmer.

De quoi noter en main, il soupira, le temps de se préparer mentalement à interroger le brun sur ce qu'il savait sur le dernier QG de son ami le grand chef du plus gros clan de chasseurs de Corée.

- Bon, alors. Entreprit-il d'une voix plus posée et conciliante que son acolyte lycanthrope. Rinka eut plus de facilité à le regarder dans les yeux, ses globes oculaires étant maltraités par les larmes. Nous promettons que rien n'arrivera à ta fille, ni à ta femme, ni à quiconque auquel tu tiens mais seulement si tu nous aides, ça te va ?

Ne pouvant espérer un meilleur arrangement pour sa cause et étant plus confiant envers le blond qu'avec le noiraud, Rinka hocha faiblement la tête.

- Ok, très bien... Soupira Jeonghan, soulagé qu'il ait enfin trouvé un terrain d'entente. On sait que tu sais où se trouve le dernier endroit où se cache Kyungshin.

- Je.. Je ne connais pas l'endroit exact mais ce n'est pas à Séoul comme tous les autres QG. Avoua calmement le brun, étant à la fois rassuré par l'attitude bienveillante du blond devant lui, contrastant avec l'aura menaçante du noiraud adossé contre le bout droit de la table de billard devant eux. C'est dans un quartier dans la ville de Seongnam, dans la réserve naturelle qui est au Sud-Ouest...

Voyant que Jeonghan notait tout ce qu'il racontait, Rinka continua, sa voix étant un mélange de stress et de soumission face à la situation à laquelle il était exposé.

- À l'intérieur de la réserve naturelle, au Nord-Ouest près de Sanghyeon-Dong il y a un bâtiment abandonné qui a été interdit au public il y a des années après qu'il ait été fermé pour une cause inconnue du public. Rinka essayait de se souvenir du maximum de choses dont il pouvait se souvenir. Après sa fermeture, l'établissement a vite été abandonné et des amateurs de frissons venaient y faire de l'urbex mais les autorités ont défendu quiconque de s'en approcher. Alors, il a vite été laissé à l'abandon et tout le monde a rapidement oublié son existence et c'est là que Kyungshin a décidé d'installer son dernier QG comme dernière solution de repli pour se cacher...

Jeonghan avait noté chaque parole de leur prisonnier afin de ne rien oublier, chaque détail pouvait être décisif et être un avantage de plus pour eux dans toute cette histoire.

Et comme l'avait deviné Junhui, il ne servait à rien de chercher plus que ça dans les alentours de Séoul étant donné que la véritable dernière cachette de leur cible se trouvait à plus de deux heures d'où ils se trouvaient.

C'est vrai que c'était plus malin de s'éparpiller plutôt que de toujours rester au même point pour au final se faire atomiser toutes leurs bases par un loup-garou psychopathe assoiffé de vengeance.

- Tu sais d'autres choses ? Demanda l'ange en haussant un sourcil, au cas où il aurait d'autres choses à avouer.

- Non... Je connais juste le nom. En remarquant le regard intéressé du blond, il parla à nouveau. Ça s'appelle l'hôpital Yeojinsu, c'est tout ce que je sais. Comme j'ai quitté le clan avant l'installation de la base dans cet hôpital, je ne l'ai su que très tard et je ne sais rien d'autre que ça...

Jeonghan sourit légèrement, se voulant rassurant et compatissant, même s'il n'avait aucune affection pour cet homme.

Il avait fait ce qu'on attendait de lui et c'est tout ce qui comptait.

- T'as parlé, alors on va te relâcher.

Le brun souffla de soulagement en sachant cela alors que le blond notait le nom qu'il venait de lui transmettre avant de partir loin de lui pour envoyer des messages à on ne sait qui.

Ces liens commençaient à vraiment lui faire mal et il évitait de bouger car à chaque mouvement, le plastique des attaches zip lui coupaient la peau de ses poignets et cette position commençait à être vraiment désagréable.

Il était quand même heureux de savoir qu'il allait s'en tirer vivant et que personne auquel il tenait n'allait être tué ou blessé.

Néanmoins, avant de pouvoir crier victoire, il vit que l'alpha avait fini de se calmer dans son coin et qu'il s'avançait vers lui à nouveau, le visage vide d'émotion à part la haine et le mépris qui fit frissonner le brun de peur.

- Tu me ferais presque de la peine si tu n'avais pas massacré, assassiné et torturé des centaines voire des milliers de créatures innocentes pendant plus de seize ans. Cracha-t-il crûment après un rictus amer, son ton étant glacial et furieux derrière son air composé.

- Je n'ai plus rien à voir là dedans... Se défendit le plus grand en baissant les yeux, ne pouvant supporter de tels yeux aussi effrénés de rage. Je me suis repenti, j'ai arrêté la chasse, je n'ai plus rien à voir avec Kyungshin.

Bien qu'il tentait de se défendre comme il le pouvait, il savait bien que c'était une résistance pitoyable pour quelqu'un comme lui et que peu importe ce qu'il dirait pour expliquer ses actions, rien ne pourrait pardonner ce qu'il avait fait à ce pauvre gamin d'à peine quatorze ans.

Rinka l'avait lui aussi reconnu.

Au départ, il n'avait pas fait car il avait mûri et bien grandi, il s'était fait une réputation, avait un statut privilégié de patron et avait un sacré pactole en poche.

Qui aurait pensé que le jeune loup frêle, vulnérable et impuissant qu'il était à l'époque serait devenu l'un des alphas les plus craints du pays avec un beau paquet de rumeurs horribles et sanglantes à son sujet ?

Pas lui en tout cas.

Rinka pensait que comme Kyungshin à l'époque, il n'aurait jamais su survivre tout seul sans famille ni meute pour le guider surtout quand il semblait être le plus fragile des quatres sur le plan physique et émotionnel.

Et pourtant, désormais, il était là devant lui, n'étant plus un adolescent de quatorze ans mais un alpha avec un réputation de sociopathe qui ne cherchait rien d'autre que de semer le chaos et répandre une terreur meurtrière sur son passage, ravagé et torturé par le désir de se venger.

Mais ce dont il était certain, c'était que jamais il n'allait oublier ce regard plein de haine et de rage, d'une exécration cauchemardesque, le tout avec un sourire moqueur et sournois qu'il ne connaissait que chez-lui, une attitude arrogante et joueuse comme si rien n'avait d'importance et que tout cela n'était qu'un petit jeu sur lequel il exerçait un contrôle total.

