
Prologue
Laïa, 17 ans avant
- Continuez ! Poussez ! Encore ! s'exclamait sans relâche la sage-femme qui était chargée de faire naître l'enfant. Ce dernier ne prenait pas énormément de temps à sortir, et glissait doucement dans les bras de la femme.
- C'est une jolie petite fille, annonçait-elle, en souriant.
On avait coupé le cordon ombilical, et la sage-femme avait déposé l'enfant dans les bras de sa mère, épuisée par l'effort.
Malgré sa fatigue, Sohanne ne pouvait s'empêcher de laisser apparaître le sourire qui prenait forme sur ses lèvres. Sa fille était en bonne santé, ne présentait aucun signe de maladie, et semblait calme. Amiel s'approchait doucement de sa femme, et prenait délicatement la petite main de l'enfant.
- Elle est magnifique, murmurait-il, avec la même expression que Sohanne, collée au visage.
Un raclement de gorge retentissait derrière eux. Ils se retournaient vers la provenance de ce son.
- Excusez-moi... nous allons devoir procéder à plusieurs examens, pour voir si elle ne présente aucun mauvais signe de santé, leur disait l'infirmière.
La mère lui donnait l'enfant, sous les sourcils froncés du père, et l'infirmière quittait la pièce avec leur fille.
- Elle va bien, ne t'inquiète pas, chuchotait Sohanne à son mari, inquiet.
- Mais s'ils vérifient son ADN, nous ne savons pas co-
Sohanne le coupait, d'une main posée sur son bras :
- Ils ne vont pas toucher à son ADN, je te le promets.
Il hochait la tête, venant de comprendre ce qu'elle lui avait dit. L'infirmière revenait quelques instants plus tard, leur fille dans les bras, et lâchait :
- Elle est en parfaite santé ! Félicitations ! Je vous laisse quelques minutes en famille, et je reviens après.
Puis elle sortait, leur laissant la petite fille dans les bras de Sohanne. L'enfant s'éveillait lentement, et observait ses parents de ses petits yeux.
- Ses yeux... bleus turquins ! s'exclamait Amiel.
La mère aquiescait tristement. Ils seraient obligés de fuir.
Hoz, 8 ans avant
Hoz s'asseyait seul sur le banc en bois, dans un coin à l'écart des autres enfants. Il n'arrivait pas à bien les comprendre. Ils passaient leur temps à courir pour jouer à des jeux complètement débiles, qui ne faisaient que les fatiguer encore plus. Hoz n'en avait jamais ressentit le besoin. Il aimait être seul sur ce banc, regarder les autres, et balancer ses jambes au rythme du vent léger. Personne n'osait venir le déranger.
Quand la pluie commençait à tomber, il ne bougeait pas d'un poil. La cloche avait déjà sonné pour dire aux élèves de se mettre à l'abri. Tous avaient aussitôt courru pour aller sous le préau. Sauf lui.
Une maîtresse s'en était rendue compte, et était allée le chercher. Il l'avait suivi sans broncher, parce qu'il n'aimait pas créer d'histoire.
Les autres élèves étaient rentrés dans leur classe respective. La maîtresse qui l'avait raccompagnée sous le préau, s'était mise à genoux devant lui, pour être à sa hauteur.
- Pourquoi tu n'es pas rentré avec les autres ? lui demandait-elle, un peu mouillée par l'averse.
Hoz lui répondait par ce qui lui passait par la tête :
- Parce que je n'en avais pas besoin, et parce que je n'en avais pas envie.
La maîtresse hochait la tête. Elle savait que Hoz avait quelque chose en plus par rapport aux jeunes de son âge, mais elle n'arrivait pas à mettre la main dessus. Hoz paraissait plus... mature, plus... intelligent, plus... conscient de ce qu'il se passait autour de lui.
- Allez, viens, on rentre, lui proposait-elle, et il la suivit sans un mot.
Pourtant, lorsqu'il entrait dans sa classe, tous les regards se tournaient vers sa petite silhouette. Il regagnait sa place, située au deuxième rang, et il entendait son voisin rire méchamment.
- T'es vraiment nul ! Tu ne pouvais pas faire comme nous ? Je suis sûr que tu as déjà attrapé un rhume ! En plus, t'es trempé comme une poule mouillée ! chuchotait-il, sans arrêter de rire.
C'est à ce moment-là, qu'il s'était rendu compte qu'il ne pourrait jamais être aimé par les autres. Parce qu'il était trop différent.
Tiwan, 11 ans avant
- Je croyais t'avoir dit d'aller dans ta foutue chambre ! s'exclamait le père de Tiwan, énervé que son fils ne lui obéisse pas.
- D'accord, papa, disait Tiwan d'une toute petite voix, ayant encore peur de son père.
Il montait dans sa chambre, et s'asseyait sur son lit. Il ne comprennait pas pourquoi son père était comme cela. Que lui avait-il fait pour mériter autant de colère ?
- Je suis rentrée ! entendait-il sa mère crier.
Il se faisait violence pour ne pas courir et se jetter dans ses bras. Son père lui ferait encore des reproches, et pour rien au monde, il ne voulait attiser encore plus sa colère. Alors, il attendait sa mère sagement dans sa chambre.
Lorsqu'il la voyait sur le pas de la porte de sa chambre, il ne pouvait s'empêcher de foncer dans ses bras grands-ouverts.
Quelques instants plus tard, il se reculait, et sa mère lui demandait :
- Ça va, mon chéri ?
Il ne voulait pas lui dire que non, alors il mentait.
- Oui, répondait-il, puis il ajoutait, tu veux bien dessiner avec moi ?
Il voyait bien qu'elle ne voulait pas vraiment, mais il avait quand même voulu demander. Puis elle avait accepté, et son père apparaîssait dans leur champs de vision. Mais Tiwan ne voyait que son regard réprobateur.
- Le repas est prêt, annonçait-il d'une voix sèche.
Sa femme le regardait bizarrement, et se levait pour le suivre dans la cuisine.
- Tu viens, Tiwan ? interrogeait-elle son fils.
Ce dernier lui emboîtait le pas sans rien dire, et une fois dans la cuisine, ils s'installaient chacun à leur place habituelle. Le père servait le plat, qui s'avérait être des tomates farcies, et pendant ce temps, Évana demandait à son fils de leur raconter sa journée. Tiwan le faisait avec plaisir, ravi de savoir que sa mère s'intéressait à lui, à l'inverse de son père.
Quand le repas était terminé, la petite famille s'installait dans le canapé, devant la télévision.
- Tiwan, tu vas dormir, tu as de l'école, demain, lâchait son père.
Il se levait du canapé, disait bonne nuit à ses parents, et soudain, son géniteur le poussait, et murmurait :
- Plus vite que ça.
Il le poussait plus fort, et cette fois-ci, Tiwan trébuchait sur le fin radiateur du mur d'en face. Et il perdait confiance.
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