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P - Parapluie

Mycroft s'allongea sur son canapé. Il était moulu. Il avait passé la journée entre les demandes d'un gouvernement auprès duquel il devait encore faire ses preuves, ses parents inquiets qui l'appelaient sans arrêt, et, cerise sur le gâteau, son insupportable petit frère, qui s'était mis dans la tête de devenir « détective consultant ».

Mycroft soupira et ferma les yeux, décidé à dormir une heure ou deux avant que son portable ne le rappelle à l'ordre. Sa main, en se détendant, laissa échapper son parapluie, qui heurta le sol avec un petit bruit mat. Machinalement, il tourna la tête vers l'objet qui gisait sur le carrelage, abandonné des hommes.

Et Mycroft fit ce qu'aucun membre de son entourage ne l'aurait cru capable.

Il sourit.

À la forme du parapluie s'était superposé un visage d'enfant, une bouille d'ange aux yeux tristes. Il tendit la main, et effleura la toile du parapluie avant de s'en saisir pour l'amener à son visage, et déchiffrer, encore une fois, la gravure sur le manche, qu'il connaissait pourtant par cœur.

Il se souvint...

C'était l'été. Oui, bien sûr que c'était l'été. Il était en vacances chez ses parents, avec Sherlock, qu'il était ravi de retrouver – même s'il ne l'aurait jamais avoué. Il se souvint de sa mélancolie d'alors. Il avait à peine onze ans, mais le collège l'ennuyait déjà à mourir. Il venait de découvrir à quel point il était différent de ses semblables, et comme le reste du monde, comparé à Sherlock, Eurus et lui, était lent et bête. Il se sentait seul, cet été-là, terriblement seul. Les gens se moquaient de lui, ne le prenaient pas au sérieux, rien ne l'intéressait, et il ne savait pas quoi faire de son existence.

Mycroft ferma un peu plus fort les paupières, tentant de refouler la culpabilité qu'il connaissait si bien lorsqu'il évoquait sa sœur, et se concentrer de nouveau sur le souvenir.

Il y avait une famille qui campait, non loin de la maison, un couple avec un fils. Mycroft ne s'était pas soucié de retenir leurs prénoms. Il aurait dû, bien sûr.

La mère était venue les trouver, un soir, à la tombée de la nuit. Son mari les avait quittés ce matin pour aller vivre avec une autre femme et, depuis, son fils était introuvable. Mycroft et Sherlock avaient tous les deux essayé d'intervenir, pour expliquer aux adultes un peu lents où se trouvait probablement le disparut. Mais on n'écoute pas les enfants. Surtout s'ils sont différents.

-Tu vas aller le chercher ? Avait soufflé Sherlock à l'oreille de son frère.

Mycroft se souvint de la pluie qui tombait, dehors, à ce moment-là. Un véritable déluge. Non, bien sûr que non, il n'allait pas partir seul, dans la nuit, pour un idiot qui s'était perdu ! Mais Sherlock l'avait regardé avec ces regard , et Mycroft désirait tant rester un héros aux yeux de son petit frère, ne serait-ce qu'un peu...

Alors il était partit. Avec une lampe torche comme seule arme, et un ciré contre les bourrasques. Lui, Mycroft Holmes, l'être le plus sédentaire du monde, avait bravé la tempête pour un regard de son petit frère. Le Mycroft actuel s'autorisa un deuxième sourire. Sherlock n'en avait pas conscience, mais s'il lui faisait ne serait-ce qu'une fois ces yeux-, son grand frère serait toujours prêt à tout pour lui. En rechignant, certes, mais prêt à tout quand même.

Bien entendu, il avait eu raison, sur la route qu'avait emprunté le garçon. Mais Mycroft, bien peu habitué aux efforts physiques et à la marche, surtout sous la pluie, avait mal calculé la durée et la difficulté du trajet. Si bien qu'il était complètement exténué lorsque, enfin, il atteignit les grottes.

C'était de petites grottes datant du néolithique, rien de bien folichon, à vrai dire. Un tout petit feu brûlait dans l'une d'elle, un petit phare à la lumière vacillante, perdu au milieu de nulle part.

Mycroft s'y était dirigé sans hésitation.

Le garçon était là. Assit contre la paroi, les genoux ramenés sur la poitrine.

Mycroft se souviendrait toute sa vie de cette nuit-là. Il pouvait retracer chaque mot prononcé, chaque inflexion, chaque expression.

-Je suis venu te ramener chez toi, avait-il déclaré, un peu stupidement – mais il n'avait que onze ans – en pénétrant dans la grotte.

-Je n'ai pas de chez moi, avait répondu l'autre.

Mycroft lui avait jeté un regard perplexe.

-Mon papa est partit, s'expliqua l'enfant, parce que maman était vraiment méchante avec lui. Il m'a dit qu'il ne pouvait pas m'emmener, parce qu'elle avait raconté plein de choses au juge, et que maintenant, c'est lui qui devait partir. Il m'a juste laissé son parapluie.

En effet, il y avait un parapluie noir, par terre, aux pieds du garçon.

Mycroft avait soupiré. De toute façon, la route n'était pas praticable, pour le moment, et il était exténué. Il s'était donc assis en face du disparu, dans la même position que lui.

-Comment tu m'as trouvé ? Avait demandé le garçon.

-En réfléchissant. Ta mère t'as vu partir vers le sud entre midi et midi et demi. En calculant ta vitesse de marche approximative, j'ai obtenu un périmètre de recherche. Puis j'ai recherché quels lieux pouvaient présenter de l'intérêt pour un jeune garçon d'intelligence moyenne, combiné avec ce que je savais de ton profil psychologique, c'est-à-dire que tu te sentais seul et certainement trahis. Si l'on ajoutait la pluie, les grottes paraissaient la réponse la plus probable, à 97 pourcents de chances. Élémentaire. Même Sherlock a trouvé, et il a quatre ans.

Le garçon le fixait, les yeux ronds, la mâchoire tombante. Mycroft se renfrogna. Et voilà, il venait encore de passer pour une bête de foire.

-En fait, avait soufflé le garçon, t'es comme un super héros...

-Pardon ?!

Même à cet âge-là, il n'y avait pas grand-chose capable de déconcerter Mycroft. Se faire appeler « super héros » en faisait définitivement partie.

-Tu m'as retrouvé juste parce que tu es trop intelligent ! s'enthousiasma le garçon. Mon papa, il dit que les gens intelligents, c'est cool !

Mycroft avait sourit, fier.

-Eh bien, il est intelligent aussi, ton père.

-Oui ! Avait répondu l'autre, fier comme un paon. Il est policier. Moi aussi, je veux devenir policier, plus tard. Comme ça, j'attraperai les bandits, et les gens ne pleureront plus parce qu'ils sont tristes. Toi aussi tu pourrais être un policier ! Avec ton super pouvoir de l'intelligence, tu devinerais qui sont les méchants rien qu'en les regardants !

Mycroft avait rit. Ce qui ne lui arrivait pas si souvent non plus, d'ailleurs. Mais il y avait quelque chose d'adorable, dans l'enthousiasme de ce garçon.

-Mon petit frère veut devenir un pirate, répondit-il. Du coup, je ne pourrais pas devenir policier, sinon je devrais l'arrêter.

-Zut ! Répondit l'autre, visiblement déçu.

-En plus, continua Mycroft, soudain amer, je ne pourrais pas me battre. Et je suis... Je suis trop gros pour être un « héros », comme tu dis.

-Bah nan, répliqua l'autre, visiblement surpris. Les héros sont beaux, et toi t'es beau, du coup, ça marche !

Mycroft rougit. C'était la première fois de sa vie que quelqu'un d'autre que sa mère lui disait qu'il était beau. La simple chaleur du sourire de ce gamin avait effacé en une seconde des années de moquerie, et constitué pour l'avenir une armure impénétrable.

-Sinon, continua l'autre, qui ne s'apercevait visiblement pas du trouble qu'il provoquait, tu pourrais devenir le maître du monde. Comme ça, tu pourras protéger ton frère, et en même temps, les gens auront peur de toi, et toi tu pourras sauver tout le pays !

Mycroft rit de nouveau.

-Je ne peux pas devenir la Reine !

-Ah nan, les robes, ça t'irait pas du tout ! Il faut que tu sois dans l'ombre, comme ça personne ne saurait que tu existes, sauf les méchants !

-Je ne crois pas que ce soit possible, soupira Mycroft. Les gens me répètent que je dois devenir avocat, ou ministre. Rentrer dans la société, et réussir. Ne pas dépasser des cases. Mais ça me semble tellement ennuyant...

Le garçon regarda à droite et à gauche, comme si quelqu'un pouvait se cacher dans l'ombre, et s'approcha de lui pour lui dire à l'oreille :

-On s'en fout des gens.

Et, ravis d'avoir dit un gros mot, il s'écarta, sans pour autant retourner de l'autre côté du feu.

-Oui, répondit doucement Mycroft. Tu as raison. On s'en fout des gens.

-Moi je t'aime bien, souffla le garçon. Je suis sûr que tu peux faire des choses incroyables. Et un jour, eh ben même la Reine elle pourra plus se passer de toi !

Mycroft rit, et, instinctivement, se rapprocha de lui pour se réchauffer. Le feu était en train de mourir, les plongeant lentement dans les ténèbres.

-Merci de m'avoir cherché, murmura le garçon. Ma maman m'aurait jamais retrouvé.

Mycroft, en y repensant, songea qu'en effet, sa mère ne s'était pas donné grand mal pour le chercher.

-La pluie s'est calmé, dit doucement le garçon. On devrait rentrer.

-On est pas obligé de rentrer maintenant, répondit Mycroft.

-Si, soupira tristement l'autre en ramassant son parapluie. On doit toujours rentrer, à un moment ou un autre. Et maintenant que papa est partit, maman va fouiller ma chambre, tu vois, pour reprendre tout ce qu'il m'a donné. J'aimerais qu'elle trouve pas mes comics, du coup, il faut rentrer. Tu viens avec moi ? Je connais pas la route... Et j'ai un peu peur du noir.

-Bien sûr, répondit Mycroft en se relevant. Ne t'inquiète pas. Je te protégerai de la nuit.

Ce qui ne voulait pas dire grand-chose, il s'en rendait bien compte, mais le sourire qu'il reçut en échange lui réchauffa si efficacement le cœur qu'on eut dit que le feu ne s'était jamais éteint.

-On a qu'à partager le parapluie, murmura le garçon en ouvrant les ailes noires dudit parapluie.

Mycroft avait refermé sa main sur le manche, juste en dessous de celle du garçon.

-Il y a quelque chose de gravé dessus !

-Oui, c'est le nom de mon papa...

Et ils étaient partis, tous les deux, sur la lande, serrés sous ce parapluie. Au fur et à mesure, la main du garçon avait glissé, et c'était retrouvé sur celle de Mycroft, qui n'avait rien fait pour l'en déloger, lui qui détestait pourtant le contact physique.

Avant qu'il n'ait pu s'en rendre compte, ils étaient arrivés. À quelques pas de là se trouvait le foyer des Holmes, et la caravane du garçon.

-Je n'ai pas vraiment envie d'y retourner, souffla-t-il. J'aime bien rester avec toi.

-On se reverra, lui dit Mycroft.

Le sourire du garçon étincela dans la nuit. La pluie s'était enfin tue, ne laissant sur le monde qu'une empreinte mouillée. Mycroft referma le parapluie.

-Tiens.

-Non, je peux pas, maman va le prendre ! Garde-le, toi. Garde-le pour moi ! Tu veux bien, dis ?

-Euh... Oui, oui, je veux bien.

Nouveau sourire à damner les étoiles.

Soudain, des lumières de lampes torches les aveuglèrent, et une bande d'adultes en furie débarqua sur la scène, composée des Holmes, de la mère du garçon, et de deux policiers.

La mère attrapa fermement son fils et, sans plus de considération pour les autres, le traîna jusqu'à la caravane, dont elle claqua la porte. Mycroft s'aperçut, trop tard, qu'il n'avait pas demandé son prénom au garçon.

Le lendemain, ils étaient partis.

Il ne lui restait plus de cette rencontre qu'un parapluie noir, gravé « G. Lestrade », et l'envie folle de faire quelque chose de bien de son existence. Devenir le maître du pays, par exemple.

Il n'avait jamais retrouvé le garçon. Peu après, sa sœur avait commencé à leur poser de graves soucis, et lorsqu'il avait pu enfin se pencher sur le problème, il s'était aperçu que Lestrade était un nom affreusement courant, que la mère n'avait demandé aucune autorisation de camper pour sa caravane, et que personne, dans les villages alentours, ne se souvenait d'eux.

Le garçon au prénom inconnus n'était resté qu'une chimère, un souvenir étrange de son enfance, dont il aurait douté de la réalité si un parapluie noir n'était pas venu le lui rappeler.

Il avait dû le réparer plusieurs fois, depuis, changer la toile, et creuser le manche pour y cacher une épée, et un pistolet. Au cas-où. Mais la gravure était restée là, intacte, si ce n'était la patine du temps.

Parfois, il se demandait ce qu'était devenu le garçon qu'il ne reverrait jamais. Un policier, comme il en rêvait ?

La sonnerie de son téléphone le ramena brutalement au présent.

Sherlock. « Première enquête résolu ! »

Mycroft soupira en imaginant le visage puéril que son cadet devait arborer à cet instant. Bon, puisqu'il semblait décidé dans son idée de détective, autant faire le nécessaire à sa sécurité.

Pour commencer, trouver un inspecteur fiable, qui lui donne les bonnes enquêtes, et fasse attention à ce qu'il n'aille pas trop loin, sans le considérer comme un monstre.

Il se leva pour se rendre jusqu'à son bureau, où sa nouvelle secrétaire – très prometteuse – avait rassemblée des dossiers sur tous les inspecteurs de Londres.

Il prit le premier de la pile, et l'ouvrit distraitement.

Le passé ressurgit soudain devant ses yeux.

Impossible...

Il décrocha son portable sans même y penser.

-Anthéa, lança-t-il, aller me chercher l'inspecteur Lestrade, et ramenez-le ici. Oui, maintenant. Comme vous voulez, débrouillez-vous.

Puis il raccrocha, le cœur battant à tout rompre.

J'ai mis longtemps, songea-t-il, mais je t'ai retrouvé, finalement...

Mycroft sourit, et ferma les yeux.

-Je t'ai retrouvé.

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