Il savait qu'il allait le hanter pour le restant de sa vie à le tourmenter jour et nuit, lui rappelant toute l'horreur dont sa personne avait été capable par le passé.

Ainsi, il vit le noiraud s'accroupir devant lui, le regardant toujours de ses yeux ténébreux profonds et curieux, bien que restant toujours aussi impassible.

- Tu sais Rinka, au sixième siècle avant J.C, on disait qu'un homme nommé Perillos avait inventé une méthode de torture réputée comme la plus sadique et barbare de l'histoire. Lâcha-t-il soudainement d'une voix cordiale, presque doucereuse. Cette méthode de torture s'appelle le taureau d'airain. Il croisa les bras, morfondant son regard haineux et amusé dans celui du brun. On plaçait la victime à l'intérieur d'une statue creuse à l'effigie d'un taureau de cuivre et on allumait un feu juste en dessous.

Sa voix se fit plus rieuse et tendue alors que son vis-à-vis se figea d'effroi et d'incompréhension face à ce que lui disait le loup.

Il expliquait cette histoire comme s'il présentait le cycle de la vie, comme s'il s'agissait de la chose la plus simple à raconter sur Terre, sans être ne serait-ce qu'un peu effrayé ou dérangé par le fait que cette histoire ait réellement existé.

Comment pouvait-il parler de choses si horribles avec un ton si gai et nonchalant ?

- À l'intérieur, il y avait tout un système de tubes qui amplifiaient les hurlements de la victime afin que ces cris ressemblent davantage à ceux d'un taureau enragé. Il jubilait en voyant que Rinka était très réceptif à l'entente de cette belle histoire. On dit que Phalaris, le tyran qui régnait sur Acragas qui était bien connu pour son extrême cruauté qui n'avait pas de limites, était si choqué et écœuré de cette invention qu'il a fait en sorte que Perillos soit la toute première victime de sa propre conception.

Pendant que Junhui racontait la légende du taureau d'airain, Jeonghan écoutait calmement, attendant patiemment une réponse de Joshua.

Alors qu'il avait informé le sorcier qu'ils avaient réussi à faire parler Rinka, l'alpha aux yeux violets s'était mis à raconter cette histoire, n'ayant pas d'ailleurs de raison à première vue.

L'ange avait d'abord eu envie de le réprimander et de faire en sorte qu'il laisse leur cible tranquille, il avait déjà bien assez souffert comme ça, mais il était curieux.

Il se demandait quelle était cette histoire et pourquoi la raconter à un moment pareil, alors qu'ils auraient pu simplement assommer le brun et le ramener chez-lui sans faire d'histoires.

Alors, Jeonghan l'avait laissé faire en le regardant de loin, se demandant ce qu'il avait encore en tête.

C'était impossible de savoir ce qu'il voulait et ce qu'il pensait, il était imprévisible et c'était une tâche ardue de trouver le véritable fond de ses agissements et de ses paroles.

- Bien-sûr, ce n'est qu'un mythe et beaucoup de versions existes mais celle-ci est ma préférée de toute et elles reviennent toute à la même conclusion ; Perillos, l'inventeur de cet instrument de torture, finit toujours par être victime de sa propre création. Il ricana ironiquement en reposant ses yeux sur le brun, penchant légèrement la tête sur le côté avec les yeux devenant encore plus perçants qu'avant, lui donna un autre côté plus dérangé. On finit toujours par récolter ce que l'on sème, on finit toujours par payer les conséquences de ses actions.

Rinka n'arrivait pas à croire cet homme qu'il voyait devant ses yeux.

Est-ce qu'il était devenu fou au fil des années au point que parler d'une méthode de torture si barbare était quelque chose d'anodin à ses yeux ?

Et puis, qu'est-ce qu'il croyait ?

Certes, le brun avait fait des erreurs que rien n'y personne ne pourrait cautionner mais Junhui n'en restait pas plus innocent non plus.

Avait-il oublié la sombre réputation qui lui collait à la peau ?

- Toi aussi tu paieras pour ce que tu as fait. Rétorqua-t-il abruptement en tentant de tenir tête au regard sinistre du noiraud.

- Je n'ai pas dit le contraire. Haussa-t-il les épaules en fermant les yeux l'espace d'une seconde, un sourire sarcastique. Il se peut même que j'ai déjà payé ma dette.

Il se rapprocha du brun jusqu'à ce qu'ils ne soient qu'à une dizaine de centimètres d'écart, sa main gauche étant appuyée contre le côté droit juste à côté de la tête du quarantenaire pour qu'il ne puisse pas s'échapper de son regard pesant et acerbe.

- Tu vois, reprit-il d'une voix plus contrariée, mordante et tendue par la colère, les menaces fonctionnent toujours mieux sur ceux qui ont quelque chose à perdre. Moi, je n'ai plus rien à perdre. Il eut un rictus acrimonieux et un ton faussement navré suivi d'un regard accusateur. Et devine à cause de qui ?

Tout de suite après ces paroles, Rinka fut prit d'une vague de culpabilité intense qui le fait baisser la tête de honte, d'un opprobre si intense qu'il n'arrivait même pas à se retenir de ne pas sentir son cœur se compresser dans sa poitrine.

C'était pour ça qu'il avait choisi d'arrêter de chasser des créatures surnaturelles qui étaient au final tout aussi humaines que le reste de la population, qui n'avaient pour la plupart jamais demandé à naître ou devenir ainsi et qui ne méritaient pas la mort pour une raison dérisoire qui se résolvait à simplement être ce qu'ils étaient.

Le brun ne voulait plus jamais ressentir cet horrible sentiment de culpabilité et d'abjection d'avoir osé prendre la vie d'une autre personne pour "protéger" celle des autres même si cela menait au fait de détruire des familles, de briser psychologiquement des personnes et de leur donner une véritable raison de se comporter comme des "monstres".

- Dis-moi ce que tu m'as fait. Assume tes actes.

Rinka releva la tête vers le noiraud qui venait de lui ordonner d'un ton insensible et impérial de finalement révéler à voix haute ce qu'il lui avait fait.

- J'ai... Il ne put résister aux yeux dénonciateurs de l'alpha et baissa à nouveau la tête, la voix reprit de remords, s'étouffant une fois encore sur ses sanglots. J'ai laissé Kyungshin tuer Wen Limei, Wen Yuxuan... Je.. Je sais que rien n'effacera ta douleur mais je regrette, je regrette tellement, je suis sincèrement désolé...

