quelqu'un de solide
Je suis là, au milieu de la foule, au parc d'attractions. Je regarde Lily, elle a insisté pour nous acheter des barbes à papa, donc elle fait la queue avec les gosses. Elle est mignonne, Lily. Je l'aime bien.
Mais je dois avouer qu'aimer ça me fait souffrir. J'ai un trou béant dans le cœur, et Lily ne sera jamais comme lui. Elle ne le remplacera jamais, elle n'a pas son sourire, ses cheveux couleur miel, son gel douche à la pomme. Elle n'a pas tout ce qui faisait que c'était lui, tout simplement.
Depuis qu'il est parti, je suis paumé. Je vis pas. Je suis vide, tout le temps. Je me demande pourquoi Lily me regarde avec des yeux brillants, comme ça. Je suis mort de l'intérieur, y'a plus rien à regarder. Je vois bien qu'elle est amoureuse de moi, mais moi je sais que je pourrais jamais l'être en retour. C'est dommage, comme je l'ai dit, je l'aime bien pourtant. Mais sûrement pas assez.
"Minho, tu vas bien ?"
Lily s'inquiète, j'ai le regard dans le vague. Je prends la barbe à papa, lui claque un bisou sur la joue, et je l'invite à reprendre la marche.
"Oui, je pensais juste à autre chose."
Sourire forcé maîtrisé à la perfection, j'ai l'habitude maintenant. Je le revois, sa petite bouille du matin, devant son café, quand il était venu dormir chez moi pendant les vacances. Quand on s'était embrassés pour la première fois, dans les toilettes du lycée, en terminale. Putain, j'ai bientôt trente ans, mais je m'en souviens comme si c'était hier.
"Chéri, t'es sûr que ça va ? T'es tout pâle.
- C'est la foule, tu sais bien…"
Pauvre Lily, c'est qu'elle me croit en plus. Je me sens mal pour elle, de lui mentir, de penser à quelqu'un d'autre tout le temps, quand on se réveille, quand on s'embrasse. Elle est mignonne Lily, elle me mérite pas. Mais chaque moment avec elle me rappelle mon passé, j'suis attiré, c'est comme ça et j'y peux rien.
Après un peu de temps au parc, on décide de rentrer. J'ai pas fait beaucoup d'attractions, j'aime pas ça et de toute façon, j'ai le vertige. Mais Lily est contente alors ça me va. Comme avec lui.
On enlève nos manteaux, c'est qu'il fait froid dehors, c'est la veille de Noël. Lily commence à m'embrasser, elle est tactile, c'est fou, j'aime bien ça, mais là, j'ai pas envie.
"Pardon, mon cœur, c'est pas contre toi, mais je suis un peu fatigué…
- C'est pas grave, Lily se redressa, une légère moue boudeuse sur les lèvres, je vais te préparer un bon chocolat chaud !
- T'es mignonne, Lily."
En deux minutes chrono, je suis emmitouflé sous un plaid dans le canapé, la tête sur les cuisses de ma copine, une tasse de chocolat chaud fumante sur la table basse. Elle me demande de choisir le programme de la télé, je lui dis un film qu'elle aime bien, alors elle est contente.
Ça me fatigue de faire semblant.
Tiens, ça sonne à la porte. On attendait quelqu'un ? Ah non, non, personne. Lily se lève.
"Bouge pas, je reviens !"
Elle me fait un clin d'œil, puis je la vois se diriger vers la porte d'entrée de notre jolie maison. Il l'aurait bien aimée. Pas Lily, la maison. Enfin, il aurait bien aimé Lily aussi, il aimait tout le monde.
Je vois plus ma copine, elle est au bout du couloir, et puis j'entends rien à part la porte qui se referme et des voix qui discutent. Puis Lily se ramène au salon, avec un homme cheveux couleur miel.
"Chéri, y'a un copain pour toi. Je le connais pas celui-là !"
Elle est toute contente. C'est vrai que j'ai pas beaucoup d'amis, de toute façon.
Mais alors là, je suis sidéré.
