Chapitre 44
/!\ Il y a eu un double update, n'oubliez pas le chapitre 43 avant celui-ci. ;)
Le temps semble se figer.
L'acier brille sous la lueur des flammes, et Jisung n'a pas le réflexe de bouger. Ses muscles sont tendus, prêts à rompre. Tout ce qu'il voit, c'est Tian. Son mari. Son geôlier. Son bourreau. Son regard est tordu d'une fureur glaciale, une détermination froide et implacable gravée sur ses traits, et l'oméga sent la terreur l'étreindre. Deux ans. Deux ans à tenter de l'oublier et de guérir les blessures, mais toutes les plaies à peine cicatrisées se rouvrent en un simple regard. Et pourtant malgré sa peur, et la soumission que son instinct lui impose, il sent la haine l'envahir. Il va mourir ainsi, sans même pouvoir bouger un peu, sans chercher à éviter le coup.
Le noiraud a à peine le temps d'inspirer qu'une silhouette fuse devant lui. De longs cheveux châtains dansant dans le mouvement.
Un choc brutal.
Minho.
L'acier trouve la chair dans un bruit immonde. L'alpha, interposé entre eux deux, a stoppé la lame au prix de son propre corps. La pointe de l'arme s'enfonce dans son épaule, déchirant le tissu et la peau, arrachant un grognement rauque au châtain. Mais il ne flanche pas. Son regard, flamboyant, se rive à celui de Tian. Il agrippe la lame pour l'empêcher d'aller plus loin, ses doigts tremblants et ensanglantés se refermant sur le métal malgré la douleur.
Tian souffle entre ses dents, sa prise se raffermit sur le manche de son arme. Mais Minho ne cède pas. Les dents serrées, il toise le chinois avec dégoût, une haine infinie sillonnant ses veines.
— Tu ne le toucheras pas.
Sa voix tremble, toutefois il est déterminé. Jisung assiste à la scène mais il a bien du mal à croire que c'est réel. Sa main se serre sur le manche de l'épée droite qu'il a ramassé plus tôt. Minho... Minho est blessé... Tian a blessé Minho, son Minho, son amour, il a... Il ne réfléchit plus, et c'est un coup d'estoc qui est porté à son époux, libérant par là son amant de la lame du chinois. Sa fente est défaite d'un coup d'épée, l'acier crissant horriblement contre l'acier. Déséquilibré par la force de la parade, le noiraud ne voit pas arriver le revers de Tian qui le heurte violemment à la joue. Sonné, il titube sous le coup, manquant choir dans l'étang. Il se rattrape, malhabile, mais la vue de Minho, un genou à terre à tenir son épaule endolorie, le visage blême ne fait que renforcer son désir d'achever cet homme.
Son attention est détournée un instant lorsque les bruits du tumulte se rapprochent, lorsque des cris retentissent, le son de courses effrénées sur les graviers, le bruit de l'eau qui se voit troublée par les hommes qui y plongent, les corps qui y tombent. Des coups de feu retentissent, forts et brefs mais ils résonnent dans les oreilles de l'oméga qui perd pied.
Il comprend enfin. Il comprend ce qu'il n'arrivait pas à concevoir il y a quelques instants encore, dans la cour du palais, lorsqu'il voyait les soldats et les "justes" s'en prendre aux conseillers. Il comprend et il ne fait pas exception. Il veut voir cet homme mort. Il veut lui faire payer tout ce qu'il lui a fait. Lui faire payer le prix fort pour sa rédemption.
Une rage noire s'éveille en lui. Les cris et le chaos autour de lui s'estompent, et il voit clairement. Il a été un pion, un jouet entre les mains de Tian. Il se souvient des nuits passées à pleurer, à se demander s'il serait un jour libre. La douleur de la trahison, la honte de la faiblesse, tout cela s'amplifie, et il ne peut plus l'ignorer.
Tian, ce monstre, doit payer. Jisung veut le voir mort, voir son arrogance se transformer en terreur. Il veut lui faire payer tout ce qu'il lui a fait, tout ce qu'il a volé. Lui faire payer le prix fort pour sa rédemption, pour toutes les souffrances qu'il a endurées. La haine bouillonne en lui, une force qu'il n'a jamais connue.
