Chapitre 41
Les bras de Minho se resserrent autour de son oméga en larmes. Lui-même sent les siennes lui brûler les yeux, un poids oppressant sa poitrine. La culpabilité l'étouffe presque tandis qu'il guide Jisung vers le sol humide de la forêt, les laissant s'effondrer ensemble au pied de l'arbre noueux.
À travers le couvert des arbres, le crépuscule diffuse une lumière mordorée, douce et vacillante, comme une lueur d'espoir fragile. Pourtant, dans cet instant, elle ne parvient qu'à accentuer la douleur sourde qui les enlace.
Minho se recroqueville contre le corps tremblant de Jisung, ses bras l'enveloppant comme un rempart dérisoire. Ses doigts glissent dans les mèches sombres et emmêlées, effleurent la peau tiède de sa nuque, comme pour s'assurer qu'il est bien là, qu'il respire encore. L'alpha se laisse aller à sentir la fragrance fleurie et fraiche du noiraud, assombrie par ces sentiments qui le hantent. Il ne peut pas comprendre ce qu'il a vécu. Il ne peut qu'imaginer l'abîme dans lequel Jisung a été précipité. Mais il sait une chose : il aurait dû être là.
- Je suis désolé... Je suis tellement désolé, Jisung...
Sa voix tremble, s'étrangle presque dans sa gorge serrée. Comment surmonter cela ? Comment réparer des années de silence et d'abandon ? Jisung s'accroche à lui de toutes ses forces, comme si lâcher prise signifiait sombrer à jamais. Minho le serre plus fort, regrettant presque de ne pas pouvoir fusionner avec lui pour absorber toute sa douleur.
- J'aurai dû venir. J'aurai dû venir te chercher... Te sortir de là... Je m'en veux tellement...
Il ne sait pas lui demander pardon. Le pardon, il ne le mérite pas. Comment pourrait-il demander à Jisung de l'excuser après ce qu'il a vécu ? Minho ne sait pas combien de temps ils restent ainsi, enlacés au milieu des murmures de la forêt. L'oméga respire difficilement contre son torse, chaque sanglot brisé s'écrasant contre sa peau comme une vague de douleur.
Puis, tandis que la nuit les englobe, lentement, les pleurs s'apaisent. Son souffle se calme, ses doigts crispés sur le tissu du hanbok de Minho se relâchent peu à peu. Il ne s'éloigne pas pour autant. Son front reste niché contre sa clavicule, comme s'il puisait dans sa chaleur la force de ne pas s'effondrer de nouveau. La voix de Jisung est rauque tandis qu'il souffle quelques mots.
- Je... Je voulais être fort.
Minho glisse une main le long de son dos, dessinant de lentes caresses rassurantes. Un murmure à l'oreille de l'oméga, son souffle chaud caressant la peau fine du noiraud.
- Tu l'es.
Oh oui, il l'est. Il l'est plus que lui. Plus que bien d'autres.
Jisung secoue doucement la tête contre lui. Il n'y croit pas. Pas encore.
Le silence retombe, troublé seulement par le bruissement des feuilles et le battement régulier du cœur de Minho contre sa tempe. L'alpha ne bouge pas, l'entoure simplement de sa présence, patiente et immuable. Il sait que forcer Jisung à parler ne servirait à rien. Mais quand ce dernier finit par relever la tête, ses yeux rougis s'accrochant difficilement aux siens, il sent quelque chose d'autre dans son regard. Une hésitation, une peur sourde, mais aussi un besoin profond.
Un besoin de sentir autre chose que la douleur.
Jisung l'observe, son souffle court, ses lèvres tremblantes entrouvertes comme s'il cherchait à dire quelque chose. Minho ne dit rien. Il le laisse faire, laisse ses doigts hésitants glisser contre sa joue, puis contre sa nuque.
- Minho...
Son prénom meurt dans un souffle contre ses lèvres.
