Chapitre 21
Après avoir passé la nuit dans un bar de la capitale pour réfléchir aux événements s'étant produit la veille dans le club Limbo, Jihoon avait pris le train direction Namyangju, situé à deux heures de Séoul.
Il avait besoin de se ressourcer, de décompresser, il avait juste besoin de penser à son existence et à ce qu'il venait de faire.
Il était soulagé d'avoir pu parler à Joshua cette nuit et de lui avoir confié ce qu'il comptait faire. Il lui faisait assez confiance pour lui confier un secret de cette envergure et pour qu'il ne tente pas de le retenir ou de le chercher, pas comme trois idiots qui allaient sûrement chercher à le retrouver dans les jours qui allaient suivre son départ. Même s'il avait laissé une lettre pour s'expliquer, il savait que Seungcheol, Minghao et Soonyoung n'allaient pas le laisser partir comme ça sans savoir ce qui n'allait pas, ils avaient d'autres choses bien plus importantes à faire en ce moment.
Mais il espérait qu'ils soient tous les trois raisonnables pour ne pas passer leur temps à chercher une réponse et s'entêter à le faire changer d'avis, même si raisonnable était l'exact contraire de Soonyoung.
Cela faisait plus de trois quart d'heure que Jihoon marchait dans les rues de Namyangju à admirer la neige recouvrir le sol d'un épais manteau blanc. Il était en train de geler sur place mais il était hors de question qu'il fasse demi-tour où qu'il s'arrête en si bon chemin. Qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour avoir le gros manteau de Soonyoung ou alors juste toucher la peau de Seungcheol pour se réchauffer, là tout de suite...
En traversant les diverses rues menant au temple Sujinsa, Jihoon continua de marcher, s'éloignant de plus en plus de la population pour finir par s'embourber dans la mer d'arbres qui entouraient Namyangju. À travers le bois, il suivait le chemin qu'il avait l'habitude d'emprunter chaque mois, le même jour, sans aucune exception. Jihoon connaissait ce passage par cœur et jamais il ne pourrait l'oublier, il était ancré dans son être.
En continuant de s'immiscer, il arriva finalement à une clairière entièrement parsemée de lycoris rouges éternels qui n'allaient jamais faner, que personne ne pouvait tenter de couper ou de cueillir au risque de s'empoisonner sans échapper au poison que ces plantes contenaient. Les fleurs étaient recouvertes de neige, ce qui ne cachait pas l'éclat rougeâtre qu'elles continuaient à resplendir à travers le blanc de la nature.
Soulagé de rentrer chez-lui, Jihoon marcha le long de la clairière en empruntant le chemin qui n'était pas recouvert par les fleurs qui menait vers un kiosque blanc fait de bois, qui protégeait le trésor de Jihoon du froid de l'hiver.
En s'abritant sous le kiosque, le froid se dissipa légèrement et Jihoon put finalement s'asseoir devant ce qu'il appelait sa fatalité, ce qu'il considérait comme ce qu'il avait fait de pire dans sa vie et ce dont il ne pourrait jamais espérer paix et pardon.
La tombe devant lui était simple en apparence mais décorée et entourée de fleurs rares par leur immortalité et leur nonchalance envers les intempéries. Aussi, derrière la stelle, on pouvait voir une croix latine peinte d'un blanc éclatant, constrastant avec le gris pâle du reste de la tombe.
Sur la stèle, on pouvait y lire ceci :
Lee Yiseul
1831 - 1869
Lee Yiseul, naquit le premier juin mille huit cent trente-et-un dans une famille plutôt bourgeoise à Séoul, était une jeune femme douce aux allures semblable à celles d'un ange.
Son enfance avait été relativement bonne, épaulée par ses parents et la religion qu'ils lui avaient imposée, elle était connue pour être fidèle à la religion, pour sa beauté et sa bienveillance envers autrui.
En mille huit cent quarante sept, elle dû à contre cœur, pour le bien et l'honneur de sa famille, se marier à un homme qu'elle connaissait à peine. Résolue à vouer sa vie au bonheur de ses parents, elle s'était mariée de force avec cet homme beaucoup plus âgé qu'elle dont elle ne se souvenait même pas le nom et qui n'avait pas tenu de retenir le sien.
Qui dit mariage forcé, dit bonheur bafoué.
Après quelques mois de relation rythmée par des abus sexuels répétés et le fait que Yiseul ne s'était jamais laissé faire face aux pulsions de son mari, elle demanda le divorce en apprenant qu'après l'un d'un énième assaut sexuel non consenti, elle eut à apprendre qu'elle attendait un enfant.
Même si elle connaissait parfaitement les conséquences sociales et financières d'une telle décision, qu'elle savait qu'elle allait tout perdre, elle ne pouvait pas se risquer à élever un enfant avec tyrant tel qu'était son mari. Elle ne pouvait pas se permettre de ne pas protéger son enfant et de l'exposer à une vie synonyme de violence et d'abus en tout genre.
Connaissant la société du dix-neuvième siècle, son mari lui avait fortement conseillé de lui léguer toute sa fortune pendant le divorce si elle ne voulait pas qu'il fasse en sorte que son bébé ne voit jamais le jour. Rejetée par ses parents pour son divorce, ce qui était une honte absolue pour eux, et surtout terrifiée de ce que son mari pourrait lui faire à elle et son enfant, elle avait tout de suite accepté sans même y réfléchir une seule seconde.
Le neuf mai mille huit cent quarante huit, Yiseul se retrouva alors seule, sans presque plus rien pour vivre et avec un bébé duquel elle devra s'occuper dans à peine cinq mois.
Cependant, même si ses parents l'avaient totalement rejetée par son choix de divorcer et notamment d'avoir un enfant à l'âge de dix-sept ans, ils avaient fait en sorte qu'elle ne se retrouve pas seule durant sa grossesse et pour que la gestation du bébé se passe bien.
Ainsi, ils l'avaient hébergé les cinq derniers mois qu'il lui restait avant d'accoucher. Durant ce laps de temps, ils avaient essayé encore et encore, par tous les moyens de la persuader de revenir sur sa décision et de revenir avec son mari avec des arguments bateaux que Yiseul n'approuvait pas du tout. Elle se fichait qu'elle soit la risée de sa famille voire même de la ville entière, si ça permettait à son enfant de vivre heureux sans aucune violence, alors elle était prête à supporter n'importe quoi, même la haine des gens qui l'aimaient tant auparavant.
Le mercredi vingt-deux novembre, Yiseul fut emmenée en urgence à l'hôpital. Après des heures de souffrances à cause des nombreuses complications de cette naissance, naquit son unique enfant qu'elle baptisa avec l'euphorie la plus grande, Jihoon.
Néanmoins, ses parents l'avaient prévenu d'une chose ; ils l'aideraient en l'hébergeant chez-eux le temps de la grossesse, mais après cela, elle était obligée de partir. N'étant pas tout à fait des sans-cœur, ils avaient fait construire une habitation à quelques heures de Séoul et surviendraient à ses besoins jusqu'à la première année du petit garçon. Après ça, elle devra se débrouiller seule.
Même si cela représentait une grande responsabilité et un défi de plus à gérer, Yiseul avait accepté, c'était mieux que rien après tout et c'était soit ça, soit rien.
Alors, elle avait emménagé dans une maison modeste avec juste une grande pièce principale, une cuisine et une salle d'eau, rien de plus, rien de moins. Ce n'était pas grand chose et c'était surtout très différent du monde bourgeois qu'elle avait l'habitude de connaître mais cela lui convenait, elle était déjà heureuse d'avoir un toit sur la tête et quelque chose qui la protégerait elle et son fils du froid de l'hiver.
Elle faisait de son mieux pour élever son fils seule, comme elle le pouvait pour prendre soin de lui et pour qu'il soit en bonne santé. Elle recevait souvent des linges, des provisions, des médicaments au vu de sa santé très fragile, et d'autres choses pour sa survie de la part de ses parents qui avaient choisi d'étendre leurs décisions jusqu'aux trois ans de leur petit-fils.
Yiseul gagnait de l'argent comme elle le pouvait et faisait de son mieux pour économiser un peu chaque mois afin que lorsqu'il aura l'âge, Jihoon puisse aller à l'école et vivre comme un garçon normal le ferait, dans un monde juste.
Yiseul aimait Jihoon comme elle n'avait jamais aimé quiconque auparavant.
C'était son trésor, sa raison de vivre, la plus belle chose inopinée qui avait pu lui arriver, c'était la chose qui la rendait heureuse malgré la vie qu'elle menait, c'était sa bonne étoile.
Jihoon était un petit garçon très gentil, très timide et réservé, qui ne faisait pas d'écart et qui suivait les règles comme on lui avait enseigné. D'ailleurs, il s'était toujours demandé comment sa mère faisait pour toujours payer les frais scolaires, son uniforme et tout le reste alors qu'ils étaient pauvres et ne vivaient qu'avec le peu qu'ils avaient. Et quand il lui posait la question, Yiseul répondait à chaque fois qu'il n'avait pas besoin de savoir, qu'elle s'occupait de ça et qu'il n'avait pas à s'inquiéter pour elle.
Yiseul sacrifiait tout ce qu'elle possédait pour Jihoon. Elle faisait toujours en sorte qu'il mange et boive à sa faim, qu'il soit propre et bien habillé pour ne pas attirer les moqueries et autres brimades sur un petit garçon si adorable, pour qu'il n'ait pas à affronter seul le froid de l'hiver et les chaleurs de l'été, et qu'il soit soigné avec les meilleurs soins si quoi que ce soit lui arrivait, même si ça voulait dire vivre au-dessus de leurs moyens
Elle faisait ce qu'elle pouvait pour préserver son fils des vices de ce monde avant qu'il ne soit finalement prêt à le découvrir et à l'affronter sans s'effondrer. Jihoon n'avait pas à se demander comment elle faisait pour s'assurer de remplir chacun de ses besoins et de ses envies, il était trop jeune pour se soucier de cela et un enfant ne devait pas se soucier si jeune des problèmes de sa famille.
Mais Yiseul n'avait jamais rien dit à ce propos.
C'est vrai, qu'aurait dit Jihoon s'il savait que sa mère s'était fait renvoyé de l'église car elle était une prostituée et que c'était le seul moyen de pouvoir se procurer un peu plus de moyens financiers qu'avec un simple travail ? Qu'est-ce que son petit garçon, la prunelle de ses yeux, ce dont elle tenait le plus dans cet univers, aurait pensé d'une mère avec si peu d'amour propre, d'une mère qui acceptait de faire n'importe quoi contre un montant toujours plus élevé ?
Par peur que Jihoon ne soit dégoûté, elle n'avait jamais dit un mot.
Elle ne pouvait pas se permettre que la seule bonne chose dans sa vie, la seule chose qui lui procurait un bonheur sans fin ne lui tourne le dos ou ne pense une chose mal d'elle.
Savoir que Jihoon aurait pu la détester la terrifiait et la hantait.
Elle faisait en sorte de lui donner la vie qu'elle rêvait d'avoir et qu'elle n'a jamais eu mais cela importait peu pour elle, elle voulait tout simplement que Jihoon soit heureux même si ça voulait dire sacrifier sa joie et sa vie pour celle de son fils.
Cela ne lui faisait ni chaud ni froid que cette vie lui soit refusée si cela permettait à Jihoon de vivre une meilleure vie.
Jihoon était un petit garçon gentil, impatient, rêveur, calme et attentionné, qui apprenait chaque jour grâce à sa mère une partie du monde qui l'entourait. Il avait une relation plus que fusionnelle avec elle et il l'aimait plus que tout, il lui vouait un amour démesuré et il ne pouvait rêver d'une meilleure mère que Yiseul pour lui.
Ensemble, ils étaient inséparables et c'était l'unique personne pour laquelle Jihoon savait donner de l'affection et la recevoir comme il le fallait. Avec elle, il n'avait peur de lui montrer ou de lui dire qu'il l'aimait et au contraire de lui, sa mère était particulièrement tactile mais ça ne le dérangeait pas, bien au contraire. Elle était douce et patiente avec lui, elle le traitait comme la chose la plus importante qu'elle avait, elle lui apprenait beaucoup de choses pour le protéger mais aussi pour faire de lui quelqu'un de bien. C'était une personne qu'il n'avait pas peur de l'aimer et de le câliner quand il en avait besoin et Yiseul s'assurait de chasser chaque moment de tristesse de la tête de son fils car d'après elle, son existence était trop importante pour qu'il puisse être triste rien qu'un instant.
Au cours de sa vie humaine, Jihoon avait acquis diverses compétences grâce aux cours que sa mère lui payait et il était très heureux de cette constatation mais il voyait que sa mère s'épuisait bien trop pour lui.
Elle était en train de se tuer à gagner de l'argent pour prendre soin d'eux et jamais il n'allait laisser sa mère se tuer à petit feu de cette manière. Alors quand il eut seize ans, Jihoon avait trouvé un travail qui payait assez bien afin de laisser sa mère respirer un peu. Après tout, cela faisait seize ans qu'elle travaillait tous les jours sans relâche pour faire en sorte que son fils ne connaisse jamais les malheurs qu'apportaient la pauvreté et que jamais il ne subisse les choses qu'elle avait subies.
Mais désormais, c'était à son tour de prendre soin de sa mère.
Elle qui s'efforçait de travailler et de trimer chaque jour, même si elle tombait souvent malade, elle y allait, elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour combler son fils qui voulait juste la voir heureuse et moins effondrée par la vie.
Aussi, ce qui fascinait Jihoon à propos de Yiseul, c'était que malgré qu'elle ait été renvoyée de l'église, elle continuait de prier chaque soir. Jihoon n'arrivait pas à croire que même après ce que l'église avait fait, elle continuait de croire en un certain Dieu qui la protégeait, elle et lui.
C'était impressionnant comment certaines personnes étaient si croyantes que même après avoir dérogé aux principes de l'Église, ils continuaient à croire que quelqu'un là-haut allait écouter leurs prières et leurs lamentations.
Jihoon n'avait jamais cru en l'existence d'un potentiel Dieu, il ne partageait pas l'amour de la religion de sa mère et même là, elle le comprenait et ne le forçait pas à devenir comme elle, il pouvait croire ou ne pas croire en ce qu'il voulait.
Quand il y repensait, c'était elle qui lui avait donné cet amour pour le monde et les autres gens.
Malgré leurs problèmes, Yiseul faisait en sorte de montrer combien le monde pouvait être beau et fascinant, à quel point, malgré leurs défauts, les gens pouvaient être aimants. Et l'exemple le plus parlant pour Jihoon, c'était elle, celle qui avait tout fait pour lui, qui avait bafoué les principes de l'église, qui avait tourné le dos à ses parents et à la société juste pour lui permettre de lui donner une vie heureuse et le combler, même si ça voulait dire s'oublier par la suite.
