Deux jours qu'on prépare Halloween. Deux jours que papa m'aide à creuser une dizaine de citrouilles. Un dur labeur et un résultat escompté puisque la plus grosse trône sur le buffet du salon, avec ses yeux effrayants, son sourire carnassier et sa couleur orangée. Illuminée par une bougie de Maman, elle devient assez impressionnante. Toutes les autres ont été disposées devant l'entrée avec plein de décorations champêtres.

Le 31 Octobre, le jour d'Halloween, alors que j'étais seule à la maison, je me sens observée par cette citrouille. C'est pourtant insensé et j'ai passé l'âge de croire à ses enfantillages. Mais du haut de mes 11 ans, l'air moqueur et faussement ironique qu'elle se tient me donne la frousse. Alors je délaisse mon livre et reporte mon attention sur elle, essayant de me convaincre qu'après tout, ce n'est qu'une courge et que rien d'extraordinaire ne peut m'arriver. C'est alors que les trous qui forment ses yeux se creusent d'une horrible façon, laissant apparaître une goutte de sang. Écarquillant mes yeux, mon cœur se met à battre la chamade et, tétanisée, je ne peux rien faire hormis rester plantée là. Mes jambes flageolantes, se déplacent difficilement jusqu'à ce que je me laisse tomber au sol.

La citrouille semble me fixer, agrandissant son sourire abominable, laissant dégouliner de multiples coulées de sang qui se répandent le long du buffet et finissent par goutter sur le parquet. Essayant de m'échapper, je pousse enfin un cri strident et devant mon impossibilité à m'enfuir, je plaque mes mains sur mes yeux, essayant d'oublier ce qui me remplit d'effroi...