Chapitre 2 (12) : Wedding blues
Après trois semaines d'attente, c'est enfin le jour tant espéré, redouté, ou je ne sais trop ce que le reste des Ultimes en pense réellement... Bref, je m'égare, c'est le jour du mariage.
Tout le monde court partout depuis que les sept heures ont été sonnées ce matin. Pas une personne que je croise n'est simplement posée ou assise quelque part, et ceux que je ne vois pas courir partout, je ne les vois pas du tout. J'avoue ne pas avoir trop de mal à comprendre la cause de toute cette effervescence, ni à savoir pourquoi ils s'agitent tous dans tous les sens. Sans doute parce qu'ils veulent oublier qu'après ce mariage, l'évènement qui suivra sera la mort d'au moins un d'entre nous. Ce n'est pas parce que Monokuma ne nous rappelle pas que nous avons toujours un mois de probation qu'il n'est plus en vigueur...
Moi aussi, de toute façon, je bouge sans cesse. Redoutant le concert, j'ai décidé d'accumuler dans la salle dédiée tout ce que je pouvais sortir de mes domaines dédiés en termes d'outils médicaux. S'accumulent dans la salle de concert des bandages, des attelles, de la pommade anesthésiante, des fils pour la suture, du désinfectant... Tout ce dont je pourrais avoir besoin si Ryo se recasse la jambe, ou si on a un autre blessé.
Je n'ai pas dormi depuis deux jours mais bizarrement, je tiens plutôt bien le choc. Sans doute à cause de tout le café que j'ingurgite. Ma mère me gourmanderait si elle me voyait en cet instant... Mais elle ne me voit pas, et je prie pour qu'elle n'ait pas à me voir. Je ne sais pas si je préfère qu'elle me croie morte ou toujours emprisonnée dans cette Tuerie aux mains d'un cruel maître de jeu.
En parlant du maître de jeu. Monokuma me surprend. Depuis que nous l'avons croisée avec Shizuka et Junko dans cette salle au fond du donjon, je ne l'ai plus revue. Elle ne nous a même pas posé le moindre ultimatum. Je me serais posée moins de questions si il ne s'était agi que de moi ; seulement, j'ai questionné Haruko et Sora, puis Michi et Junko, et même Shizuka. Pas un n'a reçu la visite de notre tortionnaire, et selon Haruko elle ne s'est même pas approchée de Yuuki, Junko et Taichi pendant leur préparation. Nous a-t-elle caché une affreuse surprise dont elle a le secret où se tient-elle tranquille, confiante dans la certitude que nous allons de toute façon tous décéder entre ses mains ?
Je préfère ne pas me poser la question.
Mes préparations sont presque achevées, il ne me manque plus qu'à amener un fauteuil roulant dans la salle du concert. Ce qui ne sera pas une mince affaire car il faut lui faire grimper les escaliers, et Monokuma n'a évidemment pas ajouté de rampes dans son donjon maudit. Bien évidemment. Quitte à tous se faire tuer, donnons un avantage aux valides... Le pire, c'est que si Ryo se recasse la jambe, je devrais quand même le descendre à l'hôpital. Donc ça ne fait que me rajouter des embêtements.
C'est en traînant le machin non sans difficultés que je croise Shô au second étage. Iel serre sa clé entre ses mains, les yeux rouges, et ne semble pas avoir de but à se déplacer ainsi en rond ; pourtant, quand iel me voit, un pâle sourire éclaire son visage et iel se dirige vers moi.
« Tu as besoin d'aide, Reina ?
— Je veux bien, je souffle. Ce maudit fauteuil est impossible à transformer, mais je dois le garder plié parce que je n'ai aucune idée de comment le replier et que j'ai encore des marches à passer. À deux, on y arrivera sans doute plus facilement... »
Je n'ai même pas le temps de le formuler de manière plus claire. Shô se précipite derrière moi et attrape un des bouts du fauteuil, me permettant d'équilibrer son poids entre nous et me facilitant drôlement la tâche. Je ne peux que le remercier d'un regard, alors qu'iel me répond par un hochement de tête amical, et nous commençons à marcher vers les escaliers en silence.
« Sacrée journée, hein ? Me demande lae Chimiste alors que nous grimpons les marches.
— En effet, je réponds. Je n'ai jamais vu tout le monde aussi excité. À bien y réfléchir, tu es lae premier.e que je croise qui n'avait pas quelque chose à faire...
— ça m'étonne pas, pouffe-t-iel. Mais moi, tu sais, les mariages... ça me fiche un peu le bourdon. J'ai jamais compris comment Hina y trouvait sa passion... »
Mon silence est assez évocateur. Iel ne tarde d'ailleurs pas à se reprendre, un sourire gêné aux lèvres.
« Désolée, je voulais pas te rappeler des mauvais souvenirs...
— Je ne pourrai pas toujours y échapper de toute façon, je soupire. C'est mieux que je me désensibilise. »
Mais ne t'attends pas à ce que je te réponde avec le même enthousiasme. J'en suis incapable, même en y mettant tout mon pouvoir de volonté. C'est très nul de ma part sans doute, de ruiner ainsi l'ambiance à la moindre mention d'une morte... Quelle marque de faiblesse, alors que tout le monde semble avoir retrouvé ses marques, ne serait-ce qu'un peu. Il suffit de voir la légèreté avec laquelle Shô a prononcé son nom. Mais autant je le regrette, je ne suis pas superhumaine. Je ne peux hélas pas tout faire.
« Si tu le dis, soupire Shô. De toute façon, au train où ça va... Les prochaines victimes seront bientôt. Y'a du relâchement de partout, avec le mariage tout le monde oublie qu'on est dans un jeu de la mort... Et même si tout le monde reste bien sur ses gardes, Monokuma va exécuter l'un.e d'entre nous d'ici moins de cinq jours.
— On ne peut pas leur reprocher d'essayer d'oublier...
— Je ne dis pas le contraire... Tout serait tellement plus facile si on pouvait tous oublier et vivre ensemble tranquille jusqu'à la fin de nos jours. Mais on ne peut pas, et... Ce relâchement... Pourrait faire des victimes toutes autres... »
Je hausse un sourcil devant son changement de ton, et me stoppe en haut des escaliers pour lae fixer. Iel a les dents serrées, et regarde son bout du fauteuil avec une certaine insistance, me dissimulant ses paupières que j'avais déjà remarquées rougies.
« Shô ? Quelque chose ne va pas ? »
Iel sursaute, et me fixe avec surprise.
« Hein ? Non, non, ce n'est rien... j'imagine que je m'inquiète juste trop. En plus, on est pas que quatorze, tu sais, alors ça me tend encore plus... »
Ah, oui, vu sous cet angle... Il est vrai que dans ces fichues geôles se trouvent seize de nos proches. Et que je me retrouve sans doute dans la première Tuerie à trente-deux de ces trois dernières années. En espérant que cela reste la seule. Et encore, moi, je ne suis pas plus mal lotie que les autres. Shô, lae pauvre, a son frère jumeau dans ces fameuses cellules... Je lui fais un sourire rassurant, essayant de détourner son attention, et choisis de changer le sujet plutôt que de rester sur une source d'inquiétude.
« Dis-moi, tu es déjà allé.e à un mariage ?
— Euh... Non, pas vraiment, me répond Shô alors qu'on reprend notre route. Tu sais, avant Taichi, je ne faisais pas vraiment partie des personnes les mieux vues du Japon... j'ai découvert ma non-binarité il y a assez peu de temps comparé à d'autres, mais j'étais déjà assez flamboyant en tant que pansexuel.le. Du genre à embrasser un homme qui me plaisait en public sans me soucier du fait que j'apparaissais comme un homme, tu vois ? »
Je me crispe. Je n'ai jamais pu comprendre ces personnes, qui arrivaient à afficher leur non-hétérosexualité dans un lieu dont ils n'étaient pas certains de la sécurité. Il est impossible que Shô ne se soit pas pris au moins une fois un retour de bâton sociétal. Et iel interprète sans doute ma crispation comme une mimique de celle qui sait puisque son visage se fait plus sombre.
« Ouais, ça m'a attiré pas mal de problèmes. Harcèlement scolaire, quolibets dans la rue, ce genre de choses... Au bout d'un moment, bien affecté.e par les menaces de mort, j'ai fini par me calmer. Heureusement que mon lycée avant Hope's Peak possédait un club LGBT de qualité, fondé par des membres de l'Accession d'ailleurs, parce que sinon je serais sûrement retourné dans le placard comme un bon mec hétéro...
— C'est si terrible que ça, le placard ? je soupire, préférant concentrer mon regard sur le chemin. Moi, je m'y sens bien, quand même. Mieux qu'en dehors, en tout cas.
— Ça dépend des gens ? Soupire Shô, sans même relever que je viens de lui faire en quelque sorte mon coming-out. Le placard c'est bien, mais moi, après avoir été out et heureuxe pendant des années, ça a été très dur de me cacher de nouveau. Surtout que j'ai tendance à crusher très facilement, et même au milieu d'une fichue Tuerie, ça ne rate pas... Donc je n'aurais sans doute pas pu me cacher très longtemps.
— Ca ne rate pas ? Je suis désolée si je suis indiscrète, mais... »
Mais ma paranoïa me pousse à poser la question. J'ai trop peur que n'importe quelle histoire ne devienne un mobile, et qu'elle me passe sous le nez lors d'une enquête macabre...
« Mais tu as quelqu'un en vue ici ? »
Iel se stoppe, avant de détourner les yeux. Je ne peux m'empêcher de remarquer son visage rouge.
« Désolée Reina, mais euh, c'est effectivement hyper indiscret.
— D'accord... Ne te sens pas obligé de me répondre, hein. C'est juste que... »
Que je veux avoir un œil sur tout ce qui pourrait me permettre de prédire un meurtre avant de pleurer lorsque ledit meurtre se passera inévitablement pour ne pas avoir pu l'empêcher, et balancer un malheureux à l'exécution sur la base d'une conversation au détour d'un couloir, alors que nous portons tous les deux une extrémité d'un fauteuil roulant plié.
« ... Rien. Oublie. »
Il sourit.
« C'est pas grave hein ! Si j'avais été dehors je... Je t'en aurai parlé avec plaisir. C'est juste que là, bah... Je sais jamais qui peut nous entendre. »
J'ai l'impression que ma paranoïa prend chez luel une tout autre forme. Et je ne sais pas comment je dois interpréter ses paroles. Même si de toute façon, il est trop tard pour la discussion. Nous sommes arrivés.
Je pose le fauteuil devant moi. La porte de la salle de concert est juste devant, me présentant ses battants fermés ; sachant que je n'ai pas fermé derrière moi en allant chercher le fauteuil, j'imagine que ça veut dire que Ryo est à l'intérieur, peut-être avec Taichi et Michi. Au cas où, espérant ne pas interrompre une session de bisous du charmant petit couple, je toque à la porte, et c'est la voix agacée de Ryo qui hurle « Entrez ! » de l'intérieur. Je me retiens de soupirer avant de pousser la porte.
Ryo est bien là. Il est seul, ni Taichi ni Michi ne sont dans la salle, et pour Haruko cela me paraît assez évident que son absence est normale. Le Batteur grogne en me vouant traîner et déplier le fauteuil, mais ne fait aucun commentaire. Par contre, la présence de Shô lui fait hérisser le poil.
« Hey ! Qu'est-ce qu'iel fout ici celuel-là ? j'avais dit pas d'outsiders dans la salle de concert pendant que je me prépare !
— Iel m'a aidée à ramener le fauteuil, j'interviens pendant que lae pauvre Shô se confond en excuses. J'espère que tu n'en auras pas besoin mais tu pourrais quand même le remercier...
— C'est ça, c'est ça, grogne Ryo. Merci, et cetera, maintenant dehors. J'essaye de répéter et c'est censé être une surprise.
— Tu seras à l'heure pour le mariage, hein ? Lance Shô. C'est dans une demi-heure...
— Mais oui ! Taichi me rebat les oreilles avec ce fichu mariage depuis le début de la semaine, t'inquiète pas que je vais pas être en retard ! »
Je hausse les épaules et fait signe à Shô de sortir. Ce.tte dernier.e ne se fait pas prier pour me suivre en dehors de la salle de concert, et c'est une fois éloignés d'une bonne dizaines de mètres qu'iel se permet un regard vers la porte.
« Il... Il est toujours aussi grognon, Ryo ?
— Oui assez, je pouffe. Ce n'est pas très dur à voir en règle générale, il passe son temps à râler. Tu ne l'avais pas vu ? »
Iel se renfrogne.
« Tu sais, j'ai surtout passé les deux derniers mois avec Junko et Yuuki. Et quand elles préparaient le mariage, je me suis retrouvée toute seule... Je n'ai pas trop fait attention aux autres... J'aurais peut-être dû. »
Iel pousse un profond soupir, puis son sourire revient sur son visage, et il me prend par l'épaule.
« Enfin je veux pas être déprimant ! Tu veux bien m'accompagner sur les lieux du mariage le temps que ce soit l'heure ? Je crois que je n'ai plus rien à faire, et je n'ai pas envie d'être tout seul... Enfin si tu veux bien, hein !
— Je veux bien, je souris. De toute façon, je n'ai moi-même plus rien à faire. Et pour une raison évidente, je n'aurai pas grand monde pour m'accompagner.
— C'est vrai que tu passais pas mal de ton temps avec Haruko et Sora toi ! Tu dois être contente qu'ils puissent se marier, rit Shô alors que nous nous dirigeons ensemble vers la zone rivière.
— Oui, un peu... C'est dur à dire vu notre situation, mais j'imagine que ça leur fait du bien, donc... »
Iel hausse les épaules, et nous continuons à discuter de tout et de rien en nous dirigeant vers le lieu du mariage. Je dois avouer qu'iel est plutôt agréable comme compagnon de marche. Iel arrive assez bien à trouver des nouveaux sujets de conversation, même alors que je dois garder le silence parce que ce qu'il dit ne m'inspire pas du tout. C'est reposant, même si je ne suis quand même pas tout à fait à l'aise avec lui. Ses paroles les plus ambigües me tournent dans la tête depuis quelques temps, ne facilitant pas ses tentatives de me faire la conversation... Et j'ai peur, très peur, de passer à côté de quelque chose.
Nous rentrons ensemble dans la zone rivière, et mes yeux s'écarquillent alors que je vois le travail monumental que Yuuki a accompli en seulement trois semaines. Les arbres et les plaines sont décorées de rubans blancs, bleus et violets, les chaises des mêmes couleurs, au nombre de seize, sont disposées harmonieusement en cercle autour de ce qui semble être une grande arche, et Yuuki a même réussi à monter une sorte d'autel. J'en avais vu des pièces dans le laboratoire d'Hina, le jour où nous l'avions visité ensemble, mais j'avais été incapable de voir à quoi il était destiné ; aujourd'hui, alors qu'il se dresse juste devant la rivière, je comprends mieux ce qu'il faisait là. A croire que Monokuma avait tout prévu, je soupire, assez amèrement. Même si je sais bien que c'est impossible, pour qui que ce soit, de prévoir à ce point ce genre de choses.
La rivière derrière clapote en rythme avec des chants d'oiseaux, sans doute enregistrés car aucune bête ne voudrait volontairement s'enfermer sous terre. Pas de musique, ou pas encore sans doute car un piano trône sous le plus grand arbre de la zone ; et devant ce piano, Yuuki, qui vérifie absolument tout de l'instrument aux derniers rubans avec l'air le plus concentré que je n'ai jamais vu sur son visage.
Shô se dirige vers elle, et je lae suis, ne voyant nulle part Haruko et Sora ; les seuls à être arrivés sont Junko, Shizuka et Soma, semble-t-il. Et je n'ai pas vraiment envie de leur parler à eux. Junko ne semble pas apprécier ma compagnie, je n'ai pas l'énergie de parler à Shizuka, et Soma ne m'a plus adressé un mot depuis cette conversation que nous avons eu dans l'infirmerie. Je ne sais même pas s'il a gardé son pansement.
Yuuki ne semble pas nous avoir vu approcher, vu qu'elle sursaute lorsque Shô lui tape sur l'épaule, la distrayant de son ouvrage. Elle vacille un peu sur ses pieds, mais son sourire ne tremble pas alors qu'elle agite la main dans notre direction. Je lui souris à mon tour.
« Bonjour Yuuki ! Tu finis les préparatifs ?
— Presque ! Il faut encore que ces rubans soient accrochés dans le bon sens... Junko les a pas noués de la bonne manière, c'est énervant ! En plus elle en a fait la moitié sans le voir, du coup je suis obligée de tout changer...
— C'est bien d'être perfectionniste, mais il faut penser à dormir, Yuuki, répond Shô en se penchant vers l'adolescente. Combien de temps tu as passé à ces rubans ?
— Euh ? Je sais plus... Je crois que je suis juste... Restée là ? Depuis hier soir... »
C'est à cet instant que je remarque ses cernes.
