Chapitre 7
La personne qui se trouvait en face de Lucy était un jeune homme un peu plus grand qu'elle, très mince, avec un sourire en coin qui illuminait son visage. Sa couleur de cheveux était la même, mais les siens étaient plus courts et contrairement à Lucy, ils étaient en bataille.
– Sting... Non ! C'est toi ? La surprise se lisait dans sa voix et sur son visage.
Elle ne l'aurait vraiment pas reconnu, s'il n'avait pas été habillé en pantalon à bretelles, ainsi qu'avec un gilet en fourrure qui permettait de voir ses abdos et de longs gants lui arrivant jusqu'en haut du bras.
En quinze ans, il n'a pas changé de style vestimentaire, se dit-elle en souriant.
– Qu'est-ce qui te fait sourire Lucy ? demanda-t-il en remarquant son sourire mais ne sachant pas à quoi elle pensait.
– J'imagine que tu vas me dire « non », si je te demande si tu as froid, dit-elle avec humour.
Comme seule réponse Sting lui afficha une moue de dégoût, comprenant que, soit il n'avait pas du tout changé depuis le lycée, soit il était devenu trop prévisible, au point qu'une vieille connaissance perdue de vue depuis quinze ans sache comment il réagirait. Ou alors les deux... Ce qui n'était pas pour le rassurer.
– Toujours ! Tu es toujours aussi perspicace à ce que je vois ; dit-il en rigolant. Bon, entre avant d'attraper froid. Il la laissa passer devant lui.
Quand la porte d'entrée fut fermée, Lucy sentit immédiatement la chaleur de l'habitat et ça lui fit du bien, elle pouvait mieux respirer. Sting lui passa devant, pour la guider dans cette grande maison.
– Wow, c'est très grand chez toi, et c'est magnifique.
– Tu t'es enfin décidé à ce que ce soit propre chez toi, c'est un miracle. Le ton de la moquerie était bien présent.
– Non, ce n'est pas moi qui fais tout, mais j'aide quand même. Il minimisa la chose pour éviter de voir Lucy s'énerver.
– Bon, bah c'est déjà ça... Elle ne voulut pas insister car elle savait, à la tête de son vieil ami, qu'elle commençait déjà à aller trop loin dans ses réflexions.
– Bon sinon, tu ne vas pas attendre les voitures de ton père dans mon entrée ? Dit-il pour changer de sujet.
Les joues de Lucy s'empourprèrent de gêne. Ils ne s'étaient pas revus depuis longtemps, et ce qu'elle faisait en premier, c'était lui lancer des piques sur son attitude, alors qu'il avait été aimable de l'accueillir chez lui. Parfois elle se désespérait de son attitude face à ses amis. Sting et elle n'étaient plus des adolescents donc elle devait agir en conséquence.
– Tu veux boire quelque chose ? Il se releva de son fauteuil et se dirigea vers la cuisine, dont l'une des portes d'accès se trouvait derrière Lucy.
Lucy suivit de loin Sting et voyant qu'il se dirigeait vers la cuisine, elle décida alors d'explorer rapidement la maison visuellement pour se diriger finalement vers le salon.
Elle attendit que le jeune homme revienne pour s'asseoir.
– Du thé, si tu en as. Elle tenta au maximum de reprendre sa voix normale, pour éviter qu'à cause d'un fou rire, Sting ne fasse tomber sa tasse.
– Très bien, donc deux thés.
Ravie de voir que son ami n'avait pas changé, un sourire de nostalgie apparut sur son visage.
Alors qu'elle allait bientôt se perdre dans ses rêveries, Sting revint avec deux tasses, une dans chaque main, en faisant le plus doucement possible, pour ne rien reverser. Une fois à la hauteur de la jeune femme, il posa le plus délicatement possible les deux tasses, puis il se rassit en face de la jeune femme.
– Alors raconte-moi Lucy, quoi de beau depuis le temps ? Même s'ils ne se voyaient que pour quelques heures, il espérait ne pas la perdre à nouveau de vue, donc autant tout savoir maintenant.
Lucy afficha un sourire qui lui illuminait le visage, en voyant que Sting avait enfin repris son sérieux, mais surtout en repensant rapidement à tout ce qui s'était passé dans sa vie ces dernières années.
– Eh bien... Natsu et moi sommes toujours ensemble, dit-elle joyeusement.
– Non, sérieusement ! Alors le couple composé de la tête de classe et rebelle a tenu, répliqua-t-il en faisant exprès d'en faire trop.
Comme seule réponse et pour bien montrer que sa remarque était vexante, elle se tourna vers un canapé qui n'était pas loin, attrapa le premier coussin à sa portée et le lui lança. Le rattrapant de justesse évitant une catastrophe, il lui afficha alors son plus beau sourire
– Je rigolais... Tu n'as vraiment pas d'humour tu sais !
– Si ! affirma-t-elle limite vexée par sa remarque
– Je disais donc... tu es toujours avec Natsu ?
