Chapitre 2 (17) : Pigeons and chemicals
« Ooooh, je vois que vous êtes des rapides ! Déjà organisés, mes oursons ? Bien, trèèèès bien, quel esprit de jeu ! Je n'ai donc pas grand-chose à vous expliquer ! »
Je n'ai pas vu Monokuma rentrer, comme à mon habitude, mais elle se tient juste devant le fauteuil d'examen, les yeux fixés sur Ryo avec un large sourire. Voyant que je l'ai remarquée, elle se tourne vers moi et me fait un clin d'œil, avant de taper dans ses mains.
« Bien, bien, bien ! Avant d'aller préparer ma joooolie exécution pour le ou la coupable, voire vous tous, je vais vous dire quelques trucs à bien retenir ! Déjà, vu l'heure qu'il est, j'ai désactivé le système de verrouillage nocturne pour vingt-quatre heures... Vous aurez donc tout votre temps pour fouiller ! »
Elle ne nous laisse pas le temps de digérer cette annonce ou même de regarder l'heure sur nos Monopads avant de reprendre.
« Deuxièmement, puisque ça parle de suicide, je tiens à vous faire une précision ! Si un d'entre vous prend sa propre vie, il est considéré comme le meurtrier, et j'exécuterai quelqu'un au hasard ! Ou bien non ! Son proche, je vais tuer son proche ! C'est une bonne idée, non ? »
Tout le monde se fige. Michi, tout particulièrement, semble prête à hurler des insultes à Monokuma. Mais sa phrase ne fait que confirmer mon pressentiment que quelque chose ne va pas. La règle concernant un suicide vient d'être ajoutée, mais c'est évident que Monokuma ne laisserait pas filer l'occasion de faire une exécution comme ça. Ryo aurait-il pris ce risque juste pour limiter les pertes en sachant qu'il y avait de fortes chances que ça rate ? Après ce qu'il a promis à Taichi ?
Non, c'est sûr, quelque chose cloche.
« Aut'chose, Monokuma, grogne Daisuke, ou on peut y aller ?
— Eh bien, n'en déplaise à Taichi, quelqu'un d'autre doit découvrir le corps de son chéri d'amour, pouffe Monokuma. Je suis venue chercher Reina et le paquet de viande froide pour l'autopsie ! Et plus je mettrai du temps à voir le cadavre dans la morgue, plus je vous en enlèverai pour enquêter... »
Taichi bondit, mais Michi le bloque avant qu'il ne puisse attaquer Monokuma, ou m'arrêter. Elle lui chuchote quelque chose à l'oreille, et ce dernier se détend un peu, avant de me jeter un regard suppliant dont je saisis tout de suite le sens.
« Je te promets, je souris, que je ferais de mon mieux pour ne pas avoir à le mutiler. J'espère ne pas avoir à en arriver là, mais tout ce que je ferai sera pour qu'on trouve le coupable. Tu peux me faire confiance, Taichi ? Je devrai le faire de toute façon, mais je veux m'assurer que ça ira pour toi... »
Taichi me fixe avec de grands yeux. Puis, finalement, s'effondre dans les bras de Michi, qui me transmet un léger hochement de tête. Je décide de prendre ça pour un assentiment et me rapproche de Ryo, avant de le prendre délicatement dans mes bras. Il a l'air tellement léger comme ça... Je peux bien assurer le transport pour les quelques mètres qui me séparent de la morgue. Hors de question de laisser son corps à Monokuma.
« Hep hep hep, m'interpelle d'ailleurs cette dernière, plus vite, médecin de mon cœur, sinon je m'énerve et vous allez pas apprécier ! »
Je retiens une remarque pleine de sel sur l'infinitésimale quantité d'émotions positives que je lui porte et me dirige vers la morgue en silence, sous le regard des autres.
Il ne me faut pas longtemps pour rentrer dans la chambre froide. Monokuma, une fois satisfaite, me laisse rentrer sans elle et s'éloigne après un caquètement peu agréable. Seule avec mes pensées, je pose doucement Ryo sur la table centrale, avant de retirer ses vêtements. Comme je le pensais, aucune trace de blessure n'apparaît. Il n'a pas saigné, aucun bleu n'orne son buste ou sa nuque, rien n'indique qu'on ait usé de violence sur lui.
Je vais donc plus que probablement devoir analyser l'intérieur.