Aux yeux de Jihoon, il n'existait pas un plus grand amour que l'amour d'une mère pour son enfant et tout ce qu'elles étaient prêtes à faire pour eux.
Il souhaitait à tout le monde d'avoir une mère telle que Yiseul, une mère aussi aimante, qui vous donnait tant d'amour que vous n'arriveriez pas à en douter.
Quand cela lui revenait à l'esprit, quand Jihoon demandait pourquoi il n'avait vu ni entendu sa mère parler de son père, Yiseul se sentait désolée de devoir lui rappeler à un si jeune âge que le monde avait beau regorger de toute sorte de chose fascinante, il était avant tout cruel et injuste et que ses habitants l'étaient encore plus.
Alors, elle lui disait qu'un jour, il serait en mesure de le voir et de le connaître, peut-être très tard, mais un jour.
Et quand elle le disait, Jihoon lui répondait qu'il n'avait pas une once d'envie de le voir. Il ne voulait pas voir un homme qui ne l'avait jamais aimé, qui avait plongé sa femme dans la pauvreté et qui était rien d'autre qu'un lâche sans aucun respect. Il avait osé abandonner une femme aussi extraordinaire que sa mère et rien que pour ça, il ne voulait pas le voir.
Ce n'était même pas une histoire de ne pas savoir qu'il avait un fils, Jihoon ne supportait pas que l'on s'en prenne à sa mère d'une manière ou d'une autre. Le monde pouvait s'en prendre à n'importe qui mais pas à elle, elle avait déjà assez souffert dans sa vie comme ça.
S'il avait sa mère à ses côtés, Jihoon se fichait d'avoir un père, il se fichait de tout le reste.
S'il était avec elle, rien de mal ne pouvait se passer, tant qu'il serait là, personne ne pourrait lui faire du mal et en retour, il s'assurait que personne ne fasse du mal à sa mère.
Néanmoins, un soir de nouvelle lune, alors qu'il était âgé de vingt-ans, Jihoon s'était réveillé en plein milieu de la nuit lors d'un orage. Il ne se souvenait plus de ce qu'il avait fait la veille, ni de ce qu'il faisait allongé en plein milieu du salon alors que sa mère dormait encore. Il ne comprenait rien à ce qu'il était en train de passer, il avait terriblement mal aux dents et bizarrement, il n'avait plus du tout envie dormir.
Mais ce qui était encore plus étrange, c'était ce goût salé et métallique dans sa bouche dont il appréciait le goût. Ce liquide rouge qui découlait de ses lèvres, qui avait taché son haut et qui serait dorénavant le dernier goût qu'il pourrait supporter et cela, à jamais.
En poursuivant l'odeur qui lui donnait affreusement faim qui provenait d'en dehors de la maison, il découvrit avec effroi que devant la porte de sa maison se trouvait une jeune femme d'à peine une vingtaine d'années allongée au sol qui avait été vidée de son sang par une morsure dans la carotide.
Jihoon avait tout de suite compris qu'il était le responsable de cet accident et cela l'avait horrifié.
Il ne comprenait rien à ce qui était en train de lui arriver et s'il avait tué quelqu'un sans rendre compte, il pouvait faire bien plus que cela. En voyant sa peau qui était devenue cadavérique, ses canines qui avaient grandi au fil des jours, la faim venant le tenter chaque soir, l'impossibilité de dormir et de pleurer, Jihoon avait pris l'horrible décision de partir pour éviter de faire du mal à sa mère.
Il était devenu un monstre de l'enfer et il était une menace pour chaque personne qui résidait sur Terre.
Il n'avait aucune idée d'où il allait se rendre mais il voulait s'éloigner le plus possible pour s'empêcher de faire du mal à la seule personne qui lui avait donné tout l'amour qu'elle possédait, qui avait tout fait pour lui et il était hors de question de lui faire le moindre mal, il ne s'en remettrait pas.
Ainsi, il s'était réfugié dans la forêt autour de chez-lui, en espérant qu'il serait plus fort que son envie de retrouver sa mère.
Néanmoins, il n'eut même pas besoin de le faire qu'à peine quelques heures après son départ, sa mère s'était mise à désespérément le chercher, les joues pleines de larmes, affolée que son fils ne lui ait été enlevé ou qu'il se soit perdu on ne sait où.
Après une journée entière de recherche, Yiseul avait fini par le retrouver près d'un lac. Jihoon n'avait même pas le temps de s'expliquer qu'elle s'était jetée sur lui pour l'enlacer, pour vérifier qu'elle ne rêvait pas, que son fils ne s'était pas envolé.
C'était la seule fois où il l'avait vu en larmes, à deux doigts de s'effondrer. C'était aussi l'unique fois où Yiseul lui avait crié dessus, même si c'était plus de la peur que de la colère, ça faisait tant de mal de la voir si désespérée et apeurée qu'on dirait que c'était une tout autre personne.
Yiseul l'avait pris dans ses bras et ne l'avait pas lâché de la soirée. Elle le berçait contre lui et caressait ses cheveux, soulagée et apaisée de revoir sa seule source de bonheur, tandis que Jihoon se trouvait idiot et lâche d'avoir pensé qu'il devait laisser sa mère seule, bien qu'il représentait un danger persistant pour elle.
Il ne pouvait pas laisser sa mère seule après tout ce qu'elle avait fait pour lui et de toute façon il ne pouvait pas vivre sans elle, il ne pouvait pas s'imaginer une vie sans elle, dans un monde où elle n'existait pas.
Il se souvenait de ce soir-là, encore dans l'étreinte chaleureuse de sa mère alors que sa peau était devenue glaciale et que rien ne semblait la réchauffer.
Il ne le savait pas encore mais c'était la dernière fois qu'il goûtait à la chaleur de celle qu'il aimait le plus au monde.
Il se rappelait également de sa toute dernière vraie conversation avec elle.
- Maman, appela-t-il soudainement, tu.. Tu m'aimerais toujours si j'étais un monstre ?
Yiseul ouvrit les yeux, surprise par cette question soudaine, elle ne s'attendait pas à ce que Jihoon se pose une question si ridicule.
Elle avait simplement souri et répondu à la question.
- Je t'aimerais sous toutes les coutures, sous toutes les formes, Jihoonie. Elle repoussa quelques mèches de son fils vers l'arrière pour mieux voir ses yeux illuminés par la lumière harmonieuse de la lune au-dessus d'eux. Même quand je ne serais plus là, je continuerai à t'aimer.
- Ne dis pas ça, s'il te plaît... Se brusqua Jihoon, ne pouvant imaginer sa mère partir. Je ne veux pas que tu partes...
Yiseul se sentait désolée pour lui.
Il savait que c'était inévitable, que rien ne pourrait empêcher que sa mère ne finisse par partir mais il ne voulait pas l'accepter. Même si rien ne ruisselait sur ses joues, elle savait que Jihoon pleurait à chaudes larmes, que jamais il pourrait se résoudre à vivre sans elle.
- Je suis désolée de ne pas pouvoir te donner plus Jihoonie, j'aurais aimé être une mère digne de ce nom pour toi... S'excusa-t-elle d'un sourire coupable.
- Arrête de dire ça. Réfuta le garçon dans ses bras, la voix fébrile. T'es la mère que n'importe qui rêverait d'avoir... Ne pouvant plus résister à réprimer ses émotions, il nicha sans tête dans l'épaule de la noiraude qui caressait ses cheveux doucement. C'est moi qui devrait être désolé de ne pas te remercier comme je le devrais d'avoir tout fait pour moi... Je suis vraiment désolé maman, j'aimerais te rendre heureuse comme tu m'as rendu heureux toute ma vie...
- Ne dis pas de telle chose Jihoonie. La rassura-t-elle, les yeux vers le ciel, regardant l'astre de la nuit. Elle se recula de façon à ce qu'elle puisse regarder son fils dans les yeux. Jihoon, tu es mon unique richesse... Et cela me convient amplement. Je ne pouvais pas rêver meilleur trésor que toi. Les doigts dans la chevelure de Jihoon, elle finit par chuchoter. Je t'aimerais toujours, peu importe qui tu deviens ou ce que tu deviens.
En se remémorant les derniers mots de sa mère, Jihoon sentit les larmes lui monter, même si elle ne couleraient jamais. Sa poitrine commençait à le torturer de culpabilité, ses yeux à se noyer de chagrin et son esprit ne pouvait que se souvenir de l'horreur qu'il avait commis. Comment il avait pu faire ça à sa propre mère ?
Il n'y avait pas d'autre mot pour le décrire qu'un monstre, il n'était rien de plus, rien de moins qu'une création de Satan.
Le soir du vingt-cinq avril lui revenait en mémoire, il n'y avait pas une heure qui passait sans qu'il ne repense à cette terrible nuit qui avait basculé toute sa vie en à peine quelques secondes, juste à cause d'une ignorance et de la fantaisie des êtres humains.
À cet instant de sa vie, Jihoon faisait de son mieux pour cacher à sa mère ce qu'il était devenu par on ne sait quel moyen.
Il n'avait aucune idée de comment il avait pu se transformer en un suceur de sang sans se faire mordre par un confrère.
Il n'avait aucune idée de ce qu'il s'était passé ce soir-là...
Pour camoufler sa véritable nature, il faisait semblant de dormir, il se rendait au travail un peu plus tôt pour se nourrir du sang des animaux malades qui traînaient dans le village pour éviter de tuer des personnes innocentes, il se forçait à manger malgré le goût immangeable de la nourriture humaine devant sa mère pour ne pas l'inquiéter. Il faisait tout pour ne pas qu'elle découvre pas le monstre qu'il était devenu.
En ce temps-ci, Yiseul était tombée gravement malade. Le royaume de Corée était en pleine épidémie de choléra et une troisième pandémie de peste bubonique arrivait petit à petit sur leurs terres.
Néanmoins, ce n'était aucune de ces deux maladies dont Yiseul souffrait, elle était souffrante d'une énorme grippe qui l'avait clouée au lit, sans l'espoir de pouvoir ne serait-ce que se lever.
Elle était prise d'une forte fièvre que rien ne calmait, des frissons et des bouffées de chaleur, des maux de tête à en pleurer, des problèmes respiratoires qui étaient presque en train de l'étouffer à chaque respiration, des douleurs musculaires, une fatigue intense, le tout qui s'accentuait de plus en plus chaque jour sans que rien ni personne ne puisse y faire quoi que ce soit.
En général, une grippe normale disparaissait au bout d'une voire deux semaines mais là, Yiseul était malade depuis plus d'un mois déjà et aucun médicament que ramenait Jihoon ne soulageait ses douleurs ni ses symptômes.
Rien ne fonctionnait même après tout ce qu'avait tenté le garçon, il était désespéré et ne pouvait pas s'imaginer que sa mère allait bientôt mourir, le condamnant à le laisser seul.
Il devait faire quelque chose pour la guérir rapidement et qu'elle retrouve sa joie de vivre.
La situation ne s'arrangeait pas et Jihoon s'absentait de plus en plus à cause de son travail qui lui prenait de plus en plus de temps pour pouvoir payer les soins médicaux dont sa mère avait besoin.
Il pouvait se permettre de travailler plus longtemps car il n'avait plus la sensation de fatigue mais cela jouait sur sa santé mentale qui se dégradait de voir qu'il laissait chaque jour sa mère seule un peu plus longtemps et son état se dégradait au fil des jours. Son cerveau était constamment en stimulation, réfléchissant s'il devait continuer de travailler ou de rester au chevet de sa mère pour lui apporter son soutien et prendre soin d'elle.
Une fois qu'il avait finalement fini son service, Jihoon était rentré chez-lui le plus rapidement possible pour annoncer fièrement à sa mère qu'il avait eu une augmentation, qu'ils pourraient finalement construire une maison bien meilleure et qu'ils pourraient se payer de la nourriture de meilleure qualité.
Cependant, lorsqu'il avait ouvert la porte et qu'il avait pénétré à l'intérieur de la maison, le sourire aux lèvres, il n'avait rien entendu.
La maison était totalement calme, vide de bruit.
Quelque chose n'allait pas.
Immédiatement, il s'était empressé de s'agenouiller devant le lit où sa mère reposait et la pire vision du monde se produisait devant ses yeux.
Le monde était en train de se briser sous ses pieds.
Yiseul ne respirait presque plus, son rythme cardiaque était beaucoup trop faible et ses yeux se fermaient à peine. Elle ne souffrait pas mais son expression vide d'émotion et blafarde en disait déjà trop sur son état.
Elle était en train de mourir.
Elle allait bientôt mourir et Jihoon ne savait pas quoi faire pour l'aider.
Il avait peur que la transporter dehors jusqu'à l'hôpital le plus proche n'accélère sa mort. Il tentait comme il le pouvait de la garder en vie en criant son prénom et en la suppliant de rester mais rien n'y faisait. D'une voix peu audible et usée elle répétait "je vais bien Jihoonie." en boucle, mais Jihoon n'y croyait pas une seule fois. Allait-il y avoir un seul moment dans lequel elle allait enfin avouer qu'elle allait mal ?
En voyant que ses efforts étaient vains et qu'il n'avait pas d'autre solution pour la sauver, Jihoon a dû prendre une décision qui avait détruit sa vie.
Il avait entendu dire par les rumeurs que les vampires pouvaient transformer d'autres humains via leurs morsures si elles étaient assez profondes, que si le vampire ne mordait pas par faim, il transmettait automatiquement son venin à la victime et que par conséquent, cela allait la transformer à son tour en vampire et donc lui donner l'immortalité.
Il n'avait plus le choix.
Ainsi, il déplaça les longs cheveux noirs de Yiseul, mettant son cou en valeur avant de réunir toutes sa volonté et son courage. Il planta ses canines dans la carotide de sa mère, les yeux fermés pour concentrer son venin au maximum, n'aspirant aucune goutte de sang. Il avait rouvert les yeux lorsqu'il sentit la main droite de Yiseul se poser sur ses cheveux.
Jihoon n'arrivait plus à bouger.
La main dans ses cheveux tomba, il n'entendait plus aucune respiration et plus aucun battement de cœur.
En panique, il se retira et constata avec effroi que Yiseul n'était plus.
Sous le choc, il ne pouvait y croire. Il l'appelait, en sanglots invisibles, il criait son prénom, la suppliait de lui répondre, que ce n'était pas drôle de lui faire peur comme ça.
Après plus d'une demi-heure de supplications, Jihoon s'était résilié à comprendre la situation.