Junhui le fixait sans plus d'émotion, il n'avait aucune pitié ni aucune sympathie pour cet homme.

Or, il était satisfait du fait qu'il avait des regrets, qu'il savait que rien ne pourrait jamais pardonner ce qu'il avait laissé faire et qu'il lui avait présenté des excuses.

Mais il ne les acceptait pas.

Rien ne pouvait adoucir le goût amer qu'il avait en bouche ni la saveur salée de ses larmes de désespoir.

Et il était aussi apaisé que Rinka ait au moins comprit combien ses actions avaient de conséquences et qu'il avait cessé ses activités de traque pour des choses plus sages.

Ainsi, il soupira et se calma, admirant amèrement cet homme pleurer de longues larmes chaudes qui dévalaient sur ses joues.

- Je ne te tuerai pas, promit-il d'une voix radicalement plus douce mais réservée, même si j'ai une trépidante envie de le faire.

En entendant cette nouvelle, le brun était prêt à se mettre à genoux devant le noiraud et de le remercier grandement, au moins heureux d'avoir sa clémence concernant son envie de le mettre en pièce.

- Je.. Je ne sais pas quoi dire, merci infiniment ! Rénifla-t-il, le sourire aux lèvres tant cette annonce était un soulagement total. Je te jure sur mon honneur que je regrette vraiment et que j'espère que tu te sortiras un jour de la douleur que nous t'avons infligée par le passé...

Junhui se releva subitement, les poings serrés fortement jusqu'à en trembler, la voix folle de rage.

- Ne jure pas sur des choses qui n'existent pas.

- Junhui, non, fais pas ça !!

Jeonghan ne savait pas quoi faire.

Junhui venait de planter ses quatre griffes dans la nuque de Rinka avec une rage sans précédent.

Même s'il l'avait entendu le blond lui ordonner de ne pas le faire, le noiraud n'en avait qu'à sa tête et avait enfoncé ses griffes dans l'arrière du cou du brun afin de fouiller ses souvenirs, les traits du visage de celui-ci étant tous renfrognés par la souffrance que lui infligeait l'alpha en étant plongé dans son subconscient, ayant tous deux les yeux fermés.

L'ange ne pouvait rien faire dans ce moment à part attendre que le noiraud ne se retire de lui-même, s'il rompait le lien entre eux, ça pouvait les tuer tous les deux sans aucune chance de survie.

Mais qu'est-ce qui lui avait pris de faire ça tout à coup ?!

Ce genre de pratique était particulièrement dangereuse, même si ce rituel était pratiqué par les alphas car il fallait un minimum d'entraînement, ce n'était pas quelque chose qu'on faisait d'une manière si brusque et soudaine !

Alors que Jeonghan paniquait totalement intérieurement, il vit Junhui retirer doucement ses griffes de la nuque du brun qui inspira une grande bouffée d'air avant de vaciller sur la droite en perdant instantanément connaissance tandis que le plus jeune revenait rapidement parmi le monde des vivants.

- Mais ça va pas la tête Wen Junhui ?! S'exclama le blond en venant en face du noiraud qui le regardait d'une manière nonchalante, écoutant à peine ses sermons. Pourquoi t'as fait ça ?!

Le noiraud ne lui répondit pas, trop occupé à nettoyer soigneusement les griffes de sa main droite avec un tissu blanc qu'il avait sorti de sa poche.

Son allure apathique et jemenfoustiste venait accentuer le degré d'agacement et d'exaspération que l'ange n'arrivait plus à garder en lui.

- Junhui t'aurais pu le paralyser voire même le tuer !! Asséna-t-il sans penser au ton criard qu'il prenait envers le concerné qui haussa simplement les sourcils, amusé de sa réaction irritée.

- Jusqu'à preuve du contraire, je n'ai jamais paralysé ou tué personne lorsque je vole les souvenirs de quelqu'un.

- Parce que ce n'est pas la première fois que tu le fais ?! S'interrogea-t-il, excédé de devoir se trimballer ce gogolito sur pattes.

Jeonghan avait envie de tout casser.

Mais qui lui avait refourgué un gugusse pareil ?

Il ne se rendait pas du tout compte des risques que ça engendrait de faire ce genre de pratique d'une façon si hasardeuse alors que c'était un talent qui demandait une précision accrue et une dextérité exceptionnelle.

Et puis pour voler quels souvenirs ?!

- C'est plutôt une bonne chose, tu ne penses pas ? Riota doucement Junhui, bien qu'il trouvait la réaction de Jeonghan trop exagérée. Ce serait un fiasco si j'étais inexpérimenté.

- Pourquoi t'as fait ça ?! Insista le blond en s'approchant encore plus de lui en le regardant droit dans les yeux.

- Je n'ai pas envie que mes tortures laissent des séquelles qui pourraient handicaper une personne à vie, alors j'ai volé tous les souvenirs qu'il avait de tout ce qu'il s'est passé après que tu ne l'aies assommé. Expliqua-t-il d'une voix composée, posant le mouchoir taché de sang sur la table à côté d'eux. Si j'avais le choix j'aurais préféré utiliser une autre méthode mais vois-tu, je n'ai pas eu le choix. Son regard s'assombrit d'ironie, autant que sa voix plus joueuse. Personne ne mérite d'être hanté par les bribes de son passé, tu n'es pas d'accord ?

Ce petit jeu fit tiquer Jeonghan qui prit une grande inspiration pour se composer et s'empêcher de sauter sur cet idiot pour le faire taire.

Et puis, qu'est-ce qu'il voulait dire ?

Ça n'avait strictement aucun sens.

- Tu ne sais rien de moi.

Junhui leva curieusement un sourcil, un sourire toujours aussi railleur et ironique sur le visage.

- Ah oui ? Il eut un rictus arrogant, méprisant son aîné du regard avant de prendre une voix amusée et un condescendant. Tu penses peut-être que ton petit secret est bien caché et que tout le monde croit à tes petites excuses et tes mensonges mais ce n'est pas le cas pour moi.

Lorsque les poings de son interlocuteur se serrèrent d'agacement et que ses sourcils se froncèrent, son odeur devenant plus forte de colère, il se pencha légèrement en avant pour lui susurrer quelques mots, orgueilleux mais toujours calme.

- Je sais exactement pourquoi tu t'es fait bannir du Paradis.

