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Chapitre 3


Chapitre 3 : La sentence


Face à moi, une quinzaine de bikers, leurs regards sombres me mitraillant dans un silence pesant. Le « Prez » m'avait demandé de rester debout contre le mur du bar et de mettre mes mains en évidence. Je pensais qu'il n'avait pas bien réfléchi à l'endroit où j'avais l'ordre de ne plus bouger : j'étais adossée contre un poster placardé sur le mur, affichant une nana à moitié dévêtue sur une moto, levant son majeur avec un sourire provoquant. Non pas que cela reflétait ma pensée, mais cela pouvait porter à confusion...

Je bougeai légèrement et si je ne flippais pas trop, je masserais mon derrière. Après m'avoir trouvée, tapie sous une table de la médiathèque, Harps avait attrapé mes chevilles puis il avait tiré fort dessus pendant que mes doigts tentaient désespérément de rester accrochés à l'une des chaussures d'un étudiant. Le pauvre malheureux avait fini par glisser de sa chaise et disparaître sous la table en emportant un gros dictionnaire dans sa chute. Afin de ne pas risquer de terminer dans la position du saucisson pendu à un crochet, mes mains avaient raffermi la pression sur la chaussure qui avait fini par quitter son propriétaire. Le biker m'avait alors saisi par la taille et porté comme un sac de pommes de terre. Sa main avait claqué trois fois mon postérieur, devant la bibliothécaire et l'étudiant médusés. La honte... J'avais crié de douleur.

Puis il m'avait emmenée dans ce bar trop bizarre où les serveuses bougeaient anormalement leurs fesses devant les clients qui bavaient comme les escargots devant une salade. A peine le seuil franchi, tous les regards avaient convergé vers le Prez me portant sur son épaule, semblant revenir d'un champ de bataille. Les gars habillés avec une sorte de blousons sans manche, qui devaient être à la mode puisque tous en portaient un, avaient fait sortir tous les clients, verrouillé la porte et tiré le rideau métallique. Une cellule de crise avait été rapidement mis en place pour décider de mon triste sort.

Mon procès commencerait certainement dans les minutes qui suivraient. Sur ma gauche, le banc des victimes : mon frère Jex et son pote Harps, tous deux des strips sur la tête. Harps avait aussi un pied bandé. Paraitrait-il qu'il s'était empalé sur un bout de cette mocheté de statue, sa tête avait alors frappé une table basse. Je n'avais pas bien compris le lien entre le pied et la tête mais il ne s'était pas raté. Et c'était moi qu'on accusait d'être maladroite !

Sur le devant, un jury composé de bikers tous effrayants, me fusillant du regard. Il y en avait même un avec une grosse barbe rousse. Un cousin des Vikings ? Je déglutis. Les copains de mon frère étaient loin d'être chaleureux. Ils semblaient tous s'être échappés d'un centre pénitentiaire avec leurs mines patibulaires.

Pour patienter, je les avais observés à la dérobée. Certains avaient des cicatrices ou des tatouages sur le visage, deux avaient des dents cassées, un autre une vilaine brûlure sur ses bras. Pas de doute, ces gars n'étaient pas des tendres...

Chacun d'entre eux devait tenter de comprendre comment la petite jeune femme avait pu mettre deux grands et costauds bikers sur le tapis. Ils n'avaient pas l'air de m'apprécier. J'étais le fléau qui s'était abattu sur leur club.

Je me tournai légèrement vers ma droite où se tenait mon avocat et seul ami dans ce public très agressif : le vice-président de ce club, Jack. Il se frottait nerveusement sa barbe blonde, craignant sûrement que l'un de ses potes ne décidât soudainement de me pendre haut et court sur l'une des poutres du bar.

Comme tous ses copains, il avait son blouson avec un logo dans le dos : un grand loup noir avec des yeux jaunes baignant dans les flammes de l'enfer. Au-dessus, le nom de leur sympathique club : Black Wolves. Sur le devant du blouson, des barrettes rappelant le nom de leur groupe, les fonctions et le lieu ; d'autres patchs qui différenciaient selon les individus pour indiquer une date ou autres noms.

Dans l'assistance, personne ne parlait et tous me fixaient avec un mélange de curiosité et de colère. Ils ne se gênaient même pas pour me détailler des pieds à la tête.

Mon ventre se tordait de faim, alors j'entrepris de glisser discrètement la main dans la poche car j'avais toujours des bonbons.

- Tes mains ! Tu ne bouges pas ! hurla Harps.

Ce mec, je pensais que je ne pourrais pas le supporter. Depuis une heure, il grognait, hurlait, à la limite de me dévorer. Sans parler de l'humiliation qu'il m'avait fait subir à la bibliothèque.

