La dernière semaine de cours avant Halloween m’a semblé interminable. Aujourd’hui vendredi les cours ont fini plus tôt afin de préparer l’Université pour la soirée de demain, comme je n’avais rien à faire je me suis portée volontaire pour aider à nettoyer la cour et les locaux. Josh et moi allons nettoyer la cafétéria en compagnie de Coline et Aidan – un des français venu da la même promo qu’elle et qui est en 3B- à l’entendre parler on dirait que sa classe est beaucoup plus calme que la nôtre. Tout bien réfléchis la 3A le serait s’il n’y avait pas Hemmings et les autres. Pour me motiver à nettoyer le réfectoire je me fais un long chocolat chaud à la machine de la cafétéria. Bizarrement il est excellent.

« - Tiens tu es venue aider Peacock ? – Je me retourne pour voir Michael, ses cheveux verts pommes aplatis sous une casquette noire et… Torse nu-

- Qu’est-ce que tu fais comme ça ?!

- Je suis venu aider à transporter la sono – Il sourit et vient prendre une boisson à la machine, étant à la même hauteur que moi je détaille son torse. Je l’avais déjà vu sur le lac mais là il était tout proche- Je te plais ?

- Non pourquoi ça ? – Il perd son sourire ce qui me fait rigoler-

-Menteuse, tu me dévorais du regard ! – Il prend une bouteille d’eau et bois à grande gorgée, je regarde sa pomme d’Adam monter et descendre et je ris intérieurement. Ca faisait longtemps que je n’avais pas observé un garçon de la sorte- Alors tu fais quoi toi ?

- Je nettoie la cafétéria et le réfectoire, puis j’irai m’occuper de l’amphi, il faut nettoyer les tables. – Il sourit en coin et s’approche de moi, murmurant à mon oreille-

- Nettoie surtout le bureau sur l’estrade, comme ça je pourrai te faire l’amour dessus.

-QU… - Je recrache tout mon chocolat et le regarde qui s’en va en sautillant- Clifford revient ici ! Espèce de dégénéré ne m’approche même pas demain soir ! – Il rit et me fais un signe de la main avant de retourner dehors. Je suis rouge de honte et nettoie le chocolat que j’ai recraché-

- Il t’a dit quoi ? – Me demande Coline avec un regard innocent-

- R…Rien ! Tu ne t'en remettrais pas Coline... »

        Non mais quel idiot celui-là. Une fois le réfectoire fini je me rends dans l’amphi où je nettoie les tables. Arrivée au niveau du bureau je vire au rouge. Alors que je lutte contre des images peu chastes de Michael et moi j’entends quelqu’un entrer. Je me retourne et mon cœur loupe un battement. Devant moi se tient Hemmings, torse nu. Pourquoi fallait-il que mon pire ennemi ait un torse aussi parfait ? Il aurait pu être gras, ou alors squelettique. Mais non, sa peau laiteuse laissait apparaitre une légère ligne de poils blonds sur le haut de son torse musclé et je suis obligée de me forcer à regarder ailleurs. Un gloussement se fait entendre derrière lui et je me fige en voyant Sashane.

« - Lukey tu t’es arrêté ? Pourquoi ?

-Parce qu’on n’est pas seuls »

        Je mords ma lèvre pour ne pas les regarder. A l’évidence Hemmings et elle venaient ici dans un but particulier. Je devine ses mains brunes passer sur le torse blanc du blond et l’entends murmurer. ‘Au pire il y a encore la salle de français, j’ai les clés’. Elle dépose un baiser sur l’épaule d’Hemmings et s’en va, je tourne la tête voyant que lui n’a pas bougé, il me fixe.

« - Quoi ? –Dis-je-

- Rien tu viens juste de faire foirer mon plan.

- Eh l’Université ce n’est pas un baisodrome –Dis-je en français-

- Un quoi ?

- Laisse tomber je ne saurais pas l’expliquer en anglais… - Je soupire et me remet à nettoyer le bureau-

- Tu veux venir avec nous Cendrillon ? – Me dit-il en se rapprochant, un sourire aux lèvres-

- Tu te fous de ma gueule Hemmings ? Va donc proposer à Katia et à toute la ribambelle de filles avec qui tu as dû passer de bons moments.

- Oui mais en ce moment même, il n’y a que toi – Il se maintient contre le bureau-

- Je ne suis pas une fille facile moi –Dis-je avec un grand sourire-

- Vraiment tu n’es pas drôle, j’aurais aimé te ridiculiser. »

        Au moment de partir il donne un coup de pieds dans mon sceau qui se déverse sur l’estrade. Je me redresse pour lui faire face les poings serrés mais je suis obligée de prendre sur moi. C’est Hemmings et si il me fait vivre l’enfer sans que j’ai eût à l’emmerder, qu’est-ce que ça allait devenir si j’osais lui porter un coup ? Je mords ma lèvre aux sangs et nettoie sa connerie. Je l’entends rigoler au-dessus de moi ‘Voilà, gentille petite gamine obéissante’. Je n’en peux plus de lui, je l’ignore royalement et il finit par s’en aller. Je nettoie les vitres quand soudain j’entends la porter claquer derrière moi, suivis d’un bruit de serrure qu’on verrouille. J’y crois pas, cette enflure m’a enfermé ?! Sashane avait les clés… Je tambourine la porte dans l’espoir que quelqu’un passe par là, mais c’est le silence total. Tous les autres sont occupés à nettoyer le gymnase et l’infirmerie. Je suis seule au troisième étage.

                Je ne dois pas paniquer, quelqu’un va bien finir par remarquer le fait que je ne suis toujours pas revenue de la salle d’amphi. Mais au bout d’une heure et demie je perds espoir. Pourquoi n’avais-je pas pris mon téléphone avec moi ? Au dehors il n’y a personne, j’ai beau ouvrir les fenêtres et appeler, personne ne m’entends. Je m’assois au bord de l’estrade pour réfléchir lorsque j’entends un bruit. Je me lève dans l’espoir de crier à l’aide mais rapidement j’identifie les voix et discerne clairement les gémissements au travers du mur. Hemmings est en train de se faire Sashane dans l’amphi d’à côté. J’ai envie de crier, de hurler à Sashane de fermer sa grande gueule de salope mais je reste paralysée. Plus le temps passe et plus je me demande si quelqu’un va penser à vérifier où je suis, j’ai laissé mes affaires au réfectoire alors ça veut bien dire que je ne suis pas partie. Je fais le tour de la salle pour faire passer le temps, fredonnant des airs de chansons pour cacher les bruits obscènes venant d’à côté. Hemmings m’avait-il enfermé exprès pour que je les entende crier leur plaisir ? Pour que je sois jalouse de Sashane ? Je m’assois sur l’estrade et enfouis ma tête dans mes bras, pitié que quelqu’un vienne me chercher.

*

Deux heures que je suis ici à attendre et à mon grand soulagement mes voisins viennent de finir leurs ébats. Je retourne à la fenêtre avec un peu d’espoir mais ne vois rien d’autre que la lumière rougeoyante du soleil couchant. Je pense que Josh est rentré, Coline aussi et elle a dut prendre mes affaires en pensant que je les avais oubliées. Dans une ultime tentative je tambourine violemment contre les lourdes portes en bois de l’amphi, mais à l’extérieur c’est le silence total. Fallait-il que je me prépare psychologiquement à passer la nuit ici ? Je tremble et commence à sangloter à cette idée. Comment vais-je passer le temps alors que je n’ai plus rien à nettoyer ? Je vide mon sceau par la fenêtre et laisse les derniers rayons du soleil réchauffer mon visage.

« -Peacock ? – J’entends derrière la porte-

- Michael ! – J’hurle en fermant la fenêtre et me précipite sur la porte. Un bruit de serrure puis elle s’ouvre sur la tignasse verte de Michael. Soulagée je me jette d’un bond sur lui et le serre avec force-

- Hey ça va, tout va bien – Il glisse sa main dans mes cheveux et laisse l’autre frotter mon dos- tu es là-dedans depuis combien de temps ?

- Assez pour avoir entendu les multiples orgasmes d’Hemmings ! – Il se met à rire-

- Tu plaisantes ? Il a … -Il explose de rire-

- Ce n’est pas drôle ! Imagine toi enfermé dans une salle avec pour seul fond sonore une orgie voisine ?

- Ca ne m’aurait pas dérangé ! – Il rit et passe une main sur ma joue- Oh toi tu as pleuré.

- J’ai cru que j’allais passer ma nuit ici – Avoué-je-

- Luke est un connard mais il a ses limites tu sais.

- Pardon ?

- C’est lui qui m’a dit où tu te trouvais, il a dit avoir entendu appeler.

- Quel enfoiré ! C’est lui qui m’a enfermée ! – Dis-je en serrant les poings-

- Oui mais au moins maintenant tu peux rentrer chez toi – Il me sourit- Oh mais je vois que tu as préparé le bureau comme j’avais demandé ! –Il me lance un regard pervers-

- Je ne veux plus entendre parler de rapport sexuel Michael ! Pendant deux putain d’heures j’ai eût le droit à des gémissements et des cris. Alors non merci ! – Il rit- quoi ?

- Rien tu es vraiment une fille bizarre ! »

Il dépose un baiser sur mon front et nous descendons en bas où je récupère mes affaires avant de rentrer chez moi, remerciant encore une fois Michael de m’avoir libérée.