Cela faisait des heures qu'elle marchait à travers cette forêt. Elle connaissait pourtant le chemin du retour mais cette fois, elle ne le retrouvait pas.

Le ciel s'était recouvert de son épais manteau sombre et glaçant, et une brume épaisse commençait à l'entourer. Elle semblait vouloir l'encercler et la serrer entre ses griffes. Malgré l'éclat argenté de la lune, il lui était difficile de voir au-delà de cet épais brouillard qui semblait se dissiper à mesure qu'elle avançait.
La peur se glissait sous sa peau jusqu'à lui glacer les sangs. Terrifiée, elle ramenait ses bras contre elle, serrant ses doigts livides et froids l'un contre l'autre, comme pour se protéger de ce qui pouvait se cacher sous cette effroyable noirceur.  Sa robe blanche, maculée de sang, se frottait contre les ronces et les herbes folles, se remplissant d'une épaisse couche de boue, visqueuse et gluante, sur ses longueurs. Le chemin devenait de plus en plus resserré, et bientôt, elle ne pouvait plus faire demi-tour. L'épais brouillard vint à se placer derrière elle, comme pour lui laisser le soin d'admirer la demeure horrifiante qui lui faisait face.

Le froid l'entourait et pénétrait sous sa peau.

Elle eut un moment d'arrêt, affolée, et regarda derrière elle.  Le chemin qu'elle foulait jusqu'alors n'existait plus et l'épais brouillard lui barrait la route. En proie à la panique, elle se tourna vers la demeure aux murs délabrés et commença à courir, comme une âme errante, afin de trouver une issue, malheureusement introuvable. Lassée, elle prit son courage à deux mains et osa pénétrer dans l'effroyable demeure.

La main tremblante, elle poussa la vieille porte en bois qui s'ouvrît, en un vieux grincement, sur l'étrange maison. La mort semblait y habiter. Un sinistre bruit s'évanouit dans la nuit et un craquement se fit entendre.
Qu'était-ce ?
Elle ne le savait pas.
Consciente qu'elle ne pouvait plus reculer, elle s'avança, balayant du regard chaque recoin.

Elle reconnut alors le hall d'entrée de sa demeure, abandonnée depuis fort longtemps et habillée d'une obscure noirceur. Des toiles d'araignées pendaient, ça et là et la poussière avait recouvert ses meubles d'un blanc immaculé, épaisse fourrure du temps. L'ambiance avait changé et était devenu oppressante.

Elle se tourna vers le miroir accroché sur la gauche que la moisissure avait commencé à grignoter. Ce miroir offert par sa mère, pour ses vingt ans.
Qu'elle ne fut pas sa peur lorsqu'elle y découvrit le masque de la mort ...
Son reflet n'y était plus ...
La vie avait quitté son corps depuis longtemps ....