Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 8

 Chapitre 8 : L'eau, ça rafraîchit

KALLY

Une fois mes affaires récupérées, je montai dans ma voiture et prit mon téléphone portable pour appeler mon frère Jex. Je vérifiai l'heure sur ma montre car je devais lui rendre des comptes à heure régulière. Oui, vous avez bien compris : j'étais sensée donner signe de vie. Jex avait même activé la géocalisation de mon portable. Et si jamais, par un fâcheux contre-temps je n'avais pu le contacter ou si je disparaissais des radars, et bien... il en était fini de moi. Je passerai les prochaines semaines dans ma chambre, privée de tout lien extérieur : pas de téléphone, pas d'ordinateur.

Fallait-il vous rappeler que j'étais majeure ? Cette situation était grotesque et humiliante. Je n'avais nullement besoin d'être maternée de cette façon. Mais que vouliez-vous ? Je n'avais pas le choix.

Je trouvai son numéro dans les appels récents et cliquai sur son nom. Jex décrocha dès la première sonnerie, prouvant qu'il devait être aux aguets, prêt à déclencher l'alerte rouge écarlate si l'horaire convenu avait été dépassé d'un quart de millième de seconde.

C'était à ce moment précis que mon avenir se jouait car vous pensez bien que j'avais développé une stratégie pour éviter de rentrer aux bercails. Et il fallait attaquer directement. Le plan se déroulait en quatre étapes. Tous à vos stylos ! Prenez des notes.

- Salut petit Bidou. [Etape 1 : Donner un surnom ridicule dans le but de titiller votre interlocuteur]

- Kally, arrête avec tes surnoms à la con, répondit-il d'une voix lasse.

- Je reste au centre-ville [Etape 2 : Annoncer clairement votre objectif]

- T'es avec qui là ?

L'éternelle question qui en précédait toute une série ! : « Tu es avec qui, pourquoi faire... et ton amie (remarquez le e à la fin du mot amie) n'a pas de pote ? »

- Toute seule. [Soyez sincère. Votre interlocuteur n'est pas stupide]

- Je t'envoie un prospect. [Réaction anticipée]

Je soufflais d'exaspération. [Veuillez m'excuser, cela m'avait échappé]

- Tu me souffles au nez ? me demanda-t-il d'un ton menaçant. [Notez que l'intonation montait. Mon interlocuteur perdait patience]

- Non, j'ai une mèche sur mon visage, répondis-je. [Etape 3 : Agacer la personne au bout du téléphone]

- Fous- toi de moi. [Remarquez le vocabulaire discourtois. Vous n'êtes pas loin. Tenez bon !]

- J'aimerais être seule mon Bidou. [Mettre une intonation suppliante]

À partir de ce moment, vous passiez à l'étape 4 : l'estocade. Il ne restait que cinq secondes pour que votre « adversaire » lâchât l'affaire.

- Négatif. Tu ne peux pas passer une journée sans catastrophes.

- Ok... [Montrer votre résignation] Au fait, et tes cheveux ? [Parler d'un sujet anodin]

- J'en ai plus, dit-il sèchement. [Décompte : quatre]

- Il faudra te protéger le crâne, tu risques d'attraper un coup de soleil. [Décompte : trois. Penser toujours à son bien-être]

Il grogna et ne répondit pas. Il devait ruminer sa cuisante déculottée.

- Bidou ? [Décompte : deux] Je suis désolée pour hier. Lan était si impressionnant que j'ai pris peur. Et quand il t'a empoigné les cheveux et écrasé la tête sur le plan de travail... Mon dieu ! c'était horrible ! Et puis, ce bruit de tondeuse était insoutenable...

Décompte : un. La bête était à bout. Jex devait fulminer, la fumée sortant de ses narines.

- Arrête-toi ! hurla-t-il. Ne m'en parle plus ou je vais péter un plomb ! Tu sais quoi ? Prends surtout ton temps pour visiter la ville ou dévaliser les boutiques !

Il avait raccroché. Décompte : Zéro.