Soudain le téléphone de mon frère sonna et il s'empressa de décrocher. Ses mains tremblaient légèrement, traduisant chez lui une certaine appréhension.

- Salut Matt.

Super ! Mon frère aîné maintenant ! Jex avait dû lui envoyer un message de détresse, comme la fois où une partie de ses vêtements avaient été mangés par Mangui, la vieille chèvre.

Il faut préciser que Mangui était le nom de ma chèvre et j'avais été fière de la promener en ville quand j'étais petite. Certes elle ne produisait jamais de lait et elle était maigrichonne. Cependant, elle était de santé robuste, une vraie battante, survivante de plusieurs exécutions. Tante Gore, qui n'appréciait point les animaux, avait décidé de l'emmener dans la forêt pour une énième tentative d'assassinats. Cette fois, elle avait décidé de se servir de la hache pour lui couper la tête. Je n'avais alors que treize ans mais j'étais décidée à agir, mon frère Jex m'ayant lâchement abandonnée tant il craignait notre tante, ou peut-être bien son balai.

Je mettais alors faufiler derrière la maison et j'avais décroché le linge qui séchait sur la corde. Manque de chance pour Jex, ce furent ses vêtements... des vêtements qu'il venait d'acheter avec l'argent de son boulot de cueilleur de betteraves. Trois mois qu'il suait dans les champs des Stabelton, une riche famille de Pincloyd, pour se refaire sa garde-robe.

Ce jour-là, prise dans l'urgence de la situation, je n'avais pas eu le choix. J'avais enfilé à Mangui les vêtements de mon frère et j'avais remplacé le hideux épouvantail de notre potager par ma belle chèvre. J'avais réussi à sauver Mangui. Mais voilà, Jex avait repéré très rapidement le drôle d'épouvantail qui tournait en rond dans le potager et il piqua une attaque quand il s'aperçut que non seulement ses beaux habits servaient de tenues de camouflage pour ma chèvre, mais qu'en plus l'animal avait laissé des belles empreintes de dents sur ses vêtements.

Je ne vous décris pas la scène apocalyptique qui s'en était suivie. Mais sachez que Mangui finit décapitée et mon frère dût porter des guenilles. Il avait même mouchardé l'affaire à notre grand frère, versant des larmes de crocodile, se plaignant de mes « mauvais tours ». Il l'avait même supplié de revenir, qu'il allait mourir... Il avait tout essayé mais Matt était réapparu des mois après.

Aujourd'hui, j'avais de gros doutes que Matt lâchât son boulot pour s'occuper de broutilles. Surtout qu'il m'avait expédié dans ce coin perdu sitôt l'enterrement de ma tante terminé.

- ... (Long silence. Son interlocuteur devait beaucoup parler et Jex se décomposait au fur et à mesure)

- Tu ne peux pas me faire ça...

Toutes les oreilles ici présentes écoutaient attentivement et chacun retenait son souffle. La tension dans le bar était palpable et croissait de minute en minute.

- ... (Mon frère se liquéfiait)

- Putain, je vais finir par crever.

- ... (Jex se redressait, avec un air de stupeur)

- Comment ça tu déménages ?

Tiens Matt partait ? Il mettait les voiles oui !

- ... (Jex était livide, proche du malaise)

- Je ne suis parti que sept ans ! Tu es fou ! Comment vais-je survivre ?

- ... (Ah ? Jex n'était pas content)

- Ce n'est même pas toi qui l'as élevée ! C'était tante Carabosse !

- Gore. Tante Gore, intervins-je pour rectifier comme si cela avait une importance. Je ne comprenais pas pourquoi il s'acharnait ainsi à transformer son nom.

- Ferme-la ! Tu ne parles plus ! gronda l'ours Harps, ses yeux éjectés de sang, en s'avançant vers moi.

Je me collai contre le mur, sentant que le dragon face à moi pouvait à tout moment me cracher des flammes tant il manquait de contrôle.

De son côté, décomposé, mon frère tentait sa dernière carte, même si la partie était déjà perdue.

- Je te la fous dans le premier avion ce soir. Il y a un départ à 21 heures. Tu...

Il fixa son téléphone très choqué. Son interlocuteur lui avait raccroché grossièrement au nez, coupant court à la discussion. Je souris devant la mine déconfit de mon pauvre frère, qui devait comprendre qu'il ne se débarrasserait pas facilement de sa petite sœur.

Jex me fusilla d'un regard de tueur. Mon sourire mourut sur mes lèvres en comprenant que sa patience se fissurait et qu'il arrivait au stade ultime de la maîtrise de soi. Avec le temps, je connaissais les limites à ne pas franchir, pour éviter une confrontation avec son côté sombre. Si je voulais conserver ma tête, il fallait absolument que je montre un peu de repenti.

