Salem's witches
Les essuie-glaces balayants le pare-brise, fouettent l'eau accumulée par la pluie torrentielle.
Les alentours n'ont juste à offrir qu'un paysage pluvieux, ruisselant de tout côté. L'horizon, chargé d'un lourd brouillard cotonneux, me donne la chair de poule. Une heure que j'ai quitté New York et que je roule en direction de Portland.
Il est 20h.
De mon poste de radio, coule une musique jazz destinée à me détendre mais lorsque mon regard croise ce paysage quelque peu obscur, l'effet escompté s'efface bien vite.
Brian avait raison, j'aurais dû faire la route de jour.
Est ce que cela aurait changé la donne ? Nul ne sait.
Sans raison apparente, la voiture se met à ralentir et à caler brusquement au milieu de nulle part, sur une route à peine éclairée par la lune, au milieu d'une forêt sombre, où seule la mort semble y vivre.
D'abord agacée, j'essaye de démarrer à nouveau mais en vain. La panique commençant à me gagner, je ressaie à nouveau plusieurs fois de démarrer. Le moteur force mais ne démarre pas.
Affolée et effrayée par le décor lugubre qui m'entoure, je ferme les portes à clef de l'habitacle et cherche une solution. Saisissant mon téléphone, je m'aperçois que je n'ai aucun réseau.
Y'a que moi pour tomber en panne dans un endroit paumé, sans réseau téléphonique.
La pluie continue de fouetter mon pare-brise pendant que j'imagine des ombres dans cette forêt sinistre et sombre.
Puis, une lueur qui se veut rassurante, apparaît dans les bois. Je plisse alors les yeux, apercevant une maison non loin de là. Retrouvant mon courage, je sors de la voiture mais déchante très vite lorsque je perçois l'ambiance macabre qui m'entoure.
Le tonnerre se fait toujours entendre, la pluie frappe toujours le sol et cette forêt semble habité par une présence que je ne saurais définir.
N'ayant pas d'autres choix que de traverser cet endroit hostile, je prends mon courage à deux mains, rabats ma capuche et m'engage dans cette forêt si noire.
Le silence remplit tout l'espace, alors que les brindilles craquent sous mes pas et que la peur commence à grandir en moi. Progressant dans cette forêt, je me sens observée et suivie. Me retournant plusieurs fois sur mes pas, je ne vois personne mais semble entendre des craquements de branches.
Regardant ça et là, où des ombres semblent danser autour de moi, j'accélère mes pas puis, effrayée, je me mets à courir.
Arrivant enfin devant cette maison faite de pierres et de bois usés par le temps passé, je m'approche de la fenêtre par laquelle une lueur rassurante perce à travers les rideaux.
Je m'approche avec précaution de celle-ci, me retournant sans cesse, craignant d'être saisie par quelque chose.
Apaisée par le feu de cheminée que je perçois à travers la fenêtre, je frappe à ma porte. Et comme personne ne semble répondre, j'élève la voix, prise de panique.
_ S'il vous plaît ? Il y a quelqu'un ?
Alors que ma voix se perd dans cette nuit pluvieuse, le vent se lève et le cri d'une Corneille vient à percer ce silence de mort. Des pas semblent se rapprocher de moi mais lorsque je me retourne, je ne vois rien.
Effrayée, je continue de frapper à la porte en espérant que quelqu'un me réponde, enfin.
N'osant pas me retourner, je reste presque paralysée par la peur devant cette porte qui ne s'ouvre toujours pas. Je pose alors la main sur mon ventre : Mon petit ange.
Je continue de frapper à la porte, toujours en proie à la peur, lorsque celle-ci s'ouvre enfin sur une jeune femme vêtue d'une chemise à manche longue, d'un corset et d'une longue jupe traînant au sol. Ses cheveux longs bruns encadrent un visage au teint laiteux et aux traits parfaits. Elle m'observe sans prononcer un mot.
_ ... excusez-moi, je suis tombée en panne près d'ici. Puis-je utiliser votre téléphone ?
La jeune femme regarde derrière moi puis me fait signe d'entrer.
Je pénètre alors dans cette maison éclairée par des bougies suspendues au mur. Le décor est très ancien et empreint d'étrangeté.
La jeune femme referme la porte puis m'indique de la suivre et alors que je m'exécute, mes pas craquants sur le plancher, le verrou se referme, seul. Prise d'effroi, je me retourne mais ne vois personne. J'ai bien entendu le verrou se refermer seul, je n'ai pas rêvé cette fois.
