-Il est trois heures du matin Elena, tu te moques de moi ? Cria Seb lorsqu'elle passa le pas de la porte.

-Pas maintenant Seb par pitié, murmura Elena. Pas maintenant.

-Pas maintenant ?

-Je suis épuisée.

-Bien sûr que tu es épuisée, il est trois heures du matin et tu as passé la nuit avec un autre.

-Écoute Seb, cet homme était le frère de quelqu'un que j'ai bien connu et il vient de m'apprendre qu'il est mort, dit-elle alors que les larmes menaçaient de revenir. Pas maintenant.

-Oh...

Seb la prit dans ses bras et ils allèrent se coucher. Elena passa une partie de la nuit à pleurer. Elle savait que demain, il lui faudrait s'expliquer. Sébastien ne dormit pas non plus cette nuit-là. En voyant le regard vide d'Elena alors qu'elle lui annonçait la mort de cet homme mystérieux, il comprit. Il comprit que jamais elle n'aurait ce regard pour lui. Jamais la peine de le perdre serait assez forte pour la détruire entièrement. Et pourtant, elle pleurait un homme qu'elle n'avait pas vu depuis des années alors que lui était là.

Quand Elena avait quitté le bar, il avait discuté avec Emma. Elle lui avait parlé de Ben. Elle lui avait dit qu'Elena et lui s'était fréquenté quelque temps à la fac, mais que ça avait été bref. Elle lui avait dit de ne pas s'inquiéter. Et pourtant, elle pleurait la mort d'un homme qu'elle n'avait pas vu depuis des années alors que lui était là. Il était là depuis quatre ans, espérant qu'un jour, elle l'aimerait vraiment.

Quand le réveil d'Elena sonna à sept heures, aucun des deux ne bougea. Le réveil sonna de longues minutes avant que Seb ne se décide à l'éteindre. Elena avait les yeux grands ouverts. Elle s'assit sur le lit, soupira et lui dit :

-Je suis désolée.

-Je sais.

-Désolée de ne jamais t'avoir parlé de lui. Désolée d'avoir continué à l'aimer sans même m'en rendre compte. Désolée d'être parti avec cet homme hier soir. Désolée de ne t'avoir rien dit en rentrant. Désolée qu'il soit mort. Désolée que sa mort me fasse souffrir autant. Je suis tellement désolée Sébastien.

-Je sais.

Le silence s'installa à nouveau. Ils étaient assis sur le lit côte à côte regardant tous les deux le mur beige face à eux.

-J'aurais voulu que tu m'accordes, ne serait-ce que la moitié de l'amour que tu avais pour lui.

-J'aurais voulu en être capable. Mais je t'aime.

-Je sais.

-Je t'aime sereinement.

-J'aurais voulu que tu m'aimes passionnément.

-Je t'aime tendrement.

-J'aurais voulu que tu m'aimes sincèrement.

À nouveau, le silence emplit la pièce. L'air était lourd.

-Je vais partir Elena.

-Je sais. J'aurais voulu que tu restes.

-Je t'aime.

-Moi aussi.

Sébastien se leva, embrassa Elena sur le front et tourna les talons. Il sorti de la pièce, de l'appartement et de sa vie. Il ne restait que le silence. Et le vide. Un douloureux vide. Un vide bien trop présent. Mais les larmes avaient trop coulé cette nuit. Alors les yeux d'Elena demeurèrent secs et vides, fixant ce mur beige. La porte s'est refermée sur un passé commun, parti en fumée en une nuit. Quatre ans à se côtoyer, s'apprivoiser, s'aimer. Quatre ans de complicité. Une nuit les a pourtant séparés.