A la longue, on s'habitue, on n'oublie jamais

Le rayon de soleil éclairé faiblement le lit où Angélie dormait encore. Tout étaient calme. Dans la chambre d'a cote, Hiro faisaient de même, se débattant quelque fois dans son cauchemar. Dans la pièce d'en bas, le lit vide et défait de Marc Hunter indiquait qu'il était parti depuis bien longtemps.

Quelques maisons plus loin, par contre, une des demeurés étaient particulièrement animée. La musique résonnait, animée et entrainante, réveillant la jeune fille de quatorze ans qui dormait il y a encore cinq minutes. Ses cheveux roux descendaient jusqu'au bas de son dos et elle les attacha rapidement zn queue de cheval, descendant les escaliers en chantant n'importe comment la musique, rejoignant son frère dans son délire.

Frère qui faisait sauter des crêpes, en passant. Il s'approcha d'elle en exécutant une espèce de danse, lui claqua la bise, détacha ses cheveux qui se répandirent dans son dos et sur ses épaules. Maintenant, ils dansaient n'importe comment, profitant juste du moment.

Nananana nanananaaa

La musique se finit et ils éclatèrent de rire. Ils avaient tous deux le même rire et le même sourire, éclatant et chaleureux.

Depuis ses dix ans, il y a quatres ans, chaque matin réservait une nouvelle surprise pour Julia. Son frère veillait à qu'elle profite de chaque moment de sa vie, en commençant par un super réveil. Il avait mis en place ce système pour éviter de replonger et de trop repenser à l'accident qui avait causé la mort de leurs deux parents et de leur petite soeur de huit ans.

Ils s'assirent en même temps, face à face sur la petite table. Julia goûta la crêpe et donna son avis:

-4 etoiles, Sir. Vous vous ameliorez de mois en mois, dis donc, annonça t-elle d'une voix aristocratique.

-Merci bien, Lady, continua t-il sur le même ton. Je ferais attention.

Nouvel éclat de rire. Coup d'oeil à l'horloge et Julia demanda, sérieuse cette fois-ci:

-Dis, tu serais pas en retard? Tu passe pas prendre ton ami?

-Non, sa soeur y va autrement et il l'accompagne, protecteur comme il est. Dixit la fille encore en pyjama...

-Oh, elle ne répond toujours pas...

Il effectua une grimace et fit mine de la chasser, tandis que la belle rousse montait les escaliers quatres à quatres. Pendant qu'elle s'habillait d'un Jean blanc et d'un haut crème, elle s'inquiétait pour son frère. Cela faisait très longtemps qu'elle ne l'avait pas vue... Découragée. Quatres ans, à vrai dire, et cela avait duré deux jours.

Son frère, quant à lui, rangeait machinalement tout le bazar qu'il venait de créer. Sa soeur descendit enfin les escaliers et lança, railleuse:

-Alors, Gestapo de l'habillement? Est-ce bon?

-D'habitude, non, Frau Julia, mais ça passera exceptionnellement aujourd'hui.

Ils montèrent dans la voiture et le jeune garçon essaya de mettre la radio. Sa soeur l'arrêta et le regarda dans les yeux.

-Arrête, maintenant. Tu vas m'expliquer ou quoi?

-Expliquer quoi?

-Brother, ok t'as une gueule d'ange mais ça empêche rien. Je te connais, moi et je veux savoir.

-Non.

-Non? Ok, à ce soir.

Elle ouvrit la portière et commença à descendre et à s'en aller mais il la retint.

-Attends! Ok je vais t'expliquer. Bon dieu, je suis vraiment trop con...

-Ouais. Alors?

-Bah rien, tu me connais, je m'attache pas facile... Et la...

-Tu t'es attaché à elle? Mais c'est cool! Elle est comment? Depuis quand?

-Pff, ce serait cool si elle m'ignorait pas et me détestait pas...

-Tu dis des conneries. Personne ne peut te détester.

-Elle, si.

-Vas-y, explique moi tout tout tout. On va établir un diagnostic docteur Mike

-Bon... Je l'ai rencontrée dans un bar...