Aussitôt, Jeonghan agrippa les deux revers du costume du noiraud pour le propulser violemment sur la table de billard, venant le rejoindre pour mettre ses mains autour de sa gorge sans tarder, voulant immédiatement le faire taire.

L'ange était rentré dans un état de rage consumant tout sa raison, la seule envie qu'il avait à cet instant, c'était de la faire se la fermer à cet alpha prétentieux et vaniteux qui ne voulait rien d'autre que foutre la discorde dans leur vie à tous.

Junhui ne se défendait pas, au contraire, il avait juste ses deux mains qui maintenaient fermement les poignets du blond en place alors que ce dernier serrait sa gorge en y mettant toute sa fureur.

Comme à son habitude, il ne montrait rien d'autre qu'une expression espiègle, arrogante et insupportable avec son foutu regard mesquin et son sourire en coin.

Junhui ne savait rien de lui, il ne savait rien du tout !!

Il ne connaissait rien de sa personne, jamais personne ne le saura et surtout pas un pathétique alpha dans son genre !!

- Étrangle. Lui ordonna-t-il d'une voix presque suppliante mais tout aussi curieuse. Vas-y, serre encore.

En entendant ces mots, Jeonghan était en train de se rendre compte de ce qu'il était en train de faire.

Honteux de ne pas avoir pu résister à sa peur une fois de plus, il susurra durement entre ses dents.

- J.. J'peux pas...

Le noiraud eut un énième rictus amusé et confus, trouvant la réaction du blond absurde.

- Ne sois pas ridicule, serre. Imposa-t-il à nouveau de la même voix mais avec plus de douceur et d'attente. Aller.

- Je peux pas... Répéta l'aîné en fermant les yeux et secouant la tête, ne voulant plus affronter le regard insistant de son cadet, cessant sa pression sur la gorge de sa victime, ayant juste ses mains autour de son cou.

Ce refus irrita l'alpha qui fronça les sourcils, ses traits auparavant compliants et doux devenant durs, froids et menaçants.

De même pour sa voix qui fut plus autoritaire et commandante, impassible, impatiente.

- Je te dis de serrer Jeonghan !

L'appelé sursauta quand Junhui s'emporta en mentionnant son prénom, devenant plus agressif en élevant la voix tel un aboiement.

- Arrête ! Je te dis que j'peux pas !!

L'ange essayait par tous les moyens de retirer ses mains d'autour du cou de l'alpha mais ce dernier maintenait sa prise sur ses poignets avec toute sa force pour que les mains du blond restent à proximité de son cou.

A sa réponse de nouveau négative, Junhui pencha la tête d'incompréhension, ses sourcils se fronçant de frustration mais aussi de confusion alors que Jeonghan gardait les yeux fermés et son expression faciale était peinée tandis qu'il continuait d'essayer de se défaire de la prise de son cadet autour de ses poignets.

- Pourquoi ? Avant, tu l'aurais fait sans problème, pourquoi tu ne le fais pas..? Emana-t-il d'une voix plaintive comme celle d'un enfant. Jeonghan ne l'écoutait pas, il n'avait pas envie de taper la discute avec lui. Son ton redevint dénonciateur mais cette fois-ci envers l'ange. Tu caches bien ton jeu. T'es bien plus puissant que tu ne le laisse penser... Il haussa les sourcils avec un sourire choqué. A moins que tes pouvoirs d'ange ne se soient eux aussi envolé avec ta pureté divine ?

- Ferma la !!

Jeonghan put enfin se défaire du noiraud lorsque ce dernier lâcha finalement prise sur ses poignets, lui laissant quelques ecchymoses autour de ses articulations.

Sous la physique le plus âgé recula en arrière sans le vouloir, emporté par la force exercée.

Il frotta doucement la peau de ses poignets pour atténuer la douleur des bleus que la force surnaturelle de l'alpha avait créé autour de ses attaches.

Quand il regarda ce dernier qui s'était relevé et qui le regardait apathiquement, il n'avait qu'une envie c'était de se barrer loin d'ici.

C'était quoi son problème sérieusement ?

- Pourquoi tu n'as pas serré ?

Hein ?

- Pourquoi tu ne m'as pas étranglé comme tu avais envie de le faire ? Redemanda Junhui d'un sourire idiot et d'un timbre de voix curieux. Après tout, je ne suis qu'une créature qui veut simplement aller au même endroit que toi. Il soupira ironiquement. Le reste tu t'en fous.

Jeonghan se recula contre le mur jusqu'à se coller à lui, voulant rester le plus loin possible de ce taré avec qui il avait un long contact visuel.

- Tu t'en fous comme tu t'en fous de tout ce qui t'entoure. Il ferma les yeux en ayant un sourire caustique. Seungcheol, Joshua, et tous les-

- J.. Je tiens à eux !! Vociféra-t-il brusquement, coupant le noiraud au passage. Arrête de dire ça, c'est complètement faux, je tiens à eux bordel !!

Sa respiration était devenue plus saccadée, criant tout ce qu'il avait sur le cœur provoquant chez-lui une délicieuse sensation cathartique qui lui retirait un peu de sa peine.

Comment il pouvait dire ce genre de choses alors qu'il ne savait rien de lui et comment il fonctionnait ?

Junhui était vraiment quelqu'un de trop étrange et de totalement dérangé.

Il y a à peine une semaine, il les avait tous superbement accueillis sans aucun problème, étant même quelqu'un de timide et de réservé bien que très agréable et convivial et maintenant, il était une toute autre personne arrogante et manipulatrice.

Et quand il avait vu ce sourire moqueur et amusé sur son visage en plus d'entendre quelques ricanements, Jeonghan avait juste envie de l'enterrer vivant.

Il le faisait exprès pour s'amuser de ses réactions.

- Bordel, tu le fais exprès. Devina-t-il d'une voix furieuse bien qu'il tentait de rester calme. Mon dieu je vais te tuer !!

- J'ai hâte de voir ça alors. Répondit calmement le noiraud en s'adossant contre le bois de la table de billard.

Qu'est-ce qu'il croyait ? Qu'il était capable de battre un ange ?

Ce n'était pas parce qu'il avait une stupide couleur d'yeux différente des autres que ça faisait de lui l'être le plus puissant sur Terre.

- Tu me sous-estimes bien trop. Le blond tiqua et le menaça davantage. Ne joue pas avec quelque chose que tu ne peux pas contrôler.

- Je devrais te conseiller la même chose. Le plus jeune haussa les épaules. Mais tu vois, j'ai aussi peur de toi qu'un renard a peur d'une poule sans défense.

Jeonghan détourna le regard, ne pouvant et ne voulant rien dire de plus.

Il voulait juste rentrer à la maison, se blottir dans son lit et dormir avec Aster.

De toute façon qu'est-ce qu'il pouvait dire de plus ?

Il voulait toujours paraître insensible et détaché de tout alors qu'en vérité il était quelqu'un qui s'attachait trop mais qui ne le faisait plus par peur de souffrir à nouveau.

Junhui s'en voulait un peu d'avoir joué de la sorte avec son aîné.

Il ne lui voulait pas de mal, il voulait juste qu'il arrête de mentir au monde qui l'entourait et cela, chaque jour.

Alors, il s'approcha doucement de quelques pas, reprenant la conversation d'un ton calme et posé.

- Je vais être clair Hyung ; je ne te déteste pas, pas du tout même, bien au contraire. Les yeux du blond se posèrent sur lui, ce dernier étant toujours énervé. Il soupira, cherchant les mots justes. C'est juste que tu es comme moi.

Ses yeux se mirent à briller d'une couleur vive d'améthyste, contrastant entre un violet lilas, lavande et un violet aux nuances faisant références à la pierre représentative de ses iris dans lesquels se perdit Jeonghan.

- Tu es une fantaisie, un rêve à l'intérieur d'un autre, un mal pour un bien.

Junhui soupira une fois de plus, voyant que son explication n'était pas assez parlante, ses yeux reprenant leur couleur originale.

Ainsi, il reprit le fil de la conversation en essayant de se faire le plus clair possible tout en étant beaucoup plus posé et amical que les minutes précédentes.

- Si moi je suis une hydre, alors toi tu es bel et bien la représentation seule d'une chimère ; un fantasme, une idée irréalisable, une interdiction.

Il le regarda dans les yeux, voulant lui faire comprendre qu'il ne disait pas ça pour dénigrer, juste pour lui faire comprendre son point de vue.

- Tu es un ange et un vampire, à la fois la pureté divine et la création du malin, et le pire ce que tu n'es rien de tout ça en vérité. Jeonghan baissa les yeux, se concentrant sur la signification des mots de son cadet qui commençait à lentement s'approcher de lui à pas de loup. Tu es un produit de l'imagination mais une image bien réelle. Tu n'es ni un ange, ni un vampire, mais pas un humain non plus... Tu n'as plus rien d'un vampire et rien d'un ange, le blond eut un petit moment de surprise lorsque Junhui lui griffa la paume de sa main, en faisant sortir un liquide rougeâtre et faisant sourire le noiraud, tu n'en as même pas le sang.

Jeonghan cacha rapidement sa main en croisant ses bras, n'assumant toujours pas après toute ses années que son sang n'avait pas du tout la même teinte que ceux de son espèce.

Lui, il était le seul à avoir cette maudite couleur carmin qui lui avait ruiné la vie.

De toute manière, il avait toujours été celui qui n'avait rien comme les autres ; pas la même naissance, pas le même sang, pas les mêmes ailes, pas la même vie, pas le même destin, pas le même rôle, pas le même gardien.

Et surtout pas les mêmes péchés.

- Tu es ce que tu n'es pas. Personne ne sait ce que tu es et je me demande si un jour on saura donner un nom au péché qu'est ton existence. Junhui sourit tristement et regarda la main toujours ensanglantée de son aîné, bien que la blessure avait cicatrisé. Et il en va de même pour moi.

Jeonghan leva les yeux vers le chinois qui le regardait, plongé dans ses réflexions profondes avant qu'il ne relève soudainement son regard sur le blond, les sourcils froncés par la confusion.

- Comment un humain peut-il se transformer en vampire sans avoir été mordu ?

- Eh bien par un rituel de nouvelle lune ou par malédiction. Lui indiqua le blond qui soupira, un peu apaisé que le sujet sur sa condition de chimère soit passée. Mais ce n'est pas ce qui a fait de moi une chimère ; les anges ne sont pas affectés par les rituels, les malédictions ou la magie noire.

Le noiraud hocha la tête pour montrer qu'il avait écouté les informations de son aîné sans pour autant y répondre, voulant se trouver un semblant d'une réponse à toutes les questions intérieures qu'il se posait.

Néanmoins, Jeonghan en avait assez que le sujet tourne autour de sa personne, il avait envie d'en savoir un peu plus sur la belle couleur violacée rarissime des iris de l'alpha devant lui.

Après tout, un loup-garou qui possédait une autre couleur que bleu, jaune ou rouge, voire orange dans certain rare cas, ça ne se trouvait pas partout.

- Et toi, Junhui le regarda, lui donnant toute son attention, pourquoi tu as cette maudite, bien que très jolie, couleur d'yeux au lieu d'avoir une couleur rouge comme tu es censé avoir ?

Le concerné fut un peu pris au dépourvu, même si cette question était récurrente quand on apprenait sa condition au niveau de ses yeux, mais eut un petit sourire taquin en mettant ses mains dans ses poches d'un air relâché.

- Tu en sais plus que moi à ce sujet, je pense. Répondit-il simplement, son sourire s'élargissant dans une allure sarcastique quand il vit Jeonghan avoir un rictus limite outré.

- Pourquoi je suis censé le savoir ?!

Junhui ricana davantage avant de se pencher à nouveau vers son aîné et de sourire de manière espiègle pour agacer encore plus le blondinet avec son attitude qu'il jugeait comme "puérile".

- Parce que tu en sais bien plus que moi sur les lunes de péchés et sur les sept princes démons des enfers.

Jeonghan tiqua tout en le regardant de haut en bas.

Le culot et le dédain qu'il avait était impressionnant.

- Dixit celui qui se fait appeler Asmodée dans son night club. Relança-t-il avec une voix un peu bourrue.

- Dixit celui qui s'est surnommé Bélial pour nos parties de poker. Renvoya le plus jeune avec un timbre taquin et sarcastique.

Jeonghan roula des yeux alors que Junhui s'était reculé pour s'asseoir sur la table de billard, fier d'avoir eu le dernier mot.

C'est vrai que l'ange ne pouvait rien dire sur les surnoms.

Il aurait pu prendre un démon un peu moins horrible et cruel que lui, surtout qu'il n'était pas méconnu, au contraire.

