
Chapitre 12
Un psychiatre. Sa mère était-elle sérieuse ? Elle pensait donc comme tous les autres. Qu'il était fou. Sa mère. Sa propre mère. Nino n'en revenait pas.
-Il paraît que c'est un homme très sérieux.
Il paraît. C'était encore pire que ce que pensait le jeune homme. Elle n'était même pas sûre de sa compétence. De toute manière, les meilleures compétences ne serviraient à rien dans ce cas précis. Il était hors de question que Nino parle de Samuel à un inconnu.
La visite fut inutile. Les questions du psychiatre se heurtèrent à un mur de silence. Nino refusa de prononcer le nom même de son ami.
Suite à cet échec cuisant, la mère de Nino lui fit comprendre que, malgré tout l'amour qu'elle éprouvait envers son fils, leur relation ne pouvait plus continuer ainsi. Soit il acceptait de reconnaître que Samuel n'était pas là, soit il partait.
Nino la regarda, bouche-bée.
-J'espère que tu n'es pas sérieuse en me disant cela...
-Je n'ai jamais été aussi sérieuse de ma vie, Nino. Je craque, comprends-tu ? Je n'en peux plus de te voir parler à un fantôme et revenir tous les soirs couverts de bleus.
-Alors, tu me chasses ? Tu me chasses parce que je souffre et que tu ne supportes pas ma souffrance ?s'indigna le jeune homme.
-Non. J'ai essayé de t'aider du mieux que j'ai pu. Tu refuses d'entendre raison. Je ne supporterais pas l'idée qu'on t'enferme dans un hôpital psychiatrique. C'est pour cette raison que je préfère que tu t'en ailles.
Un hôpital psychiatrique. Elle pensait donc comme tous les autres. Qu'il était fou et qu'il devait se faire soigner.
-D'accord, lâcha-t-il.
Il monta dans sa chambre, rassembla ses affaires qu'il mit dans un sac et partit sans un regard en arrière.
Il était parti sans réfléchir. Sans penser à sa destination, sans penser à prendre de la nourriture ni de l'argent. Il n'avait que le strict minimum sur lui. Et il ne savait pas où aller. La nuit tombait et le froid commençait à se faire sentir.
C'est pour cette raison que je préfère que tu t'en ailles.
Il n'en revenait toujours pas que sa mère ait osé lui dire une telle chose. A son fils, son propre fils, son fils unique. Comment une mère pouvait-elle être aussi cruelle ?
Sa solitude lui fit à nouveau penser à Abel. Quand il repensait à ce qu'il lui avait dit, il avait envie de se gifler. Il lui avait fait du mal. Beaucoup de mal, même s'il avait dit la vérité. Pourquoi lui avait-il dit cela ? Pourquoi l'avait-il fait souffrir ainsi ? Il songea honteusement qu'il ne valait pas mieux que sa mère.
-Va le voir au lieu d'avoir de telles pensées.
Il frémit en entendant la voix de Samuel. Il était soulagé que son ami ne l'ait pas abandonné. Mais il secoua la tête.
-Le voir après ce qui s'est passé ? Après ce que je lui ai dit ? Je ne peux pas, Samuel.
-Si, tu peux, Nino.
-Non. D'une part, il n'acceptera jamais de me revoir après ce qui s'est produit. D'autre part, Arnaud risque de faire barrière. Je ne veux pas lui causer d'ennuis.
-Vous avez besoin l'un de l'autre. Je le sens. Il est le seul qui saura te réconforter. Le seul qui pourra t'accueillir.
Nino hésita.
-Crois-tu vraiment que ce soit une bonne idée ?
-Je ne crois pas, j'en suis sûr.
Le jeune homme prit une profonde inspiration, avant de s'engager sur le chemin qui menait à la maison d'Abel et Arnaud.
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