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VII

J'observe Victoria sortir et se frayer un chemin parmi la foule en jouant des hanches. Je souffle un bon coup et recule sur mon repose-tête où je prends appui en détaillant d'un regard lointain le spectacle que j'ai sous les yeux. C'est digne des films les plus clichés. Une tonne d'adolescents à moitié ivres qui se pavanent avec des gros gobelets rouges et qui ne pensent certainement qu'à une chose : copuler.

Je passe mon tour et m'arme de mon téléphone portable, bien décidée à ne pas rentrer dans cette maison où je suis presque sûre qu'une orgie s'y déroule. Je n'ai pas pensé à amener un livre et je le regrette en constatant qu'il ne me reste plus beaucoup de batterie : mon coup de téléphone à Dan a passablement usé mon portable.

Je me mordille la lèvre inférieure, hésitante, tout en fixant à nouveau le domicile. Je ne sais pas chez qui cette fête est donnée mais qui que ce soit, c'est une famille fortunée qui doit avoir un intérieur intéressant. Peut-être même une bibliothèque ? C'est osé, stupide et inconscient compte tenu de la fréquentation des lieux mais je finis par sortir de ma voiture. Dieu seul sait combien de temps va mettre Victoria pour s'alcooliser et que je puisse la ramener et j'ai fichtrement besoin de m'occuper.

Pourtant, je ne bouge pas. Parce que je ne veux pas pénétrer dans cette maison. La bâtisse est superbe mais à mes yeux, c'est comme rentrer dans l'antre du Diable – non pas que je sois croyante. J'ai peur d'y perdre quelque chose d'important en y rentrant. D'être différente. C'est étrange mais j'ai l'impression que n'importe qui est changé après avoir été à une splendide fête étudiante ; les gens y deviennent accros et je ne veux pas me transformer en Victoria. C'est stupide. Je suis stupide.

Alors je soupire et sors de la voiture. J'ai besoin d'air et je sais que si je passe la soirée assise dans ma voiture, je vais devenir folle. Autant je peux rester des heures sans bouger dans ma chambre, autant dans mon automobile, j'ai plus de difficulté. J'ai eu l'intelligence de me garer le plus loin possible de l'entrée et surtout à une place tout près de l'orée des sous-bois du domaine. Le lac, calme, s'étend à quelques mètres de moi. Je m'assois sur le capot de mon vieille 4x4 Ford Branco qui date des années 80. C'est un vieux coucou que j'ai hérité de mon père, qui est rouillé à droite et à gauche et qui possède une couleur vert pastel. Pour beaucoup, c'est un taudis. Pour moi, c'est une merveille. Le moteur crache pas mal, les fenêtres sont impossibles à descendre et la radio ne marche pas. Mais ça m'est égal. Quand j'ai eu 16 ans, c'était mon ticket pour la liberté et j'ai toujours su en prendre grand soin. Cette voiture est capricieuse mais une fois domptée, elle est agréable à conduire.

Les jambes pendantes, j'observe la Lune se refléter dans les eaux sombres de l'étang. La soirée est douce, il y a une brise de vent qui rafraichit la température mais ce n'est pas désagréable ; au moins, on peut respirer. C'est un temps propice à une belle soirée d'été. J'essaye de faire abstraction des rires lointains et de la musique électro qui me broie les tympans en imaginant comment se serait déroulé ma soirée si Meryl et Dan avaient été avec moi. Peut-être que nous serions allés à la plage ou au Mama's Rocket, un lieu chargé de souvenirs qui date des années 60 et où on sert le meilleur Milkshake de toute la ville. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que je n'aurais jamais imaginé passer la soirée ici.

Et même si l'endroit semble paisible, la tempête n'est jamais loin.

Je vois l'eau trembloter et des vaguelettes plus denses s'écrasent avec un clapotis rapide tout en léchant la terre avec vigueur. En redressant la tête, je remarque deux ombres enlacées, à quelques mètres de moi, les pieds dans l'eau. Sans nul doute un homme et une femme. Ils rigolent, s'embrassent et parlent tout bas en ignorant ma présence. Je suis collée contre ma voiture et l'obscurité les empêche de me voir – ça en plus de l'énorme arbre sous lequel j'ai garé mon véhicule. Mal à l'aise, j'essaye de me baisser pour rejoindre ma banquette et éviter de passer pour une voyeuse. Mais leurs chuchotements m'arrêtent quand j'arrive à entendre le prénom d'Arès et de Victoria dans la même phrase. Je tends l'oreille, plus commère que je ne dois l'être :

- Tu crois que c'est pour ce soir alors ? Demande une voix aigüe – sûrement la fille.