Je me lève et m'approche d'eux. Ils sont plantés au milieu de la pièce, je vois Lily se décomposer face à moi quand elle voit ma tête. La colère déforme mes traits, mon regard froid, noir de douleur se pose sur elle, puis sur lui, je prends violemment le bras du mec et je le traîne dehors, m'en fous qu'il fasse froid au pire j'attraperais la crève. On se retrouve dans le jardin, je me tourne vers lui.
"Putain mais Jisung, qu'est-ce que tu fais là ?"
C'est le seul truc qui sort. Après toutes ces années à ruminer ma colère, à poignarder mon cœur à coup de souvenirs amoureux.
"T'étais où ?"
Le froid est glacial. Il dit rien, il reste planté devant moi, les joues rouges. Il sent pareil, toujours aussi bon, toujours le même gel douche à la pomme. Il a les yeux larmoyants, mais c'est peut-être à cause du vent.
"Mais parle, merde !"
Je m'énerve, ma voix craque sous la douleur. Le revoir, qu'il soit là, devant moi, ça me fait mal, ça me fait plus mal que ça me met en colère. Il a rouvert la petite entaille dans mon cœur qui n'avait jamais vraiment bie pu se refermer.
On est à un mètre l'un de l'autre, il commence à neiger. Je veux me rouler en boule dans un coin, dans mon lit, disparaître. Je peux parier que lui aussi. Mais il dit toujours rien.
"Tu veux pas parler ? Très bien, moi je vais te dire ce que j'ai à te dire, et si tu dis toujours rien après, tu… Tu dégages de chez moi."
Pff, même moi j'y crois pas. Bref.
"Tu sais Jisung, j'étais fou. J'étais fou amoureux de toi. J'étais addict à toi. T'étais mon petit rayon de soleil, je pouvais passer mes journées à te regarder tellement t'étais beau. Et putain, ça me fout la rage, parce que tu l'est toujours autant, et j'ai beau avoir vingt-sept ans, quand j'te vois j'ai les joues qui chauffent et les mains moites. Tu me rends faible. Tu vois, tu te pointes chez moi, après avoir disparu pendant huit ans sans aucune nouvelle. Et moi, le seul truc que j'ai à te dire, c'est à quel point je t'aime. Je le regarde droit dans les yeux, les sourcils froncés, le corps tendu. Tu veux que je te raconte ce qu'il s'est passé, de mon côté, il y a huit ans ? C'est Noël. On passe la soirée ensemble, on couche ensemble même, joli cadeau d'ailleurs, on s'endort dans les bras de l'autre. C'est mignon tout plein, mon coeur explose à cause de tous ces sentiments, j'suis heureux comme jamais. Mais j'me réveille et… Ma voix ne devient qu'un chuchotement. Et t'es plus là. Disparu, pas un message, pas de nouvelles pendant huit ans. Et tu reviens comme une fleur, en venant sonner chez moi ? Mais tu veux quoi, au juste ?! Parle, s'il te plait. Dis moi, j'ai besoin de t'entendre.
- Je suis désolé."
Je pouffe, puis reprends vite mon air sérieux.
"Tu te fous de ma gueule ?!
- Écoute-moi au moins, grogne-t-il. Je viens pour m'expliquer.
- Ah bah il serait temps, tu penses pas ? Et franchement, j'espère que t'as une bonne raison. Parce que je vais être très honnête avec toi, je t'ai dans la peau, Sung, je suis amoureux de toi et tu m'as brisé quand t'es parti."
Silence. Oups. Je vois Lily dans l'embrasement de la porte, elle essaye d'être discrète en nous écoutant mais c'est raté. J'ai même pas la force de lui dire de partir.
"Je t'ai toujours aimé, commence Jisung. Moi aussi, je t'ai dans la peau, tu sais. J'suis parti parce que j'ai pas de couilles, parce que j'ai pris peur. Je savais pas gérer mes sentiments, je sais pas si c'est mieux maintenant. J'suis parti parce que je voulais pas te blesser, parce que je voulais que tu réussisses. En Corée si t'aimes les gars alors que t'en es un c'est compliqué, alors j'ai pris la solution de facilité. Regarde-toi maintenant, pdg d'une grande entreprise, en couple avec une jolie fille. Il se retourna. Salut Lily. Moi dans l'histoire j'étais de trop, c'est tout. J'ai pas voulu t'emmerder, j'étais pas dans tes plans de base, je gâchais tout. Maintenant je regrette, parce que, très honnêtement, t'es l'amour de ma vie, que j'arrive pas à oublier et que j'me sens con de me déclarer dans ton jardin la veille de Noël.