Je soupirai de contentement et replaçai mon portable dans mon sac à main. Je tournai la clé pour démarrer ma voiture. Le temps était ensoleillé, pas de nuages à l'horizon. Une journée parfaite !

J'oubliai un point important. Si vous aviez un frère comme Matt, laissez tomber ! Vous prendriez très cher alors que vous auriez tout juste commencé l'étape un. Donc règle essentielle : évaluez bien votre adversaire, ne vous attaquez jamais à plus fort que vous.

HARPS

Au moment de regagner ma moto, j'eus un sursaut d'horreur. Putain, la merdeuse était là, devant mes yeux, à quelques mètres de moi. Je me cachai dans le renfoncement d'un magasin. Dans ma précipitation, je bousculai la mère et son gosse que j'avais croisé un peu plus tôt.

La mère colla son rejeton près de son corps pour le protéger et accéléra ses pas.

- Maman, il est vraiment bizarre ce monsieur. Tu as vu ? Il joue à cache-cache maintenant ?

- Mon chéri, il ne faut pas dévisager les gens. Parfois, tu peux croiser des personnes un peu dérangées. Et ce monsieur ne m'a pas l'air très clair. Il semble même s'être fait brutaliser.

- La maîtresse a dit que les coqs pouvaient perdre des plumes. Je crois que ce monsieur en en a perdu quelques-unes.

Je serrai mes poings en entendant cette bonne femme et son sale gosse déblatérer sur ma personne. Je fis un pas dans leur direction mais la mocheté avait tourné son visage. Si je sortais de ma cachette, je serais rapidement repéré.

La sorcière était vêtue d'une robe bleue légère qui mettait, il fallait avouer, ses jolies jambes en valeur. Elle se prenait des selfies telle une star, grimaçant comme un clown devant son téléphone. Puis elle poursuivit son chemin, son sac en bandoulière, un sourire placardé sur son visage. Elle s'arrêta ensuite à un passage piéton, traversa la route et remonta une rue. Comme j'étais curieux de savoir quelle serait sa prochaine victime, je la suivis discrètement, traînant ma jambe tel un éclopé.

Finalement, au bout de ce qui me semblait être une éternité, elle finit par poser ses fesses à une terrasse de café. Le serveur, un petit maigrichon tout boutonneux, se jeta sur sa table pour prendre la commande. Il lui fit une grimace stupide, bien niaise. Et le pire dans tout ce stratagème de séduction fut qu'elle lui rendit son sourire.

Les deux andouilles se tapèrent alors la discussion. La sorcière avait encore frappé : le malheureux était complètement subjugué par sa beauté... Beauté ? J'avais pensé beauté ? Je me donnai presque une gifle. Mais que m'arrivait-il ? C'était l'ennemi à abattre et elle était tout sauf une beauté !

Je plissai les yeux pour observer le moindre de leurs gestes. Le gringalet avait apporté un jus de fruit à la demoiselle puis il se mit à griffonner sur son calpin. Il lui remit ensuite une petite feuille qu'elle s'empressa de glisser dans son sac. Je ricanais : elle ne perdait pas de temps. Fraichement arrivée de son patelin, la voilà qui séduisait le premier épouvantail qui croisait sa route !

Il était temps d'intervenir. Je clopinai jusqu'à sa table et son sourire s'affaissa quand elle me vit. Un éclair de panique passa même dans ses yeux bleus. Je ricanai de satisfaction : enfin c'était MON moment ! Cette mochasse allait regretter de s'être moquée de moi.

Je poussai le maigrichon qui valdingua contre la table ronde voisine et je m'installai sur une chaise.

- Un café pour moi ! commandai-je, ravi de mon effet surprise.

Le gringalet à la face en pleine floraison acquiesça et se sauva comme un lapin. Je posai les coudes sur la table pour me rapprocher de la sorcière.

- Il semblerait que même les démones aient un jour de repos dans la semaine. Aucune victime ?

Elle rougit jusqu'à la racine de ses cheveux et but une petite gorgée de son orangeade.

- Toi et moi, nous avons un problème et il est temps de s'en occuper.

Elle reposa son verre et grimaça un pauvre sourire. Sa belle assurance avait bien disparu. Je profitai pour jubiler intérieurement. Je savais impressionner. Depuis mon enfance, la vie au club m'avait formé à devenir un dur à cuire. Être Président, c'était endosser de lourdes responsabilités et bien souvent, il fallait se montrer persuasif. Des gars pas des moins tendres avaient pissé dans leur froque lors de simples discussions, disons amicales. Alors j'étais certain qu'elle devait se chier dessus.

Je me reculai pour mieux savourer ce moment de gloire. Elle se râcla la gorge et me répondit très calmement.

- Je m'excuse d'avoir égratigné ton orgueil. Vraiment.

Il fallait faire un arrêt sur image car j'avais du mal à comprendre ses paroles. Elle se fichait de moi ? J'étais estomaqué par tant d'audace. J'étais devenu rouge tomate. J'avais une putain de bouffée de chaleur comme une gonzesse ménopausée. Elle poursuivit toujours sur le même ton :

- Je pourrai peut-être reprendre le tatouage. Il semblerait qu'il manquât la touche finale.

J'allais bouffer sa tête. Sérieusement, elle méritait que je l'étrangle et la jette dans le désert pour nourrir les vautours. Je frappai fort la table avec mon poing et elle sursauta de peur. Je ricanai devant son attitude de petite souris apeurée. Enfin...

Putain... Je perdis mon sourire instantanément. Son jus de fruits s'était renversé sur mon entrejambe. La sorcière se pencha pour suivre mon regard et rougit. C'était l'humiliation de trop. Je me levai brutalement et repoussai ma chaise. Je percutai alors le maigrichon qui me renversa le plateau et le café sur mon cut. L'idiot se décomposa et ses boutons semblèrent se décrocher de son visage.

Il se précipita pour essuyer le café qui dégoulinait sur mon gilet en cuir avec son éponge dégueulasse, tout en bafouillant des excuses. Je le repoussai avec force et il tomba sur le cul. La sorcière se leva pour le relever mais je l'agrippai par le bras. Il était temps d'en finir. Je n'allais pas crever sans réagir. À ce rythme, je ne survivrais pas le mois et ce serait pour mon cadavre que mes frères creuseraient une tombe dans le désert.

Je l'entraînai vers ma moto de l'autre côté de la place. La démone tenta de se débattre mais ma poigne était ferme. Je croisai encore le gamin avec sa mère. Le marmot secoua la manche de sa génitrice.

- Maman, c'est le monsieur dérangé ! Tu sais, la maîtresse a dit que les hommes de la Préhistoire...

Ma patience étant arrivée à bout, la marmite bouillait dangereusement. Je stoppai ma course et me tournai vers eux pour leur hurler dessus.

- Le dérangé emmerde ta maîtresse mal baisée ! Alors tu lui diras d'aller se trouver un coq avec des plumes au cul pour la décoincer !

- Oh ! firent la mère et la démone, trop choquées pour ouvrir leur petite bouche.

- Maman, pourquoi le coq devrait décoincer la maîtresse. Elle est rouillée ?

Ouais, très rouillée certainement. Elle n'avait pas dû rencontrer la saucisse depuis des lustres. Je traînai la sorcière à ma bécane et pour la première fois depuis notre rencontre, je sentais enfin que je reprenais confiance.

KALLY

J'étais choqué par le comportement de ce malotru qui ne respectait pas les enfants. Ce petit était adorable avec sa bouille d'ange. Mais quel rustre cet homme des cavernes !

Je tentais de m'extraire de sa poigne mais il me tenait bien trop fermement. Alors je le suivis aussi docilement que je pouvais me le permettre puisqu'il avait décidé de me traîner.

Les quelques passants nous dévisagèrent avec un air outragé, excepté un vieux papi qui jeta à notre passage :

- C'est bien mon gars ! Ne te laisse pas faire ! Faut que ta femme sache que tu en as dans le pantalon !