Ce dernier ferme les yeux, ancre sa main sur la taille fragile de l'oméga. Il pourrait le repousser, lui dire qu'il n'est pas obligé, qu'il ne doit pas se forcer. Mais il comprend. Il comprend que ce n'est pas une fuite, ni un devoir. C'est un besoin viscéral de retrouver ce qui lui a été volé. Ce qui lui a été arraché. Un besoin de se retrouver et de se sentir vivant et existant.
Alors il se penche doucement et effleure ses lèvres avec une infinie tendresse.
Jisung tressaille, surpris par la douceur du geste. Ses doigts se referment sur la nuque de Minho, comme s'il avait peur qu'il disparaisse. Mais il ne fuit pas. Au contraire, il répond au baiser avec une hésitation fragile, un mélange d'envie et d'incertitude.
Minho l'embrasse avec toute la patience du monde, effleurant ses lèvres lentement, lui laissant le contrôle. Il lui laisse le temps de décider, de reculer s'il le souhaite.
Mais Jisung ne recule pas.
Il se presse un peu plus contre lui, cherche son contact, et l'alpha sent un frisson le parcourir quand il le sent s'abandonner, juste un peu. Ce n'est pas encore la passion, ni le désir dévorant. C'est un premier pas. Un besoin de s'ancrer dans quelque chose de doux, de sûr.
Minho le porte contre lui, l'allonge délicatement sur le sol moussu, ses lèvres n'abandonnant jamais les siennes. Son souffle s'accélère, mais il se retient, freine ses instincts, ses pulsions qui ne demandent qu'à être satisfaits. Il ne fera rien tant que Jisung ne lui montre pas clairement qu'il est prêt.
Quand il entrouvre les yeux, il croise ceux de son oméga, brillants d'émotions et d'une étincelle qu'il n'avait plus vue depuis longtemps. La lune brille au dessus des frondaisons et leur permet de distinguer ce qui les entoure.
Jisung glisse une main sur sa joue, effleure sa peau du bout des doigts, puis laisse échapper un soupir tremblant. Un murmure.
- S'il te plaît...
Minho retient son souffle.
Ce n'est pas un ordre. Ce n'est pas une supplication. C'est une demande sincère, un désir fragile qui cherche à renaître. Alors il l'embrasse encore, plus profondément cette fois, avec la promesse silencieuse de lui rendre tout ce qu'on lui a pris.
Jisung est vulnérable sous lui, mais il ne tremble pas. Ses doigts glissent contre la nuque de Minho, s'accrochent doucement à lui comme une ancre, et son regard, bien que voilé par l'émotion, ne fuit pas. Il veut être ici. Il veut être avec lui.
Alors l'alpha prend son temps.
Il laisse ses lèvres explorer son visage, effleurant sa joue encore humide de larmes, la ligne délicate de sa mâchoire, jusqu'à son cou où il dépose un baiser à peine perceptible. L'oméga frissonne sous le contact, sa respiration saccadée soulevant légèrement sa poitrine.
Contre sa peau, Minho soupire et murmure, désireux que son amant soit sûr de ce qu'il désire.
- Si je vais trop vite...
Mais la voix vacillante et un peu trop pressée du noiraud l'interrompt alors.
- Non...
Minho s'écarte juste assez pour croiser son regard. L'ombre de la peur y danse encore, mais au-delà, il y a une détermination tremblante, une volonté fragile de se réapproprier ce qui lui a été volé.
Il sent son cœur se serrer.
L'ombre de Tian est encore là, quelque part entre eux, suspendue comme un poids invisible. Mais Jisung ne veut pas qu'elle les sépare. Il refuse que cet homme continue de contrôler son corps et ses envies. Ce soir, il veut faire l'amour avec son lié, son amour, non pas pour oublier, mais pour se rappeler ce que c'est d'être désiré sans être possédé. Sans n'être qu'un objet, un ventre à engrosser. Il existe. Il est vivant.
Alors Minho ne questionne pas davantage. Il laisse ses mains glisser lentement contre lui, redécouvrant chaque centimètre de sa peau avec une patience infinie. Il veut lui prouver, par chaque baiser, par chaque caresse, qu'il n'a rien à craindre. Que plus jamais on ne lui prendra ce qu'il ne veut pas donner.