Il se redresse, la colère nourrissant chaque fibre de son être. L'épée brille d'un éclat sinistre alors qu'il la pointe vers Tian, Ses yeux à demi cachés par sa tignasse folle, sa voix, maintenant forte et assurée, résonne au milieu du tumulte.
— Tu m'as tout pris, Tian. Ma dignité, ma paix... L'enfant...
Il déglutit, sa haine, la souffrance déchirant chaque mot.
— Il n'aurait jamais dû être de toi... Jamais...
L'homme le regarde, et un sourire nait sur son visage, qui se transforme rapidement en rire amer et moqueur.
— Tu parles comme si tu avais eu le choix. Comme si moi aussi, j'avais eu le choix... Je n'ai jamais voulu ce mariage. Nous sommes deux dans l'histoire. Sauf que moi j'ai accepté.
Jisung ne lui laisse pas le temps d'aller plus loin. D'un cri rauque, il fond sur Tian, son épée s'abattant avec une violence déchaînée. L'acier crisse, tranche l'air dans un sifflement mortel. Tian pare de justesse, le choc lui arrachant un grondement tandis qu'il recule d'un pas sous l'impact. Mais il contre-attaque immédiatement, fendant droit sur le noiraud, le forçant à esquiver.
Le combat devient brutal, sans grâce, une danse de rage et de haine. L'oméga frappe encore, encore, ses coups frénétiques guidés par sa colère et sa douleur. Tian, plus méthodique, se défend, analyse ses ouvertures, et lorsqu'une faille se présente, il l'exploite. Son genou heurte brutalement l'abdomen de Jisung, lui coupant le souffle. Profitant de sa faiblesse, il l'attrape sans ménagement, l'attirant contre lui. Tian en profite pour lui susurrer quelques mots à l'oreille, un murmure empoisonné, avant qu'il claque des dents comme pour signifier à l'oméga qu'il aurait pu le croquer.
— Au moins, tu étais docile dans un lit.
Le dégoût éclate dans le regard du noiraud, une nausée violente s'élevant en lui. La proximité lui arrache un frisson de rage et d'horreur, et il réagit immédiatement, un poing rageur s'écrasant contre la tempe de Tian. Le chinois recule sous l'impact, surpris, et Jisung en profite pour se libérer de son étreinte, sa lame s'élevant à nouveau, prête à lui faire payer chaque mot, chaque humiliation.
Minho qui suit la scène avec dépit, et fait signe aux révoltés qui s'approchent de s'emparer de l'alpha chinois qui résiste. Mais il doit calmer son oméga. Il doit le faire revenir à lui alors qu'il semble aveuglé de colère.
— Jisung...
Mais ce dernier n'écoute pas, il n'entend rien. Tout son être est concentré sur Tian, désireux de lui faire payer.
— Jisung, arrête!
Son bras valide s'élève tandis qu'il se remet difficilement sur pieds. Les insurgés arrivent et se saisissent du conseiller tandis que lui-même vient se saisir de son amant, qui n'apprécie pas le geste. Il se débat, tente de faire lâcher Minho, mais ce dernier tient bon
— Laisse moi! Je dois...!
— Tu dois quoi Jisung??
— Il doit payer! Il doit payer ce qu'il m'a fait!
Alors Minho oublie la blessure à son épaule et sa main se lève, tremblante et faible, mais il se saisit du menton du noiraud pour le forcer à le regarder, qu'il le voit, qu'il revienne à lui.
— Il payera! Mais de façon juste! Tu ne peux pas le tuer, tu ne veux pas vraiment te salir les mains comme ça! C'est pas toi ça, Jisung!
S'il s'est calmé l'espace d'un instant, le temps de croiser le regard chagriné de son alpha, L'oméga se débat de nouveau et d'un coup de main, rejette celle de Minho sans penser à sa blessure et se recule vivement, non sans voir que Tian s'est fait maîtriser par les mutins.
— Tu n'as aucune idée de ce que j'ai vécu! Tu n'en sais rien!
— Alors explique moi! Dis le! DIS LE!
