Chapitre 3 (13) : Back to square one
Le stress n'envahit probablement pas que moi. Chaque personne que je croise en ce moment porte une expression plus ou moins crispée. Partout il n'y a que des mains qui tremblent, des yeux qui évaluent l'autre sans dire un mot, des questionnements muets sur lequel d'entre nous tombera dans les prochains jours.
Haruko et Daisuke, tout particulièrement, sont particulièrement tendus. Les deux sont muets comme des carpes, se contentant de parcourir la bibliothèque ou les couloirs avec des expressions torturées, et si Daisuke m'adresse quelques mots de temps à autre, je n'entends plus du tout la voix d'Haruko. Elle se contente de me regarder et de partir, le matin, quand je lui signale ma présence. Je ne la revois plus après.
Je la comprends. Vu que chacun se fait rappeler très régulièrement d'aller voir les proches par le défilement de la feuille de calcul, Haruko doit compter les jours autant que moi, et elle doit sans aucun doute craindre pour Sora. Si peu de temps avant que l'un de nous douze ne soit choisi pour être exécuté... Et chaque mort réduit encore un peu plus nos chances de survie.
J'ai peur, moi aussi. Michi le sait, elle fait de son mieux pour me rassurer, mais je vois dans son regard qu'elle pense toujours au meurtre du mois dernier. J'aurais aimé ne pas trop la charger, en parler avec Sora, un peu, mais je ne le croise plus, ces derniers temps. Sans doute le stresse le fait-il reprendre ses rythmes de sommeil ingérables...
Je soupire. Aujourd'hui, c'est mon tour d'aller voir les proches, j'essaierai d'en discuter avec quelqu'un. Eux comprennent sans doute autant que moi mon angoisse...
En attendant, je dois trouver quelque chose à faire. Haruko est dans la bibliothèque, et même si Shizuka m'a beaucoup donné à réfléchir la dernière fois, je crois que je ne trouverai pas grand-chose de plus qu'elle. La salle multimédia me semble une bonne idée, mais... Il y a Junko et Yuuki qui y passent leur temps, et même si je n'ai rien contre la deuxième, je ne me sens pas prête à affronter la première. Il ne me reste pas énormément d'options dans ces conditions...
Autant aller faire le tour des zones ouvertes, voir si Akihito ou Soma sont d'humeur causante. Les pauvres, je ne leur ai pas beaucoup parlé... Et même si Akihito doit bien se douter que c'est légitime, j'aurais dû prendre des nouvelles de Soma.
Cependant, je ne peux pas aller bien loin. Une main se pose sur mon épaule, et je me retourne, essayant de ne pas sursauter cette fois. Et me récupère la surprise de voir Saki, qui me fixe avec un œil indéchiffrable.
Je n'arrive pas à dire quoi que ce soit tant la vision de mon ancienne meilleure amie venue me parler est inattendue. Cette dernière non plus, visiblement. Elle ne me dit toujours rien, même alors que nous sommes seules, toutes les deux ; elle se contente d'agiter les mains, de manière un peu coordonnée, si bien que je me doute qu'il s'agisse d'une langue des signes. Je grimace.
« Désolée, je ne comprends pas... »
Son regard s'assombrit. Puis elle hausse les épaules, avant de sortir son Monopad de son sac et pianoter dessus. Les mots qu'elle me montre brillent sur son écran alors qu'elle le tourne vers moi.
Pas de notions d'ASL ?
« Non, pas vraiment, je soupire. Ce n'est pas franchement au programme, tu sais. »
Elle hoche la tête, avant de se remettre à écrire.
Pas grave. Akihito m'a appris. Plus pratique. J'espérais, mais bon. Normal j'imagine.
Super, bien la culpabilité qui remonte. Je préfère ne rien dire. De toute façon, Saki continue de pianoter sur son écran.
Peux te parler ?
... Eh bien ça, c'est ce qu'on appelle de l'inattendu. Saki Tamura, la personne la plus rancunière qui soit, qui vient d'elle-même parler à quelqu'un ? J'espère que ce soudain changement dans son attitude n'est pas pour me refiler des insultes, je serai très déçue.
Mais en attendant, elle est là, et elle ne semble pas vouloir repartir sans ma réponse. Je me contente donc de hocher la tête, sans rien dire. Sans lui arracher d'ailleurs davantage de réaction. Elle se contente de me faire signe de la suivre, ce que je fais, lui emboîtant le pas sans aucune confiance dans la direction où ils me mènent.
Saki m'entraîne dans les couloirs jusqu'au deuxième sous-sol, sans qu'on ne croise qui que ce soit. Normal, je ne peux m'empêcher de me dire. Personne n'a envie de retourner dans ce fichu hôpital sans bonne raison ni besoin de le faire. Mais du coup, le laboratoire où elle finit par se poser est complètement désert. Pas même Shizuka, que je verrais pourtant bien se repaître de cette ambiance morbide.
Je n'ose pas m'aventurer trop loin. De toute façon, Saki s'est stoppée près du testeur d'échantillons sanguins, qu'elle contemple en silence. Je vois qu'elle hésite à s'exprimer. Ses doigts vont et viennent sur sa tablette sans qu'elle ne dise le moindre mot.
Ce petit jeu commence à devenir lassant. Et sans doute ne devrais-je pas m'énerver, mais c'est d'un ton un peu rude que je brise le silence.
« Alors ? Qu'est-ce que tu me veux ? »
Encore ce même regard indéchiffrable. Et puis finalement, après de longues secondes, les doigts de Saki se remettent à pianoter sur sa tablette, et elle la tourne vers moi après une seconde d'hésitation.
Ce que tu as fait au réfectoire. Devant tout le monde. Très courageux.
... Décidément, je nage dans l'incompréhension. Saki est vaguement au courant de ce qu'il s'est passé certes, son poste au gouvernement lui a donné accès à cette info sensible et elle me l'a fait savoir au cours de notre année ensemble. Elle savait déjà quel traumatisme cela avait été pour moi au vu du peu que je cédais lors de nos discussions, et se doute bien, je suppose, qu'il ne m'a pas simplement fallu prendre cette décision. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle ne m'en fasse la remarque, et encore moins dans un sens positif.
Visiblement sentant ma stupéfaction, Saki reprend son Monopad et se remet à écrire dessus.
Parlé à Akihito. Il a dit qu'on devrait discuter. Parce que rancune, pas bon dans les Tueries.
Je plisse les yeux.
« Mais tu m'en veux toujours ? »
Nouveau pianotement sur sa tablette.
Oui.
Je soupire. Évidemment.
Saki se reconcentre sur son texte, les yeux fixés vers son écran. Visiblement, ce qu'elle écrit est très long, puisque je patiente au moins une bonne minute avant qu'elle ne tourne de nouveau l'écran vers moi. Et je ne sais même pas si ça en vaut la peine... Retenant un soupir, je me mets à lire ce qu'elle me montre en silence.
Je ne sais pas si tu comprends que tu ne m'as pas laissé la moindre occasion de me défendre. Même si j'étais aux yeux de tout le monde la coupable, je n'ai pas pu intervenir dans le débat, tout allait trop vite pour moi, et visiblement tu n'y as pas pensé alors que tu étais la mieux placée pour savoir que je ne pouvais pas parler comme ça.
Elle me jette un œil toujours autant indéchiffrable, avant de retourner la tablette vers elle et de retaper un nouveau texte.
C'est facile d'accuser les autres quand ils ne peuvent pas se défendre. Même si tout pointait vers moi et qu'Akihito a été le seul à tenter de me laisser de l'espace, tu es responsable aussi, autant voire plus que Nakano avec son idée d'escamoter les preuves. Lui, au moins, il ne croyait pas bien faire.
Cette fois, je ne peux m'empêcher de grimacer.
« Ce sont des reproches que tu veux me faire ou tu comptes me complimenter ? Parce que tu m'envoies des messages assez mixtes depuis le début de cette conversation. »
Elle m'adresse un coup d'œil surpris, mais se contente de retourner de nouveau sa tablette et de se remettre à écrire. Quelques secondes plus tard, le nouveau texte.
Pas vraiment. Cette scène au réfectoire m'a surtout fait comprendre que tu cherchais à évoluer malgré tes torts. Moi aussi, j'aimerais bien pouvoir évoluer. Et ça ne marchera pas si je ne t'explique pas au moins une fois le mal que tu m'as fait.
Elle soupire légèrement avant d'écrire un nouveau texte.
Pas besoin d'excuses. Pas maintenant en tout cas, parce que je ne veux pas les entendre. Je voulais juste que tu saches. On ne redeviendra pas meilleures amies comme ça, mais dans un climat de tension pareil, il vaut mieux qu'on soit au moins en mesure de discuter de nos pistes comme des adultes civilisés plutôt que de s'éviter comme des enfants en faute.
... A vrai dire, j'ignore comment je dois prendre cette phrase. S'éviter comme des enfants en faute ? Est-ce qu'elle se rend compte de ce qu'elle dit au moins ?
« Et qui a commencé, Saki ? Je ne peux m'empêcher de grommeler. J'ai essayé de te parler dès que j'en ai eu l'occasion après le procès, et toi tu fais quoi, tu t'en vas sans me donner la moindre opportunité de penser que je serai un jour autre chose qu'un déchet à tes yeux. Ne va pas me dire que ce n'est pas normal que je t'évite après ça. »
Mes paroles flottent dans les airs pendant quelques secondes, lourdes entre elles et moi. J'ai l'impression d'entretenir une vieille rancune alors que tout ce que je veux c'est la voir disparaître... j'aurais pu simplement accepter qu'elle ait besoin de temps pour me pardonner et attendre, puisque je suis en tort.
Alors pourquoi est-ce que je me sens mieux que tout à l'heure après avoir prononcé ces mots ?
La tête de Saki se redresse. Ses yeux brillent d'une surprise sans égale pour un instant, et puis une ombre de sourire se dessine sur ses lèvres, et elle se remet à écrire sur sa tablette.
Eh bien quand nous parlons d'évolution... C'est vrai, tu as raison. Je ne sais pas si je peux m'excuser pour ça en étant sincère, je trouve ma colère envers toi bien assez légitime, mais je reconnais très volontiers ne pas avoir cherché la discussion jusqu'à aujourd'hui.
Elle soupire, avant d'effacer son texte.
Ce n'est pas de ça dont je voulais te parler, par contre. Est-ce que tu as vu Taichi ? Il est introuvable depuis quelques jours...
« Taichi ? »
Je grimace.
« Maintenant que tu me le dis, non. Mais d'un autre côté, Taichi, on ne le voit que peu depuis le dernier procès... Sora me dit qu'il le croise, mais c'est bien le seul. Il faudrait peut-être demander à Haruko s'il s'enregistre bien le matin... »
Selon elle, oui, écrit Saki presque en direct. Et nos réserves de nourriture diminuent assez pour que j'ai la preuve qu'on soit treize à manger, j'ai vérifié. Mais ça ne m'empêche pas de m'inquiéter. Si on ne le voit pas de la journée, ça veut dire sans doute qu'il a trouvé une cachette, et peut-être que c'est une planque à instigateur...
Mes sourcils se haussent. Taichi dans une cachette ? j'espère que non parce qu'effectivement, c'est assez suspect. Seulement...
« Je ne pense pas que ce soit lui. Parce que je pense qu'il aurait réagi autrement à la mort de Ryo sinon, ou aurait peut-être tenté de l'empêcher... Et surtout, est-ce qu'il aurait entraîné Sora là-dedans alors qu'ils se connaissaient d'avant ? Peut-être qu'il se planque dans les passages secrets pour être un peu tranquille, tu sais, ceux que Monokuma a ouvert ce mois-ci... »
Je vois Saki dubitative, mais elle hausse les épaules et se contente d'écrire.
En soit une relation n'est pas vraiment une preuve, regarde l'instigateur originel. Même si c'est vrai qu'on a pas trop eu de précédents avec des instigateurs entraînant dans la Tuerie des gens qu'ils connaissaient d'avant. Par contre, le fait que tu mentionnes les labyrinthes me fait me dire que je place peut-être effectivement la charrue avant les bœufs.
Elle hausse les épaules, avant de se détourner de moi et de me montrer une dernière fois sa tablette.
Je vais enquêter sur ça ce soir, je pense. Toi, en attendant, tu devrais peut-être aller voir Monokuma. Je crois que c'est ton tour pour les proches.
C'est mon... Une minute. Je sors mon tableau, plisse les yeux : Effectivement mon nom est inscrit juste en dessous de la dernière ligne surlignée, avec celui d'Akihito en surveillance. Je déglutis. Seigneur, heureusement qu'elle me le dit maintenant... Je la remercie d'un hochement de tête, et elle s'éloigne en silence, la tablette sous le bras, me laissant seule dans le laboratoire.
Monokuma attend toujours à sa place habituelle, avec son bandeau dans la main et son sourire satisfait, qui s'éclaire toujours de la même lueur malsaine quand je me rapproche d'elle. Mais cette fois, je préfère ne pas prêter attention à son baratin. Je me contente de la laisser me bander les yeux en conservant un silence presque religieux.
J'aurais aimé compter mes pas pour me concentrer sur autre chose, mais elle l'a sans doute senti venir puisqu'elle me fait faire demi-tour trois fois. Saleté. Si bien que j'en ai totalement perdu le sens de l'orientation, si c'était seulement possible de le garder, quand elle me laisse enfin libre de mes sens et de mes mouvements dans l'immense prison.
Personne n'est sorti, cette fois. Personne, à part Kanade, qui fixe le mur d'en fac avec intérêt. Je n'ai pas le temps de signaler ma présence ; il se retourne à peine Monokuma partie et me fait signe de le rejoindre avec un léger sourire.
« Bonsoir, Reina. Je suis ravi de te voir.
— Qu'est-ce que vous faites ? »
Il secoue la tête, toujours avec son sourire affable.