M'enfin, Jeonghan avait juste pris le premier nom auquel il avait pensé.

"Pensé"...

Ce n'était pas le mot adapté.

Il ne l'avait pas pensé ; une voix le lui avait chuchoté et ce n'était pas une voix qu'il reconnaissait.

Mais sur le coup, il n'y avait pas prêté attention et avait juste pris ça pour une étourderie ou son esprit qui voulait le faire tourner en bourrique.

Alors que Jeonghan repensait à ce qu'il s'était passé plus tôt dans la soirée, Junhui voulait apporter plus de précisions concernant sa condition au niveau de ses yeux ; il ne voulait pas que son aîné ne se détrompe sur certaines choses.

- Hyung, je dois te préciser quelque chose.

Une fois qu'il avait l'attention maximale de l'ange, Junhui commença ses explications en se voulant sérieux.

- Mes yeux ont peut-être une couleur unique mais ce n'est pas grâce à eux que j'ai eu tout ce pouvoir. Il sourit ironiquement en regardant le blond dans les yeux. Dans ce monde, si tu désires la gentillesse et la paix, tu dois payer le prix. Dans ce monde égoïste et imparfait, seuls les égoïstes et le mensonge réussissent.

Il fit un petit saut en avant pour descendre de la table et croiser les bras, toujours en s'adressant à Jeonghan avec autant de sérieux dans sa voix mais cette fois en ajoutant plus de sarcasme dans son timbre de voix.

- Si quelqu'un veut quelque chose de ta part, demande-lui une chose de sa part en retour. Dans notre monde impitoyable et sanglant, c'est comme ça que ça fonctionne. Il eut un petit sourire en coin, s'attendant à une réponse positive de la part de son aîné. Et apparemment, cela se rapproche fortement du Paradis.

A ces mots, Jeonghan ne put rien faire d'autre que sourire bêtement et tristement à la fois.

Ce fait était véridique et le blond ne s'y était jamais vraiment fait.

Pour un lieu se disant comme parfait, où seul l'amour, le respect et la foi étaient maîtres, il était en son cœur absolument consumé de l'intérieur comme tous ceux qui s'y trouvaient.

C'était risible de voir qu'un lieu si doux et incroyable en apparence et par les rumeurs était en fait un nid de mensonges et de vices dissimulés en tout genre.

- Plus que tu ne le crois. Pouffa-t-il doucement en haussant rapidement les sourcils d'exaspération.

Junhui riota légèrement, heureux de savoir qu'il n'y avait pas que sur Terre et en enfer que le monde était calciné par les flammes du péché et des vices, que rien n'était finalement parfait comme tout le monde le prétendait.

Il souffla doucement, reprenant ses explications sur ce qu'il voulait préciser.

- Eh ouais, le pouvoir ça se mérite. Tu devrais être le premier au courant pourtant... Toi qui n'est pas un ange comme les autres.

- Je sais, t'inquiète... Ricana légèrement le blond alors que le noiraud le repris.

- Mais là, je ne parle pas de ta condition de chimère. Je te parle de ce que tu es à la base.

Jeonghan fronça faiblement les sourcils, ne sachant pas ce que Junhui voulait dire à ce propos.

"Ce qu'il était à la base" ?

- Tu sais, c'est surtout grâce aux chasseurs que j'en sais sur vous mais.. Ils n'ont jamais parlé de toi. Il sourit narquoisement, trouvant toujours détail curieusement intéressant. Tu es un véritable mystère, et pourtant, je suis sûr et certain que le prix que tu as payé n'est pas d'être à moitié vampire. Il s'approcha encore plus de lui, toujours l'air détaché mais sûr de ce qu'il avançait, sa voix se faisant plus insistante. Je suis persuadé que ta différence est quelque chose d'autre qu'être à demi ange.

Le blond avala anxieusement sa salive, ne sachant pas du tout quoi répondre au noiraud pour nier ou confirmer ses dires.

Il ne se souvenait de rien concernant celui qu'il était autrefois, en tout cas, il ne se souvenait pas de quel ange il était.

Et lui-même ne savait pas qu'elle était cette autre différence qu'il avait en lui mais dont il ignorait l'existence.

- Mon pouvoir, je ne l'ai pas acquis en claquant des doigts. Se remit à parler l'alpha aux yeux violets face au silence de son aîné tout en se redressant, sa voix se faisant plus aigre. Je l'ai eu en faisant couler le sang de personnes que je ne connaissais même pas pour venger celui qui a coulé des personnes auxquelles je tenais le plus.

Ses traits s'assombrirent lorsqu'il repensait à tout ce qu'il avait dû pour posséder un pouvoir tel que le sien.

Jeonghan avait de la peine pour lui car il le comprenait ; lui aussi avait dû faire des choses contre son gré à des personnes qu'il ne connaissait pas pour survivre dans ce monde froid et hostile, dépourvu d'humanité et de merci pour les gens comme eux par qui le respect et la roi passait par le pouvoir et la loi du plus fort.

Et quand on entrait dans ce cercle infernal, on ne pouvait plus en sortir.

- Tu es le premier à le comprendre ; avoir du pouvoir, c'est souffrir. Il serra les poings, se mordant la lèvre inférieure pour contenir sa contrariété. Avoir la force de venger et de protéger les autres, c'est se résigner à avaler du venin même si le goût t'écœure, c'est s'engouffrer dans une course addictive pour avoir toujours plus ce pouvoir dont on ne sait se défaire. Il souffla, les traits chagrinés alors qu'il regardait le visage du blond qui ne pouvait que comprendre ce dont il parlait. C'est se délaisser et avaler un poison pour stopper celui de quelqu'un d'autre.

Il regarda à nouveau le blond, sentant que son odeur se faisait plus amer et agitée, plus piquante de colère et d'agacement.

- Et je sais que toi, le poison duquel tu souffres, la chose que tu as sacrifiée pour être plus fort, c'est nul autre que toi-même.

- Arrête... Grommela-t-il entre ses yeux, son passé lui revenant en pleine face en étant exposé à la vérité. Arrête Junhui...

D'un pas déterminé, Jeonghan se mordit la lèvre inférieure pour empêcher ses larmes de couler et tenta de passer rapidement derrière son cadet qui le retint de partir si vite.

Le blond essaya de se défaire de la prise du noiraud qui tenait fermement son avant-bras gauche entre ses doigts.

Vous voyez, c'était ça le problème de Jeonghan.

