Chapitre 3: Dispute
Mon corps était étendu dans le canapé, ma mère m'apporta une tasse de chocolat chaud et s'assoit à côté de moi.
Ce n'était pourtant pas à elle de s'occuper de moi. Pourtant elle le faisait quand même. Je ne voulais pas... Je ne voulais pas qu'elle me voie dans un état pareil. C'est la deuxième fois qu'elle me voit ainsi, la première fois était le jour de la mort de mon père. La deuxième, aujourd'hui. Jamais je n'aurais pensé que le simple fait que j'aille sur sa tombe me retourne autant.
Durant de nombreuses minutes j'étais resté là, trempé, dans les bras de ma mère qui tentait tant bien que mal de me réconforter. De calmer mes pleures.
Entre-temps je suis allé prendre une douche brulante pour ne pas tomber malade à cause du froid. Mais une fois seule, là où ma mère ne pouvait pas m'entendre pleurer, j'ai de nouveau fondu en larmes.
Maintenant j'avais l'impression d'avoir les yeux gonflés, et je savais que c'était le cas sans même me regarder dans le miroir. Mes yeux me piquaient encore.
Toute cette histoire est en train de me foutre en l'air. D'après le certificat de décès de mon père, il serait mort d'une crise cardiaque, mais plus j'y pensais et plus je trouvais cela absurde. Mon père était en excellente santé, il était très sportif. Alors comment aurait-il pu avoir une crise cardiaque ?
Je ne savais que ce que je m'imaginais n'étaient que des suppositions, mais il fallait que j'en sois sûr. Oui, il le fallait. Sans en être sûr, je savais que je n'arriverais jamais à m'en remettre. La douleur sera toujours là bien-sûre, mais peut-être serait-elle moins forte ?
Mon regard resta rivé sur la cheminée qui était allumée. La voix de ma mère me sort de mes pensées et je tourne mon regard sur elle. La tasse brulante me réchauffait les mains, lorsque je bois une gorgée le liquide réchauffe immédiatement mon corps.
- Parle moi chérie...
Sa voix se cassa à la fin de phrase.
- Que veux-tu que je te dise maman ? Que voire la tombe de papa pour la première fois depuis sa mort m'a fait plaisir ?
En évoquant le sujet je sentis des larmes pointer le bout de leurs nez mais je les retenais. Je les retenais avec toute la force que j'avais. Je me retenais comme je me retenais depuis un an.
Le visage de ma mère grimace et elle me fixe. J'ai l'impression que sa mort ne lui fait plus rien.
- Je sais ma chérie... Mais ce n'est pas de ça que je parle... Tu ne me dis rien depuis un moment, et je ne le supporte plus. Tu es devenue si distante, je ne connais plus rien de ta vie.
Mon cœur se serra et je détourne le regard.
- Je n'ai rien à dire...
- Depuis la mort de ton père tu es... tu ne ressemble plus à ma petite fille chérie et...
Mais je la coupe.
- Arrête... S'il te plaît...
- Que j'arrête ?
Comme simple affirmation je hoche juste la tête, incapable de dire le moindre mot à cet instant.
- Mais où est ma fille ! Parle-moi ! Dis-moi ce qui ne va pas !
Mais je ne dis rien ce qui l'énerva encore plus.
- Mais parle-moi bordel !
Maintenant elle cria. Et je ne supportais pas qu'on me crie dessus.
D'un bon je me levai.
- Tu veux que je te parle ! criais-je enfin à mon tour.
Elle se contenta de me regarder puis hoche doucement la tête. Elle avait l'espoir que je lui parle de ce qui m'arrive mais je ne le ferrais pas.
- Papa est mort ! Et il était tout pour moi ! Il était un de mes piliers ! hurlai-je en bougeant les mains, énervée.
Puis je repris. Et je savais que j'allais regretter ce que j'allais dire.
- Tu as été marié pendant 20 à lui ! Tu le connais depuis ton plus jeune âge ! Et pourtant tu n'as pas l'air triste, toi qui disais l'aimer de toute ton âme ! Le jour de sa mort tu étais effondré ! Putain mais elle est passé cette femme remplie de chagrin ?
Elle voulait m'interrompre mais je ne la laisse pas faire.
- Laisse-moi parler ! Tu as voulu que je le fasse alors je vais le faire. Il y a un mois encore, par la simple évocation de son prénom, tu fondais en larmes. Alors dis-moi, dis-moi où est passé la veuve folle de chagrin ?
Son visage se déforma par la tristesse. Mais ce n'était de mon père qu'elle était triste. Elle était triste de mes mots.
Après un moment de réflexion elle reprit la parole.
- Il faut savoir passer à autre chose Mia...
Mes sourcils s'étaient froncés automatiquement.
- Tu as le mot passer à autre chose facile.
- J'ai rencontré un homme...
Et BOUM, elle lâcha une bombe comme ça. J'ai bien cru que mon cœur allait lâcher. Rencontré un homme...
- Il me rend heureuse... tu ne peux pas imager à quel point ça me fait du bien...
Mes mains tremblaient. Tout comme mon corps d'ailleurs.
- Comment tu peux faire ça à papa...
- Aucun homme ne remplacera l'amour que j'avais pour ton père. Tu m'entends ? Jamais...
Mais là c'était trop pour moi.
Je pris mon sac qui était dans l'entrée et sors. Putain j'avais besoin d'air. Et vite.
Je l'entendais me suivre.
- Mia... Laisse-moi te le présenter ! Et là tu comprendras !