- Sûrement, répond son compagnon. Arès n'est pas patient quand il s'agit de sexe et Victoria semble bien résolue à le faire tourner en bourrique.

- Elle a bien raison, j'aurais fais pareil si c'était mon petit-ami !

- Ils ne sortent pas ensemble... Arès ne sort jamais avec personne.

- Ce n'est pas ce que dit Vic...

- Allons beauté, tu sais bien que Victoria adore prétendre être en couple avec tous les mecs les plus cons du monde.

Je remarque une certaine rancoeur dans la voix et je suis persuadée que ma demi-soeur a dû briser le cœur de ce garçon. Un parmi tant d'autres.

- Tu regrettes de ne pas être avec elle plutôt qu'avec moi ?

Je grimace. Il ne me manquait plus qu'une querelle de couple pour passer une sublime nuit.

- Pas du tout ! C'est une trainée, tout le monde le sait. Alors que toi, t'es une vraie princesse.

Je lève les yeux au ciel. Pourquoi tous les garçons s'évertuent à donner comme surnom « princesse », c'est d'un tel ridicule. Arès m'a fait le coup ce matin même et franchement... C'est déplorable.

- Oh mon rondoudou !

A vomir. Vraiment. J'entends un bruit de succion qui me laisse penser qu'ils sont entrain d'échanger un baiser bien goulu. Je me retiens de rendre mon repas et décide de ramper jusqu'à ma portière pour récupérer un tant soit peu ma tranquillité. Mais à nouveau, je suis interpellée.

- De toute façon, si elle n'écarte pas les cuisses ce soir, Arès se fera une joie de lui forcer la main, reprend le garçon d'une voix bêtement amusée.

- Rhoo, arrête... Jamais il ne s'amuserait à ça !

- C'est bien ce qu'il a fait à la dernière pourtant. Un peu de GhB et une belle nuit de sexe plus tard, il se débarrassait d'elle comme une vieille chaussette.

- Encore une qui abuse trop de la boisson !

Je me fige en entendant leurs paroles. Cette espèce d'écervelée n'a sûrement pas compris ce qu'était le GhB. Mais ce n'est pas de l'alcool. C'est une drogue. Puissante. Qui sert généralement à rendre une femme inconsciente pour pouvoir la violer. Je suis à la fois consternée et tétanisée. Arès, un violeur ?

Il a partagé mon lit. Et c'est un potentiel violeur.

J'en suis malade.

Et puis je pense à Victoria qui pense passer une soirée normale sans savoir dans quel piège elle s'est jetée. Cette espèce d'idiote qui s'est apprêtée pour passer une belle soirée, pas pour se faire violer. Mais. Est-ce vrai ? Puis-je faire confiance à ce genre de conversation ? Bien sûr que non, je ne les connais pas. Ils ont l'air ivres, jaloux et idiots. Pourtant, je suis inquiète. J'ai une boule dans le ventre et je revois l'air d'Elizabeth quand elle m'a fait promettre de veiller sur sa fille unique.

Je me mordille la lèvre et prends ma décision.

J'avance d'un pas indécis et longe l'allée menant jusqu'à la porte d'entrée blanche. Elle est ouverte et il y a une foule de monde, je reconnais quelques visages de mon ancien lycée mais ceux-ci ne prêtent pas attention à moi, trop occupés à danser et boire. En rentrant, je grimace. Une odeur horrible picote mon nez et la musique est tellement forte que je suis presque sûre que personne ne prend la peine d'essayer d'avoir une conversation. Quel intérêt, de toute manière ? Je suis cependant rassurée de constater que presque tout le monde est encore habillés. J'essaye de me glisser à travers les gens,recherchant des yeux Victoria. Je passe par la cuisine – où deux nanas sont couchés en sous-vêtements sur un plan de travail et sont en train de se faire lécher le ventre par des mecs. Un groupe les encourage en hurlant à pleins poumons :

- BOIS ! BOIS ! BOIS ! BOIS !

J'entends alors des applaudissements et des cris émerveillés quand ceux-ci réussissent à finir leurs cocktails. Super.

