Six
Je suis revenu dans ma famille quelques mois plus tard, pour fêter tes dix-huit ans.
Je me souviens encore du magnifique tableau que l'on fesait, nous quatre rayonnants dans nos tenues de soirée. Droit, le sourire aux lèvres, tu étais magnifique dans ta chemise blanche. Tes yeux semblaient encore plus pétillants que le liquide contenu dans le verre de champagne que tu tenais à la main. J'étais fière de toi, tu sais ?
Je pensais que tu avais repris ta vie en mains, que tu étais revenu sur le droit chemin. Tu cachais bien ton jeu. Ta vie entière n'a été qu'une pièce de théâtre dont tu jouais si bien le personnage principal que même leq autres acteurs y croyait.
Alors imagine quelle fut ma stupéfaction, mon désespoir et ma colère lorsque Papa m'appelé ce soir funeste pour me demander de les rejoindre lui et Maman à l'hôpital. Lorsque j'ai entendu la secrétaire d'accueil du hall m'orienter vers un couloir où le panneau indiquait "urgence réanimation", j'ai compris ce qui c'était passé. Mais lorsque j'ai lu ton nom sur la porte avec en dessous la description de ton état à ton arrivée, la boule dans mon estomac s'est resserrée.
Effectivement, lorsque je suis entrée dans la chambre, je t'ai vu allongé sur un lit avec les appareils débranchés et j'ai compris qu'il était trop tard. Papa et Maman m'ont pris dans leurs bras. On a laissé les larmes couler. On est rentré à la maison et lorsque ma tête s'est posée sur l'oreiller, mon esprit s'est mit à vagabonder. Je revoyais nos engueulades, nos prises de bec, les réconciliations... Je t'ai vu grandir, évoluer sans jamais imaginer que tu disparaisses avant moi.
Sur mes joues, coule à présent un mélange de pluie et de larmes. Alors que les autres s'en vont, tapient sous leurs capuches et parapluies noires, je reste près de la tombe où ton corps repose maintenant. Agenouillée près de ta pierre tombale, je suis là, à te parler de ton ancienne vie. De ma vie. Notre vie.
À toi, qui a peuplé ma vie, de cris, de pleurs, de rires et de bonheur. À toi, qui a contribué à faire de moi ce que je suis.
Je voulais te dire une chose.
Je te déteste parce que si tu n'avais pas fait de connerie, je ne serais pas penchée sur cette tombe où est gravé ton nom.
Je te déteste parce que si tu t'étais vraiment repris en main comme tu prétendait l'avoir fait, je serais penchée tranquillement sur mes notes de cours, n'ayant pour seuls soucis de réussir mes examens.
Je te déteste parce que si tu n'avais pas bu comme un malade pour prendre le volant après, Papa et Maman n'auraient pas besoins de repayer la voiture dans laquelle tu es rentrée pendant l'accident.
Mais je voulais aussi te dire que je ME déteste parce que si j'avais réagis lorsque tu étais isolé à ton entrée en 6ème, tu ne te serais peut-être pas tourné vers les mauvaises personnes, tu n'aurais peut-être pas fumé si tôt, tu n'aurais pas bu avant de prendre le volant ce soir là, et surtout, surtout, ton nom n'aurais sans doute pas été gravé sur cette pierre grise. Je m'en veux. Mais je t'en veux aussi à toi, Justin.
À toi, frère de malheur.
Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai toujours fort.
Ta soeur.
Mathilde.
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