Chapitre 16
– Mademoiselle Dragnier ! Mademoiselle Dragnier ! NASHI !
– Hein… ! Quoi… ! Qu’est-ce qui se passe ?! demanda la jeune femme complètement perdue sur le lieu où elle se trouvait.
Elle regarda autour d’elle pour tenter de savoir où elle se trouvait, mais quand elle vit qu’une bonne vingtaine de tête étaient tournées vers la regardant comme si elle avait une chose énorme sur le visage, elle comprit où elle était : en cours, elle s’était endormie en classe et Madame Strauss l’avait remarqué.
– Vous viendrez me voir à la fin de l’heure ! furent les derniers mots de la professeure de français, avant de reprendre son cours comme si ne rien était.
Pendant le reste du cours, Nashi, ce fut la plus discrète possible, ne prêtant aucune attention à aucun de ses camarades qui la regarder avec un sourire moqueur. A peine la sonnerie retentit que Nashi rangea ses affaires précipitamment, pour se dépêcher d’aller voir Madame Strauss.
L’enseignante aux cheveux blancs avait bien remarqué Nashi, mais fit comme si ce n’était pas le cas, jusqu’à ce que tous les élèves soient sorti de la classe.
– Nous sommes de retour depuis au moins deux semaines et chaque fois, c'est la même histoire, vous vous endormez dans mon cours… Pourquoi ?
Malgré son air sévère, Madame Strauss était quelqu’un de très sympathique quand on apprenait à la connaître et Nashi savait qu’étant une de ses meilleures contrairement à d’autres, elle essayerait de comprendre avant de la sanctionner.
– Pour être franche avec vous je n’en sais rien, cela fait plusieurs jours que je ne dors pas bien…
– Je vois… Écoutez, je n’ai pas vraiment envie de me mêler de votre vie privée, mais s’est-il passé quelque chose dans votre famille pendant les vacances ?
– Certaines choses oui… Mais ça ne me regardait pas…C’était plus du côté de mes parents…
– Très bien… Je vais devoir en parler à votre professeur principal donc, attendez-vous à être convoqué chez le proviseur avec vos parents.
– Mais…
– Vos parents n’ont pas à vous mêler à leurs histoires au point que vous n’arrivez plus à suivre les cours. Ceux sont leurs problèmes pas les vôtres… Maintenant, même si vous avez une évaluation, allez à l’infirmerie et donner ce papier à l’infirmière !
– Bien Madame…
Ne cherchant pas à la contredire, Nashi prit le papier salua la professeure en quittant la pièce pour aller directement à l’infirmerie. Elle n’essaya même pas de faire croire qu’elle était à l’infirmerie, pour finalement aller discrètement en cours.
Madame Strauss viendrait la chercher en personne pour l’y amener elle-même. Elle l’avait déjà fait pour un autre élève, qui lui au contraire tentait de sécher les cours. Après une course-poursuite dans toute la cour, Madame Strauss l’avait suivi jusqu’à l’infirmerie puis l’avait elle-même ramené dans sa classe. Cette histoire avait circulé dans l’école pendant des mois et d’après ce qui avait été dit le jeune étudiant avait écopé d’heures de colle équivalentes au temps qu’il avait à la fois perdue en quittant la classe, mais aussi au temps qu’il avait fait perdre à ses camarades.
– Mademoiselle Dragnier, vous ici ! C’est assez inhabituel, que puis-je faire pour vous ? demanda l’infirmière scolaire.
– Bonjour Madame Marvel ! Je viens de la part de Madame Strauss ! affirma-t-elle, en lui tendant le papier que l’enseignante lui avait donné.
– Je vois… dit-il en lisant attentivement le mot qu’elle tenait entre les mains. Asseyez-vous, je vais vous ausculter.
Après avoir fait tous les examens de routine nécessaires, dans le silence le plus complet. L’infirmière osa enfin regarder Nashi une fois qu’elle avait noté deux, trois éléments qu’elle rajouterait dans son dossier médical.
– Vous mangez le matin ?
– Oui !
– Vous prenez quoi ?
– Toujours la même chose, céréales, fruit et jus d’orange.
– Très bien… Vous dormez bien en ce moment ?
– Pas vraiment…
– Et ça dure depuis combien de temps ?
Nashi hésita réellement à répondre, car elle savait qu’étant encore mineure toutes ce qu’elle dirait serait retransmis à ses parents. Mais comme elle avait déjà dit la grande majorité de l’histoire à Madame Strauss, sa mère serait forcément au courant donc autant tout redire encore une fois. Mais elle savait en même temps que Madame Marvel ferait tout pour la faire rigoler de cette situation.
– Ça a commencé pendant les vacances… Dans ma famille, ce n’est pas toujours facile, les avantages du patronyme… affirma-t-elle avec la plus grande ironie.L’infirmière afficha un petit sourire amusé à cette petite blague, tentant quand même de le dissimuler le plus possible, en baissant la tête sur le dossier de sa patiente, pour écrire quelques notes.
Dès l’instant où le nom Heartfilia avait été mis sur la copie d’examen de Nashi, les choses avaient radicalement changé pour elle. À la fois, aucun professeur ne lui faisait de cadeau au niveau de la notation, mais en même temps tout le monde pouvait être derrière elle en cas de problème. Et ceux qui n’était pas dans cette catégorie n’hésitez pas à rigoler de la situation dans laquelle la jeune fille était, ce qui à la fois l’aider de se sentir comme les autres et à la fois l’amusée elle aussi.
– Les assiettes ont volé entre votre père et votre grand-père ? osa-t-elle enfin demander, une fois qu’elle eût ses notes.
– Si ça avait été uniquement ça…
En voyant le désespoir dans les yeux de la jeune femme, le visage de l’infirmière devint d’un coup beaucoup plus sérieux. Elle ferma le dossier de Nashi et se leva de son bureau, elle prit la chaise sur laquelle elle était jusque-là installée, puis se posa face à l’adolescente.
– Raconte-moi tout Nashi…
La familiarité qu’utilisait l’infirmière rassura Nashi, elle osa enfin la regarder à nouveau dans les yeux.
– On était en train de jouer dans la neige à l’extérieur du manoir, quand mon frère a voulu coller deux blocs de neiges entre eux, j’ai voulu aller chercher de l’eau pour qu’elle fasse comme du ciment et qu’elle solidifie le tout. Mais en me voyant partir, mon grand-père a dit qu’étant une Heartfilia, je n’avais pas à faire cela. Mon père s’en est mêlé et lui a dit de me laisser le faire seule…
– Et ensuite ?! insista l’infirmière.
Elle prit ses mains entre les siennes, pour pouvoir instaurer un climat de proximité et de confiance, ce qui eut l’air de fonctionner, car Nashi reprit son récit :
– Le ton est rapidement monté… Ils sont venus aux mains… Enfin surtout mon père. Il a attrapé mon grand-père par le col, mais avant d’avoir eu le temps de faire quoi que ce soit de plus, les domestiques de mon grand-père avaient déjà plaqué mon père au sol… Alors que la situation était déjà extrême, mon grand-père a dit quelque chose de très perturbant…
– Ah bon et qu’est-ce que c’était ? demanda-t-elle intriguée, mais aussi très inquiète.
Madame Marvel avait écouté le récit de la jeune adolescente avec beaucoup d’attention et plus elle avançait, plus le sang de la jeune infirmière se glaçait. Maintenant, elle comprenait et c’était certain qu’assister à des scènes comme ça, ça peut vous empêcher de dormir. En revanche, ce qui l’inquiétait le plus, c'est ce qui allait suivre.
– Il a dit que c’était grâce à nous, ses enfants, que notre grand-père n’avait pas envoyé notre père en prison une quinzaine d’années plus tôt… !
Cette dernière phrase arriva comme un coup de massue aux oreilles de là l’infirmière, qui n’en revenait pas que des adultes puissent tenir de tels propos devant une enfant de son âge.
– Mais ta mère n’est pas intervenue ?
– Si ! Et ce n’est qu’à ce moment que tout le monde s’est calmé, quand elle a menacé de partir !
– Je vois…
Ne laissant rien transparaître, l’infirmière retourna à sa place derrière son bureau, elle nota quelques mots que Nashi n’eut même pas le courage de tenter de lire à l’envers. Puis elle se leva et proposa à Nashi de la suivre jusqu’à une autre pièce, qui n'était autre qu’une petite chambre avec un lit simple.
– Les draps sont neufs, allonge-toi dedans et repose-toi ! dit-elle avec le sourire le plus apaisant qu’elle puisse.
Nashi sentit la fatigue lui monter si vite, qu’elle n’eut même pas le courage de dire non. Elle eut à peine la force de s’asseoir et d’enlever ses chaussures, qu’elle s’effondra, elle s’endormit presque immédiatement.
Comme elle n’avait pas d’autres patients, l’infirmière resta avec Nashi jusqu’à ce qu’elle s’endorme, ce qui ne fut pas long. Une fois allongée, elle la repositionna pour ne pas qu’à son réveil elle est la moindre douleur, puis elle lui posa la couverture jusqu’aux épaules.
Une fois qu’elle était sûre de n’avoir rien oublié, elle retourna à son bureau, puis ouvrant à nouveau le dossier de Nashi, elle prit son téléphone professionnel. Recherchant rapidement dans ses contacts, elle trouva la personne désirée. À peine deux bips plus tard, elle décrocha !
– Super, il n’est pas en cours !
– Allô !
– Salut Rog, c’est Wendy ! Je te dérange ?
– Bien sûr que non, qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
Sa voix changea d’un seul coup de tonalité, donc visible, il n’avait pas prévu qu’on l’appelle.
J’espère qu’il n’est pas aux toilettes…
– Est-ce que tu peux passer à l’infirmerie, j’ai une de tes élèves à l’infirmerie et j’aimerais t’en parler ?
– Euh… Si tu veux, mais ce que vous vous dîtes n’est pas censé être sous le secret professionnel ?
– Bien sûr que si, mais je ne vais pas te parler de ce pourquoi elle est venue chez moi, mais plutôt de son impact dans le cadre scolaire.
– Alors d’accord, mais autant se rejoindre directement chez le proviseur.
Alors qu’elle s’apprêtait à lui donner une réponse positive, elle se souvint que Nashi était encore dans une chambre pas loin et elle ne pouvait pas la laisser seule, même cinq minutes.
– Désolée, la petite est avec moi et je ne peux pas la laisser seule !
Rog semblait s’être alors levé précipitamment de l’objet sur lequel il était assis, en l’occurrence une chaise, vu le bruit strident qu’elle avait fait. Wendy eut alors à peine d’entre une porte claquer que Rog raccrocha.
***
– C’est vrai que je la trouvais distraite dans mes cours depuis notre retour, mais rien d’alarmant.
Rog en train de faire ses constatations à sa collègue Wendy, toujours derrière son bureau, ainsi qu’à son supérieur sur la chaise juste à côté. Il essayait d’être le plus clair et concis possible pour faire perdre le moins de temps à Monsieur Dreyar le proviseur de l’établissement.
– Et une seconde, tu ne t’es pas dit que ça aurait été une bonne idée de venir m’en parler… ?
– Je ne vois pas, pourquoi elle semblait aller et bien et les notes ne suivent donc aucun problème…
Sous la table de son bureau, Wendy serra du poing le plus fort qu’elle put pour se retenir de donner à Rog la baffe qu’il méritait.
– Donc, pour toi, c’est d’abord le travail et après la santé ?!
– Bien sûr que non… Mais Nashi est une brillante élève qui n’hésite pas le dire quand ça ne va pas, donc elle serait venue me voir.
– Eh bien, ce n’est pas le cas ! Donc j’ai actuellement une élève au bord de l’épuisement dans la chambre d’à côté !
Plus elle parlait, plus le timbre de sa voix augmentait. Avec la plus grande difficulté, il réussit à avaler sa salive. Ne pouvant plus soutenir plus longtemps le regard de la jeune femme. Rog se tourna vers le proviseur pour savoir ce qu’il pensait vraiment, car depuis leur arrivée, à part quand il salua l’infirmière, le proviseur n’ouvrit plus la bouche.
– Je sais que vous ne pouvez pas nous dire de quoi il en retourne, mais dans les grandes lignes, qu’est-ce qu’on a le droit de savoir ?
À peine avait-il pris la parole, que Wendy se calma et reprit cette discussion avec son professionnalisme habituel.
– Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’elle a des problèmes personnels qui l’affectent plus que ce qui devrait…
– Quand tu as des problèmes personne soit ça t’affecte, soit ça ne t’affecte pas, ça ne peut pas t’affecter trop ou pas assez…
En voyant le regard noir que lui lançait Wendy, il comprit qu’il avait peut-être dit une bêtise donc il se tut.
– Je sais que dans les études de l’enseignement, on peut vous apprendre à dialoguer avec les élèves lors de situations compliquées, mais je ne savais pas qu’on t’avait aussi appris la télépathie !
– Comme tu ne nous donnes pas toutes les informations, j’essaie de comprendre…
– Eh bien, tu t’y prends très mal !
– Vu la façon dont tu me regardes, j’avais…
– … C’est bon, vous avez fini ?! intervint alors Monsieur Drayer exaspéré par ces enfantillages. J’appelle les parents dans l’après-midi pour qu’ils viennent au plus vite ! En attendant, vous, vous me tenez au courant de son état et vous vous retournez en cours !
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