Effondré, il avait hurlé des cris de désespoir, des sanglots tyranniques qui pouvaient s'entendre à proximité de leur habitation.
Les voisins qui avaient été alertés par les cris de désespoir du garçon avaient prié aux autorités de vérifier ce qu'il se passait chez les Lee. En arrivant, ils avaient vu une scène d'une tristesse morne.
Jihoon était contre le mur de sa maison, tenant le cadavre blafard de sa mère entre ses bras, lui priant de revenir. Les officiers avaient doucement essayé de lui demander ce qu'il s'était passé mais le fils ne leur disait rien, il fixait simplement le vide en maintenant le corps meurtri de sa mère qui avait encore les yeux ouverts contre lui, le corps recouvert de morsures. Sur son visage ne trouvait aucune larme, juste une expression déchirée par la perte et trois simples mots qui sortaient continuellement de sa bouche à longueur de temps, avec le même ton accablé par la désolation,
"Je suis désolé."
Lentement, avec toute la douceur qu'ils possédaient, ils avaient réussi à séparer Jihoon du corps de sa mère, ils avaient soigneusement saisit le cadavre de Yiseul pour l'examiner tandis qu'un officier avait conduit le jeune garçon dans un hôpital pour voir s'il n'avait pas lui aussi attaqué et surtout pour voir son état psychologique.
Aucune blessure n'avait été relevée, la seule véritable écorchure était l'état de ses cordes vocales.
Il avait tellement pleuré et hurlé de détresse qu'il n'arrivait plus à parler, ses cordes vocales s'en étaient retrouvées particulièrement irritées et il était dans l'incapacité de les utiliser.
Durant les jours qui suivirent, Jihoon resta dans le même état dans lequel les autorités l'avaient trouvé. Il était plongé dans un état dissociatif, ne pouvant pas croire ce qu'il venait de se produire sous ses yeux, ni en réalisant ce qu'il venait de commettre.
Les médecins avaient dit qu'il était trop en état de choc et bien trop brisé psychologiquement par la perte de son seul être cher pour que son corps et son cerveau réagissent normalement, pour qu'il puisse verser des larmes.
Avec du mal, les autorités avaient dû lui annoncer que sa mère avait sûrement été attaquée par un vampire, ce qui l'a conduit à sa perte par la suite de sa blessure profonde dans les cou et de toutes les autres sur son corps.
Et depuis cette nuit, les jours étaient des instants et les nuits des infinis dont Jihoon n'arrivait pas à se satisfaire.
Après la mort de Yiseul, plus rien ne faisait sens pour lui.
C'était comme si le monde s'était arrêté, que le temps ne pouvait plus couler, comme si la vie et le bonheur avaient cessé d'exister et pourtant, la vie continuait, le soleil brillait, la nuit se levait, comme si rien ne s'était produit, jour après jour, heure après heure...
Jihoon n'avait jamais pardonné au monde de cet affront.
Il n'avait jamais accepté son départ, il n'avait pas envie de la voir partir et malgré lui, il ne pouvait même plus compter sur le flou de ses larmes pour s'empêcher de voir la vérité en face.
Il devait la supporter sans pouvoir faire autre chose que de se blâmer et vivre avec sans vraiment savoir comment faire.
Depuis qu'il était devenu vampire, c'était la toute première fois qu'il avait ressenti un sentiment unique. Celui de sentir vos larmes monter, sans qu'elles ne finissent par couler. Ça picotait à l'intérieur de vos yeux, comme lorsque vous vous retenez de pleurer.
Jihoon était désormais condamné à voir tous ceux qu'il aimait mourir.
Cette nuit-là, c'était la seule fois où il s'était agenouillé en priant Dieu de lui ramener sa mère, de ne pas le laisser seul ici, de ne pas le laisser se souvenir de sa mort, de ne pas lui enlever la seule personne qu'il aimait plus que tout, de ne pas lui laisser comme seul souvenir d'elle le fait qu'il était son meurtrier.
Jihoon avait toujours cru que sa mère allait rester avec lui pour toujours.
Et elle le faisait mais pas de la manière dont il espérait.
Il voulait qu'elle soit là, avec lui pour le restant de ses jours, il ne voulait pas qu'elle vive à travers lui, pas qu'elle renaisse en tant que souvenirs ou en tant que bribe, comme un passage dans l'histoire...
À l'époque, sa seule peur était de la perdre et c'était lui le seul responsable de sa perte en étant un idiot de première qui n'avait même pas pu se renseigner un peu plus.
Il avait tué sa propre mère en croyant la sauver.
Il venait de tuer sa seule famille et sa raison de vivre.
Il était l'unique coupable de ce désastre et maintenant, il allait devoir payer le prix de ne jamais pouvoir se remettre de ce qu'il avait commis, ni de pouvoir pleurer sa mort, ni d'espérer un jour pouvoir vivre avec une telle culpabilité sur le dos.
Depuis cela, il y avait toujours cette sensation horrible et incessante dans son cœur, une sensation qui lui rappelait l'horreur qu'il avait commis et qu'il ne voulait plus jamais réitérer, celle qui le faisait, même deux siècles plus tard, angoisser à l'idée d'une morsure ou de sa simple présence dans la vie de quelqu'un.
À ses yeux, il n'était plus qu'un signe de malchance et de mort.
Il n'était plus qu'un monstre qui était condamné à errer seul avec sa tristesse à travers les failles du temps sans jamais se pardonner du meurtre des personnes innocentes dont il avait privé l'existence, du meurtre de Yiseul...
Il s'était fait une raison en se disant que Yiseul n'aurait jamais dû donner naissance à une abomination comme lui, elle qui avait tout fait pour lui et lui, il lui avait donné comme seul cadeau la mort.
C'était une erreur de la nature et sa mère ne serait sûrement pas morte dans ces conditions si elle ne lui avait jamais donné la vie.
Personne ne devait fréquenter quelqu'un d'aussi inhumain que lui, quelqu'un qui avait causé la mort de la seule personne qu'il aimait et qui l'avait toujours aimé du début à la fin, même quand elle avait senti ses canines se planter dans sa peau avant de pousser son dernier soupir.
Quelques semaines plus tard, Yiseul avait été enterrée dans un coin de la forêt de Namyangju sans rien de plus. C'était juste un pitoyable trou dans lequel son corps avait été balancé comme un vulgaire chiffon. Il n'y avait rien de plus, pas de tombe, pas de fleurs, juste un misérable trou dans le sol de la clairière.
Jihoon n'avait jamais pardonné cela non plus et il s'était promis qu'un jour, il allait honorer sa mère comme elle le méritait. Il allait lui construire un véritable sanctuaire rien que pour elle dans lequel elle se serait sentie en paix pour qu'elle puisse enfin partir et se reposer comme elle le méritait.
Et si possible, pour qu'elle puisse finalement bander les blessures de son existence.
Il savait qu'il n'allait pas supporter de venir vivre à nouveau dans la maison familiale dans laquelle il avait grandi mais aussi dans laquelle il avait tué sa mère. Il n'allait pas pouvoir vivre là où il vivait quotidiennement avec Yiseul mais cette fois-ci sans elle, il n'allait pas pouvoir y vivre en sachant qu'elle ne reviendrait pas, qu'elle ne viendrait plus jamais égayer les journées de son fils et que ce dernier ne pourrait plus jamais lui parler, se confier à elle, ne plus écouter ses enseignements et ses connaissances, ne plus pouvoir l'entendre chantonner le matin...
Il ne pourrait plus rien faire, plus rien, plus jamais.
Au fil des mois, avec le bouche à oreille, il avait fini par entendre qu'un monde souterrain sobrement appelé le monde des vampires existerait quelque part en Corée dans la capitale.
Il ne pouvait plus faire que ça désormais ; disparaître et s'évaporer parmi les gens du monde, en espérant que sa culpabilité se dissiperait elle aussi dans les méandres de son esprit. Personne ne devait se souvenir de lui et de ce qu'il avait fait.
Personne ne devait se souvenir d'un monstre comme lui.
Il avait passé deux cent quarante années sous terre, dans le monde vampire, à devenir quelqu'un d'influent et renommé parmi la communauté vampirique. Il avait fait en sorte de gagner beaucoup d'argent et de financer au fil du temps les améliorations pour la tombe de sa mère qu'il avait fait refaire de fond en comble pour l'honorer et lui faire part une dernière fois de toute l'attention et l'amour qu'il lui portait, même deux cent ans après.
Il s'était promis de devenir quelqu'un dont sa mère serait fière, dont elle pourrait se sentir bien de se dire qu'elle l'avait comme fils. Il voulait devenir quelqu'un de bien en mettant les enseignements de sa mère à profit pour lui prouver que tout ce qu'elle avait fait pour lui n'avait pas servi à rien, que toutes les souffrances qu'elle avait subi en secret n'étaient pas vaines et qu'il avait finalement fait quelque chose de bien pour elle.
Néanmoins, il n'en restait pas coupable pour autant.
Il ne s'était jamais pardonné de ce qu'il avait fait et pour éviter de souffrir de sa culpabilité, il s'était embourbé dans le travail jusqu'à travailler vingt-trois heures sur vingt-quatre pour noyer sa tristesse.
Il ne se laissait aucun répit et était son propre tyran, il se devait de trimer encore plus chaque jour pour espérer payer les conséquences de ce qu'il avait fait et pour être honnête, il pensait que jamais il ne serait en mesure de payer sa dette envers sa mère. Jamais il ne souffrira assez pour pardonner son acte.
En descendant dans le monde vampire, Jihoon s'était entêté à devenir une toute autre personne afin de ne pas souffrir plus. Il s'était créé une personnalité plus froide et nonchalante qui avait fini par lui coller à la peau.
Il faisait semblant de se ficher de tout ce qui l'entourait alors qu'il ressentait tout mille fois plus que ses confrères vampires. Lui qui faisait habituellement passer les autres avant lui, il avait décidé de ne plus être serviable et de faire plaisir aux autres en s'oubliant et évidemment, on l'avait traité d'égoïste.
Mais s'il fallait être ainsi pour avoir la paix, alors il n'était pas contre devenir quelqu'un que l'on qualifierait d'égoïste. Et depuis, jamais il n'avait vraiment remis les autres avant sa propre personne mais il comprenait les gens qui le faisait et parfois, il avait envie de recommencer.
On dit souvent que l'on garde toujours une partie de nos parents en nous qu'on le veuille ou non.
Jihoon ne faisait pas exception.
Il était le genre de personne qui préférait se tirer une balle plutôt que d'admettre qu'il n'allait pas aussi bien qu'il le prétendait ou qu'il avait besoin d'aide, tout comme Yiseul l'avait fait toute sa vie.
Même durant ses derniers instants, elle avait répété ces trois maudits mots qu'elle avait à la bouche depuis que Jihoon avait acquis la conscience qu'une personne pouvait aller bien ou mal. Même mourante, elle continuait de le rabâcher encore et encore, jusqu'à qu'elle ne puisse plus le faire. Et par réflexe, ne voulant pas inquiéter sa mère, il avait fini par prendre cette habitude, lui aussi.
Il était si brisé qu'il n'acceptait l'aide de personne, pensant qu'il ne méritait pas une telle gentillesse. D'ailleurs, il ne demandait jamais d'aide ; il contrôlait son propre rétablissement psychologique et quand il en venait à demander le moindre soupçon d'attention, à accepter la moindre tape sur l'épaule voire un câlin, même d'une personne qu'il n'appréciait normalement pas, c'était que les souffrances et les larmes de son âme devenaient trop lourdes à porter pour ses épaules.
Il s'efforçait de dire que l'amour ne servait à rien, que c'était la pire chose qui pouvait exister dans cet univers mais c'était ce qu'il avait toujours voulu et ce dont il s'était privé toute sa vie pour se punir lui-même de tout le mal qu'il avait fait.
Durant sa vie souterraine, Jihoon n'avait tissé presque aucun lien amical ou amoureux. Ses relations étaient uniquement professionnelles et superficielles, voire d'autres qui se maintenaient sur un respect mutuel et de l'appréciation mais pas au point d'appeler ça de l'amitié. Il n'y avait rien d'autre que du profit et Jihoon se disait chaque jour que l'amour ne l'aimait sûrement pas, qu'il n'était définitivement pas fait pour être aimé ni pour aimer quelqu'un en retour.
Le monde ne l'aimait simplement pas et il avait dû l'accepter.
Les seules rares fois où il sortait de son trou c'était pour remonter à la surface pour rendre visite à sa mère chaque mois et voir les améliorations qui prenait vie petit à petit. Chaque mois, il y avait quelque chose qui s'ajoutait au sanctuaire en sa mémoire.
Il espérait que de là-haut, Yiseul était heureuse de voir ce que Jihoon était devenu et il espérait qu'elle ne le déteste pas, malgré qu'elle avait toutes les raisons pour.
Elle méritait bien plus que lui.
Et s'il ne le pardonnerait jamais, il comprendrait amplement sa décision.
Un jour où il sortait voir sa mère, alors qu'il lui racontait les nouvelles de sa vie comme chaque mois, il avait entendu du bruit pas loin de la clairière. Il s'était directement rapproché du bruit car d'ordinaire, personne ne connaissait ce coin de la forêt et personne ne venait, c'était pourquoi Jihoon avait choisit d'enterrer sa mère ici ; personne ne viendrait voler les fleurs sur sa tombe ou détruire ce qu'il avait fait en sa mémoire.
Quand il avait suivi les bruits étouffés à travers la forêt, il s'était retrouvé en face à face avec noiraud qui le regardait, des fleurs en main.
Jihoon avait directement reconnu ces dernières ; c'était l'un des bouquets qu'il avait déposé le mois précédent sur la tombe de sa mère.
Quand il allait en venir aux mains, totalement enragé, le noiraud s'était directement expliqué ; ce n'était pas la première fois qu'il passait dans cette forêt et il avait vu cet endroit bien entretenu au milieu de la mer d'arbres. Il trouvait cette clairière si belle et il trouvait que c'était une si belle tombe que n'importe qui serait comblée en l'ayant. Et ce noiraud, en passant dans la forêt, avait vu que des gamins étaient venu y foutre un bordel monstre avant que le vampire ne débarque.
Par respect, il avait chassé ces sales gosses et il était en train de récupérer les fleurs qu'ils avaient retirées de la tombe. En voyant que Jihoon venait rendre visite à cette femme, le noiraud n'avait pas osé venir le déranger pour expliquer cet incident. Il avait prévu d'attendre que le vampire parte pour remettre les fleurs à sa place et s'excuser auprès de la personne à la place des gamins qui auraient dû le faire.
