Chapitre 23
Après presque deux semaines, Layla n'était toujours pas sortie. Son état s'était amélioré, mais elle restait trop faible. À part Jude, Layla, peut-être Talia et Ed, personne ne se doutait de la raison précise qui avait déclenché cette crise cardiaque.
Son mari ne venait lui rendre visite que tard le soir. Quand il entrait dans la chambre, un sentiment de peur envahissait Layla. D'habitude, elle se réjouissait pour lui, si les affaires marchaient aussi bien. Mais elle savait parfaitement que sa joie actuelle n'avait aucun lien avec le travail. Elle angoissait sans cesse à l'idée que son enfant franchisse le pas de la porte en lui disant que Nashi connaissait la vérité. Pas de chance, ce n'était pas le cas. Donc voir Nashi le sourire aux lèvres à chacune de ses visites lui réchauffait le cœur. Effectivement, la jeune blonde faisait tout son possible pour venir les week-ends. Natsu et Lucy acceptèrent, comprenant que ça faisait plaisir à Layla et cela les rassura encore plus, lorsqu'ils apprirent l'existence d'un trajet direct, en train, entre l'école de leur fille et la clinique. Pendant le laps de temps, les deux femmes discutaient, regardaient de vieux feuilletons télé et se promenaient. Parfois, quand Nashi restait tard les samedis soir, elle mangeait avec sa grand-mère, mais finissait toujours par lui donner une partie de son repas, triste de la voir avaler la nourriture infecte de l'hôpital.
Cette fois, elle a promis de me faire déguster une spécialité française, la quiche. J'ai hâte !
Layla en salivait déjà. Impatiente, elle regarda sa montre.
Encore une heure à attendre...
— Coucou grand-mère !
— Ma chérie, que fais-tu ici, il est tôt ?
— Professeur absent ! J'étais un peu trop chargée pour pouvoir te prévenir ! affirma-t-elle en soulevant avec difficulté tous les sacs qu'elle traînait avec elle.
— Mais pourquoi portes-tu tout ça ? D'accord, ici ce n'est pas de la haute gastronomie, mais tu ne dois pas te mettre en danger pour autant.
— Ah non ! Aujourd'hui, c'est quiche ! Le reste, c'est maman qui m'a demandé. Draps sales, vestes d'hiver et d'autres trucs. Je te les laisse et elle les récupère quand elle passera.
— Et tu ne pouvais pas les ramener en plusieurs fois ?
Pendant qu'elles discutaient — que Nashi se faisait sermonner — la jeune fille posa tous les sacs dans un endroit qui ne dérangerait pas, avant d'enfin s'asseoir face à sa grand-mère.
— Tu sais, on est dimanche. Tu ne devrais plus tarder à sortir maintenant, c'est déjà la deuxième semaine. D'après maman, ils disent que tout va bien, donc ils n'ont pas de raison de te garder une de plus.
— Et pourtant, quand je vois le corps médical parler de mes résultats avec l'infirmier en chef, ça ne semble pas si rassurant...
— Non, mais je te jure, ces gens n'ont vraiment aucun tact... affirma-t-elle avec lassitude, mais surtout beaucoup d'humour, pour tenter de redonner le sourire à Layla.
Et ça fonctionnait plutôt bien.
— Donc toujours rien... ?
— Malheureusement, non...
— Et sinon grand-père ?
— Égal à lui-même, c'est Jude ! répond-elle après quelques instants de silence.
Plus elle restait abstraite, mieux c'était pour tout le monde !
— Il ne changera jamais ! réplique-t-elle, une pointe d'ironie dans la voix.
Malgré cette réponse, Layla sentait bien que quelque chose n'allait pas. Elle décida de ne pas forcer et de la laisser venir d'elle-même. Elle posa une main sur celle de sa petite-fille et lui fit comprendre que rien ne sortirait de cette pièce. Au bout de quelques secondes, Nashi s'extirpa de l'emprise de sa grand-mère et commença à effectuer des allers-retours dans la chambre.
— En ce moment, tout le monde se comporte bizarrement, grand-père le premier. Tu as vu ce qui s'est passé entre lui et papa à Noël, c'était vraiment très étrange.
Layla savait très bien de quoi Nashi parlait. Une question effrayante lui traversa alors l'esprit. Jusqu'où Jude pouvait aller pour détruire Natsu ? Mais elle se doutait que Jude ne lui dirait plus rien.
Nashi doit connaitre la vérité, plus une seconde à perdre ! Mais rien ne l'a préparé à cela ! Et si elle faisait quelque chose de stupide, sous le coup de l'émotion ?
Lucy en voudrait sans doute énormément à sa mère, mais dans l'état actuel des choses, elle n'avait pas le choix. Attrapant la télécommande de son lit, elle appuya sur le bouton qui permettait de redresser son dossier. Assise, elle pouvait faire face à sa petite-fille. Nashi s'arrêta net de marcher, quand elle vit l'air sérieux qu'affichait Layla sur son visage.
— Nashi ce que je vais te dire est très important, mais ne reproche rien à ta mère s'il te plait. Toute sa vie, elle a fait de son mieux pour te protéger, d'une réalité qu'elle-même n'arrive toujours pas à accepter.
