Chapitre 4 : Le Club
Le soir arrive, petit à petit. Je n'ai pas rappelé ma mère, mais elle a essayé, une trentaine de fois. Et je n'ai pas répondu. J'avoue ne pas avoir eu le courage de le faire.
Je sais, ce que je lui ai dit la blessée. Je n'aurais pas dû lui dire ça. Le regret me ronge, je le sais, elle a le droit de passer à autre chose. Justement c'est ce que je voulais pour elle. Mais je ne m'attendais clairement pas à ce qu'elle m'annonce ça.
D'après les messages qu'elle m'a envoyés, elle veut que je le rencontre. Une chose que je ne pourrais pas faire maintenant parce que je ne m'y fais pas. La douleur de la mort de mon père me fait vriller petit à petit. Il fallait que je trouve la véritable raison de sa mort. Peut était-il vraiment mort comme ça, mais je voulais simplement en être sûr.
Ma journée est passé rapidement, je n'ai pas vu le temps passé. Ce soir je dois donner l'argent à un des hommes de Thomas, chose que je n'avais pas encore en totalité.
Alors ce soir je vais bosser. Je n'ai pas d'autre choix de toute façon. Mon ventre criait famine mais je n'avais rien. De toute façon, ce soir j'ai toutes mes chances de mourir. Au pire, je mangerais au club.
Je sors de mon appartement puis sors du bâtiment. Mon travail n'était pas loin et heureusement. Je peux m'y rendre à pied, ça m'évite d'user l'essence que j'ai. Les prix de l'essence crèvent le plafond et je n'ai clairement pas les moyens de faire des kilomètres en voiture, même si c'est ce que j'avais fait pour ma mère.
Et regarde comment ça a fini ?
Je marche donc en direction du club, c'était un club connu. Ce qui est normal me direz-vous, surtout dans une grande ville comme Atlanta.
Une fois arrivé, je rentre. La musique forte me donne déjà mal à la tête. Avec le temps je m'y suis faite. Bientôt, si je continue comme ça je finirais sourde. Mais ce n'est pas bien grave comme je connais la langue des signes. Mes grands-parents du côté de ma mère étaient sourds, alors j'ai dû apprendre. Ce qui est une bonne chose.
Mon patron arrive directement vers moi lorsqu'il me voit. Je ne sais pas pourquoi mais je sens que la soirée va mal finir.
- Il y a beaucoup de monde ce soir. Va te préparer et monte sur scène. On a des invités importants. Alors tâche de ne pas faire d'erreur.
Son haleine me donnait la nausée. Vraiment si je quitte ce travail un jour je penserais à lui acheter une brosse à dents avec du dentifrice.
- Tu me connais.
- Justement, tu es peut-être la plus douée du club mais je connais ton caractère à la con. Le client est roi. Ne l'oublie pas. Tout ce qu'il veut que tu fasses, tu le fais. Compris ?
Je grimace. Je savais où il voulait en venir.
Il me regarde de haut en bas.
- Et mets de l'anticerne.
Il part ensuite, mon regard resta sur son dos pendant un petit moment et je soupire longuement. Mes pas me dirige vers la loge, je suis comme... En mode automatique si on veut. Chaque fois que je rentre dans le bâtiment, j'éteins mes émotions.
Ne montrer aucune faiblesse. Voilà ce que je devais faire ici.
Toutes les salopes de cet endroit n'hésiteraient pas une seconde à me descendre. Aucune ne m'appréciait et ça m'allait. Je n'avais pas besoin de me faire d'amis ici et surtout, je n'en ressentais pas l'envie. Me plier en quatre et mentir pour me montrer supérieur ne m'intéressait clairement pas. Les concours de la plus grosse poitrine ou encore de celle qui avait été le plus refait... Me donnait envie de vomir.
Je rentre dans la loge et ne dis rien lorsque les regards se tournent vers moi.
Je les ignore toute et vais dans une cabine pour me changer, j'enfile ma tenue, qui ne cache pas grand-chose. Mais je n'ai pas le choix.
Une fois ça de fait je sors et m'installe devant un des miroirs et me maquille. Je ne mets pas grand-chose, juste assez pour cacher mes imperfections et mon grain de beauté qui se trouve au-dessus de mes lèvres, du côté droit. J'opte pour un look naturel, comme la plupart du temps.