Jihoon avait été profondément ému par cette action.
C'était la toute première fois qu'il voyait ce genre de comportement chez quelqu'un et étrangement, il aimait bien ce garçon.
Yiseul lui disait souvent que les meilleures personnes ne sont pas celles que l'on cherche mais ceux qui nous choisissent.
Alors, il l'avait fait en sorte de lui témoigner tout son respect et l'avait remercié pour cette acte.
Il lui avait demandé quel était son prénom.
Le garçon portait le nom de Choi Seungcheol.
Ainsi, ils avaient tous les deux repris le chemin jusqu'à la tombe de Yiseul pour replacer les fleurs à leur place.
Jihoon était très heureux et touché de voir que quelqu'un avait pensé à revenir chercher les fleurs volées que lui-même n'avait pas remarquées tant la tombe de sa mère était entourée de bouquets floraux en tout genre. Néanmoins, malgré qu'il était heureux, les fleurs avaient été abîmées et elles avaient un peu perdu de leurs couleurs. Et ça, Seungcheol l'avait bien remarqué au vu de l'expression peiné du vampire à ses côtés.
Alors, Seungcheol avait pris sa main et lui avait proposé d'aller acheter de nouvelles fleurs pour remplacer celles qui avaient été abîmées.
Pour ce geste que beaucoup considèreraient comme "petit", Jihoon s'était senti énormément touché et il avait forcé pour remercier Seungcheol avec plus que des mots. Même s'il n'était pas vraiment d'accord, que pour lui c'était une chose tout à fait normale, Seungcheol avait accepté la requête du vampire. Le soir venu, Jihoon l'avait invité dans un restaurant dans lequel ils avaient fait connaissance.
Et depuis, lui et Seungcheol se partageaient presque tout et étaient devenu inséparables.
Grâce à Seungcheol, il avait retrouvé ce qu'il cherchait depuis tant d'années ; une relation amicale saine qui le rendait heureux. C'était une amitié dans laquelle il n'avait pas besoin d'être une autre personne et dans lequel il pouvait s'épanouir.
Quelques mois plus tard, le feeling passait tellement bien entre eux qu'ils avaient fini par faire une colocation dans l'appartement de Seungcheol.
Jihoon avait réussi à négocier son travail en distanciel et à partir de là, lui et Seungcheol s'épanouissaient à deux dans leur vie surnaturelle.
Deux ans plus tard, pour l'anniversaire de Jihoon, ils s'étaient rendus dans un bar pour profiter de la nuit et se mettre ce qu'on pourrait appeler dans le jargon une énorme race.
C'est là qu'ils avaient fait la connaissance de Soonyoung qui dansaient sur une scène avec quelques-uns de ses amis.
Sur le coup, Jihoon et Seungcheol n'avaient pas vraiment fait attention à sa présence et ils passaient juste leur temps à boire des shots à tout va. Ils l'avaient remarqué quand Soonyoung était descendu de la scène en se pétant littéralement la tronche en plein milieu du chemin car il était trop euphorique après avoir dansé et il s'était mis à bondir telle une gazelle en plein milieu de sa route.
Comme il s'était rétalé juste à côté d'eux, Seungcheol s'était empressé de le relever et Soonyoung l'avait remercié avec un grand sourire alors que Jihoon se demandait comment ce débile avait fait pour se péter la gueule alors qu'il y avait strictement rien dans son passage.
Il ne se souvenait plus trop comment mais une discussion s'était imposée avec Seungcheol et Soonyoung les avait rejoint à leur table. C'est là que Soonyoung avait ENFIN réalisé que Seungcheol n'était pas venu seul et qu'il avait complètement disjoncté en voyant Jihoon. Ce dernier se demandait s'il était tout simplement débile ou s'il était juste en train de le fixer bizarrement.
Leur première conversation était juste représentée par deux phrases qui décrivaient parfaitement ce qu'il allait se passer dans les quatres prochaines années.
Comme Jihoon n'avait pas retenu son prénom et que, soyons honnêtes, il s'en fichait un peu sur le moment, il lui avait demandé ;
"Donc, tu es..?"
Et cet idiot avait répondu ;
"Pas aussi hétéro que ce que je pensais."
Voilà. J'ai besoin de préciser plus ?
Alors, ils avaient parlé jusqu'à tard dans la nuit, se tissant au fil du temps un début d'amitié qui avait fini par s'étendre sur quatre longues années.
Et quand Jihoon avait remarqué qu'il n'avait plus envie de quitter Seungcheol et Soonyoung et qu'eux non plus n'avaient pas envie de le lâcher, il savait qu'une toute nouvelle vie venait de commencer pour lui et qu'au grand jamais il n'espérait que cette vie se termine.
Malgré sa vie tumultueuse, il ne pouvait se dire que ses deux amis n'avaient pas traversé de grande période d'ombre non plus.
Seungcheol n'avait plus de famille et le père de Soonyoung l'avait totalement rejeté car il voulait faire des études de danse et pas des études de médecine comme son paternel le voulait. Seungcheol ne lui avait jamais dit la raison pour laquelle il n'avait plus de famille, il voulait garder ça confidentiel mais Jihoon comprenait. Après tout, jamais il ne leur avait dit que c'était lui le responsable de la mort de sa mère.
Que dirait Seungcheol s'il apprenait que Jihoon avait tué quelqu'un ? Lui qui prônait le fait de ne tuer personne, jamais il ne pourrait vivre avec un meurtrier dans sa vie... Et Soonyoung, qu'allait-il penser de lui ?
Jihoon ne pouvait pas supporter le fait que Soonyoung puisse le détester.
Rien que de se disputer avec lui lui faisait énormément de mal.
Et ses mots l'avaient beaucoup blessé ce soir-là.
Il ne s'attendait pas à ce que la situation dégénère à ce point mais encore moins à ce que Soonyoung lui balance ça au visage comme si c'était la chose la plus simple à faire sur Terre. Il voulait juste le protéger car il savait à quel point les morsures peuvent être mortelles et encore plus celle d'un vampire traditionaliste comme celui qu'avait rencontré Soonyoung. Il ne pensait pas que celui-ci croyait que Jihoon le détestait car c'était tout le contraire.
Jihoon l'adorait du plus profond de son cœur.
Soonyoung était tout ce qu'il aimait chez quelqu'un et jamais il ne pouvait s'imaginer qu'il lui faisait tant de mal sans s'en apercevoir.
Il aurait tant aimé être quelqu'un de simple et pas une personne si compliquée et difficile. Il aurait aimé être capable comme lui de câliner les gens et de leur dire à voix haute qu'il les aimait sans en avoir honte.
Depuis le début de leur amitié, Jihoon avait toujours eu un petit faible pour lui.
Premièrement, il le trouvait particulièrement tactile et excentrique malgré sa personnalité introvertie, ce qui est d'ailleurs surprenant aux premiers abords. Aussi, il le trouvait beau. Mais pas beau dans des lignes toute simples, non, non, non.
Pour lui, Soonyoung n'était pas juste beau. Il était aussi beau qu'un jour ensoleillé avec la neige jonchant le sol, aussi beau que la chaleur d'une canicule, aussi beau que la fraîcheur d'un jour de pluie... Il aimait son énergie, sa passion, son attention, sa personnalité, son étrangeté aussi, il aimait presque tout chez lui.
Et tout était tellement bien chez Soonyoung que Jihoon arrivait à même apprécier ses défauts.
Après la mort de sa mère, Jihoon n'avait jamais été la personne préférée de quelqu'un, jusqu'au jour où il avait rencontré Soonyoung et Seungcheol et là, il avait ressenti pour la première fois depuis des siècles qu'il était le préféré, qu'il était l'être humain préféré de quelqu'un d'autre. Cette sensation était géniale et à la fois terrifiante.
Jihoon était fait pour écouter Soonyoung parler pendant des heures de choses qu'il ne comprenait pas. Par exemple, il avait toujours été une bile en physique, Soonyoung lui parlait de la physique quantique parfois et Jihoon, même s'il ne comprenait pas un mot de ce qu'il disait, il était fasciné par lui, par ses éclats de vie, à l'écouter parler d'un truc qu'il ne comprenait pas et qu'il n'aimait même pas.
Mais c'était si beau de le voir s'épanouir à travers un sujet qu'il aimait, le bonheur allait bien sur le visage de Soonyoung.
Jihoon était terrifié de tout l'amour que Soonyoung lui donnait et lui démontrait chaque jour. Il l'adorait mais il ne savait pas comment faire pour la lui retourner et pour tout encaisser d'un coup, alors que ce qu'il désirait le plus c'était de faire comprendre à lui comme à Seungcheol qu'il les aimait profondément et qu'ils étaient des piliers dans sa vie.
Le véritable problème de Jihoon était qu'il s'attachait trop. Trop vite, trop tôt, trop fort.
Ça finissait par le blesser de la même manière dont il s'était attaché et quand il était attaché à quelqu'un, il n'arrivait plus à se défaire de cet amour intangible qui le hantait.
Et le pire, c'était lorsque les aspérités du monde venait lui cracher à la gueule d'être quelqu'un de trop bon pour le reste du monde.
Lui qui aimait si intensément, inconditionnellement, pourquoi son amour ne pouvait lui être retourné ? Lui qui avait pardonné, qui avait pris sur lui, avait supprimé et rejeté ses besoins et ses émotions par amour pendant toute ces années. Pourquoi n'avait-il jamais obtenu ce qu'il désirait ? Il ne le méritait peut-être pas. Lui, étant un monstre au cœur pur, ne méritait-il pas de connaître autre chose que la souffrance ? S'il était véritablement un monstre, pourquoi aimait-il à ce point ? Pourquoi cherchait-il à empêcher à n'importe qui de connaître les mêmes peines qu'il avait sévit ?
Il devait détester ces gens, il devait les faire payer mais Jihoon avait un cœur bien trop bon et même les pires ordures de ce monde ne méritait pas de souffrir autant. Jihoon n'avait pas à se plaindre, il commettait la pire des erreurs en aimant le premier, c'était juste les conséquences d'une âme trop aimante. Si lui était capable d'aimer à ce point, pourquoi les êtres humains ne pouvaient faire de même ?
Peut-être que l'amour n'était vraiment pas fait pour lui et qu'il n'en goûterait que les aspects amers...
Jihoon se demandait vraiment s'il n'était pas mieux de revenir à ce qu'il était ; quelqu'un de solitaire qui ne parlait à personne.
Il ne voulait juste plus faire de mal à quiconque, il voulait rendre les gens heureux même si ça voulait dire abandonner ce qu'il aimait le plus.
Néanmoins, il avait beau se demander si ce n'était pas une meilleure chose à faire, il savait qu'il ne pourrait sûrement pas le faire. De laisser les six meilleures années de sa vie derrière lui pour toujours, comme si rien ne s'était passé.
Même s'il était vraiment blessé par les paroles de Soonyoung et qu'il n'arrivait plus à les sortir de sa tête, il voulait qu'il reste celui qui venait l'accueillir avec un grand sourire et un câlin, celui qui viendrait lui parler jusqu'au bout de la nuit pour oublier ses tourments, celui qui apaiserait ses souffrances, qui banderait ses plaies et balayerait ses larmes qu'on ne pouvait voir.
Il disait ça mais il savait qu'il n'était pas mieux non plus à toujours le traiter d'idiot, à faire semblant de ne pas l'aimer autant qu'il le faisait, à le rejeter ou à toujours être derrière lui alors que Soonyoung était tout sauf un idiot, bien au contraire.
Entre eux deux, le plus gros idiot était Jihoon.
Il ne savait juste pas comment se comporter pour contenir l'amour qu'il comprimait en lui et qu'il avait peur de donner par crainte de se faire encore embobiner comme un débile.
Il avait beau dire ce qu'il voulait, il y avait des moments où n'arrivait pas à jouer le rôle de l'ami distant.
S'il devait choisir un exemple, il prendrait celui du surligneur.
En fait, un jour, il aidait Soonyoung qui étudiait et qui, un peu brisé par sa rupture avec sa première copine, allait très mal pour étudier correctement. Jihoon lui avait proposé son aide, histoire qu'il ne déprime pas trop et qu'il puisse penser à autre chose que cette connasse.
Il faisait de son mieux pour être plus doux que d'ordinaire avec lui car il était vraiment fragilisé par la connaissance d'avoir été trompé, de ne pas être assez bien ou d'avoir été trop quelque chose.
Pour être honnête, Jihoon voulait juste lui dire qu'il avait été trop con de choisir une meuf pareille et d'avoir choisi les deux autres qui suivront.
Mais il ne l'avait jamais dit clairement, par peur de faire croire qu'il était jaloux.
Il lui avait dit de surligner tout ce qui lui semblait important pour ses examens qui arrivaient prochainement. Et sans le voir faire, parce qu'il regardait les cours de Soonyoung, ce dernier avait pris un bout de papier et avait écrit le prénom de Jihoon, tout en le surlignant. Quand il lui avait montré le papier, il avait expliqué ; "tu n'aurais sûrement pas aimé que je surligne ta peau, alors je préfère le faire de comme ça pour ne pas te contrarier."
C'est à ce moment là que Jihoon avait bien compris que Soonyoung était bien plus qu'un ami à ses yeux.
Il avait déjà eu beaucoup de doutes en ressentant de la jalousie et même de la possessivité à l'égard de la première petite-amie de son ami mais il se disait que ce n'était pas possible qu'il tombe amoureux, surtout de quelqu'un comme Soonyoung qui avait déjà quelqu'un et qui méritait plus que ça.
D'ailleurs, il avait encore ce bout de papier qu'il toujours dans son bureau pour se rappeler de ce moment auquel il accordait une grande importance.
Mais qu'est-ce que l'on fait lorsque l'amour s'étend à plus qu'une amitié ? Qu'est-ce que l'on fait quand cette personne ne mesure pas l'amour qu'on lui porte ? Que faire quand on la regarde, on a envie d'être la raison pour laquelle son sourire persisterait ?
À ce stade, Jihoon n'était pas simplement tombé par accident. Il avait trébuché, puis, il s'était laissé couler dans des abysses froides et solitaires, où aucune lumière ne passait, sans avoir cherché à se relever. Et il continuait à couler, à se laisser tomber de plus en plus bas, de plus en plus profondément entre les ruines de ses débauches. Il n'avait jamais atteint le fond et qu'il n'avait jamais eu envie de remonter à la surface. Tout semblait si paisible et agréable, mais c'était terriblement compliqué de nager à travers les ténèbres de ces émotions bien trop envoûtantes.
Mais jamais il ne lui dirait l'envergure de ses sentiments, simplement parce que Soonyoung ne l'aimait et ne l'aimerait sûrement jamais de la même manière.
