𝟓𝟓. 𝐔𝐧𝐞 𝐭𝐞𝐦𝐩𝐞𝐭𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐞𝐧 𝐜𝐚𝐜𝐡𝐞𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞
— Tu es sûr de vouloir le faire ce soir ?
Je glisse ma main sous son menton pour lui relever le visage vers moi. Il ouvre les yeux, rencontrant mon regard dubitatif.
— Je me sens libéré d'un poids de t'en avoir parlé, me répond-il en caressant ma poitrine du bout de ses doigts. Mais, j'ai encore ce sentiment de culpabilité dans mon cœur, de leur avoir menti pendant toutes ces années.
Il se redresse légèrement en positionnant ses mains de part et d'autre de mon visage, pour ne pas m'écraser de tout son poids.
— Si je ne le fais pas maintenant, je n'arriverai pas à me regarder dans un miroir. J'appréhende leurs réactions, mais je ne peux pas attendre, il faut que je le fasse aujourd'hui.
Ma gorge se noue.
— Est-ce que tu veux que je t'accompagne ? lui demandé-je en posant mes mains sur ses joues.
Il secoue la tête en souriant.
— Non, je veux leur parler seul à seul, dit-il en se penchant pour embrasser mes lèvres. Je leur dois la vérité, et à Connor aussi. La discussion risque d'être... difficile.
J'imagine, oui... pensé-je.
— Mais j'aurais vraiment aimé que tu sois là, ajoute-t-il en expirant un faible soupir.
Moi aussi... pensé-je une nouvelle fois.
— Au fait mon ange, qu'a dit le médecin pour tes jambes ?
Il me vole un dernier baiser avant de se lever du lit. Mon regard se perd un instant sur son corps dénudé, pour ensuite rencontrer son visage. Il me sourit en récupérant ses vêtements traînant au sol. J'humidifie mes lèvres, ne sachant pas comment aborder le sujet.
— Ce n'est pas une bonne nouvelle ? questionne-t-il en se rapprochant de moi, inquiet.
Je secoue la tête.
— Non... J'ai passé une IRM et une radio ce matin, dis-je en me mettant assis. Les résultats des examens et l'auscultation du médecin, démontrent que j'ai des séquelles neurologiques, qui sont irréversibles...
— Mon ange...
— Ca ne s'est pas vu au départ, tout simplement parce que je venais de me réveiller du coma, et qu'il fallait attendre le début de ma rééducation pour voir si j'avais des séquelles ou non de ma tentative de suicide, ajouté-je en avalant difficilement ma salive.
Je joue nerveusement de mes doigts. Mon cœur bat rapidement contre ma poitrine. Jaekyung vient s'asseoir sur le rebord du lit, sa main trouve refuge sur ma cuisse.
— En conclusion, tu ne pourras plus jamais marcher comme avant ?
— C'est ce qui a été dit, oui, affirmé-je d'un mouvement de tête. Tu vas devoir te trimballer un mec à roulettes pour le restant de tes jours...
J'essaie d'ironiser ma situation pour la rendre moins dramatique. Parce qu'après tout, je suis encore en vie. C'est l'une des conséquences d'une tentative de suicide. C'est que si la victime s'en sort, il peut y avoir des séquelles avec lesquelles il faudra apprendre à vivre.
— Et je serais fier de te faire rouler partout où tu voudras aller, sourit-il en se penchant pour m'embrasser. Au moins, tu ne risques pas de faire d'excès de vitesse, c'est l'avantage.
Mes yeux s'agrandissent, tandis que j'attrape le coussin à côté de moi pour le taper avec.
— Saloperie ! Tu vas voir si je ne vais pas faire un excès de vitesse en te roulant dessus !
Il rit en attrapant le coussin pour me désarmer.
— Décidément, je vais devoir me méfier de toi à l'avenir. Tu répètes souvent que tu as envie de me rouler dessus, rétorque-t-il d'un air amusé, en se mettant debout. Mais, ne t'inquiète pas mon amour, même sans tes jambes, je te ferai monter au septième ciel.
Je m'apprête à lâcher une larme, ému, mais en entendant ces derniers mots, je roule des yeux en soupirant longuement d'exaspération. Puis, nous nous mettons à rire, certainement pour dissiper le doute qui s'est logé dans nos cœurs. Lui, par crainte d'affronter ses parents et son meilleur ami. Moi, par crainte de l'inconnu vis-à-vis de mes jambes.
— Je vais nous faire couler un bain, mon ange, déclare Jaekyung en se dirigeant vers la salle de bain. Je mets plein de mousses dedans ?
— S'il te plait !
Une fois le bain couler, nous nous sommes glissés dedans, ou plutôt, mon homme m'a porté jusqu'à la baignoire. Nous nous laissons bercer par la chaleur de l'eau, enveloppés sous une épaisse couche de mousse sentant la citronnelle. Il me murmure des mots doux dans le creux de l'oreille. Je ferme les yeux, profitant de cet instant d'accalmie pour ne penser à rien, laissant mes démons de côté le temps de quelques minutes.
— Est-ce que tu veux que j'appelle Gabriel, pour que tu passes la soirée avec lui ? me demande-t-il dans un murmure, ses mains caressent mon ventre. Tu ne veux peut-être pas être seul ce soir ?
Je rouvre mes yeux pour pouvoir rencontrer son regard.
— C'est gentil de me le proposer, mais je vais le faire moi-même, réponds-je en me cambrant pour l'embrasser. Je n'ai pas envie d'être seul, cette nuit, je l'avoue. Pas parce que j'ai peur de mes souvenirs, mais parce que sinon je ne vais faire que ruminer, en pensant à toi.
Jaekyung hoche la tête en me souriant.
— Je comprends, mon ange, rétorque-t-il en continuant de caresser mon ventre. Je risque peut-être de dormir chez mes parents. La discussion risque d'être très longue.
Je fredonne en reposant ma tête contre son épaule.
— Je suis certain qu'ils comprendront, même s'ils risquent de...
— De se sentir trahi ?
J'approuve d'un mouvement de tête.
— C'est fort probable, en effet, dit-il amenant une main à ma mâchoire.
Il fait basculer ma tête en arrière, m'obligeant à le regarder.
— Mais plus rien ne me fait peur, à présent. Parce que je sais que tu es là, à mes côtés.
Je souris. Ma main se pose sur la sienne. On se fixe longuement, silencieux, avant que nos lèvres se lient dans un doux baiser. Je ferme les yeux, me laissant emporter par ce tourbillon de désir fleurissant dans le creux de mon ventre. Je soupire contre ses lèvres, avant de glousser lorsque ses mains viennent chatouiller mes hanches. Nous rions, en nous embrassant, en nous caressant, comme si plus rien pouvait nous atteindre. Cependant un sentiment d'insécurité continue de planer au-dessus de nos têtes, ne laissant guère de place au répit dans nos esprits.
Une tempête va bientôt s'abattre, emportant avec elle tout ce qu'on s'est construit.
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