Il pouvait être ce qu'il voulait seulement s'il arrêtait de se faire bouffer de cette manière sans que ses instincts de survie ne tentent quoi que ce soit pour le faire se défendre et se battre pour sa vie.

S'il arrêtait de toujours se laisser dominer par ses émotions et ses peurs comme une petite proie sans défense devant le plus gros des prédateurs, il pourrait être la personne qu'il rêvait de devenir.

- Mais lâche-moi bordel !! Menaça l'ange, totalement à bout de nerfs.

- Tu veux que j'te dise c'est quoi ton problème Hyung ?

Sans réfléchir, pour qu'il arrête de vouloir s'éclipser comme il le fait toujours, Junhui le fit valser contre le mur d'en face, son corps atterrissant sur le sol dans un gémissement de souffrance couplé à ses larmes qu'il tentait de cacher en détournant la tête du chinois.

Ce dernier savait que si Jeonghan allait par la suite raconter ce qu'il était en train de se passer, Seungcheol viendrait sûrement lui faire la peau et il n'aurait sûrement aucune pitié, ni lui ni Joshua.

Mais s'il fallait que Junhui se fasse ruer de coups par la suite, il était prêt à continuer.

Car il n'y avait que par la force que Jeonghan comprenait et écoutait ce qu'on lui disait.

Le noiraud s'approcha doucement de ce dernier qui s'était assis contre le mur pour récupérer et calmer ses sanglots, tout en parlant calmement mais sévèrement pour bien se faire entendre.

- Ton putain de problème c'est que tu fuis. Il eut un rictus ironique et caustique pour accentuer le poids de ses propos. Tu ne sais faire que ça ; fuir, fuir et encore fuir.

- Arrête...

- Tu fuis en permanence en pensant que ça te sauvera mais il y aura un moment où tu vas devoir affronter ta peur. Appuya-t-il davantage, n'ayant que faire des supplications de son aîné. Tu te trouves des excuses, tu choisis la facilité, tout simplement parce que tu n'as même pas conscience de ton propre potentiel et tu crois que tout se résoudra si tu ne fais qu'éviter le problème et éviter ce qui te fait peur.

- Junhui, je t'en prie arrête, ferme la... Supplia difficilement le blond.

Une fois arrivé devant Jeonghan qui gardait la tête baissée, tremblotant à cause de ses larmes et de la vérité qu'il ne voulait pas entendre, Junhui s'accroupit pour lui balancer froidement quelques mots.

- Tu es faible, Jeonghan.

La vérité faisait si mal.

Elle faisait toujours mal.

- Et tu le resteras à jamais si tu continues de fuir, de te cacher et de laisser tes peurs te dévorer en entier.

Junhui se releva et marcha jusqu'à la porte de sortie, jetant un dernier coup d'œil vers Rinka qui était toujours inconscient et qui n'avait pas bougé d'un poil.

Il ouvrit la porte et sa voix résonna une dernière fois dans les oreilles de l'ange.

- Et si tu veux savoir par où commencer, alors arrête de mentir à tout le monde, y compris à toi-même.

clac.

La brune reprit ses esprits tout en remettant son soutien-gorge, faisant claquer la bretelle droite contre sa peau.

Elle retire l'un des gants en satin coloré d'un blanc nacré qui lui arrivait jusqu'à ses coudes dans lequel se trouvait un mouchoir de soie.

Elle le sortit avec finesse et soin de son gant, prenant son temps pour essuyer la lame qu'elle venait d'enfoncer dans le cœur de cette pauvre fille aux cheveux blonds qui n'avait même pas eu le temps de retirer son chemisier ni de comprendre que sa partenaire de jeu n'était pas là que pour s'amuser en duo.

Miyeon prenait son temps pour soigneusement nettoyer le sang de sa lame préférée afin qu'aucune goutte de sang impur ne s'y trouverait et tâcherait ce sublime poignard orné d'un phénix sur la garde.

C'est vrai, pourquoi se presser alors que l'on pouvait prendre tout son temps pour admirer la sublime surprise que Miyeon venait d'offrir au patron de ce club de dépravés ?

La brune avait choisi de s'attaquer à ce beau night club duquel elle avait tant entendu parler ces derniers temps.

Elle avait décidé d'y faire un tour sans Kyungshin évidemment, il ne manquerait plus que son mari ne vienne tout gâcher et ne la laisse pas profiter des deux choses qu'elle aimait le plus au monde à part son fils ; les jolies femmes et tuer des créatures surnaturelles qui étaient une menace pour chaque être humain dans le monde.

Alors, elle avait décidé d'y aller en se mettant dans une tenue faite de diverses nuances de blancs pour apporter une apparence innocente mais classe et élégante. Elle avait tout simplement décidé de mettre une robe bustier blanche moulante et courte, avec une cape faite en plume de couleur elle aussi blanche et de longs gants en satin, toujours de la même couleur. Le tout combiné avec des accessoires en argent, avec de réels diamants et quelques perles pour renforcer le côté nacré de son maquillage.

Rapidement, en commandant un verre, elle avait vite pu faire connaissance avec quelques jeunes filles qui étaient toutes aussi magnifiques les unes que les autres et pour être honnête, si elle avait pu, elle les aurait toutes choisies, même si seulement une d'entre elles portait ce petit bracelet bleu fluorescent, signifiant qu'elle n'appartenait pas à ce que Miyeon et les autres étaient.

Alors cette dernière avait passé sa soirée avec cette belle blonde qui se prénommait Lixia avec qui elle avait flirté pendant toute la soirée, à lui payer des verres, à la complimenter, à lui faire des avances qu'elle n'avait jamais refusées...

Et ainsi, la brune l'avait totalement entraîné dans l'une des chambres privées qui, comme par hasard, était la seule avec une caméra qui ne fonctionnait pas.

Ainsi, pendant une dizaine de minutes, elle et la blonde avaient "discuté" de choses de plus en plus charnelles et Lixia était étonnement très influençable et soumise pour une créature de la nuit.

Mais cela convenait à la plus âgée qui en avait profité pour la manipuler comme elle le voulait, jusqu'à finir à moitié nue devant, n'ayant gardé que son dernier sous-vêtement blanc qui cachait son intimité.

Néanmoins, quand la blonde avait fermé les yeux pour profiter des baisers enflammés de la brume qui l'emmenait au septième ciel d'être traitée avec tant de tendresse et de sensualité combiné avec les caresses douces de ses gants de satin, elle avait senti Miyeon s'éloigner et à peine quelques secondes après, elle avait senti une lame tranchante s'enfoncer dans son cœur, la brune maintenant la lame fermement enfoncée dans la poitrine de la blonde qui ne pouvait rien faire sur le moment.