Alors, chaque jour, il mentait.
Tout le monde mentait à un moment où un autre dans ce monde. Que ce soit pour quelque chose de stupide, sans importance ou pour la plus grosse connerie que vous ayez faite, Jihoon était certain qu'il était humainement impossible de n'avoir jamais menti de sa vie.
Et il ne faisait pas exception ; il mentait tous les jours, constamment, à chaque moment.
Jamais il n'avait écrit des poèmes et des écrits à propos de ceux qu'il aimait, il n'aimait pas les câlins, le fait qu'on lui rappelle qu'il existait et qu'il était aimé, qu'on lui demande comment il allait même si la réponse était toujours la même, il n'aimait pas Soonyoung plus que sa propre existence...
Et il ne savait pas si un jour il allait arrêter de mentir ou si un jour peut-être il arriverait à décoller cette fausse personnalité qu'il s'était greffée sous terre pendant deux siècles.
Soonyoung était un mystère et Jihoon aimait ça. Il aimait le fait d'aimer une personne qu'il ne comprenait pas et il adorait le fait de ne pas savoir pourquoi il adorait Soonyoung à ce point, sans savoir pourquoi son cœur avait choisi ce garçon en particulier.
Et il ne voulait pas savoir.
Il voulait juste continuer de l'aimer même si ce n'était pas réciproque.
C'était une délicieuse douleur de l'aimer, mais encore plus de réaliser que jamais il n'allait faire tout ce qu'il rêvait de faire à ses côtés.
Mais si ça permettait à Soonyoung d'être heureux avec une personne dont il était amoureux, Jihoon n'allait pas se mettre en travers de sa route, bien qu'il aurait envie de le faire pour satisfaire son égoïsme mais non, il choisirait toujours Soonyoung avant lui, toujours.
Jihoon soupira en frottant légèrement ses yeux pour faire cesser les picotements incessants de ses derniers tout en se mordant la lèvre inférieure.
Il venait vraiment de gâcher sa relation avec lui, hein ?
Peut-être qu'il était fait pour être seul, comme Soonyoung lui avait dit, et que ce serait mieux pour tout le monde s'il n'était plus là.
Mais il n'allait pas partir, même si sa présence n'était pas aussi nécessaire et aimée qu'auparavant, il voulait toujours être avec eux au cas où ils seraient en danger. Il voulait les protéger et être avec eux en cas de besoin. Jamais il n'allait les laisser tomber, même s'ils finiraient par le détester, il ne pouvait pas les abandonner comme ça.
Et oui, il y des cœurs qui ne savent pas détester même après la destruction.
Il y a des gens qui resteront toujours trop gentils face au monde d'égoïsme qui les entourent et qui contribuent à leur destruction mais ils s'en fichent tant qu'ils rendent le reste du monde heureux.
Jihoon était une de ces personnes.
Car il n'y pouvait rester éternellement égoïste et froid, il ne pouvait pas rester indéfiniment une personne qu'il n'était pas.
Il regardait toujours la stèle de la tombe de Yiseul, se remémorant les bons moments qu'il avait vécu à ses côtés. S'il avait su ce qu'il se serait passé, il aurait profité bien plus de la vie à ses côtés, il aurait chérit chaque seconde en sa compagnie et il aurait essayé de lui montrer à son tour la beauté de leur monde.
Il s'agenouilla devant la tombe, contemplant la photo de mauvaise qualité de l'époque, teintée d'un jaune queue de vache et de beige, représentant Yiseul portant un Jihoon qui avait seulement huit ans dans ses bras. Même ainsi, elle semblait respirer le bonheur et la paix, l'amour qui traversait ses yeux pouvait encore se sentir et Jihoon sourit en repensant à son passé avec elle.
Il avait besoin de revoir sa mère, mais elle n'était plus présente que dans les bribes de ses souvenirs.
La seule chose qu'il possédait encore d'elle était cette photo dans un cadre qu'il avait maudit au cas où quelqu'un voudrait s'en emparer et sa croix qu'elle avait gardé autour de son cou toute sa vie. C'était la seule chose qu'il restait d'elle et la religion, malgré son dévouement même après avoir été rejetée, n'avait même pas su la protéger d'une créature du diable...
Il ne se souvenait même plus du son de sa voix, de son toucher, de son odeur mais il se souvenait de sa douceur, de son amour qu'elle portait, de la force qu'elle avait pour lutter contre tout juste pour son fils, pour que ce dernier ait tout ce qu'il désirait.
Mais même si elle avait quasiment disparu dans les souvenirs de Jihoon et qu'elle n'était plus là, il savait qu'elle serait toujours fière de lui, qu'elle serait toujours sa mère dans chaque univers qui pouvait exister.
Il regardait les différentes fleurs qui ornaient somptueusement la tombe de sa mère. Il y avait des roses rouges, blanches et mauves, des bouquets de saponaire colorés d'un rose pâle, des soucis de couleur orangée, des centaurée bleuetet d'autre fleurs que Yiseul appréciait beaucoup quand elle était encore présente de son vivant.
Après avoir contrôlé ses sanglots silencieux, Jihoon ouvrit une première fois la bouche mais rien n'en sortit.
Il réitéra le geste, cette fois en essayant de se concentrer sur son souhait le plus cher.
- Maman... Appela-t-il, la bouche pâteuse à cause des larmes. Je t'en prie, fais moi un signe, même le plus petit qu'il soit... Totalement abattu, il prit un petit temps de pause pour reprendre ses esprits. La voix désespérée et fébrile, il reprit. J'ai peur de causer leur perte comme j'ai provoqué la tienne... Maman je.. Il fut prit de soubresauts, le coupant dans sa tirade. Je ne veux pas les perdre, je.. Je ne le supporterai pas, pas cette fois... Il renifla, prit de multiples tremblements et de soubresauts, son cœur se serra davantage dans sa poitrine. Je n'arriverai pas à supporter une seconde fois la perte des êtres que j'aime...
Il n'y avait qu'ici qu'il se laissait aller à ses émotions de cette manière, qu'il laissait ses sentiments prendre le dessus sur lui. Il n'y avait que dans les bras de sa mère qu'il osait autrefois pleurer à chaudes larmes tandis qu'il le berçait tendrement, caressant son dos et ses cheveux, lui disant que tout irait mieux dans quelque temps.
Mais rien n'allait plus jamais aller mieux.
Il s'était caché les yeux de sa main gauche par réflexe, ne voulant pas que sa mère le voit pleurer comme s'il était encore un enfant, malgré que s'il pouvait revenir à l'époque où il pleurait dans ses bras, il le ferait directement.
Il n'avait même pas vu qu'un pétale d'une rose rouge s'était doucement détaché de la plante pour se poser délicatement sur le sol, à quelques centimètres de lui.
Ainsi, il avait simplement fermé les yeux et s'était relevé, disant une dernière fois à sa mère qu'il l'aimait avant de faire demi-tour et de la laisser reposer en paix.
Jihoon détestait la sensation de sa propre peau. Il détestait toucher chaque partie de son corps car le froid glacial de son propre épiderme lui rappelait l'horrible souvenir du toucher de la peau de sa mère lorsqu'il la tenait dans ses bras, qu'elle ne respirait plus et qu'aucune forme de vie ne traversait son corps. Tout lui faisait penser à elle dans ce monde, chaque chose lui ressemblait telle la beauté humaine qu'elle était.
Sa propre existence lui rappelait la sienne et il retrouvait une partie d'elle dans chaque personne qu'il rencontrait, tel était son fardeau, de la voir partout, de tout le temps penser à ce qu'il s'était passé et de n'avoir jamais eu la chance de pleurer sa mort ou de faire son deuil.
Jamais il ne pourrait faire l'une de ces deux choses.
Jihoon se demandait comment allaient les autres après son départ et ce qu'ils faisaient actuellement.
Est-ce qu'ils étaient en train de chercher Zijing comme ils avaient prévu de le faire ?
Il espérait que tout se passerait bien et que le plan se déroulerait comme ils avaient prévu et qu'aucun d'eux ne serait blessé. Jihoon ne se pardonnerait pas s'il apprenait que quelque chose de grave était arrivé et qu'il n'avait même pas été là pour les aider.
Il espérait que Seungcheol et Jeonghan se réconcilieraient dans les jours qui suivraient. L'ange lui avait communiqué sa dispute avec l'alpha et combien il s'en voulait d'avoir été si stupide. Jihoon s'était surpris lui-même à lui dire de ne pas être si dur envers lui-même et qu'il était certain que Seungcheol voulait tout sauf se disputer lui. Il lui avait dit de lui demander d'avoir une vraie conversation avec lui et d'être sincère.
Seungcheol n'était pas quelqu'un de méchant, il pouvait se montrer rancunier mais pas à ce point et le connaissant, ça étonnerait Jihoon de savoir qu'il aurait refusé de revenir en bon terme avec Jeonghan.
C'était pas compliqué à comprendre ni à voir qu'il aimait bien l'ange, surtout en vu de la non-discrétion dont il faisait preuve quand il était avec lui.
Même un troupeau de buffles seraient bien plus discrets que lui.
En levant la tête, Jihoon vit qu'un flocon s'était posé sur le bout de son nez.
Il sourit en remarquant cela.
Certes les vampires étaient des créatures très dangereuses et dégoûtantes mais il y avait quelque chose de beau dans toute chose.
La peau des vampires était si froide que la neige et les flocons ne fondaient pas au contact de leur peau. Il aurait aimé être là pour le faire savoir à Minghao, il était sûr qu'il aurait aimé savoir qu'il pouvait examiner des petits flocons rien qu'en les tenant entre ses mains. Mais surtout, en plus d'apprendre cela à son apprenti, Jihoon aurait aimé l'apprendre à Yiseul et collecter les plus jolis flocons pour elle.
Elle adorait seulement les périodes hivernales pour la beauté que la neige tapissait sur le monde. Elle la trouvait magnifique et elle disait qu'elle était encore plus sublime depuis que Jihoon était devenu aussi blanc qu'elle. Il y avait tant de choses que Jihoon aurait aimé montrer à sa mère à propos de son nouveau lui et de son monde...
Il aurait aimé qu'elle fasse partie de son monde, elle aussi.
Il avait déjà montré ce fait à Soonyoung lors de leurs premiers hiver ensemble et ce dernier adorait voir Jihoon récolter des flocons pour qu'il puisse les dessiner par la suite.
De toute façon, pour Soonyoung, tout était fascinant à explorer et à connaître.
En vérité, Jihoon ne savait même pas où il allait.
Il vagabondait de rue en rue, sans vraiment savoir où il allait aller pour se reprendre en main. Il n'avait pas vraiment de lieu où il pouvait oublier ses problèmes, à part en allant voir Yiseul ou dans les bras de Soonyoung...
Mais malheureusement, il ne pouvait que rester seul en ce moment.
Il était épuisé, exténué mentalement, mais sans pouvoir ne serait-ce que rêver les yeux fermés. Il était déprimé et profondément désespéré, sans aucune raison de rester pourtant, il ne pleurait pas, son visage était juste vide, apathique, tel un ciel sans étoile, une pluie sans nuage.
Et le seul endroit qui le rendait heureux le détestait...
Il se sentait désolé d'être si égoïste et de partir alors que Vernon allait bientôt avoir sa première pleine lune, que Zijing était à leur trousse et que rien n'allait en ce moment mais il en avait plus que besoin. Cette dispute avec Soonyoung était la goutte de trop et il ne pouvait pas supporter de s'être disputé aussi fort avec lui et de savoir que c'était de sa faute.
Il avait laissé une seconde lettre pour s'excuser de tout cela qu'il avait placé dans la boîte de somnifères de Soonyoung. Il l'avait laissé là car il l'avait écrite avant de s'en aller et il avait déjà fermé son bureau à clef, c'était le dernier endroit auquel il avait pensé. Même s'il avait pu la laisser simplement sur la table de la cuisine ou autre, il avait envie de laisser quelque chose à Soonyoung, il avait envie de s'excuser et de le prendre dans ses bras...
Il espérait que Soonyoung l'écouterait cette fois et qu'il ne chercherait pas à le faire revenir par tous les moyens possibles. De toute façon, il avait masqué son odeur pour que Seungcheol et Vernon ne puissent pas le retrouver et il faisait confiance à Joshua pour garder secret le fait qu'il avait été voir sa mère.
Il espérait aussi que les insomnies de Soonyoung ne seraient pas trop dures à supporter pour lui et qu'il trouverait une autre distraction durant les nuits où il avait du mal à dormir, au détriment de Jihoon qui n'était plus là pour lui parler et combler ses nuits. Il se demandait qui allait être aussi patient que lui pour discuter avec Soonyoung toute une nuit avant que la fatigue ne prenne le dessus sur lui.
Ça allait lui manquer de lui parler jusqu'à cinq heures du matin, de discuter avec lui de tout et rien...
Mais il ne voulait pas que Soonyoung ne culpabilise de l'avoir blessé, il ne voulait pas qu'il se sente coupable tout simplement parce qu'à ses yeux, Jihoon était le seul responsable de toute cette histoire et qu'il devait en payer le prix, seul.
Jihoon était destiné à ça.
À comprimer sa souffrance et toute sa tristesse dans les catacombes de son être et à essayer de les laisser enfermer pour toujours afin qu'elles n'aient plus raison de lui.
Mais sans même le savoir, il avait ouvert la porte vers ses faiblesses les plus grandes. Le voilà maintenant, pleurant, sans même qu'une seule minuscule larme ne coule.
Il ne s'y était jamais habitué. Il n'arrivait pas à se faire à cette souffrance constante, à essayer de combler et de remplacer la sensation de son cœur se serrant dans sa poitrine, ses émotions qui le maltraitaient à l'intérieur de son être. Il devait subir cette torture, sentir son cœur s'effriter un peu plus chaque jour, dans l'espoir qu'un jour, peut-être qu'il connaîtrait le sentiment de ne plus se sentir ainsi, de ne plus sentir son être s'embourber dans son désespoir.
Il était fait pour aimer les autres sans avoir ne serait-ce qu'une parcelle de ce qu'il avait donné, il était condamné à voir tout ce dont il avait rêvé être donné aux autres qui l'avaient laissé tomber.
Il avait besoin de rentrer chez lui.
Jihoon voulait rentrer à la maison et y rester avec Soonyoung, Seungcheol et tous les autres, même Jeonghan...
Il voulait la présenter aux autres garçons et lui montrer combien elle était géniale et à quel point il était horrible d'avoir causé sa perte d'une manière si cruelle.
Il savait que la culpabilité et l'absence de sa mère le hanterait toute sa vie.
