
28. Stop
Je voulais être honnête avec toi. Mais l'amour à des secrets que même le mensonge ignore...
~*~
MARINETTE
J'ouvrais puis refermais la porte derrière moi. En me retournant, je sursautais violemment une mains sur ma poitrine.
— ... doux jésus. Soupirai-je en fermant les yeux.
— Désolé, j'aurais dû te prévenir que je venais ce soir, je ne voulais pas te faire peur, désolé. S'excusa Adrien en se levant du lit, et il s'approcha de moi.
Il s'excuse beaucoup... Étrangement.
J'avais rouvert les yeux et le regardais désormais s'approcher de moi. Ce qu'il fit très vite.
Rapidement ses mains se posèrent sur la porte, à chaque extrémité de ma tête tandis qu'il déposait déjà ses lèvres sur les miennes.
Le contact fut tendre et passionné. J'eus des papillons dans tout le ventre, ainsi que des frissons le long du corps.
Tout en posant mes mains sur les flancs du sien, je répondais à son baiser. Je finissais par glisser mes paumes sous son t-shirt afin de pousser nos peaux à rentrer en contact. La sienne était si douce et chaude au toucher, j'en perdais presque la tête...
Les yeux fermés, je laissais ma langue palper la sienne. Ce soir il était doux et je le sentais si différent que d'habitude.
Comme changé.
Presque bouleversé.
Mon cœur eut envie de plus tout d'un coup, j'eus l'impression qu'il n'avait pas nécessairement besoin d'un contact physique. Mais juste d'un... geste. D'une présence.
Quelconque était-elle.
Et mon ressentiment fut si poignant, qu'il retourna violemment mon estomac. Je décollai aussitôt mes lèvres et Adrien pencha un peu son visage, le souffle court, pour à nouveaux les capturer alors qu'il venait à peine de les quitter.
— T'arrête pas... Je veux pas que tu t'arrêtes. Murmura-t-il d'une voix suave en s'emparant tout de suite de ma bouche.
Un de ses bras s'enroula autour de ma taille, alors qu'il se reculait vers le lit. Ses lèvres brûlaient les miennes. Il les grignotait aussi fort que sa chaleur le faisait avec mon corps.
Adrien me paraissait distant et pourtant, il me faisait ressentir tout le contraire. Depuis notre rencontre, je ne l'avais jamais senti aussi proche de moi. Mais jamais auparavant, il ne m'avait semblé aussi loin.
J'avais l'impression de ne pas être en face de celui que je connaissais et que j'aimais. Il agissait comme un inconnu, telle une personne ivre d'un désir camouflant autre chose.
De son autre main, il fit descendre les bretelles de mon sac et m'en débarrassa. Celui-ci se fracassa sur le sol, il n'y fit pas attention et continua. On finit assit sur le lit, à califourchon, lui me tenant fermement contre son corps brûlant et musclé.
Pendant que ses mains se glissaient sous mon chandail blanc, sa bouche se mit à picorer mon cou alors que j'haletais, les esprits embrouillés.
Adrien ne me laissait pas une minute de répit. On aurait dit qu'il le faisait exprès. Que me faire perdre la tête était son but.
Mais pourquoi ?
Qu'est-ce qu'il avait ?
J'essayais de poser mes mains sur ses joues mais il me fit basculer sur le lit. Il plaqua les siennes de chaque côté de ma tête en plongeant dans mon cou. Une de ses paumes caressa mon ventre et remonta lentement jusqu'à l'orée de mon soutien-gorge.
Je frissonnai.
Cependant, non, il allait trop loin pour moi. Je voulais comprendre les raisons qui le poussait à agir de cette façon. Tant de mystère ne m'allait pas.
— Adrien, stop. L'arrêtai-je toute chose, le cœur battant la chamade, le souffle très court, désorientée.
Il ne m'écouta pas, et poursuivit ses baisers qui arrivaient à me rendre dingue...
D'un geste un peu trop violent, je le repoussai. Parce que même si j'adorais ses caresses, je tenais encore plus à lui pour ignorer la peine qui lui chagrinait tant le coeur.
Adrien était un garçon sûr de lui. En général, il menait avec beaucoup de brio la danse pour la compléter en beauté. C'était un homme extraordinaire, une personne qui me remuait dans tous les sens. Pour tout et n'importe quoi.
Et si aimer, c'était prendre soin de la personne en question, je n'hésiterais pas à faire passer son bonheur avant le mien. Car souvent, lorsqu'on ressentait au fond de nous un sentiment d'impuissance, il finissait par nous pousser à nous demander si nous n'en avions pas assez fait. C'était sûrement -en général- le cas.
Et personnellement, moi, je ne cesserais jamais de toujours tout lui donner. Même s'il décidait de ne pas le me rendre.
L'amour rendait fou comme on disait.
Délicatement, je me redressai et l'entrainai dans mon geste. Il s'assit face à moi, les yeux immédiatement détournés fuyant à grande allure mon regard suspicieux, et mes rayons x assoiffés d'une curiosité vorace.
— Adrien, qu'est-ce qu'il se passe ? Tu sais que tu peux me parler... Je peux tout entendre. Lui dis-je d'une voix douce, ravalant la boule que j'avais en travers de la gorge.
Doucement, je décidai de prendre ses mains dans les miennes. Il ne montra aucun signe de résistance, et laissa mes doigts s'enlacer autour des siens.
Mon cœur battait très fort. Je ne cessais de le regarder, par peur qu'il s'envole. Il paraissait tellement triste, une tempête avait l'air d'être passée avant moi, pour complètement le bouleverser.
Et de le voir aussi démuni, et amoindri me faisait énormément de mal. Certes je l'aimais mais que j'ignorais comment le lui montrer.
Peut-être que lui dire je t'aime n'avait pas suffit. En fait, ça ne l'avait vraiment pas été. Et pour être honnête, je n'y comprenais plus rien. Que fallait-il que je fasse pour qu'il saisisse enfin que je tenais à lui ?
Lui remonter le moral devint rapidement l'une de mes plus grande source d'angoisse. Quand s'apercevrait-il que je ne le lâcherais jamais ?
Tout ce que je voulais, c'était qu'il soit heureux. Avec, ou sans moi...
— Je m'inquiète pour toi, Adrien. Tu n'es pas comme ça d'habitude. Dis-moi ce qu'il ne va pas... Je t'en prie. Tentai-je vainement de l'aborder sans résultat.
Alors, je décidai de couper court à mes approches foireuses.
Cela ne servait à rien de tourner autour du pot, hein ?
— Pour moi, tu es quelqu'un d'important, Adrien. Tu es mon... mon... Répétai-je plus lentement, les yeux désormais baissés.
La réponse ne sortait pas car je ne la détenais pas. En réalité, je m'apercevais que je ne savais plus du tout le définir.
C'est vrai... Qu'est-ce qu'il était pour moi à la fin ?
Au fond je l'aimais. Plus que tout. Mais à ses yeux, qui étais-je ? Qu'est-ce que je représentais sincèrement ? Toutefois, alors que nos visages se faisaient face, que mon coeur pleurait de sa distance, comment pouvais-je porter un nom à notre relation ?
Il ne m'avait jamais dit qu'il m'aimait. Et moi, bah moi, qu'est-ce que je devenais... ?
— Ce n'est pas de ta faute. C'est juste une vieille histoire. J'ai rencontré mon ex-petite amie tout à l'heure et on a un peu parlé ensemble. Expliqua-t-il.
Il se leva.
Le suivant des yeux, je ne bougeai pas pour autant du lit.
— Je ne savais pas que tu avais déjà eu une petite amie dans ta vie. Rétorquai-je, le cœur cognant contre ma cage thoracique.
Adrien resta les mains dans les poches avants de son jean, debout face à la fenêtre.
Il faisait déjà nuit dehors, et le reflet de son corps dans la fenêtre me permit de voir l'expression qu'arborait son visage.
Toujours aussi pâle. Toujours aussi blême.
Si ce n'était plus.
— Ouais, j'avais seize ans à l'époque, j'étais vraiment fou amoureux d'elle. Ajouta-t-il dans un souffle, en passant une main dans ses cheveux.
Crac.
Ses mots me faisaient du mal. Ils me retournaient l'estomac, et m'égratignaient le coeur.
Adrien était déjà tombé amoureux d'une fille qu'il avait revu aujourd'hui. Et comme par hasard, dès qu'il me revoyait, il cherchait à tout à prix à ce qu'on couche ensemble...
Je savais au fond que je n'aurais jamais été à la hauteur avec lui. Au fond, je m'étais toujours un peu doutée qu'une personne était passée avant moi. Mais face à l'absence de preuve, j'avais finis par me voiler la face.
Le choc et la profondeur de ses paroles m'enterraient déjà six pieds sous terre. Je le voyais déjà me présenter ses excuses quand il me quitterait pour aller la rejoindre. Je réalisais un peu trop vite une séparation que j'avais toujours voulue éviter et fuir.
Aimer quelqu'un sans retour, c'était très douloureux. Beaucoup plus qu'on ne pouvait se l'imaginer.
Et je souffrais tellement, maintenant. Moi, je voulais qu'il reste à moi pour toujours, que nous deux, ça soit pour l'éternité. Que même aux cieux, la mort ne puisse parvenir à nous séparer.
J'aspirais à tant de chose. Je voulais tellement de lui.
Je le désirais terriblement.
J'étais si folle amoureuse de lui que je n'arrivais pas à supporter qu'il puisse être aussi fou amoureux, d'une autre. Que ce soit dans un passé lointain ou un futur proche.
Péniblement, je repris quand même un peu le dessus sur mes émotions qui avaient déjà attisé mes larmes.
— Et... Et tu l'aimes toujours ? Osai-je l'interroger d'une petite voix, malgré moi.
— Non, je ne crois pas. En fait, c'est compliqué. Me répondit Adrien pour soupirer juste après.
La douleur de mon cœur se vivifia.
Je déglutis.
— E-Et pourquoi c'est compliqué ? Continuai-je toute tremblante.
— Parce qu'elle m'a menti. Elle s'est faite passée pour morte à cause d'un chantage puérile qu'elle a voulu gérer seule. Déclara-t-il, je perçu une légère pointe d'agacement dans sa voix.
Ooh Adrien, si tu savais comme je t'aime mais comme tu me fais très mal.
— Humm, je comprends. Eh bien, j'espère que ça finira par s'arranger entre vous, je te le souhaite en tout cas. Parce que tu as l'air de beaucoup tenir à elle. Complétai-je en baissant les yeux, le regard trempé de larmes salées que je m'empresserais de verser une fois sous l'eau infestée de calcaire, d'une bonne douche chaude.
— Honnêtement, je le veux pas moi. Parce que ça fait plus de six ans qu'elle a décidé de me mentir et de foncer tête baissée dans le chantage de mon père. Honnêtement, on n'a plus rien à se dire tous les deux. Et puis, ça fait un petit moment maintenant qu'une autre a pris sa place. M'annonça-t-il sans se rendre compte que mes yeux s'étaient élargis de stupeur.
J'allais de révélations en révélations.
Déjà cette fille avait été sa petite amie qu'il n'avait plus revu depuis seize ans. Ensuite, celle-ci avait suivit un chantage imposé par Gabriel. Et puis enfin, Adrien aimait quelqu'un d'autre.
Wouaw.
Si je m'attendais à ça !
Pourtant, je me sentais vraiment heureuse.
Il me redonnait l'espoir d'avoir un jour ma chance. Il redonnait vie à un futur passé à ses côtés.
Mais si seulement, j'avais su ce que ces révélations feraient plus tard, j'aurais préféré ne jamais les savoir...
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