Je m'empresse de suivre cette jeune femme, aussi étrange que les lieux eux-mêmes.
J'arrive dans une pièce où trône une large cheminée abritant un large chaudron et autour de laquelle sont suspendues des herbes aromatiques.
Des fauteuils sont disposés près de la cheminée ainsi qu'une table.
Il règne dans cette pièce une ambiance étrange et je me sens épiée à chaque instant.
La jeune femme me montre un fauteuil puis s'assoit à mes côtés, m'observant à la dérobée.
Son visage jusqu'alors fermé, s'illumine d'un sourire lorsqu'elle me dit :
_ je m'appelle megan mais tout le monde m'appelle meg.
_ enchantée, je suis Julie.
Elle jette alors un regard par la fenêtre : la pluie se fait plus dense et l'orage se déchaîne, balayant les arbres dans sa rage. Elle rabat un regard vers moi, gênée et confuse.
_ l'orage semble se déchaîner. Tu peux rester dormir ici mais il y a une chose... tu ne dois quitter les lieux sous aucuns prétexte.
Le ton vindicatif employé, me glace et c'est peu rassurée que j'accepte. Le regard de Megan se pose aussitôt sur mon ventre légèrement arrondi.
_ tu portes un heureux événement ...
_ oui ... et j'aimerais utiliser le téléphone..
Une ride se creuse sur le front de Megan. Elle semble réfléchir puis me répond :
_ Je ne pense pas avoir ça... je suis désolée.
Elle se lève subitement pour allumer un bougeoir et m'indique de la suivre. Face à la tempête qui fait rage dehors, je n'ai d'autres choix que de rester ici.
Les murs en pierres recouverts par endroit de toiles d'araignées, les meubles habillants les lieux, sont en bois, des bougeoirs sont accrochés aux murs et des étagères regorgent d'objets qui semblent avoir été abandonnés ici. Comme hors du temps.
Aucune trace de nouvelles technologies, ici.
L'ambiance est oppressante, presque étouffante, et je me sens observée par des fantômes tapis dans l'ombre. Chaque recoin, plongés dans l'ombre, me donne des frissons.
Alors que nous montons les escaliers, les marches en bois se mettent à craquer sous mes pas et ajoutent à cette ambiance un côté bien effrayant.
Arrivant enfin à l'étage, je constate que le couloir est faiblement éclairé et que des ombres dansent sur les murs à mesure que nous avançons. Mon cœur palpite et de multiples questions se mêlent à mon esprit; que fais-je ici?
Elle s'arrête devant une porte, tourne la poignée, me dévoilant, ainsi, une pièce munie d'un lit, d'une table de chevet, d'une bibliothèque regorgeant de livres et d'un bureau sur lequel sont disposés des papiers, un encrier et une plume.
La fenêtre, dont les volets intérieurs sont restés ouverts, donne sur la forêt.
Megan pose le bougeoir sur la table de chevet puis se tourne vers moi, joignant ses mains. Prenant un air inquiet, elle me regarde puis répète une nouvelle fois :
_ Je vais te donner des vêtements secs et rappelle-toi d'une chose. Ne quitte cette chambre sous aucun prétexte.
_ Entendu ! J'aurais juste une question. Où suis-je ?
_ Tu es à Salem !
Et sur ces mots, elle se glisse hors de cette chambre me laissant à mon questionnement.
Je n'ai fais qu'une heure de route en venant de New York. Comment puis-je me trouver à Salem, c'est à 4 heures de route ! Je n'ai pas pu parcourir autant de route en si peu de temps.
Face à cette nouvelle étrange, je me dirige vers la fenêtre et observe la forêt, si sombre et terrifiante.
J'aimerais tellement appeler Brian.
Je sors mon téléphone de mon sac mais je n'ai aucun réseau.
M'interrogeant sur cette situation, je m'assois sur le lit, pensive. Peut-être que Megan n'est pas ce qu'elle prétend être et qu'elle me retient prisonnière .
Pourquoi ferait-elle une chose pareille ?
Essayant de rassembler mes esprits, je me rends compte que je suis bloquée dans un endroit étrange sans pouvoir téléphoner et que j'ai parcouru 4 heures de route en seulement une heure ... c'est impossible.
Megan ouvre enfin la porte, pose les vêtements sur le lit, me sourit et s'en retourne sans mots dire
_ Je te remercie.