Je tentai de freiner avec mes pieds pour replacer cet individu mais une mamie très en colère sortit d'un salon de coiffure avec du film alimentaire étirable dans ses cheveux. Elle lui abattit sa canne sur la tête.

- Faut-il te rappeler où est ta place vieux crouton ?!

Le papi se couvrit la tête mais la mamie l'avait empoigné sèchement et le menaçait de nouveau avec son bâton.

- As-tu encore quelque chose dans ton pantalon ? demanda la vieille dame qui semblait être son épouse.

Le malheureux était tout tremblant, balbutiant des excuses, en ayant encore peur de se prendre un coup de canne. Je ne pus retenir mon rire, ce qui semblait énerver encore davantage le goujat.

Parvenus à sa moto, il grimpa dessus et m'intima sèchement de monter derrière lui.

- Ne pense même pas à te sauver, sorcière ! Je te jure que tu le regretterais.

Nous nous toisâmes, chacun très tendu comme deux taureaux dans une arène. Soudain, un sentiment étrange me saisit quand nos regards se rencontrèrent et l'atmosphère changea. La colère s'évapora pour me projeter dans une autre dimension où tous les sens étaient décuplés. Une chaleur m'avait envahi brutalement. Elle venait du plus profond de mon corps pour irradier chaque parcelle de ma peau. Une sensation anormale et nouvelle. Une déconnection de la réalité où mon corps ne semblait plus me répondre. Mes yeux se fixèrent sur sa bouche insolente et mon imagination s'emballa en pensant à tout ce que ses lèvres pourraient me faire découvrir. Le cerveau s'embrumait, chaque neurone se déconnectait pour se lier avec celles de ce malotru diablement sexy.

Je tentais de m'extraire de cette attirance mais la force invisible était bien trop puissante. Une drôle de sensation avait jailli dans mes entrailles et plus rien autour de nous ne pouvait me décrocher de ce magnétisme. Je mentirais si je niais que ce gars, bourré de prétention, ne m'attirait pas. En sa présence, je me consumai d'un désir violent, animal. Un instinct primaire s'éveillait en moi et le désir de l'embrasser devenait difficilement contrôlable. Ressentait-il cette attraction ? Impossible de savoir. Son regard restait indéchiffrable.

Soudain, je sentis une pression sur mon ventre. Retour à la réalité un peu douloureuse, mon esprit ayant des difficultés à regagner sa place dans ma tête. Mon regard se baissa pour fixer sa main qui me tendait un casque de moto. Surprise, je relevai mon visage vers le sien. Les lèvres du démon s'étaient retroussées en un rictus. Il savait. J'étais certaine que mon malaise, appelons cela comme ça, ne lui était pas passé inaperçu. La honte empourpra alors mes joues. Je devais ressembler à ces adolescentes devant leur idole. Il fallait se ressaisir rapidement et tâcher de paraître la plus naturelle possible. Ce goujat était assez imbu de sa petite personne et rien ne servait de rajouter de la matière à son égo surdimensionné.

Je me redressai et lui fit un petit sourire. Monsieur était offusqué, et il était dangereux d'exciter une bête enragée. Alors je décidai d'accéder à sa requête pour lui montrer que je pouvais être conciliante. Et j'avouerais que je n'avais pas très envie de recevoir une fessée, comme celle que j'avais reçu à la bibliothèque. Le souvenir de cette humiliation restait vivace dans ma mémoire, tel une peau marquée au fer rouge.

Je montai donc derrière lui, en prenant un air nonchalant. Je plaçai le casque sur la tête et j'encerclai sa taille en tentant d'oublier la proximité de ce corps bien trop attirant. Mais malgré ma forte envie d'ignorer ces sensations, ce rapprochement électrisait tout mon être. Je n'avais qu'une envie : celle de lui arracher son tee-shirt et d'explorer chaque centimètre de sa peau ferme.

Quand il mit le contact, mon étreinte se raffermit et je sentis ses muscles se tendre. Lui faisais-je aussi de l'effet ? Ma proximité chamboulait-elle son assurance ?

Il se tourna pour me lancer un regard que je ne sus interpréter puis il démarra en direction du ranch.

A notre arrivée, Harps se gara à côté d'une dizaine de motos et coupa le contact. Je descendis dignement et comptais bien l'ignorer pour le restant de la journée. Mais il m'attrapa de nouveau le poignet :

- Nous n'avons pas terminé tous les deux.

Je tentai une nouvelle fois de m'échapper mais il n'avait pas l'intention de me laisser filer et il resserra sa poigne.

- Continue à te tortiller l'asticot, tu ne pourras pas me fuir.

- Quand Jex saura comment tu prends soin de moi, il va.

- Ne t'inquiète pas, me coupa-t-il. Il m'offrira certainement une bière ! En ce moment, le pauvre malheureux doit se fixer dans un miroir et ne doit même pas reconnaître la tête d'ampoule en face de lui.

Je grimaçais : je ne savais même pas la raison qui m'avait poussée à faire de Jex un sauveur potentiel. J'étais certaine aussi qu'il se réjouirait de la façon scandaleuse dont son ami me traitait.

Le gros rustre me tira d'un coup sec et nous entrâmes dans le salon. Je fus soulagée de voir qu'il n'y avait que Jack. Il aurait été humiliant de se faire reprendre devant toute une assemblée de gars qui n'attendaient que le moment où leur Président me flanquerait une bonne fessée.

Harps me força à m'asseoir dans un fauteuil et je lui jetai mon plus gros regard fusilleur en massant mon poignet meurtri.

Jack s'était tourné vers nous, le téléphone portable à son oreille. Tout en poursuivant sa conversation, il ne cacha pas son étonnement de me voir avec ce Cro-Magnon. Ses yeux se plissèrent pour comprendre ce qui avait mis son pote en pétard.

- Aucun problème pour quatre caisses.

Harps retira son cut et le posa sur une chaise. Il s'ébouriffa les cheveux d'un geste nerveux et terriblement sexy. Juste ciel ! Il fallait que mon cerveau reprenne le contrôle de cette pagaille dans ma tête où je deviendrai la risée de ce démon prétentieux.

- La livraison sur notre territoire.

Jack jeta un œil inquiet à son Président et son regard fut attiré par le pantalon mouillé à l'entrejambe. Il posa la main sur le micro de son portable.

- Tu t'es pissé dessus ?

Je ne pus m'empêcher de pouffer de rire et Harps grogna férocement pour sortir de la pièce tel un chien enragé. Jack reprit sa conversation.

- Jeudi 14 heures. Soyez ponctuels.

Il raccrocha et m'observa en silence. Dans sa tête, tous pleins d'idées devaient se bousculer pour comprendre ce qu'il s'était passé.

- Qu'as-tu fait cette fois-ci ? demanda-t-il calmement avec un sourire, en s'asseyant dans le canapé.

Harps ne me laissa pas le temps de répondre : il revenait avec une bière dans sa main, en traînant son pied. Il s'affala dans un fauteuil de cuir marron en face de moi. Il ne semblait pas décolérer et la pièce s'était chargée d'électricité. Un orage se préparait. J'avais la désagréable impression qu'il ne tarderait à m'empoigner pour me crucifier sur un des deux piliers à l'entrée du ranch.

- Cette gamine est une sorcière ! lança-t-il.

Je fronçai les sourcils. Si ce malotru persistait à me donner des surnoms ridicules, je... je ... Que pouvais- je faire ? Et bien, ce serait sans nul doute terrible.

- Son putain de verre s'est renversé sur moi.

Jack posa un pied sur son genou opposé et tentai toujours de comprendre.

- Vous aviez un rancard ?

Je me liquéfiai. Cet homme des cavernes et moi ? J'étais choquée que Jack pensât que nous puissions nous donner un rendez-vous. Le pourcentage de chance que cela arrivât était de zéro.

- T'es malade ou quoi ! s'exclama l'éclopé.

- Mais alors comment son verre s'est retrouvé sur toi ? poursuivit Jack, ne comprenant plus rien.

- Elle voulait se taper le serveur, un maigrichon tout boutonneux.

L'attirance pour ce démon s'était violemment volatilisée. Furieuse, je me levai brusquement de mon fauteuil. Cette fois, c'était une déclaration de guerre, le pavé de trop jeté dans la mare. Je refusais que cet énergumène aussi moche qu'un vieux pou puisse entacher ma réputation. Je serrai les poings, prête à en découdre pour sauver mon honneur.

- Ce n'est pas vrai ! lançai-je pour me défendre.

Il se leva à son tour d'un bond et pointa un doigt dans ma direction. L'atmosphère virait à l'orage. Des éclairs menaçaient de jaillir entre nous.

- Toi la mioche, tu t'assois ! menaça-t-il, en sortant les crocs.

Je ne me laisserais certainement pas écrabouiller par cet homme des cavernes. Me prenait-il pour l'une de ses brebis qu'il pouvait commander à sa guise ?

- La mioche ? répétai-je scandalisée tout en restant debout.

Il posa sa bière sur la table basse et se rapprocha. Je dus me dévisser le cou pour ne pas quitter ses yeux. Si impressionnant qu'il fût, je ne me dégonflerai pas. J'avais des années d'entraînement avec mes frères et ma tante.

- Ouais, t'as bien compris. La mioche !

Je serrai mes poings et fixai le biker de mon regard noir.

- Mais c'est incroyable !... Tête de...de... cochon sauvage !

Il passa une main dans ses cheveux, au bord de la crise de nerf. De la vapeur s'échappait de ses narines. J'entendais presque le sifflement d'une locomotive lancée à plein régime. La cocotte n'était pas loin d'exploser.

- Tu me traites de quoi là ?

- Et en plus, monsieur a besoin de se faire déboucher les oreilles ? me moquai-je.

Jack se frotta sa barbe et nous rejoignit pour tenter d'apaiser la situation. Il posa une main sur le bras de son Président pour le calmer.

- Ok. Temps mort !

Mais Harps ne l'écoutait pas tant il écumait de rage. Il se dégagea brusquement de la main de son ami.

- Je vais la pendre, frère. Tu ne peux pas imaginer combien je rêve de voir sa carcasse se balançait au bout d'une corde à l'un des arbres du jardin.

Je fis un pas vers lui et il se redressa avec un sourire moqueur au coin des lèvres en me toisant de sa hauteur. Il savait qu'il avait l'avantage de la taille et il en profitait. La situation devait bien amuser Jack car il ne put cacher un sourire.

- Ok, je vous propose de reprendre cette discussion un peu plus tard, tenta Jack.

Je prie mon sac et en sortis le bout de papier que le serveur m'avait donné. Je le collai sur le torse de ce malotru.

- Lis, si tu sais lire bien entendu.

Il me l'arracha des mains en me fusillant du regard.

- Qu'est-ce que c'est ? Des noms de lieux où il comptait te sauter ?

Je vous jure que j'avais fait l'impossible pour garder mon sang froid. Mais à ce moment, l'instinct primaire prit le dessus et ma main claqua sur sa joue. Un silence plomba la pièce, signe annonciateur que la tempête était proche, très très proche. Jack se statufia de la tête aux pieds, complètement médusé par mon geste.

Comme dans un film au ralenti, je vis le petit bout de papier tomber doucement sur le parquet. Puis le démon me souleva par la taille pour me jeter sur son épaule. Jack essaya d'intervenir mais Harps le bouscula pour passer et se dirigea vers la baie vitrée. Je tentai de me redresser et de lui tirer les cheveux mais sans succès. Il me pencha davantage et je m'agrippai à sa ceinture pour ne pas tomber.

Il traversa la terrasse où ses potes discutaient paisiblement en prenant le frais. Tout le monde se tut en nous voyant débarquer.

- Prez, tu as capturé une gazelle ? lança un chauve en riant.

- Je ne crois pas que ce soit une gazelle, Adam. C'est le boulet ! rajouta un biker à la crinière blonde en déclenchant le rire moqueur de ses copains.

Harps se tourna vers l'assemblée et tapota mon derrière avec un grand sourire. Je vous jure qu'il le paiera cher, très cher... Comment osait-il poser une main sur moi !