Il voulait rentrer à la maison,
mais jamais il ne rentrera.
•••
C'était aujourd'hui, ce fameux jour que Vernon et Seungcheol redoutaient.
Le béta ne savait pas à quoi s'attendre quand Seungcheol lui avait dit qu'ils devaient discuter à propos de ce soir et il s'attendait encore moins à voir que Jun s'était invité à leur petite conversation.
Depuis son réveil ce matin, après une nuit tourmentée par une insomnie à cause de la pleine lune de ce soir, qu'il avait passé à jouer aux jeux vidéos avec Soonyoung, il sentait qu'il contrôlait encore moins sa force que d'habitude et un rien l'énervait. Il était prêt à péter un câble pour la moindre petite chose qui le dérangeait et ça l'effrayait de voir qu'il avait littéralement un autre lui beaucoup plus dangereux qui était capable du pire.
- Attends, Hyung, t'es sérieux quand tu dis ça ? Demanda-t-il, déconcerté par l'idée que son aîné venait de lui expliquer en détail.
- On a plus le temps de réfléchir à un autre plan, alors oui, je suis sérieux.
- Je veux pas. Contesta-t-il, la colère montant en lui rien qu'en imaginant comment se déroulerait ce plan.
- Parce que t'as une meilleure idée peut-être ? Demanda ironiquement Jun qui était allongé horizontalement dans le fauteuil de manière nonchalante.
Vernon ne put s'empêcher de lui grogner dessus. Il commençait à véritablement le mettre en rogne à force de se comporter comme s'il était meilleur que le reste du monde. Depuis qu'il était arrivé, il s'était juste montré arrogant et imbus de lui-même. Mais peu importe ce qu'il voulait, le brun savait bien qu'il n'avait pas le choix ; il était contraint d'accepter que Jun vienne les aider pour sa première pleine lune.
- Pourquoi on est obligé de se le coltiner ? Grommela-t-il envers Seungcheol, mécontent. On peut bien s'en sortir tous les deux...
- Vernon... Soupira l'alpha en voulant garder son calme. Le béta savait très bien pourquoi Seungcheol ne pouvait pas s'occuper de lui seul mais il ne voulait pas donner ce plaisir à Jun. C'est ta première pleine lune et c'est sans ton véritable alpha. Je n'ai jamais assisté à quelque chose comme ça et j'ai peur que ça te transforme en bête féroce que je ne saurais pas arrêter seul, je n'ai aucune idée de ce qu'il va se passer.
- Et Jeonghan-Hyung et Joshua-Hyung..? Ils peuvent pas s'en charger...?
- Je ne veux pas qu'ils se mettent en danger, ni eux ni Minghao. Seungcheol devait se montrer encore plus autoritaire mais il avait peur que cela ne déstabilise encore plus Vernon qui avait déjà du mal à gérer ce qu'il ressentait. Il s'approcha de ce dernier et mit sa main sur son épaule pour lui apporter son soutien. Écoute, je sais que ça ne va pas te plaire et ça ne sera pas simple pour aucun de nous trois. On ne sait pas à quel point ta colère et ta force sont puissantes et j'ai peur que seul, je n'arrive pas à te retenir. Il se mordit la lèvre, ayant du mal à admettre sa prochaine phrase. Que tu le veuilles ou pas, on a besoin de lui.
Vernon hocha faiblement la tête, se vouant à nouveau à contre cœur d'obéir à Seungcheol et d'accepter ses décisions. De toute façon, il était plus expérimenté et savait ce qu'il faisait. Il était plus en état de décider ce qui était bon ou pas bien pour lui. D'ailleurs, lui et Jun ressentaient eux aussi les effets de la pleine lune tout autant que lui.
Le second alpha se sentait mal pour le brun qui ne savait pas du tout à quoi s'attendre pour ce soir. Seungcheol et lui s'étaient mis d'accord sur un plan dont ils avaient révélé seulement un résumé qui consistait à aller dans la forêt que Jun connaissait par cœur pour avoir un avantage et ils avaient l'intention de rester avec Vernon jusqu'à l'aube.
Néanmoins, ils n'avaient pas voulu lui dire l'autre partie du plan pour éviter que son côté humain ne s'en souvienne et qu'il s'en serve contre eux.
- La colère varie d'un loup à un autre et c'est ce qui rend notre espèce si impulsive. Précisa le loup aux yeux violets qui s'était redressé pour accentuer ses propos. Et durant une pleine lune, c'est cette émotion qui nous guide, comme une sorte de folie furieuse. Il croisa les bras, soupirant tout en ayant un sourire désolé. Tu auras envie de tuer tout ce qui bouge, moi comme Seungcheol.
- Et tu ne pourrais rien faire contre. Le suivit le plus âgé. Maintenant, le plaisir de tuer est dans ta nature et tu ne peux pas le nier, aucun loup ne le peut. Surtout que tu as été transformé il y a peu et que les symptômes se sont révélés il y a peu de temps, tu vas être incontrôlable.
Le brun redoutait cette question mais il était désormais obligé d'avoir une réponse à cette interrogation qui avait immergé dans sa tête depuis qu'il avait pris conscience qu'il était devenu une créature de la nuit.
La voix sèche par l'angoisse, il prit une pause par l'appréhension de recevoir la réponse qu'il attendait.
- Est.. Est-ce que je vais tuer des gens ?
Seungcheol était pris de remords pour Vernon qui ne voulait pas entendre la réponse qu'il redoutait plus que tout, mais il ne pouvait pas lui mentir pour le rassurer.
- Probablement... Avoua-t-il difficilement au beta qui était en train de crouler sous le stress.
- En général, chaque loup tue en moyenne au moins une personne par inadvertance. Continua Jun. Il se leva suite à ses mots et vint rejoindre Seungcheol devant lui en lui offrant un sourire compatissant. Mais on fera tout pour empêcher ça.
Vernon eut un petit sourire en sachant qu'il pouvait compter sur les deux alphas pour l'empêcher de commettre quelque chose d'horrible dont il ne pourra jamais supporter la culpabilité.
Cependant même s'il était plutôt apaisé de voir que Seungcheol et Jun seraient là pour le retenir, il avait peur qu'à l'avenir, il n'arrive jamais à contrôler ce qu'il était devenu.
C'est vrai quoi, il n'avait rien d'un loup-garou normal et même le plus âgé des deux noirauds doutait du fait que tout se passe comme cela devrait se passer à l'avenir.
Peut-être que Vernon n'était destiné qu'à être une bête sauvage que l'on devrait abattre pour éviter un énième massacre.
Et puis en plus, personne ne savait pourquoi rien ne se déroulait normalement dans la transformation du béta. Personne n'avait une idée de pourquoi il n'était pas comme les autres et Vernon commençait à penser que le problème venait probablement de lui.
Il n'était pas fait pour être un monstre comme son père, n'est-ce pas ?
Lui-même commençait à en douter...
- Tu apprendras à te contrôler, mais ça ne s'apprend pas en un claquement de doigts. Continua Seungcheol en voyant que le silence commençait à peser sur son vis-à-vis et qu'il commençait à se focaliser sur ses inquiétudes. Vernon releva les yeux vers lui, écoutant attentivement ce qu'il avait à dire. Nous comprenons ton angoisse et tes craintes Vernon mais c'est une étape que chaque loup a dû traverser, autant moi que Jun. Remarquant que le beta était plus relaxé, il continua, toujours avec une voix aimable. Il y a un début à tout et ça ne sera pas parfait mais ça reste un début et tu dois apprendre.
- Ensuite, entreprit Jun, après deux ou trois pleine lune, tu seras en mesure de trouver un ancrage qui te permettra de te contrôler et d'équilibrer ta bestialité et ton côté humain. Le noiraud sourit légèrement, Vernon avait un peu moins d'animosité dans ses yeux quand il le regardait, signifiant qu'il arrivait finalement à apaiser les tensions entre lui et le brun. Et ça sera plus simple de te contrôler et de gérer ta colère et tes envies meurtrières.
- "Un ancrage" ? Répéta le beta, ne connaissant absolument pas ce terme et n'en ayant jamais entendu parler.
Les deux alphas se lancèrent un regard, se demandant silencieusement qui d'eux deux devrait se charger d'expliquer le concept d'une ancre et d'un point déterminant dans la vie d'un loup-garou, surtout pour un tout jeune comme Vernon.
Seungcheol se dévoua.
- Un ancrage c'est une chose, une personne ou autre sur laquelle on se concentre et qui réveille en nous notre côté humain pour éviter que l'on se laisse contrôler par nos pulsions et pour atténuer les effets négatifs de la pleine lune.
- Oh, je vois. Répondit-il en hochant la tête, essayant de s'imaginer quel pourrait être son ancrage, bien qu'il le savait déjà en réalité. Par curiosité et pour mieux se donner une image d'à quoi cela pourrait se répresenter, il demanda. Et pour vous, c'est quoi ?
- Pour moi c'est la colère. Affirma le plus âgé en souriant fièrement, comblé que Vernon leur ait posé la question, étant fier de pouvoir aider le béta. Non seulement elle me rend plus fort mais elle est l'émotion dominante chez-moi, c'est l'émotion que j'arrive le moins à contrôler.
Vernon espérait qu'un jour, il pourrait être un alpha comme Seungcheol. Il le prenait véritablement comme un modèle et savoir que son ancrage n'était pas une personne lui étant chère et le fait qu'il se rattachait à une émotion si négative de sa personne le rendait étrangement encore plus charismatique à ses yeux
Cependant, après une dizaine de secondes de blanc, le beta et le noiraud devant lui tournèrent tous les deux la tête vers Jun, se demandant ce qu'il attendait pour répondre à son tour à la question.
Ce dernier était en train de fixer la douille qu'il avait donné à Seungcheol cinq jours plus tôt, les traits de son visage étant renfrognés et témoignant d'un agacement prononcé.
Pourtant, le plus âgé était certain qu'il avait rangé la douille que Jun lui avait confié dans un endroit sûr pour que Soonyoung ne puisse pas y toucher et la perdre par maladresse. Déjà que cet idiot avait faillit la faire tomber de la fenêtre en courant avec partout dans l'appartement après l'avoir volé des mains de Seungcheol, il ne manquerait plus qu'il le laisse y toucher pour ses recherches personnelles.
Oui, Soonyoung avait encore une fois changé de fixette, enfin, disons qu'il en avait ajouté une nouvelle aux deux qu'il avait déjà. Désormais, il était obsédé par les anges et suppliait Jeonghan à chaque fois qu'il le croisait de lui expliquer tout ce qu'il savait sur son peuple céleste, celle de retrouver Jihoon par tous les moyens et maintenant, c'était les chasseurs et le clan des Lee en particulier.
A moins que.. Jun ne possédait pas qu'une seule douille ?
Sortant finalement de sa fixette sur l'étui qu'il tenait dans sa main droite, l'alpha aux yeux violets releva les yeux en sentant que les deux autres loups le fixaient en se demandant ce qui se promenait dans son esprit en ce moment. Il rangea la douille dans la poche de sa veste et s'avança d'un pas pour rejoindre la discussion.
- Mon premier ancrage c'était ma famille mais ensuite je suis devenu mon propre ancrage. Répliqua-t-il en croisant les bras, ayant l'air mal à l'aise de parler de ce sujet.
- Alors on peut devenir son propre ancrage ? S'étonna le plus jeune avec un petit sourire, surpris que quelqu'un puisse devenir sa propre raison de rester humain quand on a en nous une bête si bestiale
Tandis que Jun hocha la tête pour confirmer ses dires en souriant, content de voir que Vernon l'admirait un petit peu lui aussi, Seungcheol était moins emballé par cette révélation et cela se voyait que l'alpha aux yeux violets avait aussi deviné que son aîné connaisse la signification de ce changement ancrage.
Généralement, dès qu'un loup trouvait son ancrage, il le gardait pour le restant de sa vie et s'il le perdait, par exemple si c'était une personne auquel il tenait, le loup s'en retrouvait beaucoup plus affaibli, jusqu'à perdre parfois ses pouvoirs. Le problème ici, c'était que dès qu'un loup perdait un ancrage, c'était très difficile d'en trouver un autre et parfois, ils pouvaient en choisir un sous la contrainte, comme la solution de dernière minute ou bien parce qu'ils n'avaient tout simplement pas le choix, parce que c'était tout ce qu'il leur restait.
Seungcheol commençait à avoir des hypothèses sur pourquoi Jun voudrait tuer Kyungshin et comment il avait récupéré ces douilles. Car après tout, si Jun ne voulait rien dire, ils allaient devoir le deviner jusqu'à ce qu'il leur explique la raison.
Il en avait parlé à Soonyoung après la visite de Jun et il lui avait confié qu'il avait la même idée en tête que lui, mais sans pouvoir le confirmer. Et maintenant, il venait d'apprendre que Jun avait changé son ancrage, mais pourquoi ?
Il espérait que ce n'était pas ce à quoi il pensait car c'était une raison assez convaincante et légitime pour vouloir voir celui qui avait orchestré tout ça en morceaux et d'assouvir des pulsions meurtrières et vindicatives.
•••
Seungkwan arriva finalement au lieu de rendez-vous devant la forêt du nord près de laquelle il était censé retrouver Yasuo qui lui avait indiqué l'horaire de vingt-heures trente.
Le bleuet n'était vraiment pas sûr de ce qu'il faisait. Il se critiquaitlui-même d'être inconscient et abruti de première classe pour sortir un samedi soir dans une forêt avec un mec qu'il ne connaissait même pas.
Il n'avait vraiment pas envie de se rendre à ce rendez-vous mais il le devait bien, il faisait pour Vernon.
Si Yasuo savait des choses sur son meilleur ami et qu'il n'était pas au courant, il était en droit de risquer tout pour le savoir et d'être en mesure de l'aider ! Ce qui tiquait Seungkwan c'était pourquoi ils devaient se rendre dans une forêt qui avait été fermée au public pour divers meurtres et surtout en pleine nuit...
Seungkwan avait dit à ses parents qu'il dormait chez un ami pour réviser et mieux préparer ses cours pour avoir le droit de sortir. Néanmoins, il avait préparé le terrain si cela était une embuscade ; il avait prévenu Moonbin, un de ses amis les plus proches que si quoique ce soit le arriverait, il serait en compagnie de Yasuo.
Le bleuet attendait impatiemment celui-ci qui ne se pressait pas pour arriver. Il n'y avait personne dans les rues aux alentours et le froid glacial était en train de le frigorifier sur place. La seule chose qui accompagnait le bleuet hormis le froid et sa peur c'était une Skoda Octavia de couleur noire qui était garée en face de lui dans laquelle personne ne se trouvait.
