Chapitre 35
Petite séance chez le psychiatre
Mot de l'auteure : Mes personnages se querellant sans cesse, je décidai de les envoyer consulter un psychiatre. Ce ne fût pas aisé de les réunir tous dans la même pièce, chacun trouvant prétexte pour ne pas se rencontrer. J'espérai que cette séance leur ferait le plus grand bien...
KALLY - L'auteure nous a contraints à consulter un psychiatre. J'attendais donc dans la salle d'attente avec les principaux personnages de l'histoire.
Assise en face de cinq paires d'yeux, je croisai mes jambes en fixant le vernis de mes ongles afin de garder un air détaché. Leur attitude agressive ne m'échappait pas. L'épineux grinçait des dents et ne tarderait pas à traverser le peu de distance qui nous séparait pour m'étranger. Son visage couvert de blessures lui donnait l'air d'un beau guerrier du Moyen âge. Dommage qu'il fût si arrogant !
Jex ne pouvait contenir sa colère : ses jambes tressautaient de nervosité, tout en pestant tout bas contre moi. Il avait même proféré des menaces, me promettant une belle fessée lorsque nous sortirions de notre séance de psychanalyse. Franchement, je serais la première surprise si le médecin le laissait s'évader après l'avoir consulté. Il montrait des signes évident de dépression, schizophrénie et paranoïa.
Le plus calme était mon frère Matt. Mais à n'en point douter, il devait se mordre la langue pour ne pas me hurler dessus. Il croisait les bras, son regard sombre dangereusement fixe parlant à sa place.
Sax grognait en serrant les poings. L'enforcer au corps impressionnant musclé avait rencontré « la reine des chieuses ». Le pauvre semblait traumatisé et craquait son cou à s'en faire casser les cervicales.
Quant à mon ami Jack, il se grattait nerveusement sa tignasse blonde, s'attendant à ce que la situation dérape dans les prochaines minutes.
Ce fut donc avec un soulagement que la porte s'ouvrit sur un vieux petit monsieur aux cheveux ébouriffés. Des lunettes rondes au bout de son nez retroussé, il me fit signe d'entrer. Je me levai, consciente que les gars me suivaient du regard. Je m'empressai de rentrer et je m'allongeai sur le divan en tissu usé jusqu'à la corde. La pièce était vieillotte : des murs marrons, de vieux cadres de paysages, un fauteuil en cuir usé, un sablier imposant traînant sur une console en bois, une étagère croulant sous des livres poussiéreux. Je résumais : un médecin en fin de carrière, n'ayant pas les moyens de se payer une femme de ménage. Un simple coup d'œil à ses vêtements troués par les mites me confirmer le peu de ressources qu'il possédait.
Le bonhomme s'installa dans le fauteuil et croisa ses jambes en tenant un carnet et un stylo dans ses mains.
- Bonjour Kally, dit-il de sa voix traînante. Comment vous sentez-vous ?
L'auteure et ses idées farfelues. Elle avait interrompu l'histoire pour me psychanalyser. J'avais vraiment mieux à faire dans la journée ! Je soufflai...puisque je ne pouvais y couper, je me lançai sans grande enthousiasme.
- J'avoue avoir dépassé les bornes, confessé-je, devant son assentiment. Mais l'urgence de la situation ne me permettait pas de m'arrêter quand ma voiture avait malencontreusement effleuré la première moto pour entraîner toutes les autres. Avec l'animosité d'un tel public, brandissant leur poing, vous comprenez que ma vie avait été en danger et que j'avais dû filer au plus vite. J'avais tenté de leur faire un signe de la main comme la reine d'Angleterre mais la voiture avait dérapé sur les rosiers de Lan. Si vous aviez vu le visage terrifiant de l'épineux... il n'était plus possible de m'arrêter pour ouvrir le portail. Le faux médecin Nielse avait tenté de s'interposer mais il s'était vite rendu compte de ma motivation pour franchir le dernier obstacle. Il s'était alors jeté dans les graviers pour éviter ma voiture.
Le psychiatre arrêta d'écrire pour me fixer avec effroi. Le pauvre malheureux devait se demander si toute cette histoire rocambolesque n'était pas une plaisanterie. Je poursuivis ma confession, désirant au plus vite retourner au volant de ma titine, en direction du chemin qui me mènerait vers un peu de Liberté.
- Entre nous, cette sortie était spectaculaire !
Je me redressai en prenant mon sac dans mes mains.
- J'avoue que la tentation fut grande de voir cette guirlande de motos.
Je lui fis un petit clin d'œil complice et le vieux monsieur déglutit d'horreur.
- Un petit coup et pof pof pof pof. Pas une n'en réchappa.
Je me levai et le gratifia d'un grand sourire.
- Veuillez m'excuser mais j'ai une urgence ! La Liberté m'attend !
[Bilan psychiatrique : manipulatrice, psychopathe, perverse, manque d'empathie]
HARPS :
L'auteure est complètement tarée. Comme si la situation n'était pas assez humiliante ! Regardez-moi ce mal fagoté avec son stylo et son papier. Que gribouillait-il avec sa petite patte ridée ? J'espère que cette conversation resterait entre nous car si la rumeur de ma déculottée se répandait, je pouvais regagner la banquise des pingouins de mon pote Jex.
- Le tatouage sur mon épaule, le morceau de verre enfoncé dans la plante de mon pied, la tête se fracassant sur la table, les épines de rosiers sur tout mon corps et même mon gland, le bouquet de fleurs allergisant, le tapis des escaliers, le saut dans la piscine, l'arrivée du cinglé... et ma bécane... Faut-il que je continue ?
Le vieux me fit un signe de la main pour m'arrêter.
- L'ultime humiliation était cette attirance qui me liait à cette agaçante sorcière aux regards envoûtant. Elle m'a jeté un putain de sort. Son joli sourire s'est installé dans ma tête. Impossible de penser à autre chose. J'en arrive même à me branler sous la douche en pensant à son joli petit cul.
- Elle vous attire ? demanda le vieux, très curieux.
Je serrai les poings de rage.
- Elle m'attire surtout des ennuis. Cette nana, si je l'attrape, je l'égorge !
[Bilan psychiatrique : individu prenant plaisir à se faire dominer ; sadomasochiste]
JEX :
- Faut m'aider ! suppliai-je le papi en me jetant à ses pieds.
Il tenta de décrocher mes doigts qui avaient agrippé sa vieille chemise dégueulasse.
- Pitié ! Parlez à l'auteure et demandez-lui de m'éloigner de ma démone de sœur. Je vais crever. Vous m'entendez ? Je vais clamser comme un putain de rat ! Je veux rejoindre la banquise avec mes pingouins !
Sans me rendre compte, le malheureux suffoquait quand je l'avais secoué un peu trop fort. Sa chemise craqua et les poils sur son torse jaillirent comme des ressorts. Il se mit à hurler de terreur, me perçant un tympan. Jack avait aussitôt déboulé dans la pièce pour me traîner sur le sol vers la sortie pendant que je me débattais.
- Si tu ne l'enfermes pas, je vais te massacrer ! lançai-je alors qu'il tentait de reprendre des couleurs. J'espère que tu as saisi vieux crouton !
Je brandis le morceau de chemise que je tenais dans les mains, en signe d'avertissement.
[Bilan psychiatrique : paranoïa, psychose, délire, violence, schizophrénie, dépression à un stade très avancée. Zoophilie.]
MATT :
Qu'est-ce que je foutais ici ? Je fixai le malheureux que mon frère avait malmené. Il tentait de remettre un peu d'ordre dans ses vêtements. Ses mains tremblaient affreusement. Il semblait chercher le stylo qui avait roulé sous son fauteuil. Je me levai du divan, pressé de me barrer.
- Je n'ai rien à dire. Fin de discussion.
Je quittai la pièce sans me retourner.
[Bilan psychiatrique : je ne peux formuler de diagnostique médicale sur ce patient. Je ne veux pas risquer ma vie.]
JACK :
Confortablement installé sur ce vieux divan, une main derrière la nuque, je me confiai.
- J'avais mis en garde mes potes. Mêler le diable à leurs chamailleries n'était pas la plus brillante des idées. Ne pouvaient-ils pas laisser en paix ma petite fleur ?
Je soufflai d'exaspération.
- Et ce n'est pas terminé. Je le répète. Rien ne sortira de bon dans cette affaire.
[Bilan psychiatrique : Nous avons bu une tasse de thé et je pus confier mes angoisses. Ce monsieur Jack est vraiment d'une sympathie compatissante. Un très bon moment d'échanges.]
SAX :
- Ecoute- moi gros pervers, dis-je au psychiatre en le suspendant par le cou contre un mur, tu vas gentiment demander à l'auteure de me rembourser les réparations de ma bécane. Sais-tu seulement combien coûte un pot d'échappement ?
Il tenta de me répondre mais je serrai probablement trop fort son cou. Un gargouillis incompréhensible s'échappait de sa gorge. Son visage vira au cramoisi, il ne tarderait à crever si je ne le lâchais pas.
- Et passe-lui le message : quand je mettrai la main sur sa tignasse, elle regrettera d'avoir inventer cette absurdité de sorcière !
Je le relâchai et il tomba à mes pieds, à moitié inconscient. Une flaque avait dégueulassé mes semelles. Le crado s'était pissé dessus.
[Bilan psychiatrique : Gros psychopathe violent et impulsif. Il devrait être interné.]
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