- La mioche a besoin de comprendre qui est le maître ici ! N'est-ce pas petite sorcière ? Te voilà en fâcheuse posture. Un dernier mot avant de te rafraîchir dans la piscine ?

C'était l'humiliation ultime, la limite avait été franchie au-delà de toute espérance. Je jurai que ce mufle me paierait au centuple ce qui suivrait.

- Je t'en prie, je ne sais pas nager ! suppliai-je, avec ma fierté disparue.

Mes paroles déclenchèrent une tempête de rire. Harps se retourna et j'aperçus mon ami Jack se décomposer, complètement impuissant, avant de disparaître dans l'eau dans un cri. Je tentai de remonter à la surface en agitant bras et jambes mais c'était impossible. Je me noyai.

HARPS

Putain, la voir dans l'eau me procurait une jouissance sans nom ! Je prenais une chaise et je m'assis près de mes potes pour savourer cette revanche bien méritée. J'avais maté la petite démone. Elle s'était frottée à plus coriace et en avait perdu sa fierté. Toute chose avait une fin et dès à présent, j'allais reprendre une vie paisible.

Jack s'approcha de moi très inquiet :

- Mec, je crois que Kally a un souci.

Je reportai mon regard sur la mioche qui s'agitait dans la piscine. Mes frères cessèrent de rire comprenant que la sœur de notre pote était en train de se noyer sous nos yeux. Mon sourire s'affaissa aussitôt. Et merde, la sorcière n'avait pas inventé de salades : elle ne savait pas nager.

Je bondis de ma chaise qui se renversa et sans attendre je plongeai dans l'eau, sans même prendre le temps de me déchausser. J'attrapai la démone qui se débattait pour rester en vie et je la ramenai au bord. Clint et Jack la hissèrent hors de l'eau.

Elle se toucha la poitrine et recracha un peu d'eau. Très inquiet, Jack se pencha sur elle et lui frotta le dos. Puis il la prit dans ses bras et lui murmura je ne sais quelles paroles consolantes. Elle répondit par un hochement de tête et il la souleva pour la porter comme une princesse vers l'intérieur de la maison. Mais avant de disparaître dans le salon, elle me jeta un sourire malicieux, accompagné d'un putain de clin d'œil. Et alors que je pataugeai dans l'eau avec mes godasses, mon jean flambant neuf et mon tee-shirt blanc, je compris. Et pour ma plus grande honte, mes frères comprirent aussi.

- Prez, tu t'es fait avoir par la gonzesse, se moqua Spiner en éclatant de rire, suivi par mes frères.

Je sortis de l'eau, dégoulinant de la tête aux pieds, mes belles rangers complètement fichues. Je serrai mes poings et je traînai ma patte en direction de la maison pour trouver un trou où me cacher.

KALLY

Je prenais ma douche et je me remémorai le plongeon parfait de cet idiot. Il n'avait pas hésité une seule seconde à sauter tout vêtu : tee-shirt blanc, pantalon en jean, chaussures dans la piscine ! Il m'avait attrapée par la taille pour me remonter comme un sauveteur digne d'un film hollywoodien.

Je pouffai de rire. Cela faisait bien un quart d'heure que je riais sans pouvoir me contrôler. Pauvre gars, cela n'avait jamais été aussi facile de duper quelqu'un.

Il fallait toutefois reconnaître qu'il ne m'aurait jamais laissé me noyer. Avec tout ce que le destin lui faisait endurer, bon... mes petites taquineries aussi..., et bien, il me protégeait. Certes, j'étais la petite sœur de son meilleur pote, mais je sentais que je pouvais avoir entièrement confiance en lui.

Je passai le savon dans mes cheveux, et j'explosai encore de rire. Vraiment, si vous aviez vu sa tête se décomposer quand je lui avais fait un clin d'œil. Sa mâchoire s'était décrochée de sa bouche et ses yeux étaient sortis de ses orbites. Au purée, désolée, je ne pouvais plus m'arrêter de rigoler... 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro