Chapitre 2
-Prépare tes affaires au lieu de rêver !
Nino sursauta. Cette voix... Il était revenu. Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire en reconnaissant ce timbre tant aimé.
-Cesse de sourire ainsi, Nino, fais ton sac !
Le sourire de Nino s'élargit.
-Je suis vraiment heureux que tu sois revenu, Samuel.
-Je te promets que si tu ne prépares pas tes affaires, je repars immédiatement.
Nino sentit son visage se décomposer.
-Non !le supplia-t-il. Non, je t'en prie, reste !
-Nino ?
Le jeune homme sursauta : la voix de sa mère venait de résonner derrière la porte et il vit celle-ci s'ouvrir doucement. Il l'entendit pousser un profond soupir.
-Ça te reprend, n'est-ce pas ?
Nino ne répondit pas. Sa mère soupira à nouveau et lui prit doucement les mains.
-Nino. Je sais à quel point ce doit être dur pour toi. Mais il faut que tu sortes. Que tu voies des amis. Que tu ailles de l'avant.
"Aller de l'avant". Nino détestait cette expression.
-Je ne veux pas, répliqua-t-il.
-Nino...
-Non !s'écria-t-il soudain. Tu ne comprends pas ! Tu ne comprendras jamais ! Personne ne comprendra jamais ! Personne !
-Bien, comme tu voudras, soupira sa mère. En attendant, prépare-toi, il est l'heure d'aller en cours.
Nino poussa un profond soupir et finit de préparer ses affaires.
-Alors, Nino, toujours avec Samuel ?
-Quand est-ce qu'on le voit, ton meilleur ami ?
-Oui, il faudrait que tu nous le présentes un jour !
-Oh, au fait, tiens, j'ai ça pour toi, dit soudain Loris, un grand mince aux cheveux noirs.
Nino ne put s'empêcher de regarder, tout en restant à distance. Sur l'écran du smartphone de Loris, un article s'étalait sur une page Facebook.
Loris.
Cela fait déjà un certain temps que Nino parle tout seul - depuis la mort de Samuel. Franchement, qu'en pensez-vous ? Désespoir ou folie ? Cela fait trois ans que Samuel est mort dans cet accident de voiture. Il serait peut-être temps de passer à autre chose...
Mathias, Sarah, Joséphine et Vincent aiment ça.
Mathias : C'est comme s'il considérait que Samuel était vivant. Comme s'il pouvait encore le voir. Il commence à me faire peur.
Vincent : Je crois que même sa propre mère ne le comprend pas, c'est dire...
Sarah : Il devrait se faire soigner. Ou intégrer un hôpital psychiatrique. Les fous ne devraient pas être admis dans la société.
Mathias aime ça.
Nino pâlit brusquement en lisant l'article.
-Ce...Ce n'est pas vrai, balbutia-t-il.
-Oh, si c'est vrai, répliqua Loris.
Nino recula d'un pas.
-Tu es fou, Nino. Accepte-le. Fais face à la réalité. Tu n'es pas fait pour être ici. Tu n'es pas normal !
Les deux derniers mots lui firent l'effet d'une gifle. Et soudain, le premier coup partit. Le poing de Loris venait de frapper son visage. La douleur le fit serrer les dents. Le pied vint heurter son ventre, le poing frappa sa lèvre et son œil, il sentit le goût du sang dans sa bouche. Nouveau coup de pied dans le ventre, il se plia en deux sous l'effet de la douleur qui lui vrillait l'estomac. Le pied de Loris vint soudain frapper son visage. Il cria. Personne ne semblait l'entendre. Lorsqu'il vit le poing de Loris s'élever à nouveau, il crut que sa dernière heure venait de sonner. Il ferma les yeux, attendant le coup fatal.
Rien ne vint. Surpris, Nino rouvrit lentement les yeux. Le bras de Loris avait été immobilisé en plein vol par un jeune homme aux cheveux blonds en bataille et aux yeux marron.
-Ne t'en prends plus jamais à lui. Plus jamais. Ai-je été suffisamment clair ?
Abasourdi, Nino vit Loris hocher la tête, l'air apeuré. Lorsque l'inconnu le lâcha, il s'enfuit en courant. Alors, Nino vit l'inconnu se tourner vers lui et lui tendre une main pour l'aider à se relever.
-Est-ce que ça va ?
Nino hocha la tête en tremblant.
-Viens, lui dit le jeune homme en l'entraînant dans les toilettes.
Nino le vit mouiller une serviette et la passer avec douceur sur son visage tuméfié. La fraîcheur lui fit du bien.
-Pourquoi s'en sont-ils pris à toi ?
Nino haussa les épaules.
-Je l'ignore.
Il n'avait pas envie de révéler la vraie raison - le jeune homme l'aurait pris pour un fou.
-Ne t'inquiète pas, ils ne recommenceront pas. Comment t'appelles-tu ?
-Nino. Merci de m'avoir sauvé.
Il vit le jeune inconnu lui sourire.
-Je t'en prie. Moi, c'est Abel. Je suis en Terminale.
-Et moi, en Seconde.
-Alors, c'est pour ça que c'est la première fois que je te vois.
Les trois niveaux du lycée - Seconde, Première et Terminale - ne se fréquentaient jamais.
Nino lui rendit son sourire - et grimaça de douleur.
-Je crains que tu ne puisses pas sourire pendant un certain temps, lui dit Abel.
Nino haussa les épaules.
-Avec ce qui m'arrive, je n'aurai pas vraiment de raison de sourire.
Il vit Abel le regarder - un regard si intense qu'il faillit baisser les yeux.
-Je te promets qu'ils ne te toucheront plus.
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