Criai-je à travers la porte mais elle est déjà loin et ne semble pas avoir entendue. Curieuse, je saisis les vêtements qu'elle m'a apportés : des vêtements d'époques, en somme.
Mais où suis-je ?
Je prends le bougeoir et m'approche du bureau sur lequel sont posés des papiers, une plume et un encrier. Je pose le bougeoir sur le bureau, saisissant les documents entre mes mains. Le papier est épais et anciens, la texture n'a rien à voir avec ceux que je manipule d'ordinaire. Je parcours des yeux ce qui est écrit sur ces feuilles lorsque quelques indices attirent mon attention:
« Procès de Sorcellerie _ An 1692. »
Mais que fait ce document ici ?
Je continue de lire rapidement les quelques lignes qui suivent.
« ....Sont accusées d'actes de sorcellerie et de pacte avec le diable, Abigail Williams, Elisabeth Parris, Ann Putmann Jr, Mary Walcott, Marry Warren, Mercy Lewis, Elizabeth Booth et Susannah Shelton.
Leur mort s'en suivra par la pendaison.... »
A cet instant, les papiers s'envolèrent dans la pièce, me remplissant d'effroi, et un rire, qui me glace les sangs, se fit entendre.
Je n'ose plus bouger, fermant les yeux, immobile contre le mur, comme si cela pouvait me protéger.
La peur me paralyse et je n'ose plus ouvrir les yeux. Au bout d'une bonne vingtaine de minutes, j'ouvre enfin les yeux, surprise de constater que les papiers en question se mettent à se consumer par eux-mêmes.
La porte de la chambre s'ouvre violemment sur le couloir toujours aussi faiblement éclairé.
La flamme du bougeoir continue de brûler, dansant sur elle-même et conférant des ombres sur les murs : l'ombre de ma tête puis une autre que je n'ose pas identifier.
Désireuse de voir ce qui se cache derrière cette noirceur, je sors une lampe torche de mon sac. La lumière ne me permet pas de traverser ces ténèbres alors que les rires commencèrent à se faire entendre et que des voix d'outre-tombe murmurent :
« tu paieras aussi pour ces actes. »,
« tu ne sortiras pas vivante d'ici »...
Devant moi, se tient une silhouette que j'ai du mal à définir. Prise de panique, je tente d'ouvrir la fenêtre pour me sauver mais en vain. La fenêtre reste close.
Saisie par un spectacle horrible, je plisse les yeux devant la fenêtre : trois corps pendus à une branche, se balance dans le vide. Les jambes tremblantes, je reste tétanisée face à cette vision morbide pour enfin me rendre compte, qu'il ne s'agissait que de mon imagination.
Complètement paniquée, je me retourne alors et constate que la silhouette a, elle-aussi, disparu.
Hésitant longuement, je m'engage en courant dans le couloir, décidant de m'éloigner de cette chambre, malgré l'avertissement de Megan. En me dirigeant vers l'escalier faiblement éclairé, je fonce dans les escaliers dont les marches en bois sont susceptibles de me trahir à tout instant.
Je pose une main sur mon ventre, continuant de descendre les marches, une à une.
Les bougeoirs, pendus aux murs, habillent les lieux d'une ambiance aussi lugubre que peu rassurante. Alors que je me penche vers le bas, une ombre vint à passer dans le hall d'entrée.
Je m'arrête subitement, tétanisée. Mes jambes ne me portent plus et j'ai besoin de reprendre mes esprits.
Je dois quitter ces lieux au plus vite.
Reprenant ma progression dans cet escalier, je me concentre sur les marches devant moi.
Enfin, le pied posé sur la dernière marche, je m'élance jusqu'à la porte d'entrée avant de constater bien assez tard que le verrou est bloqué. Je tente de le débloquer mais sans succès.
Derrière moi, des pas font craquer les marches en bois du plancher. Je me retourne vivement et vois très distinctement l'ombre d'une femme qui s'élèvent dans les airs. La température de la pièce descend de plusieurs degrés et, toujours contre la porte d'entrée, j'observe la progression de cette créature en ma direction, qui me paralyse.
Je n'ai ni la force de crier, ni celle de partir, je suis littéralement à la merci de cette chose qui me maintient au-dessus du sol et me fait voler à travers la pièce, me ramenant au pied de l'escalier.