Je termine rapidement et regarde l'horloge. 21 heures 23.
Bien, je suis dans les temps.
Je sors de la loge et monte sur scène lorsque les lumières s'éteignent, plongeant une partie sur club dans le noir.
Je n'ai qu'une danse à faire sur scène, après ce ne sont que des danses privées.
J'ai toute sorte de client, certains ont une femme et des enfants mais viennent quand même, chose que je trouve vraiment horrible à faire. D'autres sont des puceaux qui ne savent même pas comment faire jouir une femme (enfin ça c'est pour beaucoup d'hommes, qu'ils soient puceaux ou non). Ou encore j'ai affaire à des hommes qui appartiennent à des gangs. La plupart sont facilement reconnaissables.
Lorsqu'un gang plutôt connu est présent mon patron dit simplement qu'on a des invités importants.
C'est simple, mon patron les laisse tout faire par la peur de se faire tuer. Les soirées avec eux se finissent souvent en bagarre et les hommes qui auront le malheur de faire quelques choses qui ne plaira pas finira à l'hôpital, ou encore mort.
Ce monde n'était pas le mien. On m'y avait emmené de force. Un jour, peut-être, je réussirais à sortir de ce monde.
Je prends une pose avant que la lumière n'augmente un peu, pour pouvoir montrer mon corps, plongé dans le noir.
La salle était presque calme, il semblerait que j'ai captivé l'attention de beaucoup.
La musique se met en route, j'attends que les paroles se diffusent avant de commencer à danser, de façon sensuelle. Des mouvements lents, mais précis.
Je ne regarde jamais ceux qui me regarde. Je n'aimais pas... Non, je détestais les regards pervers qui étaient posés sur moi.
C'était simple à comprendre, tout ça me foutait en l'air à petit feu.
Mon ventre était noué, mais je continue l'air de rien. Chaque fois que je monte sur scène ou que je danse pour un homme, j'ai une boule au ventre.
Mais je n'ai pas le choix.
Je vois venir ceux qui disent qu'on a toujours le choix. Croyez-moi, là, je n'ai pas le choix. Je n'ai aucun diplôme nécessaire pour avoir un travail qui gagne aussi bien. Si je ne paie pas, il tuera ma mère, ou pire, ma famille.
Une fumée se diffuse sur scène, on ne pouvait voir que la silhouette de mon corps, enfin pour ceux qui sont en face de moi.
La musique continue, c'était bientôt la fin.
La fumée se disperse me laissant voir ce qui se trouve devant moi. Mon regard est immédiatement capturé par des yeux vairons.
Je reteins mon souffle quelques secondes. C'était bientôt finis, il fallait que je termine. Mon regard ne lâchait pas celui de l'ami de mon frère. Bordel mais comment ça se fait qu'il soit là ? M'a-t-il reconnu ? Je priais pour que ce ne soit pas le cas.
J'imagine déjà la déception se lisant sur le visage de ma mère et de toute ma famille.
La musique s'arrête et les lumières s'éteignent.
Mon cœur bat si vite que j'ai l'impression qu'il va sortir de ma poitrine.
La panique me prend. Comment je vais faire ? Comment je vais pouvoir expliquer ça à mon cousin quand il me posera la question ?
Je l'imagine déjà me dire : « Putain Mia qu'est-ce que tu foutais dans ce club à moitié à poil sur une scène ! »
Je voyais déjà son regard me juger.
Avec précipitation je suis rentré dans la loge. Heureusement les filles n'y étaient plus.
Comment je vais expliquer ça ? Comment ?
Je pensais être assez éloigné. Mais visiblement non.
Je tente de reprendre un rythme de respiration régulier, mais je n'y arrive pas.
Mes jambes tremblent.
Mes mains aussi.
Calme toi Mia... Tout va bien aller... Il ne m'a peut-être pas reconnu.
Petit à petit, je me calme en me répétant sans cesse qu'il ne m'a pas reconnue. Après toutes les lumières étaient basses, il faisait sombre.
Et puis il ne t'a vue qu'une fois.
Je ressuie mes larmes qui coulaient sur mes joues et arrange mon maquillage. Je respirais encore vite mais ça se calmait.
Je regarde l'heure. J'ai une danse privée dans 10 minutes.
J'en profite alors pour boire et manger un peu. Je me force à essayer de penser à autre chose que ça. Il me faut cet argent. Si je ne l'ai pas, ils me tueront, et ils tueront ma mère.
Un temps.
Une fois l'heure de la danse privée je rentre dans la salle prévue pour ça. Mes sourcils se froncent quand je vois que le gardien, présent à chaque fois qu'il y a une danse privée, n'est pas là.
Je ne comprends pas, habituellement il y en a toujours un, au cas où un des hommes voudrait plus. Ce qui est interdit. Les autres filles n'hésitent pas pour avoir de l'argent en plus. Mais moi je ne ferais jamais ça, je suis peut-être déjà tombé bien bas en travaillant ici mais je n'irais jamais plus loin que ça.
Mon regard se pose sur l'homme présent, assit dans le fauteuil.
Je le reconnais, c'est un des hommes de Thomas. Sa peau est claire, comme s'il n'était jamais au soleil, ses yeux étaient bruns, mais il y avait une lueur étrange qui se dessine dans son regard lorsqu'il pose son regard sur moi.
- Tu as le fric ?
Sa voix me faisait peur, comme s'il connaissait déjà la réponse à sa question.
- Je pensais récupérer le reste de l'argent qu'il faut ce soir...
Ma voix avait perdu toute assurance. Je savais que ça allait mal se finir.
- Pourtant tu sais ce qui va arriver si tu ne donnes pas le fric comme prévu ?
Un sourire se dessine sur ses lèvres et il se lève, avançant lentement vers moi.
- Je l'aurais, seulement je pensais que vous viendrez après que j'ai fini...
Je recule d'un pas quand il est presque collé à moi.
Il fait claquer sa langue.
- Mia, ma très chère Mia, le boss veut l'argent maintenant. Si tu ne l'as pas on peut s'arranger.
Mon cœur bat vite sous la peur que je ressens, je suis comme tétanisé.
- Il veut bien me laisser un délai ? disais-je avec une lueur d'espoir.
Mais son rire resonne de nouveau. Ça n'avait rien de bon.
- Non mais, si tu fais ce que je veux je te donnerais le fric qui manque.
Je recule en comprenant le sens de ses paroles mais mon dos heurte le mur.
- Je refuse.
- Tu es sûr de toi ? Ça peut se faire naturellement. Quoi que tu dises de toute façon je le ferais.
J'essaie de le contourner pour sortir mais sa main attrape mon poignet, serrant celui-ci avec force me faisait échapper une plainte de douleur. D'un coup sec il me pousse et je trébuche, tombant sur le sol.
Je crie, espérant qu'on m'entende.
- LA FERME !
Je sens soudainement ma tête tourner sur le côté sous le coup que je viens de recevoir, ma main se pose sur ma joue qui me brûle. Des larmes coulent sur mes joues et je tente de me reculer mais il attrape mes chevilles puis il me tire vers lui.
Je me débats de toutes mes forces en essayant de lui mettre des coups mais ça a l'air de ne rien lui faire.
Je hurle.
Je hurle à m'en arracher les poumons.
- Pitié laisse-moi !
Ses mains glissent sur mes cuisses et je sens un sentiment de dégout me prendre.
- Je n'ai pas de pitié pour les putes comme toi.
Il ricane et remonte ses mains. Je pris pour que quelqu'un arrive et me sauve de ça.
Je me débats davantage mais il attrape facilement mes poignets avec ses mains et les boque au-dessus de ma tête alors que je le supplie d'arrêter. Lui... lui... Rigolait.
Ça le faisait rire...
Son corps écrasait le mien.
Je hurle encore. Ma voix se casse tellement je hurle.
Soudainement, j'entends la porte qui s'ouvre et un tir se fait entendre. Plusieurs tirs en fait.
Mes oreilles sifflent à l'entente des tirs. Le corps de l'homme m'écrase davantage et la force qu'il avait pour tenir mes poignets dans ses mains se dissipe. Je sens un liquide visqueux qui coule sur moi et l'odeur du sang se fait sentir me donnant la nausée. Je n'arrivais pas à comprendre la situation. Comme si je marchais au ralenti.
Je vois qu'on retire l'homme qui est sur moi.
Puis trou noir.
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