Je les contourne et me retrouve dans le salon. La musique provient d'ici et impossible d'y voir quoi que ce soit. Aucune lumière n'est allumée et seulement quelques néons décorent la pièce. Tout le monde danse, tout le monde se trémousse. Ils sautent tous au rythme de la musique et je suis perdue dans cette foule de corps. Je transpire, j'ai la tête qui va exploser, je meurs de chaud. Je n'ai pas l'habitude et je sais déjà que je déteste ce genre d'ambiance. J'ai l'impression de me noyer dans un océan de peau. Mais je continue courageusement mon chemin en gardant mon objectif en tête. Je hurle le prénom de ma demi-soeur. Plusieurs fois. Mais ça n'a aucun intérêt, c'est comme si j'étais muette. Personne n'entend le son de ma voix, personne ne fait attention à ma panique. J'essaye de me creuser une allée mais impossible d'avancer ni même de me repérer, je n'arrive plus à savoir d'où je viens. Le problème dans ce genre de situation, c'est qu'on est souvent entrainé par les autres. Je ne peux plus faire un seul mouvement, je n'arrive pas à aller contre le mouvement du groupe. Je griffe, donne des coups et marche sur des pieds mais rien à faire. Je suis complètement ignorée et ils sont tous en transe. C'est un cauchemar. Je hurle à nouveau le nom de Victoria, dans l'espoir de me faire entendre. Dans l'espoir qu'on comprenne que je la cherche pour que je puisse passer. Mais toujours rien. Je suis dans un monde où je suis invisible ; personne ne me voit, personne ne m'entend, personne ne comprend.

Je suis à deux doigts de faire une grosse crise de panique mais on m'attrape alors pas la main et si au début j'essaye de repousser cette étreinte, je me rends finalement compte que c'est une aide qui a su voir mon mal être, qui a su me regarder parmi cette superposition de corps. Je me laisse donc guider sans réellement savoir où je vais, ni qui est mon sauveur – il fait si noir. Un instant, j'espère que c'est ma sœur mais la main qui agrippe la mienne est grande et rugueuse, loin d'être celle si fine et délicate de Victoria. Je sais que c'est un garçon, je le sens à la manière dont il serre. Peu importe. Je m'en débarrasserai quand je pourrais à nouveau respirer normalement.

Ce qui ne tarde pas à venir. Je sors du salon avec un soupir de soulagement et respire comme si c'était la première fois. Je veux prendre le temps de m'appuyer contre un mur pour reprendre mon souffle mais mon sauveur ne me laisse pas le temps de me reposer que déjà, il me pousse vers une petite pièce, juste en face. Je n'ai ni le temps de comprendre ce qui m'arrive, ni de m'interposer que je me retrouve dans une salle de bain bleue. Le jeune homme se retourne vers moi et mon cœur manque de défaillir. Arès Vrakinov.

Il passe à côté de moi pour fermer derrière moi et s'appuyer négligemment sur la chambranle de la porte, calant sa tête contre un meneau. Je suis pétrifiée. Parce que je ne m'attendais pas à le voir ainsi. Seul. Et surtout parce que j'entends encore ce que j'ai appris sur lui, quelques minutes – ou heures? J'ai perdu la notion du temps -auparavant.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Siffle-t-il en plissant les yeux.

Je croise les bras sur ma poitrine et recule le plus possible.

- Bonsoir à toi aussi, dis-je en essayant de paraître le plus naturel possible.

Il me fixe sans répondre et j'ai l'impression qu'il est de très mauvaise humeur. Aurais-je interrompu ses plans ?

- Qu'est-ce que ça peut bien te faire ?

- Et bien vu que c'est chez moi, je suppose que ça a son importance, dit-il en faisant claquer sa langue contre son palais.

Il hausse les sourcils et attend une explication. Je ne savais pas que c'était sa maison, que j'étais sur son territoire, que cette fête était la sienne. Je joue la carte de l'honnêteté.

- J'ignorais que c'était toi l'organisateur de cette superbe soirée.

Ma voix est sarcastique, presque hautaine. Je n'ai pas pu m'empêcher d'être agressive ; j'ai vraiment eu peur dans son salon. Avant, je ne comprenais pas pourquoi Victoria aimait tant faire le mur pour se rendre à ce genre d'évènement, maintenant c'est officiel je la prends pour une dingue. Tous ces gens ici sont timbrés. C'est un univers que je ne comprendrais jamais.

- Personne ne t'a convié et tu ne devrais vraiment pas être ici, ce soir.

Je fronce les sourcils, méfiante.

- Pourquoi ? Et où est Victoria ?

- Au premier, elle décuve avec une copine à elle.

