Je n’ai pas ré-adressé la parole à Michael et Ashton depuis l’épisode du Lac il y a deux semaines. Bon cela dit ça ne doit pas leur faire ni chaud ni froid mais lors du dernier cours de français Michael avait tenté la discussion, en français, mais je n’avais pas répondu. ‘Qu’est-ce que tu attends de nous, on s’est excusés non ?’ Avait-il lancé avec méchanceté. A vrai dire c’est vrai qu’ils s’étaient excusés, mais pas en face. Etait-ce ça que j’attendais d’eux ? Bien-sûr c’était impossible, ni lui ni Ashton n’allait prendre la peine de s’excuser, devant le regard interrogateur de Big Brother, Hemmings.

Dernier cours de sport avant le week-end, je me mets en tenue et souris en voyant la marque du bronzage toujours présente. Depuis mon arrivée à Sydney j’avais perdu un peu de poids et j’avais bronzé, ce qui pour moi était encourageant. Comme à mon habitude je rejoins Charlélie qui me fait une place à ses côtés. Aujourd’hui l’annexe est prise par les premières années qui ont un examen de badminton, je soupire, à quoi vais-je jouer ?

« - Tu aimes le foot ? –Me demande Charlélie-

- Oui, j’en ai fait avec mon père, mais…

- Mais quoi ?

- Qui dit foot dit Hemmings… - Je baisse la tête-

- Il te fait si peur que ça ? Je peux rester avec toi si tu veux Alouette, moi il ne m’effraie pas.

- Non je n’ai pas peur – Dis-je avec une pointe de fierté dans la voix- mais c’est juste que moins je le vois et mieux je me porte. »

        L’autre option c’est le handball, donc Ashton, qui d’ailleurs me lance un regard noir du genre ‘t’as pas intérêt à venir me faire chier pendant mon sport favoris’. Comment un mec aussi con avait-il bien pu s’inquiéter pour moi au Lac ? Je me remémore son bras entourant mes épaules avec facilité, son regard. Bref, pour ça je choisis le football. Les filles sont entre elles et les garçons entre eux. Amen. Sora me prend dans son équipe et nous partons jouer sur un terrain proche de celui d’Hemmings. Dans l’équipe adverse il y a quelques bonnes joueuses, pour ma part je ne me débrouille pas trop mal et je réussis à marquer un but. Lorsqu’on laisse l’autre match se jouer je m’assois sur le banc et regarde les garçons. Hemmings et Michael sont ensemble ce qui est un gros inconvénient pour l’équipe adverse. Dans cette équipe se trouve Charlélie, je le regarde se frayer un chemin entre les deux glandus puis marquer. Je ne sais pas s’il peut m’entendre mais je l’applaudis. Il se retourne vers moi, me fais un signe de la main et se replace, Michael lui me lance un regard noir et ne parlons même pas d’Hemmings, s’il pouvait me tuer d’un seul regard il le ferait.

*

        A la fin de l’heure un ultime match oppose une équipe masculine à une équipe féminine. Par chance je suis contre Charlélie. L’autre équipe des garçons est sur le terrain à côté et j’entends déjà Ashton et Calum en train d’encourager leurs amis. C’est un match amical, je marque un but pour mon équipe et réussis à contrer une attaque de Charlélie, ce dernier rigole et me fait une légère pichenette sur le haut du crane ‘Tu aurais pu me laisser marquer !’ J’aurais pu en effet. Le match est sur le point de se terminer lorsque j’égalise et souris quand les filles se jettent sur moi. Notre honneur est sauf. Je me démarque une dernière fois avant d’entendre le sifflet résonner et de me prendre un ballon en plein dans l’arrière du crâne. La vitesse à laquelle la balle me percute me coupe la respiration et je lutte pour récupérer de l’air. Au lieu de ça la douleur dans mon crane s’intensifie et je commence à tanguer. Mes oreilles bourdonnent violemment, tout est flou autour de moi, la dernière chose qu’il me semble discerner c’est Charlélie qui tente de me rattraper, puis je vois blanc et m’effondre au sol.

*

        Je me réveille, la bouche pâteuse. Autour de moi il n’y a personne, je vois seulement de hautes colonnes blanches qui maintiennent la gigantesque voute. Où suis-je ? Ce lit n’est pas le mien, on dirait un lit d’hôpital dans les séries américaines. Quelqu’un s’approche et je tourne soudainement la tête. Trop rapidement car je suis automatiquement prise de vertiges et rends mon repas du midi

« - Oh tu ne vas pas mieux ! – Murmure une belle jeune femme face à moi, elle nettoie sans rechigner et redresse ma tête lentement pour poser un pack de glace sous mon crane- je m’appelle Katia, je suis l’infirmière de l’Université.

- I…il s’est passé quoi ? – Dis-je en essayant de parler anglais correctement. Lutter contre un mal de tête et des vomissements ça vous empêche de penser à parler anglais-

- Tu as reçu un ballon de foot à l’arrière du crâne. Rien de grave mais tu risques d’être un peu sonnée jusqu’à ce week-end – Me dit-elle d’une voix douce-

- Mes affaires elles…

- On te les a apportées ici, c’est bien ça ? – Elle met un sac à ma hauteur, je murmure un faible ‘oui’- parfait. Bon je vais te laisser te reposer encore une petite heure ensuite tu pourras rentrer et te reposer directement chez toi.

- Merci, c’est gentil. »

        Elle s’en va et je repose la tête sur l’énorme oreiller. Ce ballon, j’avais ma petite idée sur qui l’avait lancé. Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il avait eu besoin de me tirer dessus ? Ou alors c’était un accident et je suis en train de devenir parano. Je soupire et somnole, la douleur est trop grande pour que je puisse m’endormir totalement.

« - Je sais que tu ne dors pas Camden – Je me réveille en sursaut à l’entente de cette voix-

- H…Hemmings qu’est-ce que tu fous là ? Les cours sont finis.

- Je sais et crois moi que je ne serais pas là si on ne m’avait pas forcé à venir.

- Je ne comprends pas – Je fronce les sourcils-

- On m’a demandé de venir m’excuser.

- T’excuser de ? – Je réfléchis et lui lance un regard noir- c’était donc de toi ?

- De qui d’autre ça pouvait être ? – Il ricane et s’assois au bord de mon lit, je m’écarte avec précaution pour ne pas avoir à vomir devant lui. Quoi que sur lui ce serait pas mal- J’ai dit à tout le monde que je n’avais pas fait exprès et Michael a confirmé.

- Le contraire m’aurait étonné – Dis-je en lui offrant mon plus beau sourire ironique- Et donc tu es là pour confirmer ta version des faits ? C’est galant de ta part Hemmings.

- Qui irait me contredire de toute façon. – Un long silence s’installe entre nous-

- Tu voulais me tuer ? – Demandé-je-

- Oh non, je m’amuse bien avec toi alors pourquoi tout gâcher ? – Il m’adresse un sourire carnassier-

- Vu comme ça, j’aurais préféré que ce ballon me tue. – Dis-je en me tournant dos à lui, au bout d’une dizaine de minutes de silence j’imagine qu’il est parti mais je sursaute en entendant sa voix grave au creux de mon oreille-

- Tu m’énerves Camden

- Pourquoi ? – Dis-je à demi tremblante-

- Car même lorsque tu es dans une position de faiblesse, tu ne te soumets pas. –Je me retourne et lui fait face, fixant mon regard dans ses yeux pourtant d’un si joli bleu –

- Tu veux quoi hein ? Que je pleure ? Que je te supplie de me laisser tranquille ?

- Pleurer ça je sais que tu l’as déjà fais – Il ricane- non je veux te voir souffrir et exactement, me supplier.

-Tout ça à cause d’une foutue place au Starbucks, tu crois pas que tu t’enflâmes ?

- Personne ne me tiens tête, pas même une fille – Il soulève rapidement le drap, heureusement je suis toujours en short et débardeur mais ça ne l’empêche pas de me détailler de la tête aux pieds. J’ai envie de me cacher mais ce serait  me montrer faible, alors je ne bronche pas- enfin fille…. C’est un bien grand mot.

- En attendant t’as pas une si grosse queue que ça – Son visage se crispe-

- Et qu’est-ce que t’en sais ?

- Quand tu es en slim, ça n’a pas fière allure, tandis que Michael… - Il m’attrape par les cheveux me faisant pousser un cri de douleur-

- Peut-être que j’aurais dû tirer plus fort finalement – Ses dents sont serrées et je peux lire la haine dans ses yeux. Il passe son autre main derrière mon crâne alors que mes mains sont sur son bras dans mes cheveux, y plantant mes ongles-

- A…Arrête tu me fais mal ! – Dis-je en sanglotant alors qu’il appuie à l’endroit même de ma douleur, créant des décharges qui me parcourent-

- Supplie-moi ! – Je tente de mordre son bras mais la seule chose que je gagne est une gifle- franchement t’es pas marrante Camden. – Il lâche mes cheveux et remet le drap en place quand Katia entre. Il change alors d’attitude et fais glisser ses doigts fins le long de ma joue meurtrie- Salut Katia – dit-il en un sourire charmeur-

- Oh Luke c’est toi ! J’ai entendu du bruit je…

- Oui je suis venu la voir pour m’excuser, c’est moi qui ai frappé dans le ballon. – Il se tourne vers moi et son regard change totalement d’expression, il murmure à mon oreille- dit quoi que ce soit et cette fois-ci je te ferai souffrir jusqu’au bout. – Sur quoi il embrasse ma tempe et se retire avec un sourire vainqueur au visage, je suis dégoutée, il vient d’embrasser ma tempe !- Au fait Katia, tu es libre ce soir ?

- Oui oui mais Luke on ne devrait pas trop s’afficher – dit-elle en me regardant en biais-

- Oh non, je la connais, elle ne dira rien. Je passe te prendre vers 20 heures ?

- D’accord – dit-elle en gloussant- Michael t’attend derrière la porte au fait.

- Merci Babe – Il s’en va en glissant une main sur les fesses de Katia, un regard dans ma direction- rétablis-toi bien Alouette. »

        Ce connard m’a appelé par mon prénom ? Je mords ma lèvre jusqu’aux sangs et reprends mes affaires, assurant Katia que je vais mieux. Je ne peux plus la regarder en face, elle se tape Hemmings ? A vrai dire, elle a de quoi lui plaire. Son bonnet C me saute aux yeux maintenant que j’y pense, une taille fine et des cuisses sveltes. Le style de fille qui plait à Hemmings, mon opposé. Je sors de l’Université d’un pas maladroit, j’ai toujours aussi mal et le fait que cet enfoiré ait appuyé ne m’aide pas, puis je rentre chez moi où je m’effondre en larmes sous le poids de la douleur. Je ne cèderai pas à ce connard, jamais je ne le supplierai !