Seungkwan commençait à s'imaginer tout un tas de scénarios catastrophiques. Est-ce que Vernon était monté dans cette voiture ? Est-ce qu'il était en danger ? Est-ce que Yasuo était venu chercher le bleuet afin qu'ils sauvent tous les deux le brun d'un meurtre prémédité ?
Il n'en savait rien mais il était prêt à se battre si jamais quelqu'un lui tombait dessus, il était fils de flic quoi, toute la ville lui devait le respect ! Enfin, en théorie.
Soudainement, Seungkwan se retourna dans un cri de terreur en sentant quelqu'un lui agripper tout à coup l'épaule, menaçant la personne derrière lui de son arme.
Il se stoppa immédiatement en remarquant que c'était juste Yasuo qui venait de le rejoindre, lui aussi apeuré par la vue de ce que le bleuet tenait entre ses mains.
- Oh bon sang c'est toi ! Cria Seungkwan en soupirant de soulagement. T'es con ou bien ?! J'aurais pu t'agresser ! Préviens la prochaine fois bordel !
- Tu t'es vraiment ramené avec ça ? Rigola le noiraud aux mèches bordeaux en mettant les mains dans ses poches, fixant l'arme que son interlocuteur tenait en mains.
C'est vrai qu'il aurait pu mieux faire en termes de choix d'armes... Mais en même temps, qu'est-ce qu'il était censé prendre pour se défendre si jamais il était en danger ? Il ne pouvait pas prendre l'arme de service de son père, quand même !
Bon et puis il fallait avouer qu'un couteau de boucher c'était pas hyper discret...
Mais c'était mieux que rien !
- Te moque pas ! Bouda-t-il en fronçant les sourcils. T'es un inconnu je rappelle, tu pourrais me faire n'importe quoi !
Yasuo eut quelques autres ricanements que Seungkwan fit taire en faisant les gros yeux et en mettant son couteau en évidence, signalant que cet idiot ne devrait pas trop rire de lui avant qu'il n'arrive par accident une grosse bêtise.
Ainsi, le plus grand sortit de son sac à dos deux lampes torches dont une qu'il donna au bleuet qui se croyait dans un épisode de man vs wild. D'ailleurs, à la surprise de Seungkwan, les lampes avaient l'air d'être de bonne qualité.
- Au fait, émana soudainement le noiraud en s'apergeant d'un spray en plastique de couleur marron avant de le lancer au garçon l'accompagnant qui le rattrapa, mets ça et on pourra y aller.
En attrapant le flacon, aucune odeur en particulier n'en découlait mais avant de s'en asperger comme Yasuo l'avait lui-même fait, en n'ayant aucune idée d'à quoi ça pourrait bien servir, Seungkwan sentit une odeur immonde ressemblant à de l'oeuf pourri passer devant son nez.
- Mais je vais empester la moufette avec ça ! S'offusqua-t-il.
Il était hors de question qu'il se parfume avec cette horreure de la nature qui commençait à lui donner envie de vomir.
- C'est le principe. Lui informa le plus grand qui n'avait aucun mal à supporter les émanations nauséabondes que ce produit renfermait et dont il s'était parfumé.
- Jamais de la vie tu ne me verras mettre ça sur moi ! Se vexa le bleuet en fermant les yeux et fermant les yeux. Moi vivant, jamais de la vie je ferais ça !
- Si tu veux voir Vernon sans risquer de mourir d'entre atroces souffrances, tu vas devoir faire un effort, petite diva.
Yasuo retint un rire en voyant Seungkwan faire une tête scandalisée du surnom qu'il venait de lui donner mais aussi de ce qu'il était obligé de faire pour éviter de risquer sa vie.
Le noiraud alluma sa lampe torche qui éclairait sur trois voire quatre mètres avant d'emprunter le chemin de randonnée devant eux tout en disant à son compagnon de s'amener.
Ne revenant de ce qu'il devait faire pour enfin revoir son meilleur ami, Seungkwan se disait officiellement maudit pour avoir à faire de telles concessions. Sérieusement, s'il retrouvait Vernon, jamais de la vie il allait vouloir le prendre dans ses bras avec une telle odeur !
Prêt à pleurer de désespoir, il tenta de soupirer, de reprendre ses esprits et de se montrer raisonnable.
- Pour Vernon... Tenta-t-il de se forcer, sachant qu'il allait fermement regretter ses choix. Je fais ça pour Vernon...
Avec tout son courage, il mit quelques pressions du produit qu'il tenait dans les mains, regrettant immédiatement le choix qu'il venait de faire en réalisant qu'il était désormais lui aussi imbibé de cette puanteur infecte.
Après tout ce qu'il avait fait pour lui, Vernon avait intérêt à lui offrir une bague Cartier, une place à un concert de Béyoncé et ensuite de le demander mariage au minimum pour tout ce qu'il avait supporté pour retrouver sa belle tête d'abruti pour qui il ferait n'importe quoi.
Ainsi, il alluma lui aussi sa lampe torche et rejoignit Yasuo à vitesse grand V, se collant pratiquement à lui lorsqu'ils avaient pénétré dans la forêt qui ne le rassurait pas du tout.
Quelle idée d'aller se paumer en forêt en pleine nuit aussi ?
Il fallait être débile pour suivre quelqu'un dans un plan pareil...
Seungkwan aurait dû rester chez lui avec un chocolat chaud en regardant les Kardashians au lieu de venir se peler les miches en forêt et se parfumer d'un produit qui sent la moufette.
Alors, ils entreprirent un chemin à travers l'océan d'arbres qui se mesurait face à eux. Yasuo menait assurément le pas tandis que Seungkwan faisait de son mieux pour le suivre et se taire par peur que quelqu'un ou qu'une bête ne les attaque.
Il faisait nuit noire et le bleuet avait tout sauf envie de s'avancer à travers la forêt, il voulait juste s'enfuir en courant et rentrer chez-lui. On ne voyait rien à la ronde, seules les deux torches qu'ils avaient en main et la lumière céleste de la pleine lune éclairait le chemin que Yasuo suivait sans réellement avoir peur de quoique ce soit, au contraire de Seungkwan qui avait peur de tout et qui criait pour la moindre chose même si le plus grand lui avait dit de se taire et de ne pas trop faire de bruit.
En plus de l'humidité, des bruits flippants qui venaient de partout, des voix étranges qui s'évaporaient parfois entre les arbres, le froid, l'anxiété et la terreur, Seungkwan devait supporter le fait qu'il n'avait aucune idée de l'endroit où ils se rendaient car lui et le noiraud qui l'accompagnaient ne faisaient que suivre des pas de quatre personnes qu'ils étaient apparemment en train de chercher.
Plus ils avançaient et plus Seungkwan avait envie de supplier Yasuo de le ramener au début de la forêt pour rentrer chez-lui. Lui qui était un trouillard dans l'âme, jamais il ne s'était imaginé qu'un jour il aurait pu s'immiscer dans une forêt de nuit où il faisait nuit noire et qui faisait flipper plus que n'importe quoi et encore plus quand on savait les horreurs qui s'étaient produit dans cette forêt et tout les choses étranges qui se passaient dans cette ville.
Bordel, dans quelle histoire Vernon était aller se fourrer pour qu'il se rende ici à une heure pareille...
Alors qu'il était en train de se plaindre de n'importe quel bruit un peu suspect qui résonnait à travers la forêt, Yasuo vit que son compagnon de route n'était pas du tout mais du tout rassuré et qu'il était limite à deux doigts de fondre en larmes.
Qui ne le serait pas à sa place ?
Afin d'apaiser au moins un petit peu son angoisse, il s'arrêta et se tourna vers lui en lui tendant sa main et lui proposa d'un ton se voulant aimable.
- Si tu as vraiment trop peur, si ça peut te rassurer, tu peux me tenir la main.
Immédiatement, Seungkwan saisit sa main sans même y réfléchir une seconde, ayant l'estomac et la gorge noués par l'effroi et l'angoisse mordante que l'ambiance et la situation lui donnaient. Sa poitrine se serrait de panique, il ne pouvait pas s'arrêter de trembler et il avait l'impression qu'il allait s'évanouir, bien que tenir la main de Yasuo atténuait très légèrement sa peur.
Plus ils s'enfonçaient dans la forêt, plus le bleuet ressentait un profond mal être, une impression qu'ils ne devraient pas être là et qu'ils devraient juste s'enfuir. Un pressentiment lui hurlait que quelque chose de mauvais allait se produire, qu'il était en danger.
Mais il ne se défiait pas ; il allait retrouver Vernon, même si ça voulait dire traverser un champ de mine voire même des loups-garous, des sorciers ou des fantômes, peu importe ! Il était déterminé à aller chercher Vernon et il allait le retrouver.
La chose qui effrayait encore plus notre bleuet, c'était que par moments, il y avait d'énormes bruits sourds qui se faisaient entendre, qui semblaient provenir de devant eux, pile dans la direction où ils se rendaient. On aurait dit des grognements, des bruits d'animaux qui se battaient ou qui chassaient, des râles, des grondements bestiaux et sauvages qui s'intensifiaient au fil des mètres qu'ils parcouraient, sans que Yasuo n'ait aucunement peur, comme s'il faisait ça tous les jours.
Alors que les bruits devinrent de plus en plus clairs et bruyants, si audibles et distincts que Seungkwan pensait que des animaux étaient en train de s'entretuer à quelques mètres d'eux.
Ils arrivèrent à la fin d'une falaise qui donnait une superbe vue en hauteur sur une clairière elle aussi proche d'une falaise qui menait dans le vide, là où trois personnes se trouvaient, au beau milieu de la forêt.
Le bleuet cru pleurer lorsqu'il le vit attaché contre un arbre, retenu par plusieurs chaînes tout en essayant de se débattre.
Bordel, mais qu'est-ce qu'ils étaient en train de lui faire ?!
Seungkwan n'eut même pas le temps de prononcer la seconde partie de son prénom que Yasuo lui plaqua une main sur la bouche et le força à s'allonger tête contre terre avec lui, tout en le forçant à se taire
- Mais t'es taré ?! Murmura le noiraud en mettant un doigt sur ses lèvres pour lui faire comprendre de se taire. Regarde et boucle-la.
Se défaisant brusquement de Yasuo, le plus petit leva doucement la tête et contempla la scène qui se jouait sous leurs yeux.
Alors c'étaient eux les bruits depuis tout à l'heure ?
Seungkwan ne comprenait rien à ce qu'il était en train de se passer, qu'est-ce que Vernon faisait avec ces deux types et pourquoi était-il attaché ?!
Vernon respirait fortement, comme s'il se retenait du mieux qu'il le pouvait de laisser quelque chose d'entre ses entrailles tandis que les deux autres types se regardaient tout en restant à proximité du brun.
Mais ils ne pouvaient pas rester là sans rien faire à les regarder faire on ne sait quoi, ils devaient aller l'aider !
- Qu'est-ce qu'ils lui font..? S'inquiéta-t-il à voix basse, frustré. Qu'est-ce qu'on attend pour aller l'aider ?!
- Mais tu vas te taire oui ?! S'empressa de répondre Yasuo, lui aussi à voix basse. Ces deux types sont des alphas, ça veut dire que s'ils nous entendent ou nous repèrent, toi comme moi, on est foutus !
- T'as cas m'expliquer ce qu'il se passe et là je réfléchirais à me taire !
Le noiraud soupira fortement, agacé par le comportement de son compagnon qui ne pouvait pas se la fermer une seconde. Il s'approcha de lui afin qu'il entende mieux ses explications qu'il n'allait pas répéter s'il ne les comprenait pas.
- T'as toujours pas compris ? Tempéra-t-il, se demandant si Seungkwan était abruti pour ne pas comprendre quelque chose d'aussi évident. Ces deux types sont en train d'aider ton ami à ne pas déchiqueter la moitié de la ville à la pleine lune ! Le bleuet le regarda, étant encore plus paumé qu'avant. Il roula des yeux, excédé. Vernon et ces deux mecs sont des loups-garous, imbécile !
Le plus petit n'en croyait pas ses oreilles. Donc ce mec qu'il connaissait pas et qui, accessoirement, était totalement louche au possible l'avait amené un soir de pleine lune dans une forêt à se perdre pour lui raconter que Vernon était une sombre créature de la nuit ? Il avait juste envie de lui foutre une baffe et de l'engueuler pour se foutre de sa gueule de cette manière.
Nan mais sérieux, qui irait croire des conneries pareilles ?
Alors qu'il allait rétorquer pour lui dire ses quatre vérités, un énorme grognement de haine se fit entendre ainsi qu'un violent bruit de métal qui se brise.
En tournant les yeux vers l'origine du bruit, les quatre garçons purent constater avec effroi que Vernon venait de se libérer de ses chaînes et était à quatre pattes au sol, tremblotant et poussant des grondements qu'il ne contrôlait pas.
Les deux garçons changèrent tout à coup d'expression faciale, étant tous deux abasourdis en ayant vu le brun briser ses chaînes devant eux comme si c'était du papier. Ils étaient sous le choc mais aussi craintifs. Ils se regardèrent tandis que Vernon se trouvait encore à quatre pattes sur le sol, respirant entre ses dents et devenant de plus en plus tremblant.
- Jun, tu m'avais pas dit que c'était des chaînes en argent ? Demanda le plus musclé des deux garçons, osant à peine bouger, craignant ce dont le beta était capable s'il arrivait à briser des chaînes en argent alors que loups-garous n'étaient pas censé savoir briser des objets fait avec ce métal.
- Mais c'en est ! Défendit le deuxième en haussa la voix, se reculant d'un pas et souriant d'un air amusé et ironique. Si on ne peut pas le retenir, alors on va jouer au loup.
Alors que Seungcheol regardait ledit Jun d'un air blasé quelque peu jugeur au sujet de sa superbe vanne (notez l'ironie), Vernon se releva doucement, se mettant debout, ses tremblements ayant cessés mais surtout en fixant le duo d'alpha devant lui, embourbé par la rage de la bête qu'il gardait en lui, avant de foncer sur eux et de commencer à se battre avec eux avec toute la bestialité qu'il avait.
Seungkwan n'en revenait pas. Il avait sous les yeux la preuve formelle que son meilleur ami n'était plus un garçon innocent qui prenait la vie comme elle venait, il était devenu comme Yasuo l'avait dit et il n'arrivait pas à le croire. Voir Vernon être épris par une rage de cette envergure et être si violent ne lui ressemblait absolument pas, bien au contraire.