Le choc fût rude et mes premières pensées sont pour mon bébé. Posant mes mains sur mon ventre pour le protéger, je tente vainement de me relever.
Où est Megan ?
Une voix d'outre-tombe me répond « là où elle doit être »
Je n'ose ni bouger ni regarder autour de moi,
craignant un nouvel assaut. Des rires
désincarnés se font entendre et je reste là, tétanisée et prisonnière de cette demeure.
Alors que des larmes coulent le long de mes joues, je m'endors peu à peu en murmurant :
_ je veux rentrer chez moi, pitié...
Je sens qu'on me porte et qu'on me conduit dans un lieu que je ne connais pas. On m'attache au mur sans que je puisse crier ou me libérer. Je ne peux pas parler...
Je perçois vaguement des ombres autour de moi, des rires démoniaques mais je ne peux garder les yeux ouverts. Les rires continuèrent et des voix se mettent à parler une langue incompréhensible. Je peine à rester éveillée et pourtant j'en éprouve le désir. Je ne sais pas où je suis.
Réveillée au milieu de la nuit et surprise de constater qu'on m'a attaché au mur avec des liens de cuir, je regarde autour de moi.
Un grand chaudron trône dans une large cheminée. Des murmures se font entendre. Des mots... toujours dans cette langue incompréhensible et inintelligible sont clairement perceptibles. Ces voix m'entourent bientôt de leurs dires étranges mais je ne peux toujours pas prononcer un mot.
Est ce un sortilège ?
Toutes ces questions tournent dans mon esprit bientôt fatigué par toutes ces choses. Sentant la fin si proche, je tente de garder espoir ...de me dire que tout ceci n'est que mascarade, une vision immonde d'un monde encore inconnu... mais rien.
Une vieille femme vêtue de haillons dont les traits ridés et l'apparence sinistre m'effrayent, se tient devant moi. Ses yeux demeurent fixes et creusés, ses mains longues et ridées possèdent des ongles longs comme des griffes prêtes à me saisir.
Croyant que ma perception n'est pas nette, je ferme les yeux et lorsque je tente de les rouvrir à nouveau, trois femmes se tiennent devant moi, tenues à un mètre du sol, m'observant longuement alors que je tente de tirer sur les lanières de cuir qui me gardent prisonnière.
Bientôt, alors qu'elles demeurent toujours à un mètre du sol, une chose que je ne parviens à définir, se présente à moi.
Est ce une bête ? Un esprit ? Un démon ?
Les murmures continuent... des noms de démons sont énoncés clairement sous mes yeux.
Mes poignets et mes chevilles me font atrocement souffrir et je perds bientôt connaissance face à ce spectacle étrange.
La lumière blafarde du jour apparaît et, enfin, je me réveille, toujours maintenue au mur.
La bête et ces femmes ont disparu emportant avec eux, leurs murmures sataniques.
Désireuse d'en savoir davantage, j'appelle Megan tout en essayant de me libérer mais ma voix se perd à travers cette demeure sinistre où seul le silence semble me répondre.
Plusieurs heures s'écoulent avant que les gonds d'une porte se mettent à couiner, me glaçant de l'intérieur, et que des pas se font entendre.
Megan se trouve en face de moi, un seau d'eau à la main qu'elle pose aussitôt au sol. S'avançant vers moi, elle me libère des liens qui me maintiennent prisonnière :
Je t'avais dis de ne pas quitter ta chambre cette nuit ... à présent, il faut faire vite ...
En proie à la panique, je lui réponds :
_ qui sont-elles ? ...
_ les sorcières de Salem ! Elles hantent toujours les alentours et lorsque quelqu'un approche les lieux il est pris au piège de leur malédiction.
Encore abasourdie par de tels propos, je m'interroge sur ses vêtements, son mode de vie puis la date sur cette lettre que j'ai lu.
Mais où suis-je ?
_ Je ne comprends pas . Tu es vêtue de vêtements anciens, tu vis comme à cette époque et j'ai lu des documents anciens à l'étage parlant de procès de sorcellerie, datant de 1692...
Les yeux gris de Meg me contemplent, interrogatifs. Elle déglutit puis m'explique enfin:
_ Nous sommes en l'an 1698. Ces événements ont eu lieu il y a 6 ans mais la menace demeure encore et toujours. La procession ne s'est pas faite par le feu, mais par la noyade...
Meg baisse la tête, déglutit, puis lève à nouveau le regard vers moi :
_ il faut faire vite !
