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𝟔𝟑. 𝐃𝐞𝐬 𝐝𝐫𝐨𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐣𝐨𝐮𝐞𝐭𝐬...


Lundi 14 avril, Busan, Corée du sud,

Les deux mois en compagnie de Connor et Gabriel arrivent à échéance. Les au revoir sont durs, une nouvelle fois, et je ne sais pas quand est-ce qu'ils pourront revenir me voir. Les valises sont éparpillées dans la salle de séjour, les pas se succèdent rapidement, ils se bousculent en jonglant d'une pièce à l'autre, pour vérifier qu'ils n'ont rien oublié. De toute façon, rien ne sera perdu, je pourrai toujours leur envoyer par la poste en cas de besoin. J'essaie de suivre le mouvement, pour les aider à rassembler leurs affaires. J'ai mal dans la poitrine. Mon cœur souffre de cette séparation. Gabriel sort de la chambre d'ami avec sa troisième valise, prête à exploser sous le poids de ses vêtements et des souvenirs qu'il a achetés dans les boutiques touristiques pour ses parents et ses beaux-parents. En deux mois, il s'est passé tellement de choses que je ne pourrai pas tout vous détailler. La journée on prenait la voiture de Connor pour nous rendre dans des lieux touristiques, tels que le Haedong Yonggungsa Temple, un temple bouddhiste qui se trouve à Gijang-gun. On allait faire du shopping, pour le grand plaisir de Gabriel. On testait de nouveaux restaurants, dont l'un qui nous a refilé à tous les trois une intoxication alimentaire.

Pour ma sécurité, je n'ai pas quitté le trône. Un vrai plaisir.

Nous avons également pris le ferry pour nous rendre sur l'île de Jeju. Nous avons pu faire quelques excursions, malgré ma mobilité réduite. J'ai pu prendre de nouvelles photos, que j'ai fait imprimer et qui ont rejoint mon album, me créant ainsi de nouveaux souvenirs en compagnie de mes amis, que je ne suis pas prêt d'oublier. J'ai été comblé durant ces derniers mois. Je me sens plus à l'aise avec mon handicap, j'arrive à mieux me déplacer par moi-même, sauf pour les montées où je suis obligé d'avoir de l'aide si je ne veux pas faire une marche arrière. J'ai pris du plaisir à leur cuisiner des plats traditionnels coréens, comme français. Faire le ménage n'est plus devenu une corvée. Heureusement que la technologie est là pour nous faciliter le quotidien, notamment pour les aspirateurs robots. La poussière je m'en occupais avec un bon coup de main, un chiffon et un produit nettoyant. Je me suis également amusé à acheter des bougies, apportant de la fraîcheur dans mon appartement.

Puis la vue. Je me répète, mais la vue sur la mer change tout votre quotidien. Surtout le matin au réveil, lorsque vous venez prendre le petit-déjeuner sur la terrasse. Les températures ont commencé à se réhausser, nous permettant d'être un peu à l'aise avec nos vêtements. Pour ne pas changer, je prenais ceux de Jaekyung, quelques fois les miens, mais ceux de mon homme restent les meilleurs questions sérénité. Un peu comme s'il était là avec moi. Deux mois déjà qu'il a commencé son service militaire. Deux mois que je n'ai plus de nouvelles de lui, sauf à travers les quelques photos que l'on peut obtenir et qui sont réservées à leurs proches. Ses cheveux ont déjà repoussés, il ressemble à un petit kiwi, c'est adorable. Un petit kiwi qui a gonflé en matière de muscles, c'est à se demander avec quoi ils les nourrissent dans la caserne. Mais il a l'air d'aller bien. Enfin, je l'espère. Comme à son habitude, il fait le con sur les photos. Toujours le sourire aux lèvres, et à contracter ses muscles pour faire le beau. Cliché, ridicule, mais ça me fait rire. J'espère juste qu'il ne trouve pas le temps long, mais j'imagine que contrairement aux prochains jours qui m'attendent, il est constamment occupé la journée.