« Inutile de me vouvoyer, et appelle moi Kanade. Nous n'en sommes plus aux formalités d'usage dans un contexte pareil. Ce que je fais ? J'examine le mur, très chère. Pour trouver un moyen de m'échapper. Cette prison est certes remarquable mais elle ne peut être imprenable... »
Je grimace. Peu importe où ils se trouvent par rapport à nous, Kanade ne se doute pas du mal qu'il va avoir.
« Ce sera un peu compliqué, vous... tu... Tu sais. Nous sommes plusieurs mètres sous terre, et à la surface, c'est complètement désertique. Je ne sais même pas dans quelle partie du monde on est.
— Il est vrai que... Nous nous trouvons en ce moment même à vingt mètres de profondeur, sourit le tuteur d'Haruko, et au vu de l'air employé pour la pressurisation de cette salle, probablement au cœur d'un désert de sable. Mais à moins que la climatisation soit excellente, je doute qu'on soit au Sahara. L'air me rappelle davantage un désert d'Asie centrale, peut-être Gobi ou le Taklamakan. Pas si loin du Japon, donc. »
J'écarquille les yeux. Et il a déduit tout ça d'un simple courant d'air ? C'est à se demander si lui-même n'est pas un Ultime, et sachant qu'il a l'air d'avoir au plus une quarantaine d'années, mais certainement pas nos âges, ce n'est pas forcément rassurant de lui attribuer un titre, on pourrait facilement l'assimiler à un Monokuma.
Un Monokuma...
Tu ne t'es jamais demandé pourquoi la plupart d'entre eux portaient un titre ?
Je grimace.
« Dites, monsieur... Kanade, j'aimerais vous poser quelques questions.
— Je t'écoute. »
Il me fixe avec calme, son sourire toujours sur ses lèvres. Cependant, je sens la tension de la salle augmenter de trois crans.
« ... Vous êtes journaliste, je suppose, comme Haruko.
— En effet ?
— Est-ce que vous savez... Des choses sur les Monokuma ? Ou le projet Renaissance ? Ou même, comment avoir pu savoir où nous nous trouvions... »
Une main posée sur mon épaule m'interrompt. C'est Kanade, qui place un doigt sur ses lèvres, son sourire ayant pris des accents d'urgence.
« Doucement avec les noms. Si Kazumi nous entend, tu risques de regretter tes questions.
— Kazumi... Mizutani ?
— Elle-même. Et même si elle a de l'intérêt pour toi, elle n'apprécie pas trop qu'on fouille dans ses secrets. »
Il soupire.
« Je vais répondre à tes questions dans l'ordre de leur facilité. Dans un premier temps, tu as tout à fait raison, je suis journaliste. Et un journaliste se fait très souvent capturer par des groupes terroristes. J'en ai retiré une certaine expérience, ce qui explique mes conclusions. Cependant, je ne les prétendrais pas exactes à cent pour cent. Les Monokuma sont des gens malins. »
Je ne peux que lui accorder ça. Mais s'ils ne sont pas maniaques au point de modifier l'air importé par la climatisation... Quoique, je ne sais pas ce qui permet à Kanade d'identifier notre position géographique. On va dire que notre présence en Asie est sûre à cinquante pour cent.
« Continuons, reprend Kanade en baissant la voix. Effectivement, j'en sais plus sur les Monokuma que la plupart des autres gens. Mes enquêtes m'ont appris, notamment, que cette organisation très hétéroclite pour ne pas dire un autre mot ne se composait d'une tête que d'une vingtaine de personnes. Les ressources humaines et matérielles sont cependant sous le contrôle d'une seule de cette vingtaine, et il y a fort à parier que ces ressources datent d'avant leur âge d'or. Et enfin... »
Il regarde à gauche, puis à droite, puis de nouveau vers mois. Sans sourire.
« Le projet Renaissance. Tu dois savoir qu'il est mondial, qu'il a débuté au Japon dans l'urgence et qu'il regroupe des génies avant les Ultimes dans des infrastructures d'accueil très particulières. Je ne sais pas grand-chose de plus, à vrai dire. Mais je connais beaucoup de noms, et je peux te dire une chose. Chaque Ultime présent depuis le début de cette Tuerie a un lien d'une manière où d'une autre avec ce projet. Chacun. D'entre. Eux. »
Sa mâchoire se contracte, et il me pousse vers le bouton d'activation du somnifère d'un léger geste de la main.
« Allez, file, maintenant, Reina. Je ne peux pas t'en dire plus sans risquer la mort, et ici, à la merci de Monokuma, est une manière bien odieuse de mourir. »
Je suis de toute façon trop choquée par ses paroles et l'urgence de son ton pour faire autre chose qu'obtempérer. Alors que je me dirige vers la console de commande, je sens le regard de Kanade peser sur mon dos. Il marmonne quelque chose, trois mots. Trois mots dont je sens un poids bien plus lourd que ce que leur simple sens devrait donner.
« Bonne chance, petite. »
J'en aurai besoin...
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