Il était là, des griffes au bout des doigts, des yeux jaunâtres qui luisaient à travers les ténèbres de la nuit et quatre immenses crocs qui sortaient de sa dentition, tout comme les deux autres garçons qui se battaient corps et âme avec lui en faisant en sorte qu'il ne sorte pas d'une limite invisible sur laquelle les deux plus âgés semblaient s'être mis d'accord.
Le bleuet en avait le souffle coupé. Il comprenait désormais pourquoi Vernon avait tout fait pour que son meilleur ami ne s'approche plus jamais de lui. La rancœur et la colère de ce dernier s'étaient totalement envolées en imaginant comment le brun avait réfléchi à la situation.
Cependant, il n'en revenait pas combien leur combat à trois était d'une violence incomparable. Ils se griffaient, se balançaient les uns les autres, utilisaient leur environnement à leur avantage pour mettre l'ennemi en péril, le tout accompagné de grognements animaliers caractéristique des loups tous plus menaçants les uns que les autres.
- Vernon est un tout jeune beta qui a été mordu le jour de son anniversaire. Plutôt pas mal comme cadeau si on ignore les effets négatifs de la transformation. Révéla Yasuo en chuchotant, remarquant que Seungkwan ne disait plus rien, qu'il avait les yeux rivés sur le combat sanglant qui se passait sous leurs yeux, son visage était dénué d'émotion excepté le choc. Ils l'ont amené ici pour l'aider à résister aux effets de la pleine lune. Son vis-à-vis ne répondit pas, trop concentré sur la silhouette de Vernon. Lors de la pleine lune, il oublie totalement qui il est. Il ne reconnaît personne, pas même ses proches et le seul désir qu'il a jusqu'au lever du jour est de tuer et de déchiqueter toute forme de vie qu'il croise.
Pour encore plus intensifier la signification de ses paroles dans la tête du bleuet, le noiraud expliqua un autre exemple plus parlant.
- Il pourrait même te tuer s'il te croisait.
Seungkwan regarda son interlocuteur d'un mauvais œil. Est-ce qu'il essayait de faire en sorte qu'il ait peur de Vernon qu'il connaissait depuis toujours ?
Vernon ne lui ferait jamais de mal, il était trop gentil pour ça, même si dans l'instant présent, il n'arrivait pas à croire à ce qu'il voyait...
- C'est ridicule. Affirma-t-il d'un rictus amer et un ton désapprobateur. Vernon ne me fera jamais aucun mal. Dans sa tête, il essayait de trouver une raison plus naturelle que simplement une envie meurtrière qui courait dans les veines de son ami. Et... Ils font peut-être ça pour chasser... Qui te dit qu'ils veulent tuer ?
Yasuo eut un ricanement sarcastique en secouant la tête, ne croyant pas les paroles du garçon à ses côtés. Il ne pouvait pas fermer les yeux indéfiniment ; il allait devoir un jour accepter que Vernon n'était plus un humain.
- Chasser est un besoin primaire pour les vrais loups, mais eux, ils n'ont pas besoin de se nourrir. Rectifia-t-il d'un ton dur pour ne plus entendre des excuses idiotes venant de la bouche de Seungkwan. C'est le goût du sang, de la violence et le plaisir de tuer qui les obsèdent. Ils traquent pour sentir que leurs victimes n'ont aucune chance face à eux, pour sentir qu'ils sentent leurs griffes pénétrer de la chair encore chaude de vie.
- E-et les deux autres alors ?! Objecta le plus petit qui était mal à l'aise avec quelle intonation intimidante il parlait pour l'astreindre à le croire à cent pour cent. Ils sont parfaitement conscients et ils ne sont pas en train de tuer des gens !
- Tu sais que dans le mot lycanthrope il y a la racine "anthropos" qui veut dire "homme" ? Rabacha-t-il sarcastiquement, son agacement s'accentuant au fur et à mesure de la discussion. Ce sont littéralement des hommes-loups, ce qui veut dire qu'ils ont une conscience humaine et crois-moi que s'ils ne l'avaient pas, ils auraient déjà décimé une bonne partie de ce monde ! Pérsista-t-il en voulant monopoliser la parole sur celle du bleuet qui lui aussi sentait monter une énorme envie de faire redescendre le noiraud de son trône. D'où il se permettait de lui parler ainsi ? Ces deux types sont des alphas qui contrôlent leur loup intérieur et ils sont bien plus puissants que Vernon surtout l'un d'eux qui est littéralement plus entraîné que les deux réunis. Ils savent ce qu'ils font même s'ils ressentent les effets de la lune !
Il se pencha encore plus vers Seungkwan, rétrécissant leur proximité à quelques centimètres. Il dériva les yeux l'espace d'un instant sur les lèvres de ce dernier avant de revenir le regarder droit dans les yeux et de lui dire avec un sérieux incontournable et une certaine impatience.
- Vernon et ces types... Il inspira profondément pour se détendre et éviter de s'emporter, surtout avec trois loups-garous aux facultés auditives accrues à à peine une dizaine de mètres d'eux. Sont des créatures nocturnes avides de sang et de mort et tu ne peux rien faire pour ton ami. Et si tu n'es pas capable de comprendre ça, t'es déjà mort !
Soudainement, alors que le noiraud se prénommant Jun s'était débarrassé de Vernon, qui l'avait plaqué contre le mur de la falaise sur laquelle Yasuo et Seungkwan se trouvaient, en le repoussant fortement pour le placer entre lui et Seungcheol, en avançant de quelques pas pour reprendre le combat, il émana un grognement curieux quand ses oreilles perçurent un éclat de voix masculine on ne peut plus suspect et indiscret.
Se rendant compte que sa voix avait été un poil trop forte, Yasuo mit sa tête contre le sol en appuyant sur la tête du bleuet pour qu'il fasse de même, en essayant de contrôler sa respiration et ses battements de cœur.
Le stress grimpa en flèche quand Jun s'approcha lentement de la falaise en regardant le haut de celle-ci, se concentrant sur son ouïe et attendant que ses doutes se confirment tout en grognant pour se rendre encore plus menaçant.
Néanmoins, il dû s'arrêter dans sa quête quand il entendit Seungcheol l'appeler, à la fois furieux et apeuré.
En se retournant, il constata qu'en à peine quelques secondes et en son absence pour veiller sur lui, Vernon avait réussi à agripper Seungcheol et à le faire reculer malgré lui jusqu'au bord de la falaise, le noiraud étant à deux doigts de tomber dans le vide s'il osait ne plus concentrer sa force pour résister à la pression du beta.
Alors qu'il arrivait pour intervenir et prendre le relai avec le brun, il baissa tout à coup la tête lorsqu'il entendit un objet voler à quelques centimètres de lui pour atterrir à l'arrière de la tête de Vernon qui eut un petit couinement de douleur en recevant le caillou.
- En plein dans la tronche ! Rigola fièrement le garçon en sautillant de joie d'avoir touché le gros lot et pas la tête de Jun ou de Seungcheol par maladresse.
Le beta tourna la tête pour se concentrer sur son assaillant tandis que Seungcheol sentait lui aussi une immense colère noire monter en lui et que Jun se demandait si ce garçon n'avait pas des problèmes neurologiques pour se pointer en pleine bataille de loups-garous par une pleine lune.
- Nan mais tu te fous de ma gueule ?! Hurla l'alpha, rouge de colère alors que Vernon fonça tête baissée pour déchiqueter la première personne totalement humaine qu'il venait de croiser.
Le seul humain présent parmi le trio perdit le grand sourire qu'il avait constamment sur le visage quand il constata que Vernon courait vers lui à grande vitesse en ayant comme seule envie de le mutiler à mort.
Avant qu'il ne puisse avoir l'idée de s'enfuir, et même s'il avait eu le temps, le brun lui aurait sûrement déjà sauté dessus, il fut sauvé in extremis par Jun qui l'attrapa par la taille et le tira avec lui vers la droite, ce qui fit foncer le beta dans le vide pour s'étaler au sol
L'alpha aux yeux violets balança le garçon derrière lui sans douceur dans l'instantané afin de lui servir comme bouclier.
- Toi, tu bouges pas d'ici. Lui indiqua Jun en tournant légèrement la tête vers lui. Tu restes derrière moi, compris ?
L'humain hocha faiblement la tête, à la fois ébahi par ce qu'il venait de se passer et aussi excité par rapport au même sujet.
Néanmoins, il grimaça quand il vit que derrière Vernon qui les regardait fixement en étant toujours aussi déchaîné par la bestialité de son espèce, Seungcheol avait littéralement envie de l'étriper.
- Soon je t'avais dit de rester dans la voiture bordel !! Fulmina le plus âgé, en train de bouillonner intérieurement pour ne pas s'occuper du cas de son ami. Je te préviens, quand on rentre à la maison je te fais la peau et tu devras me supplier pour que j'arrête de te baffer !!
- Mais-
- Je m'en contrefous Soonyoung !! Vociféra-t-il en attrapant les deux poignets de Vernon qui tentait de s'en prendre à lui. Maintenant tu restes derrière Jun et tu te tais !!
Le combat reprit son cours, tout en ayant Jun qui faisait de son mieux pour écarter et protéger Soonyoung des potentielles attaques de Vernon qui ne reconnaissait aucun d'eux trois. L'humain boudait, profitant de chaque moment pour demander à Seungcheol s'il pouvait se joindre à eux car après tout, il venait de lui empêcher une mort certaine en étant balancé dans le vide, bien que la réponse était toujours non.
Yasuo et Seungkwan avaient assisté à toute la scène, soulagés que Soonyoung soit apparu pile au bon moment pour éviter que le noiraud ne les surprenne tous les deux en train de les espionner.
Le plus petit du duo se demandait qui était ce suicidaire aux cheveux blancs qui venait de se ramener dans le plus grand des calmes, comme si ce n'était pas déjà assez bordélique.
Curieux, il exploita la situation pour poser la question qu'il avait en tête, les trois garçons étant trop occupés à s'occuper du cas du beta pour se concentrer sur leurs chuchotements.
- C'est qui lui ? Questionna-t-il en faisant un petit coup de tête vers Soonyoung.
- Lui ? Le bleuet hocha la tête tout en regardant ce que le concernait faisait. Il s'appelle Soonyoung je crois... Yasuo haussa les sourcils, connaissant le tempérament suicidaire du garçon aux cheveux blancs malgré le peu de temps qu'il avait passé à les observer. Je ne sais pas pourquoi mais il n'a jamais peur de mourir, ni de quoique ce soit de potentiellement dangereux... Il se porte toujours volontaire pour des coups foireux comme ça.
- Il est totalement inconscient ! Se révolta Seungkwan, toujours à voix basse, qui ne s'imaginait pas du tout faire la même chose. Ou alors il est complétement con.
Yasuo haussa simplement les épaules tout en riotant aux commentaires de son compagnon, se doutant que la réponse était sûrement un peu des deux.
Ils continuèrent de regarder la scène, le plus grand du duo expliquant deux ou trois choses quand Seungkwan lui en demandait plus. Ce dernier avait bien l'intention de revenir voir Vernon et de le forcer à l'écouter et à lui dire que tout cette histoire était dorénavant terminée, que Vernon n'avait plus besoin de mentir puisqu'il savait tout.
Il se demandait comment il avait fait pour se retrouver dans toute cette histoire de loups-garous... Ça n'arrivait pas à tout le monde de se faire mordre et de devenir une créature de la nuit.
Aussi, il se demandait comment Yasuo avait appris tout ça, comment il avait fait pour le retrouver et pour savoir quand et où Vernon et ses compagnons surnaturels allaient se rendre.
Déjà qu'il ne l'aimait pas trop, il était suspect et il n'arrangeait pas son cas en étalant toute ses connaissances.
Tandis qu'il était en train d'admirer la suite des événements, Seungkwan tourna la tête vers le noiraud qui l'accompagnait qui semblait étrangement attristé.
- Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Je tenais juste à m'excuser... Intima-t-il en baissant les yeux.
Un rictus confus prit le bleuet qui ne comprenait pas pourquoi cet abruti voulait s'excuser à part si c'était par rapport à son attitude pour le moins trop hautaine à son goût.
Après tout, sans lui, Seungkwan n'aurait certainement jamais su la vérité sur Vernon.
- Pourquoi tu t'excuses au juste ?
- De t'avoir fait entrer dans ce monde.
Le plus petit pencha la tête, intimant à Yasuo de s'exprimer plus sur ce qu'il voulait dire par là.
- Ce que je veux dire c'est que... Il prit un petit instant de pause, le ton coupable et désolé, avant de soupirer. Un monde comme celui-là, on y entre et on y reste jusqu'à la fin. On ne s'y habitue jamais et on n'y vit pas, on y apprend à survivre, tout comme dans la nature. Il offrit un sourire amical au bleuet. Le noiraud commençait à vraiment apprécier sa compagnie, bien que ce n'était pas son but premier. Et dans leur monde, c'est la loi du plus fort, on y obéit qu'on le veuille ou pas.
Seungkwan porta à nouveaux les yeux sur Vernon, ne pouvant se faire à l'idée que son ami depuis toujours était devenu une créature surnaturelle à la violence décontenancée et qu'il ne pouvait tout simplement pas l'aider, peu importe ce qu'il ferait.
Mais il n'allait pas le laisser tomber pour autant.
Dès qu'il le pourra, il irait lui parler et lui dire qu'il était au courant de tout et qu'à nouveau, ils pourront être ensemble, comme avant.
Seungkwan explosait déjà de joie rien qu'en imaginant la possibilité de revoir Vernon à ses côtés, de voir que plus rien ne pouvait les séparer, pas même les forces surnaturelles.
Et sans se l'avouer, il aimait bien le fait que les rêves et les fantaisies pouvaient parfois s'avérer vraies.
D'une voix douce mais joueuse, Yasuo finit par chuchoter.
- Maintenant, reste à savoir si dans ce monde tu seras une proie
...ou un prédateur.
______
J'attends ma claque avec impatience pour vous avoir fait pleurer (si c'est le cas mdrr)
Vous me croyez si je vous dis qu'à la fin de la partie sur Jihoon, il y a Mama's Boy de Dominic Fike qui s'est joué pendant que j'écrivais et j'ai pleuré en repensant à son histoire et combien il aimait sa mère ? parce que j'ai fait que pleurer en écrivant :')
J'ai une fixette sur Joshua en ce moment jsp pourquoi mais je vous jure je suis obsédé par lui ces jours-ci (pas plus que Jun mais quand même olala)
Et j'ai chopé une grippe infernale donc désolé si je poste plus la semaine prochaine 🥹 (prenez soin de vous bande de fous)
Et j'adore cette photo de Soon incroyable ça va devenir ma nouvelle pp je le sens
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