Jex avança et je déglutis. La situation semblait se corser. Avais-je surestimé sa capacité à gérer ses émotions ? Je tentais de reculer mais j'étais déjà au taquet, contre le mur. Je mentirais si j'avouais qu'à ce moment, j'étais pleinement confiante. Jex n'avait jamais dérapé, même quand j'avais noyé sa belle Mustang dans le lac, suite à la décapitation de ma chèvre... Il était plus du genre à hurler à se casser les cordes vocales en tombant à genoux. Puis il avait toujours pour habitude de rentrer dans un état second, traînant la patte, comme si la foudre l'avait terrassé.

Il fallait avouer qu'il avait changé et pris de l'assurance. Ces quelques années avaient fait de lui un homme. Je me rendais compte que le milieu où il avait évolué l'avait transformé : il ressemblait à ces potes, rebelles à la mine sombre.

J'eus un peu peur et il s'en aperçut car il ricana, en me toisant de sa hauteur. Jack décida alors de voler à mon secours, s'interposant entre lui et moi. Il posa une main sur son épaule pour le stopper.

- Doucement Jex, c'est une femme.

Harps s'était avancé également en boîtant comme un canard. A chaque pas, j'imaginais qu'il devait serrer les dents pour garder un peu de dignité.

- Ce n'est pas une femme, Jack, répondit ce dernier. C'est la copine du Diable !

Il y eut quelques exclamations dans la salle. Tout le monde semblait adhérer, vu l'état des deux bikers.

Jack garda sa position entre eux et moi. J'adorai ce grand blond qui osait braver le courroux de ses potes pour me défendre. Je pensais qu'il serait mon seul allié pour les semaines à venir.

- On se calme les gars !

Harps se tourna vers Jex, un sourire pervers à ses lèvres.

- On prépare un bûcher.

- Il faudra beaucoup de bois pour ne pas prendre le risque de manquer de combustibles, rajouta mon frère.

- Ça va nous réchauffer le cœur !

- Je prévois un pack de bière et des cacahuètes.

- Putain les mecs, vous êtes graves ! lança Jack.

Il me prit par le bras et me montra à toute l'assemblée qui me fixait maintenant avec animosité.

- Regardez ce petit bout de femme ! C'est un agneau !

Harps ricana mais il s'arrêta rapidement en lâchant une grimace de douleur. Sa main palpa avec délicatesse la plaie sur sa tête. Je parierai qu'il devait se retenir pour ne pas lâcher un sanglot.

- Regarde ma gueule, Jack ! J'ai l'impression de m'être fait percuter par un trois tonnes. Tu crois que les agneaux feraient ce genre de dégâts ?

Jack resta sans voix en détaillant les blessures de son Président. Il semblait que je perdais mon ami...

- Si elle reste, nous allons mourir, dit Harps, anéanti.

Je ne pus m'empêcher de sourire tant la situation ressemblait à une tragédie de Racine.

- Et elle se fout de notre gueule en plus ! dit-il en me pointant du doigt.

Encore un peu il m'enfonçait son doigt dans l'œil tant il était proche. Il écumait de rage et sa bouche se tordait de mécontentement. Mais mon ventre choisit ce moment précis pour gargouiller méchamment. Tous les yeux convergèrent vers mon estomac qui se la jouait chanteur d'opéra. La honte me colora les joues alors je leur fis un sourire gêné.

- Je n'ai pas eu le temps de manger aujourd'hui...

Harps se frotta nerveusement le visage pour tenter de recouvrer son calme. Sa voix se fit plus grave :

- Tu comprends que tu ne peux pas rester ? me demanda-t-il comme s'il s'adresser à une bête stupide.

- Oui je sais. Je n'apporte que des ennuis, répondis-je en faignant une grande tristesse.

Certains visages se décomposèrent et je rajoutai tristement :

- Je vais partir dès ce soir. Je dormirai dans ma voiture, le temps de reprendre la route pour rejoindre Matt. Enfin, si je le retrouve un jour puisqu'il compte partir rapidement.

Je vis mon frère blêmir. J'accentuai une mine abattue car il fallait absolument que je mange et surtout que je ne retourne pas auprès de mon frère aîné. Je sentais le vent tourner en ma faveur. Ce n'était l'affaire que d'une poignée de secondes. La partie était presque gagnée car :

De UN, Jex ne me laisserait jamais dormir dans une voiture, à la merci du premier détraqué.

De DEUX, personne ne me surveillerait et c'était impossible à imaginer.

Et de TROIS, et bien... Il faut bien avouer que la statue était vraiment moche et qu'elle devait disparaître à jamais. 

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