Dans peu de temps Gabriel et Connor pourront lui rendre visite. J'ai déjà préparé quelques lettres, en espérant qu'il puisse les lire. Mon meilleur ami les a soigneusement rangés dans l'une de ses valises, et m'a promis de les lui transmettre lorsqu'il le verra. Et si Jaekyung en a pour moi, il fera en sorte qu'elles me parviennent rapidement. Si vous saviez comme j'ai hâte de pouvoir lire ses mots, de savoir ce qu'il pense, de connaître le programme de ses journées. D'entendre sa voix dans ma tête lorsque je les lirais silencieusement, face à la mer. Rien que d'y penser mon cœur s'accélère.

Un jour, il va vraiment finir par me dire d'aller me faire foutre, tellement que je lui en fais voir de toutes les couleurs... Résiste encore petit cœur, il me reste tant de choses à découvrir et à vivre ! Ne me lâche pas maintenant !

J'ai pris du poids. Je ne suis pas encore monté sur la balance, mais ça se voit visuellement parlant. Mes côtes ont pratiquement disparu de la circulation. Mes clavicules sont encore apparentes mais moins saillantes, tout comme les pointes de mon bassin. Je fais moins de chute de tensions. Je me sens moins fatigué, moins angoissé. Mon corps reprend de l'énergie, mais il va quand même falloir que je me mette au sport. Contrairement à vous qui avez plus d'activité physique - ne vous inquiétez pas, le trajet canapé-frigo compte comme de l'exercice, ça reste encore nous -, si je ne me mets pas vite à un sport quelconque, je risque de développer d'autres problèmes de santé. Par ailleurs, en ayant pu visiter le quartier, je me suis aperçu qu'une salle de sport a ouvert ses portes à proximité de mon appartement. Maintenant, il ne me reste plus qu'à m'y inscrire.

Ca, c'est une autre étape à franchir, que j'ai inscrite sur mon planner. Grâce à Gabriel qui m'a gentiment offert un joli carnet, nous avons établi un planning. Un peu comme une to do list de ce que je pourrai réaliser chaque jour, pour ne pas tomber dans la procrastination, et en quelque sorte dans les pensées négatives. Me fixer des challenges, des objectifs à réaliser au quotidien pour me motiver. Comme par exemple me balader dans le centre-ville, m'installer à une terrasse et déguster une bonne pâtisserie accompagné d'une boisson réconfortante. Allez au cinéma, au musée, faire du shopping. Peindre aussi. J'ai continué cette activité, qui est toujours un véritable désastre artistique, mais je commence à mieux exprimer mes émotions à travers cet art. Toutefois, je me suis rendu compte qu'écrire ces lettres pour Jaekyung m'ont fait énormément de bien. Écrire à un aspect extrêmement libérateur, beaucoup plus qu'à travers une esquisse. Attention ce n'est que mon avis, ne le prenez pas mal ceux qui sont passionnés par le dessin. Ce que je veux dire, c'est qu'en écrivant, on frappe directement là où ça fait mal, et là où ça fait du bien. On arrive mieux à poser des mots sur une feuille qu'à les dire à l'oral.

Ca aussi je l'ai mis dans mon planner ; écrire. Libérer mes émotions à travers les mots.

Pour ce qui est des courses, j'ai trouvé une solution ! Pour les petits achats je peux me déplacer sans problème, mais lorsqu'il s'agit des courses mensuelles, je peux me les faire livrer. Un gain de temps et un confort de vie que je remercie du plus profond de mon cœur. Surtout les livreurs qui montent gentiment à l'étage me déposer les sachets devant le palier. J'ai testé une fois en compagnie de Gabriel. Il voulait s'assurer que je ne rencontre pas de difficulté, même s'il n'approuve pas totalement cette démarche. Il a peur que je tombe sur une personne malveillante, et qu'elle essaie de me cambrioler ou de m'agresser. Ce que je peux comprendre, mais je n'ai que cette solution pour le moment, le temps que je trouve une auto-école pour passer mon permis. Sachant que le prix de la formation est beaucoup plus élevé que pour une personne sans handicap, ce que je peux comprendre étant donné que les voitures sont équipées différemment. Comment vous dire à quel point j'ai hâte d'avoir une autonomie plus variée que celle que j'ai réussi à obtenir.

Pour ne pas que je m'ennuie le soir, Connor m'a préparé une liste de films et séries à regarder, qu'il apprécie et que Jaekyung aime particulièrement. Il est vrai que jusqu'à maintenant, je n'ai pas pu en découvrir des choses sur l'homme qui partage ma vie. On était constamment bousculé par nos démons, et les seuls moments de répits, on les passait dans les bras de l'autre, à regarder quelques films, mais c'était plus les miens qu'on visionnait que les siens. Netflix, Disney et Amazon prime, j'aurais de quoi faire. Pareil pour Youtube, il m'a partagé une liste de musique que Jaekyung écoute, et notamment quand il fait du sport. Je pourrai les utiliser, quand je m'y mettrai à mon tour. Peut-être que ça va me booster ! Il y a Imagine Dragon, Bad Omen, Glass Animal, Twenty On Pilots et Arctic Monkeys dans sa liste de groupes favoris.

J'ai souris lorsque j'ai vu ces noms, heureux de constater que je ne suis pas le seul à aimer ces groupes, dont j'espère pouvoir les voir un jour en concert.

Connor m'a aussi transmis un dossier sur mon ordinateur portable, contenant des pistes audio de Jaekyung qu'il a enregistré dans la boutique de musique des Johnson. Ses pistes de guitare, de chant. Je me souviens lors de notre premier rencard qu'il m'avait dit aimer la musique, et qu'il en pratiquait. Je ne l'ai encore jamais vu à l'œuvre, et ce sera une première pour moi, me réservant cette découverte lorsque je serai seul.

Il me manque. Ce n'est pas nouveau, mais même mon corps le ressent. Certaines nuits, il m'arrive de faire des rêves plutôt... érotiques. Je ne devrais pas en avoir honte, mais je suis quand même gêné lorsque j'y repense. Comme si je m'interdis de ressentir ça, alors que je sais au fond de moi, que j'ai le droit d'avoir une vie sexuelle épanouie et surtout consentie.

Ne l'oubliez jamais, le consentement, c'est important. Si un de vos partenaires ne vous écoute pas, ne vous respecte pas, vous force, vous fait du chantage pour avoir du sexe, c'est direction la poubelle. Ce n'est même pas recyclable ces merdes-là, alors jetez-les directement à la déchetterie, section incinération. Notez-le.

J'en ai parlé à Gabriel de ces rêves, où j'ai vraiment la sensation de sentir Jaekyung me toucher, mais lorsque j'ouvre mes yeux, se sont mes mains qui me touchent. Il n'y a pas de tabou à avoir en termes de sexualité. J'ai déjà joui en rêvant, et lorsque ça vous arrive la première fois, je peux vous garantir que vous êtes gêné. Surtout quand c'est tout collant dans votre pyjama. J'ai eu honte de moi lorsque ça m'est arrivé. Je me suis empressé de me lever avec un air dégoûté, me demandant si je n'étais pas devenu fou. Si mon corps n'avait pas un quelconque problème. Gabriel m'a rassuré en me disant que ça lui était déjà arrivé, et que c'est une réaction physique tout à fait normale chez les hommes. Les orgasmes nocturnes sont fréquents lors des rêves érotiques. Alors ne vous inquiétez pas si vous en avez déjà vécu, tout va bien.

Je lui ai également avoué que j'avais pris avec moi le sachet du Palais des plaisir qu'il m'avait offert quelques jours avant mon départ. Je ne sais plus exactement pourquoi je l'ai pris avec moi. Je m'étais certainement dit qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver. Pour le moment, ils sont encore au chaud dans ma valise, mais l'idée de les utiliser m'a déjà traversé l'esprit depuis que je suis arrivé à Busan. Notamment depuis que ces rêves érotiques se font de plus en plus réguliers dans mon esprit, comme si mon corps essayait de me dire quelque chose.

Il parle un peu trop à mon goût. Un excès de confiance que je n'arrive pas à suivre.

Est-ce que c'est de l'hypersexualisation ? J'ai eu quelques doutes, malheureusement. Il y a certains rêves avec Jaekyung où il reproduit les viols que j'ai vécus. Mais bizarrement avec lui, j'aime ça. Ça m'effraie et je compte bien en parler avec mon psychologue. J'ai d'ailleurs une nouvelle séance aujourd'hui, et j'espère obtenir des réponses, des solutions à ce sujet pour ne pas sombrer dans ce cercle vicieux. Gabriel approuve. Il faut traiter le mal avant qu'il ne s'installe. Même s'il a tenté de me rassurer, en me disant que ce genre de fantasme est le résultat de mon cerveau qui tente de normaliser ce que j'ai vécu, pour me protéger.

Si vous êtes dans cette phase là, si vous traversez actuellement cette difficulté, prenez soin de vous. Entourez-vous de personnes de confiance. Consultez des psychologues. Protégez-vous. Ne laissez personne profiter de cette vulnérabilité. Et surtout n'écoutez pas ce que les gens disent. Un fantasme du viol n'est pas un fantasme qu'une femme ou qu'un homme veut réaliser. Un fantasme est issu d'un traumatisme que votre subconscient tente de normaliser pour vous empêcher de sombrer. Vous n'êtes ni fou, ni folles, ni malades. Vous êtes normaux. D'accord ? Si vous avez compris, regardez votre reflet dans le miroir, vous êtes incroyables. Vous allez vous en sortir, c'est promis.

J'ai encore fait des progrès en rééducation. Bon mes jambes tremblent toujours autant comme des quilles de bowlings, mais j'ai battu mon record de station debout ; 1 minute 30 ! Je suis fier de moi. La chute un peu moins. Je me suis cassé la gueule dans ma chambre, et j'ai explosé de rire. Connor et Gabriel eux, ils ne rigolaient pas. Ils étaient même à deux doigts d'appeler les pompiers. Heureusement je ne me suis rien cassé. Je me suis juste retrouvé avec un magnifique hématome sur la fesse droite. Autant vous dire que j'ai passé une semaine allongé sur le canapé, vu que je ne pouvais plus m'asseoir. La prochaine fois je réesserai après avoir fait quelques séances de renforcement musculaire à la salle de sport. Mais je suis heureux. Je veux prouver aux médecins que je peux remarcher. Même si ce n'est plus comme avant, même si le reste de mes jours se fera sur un fauteuil, je veux réussir à marcher quelques distances, pour ma propre satisfaction personnelle.

Un challenge de plus que j'ai ajouté à mon planner.

Les valises s'entassent sous mes yeux. Enfin, surtout celles de Gabriel. Devinez combien il en a amené ? Huit. Huit valises en tout. Connor ? Une seule. Plutôt grosse, mais une seule quand même. L'excuse de mon meilleur ami, je cite ; la vie est un défilé de mode, le monde est votre podium. Une citation de Marc Jacobs qu'il rentabilise quotidiennement de part ses tenues extravagantes, colorées, sobres. De ses maquillages, coiffures qui le rendent unique, à l'instar de Connor qui est plus biker, moto, comme Jaekyung. Mais on dit souvent que les opposés s'attirent et eux se sont parfaitement trouvés. Par exemple, aujourd'hui, Gabriel porte une tenue tout en rose, comme ses cheveux. Seul son maquillage a quelques touches de bleu et de vert. Connor est habillé tout en noir, comme ses cheveux qu'il a plaqué en arrière, digne des mafieux italiens. Ils sont tellement beaux ensemble que je ne peux m'empêcher de sourire en les regardant. Le départ est imminent, et ma gorge se serre de plus en plus. Mes yeux me brûlent. Ça doit être le pollen. Mon meilleur ami se positionne devant moi, son regard brille, mais il fait de drôle de grimace en papillonnant des yeux.

— Je porte un mascara à quarante balles, il ne faut pas que je pleure un seul centime, dit-il en séchant ses yeux avec ses mains. Mais je sens que je ne vais pas résister.

Je secoue la tête en me pinçant les lèvres. C'est trop tard pour moi, les larmes coulent sur mon visage.

— Tu es con putain, rétorqué-je en le poussant. C'est comme ça que tu me dis au revoir.

— Je vais te manquer hein ?

— Evidemment, idiot.

On se regarde et ce qui devait arriver arriva. Nous nous enlaçons en pleurant dans cette étreinte. Les séparations sont trop douloureuses, ça ne devrait même pas exister. Connor revient dans l'appartement et trouve deux fontaines enlacés, impossible à réconforter. Mais je le vois dans son regard, qu'il est également touché par ce départ. Nous nous sommes rapprochés, et j'ai découvert beaucoup de choses que j'ignorais à son sujet. Ça change énormément de notre première rencontre, où j'ai eu l'impression qu'il m'a détesté au premier regard. Finalement, il ne faut jamais juger les gens aux premiers abords, on tombe parfois sur des perles rares sans le savoir.

Après nous avoir suffisamment observé, il se joint à notre étreinte. Nous restons ainsi une bonne vingtaine de minutes, avant d'essuyer nos larmes pour être plus présentables. Je les raccompagne jusqu'à leur voiture.

— Faites attention sur la route, dis-je en esquissant un sourire crispé.

Connor se tourne vers moi en hochant la tête.

— C'est gentil ne t'inquiète pas. On va prendre notre temps pour rentrer, répond-il en ouvrant la portière côté conducteur. Fais attention à toi. Tu sais qu'on est là si tu as besoin, même si on a quelques kilomètres qui nous séparent.

— N'hésite pas à nous appeler, d'accord ? ajoute Gabriel en se penchant pour embrasser mon front. Et n'oublie pas de modifier régulièrement ta to do list ! Tu verras, ça va vite occuper tes journées jusqu'à ce qu'on revienne te voir.

Je meus ma tête en reniflant.

— C'est promis, oui. Je vous donnerai des nouvelles régulièrement, rétorqué-je en les enlaçant une dernière fois. Bonne route, à bientôt.

Ils me font un signe de la main en montant dans la voiture. Le moteur ronronne. Gabriel descend la vitre. Il sort la tête en criant qu'il m'aime de tout son cœur. Il pleure une nouvelle fois, son maquillage ne ressemble plus à rien. Mon visage non plus ne doit pas être fameux.

Ils se mettent en route, disparaissant progressivement de mon champ de vision, jusqu'à ce que je ne puisse plus les discerner. J'ai mal dans la poitrine. J'ai peur.

Non, tout va bien se passer. Tu n'es pas seul.

J'inspire profondément et fais demi-tour pour rejoindre l'ascenseur. Mon rituel ne change pas, je prie dès que je monte dans cette machine de l'enfer. En plus j'ai oublié mon téléphone dans l'appartement alors si je reste bloqué, je n'aurais pas l'air con. Mais j'arrive bien à destination. Dans moins d'une demi-heure j'ai mon rendez-vous. Il faut que je sois présentable.


❃ ❃ ❃ ❃


— Vous pensez que c'est normal ? demandé-je en enroulant le plaid autour de mon corps.

Je me suis installé dans la salle de séjour. Il s'est mis subitement à pleuvoir sur Busan, et le vent est extrêmement froid, presque glacial. C'est à se demander si on est vraiment proche de l'été ou pas.

— Les rêves que vous faites, Joshua, ne sont pas anormaux, me répond le psychologue, lui aussi installé sur son canapé. Le besoin physique, le manque d'affection se reflète dans votre subconscient et se mélange à vos traumatismes.

— Ça n'arrive pas souvent. Je veux dire, je fais beaucoup de rêves érotiques ces derniers temps, et parfois... Ils sont violents, comme ce que j'ai vécu avec mon ex, expliqué-je en me mordillant la lèvre inférieure, signe d'anxiété. J'en ai discuté avec mon meilleur ami, il pense que j'essaie inconsciemment de normaliser ce que j'ai vécu, comme pour me protéger. Comme pour rendre la chose moins douloureuse.

Il hoche la tête en s'accaparant de sa tasse fumante de café.

— Votre ami n'a pas tort. Cette réaction est tout à fait normale en cas de stress post-traumatique. Vous essayez de reprendre le contrôle de votre corps et de votre esprit. Vous êtes en train d'essayer de vous guérir, mais pas de la bonne façon. Mais on ne peut pas vous blâmer pour ça, Joshua.

— Je ne sais pas quoi faire, pour ne pas sombrer dans ce cercle vicieux, commenté-je en soupirant.

— Vous en avez déjà discuté avec votre compagnon ? De ce qui vous effraie ?

— Pas de ces rêves, non. Ça ne fait pas longtemps que j'en fais. Mais par exemple, on a déjà essayé de passer à l'acte à deux reprises, et à chaque fois, je faisais une crise de tétanie. Tous mes muscles étaient figés, je ne pouvais plus bouger.

— Et que faisait votre compagnon dans ces situations ?

— Il me réconfortait, réponds-je en enveloppant mes épaules de mes bras. La deuxième fois, je lui ai dit que je pouvais encaisser. Je lui ai dit qu'il pouvait continuer...

— Et qu'a-t-il fait ?

— Il m'a un peu sermonné. Enfin, il était plus en colère contre mon ex, que contre moi. Il m'a fait comprendre que je ne dois pas me forcer. Que je ne dois pas avoir peur de refuser quand je ne veux pas faire quelque chose. Il m'a aussi dit ce jour-là, que le sexe n'est pas fondamental dans un couple, que la prioriété c'est la communication, la compréhension et surtout le consentement.

Un sourire se dessine sur ses lèvres.

— Vous avez là un partenaire exceptionnel, souligne-t-il en buvant quelques gorgées de sa boisson. Mais il a entièrement raison.

— Quel est le rapport avec mes rêves érotiques ? Qu'est-ce que je peux faire ?

— Vos rêves Joshua, sont les seuls que vous pouvez modifier. Vous ne pouvez pas remonter dans le temps. Vous ne pouvez pas effacer ce que vous avez vécu. Mais dans vos rêves, vous pouvez changer certaines choses, annonce-t-il en s'adossant contre le sofa. Vous me dites que vous reproduisez inconsciemment ce que votre ex vous a fait subir. Essayez de penser à ce que votre compagnon ferait dans cette situation. Est-ce qu'il accepterait de vous frapper ? Est-ce qu'il accepterait de vous faire du mal en vous pénétrant ? Est-ce qu'il...

— Non. Non, il n'accepterait jamais de faire ça, conclué-je en secouant véhément la tête. Au contraire, ça le détruirait de me faire souffrir... Et je ne veux pas souffrir. Je veux avoir une relation saine avec lui. Je ne veux pas que ça devienne toxique à cause de mes traumatismes lié au sexe.

— Bien entendu. Ce qui vous attend à présent, c'est un long travail psychologique pour vous détacher de ce noyau néfaste. Il va falloir contrebalancer ces pensées négatives, avec des pensées positives. Avant de me coucher par exemple, remémorez-vous tout ce que votre compagnon vous a déjà répété. Imprégnez dans votre subconscient, l'importance du consentement. C'est un exercice qui sera long et fastidieux, mais vous allez y parvenir.

Je hoche la tête en déglutissant difficilement ma salive.

— Mon meilleur ami m'a parlé de quelque chose d'autre aussi, rétorqué-je en me raclant la gorge.

Je sens mes joues me brûler, ne sachant pas comment aborder le sujet.

— Il m'a parlé de sextoy. Que je pourrai en utiliser pour reprendre le contrôle de mon corps. Qu'avec ça, je pourrai apprendre à écouter mon corps, à le respecter, à me respecter moi. Que si j'ai mal, je peux arrêter, personne ne m'empêchera. Est-ce que vous pensez que ça pourrait m'aider réellement ? Est-ce que ces rêves érotiques violents que je fais parfois, ne sont pas juste le fait que je ne connais en réalité que ça ?

Son sourire s'accentue sur le coin de ses lèvres.

— Vous avez compris vos propres questionnements. Vous n'avez connu que la violence en termes de pénétration. Il est normal que vos rêves retranscrivent ce que vous avez vécu. Sauf qu'ils sont bousculés, pas les paroles de votre compagnon. Votre subconscient ne sait plus sur quel pied danser, et c'est à vous, Joshua, de lui faire comprendre ce qui est normal, et ce qui n'est pas normal.

— Alors... Les sextoys seraient une bonne alternative ?

Je sens que je suis en train de me transformer en écrevisse. J'ai chaud, terriblement chaud, alors que dehors, il fait terriblement froid.

— C'est à vous de voir ce qui vous convient le mieux, Joshua. Essayez, et vous verrez si c'est bénéfique ou non.

J'esquisse un sourire crispé, le cœur battant comme un fou dans ma poitrine.

— Avez-vous autre chose dont vous aimeriez me parler ?

— Pas vraiment, non, réfuté-je en ajustant le plaid. Je n'ai pas vraiment le moral aujourd'hui. Mes amis sont partis, je suis tout seul. Je suis un peu perdu. Leur présence me rassurait d'un côté, mais d'un autre je sais que je dois apprendre à aimer la solitude. A faire des choses par moi-même. A m'occuper l'esprit par moi-même.

Je glisse ma main sur ma nuque, que je frotte légèrement en expirant un léger soupir.

— Gabriel m'a aidé à mettre en place un planner et quelques to do list pour organiser mes journées. Je ne sais pas ce que ça va donner. Je ne sais pas si j'arriverai à être assidu. Mais je vais quand même essayer.

— Je vous félicite, Joshua. Vous êtes sur la bonne voie. Continuez ainsi et vous allez très vite apercevoir les premiers résultats.

Je lui adresse un sourire plus sincère.

— Merci beaucoup de m'avoir encore écouté aujourd'hui. Je vais prendre notes de tous vos conseils et ceux de mon entourage.

— Je vous en prie, Joshua. Nous nous retrouverons dans un mois, et nous pourrons discuter de votre évolution.

— Passez une bonne journée, à bientôt, dis-je en mettant à l'appelle en visio.

J'inspire une profonde respiration en fermant les yeux pour tenter de canaliser mon rythme cardiaque.

— Des pensées positives, Joshua. Il faut que tu manifestes des pensées positives, me répété-je en poursuivant la méthode de relaxation.

Je reste ainsi pendant une dizaine de minutes, avant de rouvrir mes yeux et d'expirer tout l'air de mes poumons.

— Je vais m'inscrire à la salle de sport. Ouais, je vais d'abord commencer par ça.


❃ ❃ ❃ ❃


S'inscrire à la salle de sport.

Se balader au bord de la plage.

Aller au cinéma voir le nouvel Annabelle.

Ranger l'appartement et faire les lessives.


Je ne suis pas allé au cinéma aujourd'hui. J'ai perdu ma détermination, angoissé de me retrouver seul dans une salle bondée de monde. Pour mon inscription je n'ai pas eu besoin de sortir de chez moi. Quelques clics sur internet et le tour est joué. Me balader au bord de la plage est devenu une routine pour moi. Un peu comme une safe-place, mon point d'encrage. Il est à présent seize heures trente, et je viens de terminer de ranger la salle de séjour. Les pièces à l'étage me sont inaccessibles, et avant leur départ, Connor et Gabriel se sont chargés de les nettoyer, même si Jason et Brice l'ont déjà fait. La poussière, elle, continue de s'accumuler même en l'absence de vie humaine. Je mets mes vêtements sales dans la machine à laver, et me rends dans ma chambre pour faire mon lit. J'aère la pièce, secoue les draps du mieux que je peux, avant de les ajuster histoire que ça ne ressemble pas à un champ de bataille.

— Ca c'est fait. Maintenant, il ne me reste plus qu'à...

Mon regard se pose sur ma valise. La discussion avec mon psychologue surgit dans mes pensées. Je hausse les épaules en soupirant. J'ai l'impression de commettre un crime en m'approchant pour en sortir le sachet du Palais des désirs. Je jette un œil derrière mon dos, à droite puis à gauche, comme si on était en train de m'observer.

N'importe quoi Joshua. Personne ne te regarde idiot !

Je me retourne vers mon lit, sur lequel je prends place après avoir fermé la fenêtre et les volets, ne souhaitant pas que quelqu'un découvre mon jardin secret. J'allume la lampe de chevet, fixant silencieusement le contenant. Au bout d'une vingtaine de minutes à réfléchir, je me décide à sortir les sextoys. Mon cœur s'emporte, mes joues se réchauffent. Putain pourquoi je suis comme ça ? Pourquoi ce sentiment d'insécurité persiste en moi ?

— Tu as le droit, compris ? Tu as le droit de faire ça, dis-je à voix haute, en me saisissant du premier plug anal.

Il est de couleur noir. Gabriel m'a expliqué que c'est un plug à perle. Les différentes tailles de boules apportent différentes sensations, et la courbe naturelle permet d'atteindre plus facilement le point P. Enfin... c'est ce qu'il m'a dit, hein. Je n'ai encore jamais essayé. Il y a même un anneau pour le doigt, pour avoir un meilleur maintient. Je le rapproche de mon visage, mes yeux louchent sur l'objet. J'avale de manière audible ma salive, le reposant là où je l'ai prise. Le deuxième que je prends en main, est une sonde anale. Il ressemble plus ou moins à pénis avec une courbe naturelle. Ce sextoy est uniquement destiné à stimuler la prostate, en plus d'une masturbation.

Un sentiment de peur se répand dans ma poitrine. Est-ce que je vais réussir à les utiliser ? Est-ce que je vais apprécier ? Est-ce que je ne risque pas de me blesser ?

Tout va bien, Joshua. Ne te prends pas la tête...

Le troisième sextoy que je prends en main est un godemichet réaliste. Gabriel m'a dit qu'il faisait environ quinze centimètres. Je sens déjà ma tension chuter rien que de m'imaginer insérer cette chose en moi. C'est effrayant, mais je ressens à la foi une certaine forme d'excitation. Le flacon qui accompagne les jouets n'est autre que du lubrifiant liquide. Peut-être qu'en l'utilisant avec je n'aurais pas mal.

Contrairement à lui, qui n'en mettait jamais.

— Si je ne me sens pas prêt, ce n'est pas grave, me murmuré-je en rangeant les sextoys dans le sachet que je pose sur la table de chevet. Je le ferai quand ce sera le moment venu. Quand je serais prêt à le faire.

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