-Merci Jordan.

-Pas de quoi, princesse.

Angélie lui retourna son clin d'oeil malicieux même si elle bouillait intérieurement. Quel imbécile...

Elle sortit rapidement de la voiture et se précipita vers Olivia. Même si elle ne l'appréciait pas particulièrement, c'était la seule qu'elle tolérait. Et c'était déjà pas mal.

Elle écoutait ses pépiements quand un nom retint son attention

-Attends, tu peux répéter?

-Je disais que il y a le spectacle d'équitation demain et que j'irais sûrement. Beaucoup de monde ira, car il y a aussi le spectacle de danse et un match de football. En plus, Mike ira certainement car sa petite soeur fait de l'équitation.

-Il a une soeur?

-Ouais, elle est super cette fille. Quand leurs parents sont morts, il y a quatres ans, Mike a su y faire pour continuer a vivre avec elle.

-C'est touchant...

-Ouais. Tu viendras?

-Je sais pas... Très sûrement.

Angélie laissa sa tête partir en arrière et tenta de se concentrer sur sa musique, sans grand succès. Une présence la força à ouvrir les yeux. Il faisait noir et la nuit l'entourait, elle était assise sur un banc à son habitude et tentait de ne penser à rien cinq minutes, sans grand succès. Grace rentrait dans deux semaines. Encore deux semaines a tenir avant de retrouver sa petite existence. Deux semaines, quatorze jours, 336 heures, beaucoup de secondes.

Elle sentit un parfum qu'elle connaissait bien et se crispa mais réussit à ne rien laisser paraitre. Elle inspira deux minutes, le temps à sa carapace de se remettre en place, à sa garde de revenir au combat,et déclara, froide:

-Va t-en, Mike Clums. Je n'ai aucune envie d'être avec toi.

-Jelly, putain, explique moi juste pourquoi tu m'évites!

- Arrête de m'appeler comme ça. Et il n'y à rien à expliquer. J'ai joué avec toi et tu m'as lassée quand j'ai vu que t'y croyais.

Comme ces paroles leurs firent du mal, aux deux cotes. Elle, de les avoir prononcés, de les regretter et de s'en vouloir de les regretter. Lui, de recevoir une telle explication. Il aurait pu entendre n'importe quoi, il était prêt, mais pas ça. Elle bluffait, ce n'était pas possible.

-Tu mens.

Elle ne releva pas et referma les yeux, attendant qu'il parte. Elle se lança un compte à rebours quand elle le sentit s'approcher d'elle.

20...19...18...
Ses lèvres se posèrent sur les siennes et elle frissonna, surprise. Elle aurait voulue fuir, tout son cerveau lui criait DANGER! mais son corps ne lui obéissait plus.

Elle se detendit sans le vouloir et apprécia ses lèvres qu'elle rêvait de goûter , elle s'en rendait compte maintenant.

Finalement, elle trouva la force de poser une main sur son torse et de le repousser, plus doucement qu'elle ne l'aurait souhaité.

Elle le sentit s'éloigner, à son grand soulagement, mais elle entendit distinctement la phrase qu'il lui chuchota.

-Me dis pas que tu jouais, là. A demain.

Elle ne répliqua pas, marmonnant juste un putain de merde.
Angélie aurait voulu repartir tout de suite en France, avant que le contrôle ne soit perdu définitivement.

Elle cliqua sur l'appli Google, trouva en quelques minutes ce qu'elle voulait. La page d'Air France affichait un message

Confirmez vous l'achat du billet New York-Paris vol du 9 décembre à 8:03?

Oui. Non.

Tremblante, elle ne réussit pas à appuyer sur l'un des choix, elle n'arrivait plus à rien. Elle finit par éteindre son cellulaire, non sans avoir chercher où se déroulait le spectacle d'équitation. Dans ces moments, il lui aurait fallu sa jument, ses concours, ses victoires, mais faute de pouvoir voir ses chevaux adorés, elle allait en voir d'autres qu'elle aimerait également.