Avant de la voir s'effondrer et se vider de son sang lentement en imbibant les draps du lit de son liquide carlin, Miyeon lui avait simplement souri en lui disant "Désolée chérie." avant d'embrasser ses lèvres et que la vie ne quitte le corps encore chaud de la blonde qui s'était laissé tomber sur le côté, les yeux encore ouverts.

Elle avait précisément gardé ce couteau toute la soirée sur elle, dans ses sous-vêtements afin qu'on ne le retrouve pas.

En arrivant, elle avait malheureusement dû le mettre à l'arrière de son soutien-gorge pour que pendant la foule corporelle à l'entrée, on ne trouve pas son arme cachée sur elle en faisant attention d'avoir bien rembourrer l'arrière de sa cape en plume pour que ne l'on sente pas le métal dur de la lame contraster avec le moelleux de son vêtement.

Ce n'était pas forcément désagréable à garder mais c'était plus délicat à cacher lorsque avec Lixia, elle avait retiré ce qui lui servait de cachette pour son couteau mais heureusement, elle avait réussi à distraire sa cible assez longtemps pour pouvoir le récupérer sans se faire voir avant de le planter dans le cœur de cette pauvre petite blonde qui n'avait rien vu venir.

Miyeon avait finalement fini de se rhabiller et était prête à quitter cet endroit lubrique qui commençait à lui flancher une migraine.

De toute façon, le corps n'allait pas être retrouvé avant au moins le jour suivant dans l'après-midi alors elle pouvait prendre tout son temps pour partir.

Ses deux employés pouvaient témoigner en sa faveur si jamais elle était accusée de quoi que ce soit, ils étaient venus pour ça de toute manière, juste pour lui servir d'alibi.

Elle avait fait en sorte que jamais on ne découvre qu'elle était la responsable de ce meurtre glacial.

Et puis peu importait combien de créatures elle tuerait, elle savait qu'elle n'était pas la seule meurtrière ici ce soir.

Évidemment qu'elle était au courant que Rinka était ici, quelque part dans de club à jouer à des foutues parties de poker avec un loup-garou et d'autres personnes dont Miyeon ignorait l'existence et dont elle s'en foutait totalement.

Mais si elle devait être franche, elle espérait que Rinka se fasse torturer pendant des heures durant et qu'au final, il finirait par être égorgé ou tué d'entre atroces souffrances.

Elle n'allait pas revenir sur sa décision de le jeter aux lions et n'avait aucune pitié pour la pourriture qu'était Ishikawa Rinka.

C'était la peine qu'il méritait pour s'être désisté après qu'elle et que Kyungshin lui avait tout donné mais surtout après avoir laissé une bête sauvage si dangereuse en vie même si ce n'était qu'un adolescent.

Cet adolescent qui avait fini par les traquer, elle et le reste de sa famille, en promettant de souiller le nom de leur lignée de leur propre sang.

Comme d'habitude, l'incompétence et l'idiotie grandiloquente de Kyungshin les avaient tous menés à un danger constant dont ils ne pouvaient espérer se défaire et maintenant, Miyeon était obligée de finir le travail par elle-même.

Tu parles d'un chef de clan...

Or, Miyeon savait qu'il était ici.

Cet alpha aux yeux violets qui l'a poursuivait elle et le reste de sa famille depuis plusieurs années désormais.

Qu'il était terré quelque part dans ce club à préparer un plan pour trouver la dernière planque qu'ils avaient encore en bon état.

Elle aurait bien pu profiter de sa libido maladive et sans limite pour l'attirer facilement de la même manière qu'il le faisait avec la première âme dépravée qui se perdait ses belles paroles et sa luxure contaminatrice afin de le tuer et ils en seraient enfin débarrassés mais elle attendait une chose qui allait bientôt se produire.

La mort de Kyungshin.

Elle savait qu'il allait venir le tuer et que rien n'y personne ne pourrait l'arrêter une fois qu'il allait atteindre ce qu'il allait lui provoquer un soulagement extatique.

Zijing allait faire le travail à sa place et elle n'avait rien besoin de faire, de simplement jouer la carte de l'épouse comblée et attentionnée, sans rien faire de plus.

De toute manière, Kyungshin n'était pas si idiot.

Si elle avait planifié le meurtre de son mari, il aurait fini par le savoir et n'aurait pas hésité à la faire tuer, bien qu'il ne l'aurait pas fait de ses propres mains.

Qui aurait cru qu'un homme cruel, égoïste, sans humanité, un vrai monstre comme on en connaissait peu tel que lui pouvait tant aimer une femme comme elle au point de ne pas pouvoir la tuer même si elle le trahissait de la pire des manières ?

Kyungshin était un homme faible pour Miyeon et elle en était parfaitement consciente.

Alors, quand on ne pouvait pas éliminer une menace par soi-même, on le faisait faire par quelqu'un d'autre.

Miyeon était une rêve qui allait tuer pour sa couronne et ça allait être sa plus grande fierté.

Comme elle l'avait prévu, elle allait laisser Zijing avoir le plaisir d'assouvir sa soif ardente de châtiment.

Or, elle allait venir le tuer de ses propres mains pour abréger les souffrances de cette pauvre petite âme qui avait passé des années à souffrir d'une psychose sans fin, elle allait le libérer de toutes ces longues années de souffrances et de la vengeance dont il s'était rendu totalement obsédé et qui avait finit par le rendre totalement fou.

Et à partir d'ici, elle avait bien l'intention de n'avoir aucune pitié pour les créatures surnaturelles qui peuplaient ce monde.

Ils devaient tous périr dans un bain de sang qui ne ferait que s'écouler encore et encore dans le sable du temps.

Aucune de ces bêtes ne méritait son indulgence et aucun d'eux ne serait épargné.

Aucun n'en réchappera.

Pas quand on s'amusait à tuer son fils et quand on tentait de lui voler le deuxième.

Elle espérait que Joshua savait courir vite.

Car il allait bientôt finir par baigner dans ses propres regrets teintés d'un gris rempli de châtiment.

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29K pour ce chapitre hihi

J'espère que ça va zjxizozl

Et j'espère aussi que ce chapitre n'était pas trop lourd à lire et à comprendre :')