Jisung s'abandonne sous ses gestes, son souffle saccadé se mêlant au sien. Il répond aux baisers avec une douceur timide, cherchant à s'adapter à ce qu'il ressent, à redécouvrir un désir qui n'a plus rien d'obligé.
Quand Minho le dévêt lentement, il s'arrête à chaque étape, guette la moindre hésitation dans ses yeux. Mais Jisung ne le repousse pas. Il frissonne, halète légèrement, et quand l'alpha vient couvrir son corps de baisers tendres, un soupir tremblant échappe à ses lèvres.
- Minho...
Son prénom, murmuré avec tant d'émotion, tant de vulnérabilité, lui donne presque le vertige.
Il ne cherche pas à aller plus vite. Ce moment appartient à son oméga avant tout. Alors il le touche comme s'il était précieux, le caresse comme s'il était fait de verre, jusqu'à ce que l'oméga, d'abord hésitant, finisse par se tendre sous lui, à le chercher, à le désirer.
Ce n'est pas brutal, ni passionnel. C'est un échange intime, d'une douceur infinie. Un besoin de se retrouver, d'effacer les souvenirs douloureux par quelque chose de délicat et de vrai.
Et quand enfin ils s'unissent, Minho s'assure que chaque geste, chaque mouvement soit empreint de tendresse. Il écoute Jisung, ses soupirs, ses gémissements, lui laisse le temps de s'adapter, lui murmure son amour contre la peau brûlante de son cou.
Et Jisung, sous lui, ne pleure pas.
Il ne souffre pas.
Il s'accroche à Minho, ses doigts serrés contre son dos, et il lui rend chaque baiser avec une intensité timide mais sincère. Et c'est tout ce que Minho espérait.
Quand leurs corps s'apaisent enfin, leurs souffles entremêlés, Minho reste au-dessus de lui un long moment, son front pressé contre le sien, refusant de briser le contact. Le bout de son nez effleure les joues de son amant, avec une délicatesse fine, tandis qu'il soupire quelques mots.
- Jisung, tu vas bien ?
Jisung ouvre lentement les yeux, et dans leur profondeur brille une lueur qu'il n'avait plus vue depuis si longtemps. Une lueur de paix. Sa voix est lasse, fatiguée. Le ton traînant mais il hoche doucement la tête.
- Oui...
Minho dépose un dernier baiser sur son front avant de l'enlacer étroitement, son corps enveloppant le sien dans une étreinte protectrice. Il ne le lâchera pas. Il ne le lâchera plus jamais.
- Je vais te ramener au campement.
Le coeur de Jisung fait un bond soudainement, et il cherche urgemment le regard de Minho alors que sa respiration se fait plus courte.
- Ne pars pas... Reste... Reste là... S'il te...
- Jisung. Calme toi.
La voix de l'alpha est posée, douce et compréhensive. D'une main douce il caresse la joue encore rose du noiraud.
- Je reste avec toi. Je te le promets.
Il prend encore le temps de rassurer l'oméga, de le nettoyer un peu et de le revêtir, avant d'en faire de même. Lentement, comme si ses mouvements pouvaient effrayer son amant, il se lève et prend Jisung dans ses bras afin qu'ils puissent rentrer au campement. Le chemin est fait avec précaution, il faut éviter branches et autres racines afin de ne pas s'étaler, mais c'est avec brio que l'alpha mène sa mission à bien. Parfois il n'arrive pas à se retenir d'embrasser délicatement la tempe offerte du noiraud.
Le lendemain, le réveil se fait en douceur. Jisung ouvre les paupières sous les rayons du soleil qui lui parviennent au travers le tissu tendu au dessus d'eux. Un mouvement à son côté le fait sursauter avant qu'il ne redécouvre Minho, étendu à ses côtés. Ce n'était pas un rêve. L'alpha est bien là, auprès de lui, et son parfum l'enrobe comme un cocon, le détend, cette fragrance d'immortelle qui lui a tant manqué pendant toutes ces années durant lesquelles ils se sont trouvés loin l'un de l'autre.
Il dort encore.