Je l'ignore et entre dans ma voiture en jetant mon sac sur le siège passager. Celui-ci se renversa mais je n'en avais rien à faire. Je démarre et roule. Je roule vite.
Une heure après.
Alors que mon regard reste rivé sur la route sombre et déserte, mon téléphone sonne. Je n'arrêtais pas de penser à ma mère et ce qu'elle m'avait dit.
Mon téléphone sonne encore et encore, c'est surement important. Mais mon téléphone est tombé.
Je regarde la route et me penche pour attraper mon téléphone. Le temps d'une seconde je pose mon regard sur le téléphone et me redresse une fois que je l'ai.
Je donne un coup de volant en voyant une voiture en face de moi et l'évite de justesse.
Je souffle soulager tandis que mon cœur bat vite, très vite.
Je décroche et me fige en entendant la voix au bout du fil.
- Alors comme ça on évite mes appels Mia ?
Sa voix profondément effrayante me hérisse les poils de peur. Je tente de garder la route des yeux. Il ne fallait surtout pas que je perde le contrôle du véhicule à cause de ce connard.
- Non, bien sûr que non. Je suis en train de conduire et mon téléphone était tombé.
Il ricane, mais ce rire, comme tout chez lui n'a rien de bon.
- Tu as l'air sincère poupée, dois-je te croire ?
Il s'amusait de la situation, comme toujours. Et je n'aimais pas ça.
- Pense ce que tu veux.
- Je serais toi je répondrais mieux que ça. Je peux aussi poser la question à ta mère bien-sûre.
Ce qu'il me dit me fait froid dans le dos. Je ne pouvais pas la perdre non plus. Encore moins alors qu'on vient d'avoir une dispute.
- Excuse-moi Thomas.
Je ne l'avais jamais rencontré, mais il était surement l'homme qui me faisait le plus peur au monde. Je savais qu'il était le chef de sa bande de connards.
D'un gang. Un gang à qui mon père devait beaucoup d'argent. Enfin je n'ai pas les preuves. Mais honnêtement je sais que si je ne fais pas ce qu'ils veulent, ils me tueront.
- J'aime t'entendre me dire ses mots.
Je grimace de dégout.
Soudainement, une voiture avec ses pleins fars se trouve derrière moi. La lumière m'aveugle presque.
- Bon, dis-moi pourquoi tu m'appelles.
J'essaye tant bien que mal d'éviter de regarder la lumière. Bordel ce mec le fait exprès ou quoi ?
- Mon fric. Je le veux demain.
Je fronce les sourcils.
- Quoi ? Mais ce n'est pas la date habituelle et je n'ai pas encore tout ce qu'il faut !
Il rit, encore. Il s'en foutait de ça et je le savais.
- Débrouille-toi. Je n'en ai rien à foutre. Je veux mon fric demain sinon, tu crèves.
Mon sang se glaça. Bordel.
Il raccroche ensuite.
La voiture accéléra et me dépassa, sûrement qu'il en avait marre de rouler doucement derrière moi. Je respecte toujours les limitations de vitesse. Si elles sont là c'est pour une raison bien précise.
1 heure 30 plus tard.
Je me gare devant mon immeuble et sors de la voiture en prenant mon sac.
Je pris mes clés et entre dans le bâtiment.
L'odeur de l'humidité se fait immédiatement sentir, la lumière clignote, donnant un aspect lugubre. Mais je m'y étais habitué.
Je regarde si je n'ai pas de courrier mais rien. Étonnant, d'habitude il y a une lettre de Rupert qui me réclame le loyer, que je n'avais toujours pas payé d'ailleurs.
Avec un long soupire je monte les marches pour aller au troisième étage. Pas d'ascenseur. Ce qui baisse le prix du loyer, donc c'est un plus. Monter les escaliers ne me dérange clairement pas.
Une fois devant ma porte, j'entre la clé dans la serrure. J'essaie de la déverrouiller mais ça ne marche pas. Je tente alors d'ouvrir la porte et celle-ci s'ouvre à ma plus grande surprise.
Il me semblait l'avoir fermé à clé pourtant.
Peut-être que je me suis juste imaginé la scène sans vraiment le faire.
J'entre alors, et pose mon sac sur la petite table. J'allume les lumières et la télévision pour combler le calme. Même si calme est vite dit. J'entends souvent les voisins, que ce sois quand ils s'engueulent, quand ils baisent ensemble ou encore quand ils mettent leur musique à fond. Parfois je sens même l'odeur du cannabis lorsqu'ils fument. Ce qui n'est pas vraiment agréable.
J'aurais pu leurs dires. Oui, c'est vrai. Mais... non.
Vous voyez la femme est le genre de femme qui fera encore plus de bruits parce que tu auras osé la déranger pour lui dire que tu aimerais du calme.
Je suis même presque sûr que son mec la bat. Parfois je la vois avec des bleus. Lorsque j'ai évoqué le sujet la première fois, elle a pété un câble.
Je me change pour enfiler un short et un débardeur en guise de pyjama.
J'entre dans la cuisine et regarde ce qu'il y a dans le frigo. Rien.
Pourtant j'ai faim.
Mais je n'ai pas les sous. Il fallait que je donne tout ce que je peux à un des sbires de Thomas.
Pas grave, je mangerais plus tard, ce n'est rien.
Je m'installe dans le lit ensuite et regarde le plafond en réfléchissant à ce qu'il s'est passé aujourd'hui. La journée a été très, vraiment très longue.
En réfléchissant je finis par réussir à m'endormir, sombrant petit à petit dans un sommeil profond.
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