Je serre les dents. J'ai promis à Taichi de ne pas en faire trop, mais j'ai peur de devoir en arriver à ouvrir... Et il ne s'agit pas d'un simple travail. Je vais devoir inciser dans la chair d'un homme que j'aurais pu appeler mon ami. Ma grimace se fait plus forte. C'est Kichiro, dont le corps repose quelque part dans cette chambre froide, qui revient encore à ma mémoire... Allez, courage, Reina, tu dois le faire, pense à autre chose, pense que ce n'est pas un corps humain que tu découpes, c'est... C'est un pigeon. C'est bien les pigeons... Oui... Rien de plus qu'un pigeon...
Un pigeon... Mais malgré tout je me dégoûte. Comment est-ce que j'ai pu en arriver là ? Pardon, Ryo, pardon, Taichi, pardon, Michi, pardon, Kichiro...
Je soupire, et commence à passer mes mains sur sa peau, peu sûre de pas où commencer. Un pigeon... Difficile d'y penser alors que sous mes doigts se trouve de la peau, de la peau humaine qui ne réagit même pas à mon contact. Et malgré tout mon professionnalisme, je ne peux m'empêcher de penser que Taichi est passé avant moi. Pourquoi suis-je obligée de le faire dans un contexte si différent... Pigeon, Reina, pigeon. Concentre-toi.
Mes doigts butent dans le creux de son coude alors que je cherche une piste. Aussitôt, je me stoppe. Il y a quelque chose, là. D'après ce que je sens, c'est une petite cicatrice de seringue. Une seule, qui a l'air de correspondre à l'outil que j'ai retrouvé au sol. Ryo a bel et bien été piqué par cette seringue. De sa propre initiative ou...
La seringue semble avoir pénétré jusqu'au sang. Presser la plaie en fait ressortir une petite goutte.
Deux solutions.
Soit je traque l'AVC et l'embolie pulmonaire. Soit j'examine le contenu de son sang.
Il y a un laboratoire dans les environs. C'est faisable. Et avec, je pourrai peut-être voir les traces de produit dans la seringue.
Je dois débaucher Shizuka. Absolument. Ou Shô. Mais en attendant, je, dois confirmer ces certitudes.
Je soupire et m'arme d'un scalpel. Pigeon, Reina. Pigeon.
L'autopsie fut longue, très, très, très longue. Et même en ayant fait tout ce que j'ai pu, je n'ai pas encore tout testé. Dans ma poche se trouve un sachet rempli de tubes stérilisés, que je dois mener au laboratoire pour analyse : Le sang que j'ai prélevé de Ryo. Par chance, il n'a pas encore coagulé ou quoi que ce soit qui aurait pu perturber l'analyse. Il va juste falloir que je me dépêche pour le mettre au frais.
Je n'ai trouvé aucune trace d'AVC, d'embolie pulmonaire ou de manière générale de décès par bulle d'air dans la veine. Cela ne fait que renforcer ma certitude que Ryo est mort empoisonné par quelque substance. Évidemment, ça corrobore la piste du suicide d'Akihito, mais... Non, c'est définitif, quelque chose cloche. Et en tout cynisme, ça tombe bien que j'en arrive à ces conclusions. Cela me laissera du temps pour mener ma propre enquête. J'ai le prétexte idéal pour rester en dehors du réfectoire.
Akihito semble avoir anticipé mon besoin de réponses, puisqu'il m'attend en dehors de la morgue. Il me fait un sourire désolé.
« Tout va bien, Reina ?
— Oui, je soupire. On va dire...
— J'espère pour toi. Que dit l'autopsie ?
— Je n'ai pas tout à fait fini, je soupire en serrant dans mon poing le sachet plastique. Pour l'instant, je peux confirmer qu'il n'a pas été blessé mortellement de quelque manière que ce soit, et la piqûre de seringue dans son bras avait pour but de lui injecter un produit. Je dois encore voir quoi.
— Hmmm.... Shizuka peut sûrement faire ça, marmonne Akihito. Je vais lui demander d'aller au laboratoire, avec Saki, ou Sora peut-être, pour vérifier qu'iel ne tente pas de falsifier les preuves... Tu as prélevé ce qu'il faut ? Tu peux me le donner ? »
Akihito ne s'en rend sans doute pas compte, ou peut-être que si mais je prie pour que ce ne soit pas aussi manipulateur de sa part, mais il est en train de me priver de la seule chose capable de me faire me déplacer librement au moins dans le second étage. Et autant je peux comprendre sa position, autant je sens que je ne dois surtout pas le laisser faire ça. Si je me retrouve piégée, il n'y aura plus que Daisuke pour enquêter parmi ceux qui ne croient pas au suicide, et les preuves nécessaires pourraient nous passer sous le nez...
