Alan
« J'ai juste une demande pour toi, après cette nuit. Je ne veux pas qu'on sorte ensemble, je ne veux même pas qu'on couche à nouveau ensemble. Par contre, si tu as besoin de quoi que ce soit, que ça soit physique, ou verbal, ou psychologique ou je ne sais quoi... dis-le moi. Même si tu penses que ça ne sert à rien et que je ne peux pas t'aider. Est-ce que c'est une demande qui est réalisable pour toi ? »
Tu hoches à peine la tête. Tu as ton sourire narquois aux lèvres, celui qui dissimule ta gêne. Tu es mignon, à enterrer tes émotions et à faire des pieds et des mains pour ne pas laisser les autres te toucher. Je compte bien te faire échouer, ce coup-ci, même si quoi qu'il arrive tu n'en montreras rien.
« Et toi, est-ce que tu as une demande pour moi ? »
« Oui. Si tu pouvais ne rien dire aux autres, ça serait sympa. »
« Je peux ne pas dire qu'on a couché ensemble. Par contre, je ne peux pas faire comme s'il ne s'était rien passé. Je ne peux pas remettre les choses comme elles étaient avant, parce que, que tu le veuilles ou non, on a fabriqué une certaine forme de relation, cette nuit, du genre qui ne s'efface pas. Alors je peux te jurer que je ne dirai à personne qu'on a passé cette nuit ensemble, par contre je ne peux pas te promettre que mon regard n'aura pas changé. Est-ce que c'est une réponse qui te convient ? »
« Ouais. »
Tu donnes tellement bien l'impression que tu t'en fous. Si je ne t'avais pas serré dans mes bras pendant que tu pleurais, après cette soirée enflammée, je serais bien incapable de lire tout ce qu'il y a derrière ton masque.
« Je veux en profiter pour te dire, aussi... parce qu'à la fac je ne peux pas... Tu n'es pas seul, Alan. Je sais que tu ne parviens pas à comprendre ça ni à l'accepter. Mais je te jure que je me jetterais sous un bus si ça pouvait te permettre de t'épanouir enfin. »
Tu fais une drôle de tête, une tête dubitative très peu convaincue.
« Et il n'y a pas besoin d'être amoureux pour ça, alors ne crois pas que je le suis. Simplement, entre humains, on se comprend et on a une sorte de solidarité inscrite dans nos gènes, qui fait que quand on voit un gars comme toi, paumé et cabossé au poids d'avoir perdu sa forme, son utilité et son but, qui suinte de douleur et de solitude par tous les pores de sa peau, ça nous fait un truc. »
Ça a tellement l'air de te passer au-dessus que le doute pourrait presque s'infiltrer dans mon esprit ; je pourrais presque me dire que ça ne sert à rien, que tu ne comprendras pas, et que je devrais te laisser seul. Alors je continue, parce que tant que je parle, le doute se la ferme.
« Ça nous fout un coup de poing à l'estomac et ça nous donne la terrible envie de t'aider, sans savoir comment. Je te jure, si je pouvais juste te choper... te choper par le col, comme ça, et t'arracher à toutes les sangsues qui te bouffent, je le ferais sans hésiter. C'est de la non assistance à personne en danger, sinon, et ça c'est moche. Tu piges ? Ne réponds même pas : je le sais, que tu piges. »
Tu souris un petit peu, ça te fait plaisir d'être validé dans tes capacités intellectuelles. Fort bien, alors enfonçons le clou.
« Si je te dis tout ça, c'est parce que t'es pas con, Alan, t'es pas con. Loin de là. Je me permets de te mettre mal à l'aise parce que je sais que t'as l'intelligence de comprendre ce qu'il y a derrière ; je sais que te bousculer est la manière de te forcer à avancer. »
Tu as perdu tout sourire et dans tes yeux enfin brille quelque chose qui ressemble a un espoir, ou à une supplication. Je sens bien que tu n'as qu'une envie, c'est d'être débarrassé de toute cette merde.
« Alors avance. Lève-toi et mets un putain de pied devant l'autre. »
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