- Moi je dis que t'es con tout court. J'suis mort ce jour-là, quand t'es parti. T'as pris mon âme avec toi dans ta valise. T'es parti pour de la merde en plus, t'es sérieux ? J'suis même pas heureux d'être avec Lily, je pense à toi et je suis même pas amoureux d'elle. C'est dégueulasse pour elle."
Putain j'y crois pas, je pleure.
"Maintenant, je sais pas ce que t'attends de moi Sung. Je te jure, je suis mort de l'intérieur. Je te hais si fort. Ça me blesse que tu sois là, honnêtement."
Il hoche la tête, alors qu'il regarde ses pieds. Je vois Lily derrière, en pleurs, ça me fait mal au cœur. Tout le monde chiale dans cette baraque, joyeux Noël.
"Je vais m'en aller, maintenant. Merci de m'avoir au moins écouté. Je suis désolé."
C'est ridicule. Y'a une ambiance bizarre, trop de non-dits. Je le raccompagne quand même à la porte de l'autre côté de la propriété. On passe devant Lily, blanche comme un linge, elle me fout une de ces baffes. Fallait s'y attendre, Minho. Ça fait mal quand même. On est dans le couloir, je vois celle que je peux considérer comme mon ex copine essuyer rageusement ses larmes, récupérer son sac et son manteau et sortir de la maison en claquant la porte. Je vois Jisung se diriger vers cette même porte. Le truc c'est que si il part, c'est pour toujours. La question, c'est : est-ce que je suis assez solide pour le voir partir une deuxième fois ?
Je suis pathétique. J'hésite, j'hésite, mais je dois hésiter un peu trop fort parce qu'à quelques centimètres de la porte, Jisung se retourne. Il me questionne du regard.
Je m'arrête de réfléchir. Stop, c'est trop. C'est trop, trop en même temps. Je m'approche de lui et je l'embrasse. Mauvaise idée, je sais, mais ce qui est fait est fait. Quitte à gâcher ma vie, autant le faire à fond. J'ai mes mains sur ses joues, les siennes sont toujours le long de son corps. Il ne répond pas à mon baiser, mais ne cherche pas à me repousser pour autant. J'y mets toute ma passion, tout mon amour quand même.
Je me recule un peu, les yeux fermés, les joues mouillées de larmes. J'ai vraiment tout, mais alors tout foutu en l'air. Jisung est le roi des emmerdeurs, qu'il aille se faire foutre, par quelqu'un d'autre que moi si possible. C'est pas le moment de faire des blagues, pardon.
Jisung ouvre finalement la porte, il me regarde, ses lèvres se déforment en un sourire triste, nostalgique. Le vent froid s'engouffre dans l'entrée, soulevant légèrement ses cheveux. Il est magnifique, je profite de la vue, je veux pas l'oublier.
"Au revoir, Minho."
Rien qu'une petite entaille. J'suis à peu près sûr d'être à peu près quelqu'un de solide.
~
zi ende
bon voilà c'est fini..
perso je trouve qud ça va un peu vite, puis je sais pas l'ambiance est bizarre
si vous avez pas compris un élément de l'histoire dites le moi, je vous expliquerai (non parce que j'avoue que y'a moyen que vous ayez pas tout compris)
j'ai essayé d'écrire d'une nouvelle façon, déjà la 1ère personne EUH wOuhOu ça fait tout drôle, et aussi enft jsp commemt expliquer mais vous avez lu vous avez compris de quoi je veux parler
je tiens à dire rip lily quand même, la pauvre elle a rien demandé
merci d'avoir lu jusque là, n'hésitez vraiment pas à défoncer la fic si vous aimez pas, juste soyez constructifs pliz,
et donnez moi des conseils pour l'améliorer parce que moi je vous dis il y a de l'amélioration à faire
bye byee
btw streamez 'à peu près' by lomepal (note post republication : non streamez pas en fait)
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