Chapitre 3 (11) : Secrets and betrayal
Le réfectoire, de bon matin. Neuf regards qui me fixent, des expressions de surprise ou de choc plus ou moins prononcées sur ces visages. Je déteste cette sensation. Je la déteste d'autant plus que le silence règne et qu'être la dernière à parler n'a jamais été quelque chose d'agréable pour moi.
Michi me tient la main. Son pouce qui effleure ma peau à des intervalles réguliers est la seule chose qui m'empêche de m'enfuir à toute allure.
Le silence dure encore quelques instants, instants ou je me sens prise en tenaille par quantité de regards. Et puis Junko se lève, un air éberlué sur son visage fin.
« Tu es en train de nous dire, Reina, si pendant toutes ces années je n'ai jamais pu constituer un dossier sur toi, c'est parce que tes parents ont couvert une mission humanitaire désastreuse qui s'est conclue par la mort de ta copine ?!?
— Eh là, crie Michi, un peu de tact, tu veux ?!? C'est assez difficile pour elle d'en parler comme ça ! »
Je la calme d'une pression sur sa main. Elle a raison, c'est vrai. Que Junko mette des mots aussi crus sur une situation aussi sanglante... Je ne peux pas nier que j'ai le cœur déchiré, et j'ignore si ce que je ressens est de la culpabilité ou de la colère. Mais s'énerver ne sert à rien. Je le sais mieux que personne.
« Oui, c'est ça.
— Les pouvoirs de ta famille sont impressionnants, intervient Shizuka, son visage empreint d'un calme étonnant. Réussir à cacher même à l'Ultime Espionne quelque chose d'aussi peu compromettant pour toi doit avoir nécessité bon nombre de ressources. »
Pourtant, ça n'a pas arrêté Monokuma, n'est-ce pas ? Puisqu'elle a récupéré des articles de journal parlant de ce moment, ou même des photos de la mission humanitaire, ou de son corps sans vie. Quel que soit le pouvoir de la fortune du conglomérat Satou, celui de leur organisation l'est d'autant plus.
J'aimerais ne pas avoir à y réfléchir dans le moment présent. Mais quelque chose me dit que je tiens une piste de taille.
Junko serre les dents à la remarque de Shizuka, avant de se tourner vers moi. Quelque chose à changé dans son expression... Je me demande bien quoi.
« Si ce n'est que ça, je ne suis pas franchement étonnée. Je m'attendais à un secret d'État, pas à un acte d'amour de parents millionnaires pour leur fille traumatisée. Pas étonnant en effet que je n'ai rien trouvé sur toi.
— C'est quoi ton problème avec les secrets d'État ? siffle Michi. T'as l'air obsédée par ça ! »
Son interlocutrice pousse un profond soupir, avant de lever les yeux au ciel.
« Comme l'a très justement souligné Mizutani, je suis l'Ultime Espionne. Mon existence même est une bombe à retardement pour au moins cinq pays différents. Fédération du Nord incluse. Mon obsession avec les secrets d'État est un moyen de me maintenir en vie. »
Elle se rassied sur sa chaise, non sans m'avoir jeté un dernier regard. Michi, de son côté, balaie la salle d'un œil glacial.
« Y'a quelqu'un d'autre qui a un problème avec Reina ou c'est bon ?
— C'est bon, Sasaki, grommelle Daisuke. Inutile de faire garde du corps, personne va oser grogner avec toi dans le coin de toute façon.
— Oh, toi, je t'ai pas sonn-
— J'ai dit c'est bon, Sasaki. »
Il se redresse, avant de taper dans ses mains.
« Allez, tous ceux qui ont assisté au p'tit numéro, dehors. Vous avez des choses à faire, que je sache ? Genre, traquer un foutu instigateur, jouer avec la console de commande de la biblio, faire des trucs louches avec les autres... Du vent, j'ai dit, y'a plus rien à voir ! »
Tous ceux présents lèvent les yeux au ciel ou soupirent, avant de sortir les uns après les autres. Saki et Akihito sont les premiers à obtempérer. Cette dernière, en sortant, me jette un regard indéchiffrable, avant de hausser les épaules et de refermer la porte derrière eux.