– Oui ! Nous avons eu un deuxième enfant qui a neuf ans. Nashi vient d'entrer au lycée...
– Quoi déjà... Oula tu as dû prendre un coup de vieux en le réalisant... Sting se rendit compte que Nashi avait aujourd'hui l'âge que Lucy et lui avaient quand ils s'étaient tous rencontrés. Penser à ça ne le rajeunissait pas. Ne m'en parle pas... Ça y est, elle venait d'avoir le coup de blues .
En voyant cela, Sting lui proposa de continuer.
– On vit tous les quatre... Enfin tous les trois et quatre quand Nashi revient en vacances.
– Pratique, ça veut dire que tu évites la plus grande partie de sa crise d'adolescence.
Sur le coup Lucy ne répondit rien et plongea son regard dans sa tasse de thé, puis au bout d'un moment elle reprit la parole :
– Elle est partie à Shirotsume... dit-elle d'une toute petite voix.
Sting ne comprit pas de suite de quoi voulait parler Lucy, il se creusa les méninges, puis comprit enfin ! Sans visage jusque-là si joyeux, afficha une mine désolée.
– Raconte-moi tout, dit-il d'une voix assurée, qui était en même temps un ordre et un possible soutien.
Après une certaine hésitation, Lucy se lança :
– Avec Natsu, on avait complètement laissé de côté tout cela, pour nous construire notre vie à nous. Les années ont passé, Nashi a grandi passant d'une école à une autre sans problème, avec Natsu, nous avons décidé de faire un deuxième enfant, donc Mizu est venu au monde six ans après sa sœur. Ce n'est d'ailleurs qu'à l'occasion de Noël et des anniversaires, que les enfants peuvent voir leur grands-parents...
– Quoi ? Ne me dis pas que ton père t'en veut encore des choix que tu as faits ? En déduit-il avec ce que Lucy venait de dire en à peine quelques microsecondes.
Même pas besoin de parler, rien que l'expression prouvait que ce n'était pas le cas.
– Donc les années passent, mon père m'en veut toujours... dit-elle de façon sarcastique, sûrement pour se convaincre elle-même que ce n'était pas grand-chose. Et puis arrivés au moment du choix du lycée, naturellement avec Natsu on s'est dit que c'était à elle de prendre la décision de l'endroit où elle voulait aller.
Lucy fit une pause, but une gorgée de sa boisson et reprit alors son récit.
– Aucun souci pour le concours d'entrée. Elle s'intègre, on a juste les quelques paperasses de début d'année et par hasard je suis tombée sur son emploi du temps. Donc par curiosité j'ai regardé quel professeur elle avait dans quelle matière, pour que j'essaie un minimum de m'en souvenir. Et puis tu sais, on se dit toujours « J'espère que l'on connaît quelqu'un au moins de nom » Mais bien c'est fait exprès pour que ça n'arrive pas, pour des raisons évidentes, donc on espère mais on sait très bien que ça n'arrivera pas. Sauf que...
– Sauf que là c'est arrivé et c'est tombé sur lui...
– Oui...
– Et alors ?
– Sous un prétexte j'ai contacté l'établissement pour connaître le vrai niveau attendu en mathématiques et le proviseur m'a aussi confirmé que c'était lui.
– Oh... Et alors qu'est-ce que tu as fait ? Même si la situation était inquiétante, Sting avait vraiment l'impression de se retrouver devant un film à suspense.
– Je lui ai ordonné de changer d'établissement scolaire. Notre relation s'est tellement détériorée depuis, et ça ne s'est pas arrangé quand elle a demandé à aller vivre à l'internat et à ne rentrer que pour les vacances. Bien sûr, j'ai refusé, donc elle est allée voir son père, en lui parlant de la distance, il a accepté, j'ai cédé...
– Attends que je comprenne bien, Natsu a été d'accord alors qu'il savait ce qui se passait ? Sting ne comprenait vraiment pas comment c'était possible, mais quand il vit que Lucy baissait les yeux, il passa de l'incompréhension à la stupeur. Non... Tu n'as pas fait ça ? Tu ne lui as rien dit ?!
– Je n'avais pas le choix... Tu te souviens comment il a réagi à l'époque ? Lucy avait encore son thé en ? mais l'avait en réalité complètement oublié, il était même carrément devenu froid. Mais elle avait à nouveau les yeux perdus dans le vide et sa conscience plongée dans les souvenirs.
– Quand l'a-t-il su ? Il posa la fameuse question, mais craignait vraiment la réponse.
– Hier... répondit-elle de la voix la plus faible possible en espérant qu'il n'ait pas entendu.
Surpris et inquiet par cette révélation, Sting ne fit quand même pas de reproches à la jeune blonde, il savait ce par quoi elle était passée et même si Natsu l'y avait aidé en grande partie, il lui était quand même impossible de savoir précisément ce qui lui était arrivé.
– Je vois... Bon ne t'inquiète pas, si Natsu a autant changé que toi - c'est à dire pas du tout - il doit sûrement être allé vider son sac chez quelqu'un, une fois que ça sera fait il reviendra vers toi quand ça sera bon.
