Chapitre 17
Attirance malgré tout
KALLY
Deuxième journée au Angel Bar et j'étais au bout de ma vie. Je débarrassai les verres et bouteilles vides des tables. Je n'avais plus l'autorisation de laver le nouveau service de Bart. Le plaisir en revenait à l'élégante Grâce au seins siliconés, qui me mitraillait avec ses yeux surchargés de mascara. Elle ne devait pas apprécier de se salir les mains à la manicure parfaite.
Concernant l'amnésie de mon frère Jex, j'avais réfléchi une bonne partie de la nuit et tourné le problème dans tous les sens. Le résultat après des heures d'insomnie était toujours le même : ceci était une sinistre plaisanterie. Connaissant les deux lascars, rien ne pouvait m'étonner. Ils avaient dû concocter un plan pour attirer Matt au ranch. J'étais cependant étonnée que mon frère aîné ait marché dans cette histoire. Avait-il ramolli au point de ne pas se rendre compte du canular ? Je soupirai. Connaissant Matt, il était impossible de le berner. Mais alors, Jex avait-il réellement perdu la mémoire. Je serrai mes poings et poussai un petit cri de rage. Mon cerveau ne parvenait pas à résoudre ce problème et cela me donnait la migraine.
Je traînai les pieds jusqu'aux toilettes. Je récupérai les produits d'entretien au passage. Corvée des chiottes... Franchement mon existence avait viré au cauchemar. Cet épineux avait donné des directives pour rendre ma vie impossible. Il fallait absolument que je renverse la vapeur.
Toilettes des hommes... quelle humiliation de devoir récurer leurs urinoirs. Si mes larmes n'avaient pas tari, j'en aurais versé quelques-unes.
Après avoir nettoyé les lavabos et les urinoirs, je m'attaquai à la cuvette des toilettes tout en lisant les gribouillis sur les murs : Love Amélia, Fuck ton cul, Baise party, Suce queue... Décidément, la plume des bikers était limitée au sexe ! Quelle tristesse !
Soudain, un dessin attira mon regard et je ris en prenant le feutre noir dans la poche arrière de mon jean. C'était un attribut d'homme. Je décidai de le modifier un peu. Je rajoutai des cheveux, une bouche arrogante, quelques strips sur le front, un pied bandé et pour la touche finale, quelques épines sur le corps. Un mini Harps tout mignon ! Je pouffai de rire en imaginant sa tête s'il voyait la caricature.
Je réfléchis. Si je dessinais une caricature dans chaque toilette, l'épineux finirait pas tomber dessus. Une idée géniale ! Connaissant le spécimen, il allait rager.
Une fois le travail d'arts achevé, je terminai de nettoyer la dernière cuvette. Mais en tirant la chasse, le mécanisme me resta dans les mains. Je commençais à paniquer. Que faire ? Je tentais de le remettre en place et au bout d'un moment, je finis par réussir. Je m'épongeai le front : je l'avais échappé bel.
Je me précipitai de sortir de la pièce, de peur qu'une catastrophe ne se produise. Mais je percutai le corps de l'épineux qui tentait de se rendre aux toilettes des hommes. Je relevai les yeux tant il était grand, ou moi trop petite.
- Désolée, lui dis-je en tentant de le contourner.
Mais il m'attrapa par le poignet et examina mon visage. Avais-je un bouton ?
- Tu as de grosses poches sous les yeux, la mioche, se moqua-t-il. Aurais-tu passé une mauvaise nuit ?
Il était si confiant qu'il ne cachait plus ses boutades. Malheureusement pour lui, j'étais experte dans ce domaine. Il voulait jouer, et bien, nous allions jouer.
Je me rapprochai et je me mis sur la pointe des pieds pour être au plus proche de son visage. D'une main légère, je caressai sa joue en me mordillant la lèvre. Il s'était pétrifié, son corps complètement tétanisé devant mon geste tendre. Mon souffle chaud effleura son cou et l'atmosphère s'électrisa. Je mentirais si je disais que sa proximité m'était indifférente.
La chaleur de son corps embrasait tous mes sens. Je sentais mon cœur battre très fort dans ma poitrine et mes joues devaient être couleur écrevisse. Il dégageait une virilité indécente et chaque cellule de ma peau se hérissait.
Nos regards se croisèrent sans un mot et je sentis une main se poser sur mes hanches pour m'attirer contre lui. C'était ce moment que je choisis pour rompre le contact avant de me perdre dans le vert de ses yeux. Mon regard se fixa sur un point dans sa barbe naissante.
- Ne serait-ce pas une épine de rosier parmi tes poils ?
Le charme se brisa en un millier de morceaux. Son expression de désir se figea et son bras tomba mollement le long de son corps. Mes lèvres formèrent un rictus.
- Tables nettoyées, toilettes lustrées !
Je retirai le tablier pour lui remettre dans ses mains, puis je partis en éclatant de rire.
HARPS
Cette saleté de mioche... Comme un imbécile, j'avais cru qu'elle allait m'embrasser. Mon regard était resté accroché à ses lèvres parfaites. Impossible de m'extraire de cette force qui semblait avoir pris possession de mon corps. Je jure que j'avais essayé de résister mais chaque parcelle de ma peau s'électrisait dès qu'il y avait une certaine proximité entre nous.
Et quand sa main avait effleuré mon visage, le battement de mon cœur s'était emballé comme un jeune puceau. De toutes les femmes que j'avais approché de près ou de loin, celle-ci était celle qui faisait naître des émotions violentes, me faisant perdre tout contrôle. Et des femmes, j'en avais connu : des rousses, des blondes, des brunes, des petites, des grandes et des tarées. Mais aucune n'avait fait naître cette attirance puissante, couplé d'une envie de meurtre. Je rêvais de lui tordre son joli petit cou et pourtant, mon fantasme était de la baiser jusqu'à assouvir cette soif qui ne tarissait pas depuis que j'avais croisé son regard dans le salon de tatouages de son frère.
Il était vital de mettre de la distance. Je ne devais pas oublier qu'elle était la sœur de mon meilleur ami. Et on ne touchait pas à la famille. C'était une des règles qu'aucun de mes frères ne se risquerait à transgresser.
J'entendis son rire de singe se répercuter sur les cloisons des vestiaires et mon sang se figea. Une bouffée de chaleur colora mes joues : j'avais honte, très honte de m'être fait ensorceler par cette horrible sorcière. Elle avait une telle emprise sur moi qu'il fallait que je trouve un moyen pour m'en débarrasser ou alors je perdrai le contrôle de ma vie. Elle mettait en danger tous les principes que j'avais érigé pour protéger mes hommes. Par je ne sais quel sortilège, mes défenses s'étaient fissurées, allant jusqu'à lui autoriser à me tatouer.
Je rentrai dans les toilettes et j'examinai les poils de ma barbe naissante, cherchant une épine qui aurait été oublié. Je devenais complètement paranoïaque. Cette mioche se jouait de moi pour me ridiculiser. Mais nous verrons bientôt lequel des deux rira quand l'estocade viendra.
Je m'enfermai dans des toilettes et défis la braguette de mon jean. Un proverbe disait que la vengeance était un plat qui se mangeait... attendez... qu'était-ce que cette bite déguisée ?... des points de suture sur la tête, un pied bandé, un sourire arrogant... une inscription « je suis un cochon moche et méchant ». Mon sang ne fit qu'un tour. Je tirai la chasse mais la tirette me resta dans les mains.
- Je vais t'arracher la tête, mocheté de mioche, hurlai-je à en faire trembler les murs, même si je savais que la démone devait être déjà loin.
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