La journée avec Elena se poursuivait. Il aurait aimé l'avoir tout à lui mais son frère revenait sans arrêt dans la discussion. Il aurait aimé qu'elle s'intéresse sincèrement à lui, mais elle ne voyait en lui que le fantôme de son défunt frère. Pourtant, cette femme l'hypnotisait. Il y avait quelque chose dans son regard à elle qui l'empêchait de détourner les yeux. Il y avait une lueur de défis qui brillait dans ses yeux.

-Qui es-tu Elena ? Lui demanda-t-il soudain.

-Pardon ?

-Je me demandais, qui est Elena Millet ?

-Je ne sais pas quoi te répondre. Je ne sais plus bien qui je suis aujourd'hui Tim. Je suis journaliste, je suis célibataire. Je crois que je suis une fille un peu perdue qui ne sait pas bien où elle va.

-Tu te poses trop de question. Qu'importe où tu vas ? Tant que tu sais où tu ne veux pas aller, tout ira bien. L'important c'est de vivre le présent. Mais j'ai l'impression que ce n'est pas vraiment ton fort.

-Et qui es-tu pour me juger ? S'emporta-t-elle.

-Je ne te juges pas Elena, je constate.

-Tu constates ? Et toi alors, qui es-tu ?

-Ne t'énerves pas.

-Je vais te le dire moi, tu es un homme égoïste et capricieux. Tu crois que tu peux avoir tout ce que tu veux parce que tu as de l'argent et un physique avantageux ? En réalité, tu es pauvre Tim. Tu es pauvre en humanité. Tu penses que tu peux me juger parce que toi, tu es dans le présent ? Tu crois que tu vis mieux que moi ? Mais c'est un énorme mensonge. Tu ne fais rien de ta vie. Tu n'as personne sur qui compter ni pour qui compter. Tu avais raison finalement, tu es vide. Triste et vide.

Elena tourna les talons, cherchant à mettre le plus de distance possible entre elle et Tim. Et Ben. Mais avant qu'elle n'ait pu fuir, Tim l'attrapait par le bras :

-Tu crois que tu peux balancer des trucs comme ça et partir ? Mais princesse, il faut que je t'apprenne certaines choses.

-Lâche-moi Tim !

-Il n'a jamais parlé de toi. Tu ne comptais pas pour lui.

-Tim, tu me fais mal !

Elena essayait de se dégager le bras, les larmes lui montant aux yeux. Mais Tim ne pouvait plus s'arrêter. Il lui en voulait. Il lui en voulait de l'effet qu'elle avait sur lui. Il lui en voulait d'avoir accaparé son frère. Et soudain, il la rendait responsable de sa mort.

-Pas une fois il n'a prononcé ton nom. Mais tu le voulais, c'est ta faute s'il est mort. Tu voulais plus. Tu voulais l'avoir pour toi seule et il est mort. Alors finalement princesse, je crois que tu es aussi vide que moi. Tu es vide et triste.

Alors que Tim lâchait enfin son bras endolori, la gifle le fouetta violemment.

-Je t'interdis de parler de choses que tu ne connais pas Tim.

Face à face, ils se foudroyaient du regard. Il y avait une haine commune. Il y avait de la tristesse. Ils restèrent de longues minutes à se défier ainsi. Puis Tim reprit la parole :

-Je te ramène.

Le trajet du retour paru durer une éternité. Le silence était lourd. Tim fixait la route, ses mains serraient le volant si fort que ses phalanges étaient blanches. Il ne comprenait pas d'où lui venait cette colère. Mais il la haïssait. Il se haïssait. Il haïssait son frère. Il la déposa et sans un mot, sans un regard, redémarra. Il songea à appeler Cali. Mais il était seul et voulait le rester. Il n'avait même pas la force de sauter sur la vie.

Parce que cette vie l'avait déçu. Parce que cette vie ne méritait pas d'être vécu pleinement. Il ne voulait plus ressentir. Alors, il se servit un verre de whiskies, mit la musique et c'est sur les notes de Should I de Rilès qu'il alluma son remède miracle contre le stress d'une journée gâchée.