Épouvantée par ses propos, je pose mes mains sur mon ventre et me sentant impuissante, les larmes coulent le long de mes joues. Je m'adosse contre le mur, implorant son aide.
Meg se rapproche de moi, posant sa main sur la mienne.
_ ne t'inquiète pas! Je vais t'aider à fuir les lieux!
_ et toi ?
Baissant la tête, elle me répond enfin :
_ Je ne peux pas ...
_ pour quelles raisons ?
_ elles me retrouveront ... mais je peux t'aider afin d'éviter que tu ne sois prisonnière toi aussi...
Sans m'en expliquer davantage, elle m'entraîne hors de cette pièce.
Rassemblant mes affaires, je m'élance avec Megan hors de cette sinistre bâtisse dans le but de partir le plus loin possible sans me retourner.
Un brouillard blanc épais est présent dans la forêt, empêchant de voir au-delà.
Sur la gauche, je constate qu'il y a un lac dont j'ignorais encore l'existence jusqu'alors. Meg jette un regard difficile à décrire en sa direction.
Et d'une voix tremblante, elle me dit :
_ C'est dans ce lac que le prête les a scellé. Il a fait une messe leur ordonnant de rester prisonnière en ces lieux mais cela ne fonctionne plus ... le sort a été brisé .
Des flashbacks m'apparaissent enfin, de femmes accusées de sorcellerie, que l'on ligote, un sac sur la tête et que l'on plonge dans les profondeurs infernales du lac. Des cris de joie provenant de l'assemblée mais aussi des pleurs. Des femmes accusées à tort et d'autres à raison. Les sentences ont emportées de nombreuses personnes, sévissant à l'aveuglette.
Des femmes pendues accusées d'avoir un lien avec ces créatures de la nuit. Des gens en colère, d'autres en pleurs. Des cris horribles, des gens noyés dans ce lac.
Puis des cris de terreurs, lorsque je perçois cette fois la vision d'enfant que l'on sacrifie aux mains du malin, cette bête hideuse qui se tenait devant moi, hier soir. Tout ceci est donc vrai, cet endroit est maudit. Prisonnier d'un passé trop lourd.
Paniquée, je m'éloigne du lac, reculant vers la forêt comme si elles pouvaient m'attirer à elles et m'engloutir au fond de ce lac.
Levant les yeux au ciel chargé de nuages, Megan déclare enfin :
_ la nuit va tomber dans une heure il faut faire vite ...
Attrapant ma main, elle m'entraîne loin d'ici, à travers cette forêt qui m'effrayait tant, hier. M'interrogeant sur la possibilité que tout ceci ne soit qu'un rêve, je m'interroge sur le fait qu'elle m'annonce clairement venir du XVII eme siècle.
À la regarder, elle a tout de cette époque : la gestuelle, le verbe et l'apparence. Sa peau diaphane détonne avec la couleur marron de ses vêtements bientôt vieillis par le temps. Elle appartient à une autre époque mais alors comment se fait-il qu'elle soit encore ici ?
Subitement, elle s'arrête, essoufflée, prétextant manquer d'air et ne pouvant plus avancer.
Le vent se lève à nouveau et la nuit plonge la forêt dans son long manteau.
Il est déjà trop tard.
Elle tombe près d'un chêne, et, reprenant difficilement sa respiration, j'aperçois les trois sorcières derrière elle. Alors que je m'agenouille près de Megan, elles se maintiennent à un mètre du sol, m'observant sans ciller.
_ pars ! Ne te retourne pas !, me crie Megan.
_ Je ne t'abandonnerais pas ici ...
Son cou, serti d'un collier de velours noir, semble l'empêcher de respirer. Voulant l'aider, je le lui retire. Le collier de velours noir tombe sur ses genoux. Le regardant tomber, elle m'observe, consternée. Ses yeux si beaux n'ont déjà plus de regard puis elle me demande soudain :
_ et maintenant ?
Du sang se met à couler autour de son cou, remplissant bientôt son corsage sans que je puisse faire quoi que ce soit, complètement paralysée par la peur. Sa tête se met à tomber puis à rouler à mes pieds alors que je recule d'horreur. Aux regrets de l'abandonner là à son triste sort, je tente de m'échapper mais je suis maintenue au dessus du sol. Des doigts serrent fortement mon cou, m'empêchant de respirer et bientôt de penser...j'entends des rires puis plus rien ....
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