C'était une magnifique ruine. Elle devait datée du 1er siècle, mais des personnes, pendant des siècles, avaient construit et reconstruit cette bâtisse. Ses murs étaient d'un vieux marron gris avec de la mousse grimpant et s'accrochant sur les briques. Le lierre tournait et ondulait sur les murs encore debout et, comme cet ancien château se trouvait dans une forêt, sautait parfois sur les arbres aux alentours. Je viens souvent ici. Je dessine. C'est calme et reposant. Avant de partir, je fais un petit tour dans cet endroit magnifique autant qu'étrange car il y a un mur à l'aspect étrange. Des reflets bleutés ondulent. Quelques fois, ils changent de couleur et virent au rouge orangé ou bien dans un vert pomme. Mais jusqu'à maintenant, rien d'autre d'étrange ne s'est passé. Je ne m'en inquiète pas. Ces ruines se situent dans la forêt de Brocéliande dans le nord de la France.

Nous sommes un mercredi après-midi et comme d'habitude je me rends dans mon petit « sanctuaire ». Je m'assois sur une pierre et écris. Je ne fais pas que dessiner ici ! Une ou deux heures passent. Je remballe mes affaires quand l'endroit s'assombrit violemment. Les nuages doivent cacher le soleil. Je fais le tour du site mais l'obscurité se fait de plus en plus intense. Le vent crie tout en me fouettant le visage. Les arbres crissent et gesticulent. Le vent s'arrête. La neige commence à tomber à gros flocons. Je sors ma lampe de poche. Je lui tape dessus car elle ne veut pas s'allumer.

« Allez marche ! Allez ! » Grogne-je.

Elle clignote.

« Allez !! Tu vas marcher ?! »

Allumer ! Enfin ! Un puits de lumière s'élève depuis le mur ondulant, multicolore. Je m'approche. Je tremble. J'entends des voix. Elles sont fantomatiques. Je longe la paroi se trouvant en face. Une brique tombée depuis longtemps laisse entrevoir la scène : deux fantômes parlent. Mince ! Je viens d'éternuer. Ils regardent dans ma direction et sautent dans le mur.

« Oh zut ! D'où viennent-ils ces deux là ? »

Comme ils sont partis, je m'avance vers le mur ondoyant. Je l'examine. Entendant un craquement derrière moi je me retourne vivement. Rien.

« Aïe ! »

Quelque chose vient de m'agripper le bras. C'est un bras fantôme !

« Au secours ! Au secours ! Aidez moi ! »

J'oublie que je suis seule. La poisse.

« Ah ! »

Il m'a tiré. Il fait noir. J'entends des bruits, des sons. Tout s'éclaircit mais je ne peux pas ouvrir les yeux.

« Mais pourquoi tu l'as tiré ?! S'exclame une première voix.

-Elle... Elle... Elle m'a fait peur ! C'est la première humaine que je vois depuis des siècles ! Oh là là... se plaint une seconde.

-En plus le portail s'est refermé ! Bravo Mozart !»

Il a dit Mozart ?! Mais où je suis ? Je n'arrive toujours pas à ouvrir les yeux.

« Apportons-la à Jack » souffle la première.

Ils me soulèvent et me posent sur quelque chose. On dirait la banquette de la Ford de ma mère.

« Argh ! grogne "Mozart ".

-Quoi encore ?

-Comment on démarre ça déjà ...

-Tu mets ça ici et tu tournes. »

Un bruit de clé et de moteur.

« Tu écoutes Kennex quand il te parle ?

-John ? Pourquoi je l'écouterais ? »

Quelqu'un soupire.

« Laisse tomber. »