Les lèvres du noiraud s'ouvrent et se ferment, mais aucun son n'en sort. Tenant son épée, il porte malgré tout les mains à ses cheveux en désordre. Tout s'emmêle, tout tourne dans sa tête. Minho ne bouge pas, il attend. Il attend que Jisung lâche ce qu'il a sur le cœur, qu'il explose, qu'il lui crache enfin sa douleur. Les insurgés retiennent Tian, mais ce n'est plus lui qui occupe toute la vision de l'oméga. C'est Minho. Minho qui le regarde, qui attend, qui veut comprendre.
Et alors, ça éclate.
— Tu veux savoir, Minho?! Tu veux que je te dise?! Il m'a pris ma vie! Il m'a arraché tout ce que j'étais, il m'a brisé, il m'a souillé, il m'a...
Il hurle. Jisung hurle, sa voix brisée par des sanglots qu'il ne contrôle plus. Sa respiration est haletante, il tremble de rage et de douleur mêlées.
— Je l'ai porté! Cet enfant, je l'ai porté, et il est mort! Parce qu'il n'était pas de toi! Parce que mon corps a refusé de lui donner la vie! Et lui, lui il revenait, encore et encore, et je devais survivre, je devais faire semblant...
Il serre les poings si fort que ses ongles s'enfoncent dans sa paume. Ses yeux sont noyés de larmes qu'il refuse de laisser couler. Il désigne Minho de la pointe de son épée, accusateur soudain.
— Et toi tu étais où, Minho?! Tu étais où quand j'avais besoin de toi?! Quand je devais avaler ces concoctions pour ne pas avoir d'enfants?! Pour aller à l'encontre même de la nature?!
Minho encaisse chaque mot comme une lame s'enfonçant dans sa chair. Il voudrait parler, il voudrait dire qu'il aurait tout donné pour être là, qu'il aurait tout détruit pour le sauver plus tôt. Mais ce n'est pas le moment. Jisung doit hurler, il doit vider son cœur du poison qu'il porte depuis trop longtemps. Et lui doit subir, entendre tous ces mots. La culpabilité l'accable, et il ne sait même pas comment se faire pardonner. Il se refuse ce pardon, ne l'attend pas et ne le demandera jamais. C'est chose impossible, pas après que son inaction ait valu la destruction de son âme sœur, même si cette retenue s'est faite pour une cause qui paraissait juste sur le coup... Qui paraît désormais si dérisoire devant la blessure béante qui a pris la place du cœur de l'oméga.
— Alors ne me parle pas de justice, Minho! Ne me parle pas de ce qui est juste ou non! Rien ne l'a été pour moi! Rien! J'ai été vendu! On m'a mis dans une cage! Enchainé! Acheté! Violé! Baisé!
Et il s'effondre. Pas physiquement, mais tout en lui s'écroule. Ses épaules s'affaissent, sa poigne sur l'épée se relâche, son regard se perd quelque part entre colère et détresse.
Minho s'approche, lentement, prudemment, comme on approche un animal blessé. Il tend sa main intacte, son regard est si doux, si navré, il souffre la douleur de Jisung, il la ressent au plus profond de son être, amplifiée par ce lien qui les unit. Il ressent tout, et il pourrait mourir pour ne plus que ça l'atteigne.
— Je suis là maintenant... Il ne te fera plus rien, jamais.
Mais Jisung secoue la tête, recule d'un pas et souffle quelques mots douloureux.
— Trop tard... C'est trop tard, Minho...
Et pourtant, Minho voit dans ses yeux que ce n'est pas une certitude. C'est une peur. Une peur que tout soit irrémédiable. Une peur de ne plus jamais pouvoir être réparé. L'alpha n'a cependant pas le temps de rassurer le noiraud, la voix de Tian s'élève, fielleuse, pleine de morgue et d'ironie.
— C'est si mignon...
Il est maintenant à genoux, les mains liées dans son dos. Le noiraud tressaille. Cette voix, il l'a trop entendue. Elle est gravée dans sa chair, dans son âme. Il voudrait ne plus jamais l'entendre, et pourtant elle le poursuit, même maintenant, même alors que Tian est vaincu, à genoux, réduit à rien. Et il continue d'un ton venimeux
— Regarde-toi... . Tu te tiens là, devant moi, l'épée à la main, à trembler comme un enfant perdu. Et tu penses vraiment être libre?