Je remarque qu'il a subtilement ignoré ma première question mais c'est le cadet de mes soucis. Je suis inquiète pour ma demi-soeur, j'ai besoin de la ramener à la maison. J'ai besoin de la protéger. Même si elle n'a jamais daigné me traiter comme un être-humain.

- Je veux la voir.

- Je doute qu'elle veuille te voir.

- Rien à foutre. Emmène-moi la voir.

- Pourquoi est-ce que tu la cherches ?

- Et toi, pourquoi est-ce que tu me poses toutes ces questions ?

- Parce que je croyais que vous vous détestiez.

Je me mords la lèvre inférieure. Si seulement c'était aussi simple.

- Nous avons nos différends...

Je croise son regard et histoire de bien faire comprendre mon point de vue, je rajoute :

- Nous ne partageons peut-être pas le même sang mais c'est ma petite sœur. Je prends soin d'elle et si j'exige de la voir pour la ramener à la maison et l'écarter d'un danger, c'est mon droit.

Ok, j'ai peut-être un peu trop exagéré. Je n'ai jamais pris soin d'elle et je ne la considère pas réellement comme ma sœur, juste comme un suppôt de Satan qui est venu sur Terre simplement pour me pourrir la vie. Mais très honnêtement, personne dans ce monde ne mérite d'être traité comme un objet sexuel. Personne ne mérite d'être humilié, de quelque façon qui soit.

- D'un danger ? Attends... Tu parles de quoi, là ? M'interroge-t-il en fronçant les sourcils et en s'approchant d'un pas.

Je recule dans un sursaut. Je suis à nouveau seule dans une pièce avec Arès. Isolée du reste du monde. Personne ne sait que je suis ici. Personne ne me cherche. Je suis seule avec un garçon que je ne connais pas, qui a partagé mon lit dans un quiproquo et qui porte le prénom du dieu de la guerre. Je lève mon index droit en signe d'avertissement.

- Ne t'approche pas.

Il s'arrête, visiblement désorienté.

- Je croyais que t'étais ceinture noire de karaté, essaye-t-il de dire pour plaisanter avec un petit sourire.

J'ouvre la bouche, puis la referme. Malgré sa tentative pour alléger l'ambiance, ça ne prend pas. Je suis méfiante comme jamais.

- Je... Oui. Et je n'aime pas la proximité. Alors garde tes distances si tu ne veux pas que je te mette K.O.

- Il est vrai que tes coups sont pas trop mal... Pour une fille.

Macho à la con. Je l'ai déjà frappé deux fois, je peux recommencer si besoin et lui faire une piqure de rappel. Il ne faisait pas le malin, hier soir. D'ailleurs, sa lèvre fendue est toujours là pour le lui remémorer.

- Je veux voir ma sœur, redis-je dans l'espoir qu'il accède à ma requête.

- Tu la pensais en danger ici ? Tu sais que je veille sur elle, non ?

- C'est justement ça qui m'inquiète.

- Et pourquoi ça ?

J'hésite.

- Je ne te fais pas confiance...

- Parce que tu ne me connais pas encore.

- Je n'ai pas envie d'apprendre à te connaître. Du peu que j'ai pu apercevoir de toi, je sais que tu es stupide, sexiste, arrogant et insipide. Et pire que tout, tu te crois irrésistible.

- C'est un bon résumé. Bon à part pour le dernier truc : je ne me crois pas irrésistible, JE SUIS irrésistible, fait-il avec un grand sourire, ses yeux bleus pétillant d'un amusement mutin.

Il m'agace. C'est un idiot que je déteste et méprise. Je n'arrive plus à le supporter, j'ai envie de partir en courant mais d'un autre côté, je suis incapable de bouger. Mes pieds semblent être collés au carrelage de la salle d'eau et inconsciemment, je sais que c'est parce que je suis grisée par nos échanges. Le fait de me bagarrer avec lui me fait du bien, j'évacue ma frustration et ma colère des dernières semaines sur lui et je sais que c'est mal et injuste mais ça soulage tellement. Alors je continue, je sors les armes, je creuse encore plus loin dans l'art de la mesquinerie.

- Depuis quand les mecs irrésistibles sont obligés de droguer les filles pour arriver à leurs fins ?

Impossible de cacher le dédain dans ma voix. Je n'ai toujours pas digéré son comportement d'hier soir et ce que j'ai appris un peu plus tôt concorde bien avec la première impression que j'ai eu de lui. Ma sœur a le chic pour ramener les types les plus louches au monde. Je sais que j'ai été trop loin, il n'y a pas de marche arrière une fois qu'on a accusé quelqu'un d'être un violeur. Je ne l'ai peut-être pas dis directement mais le message est assez clair pour être compris comme tel.