Je ne veux pas faire ça. Mais je vais devoir dire non à Akihito.
Par chance, ses paroles m'ont fourni l'argument idéal pour ça.
« Pourquoi je ne viendrais pas avec Shizuka ? Je suis gynécologue, j'ai l'habitude de lire des prises de sang, et on ne sera pas trop de deux avec Shizuka pour savoir quoi chercher... De plus, mon innocence est avérée, tu l'as dit toi-même avec cette histoire d'alarme... »
Il pince les lèvres.
« Pas que je ne te fais pas confiance, Reina, mais je préfèrerais quelqu'un en mesure de chercher partout. Sans s'arrêter à la première hypothèse venue. »
... C'est toi qui le fais, cette fois. Mais je ne peux pas vraiment protester. Je dois absolument chercher des preuves et ce n'est pas en énervant Akihito que je réussirais à faire mes affaires. Trop insister me rendrait suspecte à ses yeux. Je dois trouver une solution. Et même si elle ne me plaît pas beaucoup, j'en ai déjà une.
« Dans ce cas, Saki peut venir avec nous. On sera trois sur l'analyse de sang, et elle pourra chercher dans le laboratoire. Une des armoires contenant les produits dangereux du donjon a été cadenassée ici... ça te va comme ça ?
— Cadenassée ? Qui a la clé ?
— Moi, et Shô. C'est l'occasion aussi de vérifier que des produits manquent. »
Parce que je ne le laisserai pas mettre ses pattes sur aucun des poisons quelconques que peuvent contenir ces armoires. Je vois bien que cette option ne plaît pas à Akihito, vu comment il grimace. Mais il est à court d'arguments, et de toute façon je ne fais pas mine de lui donner les prélèvements.
« Très bien. Attends ici, je vais chercher Saki et Shizuka. »
... C'est ça.
Hors de question que j'attende bien gentiment alors que c'est l'occasion d'inspecter l'infirmerie. J'attends donc qu'Akihito ait disparu au coin du couloir pour passer la porte de l'infirmerie.
Personne n'y est. J'imagine qu'ils ont tous été rapatriés au réfectoire. Mais la scène de crime n'a pas l'air d'avoir trop été touchée. La seringue est toujours par terre ; j'attrape une paire de gants que j'enfile adroitement et m'empresse de la prendre entre mes doigts pour la glisser dans un autre sac stérilisé, que je range avec les prélèvements.
Je n'ai pas beaucoup de temps. Mais l'indice le plus gros attire vite mon attention. C'est le cadenas que j'avais mis sur l'armoire de l'infirmerie, au sol. Coupé en deux par ce qui semble être une pince. Quelqu'un a forcé mon armoire à médicaments. Et ce quelqu'un n'a pas été très précautionneux pour cacher son forfait vu que la pince traîne encore au sol, à côté du cadenas.
Dommage qu'on ne puisse pas faire tester les empreintes dans ce labo. Ou que j'ai le temps de vérifier quel produit manque. Du moins, à part le bocal sur la table à côté de l'endroit où j'ai trouvé Ryo, qui m'a tout l'air d'être une pièce à conviction très importante. Profitant de mes dernières secondes, je m'empare du bocal et en lit l'étiquette tout en sortant de l'infirmerie. C17H19NO3. De la morphine.
La bouteille semble à moitié vide, mais je n'ai pas le temps de confirmer cette hypothèse. Saki et Shizuka viennent de tourner à l'angle du couloir, et je dois cacher que j'ai mené mon enquête de mon côté. Inutile de m'attirer davantage d'ennuis. Même si Akihito se rendra compte bien assez vite de la disparition de la seringue, il y a des chances pour qu'aucun d'entre eux ne pense à faire une analyse plus poussée. Et je pourrai toujours accuser Daisuke si je ne trouve pas de conclusions à partir de cet outil.
Saki me regarde toujours avec ce même dégoût. J'essaie de passer outre. On a pas le temps pour ça. Pas le temps. Pas le temps.
« Tu nous accompagnes au laboratoire, Satou ? Demande Shizuka, me distrayant de mes bien noires pensées. Je crois qu'on a des choses à y faire...
— J'arrive, je soupire en prenant la suite de Shizuka. Je te ferai passer les prélèvements à analyser quand on y sera. »
Saki reste silencieuse, mais je sens son regard peser sur mon dos. J'ignore ce qu'elle me veut à me fixer comme ça, mais j'espère que mon petit manège n'a pas été remarqué. Ce serait idiot de ma part de me faire griller si loin de mon objectif... Et je dois savoir. Tout envisager. Chercher tous les recoins possibles. Pour ne pas reproduire la même erreur qu'au premier procès.
C'est pour le bien de mes camarades. Pour que Taichi et Michi savent de qui ils doivent se venger. Pour la tranquillité d'esprit et la vie de chacun d'entre nous.
Et à la mémoire de Ryo.
Je rentre dans le laboratoire, avant de sortir de ma poche les prélèvements.
« Ceux-là, je dis en tendant trois des tubes à Shizuka, c'est pour la prise de sang basique. Celui-ci, c'est pour chercher des traces de morphine. C'est encore ce qu'il y a de plus simple pour un suicide par injection. Son foie n'est pas affecté dont inutile de chercher une overdose par paracétamol, on ne trouverait rien. Et je vais garder les autres tubes au cas où l'enquête déterminerait un autre produit manquant. »
Shizuka hoche la tête, avant de fouiller dans le laboratoire et placer les tubes que je lui ai indiqué à la centrifugeuse. En attendant, je jette un œil aux alentours, voir s'il y a d'autres traces. Parce que si ce n'est pas un suicide, c'est un meurtre. Et si c'est un meurtre, quelqu'un l'a accompli, quelqu'un qui n'a pu que se cacher dans le deuxième sous-sol pendant très longtemps pour ne pas être vu d'Akihito, et ne se pointer qu'à l'heure du repas.
Mes suspects se portent donc sur tous ceux qui sont partis avant les trois porteurs d'alibis, et arrivés après. Ça fait assez large. Junko et Shizuka font partie de ces gens, tout comme Shô, et je n'ai croisé aucun des trois de toute la journée à part pour le repas. Taichi et Michi sont aussi inclus, évidemment, mais eux sont innocents sauf si quelqu'un d'autre a vu le corps, et contrairement à la situation du premier procès, c'est assez improbable que quelqu'un ait pu passer avant. Ryo était mort il y a peu de temps quand je l'ai trouvé. Pas plus d'une heure.
Et évidemment, je peux considérer qu'entre Akihito, Sora et Daisuke, l'un des trois a menti concernant sa position à l'heure du repas. Planter une seringue dans la veine de quelqu'un contre son gré nécessite une certaine habileté, mais Ryo avait la jambe cassée et les bras plutôt fins, je peux donc considérer que lui injecter quelque chose directement dans les veines est à la portée de tout le monde.
Mais si je me mets à suspecter tout le monde sans piste, je vais être bien avancée. Je ne peux compter que sur l'innocence de Taichi et Michi, non à cause de l'alarme, mais parce que je sens qu'aucun d'entre eux ne serait capable d'une telle chose. J'ai confiance en Michi et je sais qu'elle adore Ryo, et Taichi après la découverte du cadavre... Il était tellement émotionnel, tellement brut de décoffrage, c'est impossible même pour le meilleur des comédiens de simuler quelque chose comme ça.
Saki me tape sur l'épaule. Surprise, je me tourne, et remarque qu'elle tend sa tablette vers moi. Je me penche, essayant d'oublier le fait qu'elle ne parle plus en ma compagnie, et lis :
« Heure de la mort + autopsie ? »
Je soupire. Eh bien, c'est parti pour refaire un exposé entier.
« Ryo est mort il y a une heure, grand maximum, je commence, alors que Saki m'écoute et que Shizuka surveille les analyses. L'injection date d'un peu avant, un quart d'heure tout au plus. Ses organes n'ont pas été trop touchés, il n'y a aucune trace réelle de mort violente... Je pense qu'on lui a injecté un sédatif. Et la morphine est sans doute le plus probable. »
Je resserre le poing sur la petite bouteille dans ma poche. Je la regarderai plus tard, lorsque je serai inévitablement contrainte à rentrer au réfectoire. Pour l'instant, il faut que je cache que j'ai pris mes initiatives.
Saki fait la moue, avant de de nouveau tapoter sur sa tablette. Quelques secondes plus tard, elle lève l'écran vers moi.
« On ? Ou lui-même ? »
Je serre les dents. Peu importe ce que je trouve, l'hypothèse du suicide est bien trop grosse. Quelque chose cloche. Je dois absolument découvrir quoi.
« Je ne sais pas, Saki, je soupire. Mais les deux sont possibles jusqu'à preuve du contraire. Et je vois mal Ryo se suicider. »
Elle lève les yeux au ciel, avant de me montrer un nouvel écran.
« Tu ne me voyais pas innocente non plus. »
En plein dans le mille. Mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort, ou même de me justifier. Shizuka a lancé un appel, et Saki se dirige vers luel sans m'accorder un seul regard. Je la suis. Ce sont sans doute les résultats des analyses. Il est temps de voir ce que Ryo a dans le sang.
Shizuka me tend un papier. Je n'ai de toute façon pas le temps de le lire puisqu'iel est en train de tout expliquer.
« Il n'a pas d'anomalie sanguine immunitaire, plaquettaire ou en termes de molécules essentielles, on peut donc exclure la mort naturelle. Par contre, il y a effectivement des traces de morphine dans son sang, mais elles sont très, très faibles. »
Iel me jette un regard. Luel et moi pensons sans aucun doute à la même chose. Est-ce que ces traces sont une preuve suffisante pour dire que Ryo a pu se tuer, ou être tué, à la morphine ?
Mais je n'ai pas la moindre autre piste.
Saki soupire, et sort de la pièce sans perdre de temps. Elle s'attend sans doute à ce que je la suive, mais je vois dans son absence une occasion en or de continuer ma propre enquête.
« Shizuka, est-ce que je peux te demander un service ? »
Son œil s'éclaire.
« Tu as une piste en tête, Satou ?
— Oui, je confirme. Mais Akihito et Saki n'ont pas l'air d'être convaincus de me laisser enquêter. Je ne peux pas la suivre moi-même. Pourtant, c'est une piste d'importance, et je dois absolument trouver un maximum de preuves, alors... »
Je soupire, et sors de ma poche le sac contenant la seringue...
« J'ai récupéré ça dans l'infirmerie. C'est la seringue qui est censée être plantée dans le bras de Ryo. J'aimerais que tu la testes, et que tu me dises si elle contenait un produit, et lequel. C'est important. S'il te plaît... »
Je n'ose croiser son regard pendant les longues minutes ou iel fait planer le silence, ne faisant même pas mine de me prendre la seringue. C'est fichu, je me dis, iel va me dénoncer à Akihito ou Saki, et je serais d'autant plus suspecte pour ne pas avoir exposé mes convictions et encore plus étroitement surveillée... Quelle idée d'avoir pris l'initiative, je grogne à moi-même. Pourtant, je savais très bien que j'allais échouer. Mais je dois absolument savoir ce qu'il y a dans cette seringue. Ne serait-ce que pour confirmer un pressentiment.
Shizuka reste silencieuxe. Puis, finalement, un petit rire s'échappe de ses lèvres alors qu'iel me prend la seringue des mains.
« Je vois que tu y attaches une certaine importance, Satou. Très bien, je m'occupe de ça. Donne-moi aussi un ou deux tubes de prélèvements au cas où il ne s'agirait pas de morphine. On ne sait jamais.
— Pour ça, grogne une voix dans un coin du laboratoire, je pense qu'un seul suffira. »
Je me tourne vers la direction de la voix. Daisuke se tient dans un coin, quelque chose de blanc dans sa main. Il lance ladite chose blanche vers moi, et je ne peux que l'attraper au vol, avant de fixer son étiquette. C'est une boîte de médicaments. Des sédatifs, le genre peu utilisés.
« J'ai trouvé ça dans une des poubelles du second sous-sol, grogne le Révolutionnaire. Vide. Dis à Mizutani de tester ça aussi. Peu importe la quantité. Il faut juste que tu saches si son sang a des traces de ce machin. »
J'échange un regard avec Shizuka. Iel se penche vers la boîte, avant de hocher doucement la tête et d'accepter un tube de prélèvement plein. Il ne m'en reste plus que deux, désormais, et je me vois mal retourner dans la morgue pour « refaire le plein ». Plus qu'à prier pour que l'hypothèse de Daisuke soit valable.
La porte du laboratoire s'ouvre. C'est Saki, qui se demande sans doute ce qu'on fait. Je m'empresse de cacher toutes les pièces à conviction que je ne suis pas censée posséder, par crainte qu'elle ne me les confisque avant l'heure, et affiche l'air le plus innocent possible pendant que Daisuke s'efface dans un coin sombre. Mais avant de disparaître, il se penche vers moi pour me chuchoter à l'oreille :
« Cherche ailleurs, princesse. »
Et je crois que je commence à comprendre ce qu'il voulait me dire.
___
Alors à votre avis, suicide ou meurtre ?
En tout honnêteté les deux hypothèses sont valables, même si évidemment il n'y en a qu'une seule de vraie... Suicide assisté ou pas d'ailleurs, fufufufu.
Je me demande si vous aller trouver le ou la responsable avant Reina quand même ! Miss a peut-être des pressentiments mais elle est elle aussi un peu biaisée.... :,)))
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