Ils creusent ses paupières, violets sur sa peau mate, extrêmement évidents maintenant que Shô fait la remarque. Sans compter que ce n'est pas la seule chose qui cloche chez elle. Ses jambes tremblent, sa mâchoire pend, et même ses paroles sont moins énergiques qu'à l'accoutumée. Et ça s'explique facilement si elle n'a pas dormi depuis hier... Je suis effarée, mais je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit. Shô s'installe à côté d'elle, la prend sur ses genoux et sort de sa poche un carré de sucre, qu'iel mélange à une bouteille d'eau avant de le tendre à Yuuki.
« Tiens miss, ta potion de soin. Et la prochaine fois, tu files dans ton lit, d'accord ? Si tu tombes à court de points de vie, il n'y aura pas grand-monde pour tenir le mariage...
— J'ai encore de la réserve, t'inquiète pas ! Je ne suis pas l'Ultime Gamer pour rien, hein, rigole la petite, j'ai bien pensé à farmer les points de vie ! »
Elle prend néanmoins la « potion de soin », façon imagée de l'hydrater tout en lui donnant les sucres rapides au moins nécessaires pour tenir la cérémonie. Puisque visiblement c'est elle qui fait le piano. Shô lui caresse un peu les cheveux, avant de se tourner vers moi et sourire devant mon expression.
« Avoir de l'eau et du sucre sur soi, c'est l'essentiel à prévoir quand tu connais Yuuki, me dit-iel alors que cette dernière retourne à ses rubans. Elle a tendance à passer plusieurs heures sur le même projet, parfois juste pour une histoire comme celle des rubans mal accrochés... Et il a bien fallu que je trouve des solutions pour lui faire boire ça.
— Pas la meilleure mixture possible mais j'imagine que c'est mieux que rien, je soupire en m'installant à côté de luel. On est bien, sous cet arbre, mine de rien. On y reste pour la cérémonie ?
— Euh.... Je... Je veux bien, mais, mais euh...
— Pas question ! S'exclame Yuuki en coupant net aux balbutiements embarrassés de son ami.e. J'ai tout préparé comme il faut alors vous allez vous installer là où j'ai préparé ! Sur les chaises ! Allez, hop-hop-hop, plus vite que ça ! »
Je pouffe. Visiblement je n'ai pas trop le choix.
La demi-heure installée sur les chaises passe très, très vite. Shô et moi ne restons pas bien longtemps seuls ; Michi ne tarde pas à nous rejoindre et s'installe juste à côté de moi, non sans m'avoir fait un énorme bisou sur la joue au passage. Je rougis évidemment comme une tomate, ce qui la fait rire et arrache un petit pouffement à Shô à côté de moi, mais aucun des deux ne se permet un commentaire.
C'est les quelques notes de piano qui interrompent leur hilarité. Tout le monde est là, du moins les dix Ultimes qui ne sont pas impliqués dans la cérémonie ; moi et Michi somme assis avec Shô sur les chaises, où se trouvent plus loin Saki et Akihito, qui discutent toujours à voix basse ; Junko joue avec ses perles à côté du Chroniqueur, ignorant Shizuka à côté d'elle. Soma est assis sur la chaise la plus éloignée possible de la place de la mariée, et Yuuki joue ces quelques notes de piano que nous entendons, alors que la lumière baisse doucement d'intensité sur la plaine, laissant la place aux lampes bleues, violettes et blanches qui entoures l'autel. Même Daisuke est là. Évidemment, même Yuuki n'a pas réussi à le faire s'asseoir sur une des chaises, mais il est quand même là, dans un coin de la zone, assis sous un arbre. La seule personne que je vois vraiment être aux abonnés absents, c'est celle que je ne voulais surtout pas inviter, Monokuma elle-même ; mais ne pas voir trace de son sourire narquois m'inquiète plus que ne me rassure.
Taichi est le premier à rentrer. Il semble solennel dans sa robe de prêtre, et tient serré entre ses mains un ruban sans doute blanc vu comment la lumière se réverbère dessus, et une boîte. Il a un large sourire, dénué de toute la jalousie que j'aurais pu y trouver sachant qui il marie : Il s'avance solennellement dans les rangs autour de l'autel, avant de s'asseoir dessus sans la moindre gêne. Un vrai outrage pour quiconque suivrait la religion catholique, et j'entends d'ailleurs Junko grincer des dents, mais je crois me souvenir que l'Accession implique ce genre de positionnements.
Enfin, sous un accord de Yuuki, Haruko et Sora sortent chacun d'un des deux bouts de la zone de plaine. Tout le monde se tait, et même les faux oiseaux cessent de chanter, bien que je soupçonne Yuuki ou Junko de les avoir arrêtés d'un appui sur un bouton. De toute façon, artificiel ou pas, l'effet d'enjolivement est parfait. Et n'aide pas à ce que je ne puisse détacher mes regards du couple alors qu'ils rejoignent ensemble l'autel et mettent chacun une main dans celles de Taichi.
Yuuki a même pensé aux tenues. Ils sont superbes, chacun dans leur costume, très différents pourtant si assortis. Tous deux portent une capeline de soie aux couleurs de l'Accession, rose et turquoise, mais la robe que porte Haruko en dessous, bleu sombre, épouse à merveille ses formes et flotte derrière elle, vaporeuse et volant dans la douce brise de la rivière. La main qui ne tient pas celle de Taichi, sa main gauche, est gantée jusqu'au milieu du bras et une couronne d'argent ceint ses cheveux élégamment tressés.
De l'autre côté, Sora paraît aussi lumineux que sa fiancée semble apaisante. Son costume est blanc et bleu ciel, constitué d'une chemise, d'un long manteau et d'un pantalon qui me paraît être de loin du satin. Il est bien coupé, et le met magnifiquement en valeur, mais ce qui est le plus lumineux en cet instant chez lui, c'est son sourire, alors qu'il contemple Haruko, main gauche dans celle de Taichi.
Ce dernier, levant à hauteur de son pectoral les deux mains qu'il serre, prend une profonde inspiration.
« Mes amis, adelphes, partenaires dans la sainte égide de la Divinité ! Nous sommes aujourd'hui réunis pour célébrer l'union de deux âmes dans le giron de notre protecteur, Celui qui nous observe et nous apprend à vivre... »
J'écoute à peine son discours tant je suis concentrée sur Haruko et Sora. Ils sont déjà superbes en règle générale, mais là... Aujourd'hui, ils me paraissent briller comme des étoiles. Leur regard ne peut se détacher l'un de l'autre, même alors que Taichi finit par relier leurs mains et les lâcher, même alors qu'il déroule le ruban qu'il avait amené avant de se préparer à l'entourer autour des deux poignets des mariés.
« Désirez-vous, Haruko et Sora, vous unir dans la recherche de soi et faire de vos deux vies une seule aussi longtemps que vous y trouverez vos réponses, à travers les épreuves divines et le bonheur d'être en vie ?
— Oui, annonce, la première, Haruko, un large sourire aux lèvres.
— Oui, je le veux, continue Sora, de l'amour plein le regard.
— Alors, termine Taichi, que votre volonté soit faite, et que vos âmes ne deviennent qu'une sous le regard de Dieu. »
C'est sur cette phrase qu'il enroule le ruban autour du poignet des nouveaux mariés, et le noue de manière à ce que leurs mains ne puissent être séparées sans retirer le ruban. L'échange d'alliances se fait dans le silence et sous les regards attendris, presque religieux, de la grande majorité du public.
J'ignore si c'est dans la cérémonie ou pas. D'ailleurs, taichi n'a pas ajouté le moindre mot. Mais le geste d'Haruko alors qu'elle attire Sora à elle me paraît tellement naturel, tellement et simplement heureux que je ne me pose aucune question alors qu'ils s'embrassent, la passion émanant de leur être tout entier, oublieux du monde aux alentours alors que les mains qu'ils n'ont pas liées trouvent la taille, les cheveux, le contact de l'autre. De ma position, j'arrive à discerner leurs sourires, et je pourrais jurer entendre un rire émaner de leurs cœurs même ; hallucination ou pas, le bonheur exsude sans conteste de la scène, au point que moi-même, je me surprends à laisser mes inquiétudes s'envoler.
Peut-être que nous n'avons pas d'avenir. Mais en cet instant, le présent est parfait.
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Ah, les mariages, c'est adorable pas vrai ?
Mais le temps passe, et passe, et passe... Et le mois touche à sa fin... Vous savez ce qui approche...
Kichiro : Un meurtre ? Cesse de faire ta fille à suspense, on a tous deviné. Je me demande qui nous rejoindra en premier. Mes paris vont sur Yamasaki ou Kita. Ce serait le moment idéal.
Hina : T'es pas cool ! On devrait pas parier là-dessus, c'est triste !
Kichiro : Je m'ennuie, Kawasaki. Et je m'occupe comme je peux. Le train est en retard.
Oh je pense que d'ici quelques chapitres tu ne t'ennuieras plus. :)
Et vous non plus. :)
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