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Chapitre 4 (10) : Death sentence

Après ce véritable fiasco, le groupe s'est littéralement éclaté.

L'avantage, c'est que plus personne n'est seul. Daisuke passe son temps avec Soma, Shizuka est toujours vue avec Michi où, si c'est moi qui suis en sa compagnie, Junko. Personne n'est isolé, nous sommes toujours en groupe, de deux, parfois trois, dans l'idéal quatre quand Daisuke et Soma daignent passer leur temps avec Michi et moi. Ou plutôt que Daisuke fait la colonne de bâtiment à chaque fois que l'Illustrateur essaye de nous parler.

Sauf que derrière, la tension explose de tous les côtés. Depuis cette dispute entre Daisuke et Junko, les deux ne peuvent rester dans la même pièce sans se jeter de regards hostiles. Ou des petites piques. Yuuki prend évidemment le parti de Junko, et Daisuke, même si personne ne le suit publiquement, on sent bien que certaines personnes partagent ses opinions. Et même si nous nous retrouvons au milieu, au final, la scission est bien réelle. Je n'ai pu reparler ni à l'Espionne ni à la Gamer depuis ce jour.

Et ce n'est pas faute d'avoir essayé, depuis ces trois dernières semaines. Ce n'est pas faute que tout le monde ait essayé. Akihito et Saki font de leur mieux pour faire médiateur, essayant encore et toujours d'organiser ces fameuses activités de groupe dont ils nous parlent depuis le début de cette phase de la Tuerie ; mais rien n'y fait, et la tension ne semble pas prête d'éclater.

J'en arrive à craindre retrouver un cadavre devant ma porte à chaque fois que je sors de ma chambre.

Faut dire qu'avec Kichiro, j'ai été rodée.

Mais rien, pas de corps, pas de sang et pas de violence. Juste cette tension qui n'est pas près d'éclater.

Mon emploi du temps s'organise de plus en plus, je dois bien l'admettre. Le matin, salle informatique pour décrypter un maximum le dernier fichier d'Haruko. Certains de ses documents sont cryptés, sans doute au cas où Monokuma mettrait ultimement la main dessus, et même si elle m'avait donné la clé de décryptage, cela me prendrait quand même des heures. Or, je n'ai pas cette clé. Et je me doute bien qu'elle me l'a laissée quelque part, alors j'y consacre le maximum de temps, entre l'heure d'ouverture des chambres et l'heure de manger.

Je pourrais certes me servir de mon déverrouilleur, mais je n'ai pas envie de tomber sur Monokuma dans la nuit, le moment où elle est le plus susceptible de patrouiller dans les couloirs. Cette maudite femme a une force de robot. Je préfère ne pas l'éprouver.

Junko et Yuuki, qui participaient d'ailleurs énormément à la conception desdits déverrouilleurs, n'aident plus beaucoup, de toute façon. Cela ne m'étonnerait même pas qu'elles n'aient conçu un pour le quatrième sous-sol sans le confier à personne. Mais ce n'est pas une hypothèse que j'aimerais creuser, pour être franche.

Mon après-midi est partagé entre Michi, les tentatives de Saki de faire des activités de groupes auxquelles seules Soma, Akihito et moi allons désormais, et l'exploration du souterrain. Je n'avance pas beaucoup dans la carte, vu que ce souterrain est de plus en plus complexe et que le nombre de murs à marquer s'agrandit de jour en jour ; mais j'ai presque fini de repérer les éventuels chemins derrière les murs amovibles. Ce qui est de plus en plus compliqué à retranscrire sur papier.

Le soir, je vais voir les proches, quand c'est mon tour. Kiëran, sans doute sous l'effet de l'engueulade de Junko, ne vient même plus voir quand je sors ; Il n'est pas le seul à m'éviter, d'ailleurs. Evdokia reste prostrée dans son coin, avec Khalil pour seule compagnie, et chacune de mes visites semble avoir pour effet de rentre Kazumi muette comme une carpe. Elle se contente de m'adresser un signe et de rire.

Je finis par ne plus rester très longtemps, juste assez pour que Monokuma me considère comme présente. De toute façon, je n'ai pas grand-monde à qui parler. Isami refuse toujours de me voir, et je crois que son état empire de jour en jour.

Sincèrement, ça me fait une belle jambe.

Et de temps à autres, la nuit, je m'introduis dans la cache d'arme et je vide chargeur après chargeur sur les cibles d'entraînement. En comptant soigneusement les réserves qu'il me reste. Je me dois de faire tout mon possible pour m'en garder si besoin étant.

Mais cette ressemblance dans mon emploi du temps, qui fait que les jours se suivent et se ressemblent, cette fois, je suis extrêmement prudente vis-à-vis de l'effet que ça crée. J'ai perdu Sora parce que je n'ai pas été assez vigilante. On a mis dix jours à retrouver son corps parce que l'isolation physique et la taille toujours plus importante de notre donjon a créé une séparation trop vaste pour être inquiétante. Alors chaque jour, je m'assure que tout le monde est là, au moins une fois.

En général, un tour du bâtiment après manger me suffit. Si j'y vois souvent Michi et Soma, Junko et Yuuki font bande à part désormais, et ne mangent jamais en même temps que nous. Le matin, elles sont dans l'arcade, le soir, en salle informatique. De temps à autres, lorsque Yuuki revient vers nous, je sais que Junko est dans le souterrain, et je m'excuse auprès de Michi ou de Soma pour aller y faire un tour. Voir l'Espionne s'agiter de loin me suffit.

Shizuka, luel, a une routine tout aussi bien réglée que la mienne. Le matin, temps passé avec Junko et Yuuki, le soir, dans son laboratoire. Dans l'après-midi, iel est soit à la piscine en train de nager, soit dans la salle de sport ou iel passe visiblement tout son temps libre restant.

Akihito et Saki sont les plus faciles à trouver. Ce sont ceux qui nous cherchent. Même si je ne connais pas leur routine à cause de ça, très souvent, le matin, je me suis assurée de leur présence et rares sont les moments où je dois les chercher en après-midi. Ce sont ces moments où je les trouve, tous les deux, à la salle de sport. Shizuka est très souvent présent.e en même temps qu'eux, fixant le Chroniqueur avec intérêt.

Quant à Daisuke, je suis déjà suffisamment surprise de le voir en pleine journée et plus encore avec des gens.

D'ailleurs, c'est à la salle de sport que je me rends. Seule ; Michi a fini par accepter de donner quelques cours de self-défense à Saki, et elles sont toutes les deux dans le laboratoire de l'Ultime Judoka. Moi, mon objectif est autant de travailler mon cardio que de voir si Akihito, que je m'étonnais de ne pas voir avec Saki, ne s'y trouvait pas.

Et effectivement, il y est. Assis sur je ne sais trop quelle machine, qu'il charge de poids sans trop faire attention. Si je compte bien, il soulève bien trente kilos, ce qui n'est pas rien pour sa carrure ; mais bon, pour l'avoir vu plusieurs fois à la salle de sport, je me doute bien que c'est sa routine.

Rassurée de le voir et pour une fois contente de le trouver sans Saki, je me dirige vers lui. Il me fait un petit sourire fatigué.

« Reina. Il ne manquait plus que toi.

— Toi aussi, tu comptes ? »

Question stupide mais je dois bien avouer que je m'interroge vraiment. De ce que je vois, pas grand-monde ne s'intéresse au nombre que nous sommes, même en ayant été vaccinés par le précédent meurtre. Voir Akihito compter me surprendrait presque, s'il n'était pas depuis le début celui à s'en préoccuper le plus.

D'ailleurs, il vient de doucement hocher la tête.

« Oui, moi aussi je compte. Je préfère savoir à quoi m'attendre. Je ne dis pas que Sorasaki est mort car j'ai oublié de compter, mais on aurait au moins pu garantir à son corps un destin plus digne. »

Ça se tient, c'est vrai. Mais Haruko avait trop bien maquillé ses traces. Je crois qu'au fond, et surtout connaissant Sora, cette situation était inévitable.

Ce n'est pas pour autant que je ne m'en rends pas aussi coupable que lui le fait.

Je hausse les épaules, avant de m'asseoir à côté de lui. Il est encore torse nu, et d'aussi près je peux presque dater sa mammectomie. Quelque chose comme six mois. Donc, il se l'est probablement faite un peu avant de rentrer à Hope's Peak, pour cette année scolaire. Ce serait assez indiscret pour moi de poser la question, mais je me demande si c'est un choix où s'il a simplement profité du bien qu'a fait Taichi au Japon.

Remarquant sans doute mon regard vers ses cicatrices, il a un léger rire.

« Écoute Reina, je suis flatté, mais je vais devoir refuser tes avances... »

... Qu'est-ce que– Ce n'était absolument pas ce que je voulais faire passer comme message ! Et évidemment, mes joues rouges doivent lui prouver le contraire, merci à la gêne qui me prend... Les esprits merci, il se contente de pouffer.

« Ça va, je te taquine. De toute façon, j'ai fait cette opération bien pour pouvoir me montrer.

— Désolée, je marmonne, mortifiée. Je ne voulais pas être gênante. »

Il a un petit rire, avant de poser sa main sur mon épaule.

« Ce n'est pas grave. Dans notre temps et notre pays, ce genre de cicatrices peut surprendre. Sans compter que j'ai un cis-passing plutôt sympathique, donc ça m'arrive d'avoir des questions gênantes. Ce sont celles franchement insultantes où j'ai tendance à répondre vertement... »

Je pince les lèvres. La transidentité a toujours été une zone grise pour moi. Pas que les mecs trans ne soient pas des hommes, ou les femmes trans des femmes, ou les non-binaires ni l'un ni l'autre. Seulement, une profonde socialisation reste, en particulier dans notre société extrêmement patriarcale. On pourrait la résumer à « tout ce qui n'est pas un homme cis est bon pour se faire discriminer, violenter, tuer par des gens pas prêts à lâcher le pouvoir, et trop de mecs cis sont complices de ces atrocités ».

Mais quand j'exprime ce genre d'opinions, ça m'est déjà arrivé de me faire taxer de transphobie voire de transmisogynie. Sans trop savoir pourquoi. Donc en règle générale, je me tais.

Akihito, devant mon silence, perd un peu de son sourire.

« Par contre, Reina, j'espère que tu ne te tais pas parce que ce genre de cicatrices change ton regard sur moi. Ça, je pense que je n'apprécierais pas. Je reste un homme, cis ou trans.

— Ce n'est pas... Non, je n'avais rien de la sorte en tête, je réponds, un peu prise de court. Je connaissais déjà ta transidentité, et j'ai déjà vu tes cicatrices. C'est juste... Comment dire. Quelque chose de rassurant, que tu n'aies pas été socialisé dès l'enfance à me taper dessus, comme la plupart des hommes cis ? »

Je ne sais pas comment mieux le formuler et je prie pour ne pas avoir été trop insultante, mais à mon grand soulagement, Akihito se contente de hausser les épaules.

« Hm. Je crois que je vois ce que tu veux dire. C'est vrai que j'ai été élevé en fille, dans les premières années de ma vie. Mais mon père est allé très loin jusqu'au bord de l'illégalité pour que je sois perçu comme un homme très tôt. On est allés suivre ma thérapie hormonale dans son pays de naissance, par exemple, la Norvège. Et il a sué sang et eau pour que j'acquiers la nationalité norvégienne, sois enregistré sur les listes norvégiennes au lieu des japonaises et puisse être éligible à un changement d'état civil là-bas. Théoriquement, je suis norvégien sur le papier, d'ailleurs, en résidence au Japon. Ça me donne un statut... Assez complexe, même si Taichi m'a beaucoup facilité la vie. »

Il sourit.

« Mon père, c'est sans doute le meilleur allié que tu pourras trouver où que tu sois. Même si tu as peur des hommes, n'est-ce pas Reina ? »

Je me crispe.

« Comment tu-

— Assez évident, et tu m'en voudras de te couper la parole, pouffe Akihito, mais je connais déjà la question que tu voulais me poser. Ton comportement à l'égard de Kichiro, les premiers jours, en était un assez bon exemple. Tu étais tendue en permanence. Même chose avec Taichi et Daisuke, les plus bruyants du lot. Et puis, je t'ai vue à Hope's Peak. Je suis un rescapé de 2016, tu sais, il rigole. Pas rescapé très longtemps mais rescapé quand même. D'ailleurs, ça me fait penser que j'ai toujours voulu te demander pourquoi. »

Je grimace. Il commence à poser des questions plutôt personnelles, là.

« ... Il faut une raison ?

— Oui et non, sourit Akihito. On va dire que ne pas aimer les hommes est assez légitime quand on est une minorité en règle générale. Mais pour en avoir peur à ton point, il faut bien avoir expérimenté quelque chose avec eux. Et j'avoue que je suis curieux. »

Ma grimace n'amplifie encore.

« Et si je te disais que ce ne sont pas tes affaires ? »

Il hausse les épaules.

« Je ne chercherais pas à en savoir plus, mais pour être franc je crois que je continuerai à me demander. Je suis curieux par nature, Reina, c'est une bonne partie du principe de mon Ultime. Un chroniqueur n'a pas forcément obligation à la même neutralité journalistique que mes confrères, mais je reste aussi fouineur qu'un reporter. »

Mon regard agacé le fait pouffer. Ben voyons, j'adore être un sujet de rigolade.

« Mais si tu n'y tiens pas spécialement...

— Tu es bien fouineur mais de toute façon la réalité n'est pas des plus rocambolesques, je grommelle, alors je peux bien te raconter. »

Il me sourit, avant de m'encourager d'un signe de tête. Je vois effectivement la curiosité se remettre à briller dans ses yeux. Bah. De toute façon ce n'est pas tant que ça un secret. Comparé à ce que j'ai pu révéler à tout le monde précédemment, du moins.

« Je suis née et j'ai évolué dans deux milieux extrêmement sexistes, centrés autour de la masculinité et du patriarcat et dangereux pour une femme qui cherche à faire ses preuves, je soupire. La médecine et la haute finance. Disons que ce n'est pas à travers Instagram que j'ai été confrontée à de très nombreuses microagressions, mais dans ma vie quotidienne. Des exemples trop courants étant les vieux PDG qui alors que je n'avais que dix ans essayaient déjà de me traiter comme un objet de désir, ou de me rabaisser quand je ne rentrais pas dans leurs critères d'acceptabilité qui étaient, très souvent, d'être belle et de la fermer. Ou alors que j'étudiais en médecine, mes professeurs qui accusaient sans cesse les femmes de mentir, d'exagérer leurs problèmes ou d'être hystériques pour le simple fait de vouloir se soigner. Le fait qu'on était, en tant qu'élèves femmes, obligées de rire à des blagues affreusement misogynes au risque de se faire harceler a énormément bâti ma vision du monde. Ce n'est rien de plus ni de moins que ça. »

Akihito, qui écoutait en silence jusque-là, ne peut retenir une grimace.

« Je crois comprendre un peu mieux. Mais voir des gens, des hommes cis, se battre pour changer cet état de fait n'a pas changé tes convictions ? Ceux qui sont juste décents, je peux comprendre qu'ils ne soient pas suffisants au vu de la masse, mais des hommes comme Taichi, qui voulait vraiment changer la condition des personnes queer au Japon, ou Sorasaki, qui croyait au pouvoir de l'écriture et faisait passer ses opinions à travers...

— Quelques personnes engagées ne détruiront pas en quelques jours ce qu'un système entier nous a fait en plusieurs milliers d'années, je le coupe, amère. Depuis que je suis à Hope's Peak, depuis que je suis ici, même, j'ai essayé d'apprendre à connaître ce genre d'hommes, de comprendre leurs opinions et d'essayer de me persuader que ce ne sont pas les seuls. Mais ici, alors que l'un des exemples que tu cites a tué l'autre, ce n'est pas vraiment le meilleur endroit pour me faire changer d'opinion en un claquement de doigts ? »

Akihito pousse un profond soupir.

« Un progrès reste un progrès. C'est quelque chose que j'ai toujours essayé de garder en mémoire dans mon journalisme, même si je suis en règle générale quelqu'un de très pessimiste. Je ne peux pas vraiment te blâmer de penser comme ça, Reina, alors que nombre de mes articles traitent de la corruption de notre gouvernement.

— Kazumi m'a dit que tu avais descendu le Projet Renaissance, entre autres.

— Je ne sais pas comment elle sait ça, mais oui, en effet. Cette chronique m'a valu mon Ultime et une menace très explicite du gouvernement japonais, grimace Akihito. Soit j'allais en prison avec mon père, très probablement pour me faire tuer sans procès là-bas, soit je prenais l'Ultime et me préparais à me faire capturer dans un futur proche. Qu'ils ne m'aient pas pris directement en 2016 me dépasse, mais je pense que je n'échapperai quand même pas très longtemps à la mort. »

Je grimace. Je n'aime pas du tout son pessimisme, surtout dans cette situation, mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Trop de fois, des Ultimes ont été donnés pour silencer les gens. Cela m'étonnerait beaucoup qu'Akihito soit le seul exemple. Junko en fait probablement partie. Et peut-être même Sora, par projection.

« Ils espéraient sans doute me faire taire, soupire Akihito, mais en soit l'Ultime m'a valu tout le contraire. Même sous la menace japonaise, après la sortie de Wen Xiang de sa Tuerie, lorsqu'elle a lancé un appel aux artistes pour témoigner contre les Tueries, j'ai répondu. Sous la protection médiatique de celle qu'on appelle très souvent la survivante originelle, j'ai pu faire énormément de travail sur le déroulement des Tueries, les organisateurs, les Monokuma... Ils ne pouvaient pas me silencer autrement qu'en me plaçant ici, au bout du compte. »

Sa mâchoire se crispe. Il ne me regarde plus, ni même les poids qui prennent la poussière sur sa machine. Ses yeux sont perdus dans le vide, ou dans ses souvenirs entrecoupés de réalisations.

« Quand j'y pense, j'ai le même statut que Kita. Ou Mizutani. Ou Matsuoka. Ou même Nakano, puisque je suis presque sûr qu'il sait des choses sur les Monokuma vu le contexte de la révolution laotienne. Je suis ici parce qu'on veut ma mort. Sauf que moi, ce n'est pas parce que j'en sais trop, c'est parce que je parle trop. Comme maintenant, tiens. »

Il a un rire sans joie. L'ironie de la situation ne nous échappe ni à l'un ni à l'autre.

« Il ne reste que dix jours avant la fin du mois limite, il soupire, et déjà je me sens aux portes de la mort. Désolé si je te fais peur, Reina. J'ai tendance à déprimer, ces temps-ci.

— Dix jours, c'est quand même long, je grimace. C'est le temps qu'on a mis à découvrir le cadavre de Sora.

— Vu sous cet angle, ricane Akihito, d'un rire sans joie. Mais je t'avoue que je crois que contrairement à Kita, je n'aurais pas dix jours... »

Une sonnerie nous interrompt en plein milieu de la discussion.

L'alarme.

L'alarme qui nous prend les tripes à chaque fois qu'un cadavre a été trouvé.

Mais ce... Minute, ça ne peut pas être possible, Akihito et moi, on a vu tout le monde dans la journée ! Un meurtre si vite ?

...

Elle est différente, cette fois.

Je tends l'oreille, histoire de déterminer ce que dit Monokuma.

« Ding dong, bing bong ! Je veux voir tout le monde dans la salle de concert immédiatement, c'est un ordre ! Allez, plus vite, si vous ne vous dépêchez pas, je vous ajoute à la liste ! Ding, dong, bing, bong... »

Je me tourne vers Akihito. Ce dernier a déjà commencé à repasser son haut, absolument blême.

« Tu me confirmes que tu as vu tout le monde ?!?

— Absolument, me répond Akihito, d'une voix blanche. Les seules que je n'ai vu que ce matin, ce sont Michi et Saki, et...

— Elles sont dans le dojo de Michi, je le coupe, de plus en plus tremblante. Est-ce qu'un meurtre peut vraiment avoir lieu aussi vite ?!? »

Akihito s'empare de sa veste.

« Un seul moyen de le savoir. »

Et il bondit, vite, vite, vite, dans les couloirs.

Notre course effrénée me fait voir flou. Un à un, je remonte les étages que j'ai descendus, l'agrément, la bibliothèque, l'hôpital géant, la première zone. Et confirmant mes pires doutes, sur le chemin, je croise Junko et Yuuki, précipitées hors de l'arcade par une terreur absolue, Soma qui serre sa tablette contre lui en fonçant vers la salle de concert, Shizuka qui ne dit plus le moindre mot, Saki et Michi blêmes malgré la sueur sur leurs tempes, et Daisuke qui court, court, court, comme si notre vie en dépendait.

Ce qui est en somme bien le cas.

C'est exactement comme ce jour où Ryo a tenté de s'enfuir. Sauf que cette fois, nous sommes tous là. Tous, les neuf survivants, qui rentrons d'un même bloc dans la salle de concert, plus unis que jamais nous ne l'avons été.

Monokuma est là. Assise au bord de l'estrade, avec un large sourire aux lèvres. Avec, sur ladite estrade qui a vu un jour un moment de bonheur, un instrument de mort. Une immense guillotine qui la surplombe, dont elle tient la corde tendue dans la main.

Elle sourit d'autant plus en nous voyant arriver.

« J'ai oublié de préciser quelque chose, la dernière fois, mes poussins ! »

Je sens mon sang se glacer alors qu'elle se décale, avec précaution, de la guillotine, la lame de cette dernière vibrant devant les variations de la tension qu'elle donne à la corde.

Et que je m'aperçois que quelqu'un est dedans.

« Votre mois de probation, je ne le compte pas à partir du procès, elle ricane. Mais bien, comme vous aurez dû vous en rendre compte, en partant du meurtre. Et si je compte bien, ça fait trente-et-un jours, aujourd'hui, n'est-ce pas, mon bonhomme ? »

Enroulant la corde autour de son poignet, elle se rapproche avec un large sourire de sa future victime, sous nos yeux effarés, devant notre incapacité à ne serait-ce que bouger. Avant de lui prendre ses cheveux noir corbeau à pleine main pour lui relever la tête.

Révélant le visage tuméfié de Khalil Sasaki, un œil au beurre noir et du sang plein le visage.

Et glaçant du même coup le sang dans mes veines.

Michi bondit en avant. Mais une armée de robots surgit des coulisses, cliquetant et crachotant et se glissant dans nos pieds, et je m'aperçois avec horreur que certains ont des armes, et que ces armes pointent toutes vers les genoux de Michi.

Khalil pousse un cri.

Que notre tortionnaire étouffe de son horrible rire.

« Pas si vite, ma jolie ! Je n'aime pas qu'on interfère ! Je t'avais prévenue, pas vrai ? Je t'avais fait compter les jours, je t'avais prévenue des risques... Regarde comme le hasard fait bien les choses, maintenant qu'il y a eu un jour de trop ! »

J'entends un glapissement à côté de moi. C'est Soma, blanc comme neige, qui me paraît être au bord des larmes. Mais je n'ai pas le temps de me préoccuper de Soma. Ce qui m'importe, c'est la quantité de robots qui pourraient bien priver Michi de ses jambes en plus du seul frère qui lui reste encore en vie ici.

Je me précipite vers elle, espérant la retenir. Mais j'arrive cependant trop tard pour l'empêcher de hurler à l'adresse de Monokuma.

« Espèce de salope ! laisse-le partir, laisse-le partir putain ! Laisse mon frère tranquille, hurle Michi entre deux sanglots de pure colère, laisse-le, il a rien à voir avec ça ! »

Khalil se débat dans la guillotine, mais le pied de Monokuma ne tarde pas à le silencer. De même que son sourire toujours aussi éclatant.

« Écoute ma jolie, il fallait savoir compter. Fais-en les frais, et vous autres, je vous conseille de vous rappeler que c'est ce qu'il se passe quand vous dérogez à mes règles ! »

Ma bouche s'ouvre sur un cri muet.

Je tends la main.

Celle de Monokuma s'ouvre.

Sifflement.

Bruit de chute.

Horrible hurlement.

Rafale de tirs.








Le sang qui m'éclabousse.

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