Il ne tique pas, ne bouge pas tout en me scrutant intensément. J'arrive à sentir la pièce se charger de particules d'électricité, laissant un goût presque doux-amer sur mes papilles. J'entends les chants tribaux, la tonalité du carnyx résonner comme un matin d'hiver, le bruit des épées qu'on affute avant une bataille. Un silence de plomb serpente entre nous, nos prunelles ne se lâchent pas. Et je sais ce que j'ai provoqué. Je sais que je suis allée trop loin dans mon attaque.

La guerre est déclarée.

Il ouvre la bouche et je m'arme de mon infaillible armure d'impassibilité.

- Merci. Tu m'as fais une belle piqure de rappel ce soir, Mercure.

C'est la première fois que j'entends mon prénom résonner entre ses lèvres. C'est abominablement délicieux.

- Sur le fait qu'on demande le consentement d'une fille pour se glisser dans ses draps ?

- Non, sur le fait que les apparences sont toujours trompeuses. Bonne soirée.

Il ouvre la porte derrière lui et se glisse sur le côté, me laissant la voie libre. Je lâche un long soupir. Je m'avance vers la sortie mais il m'attrape par l'épaule au dernier moment.

- Et ce n'est pas une invitation à rester. Fiche le camp de chez moi.

C'est un ordre. Il ne veut pas de moi dans sa maison. Je me défais de son étreinte, le fusille du regard et rejoins la tortueuse réalité. J'ai presque oublié le reste du monde.

D'après les dires d'Arès, Victoria est au premier étage donc je ne me fais pas prier pour y aller. Les escaliers sont juste à côté de la salle de bain que nous avons partagé et je bouscule plusieurs personnes pour me glisser jusqu'à l'étage. Dans la cage d'escalier aux moulures de plâtre, je tombe sur des cadres où une famille heureuse pose sur chaque photographies que j'aperçois. Arès est sur toutes les photos, difficile de ne pas le reconnaître avec ses longues boucles châtains et ses yeux saphir. Plus je monte les escaliers, plus je croise des couples enlacés. A l'étage, des sous-vêtements ont été judicieusement accrochés aux poignets de portes pour faire comprendre que les pièces sont occupés. Absolument charmant.

Je crie le nom de ma sœur. J'ai l'impression d'avoir passé ma soirée à l'appeler. Je n'ose pas rentrer dans les chambres, j'ai franchement peur de tomber sur des couples en plein ébats. Fort heureusement pour moi, quelqu'un m'a entendu hurler le prénom de Victoria et vient à ma rencontre.

- C'est toi la voisine qui vient la chercher ? Me questionne une fille avec des piercings et des tatouages un peu partout.

La voisine, forcément. Je devrais être flattée, de tous les statuts qu'elle m'a donné, c'est le moins honteux.

- Oui, c'est ça. Où est-elle ?

- Par là-bas, fait-elle en me montrant une direction, elle est étalée par terre. Je l'ai aidée mais j'aimerais profiter un peu de l'ambiance. Tu prends le relai ?

- Ouais, je m'en charge, certifié-je en acquiesçant.

Elle s'éloigne sans demander son reste et je suis la direction indiquée. Et, en effet... Au détour d'un couloir, assise par terre, ses chaussures à talons dans les mains, Victoria chantonne des berceuses en gloussant bêtement. Quand elle me voit, elle ne semble pas me reconnaître ce qui me facilite la tâche. Elle se laisse faire lorsque je l'aide à se relever et que je la prend par la taille pour la faire descendre. Elle montre un peu plus de résistance quand nous sortons dehors et qu'elle comprend que la fête est terminée pour elle. J'ai d'ailleurs peur qu'elle arrive à se dégager pour partir en courant mais un papillon de nuit arrive à la distraire un petit moment pour que je puisse la faire rentrer à l'arrière de ma voiture. A peine ai-je réussi à la coucher correctement que je l'entends déjà ronfler avec un sourire aux lèvres. Au moins, l'une de nous deux a passé une bonne soirée.

Je grimpe à mon tour, mets le contact puis ma ceinture de sécurité. Je démarre dans un soubresaut, fais un petit demi-tour et me permets finalement de respirer en prenant le chemin de terre pour retourner à la ville.

En regardant dans mon rétroviseur, je vois l'ombre d'Arès qui s'efface derrière moi.  

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