Le temps est passé et moi-même commençait à te trouver intéréssant.
Enfin, Papa et Maman me laissaient t'approcher sans trop me surveiller. Une fois, je t'ai même sauver la vie, t'en souviens-tu?
Personne ne le sais parce que j'étais seule dans la pièce avec toi. Tu avais alors trois ans et j'en avais eu sept le mois précédent. Sept ans, c'est l'âge de raison m'avait-on dit.
Nous jouions aux Légos dans notre chambre lorsque soudainement tu t'es levé pour aller aux toilettes. Seulement, tu as failli tomber, te prenant les pieds dans tes lacets défaits. Te sentant perdre l'équilibre, tu t'es retenu au premier meuble que tu as vu: la bibliothèque branlante que Papa avait oublié de fixer au mur. Cette dernière s'est mise à basculer dangereusement vers l'avant. Lorsque j'ai vu le meuble tomber, je t'ai attrapé par le bras et je t'ai écarté de la trajectoire de la bibliothèque, supprimant ainsi l'obstacle que formait ton corps sur le chemin qui séparait le meuble du sol.
Lorsque Papa et Maman sont arrivés pour constater les dégâts et qu'ils ont demandé qui était le coupable de ce désastre, ta bouche est restée obstinément et hermétiquement close.
Alors j'ai fait un pas en avant en fixant le sol.
Ils ont criés et m'ont puni dans la chambre. Ce soir là, il y avait du gâteau au chocolat, mon dessert préféré et je n'en ai pas eu. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça.
Peut-être que je voulais paraître héroïque, ou alors parce que je ne voulais pas leurs montrer à quel point tu ne correspondais pas à l'idée qu'il se fesait de toi. Je ne voulais pas voir leurs visages se décomposer lorsqu'il verrait le masque idolâtré disparaître.
Plusieurs années sont passées et à chaque fois c'était le même scénario. Toi et moi jouions un rôle et l'expérience avait tellement affiner notre jeu que le public ne se rendait pas compte de la mise en scène.