Il fit du mieux qu'il put pour la rassurer et pour qu'elle retrouve sa légendaire joie de vivre, sinon ses enfants allaient se poser des questions. Et cela dut fonctionner en partie en quelques secondes, à son habituel sourire jovial.
– Bon et sinon toi, quoi de neuf depuis toutes ses années ?
– Eh bien je suis marié depuis maintenant dix ans. Dit-il en montrant son annulaire.
– Oh toutes mes félicitations ! Et j'imagine que c'est la jeune femme qui travaille à la mairie. Cette fois c'était sûr, elle avait retrouvé sa bonne humeur.
– Dans le mille, mais attends, tu ne l'as pas reconnue ? demanda-t-il assez surpris.
– Pourquoi je devrais ? Elle fut surprise par la question.
– Évidemment, puisque c'est Yukino, répliqua-t-il fièrement.
Yukino... Yukino pourquoi ce nom lui disait quelque chose ? S'ils sont mariés depuis dix ans ça veut dire qu'ils sont ensemble depuis plus longtemps. La fac ? Non, je suis censée la connaître, donc le lycée... Noooon...
– Noooon... Alors comme ça la discrète et le timide, ça a tenu aussi. Elle lui rendit l'appareil, mais cette fois pour se venger elle évita le coussin parce que sinon il n'aurait bientôt plus rien à boire.
– Bah comme tu peux le constater. Dit-il en rigolant. Nous n'avons pas encore eu d'enfants, mais c'est en cours.
– Mais c'est génial ! Elle était vraiment ravie pour son ami.
Mais avant qu'ils aient eu le temps de continuer la conversation, un téléphone fixe sonna. Sting s'excusa auprès de son amie et partit décrocher.
– Oui allô, maison des Youclif, c'est Sting au bout du fil !... Oh c'est toi ma chérie... Oui d'accord, je la préviens... Très bien à tout l'heure, je t'aime !
Il revint rapidement près de son amie qui avait déjà fini sa tasse et attendait que Sting revienne pour y aller.
– Lucy, c'est bon les voitures de ton père sont là, ils t'attendent devant la maison et très enfants sont déjà dedans.
– D'accord, merci. Elle hésita, ne sachant pas quoi dire de plus. Bon donc il faut que j'y aille. Ça m'a fait vraiment très plaisir de te revoir. Sincèrement, se retrouver comme ça, par hasard, c'était un miracle.
– Moi aussi ! Bon je vais quand même te raccompagner dehors.
– Tu es sûr que ça va ? pour moi je peux me débrouiller seule.
– Mais oui je t'assure, ça ne me dérange pas.
Lucy n'insista pas et se dirigea vers l'entrée. Mais avant qu'elle n'ouvre la porte, Sting lui dit d'attendre quelques secondes, retourna dans le salon, prit un bout de papier, y griffonna quelque chose, puis retourna auprès de Lucy où il lui tendit.
– Si tu as le moindre problème, n'hésite surtout pas à m'appeler. Il savait peut-être mieux que quiconque ce qu'elle avait traversé, donc en cas de besoin il serait là.
Elle remercia d'un grand sourire et alors qu'elle s'apprêtait à dire quelque chose, ils furent à nouveau interrompus :
– Mademoiselle, il faut vraiment que nous y allions. Vos parents vous attendent et nous sommes prêts. La voix forte et rauque de cet homme ne donnait pas envie de le contredire.
Effectivement tout le monde était fin prête à partir, les enfants étaient déjà dans la voiture, le chauffeur au volant attendait simplement le signal du départ. Pour ne pas faire attendre plus longtemps le deuxième homme, Lucy se dirigea vers la voiture où étaient ses enfants. Mizu, ravi de revoir sa mère, se dépêcha d'ouvrir la fenêtre arrière côté conducteur.
– Bon les enfants, j'espère déjà que vous ne vous êtes pas trop ennuyés... Non maman ! Répondirent à l'unisson ses deux enfants.
– Bonne nouvelle ! Donc je vais vous expliquer la suite du programme. Cette voiture va vous ramener directement chez vos grands-parents, quant à moi je vous suivrai de près avec ma voiture, accompagnée du chauffeur juste derrière...
Elle continua de donner quelques instructions à ses enfants, puis elle s'éloigna et fit signe au chauffeur de la suivre, mais fut interrompue dans sa course par Sting :
– Ça fait au moins quatorze ans que je ne lui ai pas reparlé. dit-il d'un ton sec.
– Je vois... dit-elle faiblement puis chacun prit son chemin.
En à peine quelques minutes la voiture de Lucy rattrapa celle de ses enfants. Elle trouva même qu'ils arrivaient assez rapidement à leur destination. Une fois les deux voitures complètement à l'arrêt, Lucy sortit, alla chercher les enfants et laissa exceptionnellement faire les chauffeurs, pour les valises. Les trois jeunes gens entrèrent dans la demeure familiale.
– C'est nous ! Dirent-ils joyeusement.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro