CHAPITRE 13 : ELENA
Le réveil fut difficile. Elena ouvrit les yeux, elle avait mal à la tête. En une seconde sa soirée lui revint, il y avait un homme à côté. Et ce n'était pas Sébastien. Elena enfila un jean et un haut noir avant de sortir de la chambre. Tim était assis sur le canapé.
-Tu veux une aspirine ? Lui proposa-t-elle
-Non mais toi tu as l'air d'en avoir besoin, répondit-il en riant.
Pour toute réponse, Elena lui tira la langue. Elle revint de la cuisine avec deux cafés.
-C'est quoi le programme de la journée ?
-Le programme ? On improvise beauté. Et puis même si j'avais prévu quelque chose, je ne te le dirai pas.
-Pourquoi ?
-T'as besoin de spontanéité dans ta vie beauté, on ne peut pas tout contrôler.
Elena resta silencieuse, elle n'avait rien à ajouter parce qu'elle savait que Tim avait raison et elle se refusait à l'admettre devant lui. Il était temps qu'elle apprenne à vivre pour de vrai. Après une douche brûlante et un deuxième café, Tim et Elena quittèrent l'appartement. Alors que la voiture démarrait, la voix de Dolly Parton envahit l'habitacle avec sa chanson Jolene. Elena se mit à chanter sans même s'en rendre compte. Elle avait toujours adoré cette musique. Elle avait beau être triste, elle la trouvait magnifique et ne pouvait s'empêcher de la chanter.
-Tu as une belle voix.
-Oh arrête ça va, je sais que je chante mal.
-Non je t'assure, j'aime sincèrement ta voix.
-Merci, répondit Elena gênée.
Elle était incapable de savoir ce qu'elle ressentait pour cet homme. Elle l'avait haï sans raison, avait voulu le côtoyer parce qu'il lui rappeler Ben, en très peu de temps il avait pris beaucoup de place. Étaient-ils amis ? Une chose était sûre, ils étaient liés. Liés par l'amour qu'ils avaient porté à Ben. Elena se concentra sur le paysage qui défilait, ils s'éloignaient de la ville pour s'enfoncer dans les montagnes.
-Si on était dans un film, c'est là que tu m'emmènerais pour me tuer.
-Méfie-toi ça n'arrive pas que dans les films beauté.
-Arrête avec ce surnom de pseudo drague.
-Je vais essayer beauté mais je ne promets rien, faudra t'y faire je suis un cliché !
Ils rirent de bon cœur alors que la voiture s'arrêtait.
-Il va falloir marcher un peu mais on y est presque.
-On va où ?
-Plus haut. Dis-moi un truc que personne ne sait, et pas un truc du genre « je n'aime pas trop les pizzas, je sais c'est fou mais c'est un truc à savoir sur moi ». Dis-moi un vrai truc.
Elena prit quelques minutes pour réfléchir avant de reprendre la parole :
-J'ai toujours voulu plus. Je sais que c'est horrible à dire quand on a déjà beaucoup. Mais il y a toujours eu un manque dans ma vie, un manque au plus profond de moi. J'ai toujours voulu plus d'envie, plus de vie. Et je m'en veux, je m'en veux pour Seb qui a souffert de ça. Mais ce manque ne disparaît pas, je ne sais pas comment le combler et je ne sais pas comment continuer à le supporter.
-C'est parce que tu n'as jamais sauté sur la vie beauté.
-Peut-être bien. Je n'en sais rien. Je sais juste que j'ai envie de quelque chose d'autre, de plus grand, de plus fort. J'en ai envie désespérément.
Le silence s'installa à nouveau, chacun perdu dans ses pensées.
-Et toi alors ?
-Quoi moi ?
-Dis-moi un truc sur toi.
-Je n'aime pas trop les pizzas.
-Sérieusement Tim.
-Je n'ai jamais aimé. Je suis sortie avec des tas de filles dans tout un tas de régions du monde. J'ai voyagé, j'ai couché avec des filles encore et encore. Je n'en ai jamais aimé aucune. Je me sens vide parfois, comme s'il n'y avait rien à l'intérieur tu vois ?
Tim rigola nerveusement avant de reprendre :
-Je ne suis pas quelqu'un de bien intéressant, pas quelqu'un de particulièrement bon. Je me sens juste vide.
-Tu as perdu une part de toi et ça doit être atrocement dur d'apprendre à vivre malgré tout. Mais tu es quelqu'un de bien rempli j'en suis certaine. Il faut juste que tu cesses de penser seulement à toi et avec ce que tu as entre les jambes. Et alors tu verras qu'il y a des gens qui méritent ton attention là dehors.
-Je n'en doute pas une seconde beauté.
Tim la fixait étrangement. Elena n'aurait pas su dire si c'était simplement pour la mettre mal à l'aise mais elle aurait aimé savoir à quoi il pensait à cet instant précis, savoir qu'elle était cette étincelle qui brillait dans ses yeux. Mais Tim la coupa dans ses pensées :
-Nous y voilà.
Elena regarda devant elle et en eut le souffle coupé. Il se trouvait dans une plaine en hauteur sur la montagne. La vue était spectaculaire. Au loin on apercevait la ville et tout autour la nature, comme si aucun homme n'avait jamais eu la possibilité de souiller ce coin de paradis.
-C'est splendide, souffla-t-elle.
-N'est-ce pas ? Répondit-il en la fixant toujours. On va manger ici.
-On n'a rien prévu pour manger.
-Moi si, pendant ta longue douche j'avais le temps, puis je me promène rarement avec un sac à dos pour rien.
-Je pensais que c'était pour l'eau, répondit Elena abasourdi.
-Tu l'as connu comment ?
-Ben ?
-Non mon frère. Oh ça alors c'est la même personne, bien sûr Ben.
-Tu sais que tu ne te feras jamais aimer comme ça.
-Te vexes pas beauté.
-A la cafétéria. J'ai lâché mon plateau que je venais juste de récupérer, ton frère était derrière moi et il m'a dit : « On partage ? ».
-C'est tout ? Tu as juste dit oui ?
-J'ai refusé mais il m'a suivi alors que je retournai faire la queue.
-Je me pose une importante question.
-Je t'écoutes, soupira Elena.
-Qui a nettoyé ta catastrophe ?
-T'es sérieux ?
-Très.
-Je me suis proposée mais la dame qui travaillait là m'a dit de retourner chercher un plateau. Bref, ton frère m'a suivi, je lui ai dit d'arrêter mais il a répondu : « Non tu risquerais de lâcher à nouveau ton plateau et ce sera sans fin ». Puis il s'est assis à table avec moi et on a discuté et voilà.
-Je me pose une autre importante question.
-Je te préviens si c'est à nouveau sur le plateau que j'ai lâché...
-Non, la coupa-t-il. Tu as dû payer un deuxième repas ?
-Tim !
-C'est une question légitime.
-Non, la dame me l'a juste rempli à nouveau.
-Tu ne te souviens pas son nom ?
-Non mais pourquoi ça t'intéresse ?
-Elle a nettoyé tes bêtises et t'as offert un repas alors je suis un peu déçu c'est tout.
-T'es un crétin.
-Je sais.
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