Junko est la suivante. Elle m'adresse un dernier regard inquisiteur avant de sortir, mais j'ai l'impression que quelque chose s'est débloqué dans son opinion de moi. Peut-être, me dis-je, que je n'avais pas tort en me disant que la méfiance était sa principale raison pour être antipathique ?
Suivent, dans un concert de raclements, Shizuka en train de rire doucement, puis Soma qui dessine toujours sur sa tablette, puis Haruko en silence, les yeux fixés sur un document qu'elle tient. Ne restent finalement dans la salle que Yuuki et Daisuke, ainsi que Michi, qui n'a pas lâché ma main. Et l'Ultime Gamer est la première à s'approcher de moi.
« Je voulais te dire... Je suis contente pour toi et Michi, hein, mais vous voir, ça me rappelle juste que Shô... »
Elle soupire. Sa voix s'arrête au moment où elle remarque que mon corps entier s'est crispé, puis sa petite main serre la mienne fort.
« Je sais que c'est peut-être pas ce que tu veux entendre maintenant... Mais iel aurait bien aimé avoir la même chose et a jamais eu le courage de te le dire. Alors, c'est moi qui le fais. Pour luel. »
Un sourire fatigué se dessine sur ses lèvres.
« T'as pas à me dire si c'est réciproque ou pas. Moi, je m'en fiche, et puis je peux pas parler aux morts, je suis pas Kezelyu az Erdély. J'voulais juste que tu le saches, pour voir si ça peut aider à mettre son âme au repos. »
Un miroitement entoure sa main. Mon regard se trouble. Et puis, elle la relâche, avant de s'éloigner, et cette étrange sensation de tristesse qui m'enserre le cœur disparaît aussi sûrement qu'elle est apparue.
Yuuki s'éloigne en silence. Elle a les larmes aux yeux. Moi aussi.
Michi enserre ma main avec un léger sourire, sans doute remarquant mon trouble.
« Eh, ça va, Reina ? C'est normal de te sentir mal, tu sais, mais il ne faut pas être coupable pour ça...
— Ce n'est rien, je soupire. Encore, j'imagine, une raison supplémentaire pour ne pas garder de non-dits.
— ça, tu l'as dit, princesse. »
Michi, comme moi, sursautons de concert. Il se tient en face de nous, une lueur étrange dans son seul œil valide ; les bras croisés, Daisuke me fixe avec une attention toute particulière. J'ignore, comme la majorité du temps, ce qu'il a en tête ; mais je ne sens aucune hostilité dans sa voix, ni même sa posture. Il prend même la peine de se pencher à ma hauteur.
« T'as cinq minutes ? J'aimerais te causer.
— Et tu lui veux quoi ? »
Daisuke lève les yeux au ciel à la remarque de Michi.
« Écoute, Sasaki, je sais que tu m'aimes pas beaucoup. Mais je lui veux pas de mal. Je veux juste lui causer seul à seule. C'est trop compliqué pour toi de piger ? »
Je vois Michi grogner devant le ton rude de l'Ultime Révolutionnaire, mais elle n'a pas le temps de protester. Je lui mets doucement une main sur la cuisse, l'empêchant de bouger, et elle se stoppe net.
« C'est bon, Michi, je souris. Daisuke ne va pas me faire du mal. Je te retrouve après, d'accord ? »
Elle hausse un sourcil, avant de balayer l'immense corps de Daisuke du regard, un air dubitatif sur le visage.
« Sans vouloir m'inquiéter davantage, c'est bien la première fois qu'il sort un truc pareil à quelqu'un. D'ailleurs, c'est même la première fois qu'il vient parler de lui-même à quelqu'un. Et puis, je suis peut-être une combattante rodée, mais face à un soldat de la liberté aussi mastoc que ce mec, je pourrai pas faire grand-chose. Alors bon, tu peux pas m'en vouloir d'être un peu nerveuse ? »
Tiens ? Je croyais que Daisuke s'était un peu détendu avec la plupart des autres... Bon, peut-être pas Saki, en effet, mais ça peut se comprendre. Mais je ne pensais pas être la seule avec qui il initiait de sa propre initiative une discussion... Bizarre, si je puis dire.
Je regarde le Révolutionnaire. Ce dernier n'a pas bougé, c'est à peine s'il a réagi à la remarque de Michi. Et j'avoue que ça me rend d'autant plus curieuse de savoir ce qu'il a à me dire.
Je souris de nouveau.
« Ne t'en fais pas. Je peux te promettre qu'il ne m'arrivera rien. »
C'est étrange de sentir ces mots franchir mes lèvres. Admettre publiquement que le Révolutionnaire Ultime ne m'inflige plus la même terreur qu'auparavant. C'est presque comme si... Je lui faisais confiance. Presque, parce que je ne sais rien de lui, et parce qu'il reste un danger par sa nature même ; mais je n'ai plus l'impression que ce danger est dirigé contre moi.
C'est... Rafraichissant.
Michi fait la moue. Et puis, elle hausse les épaules, avant de se lever et de m'embrasser doucement sur la joue.
« Okay. Ce type m'inspire toujours pas confiance, mais je te fais confiance à toi. Par contre, si ça va pas, tu te casses, hein ?
— Mais oui, je ris, essayant d'oublier la sensation brûlante de ses lèvres sur ma joue. Ça ira, ne t'inquiète pas.
— Tu m'en demandes trop, rigole Michi. Mais bon, tu es une grande fille, ma puce. Bonne discussion avec monsieur muscles, moi je file, je t'attends dehors ! »
Elle se dirige vers la porte sur ces mots, non sans nombreux regards sur moi puis Daisuke. Qui ne dit rien. Ce n'est que lorsque la porte se ferme derrière elle qu'il soupire, avant de prendre sa place sur la chaise à côté de moi.
« C'est une fille bien. J'espère que tu piges la chance que t'as.
— Chaque jour qui passe un peu plus, je soupire. De quoi voulais tu me parler ?
— De ça. De ce que tu viens de dire. »
Il prend le temps de se caler sur sa chaise, avec un petit soupir d'aise, avant de me fixer de toujours ce même air neutre. Je déglutis. Même si j'ai révélé, dans les grandes lignes, mon petit secret, cela ne veut pas dire que je suis spécialement prête à en parler, surtout... Même ? à Daisuke. Mais heureusement, ce dernier ne semble pas vouloir me demander de détails. À la place, il soupire.
« Pourquoi en parler maintenant ? »
Je prends mon menton entre mes mains.
« Parce que... je ne sais pas, ce n'est pas toi qui m'as dit que je ne devais pas conserver mon silence ? »
Un léger ricanement sort d'entre ses lèvres, et il se penche vers moi.
« Je t'ai dit que tu devais pas laisser ça te bouffer, princesse. Pas de faire une annonce publique. Je ne juge pas ton initiative, j'ai l'impression que ça a détendu pas mal de gens à ton égard, mais je te demande ce qui t'a motivée. »
Je plante mon regard dans le sien.
« Pour exactement la raison que tu viens de décrire. Parce que ça a apaisé les tensions. Et derrière, je me mets davantage en sécurité. Maintenant, je sais que moins de monde cherchera à en savoir davantage. »
Dont Junko. La fouineuse que je redoute le plus a sans doute eu son content d'informations... maintenant que sa curiosité et sa méfiance sont satisfaites, sans doute va-t-elle m'offrir un peu de répit.
Daisuke me balaie du regard. Puis, de nouveau, ce léger ricanement sarcastique.
« Y'a pas à dire... Je comprendrai jamais comment tu fonctionnes.
— Il s'agit de travailler en équipe, Daisuke, j'explique, calmement. J'imagine que tu sais ce que ça veut dire, au vu de ton Ultime ? »
Il grimace. Puis, ses yeux se portent vers le ciel, et je vois dans le même temps ses poings se serrer. D'un seul coup, la tension de la pièce a atteint des niveaux insupportables. Et je ne peux faire autrement que de me taire et remettre en question la confiance que je lui accorde.
Son regard se penche vers moi, et j'y lis toute une colère, tout un regret qui me donnent l'étrange impression de ne pas être dirigés vers moi. Et puis, il soupire, avant d'attraper un morceau de pain traînant non loin, que ses énormes doigts réduisent en charpie.
« Ouais. Justement. Ça m'a aussi appris que les gens étaient prompts aux coups de couteau dans le dos.
— Qui t'as trahi pour que tu penses ça ?
— C'est moi qui aie donné le coup de couteau. »
Je me tais. Le regard de Daisuke semble lointain, perdu dans des évènements du passé que lui seul est capable de revoir. Autant ne pas dire quoi que ce soit d'autre. C'est encore lui le mieux placé pour savoir s'il veut m'en parler ou pas.
D'ailleurs, il se penche vers moi.
« Princesse, est-ce que tu connais l'Ultime Soldat ?
— Ibrahim ? »
Il ne m'a pas été compliqué de retrouver le nom à partir du titre ; Ibrahim Nassaoui, l'Ultime Soldat... Un camarade de promotion. Évidemment, nos Ultimes étaient complètement à l'opposé, donc nos classes obligatoires étaient très différentes ; mais il m'est arrivé de le croiser pendant les cours de médecine simplifiée, et il m'a toujours semblé être un homme d'une rare patience et possédant un cœur énorme. Au point que je me suis toujours demandé s'il avait vraiment été Soldat... Mais la guerre a sans doute des effets différents sur les gens.
Daisuke pousse un profond soupir.
« Ouais. Lui. En personne. On est dans la même classe et on a suivi quasiment les mêmes cours, mais à part lui et moi, y'a pas grand monde qui sait qu'on se connaissait d'avant.
— Ibrahim... A lutté au Laos ? J'aimerais bien comprendre comment... Il est syrien, aux dernières nouvelles...
— Me demande pas pourquoi, j'en sais que dalle. Mais ouais, il était effectivement impliqué dans la révolution laotienne. Du côté opposé. »
Je vois ses dents se serrer. Dans sa main, le morceau de main n'est plus qu'un amas de miettes, pourtant il continue à le torturer, encore et encore et encore.
« On s'est rencontrés parce que mon groupe l'a pris en otage. Il était trop dangereux pour qu'on le laisse vivre, pourtant j'ai insisté. On s'est rapprochés, il s'est ouvert à notre cause, yadda yadda, tu vois le bordel... »
Je vois moyennement, mais quelque chose me dit que plus de détails ne me seront pas donnés. Une lueur dans le regard de Daisuke, sans doute.
« L'histoire se termine pas bien. Le général de l'armée laotienne a fait un deal avec moi : Ibrahim contre une trêve. Sauf que sa trêve, elle puait du cul. Très, très fort. Alors j'ai fait ce que le bon sens me disait de faire. »
Il pousse un profond soupir.
« J'ai fait semblant d'accepter, et on s'est rendus sur les lieux de l'échange. Mais j'avais pris soin de piéger l'endroit avec certains de mes meilleurs hommes, et au moment où on allait conclure l'accord... Ils ont abattu ce fils de pute de général juste devant Ibrahim et moi. Et évidemment, fin de l'échange, on s'est cassés en quatrième vitesse. Avec Ibrahim. Ibrahim qui croyait vraiment que ça allait avoir un sens. »
De nouveau, un soupir. Je vois son dos se cales un peu plus profondément dans la chaise, et il finit par déposer sur la table les restes de son bout de pain. Je vois son regard perdu dans ses souvenirs se durcir, et de nouveau, ses poings se resserrent, pendant qu'un sursaut de recul anime mon corps entier.
« Il m'en a voulu à mort, évidemment, et je crois qu'il le fait encore aujourd'hui. Si bien qu'il s'est cassé tout seul, en massacrant les gardes mis en faction à mains nues. La fois suivante où je l'ai vu, c'était à Hope's Peak. »
Sa mâchoire se contracte.
« Il était très différent de quand je l'ai connu. Mais quelque chose n'avait pas changé en lui, c'est qu'il voulait toujours me faire la peau. J'ai jamais pu lui parler, il m'évitait toujours, même en cours alors que très peu d'Ultimes suivaient les cours de combat, de survie en milieu hostile et tous les autres trucs nécessaires au bon combattant. Et puis bon après, j'ai rencontré Scott, et... bah je suis passé à autre chose, quoi. Mais bon. Tout ça pour dire que les relations d'amitié, tout ça tout ça, je m'en méfie toujours. Autant de moi que des autres. C'est d'autant plus vrai dans une Tuerie. »
C'est vrai que ça se comprend. Même si c'est lui qui a fait la trahison, ça veut dire que quelque part, il sait mieux que personne de quoi les gens sont capables, et de quoi lui est capable dans un contexte pareil. Évidemment qu'il se méfie, quelque part.
Daisuke semble avoir fini sa petite histoire puisqu'il se lève, avant de m'adresser un dernier regard et de se diriger vers la porte.
« Fin bref. Je vais pas t'apprendre ce genre de merdes. T'es aussi la meilleure placée pour décider comment tu gères ta confiance. Fais juste gaffe à ce qu'elle ne soit pas mal placée, hein, princesse. Ça vaut mieux. »
Le battant se referme derrière lui, me laissant seule dans la salle.
Je n'ai pas grand-chose à y faire, moi non plus, et Michi doit m'attendre. Autant aller la rassurer sur le fait que tout va bien, et que Daisuke voulait juste me parler. Ou me confesser des trucs, au choix. Son histoire m'a quand même l'air très personnelle... Mais derrière la porte, ce n'est pas Michi que je trouve, contrairement à ce que je pensais. C'est Haruko.
Cette dernière plisse les yeux en voyant mon expression surprise.
« Tu cherches Michi ? Ne t'inquiète pas, elle ne t'a pas oubliée. Je lui ai juste demandé de me traduire quelque chose en arabe que j'ai trouvé à la bibliothèque. Probablement une fausse piste, mais on ne sait jamais.
— Oh, je... Je vois. »
Je ne sais pas trop quoi dire de plus. Haruko me fixe avec une neutralité confondante, j'ai l'impression d'être face à un robot. Son habituel sourire rassurant à disparu, et je ne peux m'empêcher de trouver ça particulièrement louche. C'est tellement étrange de la voir aussi peu accueillante... Surtout alors qu'elle continue à me regarder sans rien dire. Je hausse un sourcil.
« Tu... Voulais quelque chose ? »
Haruko me fixe quelques secondes avec ce même silence. Puis, elle soupire, avant de me prendre la main.
« J'ai le sentiment que je te dois quelque chose avec ce que tu nous as révélés ici. Il s'agit tout de même d'un énorme secret, et je pense que je te dois la réciprocité. »
Son regard rose se plante dans le mien. Il n'y a plus aucune trace de chaleur ou même de joie dedans.
« Mon nom d'origine n'est pas Haruko Kita. C'est mon nom, celui que m'a donné mon tuteur et que je porte avec plaisir, mais si mon véritable nom est celui donné par mes parents, alors ce n'est pas celui-là. »
Pause. Elle continue de me fixer avec cette même neutralité.
« Mon véritable nom est Sonja Larsen. Et au vu de ton expression, je suis sûre que ça éveille quelque chose en toi. »
Que dire de plus ? Elle a raison. Je viens de me crisper, mon corps entier est en mode alerte. Car je viens de reconnaître un nom qui a défrayé la chronique danoise, dont mes parents n'ont pas manqué de me parler plusieurs fois. Le nom de la fille unique de la famille Larsen, un nom particulièrement connu dans le milieu du barreau et de la banque, qui a disparu peu après l'assassinat de ses parents.
« Je ne te dirai pas comment je me suis retrouvée sous la tutelle de Kanade, soupire Haruko. L'incident est aussi vif en moi que ce que tu as pu nous révéler aujourd'hui, même si cela fait bien plus de dix ans. Je ne te révèlerai pas non plus la raison derrière mon changement complet de nom, bien qu'elle touche en grande partie à un besoin d'intimité. Mais je pense que tu as le droit de savoir ça. »
Elle me serre doucementla main entre les siennes, avant de me relâcher et de partir sans unesalutation. Me laissant plantée les yeux comme deux ronds de flan en pleinmilieu du couloir.
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