Jisung l'observe un moment, détaillant les traits de son visage. Il semble si fatigué... Sans le toucher, il tend ses doigts, redessinant le visage de son compagnon, geste caressant suspendu à une infime distance. Mais le toucher est au dessus de ses forces. De quel droit ? Comment peut-il toucher cet alpha alors qu'il n'en est pas digne ? La sensation semble avoir été suffisamment présente pour réveiller Minho. Doucement il ouvre les yeux, et l'oméga replace sa main contre lui, sans toutefois lâcher les yeux sombres de son amoureux. S'il ne parle pas, son regard dit tant de choses... Il aimerait aller se blottir dans ce giron si chaud et réconfortant, mais il ne le peut pas.
Les lèvres de Minho s'étirent légèrement, comme un petit sourire qui n'en est pas vraiment un.
Sa voix est basse et rauque quand il s'adresse au noiraud en s'étirant à la manière d'un chat.
- Tu sais, tu n'as pas besoin de tout comprendre. Juste... sois là. Pour moi. Et laisse-moi être là pour toi. Ne réfléchis pas.
Jisung se sent submergé par l'émotion, son cœur se met à battre plus vite dans sa poitrine. C'est tout ce qu'il attend. Mais il ne savait pas comment répondre, comment s'abandonner à cette douce pression. Chaque fibre de son être lui dit qu'il peut se laisser aller, mais il n'arrive pas à franchir ce dernier pas.
- Je... ... Tu... As bien dormi ?
Minho soupire doucement et se redresse, prenant doucement la main de Jisung dans la sienne. Il y dépose des baisers doux et tendres, à peine appuyés. Chacun de ses doigts est embrassé avec une délicatesse rare et les yeux de l'alpha ne quitte pas ceux vairons de l'oméga.
- Je ne veux rien attendre de toi, Jisung. Je ne suis pas là pour te changer ou te réparer. Je suis juste là pour toi. Pour ce que tu es maintenant. Et pour ce que tu seras, peu importe combien de temps ça prendra. Et oui, j'ai bien dormi. Bien mieux maintenant que tu es auprès de moi.
Jisung ferme les yeux en sentant la chaleur de sa main. C'est tout ce qu'il avait besoin d'entendre. Mais il ne sait pas s'il sera capable de tout accepter, de tout donner. La peur le retient encore, une peur profonde qu'il ne comprend pas totalement.
- Je ne te presserai jamais. Mais je serai là, à tes côtés, chaque jour qu'il ne nous reste à vivre .
Contre toute attente, les attentions de l'alpha, ses paroles, font sourire tendrement Jisung. Ses pommettes rougissent doucement et il hoche doucement la tête, faisant ainsi montre de sa compréhension et remerciant par la même l'alpha.
- Tu es si beau, Jisung...
Les jours passent, et petit à petit, une routine se met en place entre Jisung et Minho. Chaque matin, l'alpha s'assure que l'oméga se réveille sans mal, lui apportant toujours un peu d'eau, des fruits, des herbes qu'il pourrait avoir besoin de consommer. Minho veille silencieusement à ce que Jisung mange suffisamment, en s'assurant de lui offrir des repas légers mais nourrissants.
Les deux hommes échangent peu de mots, mais un silence confortable s'installe entre eux, un silence qui n'est plus lourd mais plein de compréhension. Le noiraud commence à se sentir moins effrayé par la proximité de Minho. Il ne recule plus instantanément lorsque l'alpha se rapproche, mais prend parfois l'initiative d'approcher doucement une main, comme s'il testait les eaux, hésitant encore, mais sentant qu'il peut le faire.
Le campement, bien que souvent tendu par l'ombre de la menace de la découverte, devient un espace où leurs gestes et regards se rencontrent plus fréquemment, presque naturellement.
Quand Minho le prend contre lui pendant qu'ils se reposent après une journée de travail ou de discussion avec les autres, Jisung ne s'enfuit plus dans un frisson de peur. Au contraire, il se laisse aller à ces moments d'intimité, sentant la chaleur de l'alpha l'envelopper, son parfum l'imprégner.
Il est encore un peu distant, toujours craintif de ses propres désirs et de la fragilité de son cœur, mais il commence à apprécier les petites choses : la main de Minho qui passe dans ses cheveux, les regards furtifs qu'ils échangent au milieu des autres, ces petites touches de tendresse qui ne demandent rien de plus.
Les moments de solitude sont rares dans ce campement bondé de visages fatigués et inquiétés par l'ombre de la guerre imminente, mais à chaque occasion, Jisung cherche la présence de Minho. Il a arrêté de se demander si c'était « correct » ou non, il a arrêté de se juger constamment. À chaque sourire qu'il reçoit, à chaque caresse qu'il ose rendre, il sent un peu plus qu'il a le droit de se laisser aller, qu'il a le droit de faire confiance.
Un soir, alors qu'un feu crépite au centre du camp, l'alpha se penche près de lui et, avec une douceur qu'il n'aurait jamais cru possible après tout ce qu'ils ont vécu, dépose un baiser à l'arrière de son cou. Jisung ferme les yeux, luttant contre une vague de chaleur et de confusion. La dernière fois qu'il s'était senti aussi vulnérable, c'était bien avant l'enfer de Tian, mais à cet instant, cette vulnérabilité ne semble pas être un fardeau. C'est une force. C'est la preuve qu'il peut ressentir encore.
Au fil des jours qui passent dans cette relative tranquillité, Jisung se rend compte qu'il n'a pas à se cacher, pas à fuir. L'alpha est là, il le soutient, sans exigence ni jugement. Cela devient plus facile, chaque fois plus naturel de rester près de lui, de chercher sa chaleur, son soutien, sa simple présence.
Les murs qu'il s'était efforcé de bâtir autour de lui commencent à se fissurer, un morceau à la fois. Mais la peur reste en lui, comme une ombre qu'il n'arrive pas encore à faire disparaître complètement, et il sait que le chemin pour se reconstruire avec Minho n'est pas encore terminé. Pourtant, chaque jour passé à ses côtés, il comprend qu'il peut enfin avancer, lentement mais sûrement, vers un avenir qu'il n'aurait jamais imaginé possible.
Ce soir là, Jisung se laisse aller. Il se donne volontiers à son alpha et est même surpris par la douceur et la patience de Minho. Leurs corps unis avec une lenteur qui n'est pas de l'indécision, mais une forme de respect mutuel, comme si chaque geste était une promesse silencieuse de ne pas franchir de limites, de ne pas précipiter les choses. Pour Jisung, c'est une forme de guérison. Il n'a pas à se protéger, à se cacher sous une carapace. Pour la première fois, il s'est abandonné à l'instant, sans crainte, sans la peur de ce que l'autre pourrait penser de lui. Minho, tout en lui apportant cette sensation de sécurité, a su capter ses hésitations, ses faiblesses, et les accepter, sans jamais vouloir forcer les choses.
Lorsque la dernière lueur de la journée s'éteint et que l'obscurité les enveloppe, Jisung se retrouve allongé contre lui, écoutant son souffle régulier, rassurant. Il se sent à la fois fatigué et vivant, plus entier que jamais, et pourtant une petite voix dans sa tête continue de le pousser à se poser des questions.
Est-ce vraiment possible ?
Minho semble percevoir ce tourbillon dans son esprit. Il glisse ses bras autour de lui, serrant doucement Jisung contre sa poitrine, comme s'il voulait dissiper les dernières brumes de doute qui planaient encore autour de lui.
- Tu n'as pas à avoir peur. Je ne vais pas te laisser. Pas cette fois. Plus jamais.
Sa voix est chaude, réconfortante.
Les mots résonnent dans l'esprit de Jisung, le rassurant tout en ravivant une chaleur douce dans son cœur. Il ferme les yeux et se laisse aller contre l'alpha, l'odeur de son parfum l'enveloppant, apportant une sensation de paix qu'il n'aurait jamais cru ressentir un jour. Minho est là, fidèle à sa promesse, et il se sent, pour la première fois depuis bien longtemps, en sécurité.