À chaque mot que prononçait Layla, la jeune fille avait le sentiment que son corps devenait de plus en plus lourd. Elle ne saisit pas l'entièreté des propos de sa grand-mère, mais imprima chacune de ses paroles et se promit de ne pas les oublier.
Mais au moment où Layla s'apprêtait à commencer la partie la plus longue et la plus difficile du récit, une aide-soignante entra dans la pièce.
— Je suis désolée, mais vous allez devoir partir, les heures de visites sont terminées et nous avons pris du retard sur la distribution des traitements.
La poussant presque dehors, Nashi eut à peine le temps de récupérer ses affaires et de saluer sa grand-mère, qu'elle se trouvait déjà dans le couloir du service. Certaine qu'elle avait le droit à une heure de plus, elle vérifia son téléphone et découvrit qu'en réalité elles pouvaient encore passer trois heures ensemble. Elle se dit qu'elle devrait y retourner, pour essayer de comprendre. En plus, sa grand-mère devait lui parlait de quelque chose d'important. Mais elle se souvient que le prochain train partait dans vingt minutes, le suivant dans une heure trente. Si elle ne voulait pas attendre pour rien à la gare, s'en aller maintenant serait la meilleure chose à faire. Donc elle quitta le service, sans se rendre compte que son grand-père, juste à côté, discutait avec l'infirmier en chef.
***
— Natsu ?
Fin de journée et enfin chez elle, Lucy n'avait qu'une hâte, embrasser son homme et passer le plus de temps possible ensemble avec leur fils. Refermant la porte derrière elle, elle posa ses clés dans le bocal prévu à cet effet, sur le meuble juste à côté. C'est à ce moment que Natsu sortit de la cuisine, un tablier sur lui, les mains sales.
— Mais qu'est-ce que tu fais là ? Il est déjà dix-neuf heures ?
— Non ! Il n'est que dix-huit heures, mais j'ai terminé plus tôt donc j'ai voulu vous faire une surprise.
— NAN !
— C'est toujours un plaisir de recevoir un accueil de ce genre quand l'on rentre chez soi !
Irritée par la manière dont Natsu exprimait sa joie, Lucy fit volte-face et se dirigea vers la chambre.
— Désolé ma chérie, mais ce n'était pas le bon moment pour que tu...
— Pourquoi, tu es en train de préparer un remake de film d'horreur ?
— De quoi parles-tu ?
— Tu as vu tes mains ?
— Oh oui... non !
Il les essuya, avant de se précipiter vers sa femme pour l'empêcher de s'enfermer.
— Attends ! Excuse-moi... comme tu m'avais dit que tu rentrais tard ce soir, j'ai pensé que ça te ferait du bien si je m'occupais du dîner, pour passer un instant juste tous les deux, en amoureux.
— Et Mizu ?
— Chez mon parrain.
— Oh, je vois... monsieur le cachotier.
Lucy reprit son calme. Ils se dirigèrent vers la cuisine cette fois.
— Tu peux mettre la table ? Le repas chauffe déjà dans le four !
— Ça me va ! Qu'est-ce que tu as préparé de bon ?
— Surprise, surprise !
— Tu n'as pas d'humour...
Lucy partit récupérer les quelques assiettes encore en un seul morceau dans leur buffet. Pendant ce temps-là, Natsu retourna surveiller la cuisson de son plat.
TTT
Dans une ambiance romantique, chandelles et vin, Natsu et Lucy dégustèrent le somptueux repas fait par le jeune homme.
— Le saumon fumé, un délice ! Le jus du poisson avec les légumes c'est un vrai régal.
— Je savais que ça te plairait.
Profitant de chaque bouchée, Natsu et Lucy terminèrent leur dîner en amoureux relativement tard. Comme aucun des deux ne travaillait le lendemain, ils décidèrent de se poser devant la télé et de revoir Titanic.
— Tu vas sangloter chaque fois qu'on va le regarder ?
Dans leur lit, Natsu ému par cette histoire vidait son deuxième paquet de mouchoirs.
— Qu'est-ce que c'est beau ! affirma-t-il entre deux gémissements.
— Eh bien, qu'est-ce que ça sera à la mort de Jack ?
Natsu pleurnicha de plus belle.
***
— C'est bon, ça va aller, ce n'est qu'une fiction.
— Mais tiré d'une histoire vraie ! grogna Natsu.
Encore tranquilles pour quelques heures, Natsu et Lucy prenaient leur petit-déjeuner, quand le jeune homme se souvint de quelque chose :
— Oh ! Hier à la boîte, j'ai vu une lettre pour toi.
— De la part de qui ?
— Je crois qu'elle vient d'un des laboratoires de l'hôpital où l'on a envoyé ta mère.
Intriguée, elle ne se rappelait pas avoir fait la moindre analyse. Elle se frotta les mains pour y enlever le surplus de miettes, avant de se lever, partir vers l'entrée et récupérer le courrier.
— Étrange...
— Quoi ?
— Je n'ai passé aucun test depuis des mois...
Surpris, il se rapprocha de sa Lucy pour essayer de comprendre. Il se dit qu'elle avait sans doute oublié. Regardant sous tous les angles cette mystérieuse enveloppe, Lucy tenta de découvrir un indice sur son contenu, mais rien... Elle se décida finalement à l'ouvrir. La jeune femme eut à peine le temps d'en lire le motif, qu'un hurlement incontrôlé sortit de sa bouche.
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