Il ricane, un rire amer de nouveau, cruel, qui résonne comme un coup de fouet.
— Tu es à moi, Jisung. Tu l'as toujours été.
L'oméga frissonne, son souffle s'accélère, sa poigne se resserre sur la garde de son épée. Tian incline légèrement la tête vers Minho, un sourire malsain déformant ses lèvres.
— Tu crois que lui, là, pourra réparer ce que j'ai détruit? Tu crois qu'il t'aimera encore quand il réalisera que je t'ai laissé des marques qu'il ne pourra jamais effacer?
Jisung vacille. Il gronde, la voix tremblante. Pourquoi se laisse-t-il atteindre par ces paroles? Il le sait pourtant qu'il ne devrait pas, il le sait, il l'a suffisamment appris.
— Ferme-la...
Mais Tian n'en a pas fini. Il se redresse autant que ses liens le lui permettent, sa posture aussi arrogante que si la victoire lui appartenait encore. Il penche légèrement la tête, son regard s'assombrit.
— Tu m'as haï, n'est-ce pas? Chaque nuit, chaque instant... Mais moi, je n'ai pas été si malheureux que ça. Pas avec toi sous moi...
Le silence s'abat, lourd, étouffant. Puis, soudain, tout explose.
Un cri de rage, un coup d'épée. Jisung fond sur Tian, son cœur en tempête, la fureur le dévorant tout entier. Minho réagit au quart de tour. Il se précipite, son bras blessé oubliant la douleur, et sa main valide attrape celle de l'oméga juste avant que la lame ne puisse frapper.
— Non!
Jisung lutte, il se débat comme un forcené, chaque muscle tendu dans un effort désespéré pour briser cette étreinte. Ses yeux sont fous de rage, brûlant d'une haine qui consume tout sur son passage.Il hurle, sa voix brisée, écorchée vive.
— Lâche-moi! LÂCHE-MOI!
Mais Minho ne cède pas. Il serre, il retient, et dans son regard, il n'y a pas de colère, juste une infinie douleur.
— Tu ne veux pas faire ça, Jisung...
— Si! Je veux le voir CREVER! Je veux...!
Sa voix se brise, son souffle se bloque dans sa gorge. Tout tourne. Tout implose. Il sent ses jambes céder, il s'effondre presque, mais Minho le rattrape, le maintenant contre lui. Jisung murmure, la rage laissant place à quelque chose d'encore plus terrible, plus douloureux, une tristesse insondable qui le noie.
— Il m'a tout pris... Il m'a pris ma vie, ma dignité... Il a pris mon enfant, Minho...
Minho sent son cœur éclater dans sa poitrine. Il ferme les yeux une fraction de seconde, essayant de contenir le frisson d'horreur qui le traverse.
— Il n'aurait jamais dû exister... Jamais...
Le noiraud sanglote contre lui, la voix brisée.Minho le serre plus fort, caressant doucement ses cheveux en bataille, sentant les tremblements parcourir ce corps si meurtri. La voix tremblante d'émotions, l'alpha souffle des mots réconfortants au creux du cou de son oméga. Il n'est pas seul, Jisung ne sera plus jamais livré à lui-même.
— Je sais... Je sais, mon amour...
Derrière eux, Tian rit. Un rire rauque, moqueur, triomphant malgré sa position d'homme à terre.
— Regarde-toi, Jisung... Un vrai spectacle... Un petit oiseau brisé qui pleure dans les bras de son chevalier servant...
Minho relève lentement la tête, et cette fois, son regard est sombre, menaçant, dénué de toute pitié.
— Faites-le taire...
Tian n'a pas le temps d'ajouter un mot avant qu'un poing ne s'écrase contre sa mâchoire, le réduisant enfin au silence. L'alpha vacille sous le coup, du sang perlant sur sa lèvre fendue. Il grince des dents, mais même à genoux, même entravé, il refuse de plier. Son regard se fait plus froid, plus incisif, et il sourit malgré tout, ce sourire plein de morgue et de défi qui a toujours eu le don d'attiser la haine.
Jisung, lui, tremble toujours. Son souffle est court, son corps tendu, sa main crispée sur le tissu des vêtements de Minho. Tout est allé trop vite, trop fort, trop loin. Son cœur cogne, sa poitrine se soulève dans un effort désespéré pour reprendre son souffle.
Il a mal. Tellement mal.
Il lève des yeux brillants vers Tian, et malgré sa souffrance, malgré la fatigue, il se relève lentement, repoussant la main que Minho a posée sur son bras pour le retenir. Il avance d'un pas, puis deux, jusqu'à ce que ses pieds touchent presque les genoux de son bourreau.
— Regarde-moi.
Sa voix est basse, tremblante mais ferme. Tian lève lentement les yeux vers lui, et Jisung ne sait pas ce qu'il espérait voir dans ce regard. Du regret ? De la peur ? Rien de tout cela n'est là. Juste cette arrogance insupportable, cette indifférence cruelle qui lui donne envie de hurler.
— Tu crois que tu as gagné ? ricane Tian, le sang sur sa langue l'empêchant de bien articuler.
Jisung serre les poings. Il le hait. Il le hait à en crever.
— J'ai peut-être perdu... mais toi aussi.
Tian penche la tête, amusé malgré tout. Tout en parlant, il rit doucement.
— Ah oui ? Parce que je suis à terre ? Parce que je vais mourir ? Ce n'est pas une perte, Jisung. C'est une libération. Tu crois que j'avais envie de ça ? De toi ? De ce mariage ridicule qui m'a enfermé ?
Le noiraud tremble.
— Tu mens...
— Oh, vraiment ?
Le conseiller se redresse un peu, aussi droit qu'il le peut malgré les liens qui lui entravent les poignets.
— Je voulais une autre femme. Une femme qui aurait su être à sa place auprès de moi, qui aurait su comprendre, accepter... À qui j'aurais donné un vrai héritier. Pas un enfant conçu dans la contrainte... et mort dans le néant. Une femme que j'aimais vraiment et que j'ai dû abandonner pour toi.
Jisung s'étouffe presque. Un grondement furieux monte en lui, incontrôlable. Il lève le bras, prêt à frapper, mais une main ferme retient la sienne.
Minho.
Il secoue la tête.
— Ne fais pas ça. Il ne mérite pas une seule seconde de plus de ton énergie.
L'oméga vacille, son regard s'accrochant à celui de son amant. Minho a raison. Il le sait. Mais comment... comment pourrait-il juste... tourner la page ?
— Il mérite de souffrir...
— Il souffre déjà.
Jisung rouvre lentement les yeux, et il le voit enfin.
Tian n'est qu'une ombre d'homme. Plus de pouvoir, plus d'armée, plus de statut. Rien. Seulement un homme à genoux, attendant son destin.
Ce dernier arrive alors sous forme d'un coup de feu qui résonne aux oreilles des présents. L'oméga sursaute, Minho le fait se pencher en même temps que lui lorsque le coup retentit. Lorsqu'ils se redressent, ils se figent. Le regard vide, Tian tangue alors qu'une tâche carmine s'étale sur le tissu qui recouvre sa poitrine. Son corps désormais vide d'âme tombe face contre terre sans qu'il ait pu ajouter un dernier mot.
Jisung ne réalise pas immédiatement. Il relève le nez pour chercher le responsable, l'homme, un mutin, semble satisfait de lui et repart déjà à la recherche d'autres conseillers à abattre. Le noiraud secoue la tête...
— Non... Non... Non non non.... NON!
On le lui a pris. On lui a pris sa vengeance, on lui a pris ce pour quoi il se battait depuis des années, on lui a volé ce qu'il a imaginé durant tant de temps...
— C'était... C'était censé être moi... Pas comme ça... Non... Il devait souffrir! Il devait payer!
Tout est volé. La colère qui l'avait porté jusqu'ici, cette rage qu'il a alimentée avec chaque souvenir de souffrance, est devenue un cri silencieux dans sa poitrine.
Minho, conscient de la tempête émotionnelle qui se déchaîne en Jisung, tente de le rejoindre, de lui faire comprendre que ce n'est pas la façon dont cela devait se terminer. Mais les mots s'évanouissent sur ses lèvres. Le noiraud l'ignore, sa vision se brouillant alors qu'il tourne le dos au corps sans vie de Tian, les doigts enserrant ses propres cheveux.
— Jisung...
L'alpha porte une main délicate à la joue de son lié. Le regard de ce dernier, voilé de larmes contenues se plante dans celui brillant de Minho.
— C'est fini... C'est terminé.
Il n'a pas l'air de comprendre. Ses yeux vairons se déportent sur les lèvres du châtain, qui répètent en se rapprochant, en saisissant et en offrant une étreinte au noiraud.
— Tu es libre, Jisung. Libre. Et tu as les mains propres. Tu n'as tué personne. Tu es... C'est fini.
— Fini... C'est... C'est fini.
Jisung affiche un sourire nerveux, qui s'éteint aussitôt qu'il point. Il est perdu. Les mots de Minho résonnent dans l'esprit de l'oméga comme un écho lointain, leur signification se dérobant devant la marée de confusion qui l'emporte. Libéré ? Qu'est-ce que cela signifie vraiment alors que tout ce qu'il a désiré, tout ce qu'il a espéré, a été arraché de ses mains ? La douleur s'enroule autour de lui, l'étouffant peu à peu.
Il se tourne vers Minho, cherchant des réponses dans ses yeux, mais il ne trouve que de la compassion, une compréhension qui le déstabilise encore plus. Le noiraud se sent comme un naufragé perdu en mer, sans boussole, sans terre en vue. Il a passé tant de temps à se concentrer sur la vengeance qu'il a oublié comment vivre autrement. Son murmure tourne dans sa bouche, entre ses lèvres, comme pour goûter le mot, mais le goût est amer.
— Libéré... Mais à quel prix ?
Minho, inquiet, le serre un peu plus dans ses bras, le réconfortant par cette étreinte silencieuse. Les larmes commencent à couler sur les joues de l'oméga, mélancoliques et douloureuses. L'alpha murmure, sa voix douce comme un baume sur une plaie ouverte.
— Tu n'as pas besoin de ce poids, Jisung, Regarde ce qu'il a fait de toi, regarde ce qu'il t'a volé. Tu as le droit d'être libre de cette douleur.
Mais les souvenirs affluent : les nuits sans sommeil, la colère qui le consumait, les rêves de vengeance qui s'évanouissent comme des mirages. Est-ce qu'il peut vraiment être libre? Comment vivre dans un monde où la douleur est une part intégrante de son existence? Jisung secoue la tête, cherchant à repousser ces pensées.
— Il devait payer... Je ne peux pas simplement laisser ça derrière moi...
— Tu n'as pas à porter ce fardeau, Jisung. Ce n'est pas ta faute. Tu es là, tu es vivant, et tu as encore l'avenir devant toi. Je suis là, et je ne te laisserai pas tomber.
Les mots de Minho sont fermes, mais doux, à la fois apaisants et déterminés, frappent le noiraud comme une bouffée d'air frais après une longue suffocation. Peut-être, juste peut-être, il peut commencer à envisager la possibilité d'un nouveau départ. Mais alors qu'il regarde Tian, maintenant étendu au sol, il se rend compte que la route vers la guérison sera longue et difficile. Il souffle, la douleur de la perte et de la trahison se mêlant à un désir de renouveau.
— C'est si dur... Je ne sais pas comment avancer sans lui...
Minho, dégageant une tendresse infinie, replace une mèche de cheveux derrière l'oreille de Jisung. C'est avec une détermination tranquille qu'il répond à son amoureux.
— Un pas à la fois. Je serai à tes côtés. Ensemble, nous pouvons surmonter ça. Tu es plus fort que tu ne le crois.
Jisung cligne des yeux, et pour la première fois, une lueur d'espoir perce à travers la brume de désespoir. Peut-être qu'il n'est pas trop tard pour se reconstruire. Peut-être qu'il peut encore trouver la paix, même si cela signifie se libérer de la haine qui l'a si longtemps consumée.
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PINAISE!! J'suis morte! J'ai tout donné! J'espère que ce n'aura pas été trop mal x) Sinon... Il ne reste que l'épilogue... :'( je n'en reviens pas d'avoir fini une histoire de ce genre. Vraiment. J'espère qu'elle vous aura plu autant que j'ai aimé l'écrire <3
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