Les jours qui suivent, Jisung continue d'ouvrir son cœur à son alpha, pas à pas, réapprend à aimer cette proximité, cette tendresse qui ne le blesse pas.
Minho ne presse jamais, il attend patiemment, et chaque geste, chaque parole, chaque regard échangé entre eux devient une petite victoire pour Jisung.
Parfois, il se surprend à rire de bon cœur à une blague de l'alpha, un éclat de rire sincère, qui le libère un peu plus des chaînes de son passé. Ces instants, ces petites touches de bonheur, lui montrent qu'il est capable de plus qu'il ne l'aurait imaginé.
Il se surprend même à chercher la présence de Minho dans la foule, dans les moments de calme du campement. Leurs échanges, bien que toujours marqués par une certaine réserve, sont devenus plus naturels.
Jisung ose poser la main sur l'épaule de l'alpha en signe de soutien quand il parle à d'autres, se sentant un peu moins seul dans cet univers chaotique.
Minho, lui, semble plus léger aussi, comme si la proximité de Jisung l'aidait à relâcher une pression invisible qu'il portait sur ses épaules depuis des semaines. Ils ne sont plus deux âmes perdues, mais deux alliés dans ce combat qu'ils partagent.
Un jour, alors que le soleil commence à descendre, ils s'installent tous les deux près du feu, les flammes dansant devant eux. Minho regarde Jisung en silence, comme s'il attendait quelque chose, une étincelle qu'il saurait lire dans ses yeux.Le noiraud tourne la tête vers lui, se sentant plus léger, apaisé. Sa voix est un murmure tremblant, il n'est pas sûr de lui, craint même la réponse qu'il peut recevoir.
- Minho... Tu... Tu crois qu'on va y arriver, toi et moi ?
Son lié lui adresse un sourire sincère, celui qui ne trahit aucune pression ni promesse irréaliste, juste une vérité partagée, un espoir mutuel.
- On ne sait pas de quoi l'avenir sera fait, mais je crois qu'on peut tout affronter ensemble. Et si tu veux, je serai là, peu importe ce qui se passe.
Les mots de Minho viennent sceller quelque chose dans le cœur de Jisung. Il a enfin compris que, même si le futur reste incertain, il n'est plus seul. Plus jamais. Et un sourire naît sur son visage a l'air désormais moins empli de gravité. Son petit air espiègle commence à revenir, pour le plus grand bonheur de l'alpha qui ne le mentionne toutefois pas, de peur de reperdre cette lueur qui lui a tant manqué.
Ce même soir, alors que Minho embrasse délicatement Jisung, désireux de lui faire oublier les déboires vécus, au milieu des soupirs bien heureux, un cri les détourne de leur occupation. L'alpha fronce les sourcils, soudain inquiet, et se redresse, repoussant doucement Jisung qui, tout aussi perturbé, se met rapidement sur ses gardes. Le cri s'élève à nouveau, plus lointain, mais porteur de terreur. Minho se lève d'un bond, attrapant l'arme qu'il garde toujours à portée de main, et Jisung se fige, une peur viscérale s'emparant de lui. Ce cri... Il y a quelque chose d'horrible dans la manière dont il résonne dans l'air.
Le campement tout entier semble soudainement plongé dans un silence lourd, comme suspendu dans l'attente. Les murmures des oméga se dissipent, remplacés par des bruits précipités de pas sur le sol terreux. Minho scrute les ombres autour d'eux, son instinct d'alpha en alerte, son regard brillant d'une inquiétude sourde. Il attrape Jisung par la taille, le tirant contre lui dans un geste protecteur. Il ordonne d'une voix ferme, sans la moindre once d'hésitation dans la voix.
- Reste près de moi.
Jisung hoche la tête sans un mot, l'esprit en proie à une panique croissante mais bien décidé à ne pas se montrer faible ni à se laisser faire. L'alpha l'entraîne dans une zone plus reculée du campement, loin des regards, tout en gardant un œil sur les alentours. Le vent est devenu plus froid, plus menaçant, et le frémissement des arbres autour d'eux semble amplifié par l'adrénaline qui pulse dans leurs veines.
Un autre cri déchire la nuit, suivi de bruits de bottes martelant le sol. Puis, le pas des chevaux, l'écho d'un déploiement militaire. L'alpha et l'oméga se figent simultanément. L'armée. La police. Le campement des oméga vient d'être découvert. Jisung serre les mâchoires. Ne les laisseront-ils jamais en paix ? Minho, lui, murmure entre ses dents, les poings serrés.
- Ils sont là. On doit partir, tout de suite.
Jisung ressent une douleur sourde au fond de lui, l'idée même de fuir, encore une fois, réveillant des souvenirs trop douloureux. Il veut se battre, il a besoin de se battre. Ne pas se laisser faire, montrer combien un oméga peut lui aussi être digne de se battre pour sa vie, d'exister. Mais Minho ne lui laisse pas le choix. Il le pousse doucement vers un petit abri, un coin plus isolé, tout en s'assurant que personne ne les remarque. La situation est urgente, tout est précipité, et chaque seconde qui passe les rapproche d'un danger imminent.
Les omégas s'agitent autour d'eux, certains commencent à courir, d'autres se cachent, et certains murmurent des prières, cherchant un abri. Minho jette un regard rapide au noiraud, son expression déterminée. Il sait ce qu'il doit faire.
- Jisung, tu restes avec moi. On va passer par la forêt, se faufiler. Ils ne nous trouveront pas, mais il faut qu'on bouge maintenant. On doit rejoindre l'autre campement.
L'oméga n'a pas le temps de répondre. Il est déjà en train de courir aux côtés de Minho, son cœur battant la chamade, l'adrénaline emportant toutes ses pensées. Les bruits de la poursuite sont proches, trop proches. Les voix des soldats, les ordres donnés, les bruits métalliques des armes. Tout en courant, Minho lance à son oméga quelques paroles qui se veulent rassurantes, sa main serrée dans la sienne, sans le moindre doutes.
- Ne te retourne pas, Jisung, s'il te plaît. Fais-moi confiance. On va s'en sortir.
Les deux hommes traversent la forêt en silence, se frayant un chemin entre les arbres, chacun cherchant à faire le moins de bruit possible. Minho, aussi expérimenté qu'il soit, semble chaque instant plus tendu, plus anxieux. Il jette des regards furtifs derrière lui, son souffle court, tout en guidant Jisung à travers les ombres de la nuit.
Au bout de quelques minutes, qui semblent une éternité pour Jisung, ils arrivent enfin à un sentier plus dégagé. La forêt est plus dense ici, plus difficile d'accès, mais c'est leur seul moyen de s'échapper. Cependant, une brume épaisse commence à se lever, ajoutant une sensation de désorientation au chaos qui s'installe dans le campement.
Minho s'arrête un instant, tirant Jisung contre lui. Il pose son front contre le sien, les yeux clos, comme pour recueillir un peu de force. Sa main libre vient caresser sa joue en une caresse délicate.
- Minho, reste avec moi. N'y va pas. Ne me laisse pas. S'il te plait...
- Jisung... je... je ne vais pas te laisser. Pas cette fois.
Les mots résonnent dans l'esprit de Jisung, et pourtant, une part de lui a du mal à y croire. Chaque fois qu'ils croient être en sécurité, le danger les frappe. Ils ne peuvent pas fuir éternellement, mais pour l'instant, ils n'ont d'autre choix que de courir. Les bruits de la poursuite ne sont pas loin. Ils doivent se dépêcher.
- On va arriver à l'autre campement, c'est sûr. On va y arriver et tu seras en sécurité.
En espérant que les autres oméga puissent s'en sortir de la même façon. L'alpha grince des dents. Il va lui falloir prendre contact avec Hyunjin d'une façon ou d'une autre et libérer ceux qui auront été fait prisonniers.
_____
Fiouuuuuuuu. Laborieux. Je suis un peu mitigée. Le mood d'aujourd'hui est particuliers. Je crois que ça se ressent dans l'écrit... Mais je n'ai pas su faire mieux.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro