Monday, Bloody Monday. Je ronchonne alors que j’enfile mon uniforme pour la première fois, j’opte pour les chaussettes noires et mes docks. En ce qui concerne mes cheveux on ne m’a rien dit de particulier alors je les laisse détachés, ramenés sur le côté. A 8 heures précises Josh passe me prendre, accompagné de Coline qui a elle aussi choisi Arts plastiques le lundi matin. Aurore a choisi le sport. Alors que nous marchons je regarde en coin Coline, elle a attaché ses longs cheveux blonds, mis ses chaussettes blanches et des ballerines. Elle a l’air d’une enfant comme ça. Une fois arrivés dans le bâtiment je monte directement au troisième étage, non pas que j’ai peur mais je n’ai aucunement envie de croiser la bande à Hemmings dans la cafétéria. Il est à peine 8h45 et les salles ne sont pas encore ouvertes, quelques élèves attendent assis sur les fauteuils ou devant les casiers tandis que d’autres entrent dans la bibliothèque, ce que je fais.

Comme tout ici, la bibliothèque est imposante et bondée de livres en tout genre. Je m’éclipse jusqu’au rayon des arts, à la recherche d’une éventuelle section illustration. Au bout de quelques minutes je la vois au fond d’une allée et m’y rend. Le saint-Graal. Je pose mon sac et m’assois sur la moquette duveteuse, commençant à feuilleter les pages.

« -Salut – Me dit quelqu’un à côté de moi, je tourne la tête, Oh non…-

- Tiens qu’est-ce que tu fais ici Clifford, tu as perdu Hemmings ? – Lui lancé-je froidement-

- Non j’attends que le gymnase ouvre. – Il sourit et je remarque qu’il est en débardeur blanc et pantacourt noir, un code couleur qui s’accorde plutôt bien avec ses cheveux- tu as choisi quoi ce matin ?

- Ce ne sont pas tes affaires.

- Apparemment Luke n’a pas été assez clair lundi dernier. – Je relève la tête et me retient de le frapper au visage pour y faire disparaitre son sourire en coin-

 -  J’ai choisi arts plastique, ça te va ? – Dis-je en reposant mon attention sur le livre-

- Oh tu seras avec Calum alors ! – Il sourit et s’assois en face de moi- tu lis quoi ?

- Tu n’es pas possible – Je soupire avant de lui tendre mon livre-

- Tu t’intéresses à l’illustration ?

- C’est mon futur métier –Je me mords la lèvre aux sangs, je viens de dévoiler bêtement une petite partie de ma vie et devant lui, l’ami d’Hemmings et Irwin. Grave erreur Alouette-

- T’es sérieuse ? – Il me regarde d’un air ébahis et sincère pour une fois-

- Ouais… - Je regarde les nombreux livres au-dessus de la tête de Michael quand je vois l’intitulé ‘ Character design – Art of Disney’- Oh !

- Quoi ? – Il lève la tête surpris-

- Rien rien … »

Je fixe le livre juste au-dessus de sa tête et me demande comment je vais faire pour le prendre sans attirer son attention. Qu’il sache que je suis illustratrice ok, mais qu’il connaisse mon rêve, ça jamais. Tant pis je repasserai plus tard pour le lire. La sonnerie retentit et je me lève d’un trait, prenant mon sac dans l’espoir d’être plus rapide que Michael, mais en vain. Il dépose le livre à sa place et me bouscule légèrement. Si il n’y avait pas eût cette histoire d’accord avec Luke je lui aurais volontiers mis la tête entre les rangées de livres, mais au lieu de ça je le laisse faire et même lorsqu’il approche sa tête de mon oreille je ne dis rien, je me raidis seulement.

« Jolis tes dessous Peacock ! »

Et il s’en va. Me laissant là, raide comme un piquet. Cet enfoiré s’est amusé à regarder sous ma jupe ? Je dois serrer fort mes poings et attendre d’être calmée pour ressortir de la bibliothèque. Josh et Coline sont là et je les rejoins, le teint rouge. Inutile que je leur raconte l’épisode Pédo-Michael, alors je mens en assurant avoir eût des bouffées de chaleur.

*

L’art, une matière que j’avais travaillé sous tous ses angles à l’école lorsque j’ai commencé une année Préparatoire. A la fin de cette année j’ai choisis les études de Character designer, visant le but de travailler un jour sur les dessins animés de Disney-Pixar. Mais aujourd’hui ce n’est pas de l’illustration qu’on me demande de faire, mais de peindre la composition de mon choix, pour cela on se disperse aux quatre coins de la salle, à la recherche d’inspiration. Je pose mon chevalet face à une vieille armoire dont la peinture verte à craquelé sous l’emprise du temps. Face à cette armoire sont disposées quelques chaussures – Il est autorisé de retirer ses chaussures lorsqu’on nous en donne la possibilité- et j’y ajoute une boite à aquarelles usée, barbouillée de couleurs. Voilà ma composition. Au bout d’une heure et demie j’ai déjà fini de peindre l’armoire, j’en suis plutôt fière et le suis encore plus lorsque la prof vient me féliciter. Après tout, il n’y a que dans l’art où j’excelle et où j’ai trouvé ma place. Je commence à faire le croquis des chaussures lorsque mon voisin de chevalet m’interrompt.

« - Plutôt jolie ton armoire

- Merci – Dis-je en me retournant- Eh mais tu es…

- Calum Hood, c’est moi qui ai chanté la semaine dernière, ça t’a plu ?

- Et bien – Je bouillonne en me rappelant la scène- je ne m’attendais pas à l’entendre ici, encore moins par un Australien.

- Je ne suis pas australien.

- Tu es quoi ? Asiatique ? – Il prend un air bougon-

- Je suis originaire de la Nouvelle-Zélande, aucun rapport avec les asiatiques !

- Oh d’accord pardon – Je reprends mon dessin- C’est beau là-bas ?

- Du peu que je me souvienne oui, pourquoi ?

- Comme ça.

- C’est bon j’ai vu ta bague – Me dit-il- tu es le genre de personne qui s’intéresse uniquement à la Nouvelle-Zélande parce que c’est là-bas qu’a été tourné le Seigneur des Anneaux. – Je me retourne prête à riposter – Oh mais ne t’inquiète pas, il y en a beaucoup des faux-cul comme ça, tu n’es pas toute seule.

- En effet j’ai découvert la Nouvelle-Zélande avec le Seigneur des Anneaux, mais par la suite je me suis beaucoup renseignée dessus et j’aimerais y aller un jour. »

        Sur ces bonnes paroles je décide de lui tourner le dos et ne lui adresse plus la parole avant la fin du cours. Vraiment ces garçons ont le chic pour me foutre en rogne. Quand je repense à ce que m’a dit Michael ce matin je sens le feu me monter aux joues. Je range mes peintures et pars nettoyer les pinceaux dans les toilettes où je retrouve Calum. Je me mets à une distance de quatre robinets de lui, bien qu’il n’y ai personne avec nous.

« - L’Alouette c’est un oiseau n’est-ce pas ? – Me demande-t-il dans un français hésitant-

- Oui pourquoi ?

- D’habitude les gens n’appellent pas leurs enfants comme des oiseaux, en France. – Je lève la tête vers lui-

- Qu’est-ce que tu en sais ?

- J’ai de la famille en France, ma tante et ma grande-sœur. Je vais les voir souvent.

- C’est pour ça que tu parles français ? Et que tu connaissais cette chanson.

- J’essaye en tout cas – Il me fait un petit sourire- Oui.

- Tu te débrouilles bien. – J’essuie mes pinceaux et m’en vais-

- Eh Peacock – Oh non lui aussi il s’y met- la Nouvelle-Zélande c’est plus beau encore que la Terre du Milieu. – Je le regarde et il me fait un clin d’œil-

 - Je veux bien te croire. »

~ 

Voilà les quatres sont enfin présentés :) vos avis ?

Merci aux lecteurs !

K.